mercredi 27 octobre 2010

Le cholera et ses ramifications dans l’Artibonite et le reste du pays

Le cholera et ses ramifications dans l’Artibonite et le reste du pays

Le séisme du 12 janvier 2010 a fait outre les 300.000 morts, 1,5 million de sans-abris et de déplacés .Ces derniers vivent dans un état de promiscuité généralisée qui autorise toutes les formes d’épidémies. Curieusement l’épidémie de cholera causée par le microbe Vibrio cholerae n’a pas éclaté á Port-au-Prince où vivent sous les tentes 1,3 million d’habitants. Elle a éclaté dans le Bas Plateau Central et dans le Bas Artibonite. Delà elle a gagné la commune de l’Arcahaie dans le département de l’Ouest. Cyrus Sibert Cap-Haitien Haïti 22 Octobre 2010, a rapporté trois cas de cholera á Plaisance et á Limbé dans le département du Nord. Le dernier bilan communiqué par le MSPP fait état de 210 morts et de 2 .679 hospitalisés. A Date l’OMS attend les résultats des examens de son propre laboratoire avant de confirmer la thèse du cholera avancée par le laboratoire national d’Haïti.

Devant l'ampleur de l'épidémie, le docteur Saint-Laud de l’Hopital de St Marc , est très inquiet :
« Maintenant j'ai peur pour Saint-Marc, d'abord car tout l'hôpital est contaminé. On n'a pas encore de dispositions pour limiter les zones qui sont contaminées et les patients vont par-ci, par-là. Les patients vont déféquer n'importe où. On n'a pas encore les moyens de bien gérer les déchets. Donc je pense que Saint-Marc est en grand danger et je pense que Port-au-Prince aussi parce que beaucoup de gens qui travaillent ici vivent à Port-au-Prince. Je ne sais pas mais avec les souliers, comme il y a des déchets partout, c'est sûr qu'on va emmener des germes à Port-au-Prince. Je ne le souhaite pas mais je peux dire que l'on court un grand risque »
« Ce que les médecins, les autorités et les ONG redoutaient est arrivé : dans la journée de vendredi, deux décès dûs au choléra ont été enregistrés à Port-au-Prince. Le pire peut être envisagé car dans la capitale, il y a toujours plus d'un million de sinistrés du séisme qui vit dans les rues, dans les camps, dans des conditions sanitaires très inquiétantes ». (Source RFI Amélie Baron 22 oct 2010)
En vertu de la violence et de la vitesse de propagation du cholera le gouvernement de la république d’Haïti a déclaré l’état d’urgence sur tout le pays.

Panique et fuite de la zone
La violence et la vitesse de propagation de la maladie ont crée une panique généralisée dans la zone. Les habitants pris de peur fuient en masse les régions de l’épicentre et migrent vers les villes les plus proches. Cette migration contribue á disséminer le microbe qui a une période d’incubation d’un á cinq jours.
Production de légumes fruits et de légumes feuilles
Quand on parle du système d’irrigation de l’ODVA, on voit seulement le riz , cependant il y a aussi les autres cultures diversifiées , le pois, l’oignon, la tomate, la patate, l’Aubergine, le mais, le Mazoubel la banae, le Pois Congo, le kalalou, et le melon.

A Desarme, Drouet, Duval, Mory, Mauger ,Savanne á Roche d’Allaie Arnaud ,Marchand Dessalines qui représentent la zone d’épicentre du Cholera, on produit et on mange le Lalo, le Panzou, le Caya le chou, la laitue, le cresson, l’épinard, le pourpier ,la patate, la Liane panier ,la Chicorée, le Cresson , la moutarde ,le Cœur de Mazoubelle , la Liane pois Ginen. La majorité de ces légumes feuilles souillés représentent la base de la consommation des Artibonitiens et des Port-au-Princiens. Il faudrait penser á la dissémination du microbe du Cholera par les légumes infestés .

Mode de commercialisation et de conservation des légumes feuilles
On coupe le légume á l’aube ou tard dans l’après midi. Le conditionnement se fait dans des récipients recouverts de linges mouillés et placés dans des endroits frais. Au marché on garde ces légumes á l’ombre et on les arrose de temps en temps de façon á augmenter l’humidité relative du milieu ambiant pour diminuer la transpiration. Cette méthode de conservation avec l’eau ne dure que deux jours au plus et peut propager le microbe si l’eau et les linges sont déjà pollués.( Contribution á l’étude de quelques légumes feuilles mars 1987 Marie Katleen Pierre)
Les légumes se vendent dans tous les marches de haut et de Bas Artibonite, tant a Port-au-Prince qu’au Cap haïtien. L’eau d’arrosage dont on se sert pour arroser les légumes apportés au marché provient de la même eau tirée des canaux d’irrigation de la valle de l’Artibonite. A Port-au-Prince, on ignore d’où les marchandes de la Croix des Bossales prennent l’eau d’arrosage des légumes pour les tenir au frais et empêcher la perte d’eau par transpiration. Les marchandes en vendant les légumes au Cap, a Port-au-Prince, et aux Gonaïves peuvent propager le microbe. Toutes ces eaux sont polluées et venant des gens vivant sous les tentes , elles constituent une boisson potentiellement mortelle. (Jean Baptiste Jean Willy Oct 1992).
NB-Utilisation eventuelle de sechoir solaire a la place de l’arrosage pour conserver les légumes

