mardi 27 décembre 2011

Le réseautage des associations d’irrigants (2)



Le réseautage des associations d’irrigants (2)
Bernard Ethéart
HEM, Vol. 25, # 46 du 07-13/12/2011

La semaine dernière, j’ai terminé mon article sur l’atelier organisé par la Fondation Haïtienne de l’Irrigation (FONHADI) le vendredi 25 novembre sur le thème du réseautage des associations d’irrigants lié au transfert de la gestion des systèmes d’irrigation (voir HEM Vol. 25 # 45 du 30/11-06/12/2011) en signalant qu’il ne s’est encore jamais trouvé un Ministre de l’Agriculture pour présenter au Parlement un projet de loi sur l’organisation et le fonctionnement des associations d’irrigants.

J’avais également mentionné que la méthodologie élaborée par le Programme de Réhabilitation des Petits Périmètres Irrigués (PPI 1), un programme du Ministère de l’Agriculture, pour la structuration des dites associations, n’a été adoptée que du bout des lèvres par la Direction des Infrastructures Agricoles (DIA) du MARNDR. Cela pose le problème de la position pour le moins ambigüe du Ministère à ce sujet.

En principe, au niveau des dirigeants, on est d’accord avec le transfert de la gestion des systèmes d’irrigations aux associations d’irrigants ; cela va dans le sens du « désengagement » du Ministère, devenu très à la mode à partir du retour du Président Aristide en 1994. J’entends encore Philippe Mathieu, alors Directeur Général Adjoint, proclamer à tout moment, avec sa vois de stentor, que le Ministère doit devenir un ministère normatif et que les actions de terrain seront le fait d’opérateurs spécialisés.

Cela faisait aussi l’affaire de certains cadres du ministère qui se sont dépêchés de créer des « boites de techniciens », souvent avec un label ONG, prêtes à signer des contrats d’exécution avec le ministère ou les grandes organisations finançant des projets d’irrigation. Mais, d’un autre côté, l’idée de confier des responsabilités à des associations de paysans dérange ; cela va à l’encontre d’une vieille tradition de confiscation du pouvoir, de tout pouvoir, par une certaine catégorie sociale ; sans parler de la crainte de certains cadres intermédiaires de perdre leur job si les paysans « deviennent trop forts ».

En fait, ce ne sont que des combats d’arrière-garde. Le principe de la participation-responsabilisation, qui guide tous ceux qui appuient les associations d’irrigants fera son chemin même si cela déplait à quelques uns. A la Villa Mamika, selon la liste que j’ai pu obtenir et qui n’est peut-être pas complète, ils étaient plus de 80 participants dont une quarantaine venus de 7 départements : Nord-Ouest (5), Nord (4), Artibonite (14), Centre (1), Ouest (5), Sud-Est (5), Sud (8).

Quand on sait que de nombreuses zones n’ont pas pu être touchées, souvent parce que les organisations ne sont pas encore bien solides ou simplement pas connues des organisateurs, on peut imaginer quel potentiel cela représente ; et c’est là qu’apparait une autre cause de la réticence ; la cause politique.

Le sénateur de l’Artibonite, Willy Jean-Baptiste, lui-même agronome, spécialiste en gestion des systèmes d’irrigation, et qui a été Directeur de l’ODVA, a cité des chiffres. 20.000 hectares irrigués dans la plaine de l’Artibonite, avec des parcelles de moins d’un hectare, cultivées par un paysan à la tête d’une famille de 6 à 7 personnes, on peut calculer quelle population et combien d’électeurs potentiels cela représente ! Vous comprenez maintenant pourquoi l’Artibonite est une zone politiquement « chaude ».

Mais revenons aux associations d’irrigants. Au cours des réunions préparatoires de cet atelier, les membres de la FONHADI se sont penchés sur les services que l’association peut offrir à ses membres :
-          Des services pour une meilleure valorisation de l’eau :
o   accès aux intrants (engrais, semences, pesticides …),
o   machinisme (attelage, motoculteur, tracteur ...) pour faciliter le travail de la terre,
o   regroupement de la production,
o   transformation de la production,
o   commercialisation, recherche de marchés …. ;
-          Un service de gestion des exploitations agricoles (travailler sur la rentabilité de la production) ;
-          Des actions de plaidoyer pour un meilleur accès aux intrants, pour davantage d’investissement de l’Etat, un meilleur accès au crédit …

Dans l’idée des membres de la FONHADI, les associations seraient encore plus efficientes si, au lieu d’agir chacune de son côté, elles conjuguaient leurs efforts en se regroupant en fédérations régionales. Il en existe déjà dans l’Artibonite, dans le Sud-Est, dans la zone goâvienne, sans parler de la grande Association des Irrigants de la Plaine de l’Arcahaie. C’est là un premier niveau de « réseautage » ; l’objectif est d’étendre ce mouvement à l’ensemble du pays.

Et comme on ne se refait pas, je ne peux m’empêcher de reprendre ce slogan que j’avais lancé à l’issue du colloque sur le « Transfert de la gestion des systèmes irrigués en Haïti » en juin 2004 (voir Conclusion du colloque sur l’irrigation, HEM Vol 19 # 12 du 20-26/04/2005), « Irrigants de tout le pays unissez vous ! »

Pour finir une bonne nouvelle : le nouveau Secrétaire d’Etat à la Production Végétale du MARNDR, l’agronome Fresner Dorcin, qui était présent à l’atelier, a promis son appui pour faire avancer le dossier de la loi sur les associations d’irrigants.

dimanche 25 décembre 2011

Le vaudou est biblique




Le vaudou est  biblique
Jean Erich René
erichrene@bell.net
22 décembre 2011


Le vaudou est un rite millénaire transmis, à cause de ses persécuteurs, plutôt par la tradition orale que par la mémoire de l’écriture. Frappé d’ostracisme, les héritiers de cette connaissance transcendantale sont obligés de la pratiquer en catimini. D’ailleurs en Haïti le Vaudou à diverses périodes de l’histoire a été l’objet d’attaque d’autres  sectes religieux. Le prosélytisme  des prêtres catholiques et des pasteurs protestants infirment l’épanouissement du vaudou. Pourtant toutes les Constitutions Haïtiennes de l’Indépendance à nos jours reconnaissent la liberté des Cultes. Parmi les événements qui ont conduit à l’Indépendance d’Haïti on ne saurait ignorer la Cérémonie du Bois Caïman, ce véritable sérum moral qui, psychologiquement, avait préparé les esprits pour la victoire finale. Ce bovarysme culturel qui nous affecte a comme  conséquence directe notre nanisme mental et par ricochet notre sous-développement social et économique. Il ne s’agit pas d’un accident mais d’une stratégie arrêtée à souhait par l’Occident afin d’exploiter les forces de travail des esclaves. En Haïti, les Moines du St Viateur étaient chargés de cette sale besogne de déculturation dont les séquelles engoncent notre structure mentale régressive.

                 Témoignage de Jésus, Matthieu 5.17.
  Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir.
Sans défaire ce frein psychologique nous allons patauger dans les bas-fonds de la misère et de l’ignorance. On ne saurait mépriser l’importance prépondérante d’une religion au sein d’une société. Max Weber depuis 1901 dans « L’Éthique protestante et l’Esprit du Capitalisme »,  attribuait déjà l’origine  de l’esprit du travail du Capitalisme à la Réforme du Protestantisme. A la page 51 nous relevons ces propos  très éclairants de Weber : «  Le gain est devenu la fin que l'homme se propose, il ne lui est plus subordonné comme moyen de satisfaire ses besoins matériels.» Fondamentalement il ne s’agit pas d’un problème de foi  entre les  Sectes Religieux mais le conflit résulte plutôt de la course vers la richesse par l’exploitation de l’homme par l’homme. En effet les superpuissances telles que la France, l’Angleterre, les USA etc. ont financé leur développement par l’esclavage dont le fil conducteur le plus efficace était la religion. En une telle occurrence il fallait à tout prix détruire les croyances des religions alternatives. Pour les besoins de leurs propres cuisines l’Occident  par le biais du Catholicisme et du Protestantisme taxent  de diabolique, satanique etc. le Vaudou pourtant la religion des esclaves importés d’Afrique.

Ce véritable travail de reprofilage par le dénigrement a perturbé l’univers mental de l’homme haïtien. Nos prêtres catholiques et nos pasteurs protestants critiquent certaines pratiques du vaudou, sous prétexte de sorcelleries. Ils pointent du doigt les lampes et les Mangers Loas c’est à dire les luminations et les offrandes que nos Houngans et nos Mambos  et les serviteurs des Loas en général offrent à leurs dieux. Pourtant dans l’ANCIEN TESTAMENT de la BIBLE DES CHRETIENS on retrouve  les cérémonies du Vaudou. Nous vous invitons à lire le PENTATEUQUE c’est à dire les Premiers Livres de la BIBLE pour vous rendre compte à quel point nous sommes trompés par l’Occident. La bible des chrétiens nous offrent un panorama rituel propre aux cérémonies du Vaudou.

