mercredi 7 avril 2010

Reconstruction Priorité á l’Utile sans boycotter le Superflu

Reconstruction Priorité á l’Utile sans boycotter le Superflu
William Michel
7 mars 2010

Si la conférence des donateurs du 31 mars 2010 ,aux Nations Unis á NY, a eu le mérite de converger les regards humanitaires du monde entier sur Haïti dévastée, elle a charrié en retour á travers la grande presse mondiale les qualificatifs les plus amers á l’endroit du Gouvernement Préval/Jean Max Bellerive. Les épithètes de gouvernement discrédité corrompu, inefficace, incompétent, usé, sont á la une de tous les grand quotidiens du monde ( le Figaro, Le Monde, le NewYork Times, le Washington post, Los Angeles Time, le Miami Herald pour ne citer que ceux-là). De l’intérieur comme de l’extérieur le discrédit est généralisé. On se demande comment ce gouvernement a réussi á tenir encore les rennes d’un pouvoir miné par la politique même des donateurs et ruiné par ses propres membres qui sont á la fois dans le pouvoir et dans les ONG.

A l’heure actuelle, il n’y a que le premier ministre Netanyahu, fort de l’appui du lobby Juif, The American Israël Public Affairs Committee , ci-devant AIPAC, á pouvoir braver l’opinion négative du monde. Il est allé jusqu’ á provoquer le géant américain , d’abord en Israël même, en choisissant un timing on ne peut plus approprié, pour annoncer la construction de 1600 logements dans Jérusalem Est, au moment de la visite du vice Président Américain, Joe Biden, porteur d’un message diamétralement opposé. Ensuite aux Etats Unis même et après la gifle donnée á Joe Biden, le premier ministre israélien a déclaré devant l’AIPAC que Israël pour assurer sa sécurité fera comme bon lui semble et n’est pas prête á recevoir de dictée d’où qu’elle vienne. Netanyahu a declare que “ the settlements in occupied East Jerusalem weren’t technically settlements at all, because “everyone knows” that Jerusalem will be the eternal and undivided capital of Israel . Obama embarrassé et déjà affaibli dans son combat pour obtenir le vote de son système de santé a fait marche arrière en pensant aux élections de mi parcours á venir.
De quel appui jouit le président Préval également affaibli de l’extérieur comme de l’intérieur par ceux-là mêmes qui ont bâti son pouvoir et par les résultats décevants de son programme de service á la population, pour résister aux coups de semonces meurtriers de l’opinion et des catastrophes naturelles ? C’est une question infiniment complexe. D’aucuns avancent que la réponse la plus probable serait le fait qu’il ne gouverne jamais dans aucun de ses mandats et qu’il bénéficie cette fois du support du chef de la MINUSTHA qui exercerait le véritable pouvoir en Haïti. Mr Préval sait que la MINUSTHA l’autorise á s’approprier des élections á venir, Il sait également qu’aussi longtemps l’étranger ne donne pas de l’argent pour soulever la population, il n’a rien á craindre des leaders politiques trop pauvres pour donner une démonstration de force. Si c’en est le cas, pourquoi adresser les critiques tant destructifs au Gouvernement haïtien et non á l’étranger qui donne et ordonne. La réponse est très claire. Le président Préval n’est pas le fusible de la MINUSTHA mais son choc absorber et á l’instar du président Sudre Dartiguenave, Mr Préval choisit de jouir des privilèges attachés á la fonction sans exercer la fonction elle même.
Cheryl Mills, Clinton's chief of staff a dit: "We are completely focused on how to build the capacity of the Haitian government effectively," c’est á dire bâtir un gouvernement de droit . Un gouvernement de droit signifie un gouvernement fort s’appuyant sur une administration républicaine pour redresser le pays. S’agit-il du gouvernement de Bellerive ou d’un autre gouvernement ? L’Etranger peut-il réhabiliter le gouvernement de Bellerive ? Rien n’est impossible en politique, il s’agit de savoir s’y prendre et d’anticiper les conséquences sur l’avenir du pouvoir.

Anticiper les conséquences implique aller au devant des événements et prendre les mesures y relatives pour éviter l’inévitable. Calmement ,l’inévitable semble être le moindre des soucis du président Préval.

Nous autres analystes, présumant que la situation politique en dépit de tout, donne une perception complexe de la réalité á venir, on est laissé aller á faire les recommandations á tous ceux-là qui espèrent intégrer l’autorité intérimaire de reconstruction. Selon que vous soyez du coté des dirigeants ou du coté de la population marginalisée vous pouvez prendre le superflu pour l’utile, mais dans le texte l’utile est traité du point de vue de la population. Cependant il doit être clair pour tout le monde que l’utile sans le superflu dans le cas de la reconstruction d’Haïti a des chances très maigres d’aboutir aux résultats escomptés.