Le système d’eau Potable.
Le système d’eau potable á Brocozel, Drouet,Villa, Fabias, Desdunes ,jean Denis, Lacouti, Pont Sondé, Dipson, Brizard, Grand Bera, Grande Saline est constitué de puits domestiques d’une profondeur de deux á trois pieds qui donnent une eau saumâtre. L’eau saumâtre facilite la vie du microbe dans l’eau. Le canal SCIPA qui alimente en eau ces puits passe á coté de toutes les maisons d’habitation. (Interview M.William dans la vallée 20-21 oct 2010)

Un delta idéal pour le développement permanent du microbe du Cholera

Le choléra est une maladie extrêmement contagieuse dont la propagation est favorisée par les défaillances des réseaux sanitaires et par l'absence d'hygiène et de soins. Dans l’irrigation de la vallée il faudrait y voir surtout les 189 kilomètres de canaux et de drains primaires , les 115,9 kilomètres de canaux et de drains latéraux, les 1082, kilomètres de canaux et de drains secondaires , plus des millions de kilomètres de canaux tertiaires d’irrigation qui hébergent le microbe. Il faut aussi voir dans la vallée de l’Artibonite, le haut lieu d’un état de promiscuité intime et permanente où jeunes ,adultes, vieux, maitresses de maisons , cuisinières, travailleurs agricoles, pécheurs bœufs, cochons, cabris , canards, qui polluent ces eaux, les utilisent pour la boisson et pour toutes sortes d’usage domestiques (bain, lessive, irrigation, besoin á même le sol et quelques fois dans les rizières mêmes ). Il faudrait ne pas oublier le déversoir Salée flood Way, qui en période d’étiage est saumâtre et peut constituer un foyer idéal pour le microbe du cholera .Il faut compter environ 350 á 400.000 personnes qui sont exposées au microbe du cholera.

Les affluents du fleuve Artibonite
Le fleuve Artibonite reçoit les eaux des bassins versants de plusieurs affluents : Guayanmouc, Thomonde, Cajencino, Mientas sur la rive droite , Onde verte, Roche blanche, Lascaobas, Fer a cheval, La Theme, sur la rive gauche. Il reçoit les eaux des bassins versants des rivières : l’Estere, Tapion, Cabeuil, Coupe à l’Inde , Bois, Maury , rivière Laverdure adossant la vallée. L’une quelle conque de ces rivières peut être contaminée et contaminer á son tour les eaux du fleuve jusqu'à Grande Saline qui est son embouchure .

Ironie du sort et paradoxe conceptuelle, l’ODVA se donne des actions de gestion sur l’eau d’irrigation fournie par ces rivières et n’a aucune autorité pour contrôler les eaux des bassins versant qui font des crues sédimentaires de 6000 m3 á l’année.( Victor Andre, ODVA son passé, son présent et son avenir1980-81) . Il n’existe aucun projet sérieux de contrôle des eaux de ces bassins versants en dehors d’une parodie de projet de reboisement du Bassin versant fleuve Artibonite de 3 millions de gourdes donnés en cadeau à une ONG á Belladère.. Récemment selon les informations qui circulent sur Internet, elles font état d’usure de cinq turbines du barrage de Peligre qui déversent cinq drums huiles lourdes dans le fleuve. Ces fuites non contrôlées pourraient elles être a l’origine de cette épidémie. ?

A Port-au-Prince, la DINETAB, ex CAMEP , organisme autonome s’occupant de l’eau, a toujours souligné la pollution par les matières fécales des sources qui alimentent toute la communauté urbaine de Port-au-Prince. Dans cette communauté, la majorité des propriétaires creusent des latrines dans le sol. Dans la plaine de la Croix des Bouquets , l’eau du sous sol est á peine á deux pieds de profondeur en certains endroits. Les eaux des puits artisanaux sont un mélange d’eau et de matières fécales riches en E. coli et éventuellement en Vibrio cholerae, si les déplacés qui vivent un peu partout dans la communauté urbaine de Port-au-Prince viennent á être touchés..

Spot prevansyon Kolera

Cholera sou’w pa pran byen son chek cash pou peyi san chapo
Sou’w pranl bone, peson pap mouri. Men sa pou’w fê :
Pwoprete tout la jounen, tout kote’w pase.
Pa bwe dlo sispek. Trete dlo wap bwe ak Klowoks.
Lave men’w, chak fwa ou soti nan water, anvan’w met men nan bouch
Pa manje nan menm asyet, pa bwe dlo nan menm gode ak lot patne’w.
Pa manje nan restoran chen janbe pou le moman,
Sevi ak klowoks pou laver fwi ak legim ou vle manje.

michelwilliam1000@hotmail.com

REF
-Interview M William dans la vallée de l’Artibonite 20-21 octobre 2010
-RFI Amélie Baron 22 oct 2010)
-Reseau Citadelle Cyrus Sibert 22 oct 2010
-Dr Jocelyne Louis MSPP 21 Oct 2010 interview a la radio
-Enquete á l’ODVA M William oct 2005/PIA
-Systeme de drainage et Cultures maraicheres dans la valle de l’Artibonite Mémoire de sortie Jean Baptiste Jean Willy Oct 1992
-Contribution a L’Etude de quelques legumes feuilles Marie Katleen Pierre Mémoire de sortie FAMV mars 1987
-L’ODVA Son Passe ,Son Présent et Son Avenir ODVA Mars 1982

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