Lévitique 24
24.1  L'Éternel parla à Moïse, et dit:
24.2  Ordonne aux enfants d'Israël de t'apporter pour le chandelier de l'huile pure d'olives concassées, afin d'entretenir les lampes continuellement.
24.3  C'est en dehors du voile qui est devant le témoignage, dans la tente d'assignation, qu'Aaron la préparera, pour que les lampes brûlent continuellement du soir au matin en présence de l'Éternel. C'est une loi perpétuelle pour vos descendants.
24.4  Il arrangera les lampes sur le chandelier d'or pur, pour qu'elles brûlent continuellement devant l'Éternel.
24.5  Tu prendras de la fleur de farine, et tu en feras douze gâteaux; chaque gâteau sera de deux dixièmes.
24.6  Tu les placeras en deux piles, six par pile, sur la table d'or pur devant l'Éternel.
24.7  Tu mettras de l'encens pur sur chaque pile, et il sera sur le pain comme souvenir, comme une offrande consumée par le feu devant l'Éternel.
24.8  Chaque jour de sabbat, on rangera ces pains devant l'Éternel, continuellement: c'est une alliance perpétuelle qu'observeront les enfants d'Israël.
24.9  Ils appartiendront à Aaron et à ses fils, et ils les mangeront dans un lieu saint; car ce sera pour eux une chose très sainte, une part des offrandes consumées par le feu devant l'Éternel. C'est une loi perpétuelle.
 Dans nos Églises Catholiques pourquoi allume-t-on une Lampe Éternelle ? Est-ce de la sorcellerie? Comment peut-on reprocher à nos Houngans d’allumer leur bougie ou de monter leurs lampes à huile de Palma Christi.  Étymologiquement Palma Christi signifie : Palme du Christ. Comprenne qui pourra ! En tout cas, au sens des initiés la consumation de l’huile n’est pas quelconque. La célérité et les intentions varient avec le nombre de mèches allumées et la qualité de l’huile : olive, palma christi, saindoux (graisse de cochon).

La plus grande crainte des fossoyeurs du Vaudou c’est le don de devin du Houngan et de la Mambo en étalant ses cartes ou en évoquant l’oracle des loas. Une prouesse qui dépasse complètement l’entendement de nos Prêtres Catholiques et nos Pasteurs Protestants. Ils diabolisent littéralement la voyance révélée clairement dans la Bible.

 Genèse 44

44.1 Joseph donna cet ordre à l'intendant de sa maison: Remplis de vivres les sacs de ces gens, autant qu'ils en pourront porter, et mets l'argent de chacun à l'entrée de son sac.
44.2  Tu mettras aussi ma coupe, la coupe d'argent, à l'entrée du sac du plus jeune, avec l'argent de son blé. L'intendant fit ce que Joseph lui avait ordonné.
44.3  Le matin, dès qu'il fit jour, on renvoya ces gens avec leur ânes.
44.4  Ils étaient sortis de la ville, et ils n'en étaient guère éloignés, lorsque Joseph dit à son intendant: Lève-toi, poursuis ces gens; et, quand tu les auras atteints, tu leur diras: Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien?
44.5  N'avez-vous pas la coupe dans laquelle boit mon seigneur, et dont il se sert pour deviner? Vous avez mal fait d'agir ainsi
Les sacrifices d’animaux tels que bœufs, moutons  etc., sont complètement répudiés par nos prêtres catholiques et nos pasteurs protestant qui les perçoivent comme des offrandes aux esprits diaboliques. Pourtant ils sont recommandés par l’Eternel selon le message reçu par Moise que nous pouvons tous lire dans le deuxième livre de la Bible :

Exode 24
  1. Dieu dit à Moïse : Monte vers l’Éternel, toi et Aaron, Nadab et Abihu, et soixante-dix des anciens d’Israël, et vous vous prosternerez de loin.
  2. Moïse s’approchera seul de l’Éternel ; les autres ne s’approcheront pas, et le peuple ne montera point avec lui.
  3. Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles de l’Éternel et toutes les lois. Le peuple entier répondit d’une même voix : Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit.
  4. Moïse écrivit toutes les paroles de l’Éternel. Puis il se leva de bon matin ; il bâtit un autel au pied de la montagne, et dressa douze pierres pour les douze tribus d’Israël.
  5. Il envoya des jeunes hommes, enfants d’Israël, pour offrir à l’Éternel des holocaustes, et immoler des taureaux en sacrifices d’actions de grâces.
  6. Moïse prit la moitié du sang, qu’il mit dans des bassins, et il répandit l’autre moitié sur l’autel.
  7. Il prit le livre de l’alliance, et le lut en présence du peuple ; ils dirent : Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit, et nous obéirons.
  8. Moïse prit le sang, et il le répandit sur le peuple, en disant : Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous selon toutes ces paroles.
A la consécration qu’offre le Prêtre ? Le Corps et le Sang du Christ. Que dit-il aux fidèles ? Prenez et mangez car ceci est mon corps ! Prenez et buvez ceci est mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle versé pour nous et pour la multitude en rémission des péchés du Monde. Est-ce du cannibalisme ? A cette phase des débats n’est-ce pas une preuve d’obscurantisme crasse de taxer les pratiques du vaudou de sorcellerie au point de détruire nos Temples et renverser nos objets sacrés. Il faut éviter de participer à ces opérations de saccage et de pillage de nos Hounforts. A chaque période mouvementée de l’Histoire, on tente de nous couper de nos racines afin de faire de nous des corps sans âme. Le sacrifice d‘un cochon par Bookman au Bois Caïman s’intègre dans le cadre de l’orthodoxie de la Table des Lois de Moïse dictées par Dieu. Nos exploits guerriers sont dus  à notre fidélité aux dieux tutélaires de la race. Toute la force d’une nation est enracinée dans sa culture. C’est le Premier Môle quand elle s’en va tout le reste part. Ne nous laissons pas circonvenir par des pécheurs en eau trouble au service de l’Occident qui nous a transplantés dans la Caraïbe à des fins d’exploitation. Nous avons cumulé deux siècles de retard. Réveillons-nous ! Nous sommes les héritiers de cette grande race d’hommes qui ont énoncé les principes de vie de ce bas-monde. Tâchons d’y rester fidèle en méprisant la dissidence. Notre credo c’est l’Ancien Testament et le Christ ne nous tient nulle rigueur à ce sujetMatthieu 5.17. « Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.» dit-il. Rejeter les pratiques du Vaudou c’est bouder la parole de Dieu. Preuves à l’appui le vaudou est biblique.

Jean Erich René
22 décembre 2011
Ottawa/Canada

mardi 29 novembre 2011

Le réseautage des associations d’irrigants lié au transfert de la gestion des systèmes d’irrigation



Le réseautage des associations d’irrigants lié au transfert de la gestion des systèmes d’irrigation
Bernard Ethéart
27 Novembre 2011

Tel est le thème d’un atelier organisé par la Fondation Haïtienne de l’Irrigation (FONHADI) le vendredi 25 novembre à la Villa Mamika, Croix-des-Bouquets. Pour les non-initiés, cela peut paraitre du charabia, aussi allons nous devoir commencer par expliciter quelques concepts, et en premier lieu celui de transfert de gestion.

Au départ, il faut se rappeler que l’eau, en tant que ressource naturelle, est propriété de l’Etat au nom du peuple haïtien. De ce fait, toute exploitation de l’eau est sujette à une autorisation de l’Etat. Dans le cas spécifique des systèmes d’irrigation, même quand l’infrastructure a été financée par une institution privée, elle reste propriété de l’Etat, qui en assure la gestion. Cette gestion est assurée par un syndic d’irrigation, un employé du Ministère de l’Agriculture, qui assure la distribution de l’eau aux usagers du système et veille au bon état de l’infrastructure.

Dans la pratique, la formule a mal fonctionné, et ce à deux niveaux :
1)      Au niveau du syndic, les usagers se plaignent d’une mauvaise distribution de l’eau, le syndic favorisant des usagers plus « importants », probablement en échange de certains avantages ;
2)      Au niveau de la redevance que les usagers doivent verser à la Direction Générale des Impôts et qui est censée servir à financer l’entretien et la maintenance de l’infrastructure, les usagers se plaignent du fait que, une fois que ces sommes sont versées au Trésor Public, il est très difficile d’obtenir un décaissement quand ils en ont besoin pour effectuer des travaux d’entretien ou de maintenance.

D’où une double revendication de la part des usagers :
1)      Que la gestion des systèmes soit assurée par les usagers eux-mêmes ;
2)      Que la redevance soit gardée par les usagers eux-mêmes, de manière qu’ils puissent en disposer quand c’est nécessaire.
Dans l’histoire du transfert de la gestion, le premier cas connu est celui du canal d’Avezac, dans la plaine des Cayes. On parle d’une première autorisation datant du gouvernement de Paul Magloire, puis d’une autorisation accordée par l’agronome Frantz Flambert, Ministre de l’Agriculture du gouvernement de Jean-Claude Duvalier. Mais c’est avec l’Association des Irrigants de la Plaine de l’Arcahaie (AIPA) que l’agronome Gérald Mathurin, Ministre de l’Agriculture du premier gouvernement Préval, signe le premier contrat de transfert de gestion. Par la suite, l’agronome Sébastien Hilaire, Ministre de l’Agriculture du gouvernement Aristide, a signé des contrats de transfert avec des associations d’irrigants de la zone goâvienne ou de la vallée des Trois Rivières.

La signature d’un contrat avec un Ministère suppose l’existence d’une association bien structurée et dotée de la personnalité civile ; or nous sommes encore loin du compte.

En ce qui concerne la structuration, le Programme de Réhabilitation des Petits Périmètres Irrigués (PPI 1) a proposé une méthodologie très élaborée. Elle n’a été adoptée que du bout des lèvres par la Direction des Infrastructures Agricoles (DIA) du MARNDR, mais tous les initiés retiennent les fameuses « 4 phases, 14 étapes et 3 niveaux de contractualisation ». Sans entrer dans les détails, on retiendra les « 3 niveaux de contractualisation », car l’idée est que, à chaque niveau de structuration de l’association, celle-ci se voit confiée par contrat un certain nombre de responsabilités, et le troisième niveau est celui où on lui confie la responsabilité de gérer le système par un contrat de transfert de gestion.