1-Personne n’est en droit d’attendre une solution constitutionnelle au problème post séisme d’Haïti. On est déjà dans un imbroglio politique. Toute solution á semblant constitutionnel ne fait que compliquer le problème. ( Convocation d’un parlement caduc pour approuver le plan d’urgence de 18 mois et patati et patata) Seule une solution politique créant une paix sociale temporaire peut aider le président Clinton á la tête de l’autorité intérimaire de reconstruction.

2-Qu’il s’agisse du gouvernement de Bellerive ou d’un autre , le nouveau pouvoir devra être fortement autoritaire et engagé dans la fourniture des services á la population avec la capacité de faire respecter les droits et les devoirs de l’haïtien post séisme vis-à-vis du patrimoine national ? Le rétablissement de l’autorité de l’Etat, bête noire du président Préval et ange gardien du président Clinton , devra se faire entre la carotte et le bâton.

3-En anticipant que les gros intérêts aidant, et contre toute attente, la commission intérimaire de reconstruction d’Haïti, dans une infamie constitutionnelle accepte le vote de sa reconnaissance par un parlement illégitime dans une perspective de prolongement du mandat présidentiel au delà du 7 février 2011, qu’adviendrait-il ? Elle créerait un nouveau puzzle, savoir, gouverner avec l‘ingouvernable. Dans ce cas de figure, seul un programme pratique d’intervention étatique est capable de masquer le jeu politico économique aux yeux de la population sans nuire á l’esprit de la conférence des donateurs du 31 mars 2010 ( faire les choses autrement)? Obama l’a fait avec le Wall Street.

4-Les priorités du Président Clinton étant, dans un contexte de renforcement des structures de l’état : La santé, l’agriculture, la gouvernance, la sécurité et l’infrastructure en particulier l’énergie, il va falloir hiérarchiser l’agriculture, comme programme productif urgent de façade capable de calmer les attentes « pa ka tann « tout en créant des millions de jobs inscrits dans la durabilité et dans la création de pouvoir d’achat.

5-L’utile devient le renforcement du MARNDR sur tout le territoire : renforcement du personnel des services de recherche et de vulgarisation qui est une revendication permanente majeure de la paysannerie haïtienne, le curage des lits des rivières, l’organisation territoriale du crédit á la production vivrière, á l’élevage des porcs et des volailles, l’organisation d’un réseau de vente d’aliments pour bétail, et le renforcement de la direction de santé animale pour protéger la sante du cheptel et les investissements y afférents, la pêche. L’utile c’est la valorisation des 500 pompes d’irrigation, la valorisation des 250 tracteurs.

-L’utile c’est Organiser dans toutes les zones de production des champs de multiplication des semences de tubercules, de pois, de mais, de millet, de riz, de banane pour entrer dans les stratégies de production et sortir des stratégies de consommation dans lesquelles nous a enfermé la FAO depuis le cout d’État de 1990. ( Achat chaque année de grains appelés semences grain de vie par l’intermédiaire de petits clubs de copains en refusant de financer des structures professionnelles pérennes de production, Lobbysme pour rechercher des mini-projets á financement annuel gérés directement sans lendemain )

-L’Utile c’est organiser un joint venture avec les moulins d’Haïti pour créer en Haïti une véritable compagnie nationale de production et de vente d’aliments pour bétail pouvant desservir au minimum les 120 communes de la république d’Haïti en association avec les éleveurs regroupés en coopérative de production.

-Aux yeux des agroéconomistes avertis, l’investissement minimum dans l’agriculture est un subterfuge politique, car c’est un pis allé pour créer la paix sociale. En l’absence de reforme en profondeur des structures de la production agricole , il ne créera pas, dans les dix huit mois d’urgence, de retour significatif sur les investissements alors que les investisseurs qui viennent changer Haïti sont impatients aussi de faire de l’argent. Ils doivent le faire dans les travaux d’infrastructures comme le maillage routier, le tourisme, le développement de l’énergie qui ne créeront pas trop de jobs pour le commun des mortels. Ces travaux d’infrastructures pris isolément, peuvent être des investissements morts nés étant entendu qu’ils sont constamment menacés de destruction par les inondations consécutives á l’érosion dans les bassins versants. Voila une dernière expression qui doit faire trembler.

-Le problème des bassins versants est un nœud gordien. Pour le délier, il faut le couper. Le couper implique des changements drastiques d’intervention. Faute d’argent, de délai et de difficultés politiques de travail, ils ne peuvent pas tous être traités en même temps. Ils seront sélectionnés en fonction de leurs importances stratégiques par rapport á la population, par rapport aux infrastructures existantes et par rapport aux travaux d’infrastructures et des projets d’investissements retenus par les hommes d’affaire, d’où une combinaison obligée de reboisement durable , d’investissements privés et d’un nouveau code rural qui n’existe pas pour garantir la rentabilité des fonds de reconstruction. (Voir Michel William projet de reboisement)

Si l’autorité intérimaire de reconstruction maintient sa proposition de faire autrement pendant qu’il accepte de réconcilier l’irréconciliable, c’est á dire en gardant le gouvernement de Bellerive tel qu’il est, il y a de fortes chances qu’elle n’atteigne pas ses buts. Pour y arriver un ensemble de pré requis est indispensable.