En ce qui concerne la personnalité civile, c’est plus compliqué. Il faudrait, en effet qu’une loi fixe
·         les conditions que devraient remplir une association d’irrigants, pour obtenir le statut d’association reconnue légalement,
·         les attributions qui doivent lui permettre de remplir ses fonctions.

Or il se trouve que dans ce beau pays il n’existe aucune législation sur les associations, d’une manière générale, voire sur les associations d’irrigants ! Le Groupe de Réflexion sur l’Irrigation (GRI), devenu par la suite la Fondation Haïtienne de l’Irrigation (FONHADI), en avait fait son cheval de bataille ; un avant-projet de loi a été élaboré et plusieurs fois remanié ; ces travaux ont culminé avec l’organisation, les 2, 3 et 4 juin 2004, d’un colloque sur le « Transfert de la gestion des systèmes irrigués en Haïti » et les actes de ce colloque ont été remis officiellement au Ministre de l’Agriculture le jeudi 14 avril 2005 (voir Conclusion du colloque sur l’irrigation, HEM Vol 19 # 12 du 20-26/04/2005). Mais il ne s’est encore jamais trouvé un Ministre de l’Agriculture qui présente cet avant-projet au Parlement.

lundi 28 novembre 2011

Si…



Si…
Par Daly Valet
Le Matin : du 25 nov. au 1er  déc. 2011

Et si, au début des années quatre-vingt, Jean-Claude Duvalier avait fait le choix de chevaucher l’Histoire, dans le sens de la modernité démocratique, par une libéralisation franche et décisive du régime dynastique hérité de son  Papa Doc ? Et si le général Henry Namphy et ses acolytes militaires et macoutes n’avaient pas cautionné Ruelle Vaillant et sabordé, dans le sang, le processus électoral de 1987 ? Et si, en 1989-1990, le général Prosper Avril n’avait pas gouverné dans la violence politique répressive et kidnappé, à son profit, le processus électoral et démocratique ? Et si, en 1993-1994, le général Raoul Cédras avait été suffisamment grand et visionnaire pour réaliser, tôt, avec son complice, le colonel Michel François, que leur coup d’État était insoutenable et relevait de l’anachronisme historique ? Et si Jean-Bertrand Aristide n’avait pas opté, en tant que président, pour le populisme autoritaire, anarchisant et violent ? Et si René Préval avait rejeté le chaos institutionnel et les magouilles électorales comme moyen de se maintenir au pouvoir ? Et si le président Michel Martelly et son entourage immédiat n’avaient pas, jusque-là, donné l’impression qu’ils étaient en hibernation entre le 6 février 1986 et 13 mai 2011, et que, durant leur long sommeil, ils ignoraient tout des combats et conquêtes démocratiques du peuple haïtien ? Et si M. Martelly ne s’était pas imaginé pouvoir imposer au pays, sans concertation nationale, une armée avec les mêmes gérontes des années jeanclaudistes et putschistes ? Et s'il n’avait pas ordonné l’arrestation arbitraire du député Arnel Bélizaire et entraîné l’appareil judicaire et les institutions d’État de sécurité dans la commission d’un forfait ? Et si ses ministres d’État, Josué Pierre-Louis et Thierry Mayard-Paul, avaient dit toute la vérité au pays et assumé, courageusement et publiquement, leurs responsabilités dans cette dérive autoritaire ?

On  ne fait pas l’Histoire avec des « si ». Ainsi court, de génération en génération, l’idée reçue. Erreur. L’historiographie moderne se fait désormais  avec des « si ». Si Napoléon Bonaparte avait regretté de n’avoir pas su gouverner Saint-Domingue à travers Toussaint Louverture, c’est dire qu’en dehors de la capture et de l’emprisonnement de ce dernier à Fort-de-Joux, d’autres options s’offraient à l’empereur français. Des options qui auraient pu engager notre histoire sur une trajectoire différente que celle que cristallise 1804 et conférer un autre destin à la présence française dans les Amériques. Quand l’entêtement, l’aveuglement, l’ignorance, les préjugés et le messianisme président aux choix des gouvernants, ils en paieront, personnellement, les conséquences et les peuples en feront forcément les frais.  Ce ne sont pas toujours des contraintes externes ni des facteurs matériels qui structurent l’ordre  interne  des choses. L’humain est aussi à considérer dans notre évaluation du cours de l’Histoire. Quand des dirigeants poursuivent, dans la témérité,  des politiques  infructueuses contraires à leurs propres intérêts et à ceux de leurs nations, c’est la sottise humaine qui se trouve, dès lors, aux commandes. L’esprit de contradiction au pouvoir. Les méthodes de gouvernement comme restées, chez nous, à l’état stationnaire depuis deux cents ans. En son temps, le deuxième président américain, George Adams, avait fait, déjà, le regrettable constat que, comparativement aux autres sciences, celle du gouvernement « n’était guère mieux pratiquée qu’elle ne l’était il y a trois à quatre mille ans ».

Évidemment, l’histoire contemporaine des peuples ne fait qu’accréditer le constat de M. Adams. Son lointain successeur, Georges W. Bush, nous a, injustement, donné, par vanité, la boucherie d’Irak. Saddam Hussein s’est fait pendre, là-bas, en tyran fanfaron pour des armes qu’il n’avait pas. En Égypte, Hosni Moubarak a préféré la terreur et l’humiliation au lieu de démocratiser son régime et accéder aux demandes de son peuple. En Tunisie, Ben Ali a laissé pourrir son régime plutôt que de l'assainir et le moderniser. En Lybie, Kadhafi est resté dictateur intraitable et sanguinaire jusqu'à sa mise à mort brutale et inhumaine. Al-Assad de la Syrie les rejoindra, un jour, dans l’humiliation et la défaite. Ce sera l’épilogue tragique de son aveuglement suicidaire dans l’arbitraire.

Rappels historiques, petite leçon de choses à nos dirigeants actuels. Car leurs états de service relèvent du suicide politique et font déjà du mal au pays. Un gouvernement fraîchement installé mais paralysé par l’action d’hommes de peu de grandeur et plutôt faibles en convictions démocratiques. L’affaire Martelly-Bélizaire nous a dit assez sur l’encanaillement de notre appareil d’État et le laisser-aller qui y prévaut. Trop c’est trop. Il faut sanctionner. Réviser. Corriger. Amender. Réformer. Et transformer.

Les  présidents civils et militaires haïtiens cités, ici, ont tous connu l’humiliation. Certains l’exil forcé et prolongé. D’autres sont toujours dégoûtés et rejetés par les Haïtiens. Ils avaient gouverné dans et par la bêtise. Ils ne sont pas à reproduire dans l’Haïti d’aujourd’hui. Le prestige de l’actuel président et des ministres qui lui sont proches en a pris un sérieux coup dans l’affaire Bélizaire. Dans le dossier de l’armée aussi. Une fuite en avant qui lui a valu le Waterloo du 18 novembre 2011 que nous avions annoncé. À sa décharge, il s’est vite ressaisi devant la vigueur des hostilités. Atterrissage forcé, certes. Mais preuve d’humilité louable et à encourager. D’aucuns diront que les consultations nationales et les pourparlers entre les trois pouvoirs de l’État sont annoncés avec du retard. Mais mieux vaut tard que jamais. Espérons que M. Martelly sortira grandi et renforcé des derniers revers. Et qu’il a finalement compris qu’il évolue dans le cadre d’arrangements légaux et institutionnels modernes et postautoritaires. Sinon, comme pour ses prédécesseurs, c’est avec de regrettables « si » qu’il sera surtout retenu dans l’Histoire.  
D.V

mardi 22 novembre 2011

RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN 2011




Rapport sur le Développement Humain 2011
Bernard Etheard
20 Nov.2011

Le jeudi 17 novembre, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) présentait le Rapport sur le Développement Humain (RDH) pour l’année 2011. A cette occasion, les invités ont reçu une copie du rapport et son résumé, ainsi que les mêmes documents pour l’année 2010. Je le signale parce que, dans le résumé de l’année 2010, il y avait un disque compact comprenant, entre autres documents, les textes de tous les rapports précédents. Je tiens à remercier le PNUD car, avec cet outil, il est possible de prendre connaissance de ce qui a été publié sur des thèmes hautement intéressants comme la participation populaire, la mondialisation, la liberté culturelle, le changement climatique, etc. Nous ne manquerons pas, à l’avenir, de faire appel à ces sources.

Et puisque je parle de cette source d’information, je profite pour citer ce petit passage sur l’utilité des RDH : « Depuis 1990, le Rapport sur le développement humain est un atout de première importance dans la réflexion sur le développement, non seulement parce qu’il souligne que le revenu par habitant ne suffit pas pour mesurer à lui seul les progrès d’une société, mais aussi parce qu’il étudie comment une approche axée sur la population affecte la manière dont nous devrions réfléchir aux grands enjeux ».

Et cet autre qui nous indique l’orientation de ceux qui ont travaillé sur le concept de Développement Humain : "Les individus sont la véritable richesse d'une nation. Le développement a pour objectif fondamental de créer un environnement qui offre aux populations la possibilité de vivre longtemps, en bonne santé. Cela peut sembler une évidence. Mais celle-ci est souvent oubliée dans la course à l'accumulation des biens et des avoirs financiers." (Extrait du Rapport sur le développement humain 1990).

Si revenons à la présentation du rapport, toutes les informations insistent sur le fait qu’Haïti est classée à la 158ème place, ce qui la met dans la catégorie des pays à développement humain faible. Ce classement est fait sur la base de l’indice de développement humain (IDH) développé dès 1990.

« Le premier Rapport sur le développement humain a introduit une nouvelle manière de mesurer le développement en faisant la synthèse des indicateurs d'espérance de vie, de niveau d'études et de revenu, pour aboutir à un indicateur composite du développement humain, l'IDH. Le tournant décisif pour l'IDH fut la création d'une statistique unique destinée à servir de cadre de référence pour le développement économique et social. L'IDH établit un minimum et un maximum pour chaque dimension, appelés balises, et indique ensuite la situation de chaque pays par rapport à ces dernières (dont la valeur varie entre 0 et 1). »

Mais l’énoncé des thèmes des rapports successifs met en évidence le fait que au fur et à mesure on a tenu compte d’autres indicateurs pour l’IDH ; on peut citer à titre d’exemples : la mobilité, l’accès à l’eau, la liberté culturelle, l’égalité des sexes, la participation.

Le Rapport sur le Développement Humain 2011, qui a pour titre : Durabilité et équité : Un meilleur avenir pour tous, introduit une nouvelle dimension. Il « fait le point sur les défis posés par la recherche d’un progrès durable et équitable », et nous offre les définitions du développement humain et du développement humain durable : « Le développement humain est l’accroissement des libertés et des capacités permettant aux personnes de mener une vie qu’elles jugent satisfaisante à juste titre ». « Le développement humain durable est l’accroissement des libertés essentielles des personnes vivant aujourd’hui, accompagné d’efforts raisonnables pour éviter le risque de compromettre sérieusement celles des générations futures ».

Les différentes personnes qui sont intervenues lors de la présentation du rapport ont beaucoup insisté sur la relation entre équité et durabilité ; ainsi Jean Vilmont Hilaire, Directeur national du projet SNAP (Service National des Aires Protégées), parlant de la localité de Formont dans la zone du parc Macaya, a signalé que la création de l’école a fait diminuer de 60 % le nombre de parcelles cultivées dans la forêt ; il a également mentionné une étonnante relation entre la disponibilité de l’eau et l’harmonie familiale. J’étais d’autant plus intéressé que, il y a quelques jours je recevais un article de Actu-environnement (12 octobre 2011) qui mentionnait une conférence du professeur Richard Wilkinson, spécialiste d’épidémiologie sociale, qui affirmait que la qualité de l’environnement social détermine le succès des politiques de développement durable.

Tout cela se passait dans la même salle du Karibe Convention Center où, une semaine plus tôt, je participais à ce colloque Patrimoine, tourisme culturel et développement durable (voir HEM Vol. 25, # 43, du 16-22/11/2011). L’Association Touristique d’Haïti avait généreusement distribué un exemplaire de sa revue Magic Haiti, avec de superbes photos de luxueux hôtels et de merveilleuses villas. Sur le moment, je n’avais pas pu m’empêcher de revenir à ce concept de « vitrine » que j’avais avancé dans un article précédent (voir Le fort Drouet et l’habitation Dion, HEM, Vol. 25, # 27 du 27/07-02/08/2011).

Cette « vitrine » est un volet d’une société « dualiste » marquée par une absence d’équité qui est tout simplement intolérable. S’il est vrai, comme le dit le RDH que « L’approche du développement humain et l'Indice de développement humain ont influencé de nombreux courants de pensée sur le développement et la manière dont la plupart des décideurs et des chercheurs réfléchissent au progrès humain », on devrait encourager nos dirigeants à en prendre connaissance.
Bernard Ethéart
HEM, Vol. 25 # 44 du 23-29/11/2011

vendredi 18 novembre 2011

18 NOVEMBRE 1803 – 18 NOVEMBRE 2011. L’ARMEE NATIONALE HAÏTIENNE AU CŒUR DU DEBAT POLITIQUE



 
 18 NOVEMBRE 1803 – 18 NOVEMBRE 2011. L’ARMEE NATIONALE HAÏTIENNE AU CŒUR DU DEBAT POLITIQUE

Himmler Rébu

17 Novembre 2011

I.                   L’ARMEE COMME INSTRUMENT DU JEU POLITIQUE
 
a)                 Du général au particulier
 
L’arrivée au pouvoir du président Michel Joseph Martelly a fait ressurgir la question de l’armée dans la mémoire collective, à côté des sujets dominants comme l’éducation, l’emploi, l’état de droit, l’environnement ou l’énergie.  Paradoxalement, la résurrection de l’armée est le sujet qui monopolise les passions.  Si des critiques rapides, basées sur les pulsions, ont entouré la question de l’éducation, la polarisation s’est par contre faite sur la nécessité ou non, de remobiliser l’Armée.  En pour ou en contre, les camps sont formés.  Cependant, les arguments restent au niveau des passions folles alimentées à la source d’intérêts, pas toujours avoués de groupes sociaux économiques se servant de  bras politiques.  Cette réalité a poussé vers une hausse vertigineuse de la demande en matière de conférences autour de l’Armée haïtienne. Ce réflexe témoigne d’une prise de conscience sur la question, par rapport à la confiance ébranlée face aux décisions des acteurs politiques ; une sorte de recherche de la lumière sur une question de fond.
 
Sur le plan interne, les contempteurs de l’idée de la remobilisation de l’Armée, presqu’essentiellement cantonnés dans la gauche politique haïtienne, font ressortir l’argument de la situation de non belligérance probable de l’Etat haïtien contre un quelconque autre Etat.  Ils lorgnent, en l’affirmant, la République la République Dominicaine avec circonspection voire un doute majeur.  Ils constatent en silence l’imposante composition de l’ensemble des forces sous les armes dans la nation sœur et, s’avouent sans le dire que ce n’est pas sans raison que l’infrastructure de défense de ce pays est maintenue , consolidée et sans cesse renforcée.  Ils agitent des questions d’ordre budgétaires liées à la dépendance financière de la République économiquement et moralement affaiblie par des puissances intéressées.  Les actions répréhensibles des anciennes forces Armées servent de socle  au rejet sans tenir compte de la décision politique qui est à la base de toute action de militaire.
 
Sur le plan international, il est intéressant de constater une drastique division du comportement public face à cette dérangeante option.  Alors que le gouvernement des Etats-Unis, de manière non officielle, mais à travers  de puissants et très sérieux porte-paroles connus, tapent du point sur la table, la France se cantonne de manière subtile derrière le devoir de réserve face à un problème d’ordre domestique et relevant de la souveraineté d’un Etat.  La République Dominicaine de son côté reste tapie dans un silence chargé de sens.  C’est qu’un Etat n’est jamais une plaisanterie et la question de l’organisation militaire est toujours une très forte gageure dont les contours ne sont jamais, au départ, prédéterminés. 
 
Suivant le jeu classique des intérêts, les contempteurs de l’idée font danser la question de l’armée dans l’unique miroir de l’histoire contemporaine de l’institution au regard de l’instrumentalisation politique du régime des Duvalier ; comme s’il y avait une perspective unique.
 
Alors que, au niveau de la population, la réponse semble globalement OUI MAIS, le grand voisin brandit déjà et de manière classique l’arme de la menace.
 
Il est visible que certains membres de la communauté internationale jouissant sous plusieurs angles de l’inexistence d’une force armée nationale haïtienne couvrant tout le territoire national, développent leurs businesses aux dimensions macro par rapport à la taille famélique de l’économie nationale. La Force d’occupation (au nom de la paix dans un pays non en guerre) compte plus de huit mille militaires  et dépense plus d’un million de dollars américains par jour.  Le trafic des stupéfiants est rudement organisé  (ils l’affirment eux même dans leurs rapports annuels) notamment dans la construction systématique des pistes d’atterrissage mises au service des petits transporteurs sud-américains des produits manufacturés.  Ce sont ceux-là qui prennent péremptoirement partie au débat en disant vouloir, de préférence renforcer et professionnaliser la police nationale qu’ils ont mise en place depuis 17 ans.  Après 17 ans, en effet, celle-ci est toujours jeune, inexpérimentée, sans le matériel, l’équipement et l’armement adéquats parce que Haïti est sous embargo demandé par le président Aristide et imposé par les seigneurs de la morale internationale alors que les frontières contrôlées par les forces de l’ONU sont libres à la circulation des armes et des munitions pour les activités liées au banditisme.
 
En face, les défenseurs de la cause de l’armée remontent le courant de l’histoire et titillent l’orgueil national en utilisant les négligences,  manquements, erreurs et fautes, de la MINUSTAH pour justifier leur demande de rétablissement de la souveraineté nationale
 
Cette guerre de nature idéologique non déclarée couvre pourtant des intérêts hautement stratégiques qui ne sont nullement évoqués dans le houleux vrai-faux débat.  Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer.  Et, chacun cache habilement les vraies motivations pour atteindre les réels intérêts défendus au travers de la remobilisation ou non des forces armées haïtiennes.
 
Cette guéguerre, se révèle enrichissante dans la mesure où elle force l’élite intellectuelle, présente et à venir, à remonter les pentes de la rationalité scientifique, dans les couloirs de l’histoire.  L’histoire haïtienne au cœur de l’histoire du monde.  En effet, il n’y a pas dans les racines d’une nation d’histoire isolée qui ne serait pas en concomitance avec une autre histoire, d’autres guerres, d’autres intérêts.  Ce devoir de pénétration de la question nous renvoie aux grandes thématiques et théories sur les questions des conquêtes, des guerres à travers le temps.
 