6-L’utile c’est de bénéficier du programme d’identification des personnes en âge de voter de l’ONI pour organiser le crédit solidaire á la production.

7-L’utile c’est de construire en masse des écoles publiques pour inverser le ratio 80% privé /20% public.

8-L’utile c’est l’adoquinage des rues de tous les bourgs, faux bourgs et des villes d’Haïti.

9-L’utile c’est la construction de tous les édifices publics capables d’abriter les services déconcentrés et décentralisés de l’administration publique inexistante.

10-L’utile c’est d’offrir un crédit aux propriétaires des maisons détruites ou fissurées á travers des compagnies mixtes pour refaire leur demeure selon les normes para sismiques et anticycloniques.

11-L’Utile c’est de reconstruire les édifices de L’UEH détruits ou non détruits avec les équipements et laboratoires longtemps revendiqués .

12- L’utile c’est de démultiplier l’UEH dans les chefs lieux des neuf autres départements du pays pour éviter le rejet chaque année de trente a quarante mille bacheliers sur le pavé.

13-L’utile c’est de venir avec des écoles professionnelles intermédiaires pour la formation de techniciens

14-L’Utile est de donner le crédit aux Universités privées détruites pour reconstruire leurs locaux á des taux promotionnels

15-L’Utile c’est la relance des PME á travers un crédit á celles qui payaient régulièrement leurs redevances á l’état haïtien

Venons-en au superflu

Du point de vue de la population marginalisée devenue mécréante envers la classe politique, le superflu s’entend de toutes décisions politiques circonstancielles capables de faire avancer l’utile ou á défaut de bloquer l’action de l’autorité intérimaire de construction.
1-Le superflu c’est rendre le gouvernement de Bellerive plus crédible en appelant dans le gouvernement des leaders avérés de l’opposition et en conservant les visages les plus acceptables du gouvernement en place pour en faire un cabinet d’union nationale. Le but de la formation de ce cabinet est de mettre en place un gouvernement autoritaire capable d’entériner des décisions impopulaires, étant entendu que toutes les décisions voulues par l’autorité intérimaire de reconstruction seront perçues par la majorité comme impopulaires.
2-Le superflu c’est d’avoir un ministère de la justice renforcé, le pouvoir judiciaire organisé sur tout le territoire, l’armée d’Haïti á vocation différente reconstituée , la police nationale d’Haïti élargie et une police environnementale municipale établie dans les 565 sections communales du pays ,
3-Le superflu c’est organiser des élections honnêtes libres crédibles et démocratiques pour laisser émerger des leaders locaux doués de légitimité.
4-Le superflu c’est organiser le pouvoir déconcentré et le pouvoir décentralisé en y mettant et en payant convenablement des cadres compétents
5-Le superflu c’est faire du nouveau cabinet un cabinet de Sudre Dartiguenave
6-Le superflu c’est récupérer le parlement élu démocratiquement pour en faire un parlement pro autorité intérimaire de reconstruction
7-Le superflu c’est négocier présentement avec les bandits pour les éliminer après.
8-Le superflu c’est convertir toutes les ONG en bras financiers des programmes d’investissement public locaux relevant de l’administration décentralisée
9-Le superflu c’est Interdire le commerce du bois local et commander du charbon et autres dérivés énergétiques pour consolider la mesure d’interdiction.
Le délai de dix huit mois parait trop court pour mettre en œuvre toutes ces activités dans une Haïti vide de contenu organisationnel. Il n’est pas connu encore de l’autorité intérimaire de reconstruction aucune stratégie pouvant combiner l’utile au superflu.
Restent á discuter si la deuxième étape de 48 mois prévue pour dépenser la majorité des fonds ne laissera pas Haïti avec des structures modernes de construction que des cabris viendront habiter á l’exemple de la ville de Belladère du président Estimé, de Duvalier Ville, du président Duvalier ou des centres de vulgarisation de l’ODVA construits avec la BID.
Nb.- Cet article peut être lu avec un certain dégoût parce qu’il nie « l’illicéité » de notre confrère Jean Erich René que j’ai pourtant dévoré avec appétit et parce qu’il est écrit avec colère dans le prolongement d’une « tutelle démocratique « imposée depuis 1990 par le conseil de Sécurité des Nations Unies selon l’adage, la raison du plus fort est toujours la meilleure.

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