Mais la guerre ? 
b)    La guerre comme concept et prédominance de l’Europe à travers l’histoire.
 
La guerre est un conflit armé opposant au moins deux groupes militaires organisés et réguliers.  Elle se joue essentiellement sur des caractéristiques telles la stratégie, la tactique, les armes, la force morale et physique avec la finalité d’apporter la mort dans l’autre camp.  Il arrive presque toujours que les effets des conflits armés débordent les rangs de combattants pour faire des victimes au sein de la population civile.
 
La guerre a été une constante de la vie communautaire à travers l’histoire. Un rapide coup d’œil sur le tableau ci-après en témoigne :
 
 
GUERRES A TRAVERS LES AGES ET LES CONTINENTS
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
500 AvJC-1
1-500
500-1000
1000-1500
1500-1800
1800-1900
1900-2000
2000-
TOTAL
AFRIQUE
1
 
2
 
2
19
42
7
73
AMERIQUE
 
 
 
 
16
32
20
1
69
ASIE
4
1
5
7
8
25
49
9
108
EUROPE
 
 
10
57
85
41
26
1
220
Grèce
27
 
 
 
 
 
 
 
27
Rome
10
10
 
 
 
 
 
 
20
MONDE
 
 
 
 
2
 
2
 
4
TOTAL
42
11
17
64
113
117
139
18
521
 
 
Georges Clémenceau a dit : La guerre est une chose trop grave pour la confier à des militaires.  En effet, les forces militaires engagées dans les conflits, paradoxalement, ne font pas la guerre.  Elles l’exécutent.  Le général prussien Carl Von Clausewitz (1780-1831) a bien raison quand il affirme que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens car, dans tous les régimes, le pouvoir politique est au centre de la force militaire.  Allant dans la même veine, l’anthropologue Marvin Harris de la Columbia University renchérit en affirmant que le conflit armé est la suite logique d’une tentative d’un groupe pour protéger ou augmenter sa prospérité économique, politique et social aux dépends d’un autre ou d’autres groupes.  Dans ce contexte, les intérêts réels sont toujours enfouis et cachés derrière des alibis politiques, raciaux ou religieux.
 
La guerre est un élément incontournable des relations humaines donc, une chose pour laquelle il faut toujours être prêt.  Ce concept est synthétisé par le proverbe romain  Si vis pacem,  para bellum. Une force armée, suivant le concept globalement accepté, est l’instrument principal de la guerre.  On se demande automatiquement quelle guerre Haïti pourrait bien avoir l’intention de livrer au point d’avoir besoin d’une armée aujourd’hui?  C’est l’argument superficiel de ceux-là qui, sur le plan interne, sont contre.  Tout se passe comme si les fronts de guerre étaient immuables, rigidement cantonnés dans les mouvements tactiques de troupes dans une guerre de position.  Comme si les valeurs militaires ne servaient point, en réalité, au rééquilibrage du corps social à travers la production des richesses.  C’est au général Marc Arthur qu’à été confiée la tâche de reconstruction après la destruction de l’Europe. L’armée comme instrument de conquête n’a jamais eu d’autres objectifs que d’augmenter la richesse nationale.  Et, cet objectif est une menace à l’hégémonie de ceux-là qui, depuis la colonisation, n’ont jamais relâché leur emprise sur cette terre.
 
Même si le projet du président Martelly est la simple fantaisie d’un homme nostalgique du passé.  Un homme dont les sentiments d’appartenance à une classe sociale pourraient être exploités à des fins stratégiques non élucidées.  Le problème, lui, échappe à toute forme de fantaisie.  Ce rendez-vous, au vu de la propre dynamique de la présence des forces de l’ONU sur le terrain, n’est pas évitable.  La MINUSTAH partira et, sa composante militaire doit être remplacée.  C’est là que l’idée Martelly prend toute son importance  car la sortie ordonnée de ce corps étranger dans le tissu social haïtien est un must imposé par la force des choses.
 
II.- L’ARMÉE NATIONALE HAITIENNE vs LES FORCES ARMÉES  D’HAITI
 
II.1.-    A L’ORIGINE : L’ARMÉE NATIONALE HAÏTIENNE
 
Les esclaves importés d’Afrique ont mis trois siècles pour résoudre les divers problèmes qui ont fait obstacle à l’indispensable homogénéité, à l’émergence et au fonctionnement d’une force révolutionnaire dans la colonie de Saint-Domingue.  Recrutés de souche ethniques différentes, ne parlant pas la même langue et ayant des cultures, des croyances religieuses diversifiées, il fallait donc le brassage de tous ces éléments fondus dans les propres culture, langue et coutumes des colons pour faire de ce regroupement humain un corps social nouveau.
 
Il est un fait, au regard de la sociologie et de l’histoire des peuples, que toute occupation est génitrice d’une force révolutionnaire. Et, la force révolutionnaire pour s’adapter aux règles de la normalisation sociale finit par se transformer en une armée nationale. L’armée indigène est donc fille de la férocité de l’esclavage.  C’est la forme et la nature de la colonisation qui vont obliger les victimes à fédérer leurs énergies pour se libérer de l’oppresseur.
 
a)                 Des moments stratégiques à la guerre proprement dite
 
Changements stratégiques et jeux diplomatiques
 
La guerre de l’indépendance haïtienne pudiquement appelée, aujourd’hui encore, révolution haïtienne par les conquérants du monde moderne, a réuni toutes les conditions stratégiques-tactiques connues et respectées dans les conflits contemporains.  Espionnage, infiltration, intoxication, contre renseignements, contre intelligence, étude des mœurs et coutumes de l’adversaire, connaissance et respect de la topographie des théâtres d’opérations, ruse et diplomatie.  Une solide compréhension des intérêts des acteurs non directement impliqués dans la guerre à venir a permis à Toussaint Louverture de préparer soigneusement le lit de la fulgurante victoire de cette première guerre de libération par rapport au concept mondial de l’asservissement de l’homme par l’homme.  C’est le secrétaire d’État américain Pickering qui, dans une lettre au consul Mayer, écrivait : La bonne politique suggère aux chefs, particulièrement à l’aimable, au respectable Toussaint, un système de paix vis-à-vis de la Grande Bretagne, des ses dépendances et des Etats-Unis.
 
Connus, dans l’histoire d’Haïti, sous le vocable erroné les revirements de Toussaint, ces mouvements stratégiques ont visé, et ont réussi, à permettre aux futurs membres de l’armée indigène de faire leurs classes dans les rangs espagnols, français et anglais.  Ils ont combattus presque sur la totalité des fronts américains de l’époque.  Ils y ont appris à faire face à la mort pour des causes qui n’étaient pas les leurs.  Connaissances tactiques des modes opératoires des adversaires potentiels et réels, l’épreuve du feu ont aguerri femmes et hommes indigènes membres de la première armée noire à en découdre victorieusement avec une armée raciste et esclavagiste.
 
-          De la cohésion interne à la  décision militaire
 
Tous ces labeurs longs, fastidieux n’ont guère épargné au général de génie les tourments de la déstabilisation interne. Il a dû faire face à la fronde de Rigaud, a dû aller jusqu’au sang de son cousin Moyse pour rétablir la discipline et l’unité de commandement.  C’est que le jeu des passions et des intérêts est une constante sur la route ardue de la victoire à fabriquer. 
 
Le 10 Juin 1802 verra l’arrestation et la déportation de Toussaint vers la France.  Cet événement majeur  fera échoir le commandement des troupes indigènes à Jean Jacques Dessalines qui optera pour la solution finale.
 
La guerre totale déclenchée par Dessalines verra son aboutissement à la butte Charrier et à Vertières. Il faut, mes braves, vous rendre maitres de cette butte, le salut de l’armée en dépend.  En avant !  crie à ses hommes Capoix qui reçoit l’ordre de Dessalines de s’en emparer.  Plusieurs fois repoussée, plusieurs fois repartie à l’assaut, la 9ème demi brigade sous le commandement de Capoix tombé de son cheval mais aussitôt debout face à la mort et au désir d’en sortir victorieux, la 9ème, dis-je, verra son commandant recevoir ce message de Rochambeau après un roulement de tambour marquant une cessation temporaire des hostilités :Le capitaine général Rochambeau envoie son admiration à l’officier général qui vient de se couvrir de tant de gloire.  Et, « A minuit, un officier français se présenta aux avant-postes de l’armée indigène et fut conduit auprès de Dessalines auquel il annonça qu’il était venu demander  un armistice de la part de Rochambeau », écrit Thomas Madiou. Et, ce fut l’acceptation de la défaite des  troupes françaises croulant sous le poids de la détermination et de la supériorité à la fois stratégique et tactique de l’Armée indigène.
 
Voici les termes de l’acte de reddition de l’armée française : »
 
Aujourd’hui 27 Brumaire (19 novembre 1803) l’adjudant commandant Duveyrier, chargé des pouvoirs du général en chef Rochambeau, commandant de l’armée française pour traiter de la reddition de la ville du Cap,  et moi Jean-Jacques Dessalines, sommes convenus des articles suivants :
 
Art 1er. La ville du Cap et les forts qui en dépendent, seront remis dans dix jours, à dater du 28 présent, au général en chef Dessalines.
 
Art 2.  Les munitions de guerre qui seront dans les arsenaux, les armes et l’artillerie seront laissées dans l’état où elles sont présentement.
 
Art 3.  Tous les vaisseaux de guerre et autres qui seront nécessaires par le général Rochambeau tant pour le transport des troupes et des habitants que pour l’évacuation seront libres de sortir au jour nommé
 
Art 4.  Les officiers militaires et civils, les troupes composant la garnison du Cap, sortiront avec les honneurs de la guerre, emportant les armes et leurs effets appartenant à leurs demi-brigades.
 
Art 5.  Les malades et blessés hors d’état d’être transportés seront traités dans les hôpitaux jusqu’à leur guérison.  Ils seront recommandés à l’humanité du Général Dessalines.
 
Art 6.  Le général Dessalines, en donnant l’assurance de sa protection aux habitants qui resteront dans la place, réclame de la justice du Général Rochambeau la mise en liberté des hommes du pays quelque soit leur couleur lesquels ne pourront, sous quelque prétexte que ce soit, être contraints s’embarquer avec l’armée française.
Art 7.  Les troupes des deux armées resteront dans leurs positions respectives  jusqu’au dixième jour fixé pour l’évacuation du Cap.
 
Art 8.  Le général Rochambeau  enverra, pour sureté des présentes conventions, l’adjudant-commandant  Urbain Deveau en échange duquel le général Dessalines remettra un officier du même grade.
 
Fait en double et de bonne foi, au quartier général du haut du Cap. Les dits jour, mois et an précités.
 
(Signé) : DESSALINES.   DUVEYRIER
 
b)                 Le déclin D’Haïti
 
Si tôt terminée la guerre, Jean Jacques Dessalines entreprit l’œuvre naturelle de la consolidation de la victoire.  Parallèlement, il constitua les commissions chargées de penser l’organisation politique, sociale, économique et juridique du nouvel État.  Après les fastes de la proclamation de l’indépendance, le 1er janvier 1804, aux Gonaïves, il imposa à ses généraux la fortification de nouveau pays.  Sa vison humaniste quant à la liberté et à la distribution des richesses va buter contre les vraies raisons qui avaient amené les officiers arrivés avec l’expédition Leclerc a tourner casaque en faveur de la cause des indigènes.  Ceux-ci, réclamant les terres de Saint Domingue comme étant héritiers de leurs pères les colons.  Dessalines s’y opposa en s’exclamant Mais ceux dont les pères sont en Afrique, ils n’auront donc rien !   Face à la résistance de Dessalines voulant imposer l’équité comme principe de base du nouvel État, ces officiers se liguèrent et assassinèrent Jean Jacques Dessalines devenu Empereur et maquillèrent leur forfait en drame du pont rouge le 17 octobre 1806.
 
A la vérité, le projet Dessalinien, dans sa conception, dépassait largement le problème interne de la nouvelle République.  C’est l’esclavage qui était remis en question et, par là l’exploitation de la force de production des nègres aux seuls bénéfices des blancs. Le modèle haïtien était catalogué de mauvais exemples pour les vingt six millions de noirs qui croupissaient sous le joug de l’esclavage aux Etats-Unis. La division fut donc choisie et administrée  comme antidote à la victorieuse révolution haïtienne.
 
Et commença la course pour le pouvoir et les richesses au détriment de la grande masse jusqu’au 28 Juillet 1915.
 
II.2.-    DE LA GENDARMERIE D’HAITI AUX FORCES ARMEES D’HAITI
 
Le désordre politique généralisé qui suivit l’assassinat de l’Empereur fut regardé avec un croustillant intérêt par l’étranger qui décida d’employer la ruse et non la force qui pourrait, encore une fois fédérer les énergies vers un projet national dans la jeune République. L’affaiblissement du nouvel État aboutit à l’avanie du 28 juillet 1915.  L’occupation américaine transforma, en octobre 1915, les reliques de l’armée indigène en une entité chaotique dénommée la gendarmerie d’Haïti.  Celle-ci resta en place jusqu’en juillet 1928. La nécessité du retrait des forces américaines du territoire national força celles-ci à concevoir, dès février 1928, la garde d’Haïti à l’image de ce que l’on connaît aujourd’hui encore comme étant la garde nationale aux Etats-Unis.  La garde d’Haïti prit ses fonctions en Juillet 1928.
 
Le 1er Aout 1934, les forces américaines remirent le contrôle de la sécurité à la garde d’Haïti avec le colonel Démosthène Calixte comme commandant.  L’accession au pouvoir en 1946 de l’homme des Verrettes avec, dans les rangs de son gouvernement un ministre du travail du nom de François DUVALIER déclencha une réflexion sur la question militaire haïtienne qui aboutit à la nécessité d’une redéfinition et d’une réorganisation vers une armée.  Ainsi, en Mars 1947 prit naissance l’Armée d’Haïti mais, la date anniversaire de l’institution resta collé au 1er août date de transmission des charges de sécurité nationale des forces d’occupation américaines aux forces haïtiennes.
 
Devenu président de la République le 22 septembre 1957, le docteur François DUVALIER décida en décembre 1958 de la dénomination des FORCES ARMEES D’HAITI pour les forces de sécurité haïtiennes.  La constitution de 1987 consacra cette dénomination mais imposa la séparation de la police et de l’armée un vieux rêve de la loi de mars 1947. 
 
III.- LA ROUE  DE L’HISTOIRE
 
a)                 Une armée nationale comme pendant à la Minustah : une dynamique naturelle
 
La composante militaire de la MINUSTAH est une force étrangère sur un territoire qui n’est pas son théâtre naturel d’évolution. Elle est une force d’occupation.  En tant que telle, elle obéit à la loi naturelle, après un certain temps, du rejet.  Toute la question est de savoir quand mais surtout comment ?  Une armée remplace toujours une autre mais, en Haïti, en 2011 :
 
b)                  Une armée pour quoi faire ?  (tiré de LE DEFI pages 115 à 131)
 
L’histoire, dans sa propre dynamique, a déjà annihilé et bouffé toutes les raisons historiques qui pourraient être évoquées pour justifier la remise en place de l’institution militaire haïtienne.  Agiter les fantômes de Dessalines, de Christophe, de Capois-la-mort ne pourrait qu’énerver, sans intérêt,  ceux-là à qui nous serons contraints de demander assistance pour  refaire l’armée ; et, à bien regarder, nous n’avons aucune autorité morale d’évoquer ces hommes pour qui nous n’avons professé aucun réel respect.  De tout temps,  la préparation à la guerre a toujours eu un seul objectif : garantir la paix. Si vis pacem para bellum.   L’action militaire offensive n’est pas une fin en soi ; c’est aujourd’hui, comme de tout temps, l’apanage des pays prédateurs aux attitudes de flibustiers.  Nous avons crée les conditions de recul face à l’histoire, nous devons prendre la mesure de ce choix et en assumer les conséquences.  Haïti, dans sa réalité actuelle ne peut penser la belligérance externe comme axe principal d’une force militaire.  Ce ne sont pas les armes qui pourront restaurer l’état d’indignité dans lequel pataugent toutes les haïtiennes et tous les haïtiens toutes différences confondues.  Ce ne sont pas des Galils qui pourront ramasser les ordures qui décorent nos rues.  Ce ne sont pas des baïonnettes qui récupèreront nous fous circulant nus à travers la capitale et ses faubourgs.  Ce sont les valeurs qui ont été détruites. La valeur de la vie, depuis les évènements de la rue de l’enterrement travestis en drame du Pont Rouge.  C’est la valeur du travail qui a été détruite après le tremblement de terre.  Que d’en faire une opportunité, les plans que nous avons refusé de faire, ceux-là qui nous ont été proposés et que nous nous sommes empressés d’accepter ont, à regarder les embauchés dans la rue, contribué à détruire le sens et la valeur du travail.  Ce sont les valeurs morales qui ont été anéanties et avec elle la nation.  Oui, les valeurs inculquées dans l’armée peuvent aider à récupérer celles perdues au niveau de la nation.  L’ordre, la discipline, le courage, le désintéressement, le sens de la responsabilité, le respect de la hiérarchie, l’esprit d’équipe, l’amour de l’autre, le sens collectif, l’amour du travail, le sens de l’abnégation, voilà les valeurs qu’il faut restaurer.  Là, oui, l’armée  peut être le ferment du renouveau haïtien.  Il faut donc, d’abord,  les valeurs militaires au chevet des malades, sur les routes à percer, dans les champs à ensemencer, dans l’instruction à apporter, dans la lumière à faire luire, sur les podiums sportifs à grimper.  Il faut le savoir faire, le courage et les valeurs militaires pour voler au secours des sinistrés et de leur réhabilitation lors des catastrophes naturels. Une armée pour créer les conditions psychologiques du recentrage de l’investissement et la création de l’emploi.  Voilà, à mon sens, pourquoi une armée en Haïti aujourd’hui.
 
c)                 A la racine de l’histoire et des pulsions politiques
 
L’armée est partie et instrument du corps social.  Celle qui a été détruite avait crée et subit certaines des conditions de sa destruction.   Elle a été détruite par les mêmes bras qu’en 1915 et, le capitaine Charlemagne Péralte est le martyre-symbole des reliques de l’Armée haïtienne dans la tradition du pur militarisme haïtien.  L’armée haïtienne est, aujourd’hui, vue dans le prisme étroit de LAVALAS.  Cette entité vendue comme politiquement vertueux a été pourtant à la base de toutes les signatures qui ont trahi les valeurs nationales, historiques.  Qui a le plus parlé de Charlemagne Péralte dans la littérature oratoire politique ces dernières années en Haïti si non Jean Bertrand Aristide ?  C’est là un quiproquo dangereux au sens de la compréhension des jeunes  de la valeur des institutions considérées dans un cadre strictement historique.  Ce n’est pas au hasard que ce soit ces intégristes politiques de la gauche radicale qui ont éliminé des curricula de l’école primaire les notions d’hygiène et d’instruction civique.  Ce n’est pas au hasard qu’ils ont, avec l’aide des généraux de 1986 qui avaient perdu le sens de l’histoire, galvaudé les vraies couleurs du drapeau national, pour refaire flotter celles de la trahison et de l’assassinat de l’Empereur.  Ce n’est nullement au hasard non plus qu’ils ont transformé en théâtre bouffon les parades paramilitaires des jeunes au niveau des lycées et collèges de la République le 18 mai jour du drapeau et de l’université.  Les chants patriotiques liés à ces défilés, les sons du lambi et de l’assôtor ne sont pas, non plus au hasard, remplacés par des rythmes n’ayant rien à voir avec notre culture.  Ce n’est pas au hasard que les instrumentalistes de gauche qui ont infiltré ses rangs en exploitant la double faiblesse préventive des États-Unis et des généraux des FAd’H de 1986 ont réussi à la faire exploser.  Les États-Unis arrivant à se défaire des contraintes Est-Ouest ont abandonné à leur sort leurs alliés post deuxième guerre mondial en retard de phase avec l’histoire.  Il est clair que les sporadiques remous, dans ces petites contrées aux richesses naturelles sous clé, ne représentent guère d’intérêt particulier.  Elles servent à créer de petits champs d’exercices physiques pour leurs soldats désœuvrés livrés en pâture à la léthargie, à l’inaction.  Les Etats-Unis ont abandonné Haïti par désintérêt pour l’émancipation même de l’homme haïtien.  Je n’ose écrire ici, justement, au contraire, par intérêt dans son enlisement moral.  On ne voit pourtant pas, en quoi une Haïti faible dessert les intérêts américains.  On a en tête les triviales menaces d’invasion des rives de la Floride par les boat people haïtiens du président Aristide pleurnichant après l’aide.  On se rappelle aussi les réponses paresseuses des officiels américains jusqu’au maladroit coup d’État de 1991.  Cet évènement, à lui seul, a arrangé le lit de la situation actuelle. La guerre psychologique a été gagnée par la gauche pendant que celle-ci cessait d’exister.  Basculés tous dans le vide.  Et, comme la nature a horreur du vide.  Nous avons tous basculé dans le déshonneur.  L’international s’est retrouvé prise au piège de ses propres manigances et contraint à jouer les pitres avec des bouffons en dépensant inutilement l’argent de ses contribuables.  On ne se lassera jamais de chercher à décoder le message quand on revoit ces images grotesques d’un général américain jouant, en 1994, à Cité Solèy au basket-ball avec des criminels connus de toute la société haïtienne.  Il y a un contentieux à vider et, elle se trouve aujourd’hui au niveau de la conscience des citoyens  des deux côtés des barricades, encore fumantes, de février 86.  Dans les deux sens.  En pour et en contre.  Si ce contentieux n’est pas vidé, il sera inutile de refaire une armée pour le même destin.  Il faut avant un autre pas en avant une grande conférence nationale sur cette question avec ce qui reste des mêmes acteurs de la destruction, des deux côtés : de la contestation politique et de la réaction militaire.  Fatigués et blanchis aujourd’hui, ces acteurs ont le devoir de laver la conscience de leurs enfants perdus et hébétés dans les méandres d’une histoire déconstruite à dessein pour satisfaire des pulsions, aujourd’hui, enterrées.  L’armée ne peut pas être remise en place comme instrument de contrôle et de domination d’un secteur politique, aujourd’hui, victorieux temporaire du flux  des pulsions vomitives du mensonge de 1986 et de ses tenants.  C’est cette appropriation d’un moment de l’histoire politique qui a recruté l’institution militaire pour la placer sur les vagues, elles-mêmes, changeantes et provisoires des pulsions politiciennes.  Si elle est aujourd’hui reconstruite à la faveur, uniquement, d’un moment de l’histoire politique, quand viendront les changements de régimes, ces nouvelles forces armées haïtiennes seraient appelées à connaître la peur des vaincus et, forcées à réagir sous l’emprise de la peur.  La peur, au fait, a toujours inspiré les pires violences de l’histoire, toujours contre les populations civiles.
 
 
REFLEXIONS ANTERIEURES SUR LA QUESTION
 
Déjà le 15 octobre 1986, au cours de ma conférence Sécurité et développement devant l’Interamerican board of defense, j’écrivais :
 
…La sécurité nationale étant tributaire du niveau de développement de la nation concernée, la première tâche de défense nationale ne sera donc pas celle de fortifier une position mais de faire la chasse au sous-développement et de ses séquelles. L'Armée aura donc rendez-vous, suivant ce concept, dans les classes d'alphabétisation, dans les champs, sur les voies de pénétration à percer dans les dispensaires et les hôpitaux, dans les plantations, sur les terrains de jeux partout où le bien-être du concitoyen nécessitera ses connaissances, ses lumières, son courage moral et physique, son patriotisme.  C'est le prix à payer pour une totale imperméabilité dans la structure de défense du territoire haïtien.  L'exécution d'une tâche aussi immense réclamera du soldat une formation militaire à toute épreuve, un haut degré de patriotisme, une formation technique profonde ainsi que l'acquisition des pédagogies appliquées à chaque tendance technique spécifique.
 
En Novembre 1994, j’ai publié L’Armée dans l’œil du cyclone.  En ce qui concerne la réorganisation de l’Armée et la question plus large de la sécurité nationale, les propositions suivantes ont été faites et, je cite:
 
Imaginez dans chacun de nos départements militaires, en dehors de la police, des bataillons d'intervention et de développement ; on y trouverait : trois (3) compagnies de 150 hommes chacune coiffées d'un état-major de bataillon.  Les deux premières comprendraient essentiellement des pelotons de combat entraînés dans la guerre de guérilla (seule applicable sur notre terrain).  Avec bien sûr une parfaite connaissance des méthodes de la guerre classique tel que conçue par les écoles américaines, allemandes, française.  La troisième compagnie comprendrait essentiellement des médecins, infirmiers, infirmières, des ingénieurs, des ouvriers spécialisés, des agronomes, des avocats, des gestionnaires, des électroniciens, des spécialistes en communication, des professeurs et des moniteurs d'éducation physique etc.…
           
Cette unité vivrait dans des campements et en rotation permanent dans tous les districts et sous-districts du département alliant simultanément entraînement militaire et  assistance à la population dans les domaines spécifiques du sport, de la santé, de l'éducation, de l'agriculture, de l'amélioration de l'habitat et des réseaux routiers.
           
Les départements du Nord-Est, du Nord et du Nord-Ouest relèveraient du commandement régional Nord dont le quartier général disposerait d'unités d'aviation de marine, de blindés légers et d'un système régional anti-aérien et des moyens logistiques intégrés.
           
Les départements de l'Artibonite et du plateau central relèveraient du commandant régional central avec les potentialités indiquées plus haut.
           
Les départements du sud-est, du sud et de la grand' anse du commandant régionale sud.
 
La région métropolitaine comprendrait : le département de l'Ouest et les unités spécialisées de l'aviation, de la marine, des forces de support, des unités centrales de communication, de génie, de santé, d'administration.
 
Une base militaire serait construite au niveau de chaque région et assortie quand les moyens les permettraient des villages militaires correspondants.
 
Et, l'ensemble fonctionnerait sous le commandant d'un état-major interarmes assisté d'un état-major consultatif spécialisé.
 
Cette approche amènerait bien sûr à bousculer ou à remettre en question des théories sur la stratégie et la tactique classique de défense armée du territoire échappant au conformisme étouffant et trompeur d'une tactique pour laquelle nous n'avons ni les moyens ni les conditions naturelles d'évolution.
 
La formation militaire se concevrait sur deux paliers distincts : le centre de formation et de perfectionnement enrôlés et l'académie militaire.
 
a)         La formation des enrôlés
Les enrôlés recevraient une formation pendant six mois qui les habiliterait à atteindre le grade de caporal.
 
Une école des sous-officiers préparait les caporaux déclarés aptes à suivre les cours de perfectionnement pour leur permettre de devenir des sous-officiers.
 
Des critères très sélectifs seraient établis pour permettre à un enrôlé d'atteindre le statut d'officier avec limitation d'avancement dans le cadre à moins qu'il ait les compétences déclarées le rendant apte à suivre les cours basiques à l'académie militaire.
 
Une école de formation professionnelle prendrait en charge la formation et le perfectionnement du personnel enrôlés de soutien en matière d'ingénierie, de soin de santé, d'activités sociales et culturelles etc.
 
b)         La formation des officiers
L'académie militaire formerait :
1 -  Les cadets qui recevraient une formation les habilitant, après leur commission de sous-lieutenant, à atteindre le grade de Capitaine.
 
2 -  L'école des cadres moyens recevrait les capitaines pour les cours sur l'état-major de bataillon et de fonctionnement de l'état-major du régiment.  Seuls les réussis devraient être commissionnés majors.  L'ascension des majors aux grades de lieutenant-colonel et colonel se ferait sur la base du cadre des officiers supérieurs.
 
3 -  Les colonels, suivant leur mérite, seraient envoyés à l'étranger pour des cours d'état-major.  Leurs résultats définiraient le cadre des généraux.
 
4- Les cadres techniques : ingénieurs, agronomes, médecins, avocats, électroniciens, informaticiens, mécaniciens, secrétaires, spécialistes de la communication etc.  seraient recrutés sur la base de leurs performances académiques après des tests d'aptitude psychologique pour une formation militaire de base s'échelonnant sur une période allant de neuf mois à un an avant de faire partie du cadre des officiers spécialisés.
 
La marine et l'aviation tiendraient pour les enrôlés des écoles de la marine et de l'aviation qui se consacreraient aux formations techniques spécifiques assurées par des officiers qui, eux-mêmes, seraient formés à l'étranger sur la base de la coopération multilatérale jusqu'à ce nous ayons les compétences pour ouvrir nos propres académies.
 
d)                 L’instruction comme facteur de défense
 
Le désengagement l'armée en ce qui concerne les tâches strictement policières alimentant dans le quotidien les contentieux armée-population conduirait indubitablement à la priorité du droit sur celle de la force.  Fonctionner dans une société de droit requiert non seulement des structures organisationnelles mais des connaissances de la part du citoyen.  Un travail initial en matière d'éducation permettrait de devenir à bout de l'analphabétisme dans moins de cinq ans en suivant les patrons connus expérimentés dans les nations sœurs de l'Amérique latine.
 
La création d'écoles professionnelles bien structurées, dans un premier temps au niveau de départements géographiques absorberait les intelligences déclarées non aptes à des activités hautement intellectuelles et, des facultés départementales formeraient nos ingénieurs, médecins, avocats, agronomes, gestionnaires qui pourront parfaire leur formation à travers des bourses de perfectionnement que les circuits gouvernementaux obtiendraient à l'étranger.
 
Parallèlement les conditions devraient être créées pour faciliter le rapatriement des cerveaux haïtiens disséminés aux quatre coins de la terre soit par la mouvance duvaliériste ou la mouvance lavalassienne ou tout simplement par le délabrement économique
 
En 2004, la question de la réorganisation de l’institution militaire était ainsi abordée dans D’une pensée individuelle à une réflexion collective :
 
La reconstitution  de l’Armée est une question sensible tant sur le plan interne qu’externe.  La Minustah est un concurrent de taille pour la remise sur pied d’une armée moderne.  Un dossier qui demande beaucoup de doigté.  Il faut se rappeler qu’Haïti est sous embargo et ne peut acheter des armes sur le marché international.  Il faut aborder le problème en douceur et jouer à la situation du fait accompli.
 
Il faut un raccourci à l´intérieur même de la structure existante pour ce qui est des problèmes de défense.  Puisse qu´il existe des unités comme la SWAT Team, la BRI, des gens au contour indéfini aux gardes côtes, et une bande innombrable de civils armés non enregistrés et non payés par l´état ce qui constitue une source d´inquiétude et d´ennuis pour la population et pour la santé économique du pays, il devrait être crée, dans un premier temps, une Brigade de protection et de développement de 2 992 hommes comprenant 12 unités affectées aux  missions suivantes:
 
 
  1. Protection des personnalités et des bâtiments publics  (1 Bataillon renforcé)
  2. Protection de la  frontière et du territoire (1 Bataillon renforcé)
  3. Protection des Côtes (1 Compagnie)
  4. Protection Aérienne (1 Compagnie)
  5. Protection et entretien du matériel, de l´équipement et des armes (1 Bataillon)
  6. Protection Antiterroriste (1 Compagnie)
  7. Protection des Ports et des Aéroports (1 Bataillon)
  8. Protection civile (1 Bataillon)
  9. Protection de la santé.
  10. Développement des infrastructures et de l’agriculture
  11. Direction des renseignements et de la communication (1 Compagnie)
  12. Direction de la formation continue (1 Compagnie)
 
 
e)                 Orientation civique et économique
 
Les espaces de formation pourront recevoir, pendant les vacances, les jeunes dont les parents en auront exprimé le désir pour une formation centrée sur la discipline et l’orientation civique.  L’état percevrait, naturellement, les frais de formation comme s’il s’agissait d’un camp de vacances.
 
Pour contourner la pression sur le budget, il sera appliqué l´article 268 de la constitution. Une ossature permanente de trois mille professionnels recevrait chaque année les citoyens aptes au service social. Ils recevraient une formation de six mois et passeraient un an et demi sous les drapeaux au quart de solde. Considérant les graves perturbations enregistrées au niveau de nos  frontières avec nos frères dominicains, en raison  de l´infiltration incessante, pour des raisons sociales et économiques, de nos concitoyens sur leur territoire et, dans la recherche de l´équilibre et d´un climat de paix nécessaire aux deux nations, quatre compagnies renforcées d´agronomes, d´ingénieurs, de professeurs, de médecins et d´autres techniciens  se chargeraient de l´assistance aux populations frontalières pour réduire et contrôler les ennuis que nous causons souvent nous leur causons.
 
Ce sont là des mesures de base qui permettraient de résoudre en douceur le problème et, les premiers bons résultats devaient servir de socle à la mise en place réelle de la nouvelle armée.
 
CONCLUSION
 
L’idée du président Michel Joseph MARTELLY de remettre en place les forces armées haïtiennes est indubitablement une bonne idée.  Et, quelque soient les résistances se manifestant soit sur la base de certains intérêts non avoués, soit sur celle d’une certaine grippe liée à une mémoire de l’histoire ou tout simplement sur celle de certaines humeurs de nature idéologiques, elles finiront par se mettre en place.  Il est évident que de nombreuses erreurs ont été commises dans les prémices du débat.  La nature du document initial qui, prétendument, aurait été communiqué aux membres de la communauté internationale est techniquement mal monté et, s’il est authentique, il faut croire que le président aurait été très mal conseillé ou qu’il n’a voulu faire qu’à sa tête.  La question de l’armée en Haïti aujourd’hui n’est pas essentiellement une question militaire.  Elle est d’abord politique.  Elle relève de choix hautement stratégiques déterminants même pour le développement du pays.  Une question de cette nature et, particulièrement dans le contexte de l’Haïti d’aujourd’hui doit être soumise à la sagesse d’une pléthore de techniciens chevronnés : historiens, politiques, sociologues, psychologues, idéologues, médecins, ingénieurs, agronomes, environnementalistes, avocats, militaires de plusieurs branches techniques, de spécialistes de la communication etc.… pour ne citer que ceux-là.
 
Ceux-là qui tapent du poing sur la table, sont ceux-là même qui nous ont créés vingt cinq années d’incohérence dont les conséquences s’imposent  à la vue de tous.  Leurs plus brillants résultats se cantonnent dans la fabrication d’élections frauduleuses visant systématiquement à sélectionner des dirigeants incompétents ou carrément en infraction à la loi ou à la morale.  Ceux-là bien sûr, ont, intérêt dans une Haïti clocharde capable  d’être vilipendée à la face du monde.  La misère d’Haïti est devenue un produit qui se vend bien à la conscience des femmes et des hommes de cœur de l’étranger.  On comprend dès lors le sens de certaines résistances utilisant, au besoin la menace.  Une force armée nationale haïtienne pourrait en cinq ans donner une autre image à ce pays.  Ce serait envoyer au chômage nombre de prétendus experts en réalités de sous produits sans instruction, intelligence et culture.
 
La MINUSTAH partira parce qu’elle est un corps étranger dans le tissu social haïtien.  Les malheurs dont elle est à la base ne permettront pas une tolérance à long terme de sa présence.  A louvoyer trop longtemps sur la question, on s’exposera à une sortie en catastrophe avec tous les inconvénients liés à ce genre de situation.
 
La MINUSTAH partira et, sa composante militaire sera remplacée par une force militaire nationale ou internationale.  Ce n’est qu’une question de temps.
 
La création d’une armée nationale haïtienne est un affaire domestique’ il convient donc que le président de la République cherche les vrais appuis internes à son projet pour qu’il voit le jour au bénéfice de la population.
 
Les fautes, erreurs, obstacles, dressés sur le chemin du remembrement moral d’Haïti, doivent constituer, au-delà d’un handicap, une stimulation puissante pour relancer la nation haïtienne sur la route d’un nouveau destin.  Les valeurs morales de l’armée, comme au cœur de la colonie de Saint Domingue, doivent en être le point de départ.

Ouvrages consultés :
 
  1)Science politique                 JEAN Marie DENQUIN      Presses Universitaires de France 1985
  2) La Politica                         ARISTOTELES                    Grefol, S.A Moostoles  Nadrid 1981
  3) Puissance et Pouvoir         Giorgio RUFFOLO                Bernard Coutaz 1988
  4) Continents à la dérive        Russel BANKS                Souffle nouveau-Presses Nat. d’Haiti 2007
  5) Histoire des États-Unis      F.L. SCHOELL                     Du ROSEAU  Montréal 1985
  6) H. Christophe                    Verniaud LECONTE             Deschamps 2004
  7) La violence de masse dans l’histoire    Thierry Camous    PUF hors collection 2010
  8) Hist. de T. Louverture     Horace Pauléus SANNON   (col Patrimoine Presses Nat d’Haïti 2003)
  9)Histoire  d’Haïti                Thomas MADIOU                   Deschamps 1989
10) Lois et actes sous J.J. DESSALINES                              Presses Nationales d’Haïti
11) L’obscénité démocratique  Régis DEBRAY                    Flammarion 2007
12) La isla al Reves                  Joaquin BALAGUER       Editora Corripio  1989
13) Défense et Sécurité     LÉTOURNEAU et KLEPAK   Edition du Méridien 1990
14) Toussaint Louverture    Roger Dorsainville                   CIDIHCA 1987
15) L’Armée dans l’œil du cyclone    H. REBU                          Imprimeur II 1994
16) Le Défi                                 H. REBU                           Listin Diario 2011

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