samedi 9 juillet 2011

COMMENT SAUVER HAITI !

Emmanuelle Gilles
9 juillet 2011

L’Espagne n’est pas un partenaire « important » pour Haïti comme les Etats Unis, la France et le Canada. Haïti n’a pas de relations chaudes avec l’Espagne pourtant le Président Martelly s’y est rendu laissant derrière lui une crise dont il ne connait ni la durée ni la fin. M. Martelly, aurait-il été invité par le Roi d’Espagne? Si c’est dans le cadre d’un développement touristique dont l’Espagne est un des champions, il aurait pu attendre qu’il ait un gouvernement bien installé. Néanmoins nous pensons qu'une fois le Premier Ministre et gouvernement installé, Haïti gagnerait à négocier avec la Chine de Pékin qui souhaite développer des relations diplomatiques avec Haïti car contrairement à USAID et l’Agence de Coopération Française ou l’Agence Canadienne de développement, la Chine pourrait mieux nous apprendre comment nourrir 10 millions d’habitants et partager leurs stratégies de génération d'emplois. Je pense qu’Haïti devra coute que coute diversifier ses partenaires et explorer une nouvelle coopération avec les asiatiques car Il est évident que la coopération avec les occidentaux a échoué comme l'atteste d'ailleurs l'aspect général d'Haïti.

La réticence d’Obama à recevoir le nouveau chef d’état de la Caraïbe témoigne d'un manque de confiance a l'egard du President Haitien. On note qu'Obama n’a pas fait l’honneur d’une visite à notre pays non plus après le séisme. Son souhait durant sa campagne d’une nouvelle coopération éliminant la dépendance en assistance internationale vers le développement économique n’était que du vent. Les Etrangers doivent cesser d’imposer à Haïti leur politique soi-disant, en fonction de leurs intérêts. Le pays doit nourrir 10 millions d’Habitants et reconstruire une capitale détruite ce qui ne veut pas dire qu'Haïti doive cesser de chercher et de défendre ses propres intérêts. La coopération américaine, française ou canadienne à travers leurs agences de développement n’a rien réalisé de visible dans notre pays pourtant ils ont beaucoup investi en Costa Rica contribuant ainsi à l'expansion économique de ce pays par le développement du tourisme et bien d'autres choses. Ce dont nous avons besoin de l’occident c’est son expertise, sa technologie et ses connaissances pluridisciplinaires pour nous aider à développer notre pays. Hélas! Force est de constater qu’après des décennies de coopération avec l’occident, Haïti est le pays le plus sous développé de la Caraïbe. Alors nous nous demandons à quoi bon cette coopération ! Si nous avons parlé de Costa Rica c'est surtout pour souligner que ce pays a eu des leaders à la hauteur des objectifs visés contrairement à Haïti ou une classe soi-disant intellectuelle éclairée a jugé de hisser au pouvoir un chanteur de compas. Il existe un problème majeur avec une classe d’hommes et de femmes qui font de la chose politique un jeu de casino. C’est ainsi qu’Haïti avec cette classe pourrait avoir un long chemin à parcourir avant qu'elle sorte de cette situation que nous déplorons tous.

Le Président n’est toujours pas en mesure après tantôt deux mois de faire ratifier un Premier Ministre afin de mettre un gouvernement sur pied. On s’en rend compte unanimement que M. Martelly ne connait pas son rôle de Chef d’Etat à en juger par sa visite récente à New York et son comportement. Ce régime parlementaire qui devrait fonctionner qu’avec des partis politiques bien structurés à la place de ces énergumènes crée comme des « Frankenstein » programmés pour emmerder la nation plutôt que la servir est une honte. Les étrangers le savent et le comprennent mais cette situation fait leur affaire car plus le gouvernement est faible, plus ils le contrôlent. La perte de notre souveraineté vient avec la démocratie qui nous dirige vers la médiocratie sachant qu’une majorité peu éduquée ne peut faire un choix honorable. C’est même paradoxal de vouloir et la démocratie et la bonne gouvernance quand on sait que la democratie nous donne n'importe quoi.

Un premier Ministre normalement ne peut être rejeté avant même de soumettre son programme de gouvernement, il ne peut être évalué qu'après 6 mois de travail, si bien entendu il n’y a des goulots d’étranglement qui ne paralysent pas son action. De ce fait, rien ne justifie le refus de M. Gousse par les parlementaires.

Si le Président Martelly veut vraiment gouverner ce pays, qu’il se détache de Sweet Micky et qu’il commence à agir en Chef d’Etat. Comme il avait pensé mettre en branle de bonnes stratégies de campagne, il doit se doter maintenant de bons spécialistes en protocole et de Conseillers étoffés qui puissent le transformer en Chef d’Etat. Tout s’apprend. Il aurait aussi à exercer son autorité pour dissoudre ce parlement si toutefois la nomination de Gousse est rejetée. Il serait obligé d’organiser de nouvelles élections législatives pour donner au pays une chance et une figure. Les problemes strategiques necessitent des solutions strategiques. On ne peut diriger un pays avec un Président aléatoire et avec des parlementaires abrutis. Le petit groupe qui a porté Michel Martelly à se présenter comme candidat exploitant sa popularité de musicien est aussi coupable que Préval qui entend gouverner le pays à travers des parlementaires mafieux. Dissoudre le Parlement est le seul moyen de neutraliser le pouvoir de Préval et ses intentions d'influencer la politique haitienne au niveau du parlement. Autrement, le pays n’avancera pas d’un iota et on aura 5 ans de jeux politiques habituels et un petit groupe qui s’enrichit au détriment du pays et de son peuple.

Pour l’instant, le pays est dans une impasse qui ne lui permettrait pas d’avancer, cette impasse s’éternisera aussi longtemps que ce style de démocratie à l’occidental nous est imposé et financé par l’extérieur. Haïti doit recouvrer sa souveraineté qu’elle a perdue depuis que sa politique et ses stratégies sont dictées par des voisins et que son budget est financé par eux. Les étrangers s’interfèrent avec arrogance dans nos affaires profitant du vide créé par notre recul devant nos propres responsabilités. Toussaint Louverture qui avait le reve et la vision est furieux en constatant notre lâcheté. La défaillance de nos Institutions ainsi que notre proximité des Etats Unis encouragent l’arrivée chez nous des gangs et des armes à feu à la portée d’une population affamée, ce qui déstabilise le pays davantage sous des gouvernements indifférents et insouciants. Cependant, le succès du capitalisme demeure un mystère pour nous et n’est pas à notre portée aussi facile que la proliferation des gangs. Leurs modèles de développement et d’investissement ne seront jamais préconisés par ces partenaires occidentaux.

Pour sauver Haïti, il nous faut :

· Refaire la constitution qui serait soumise à un réferendum dans laquelle des conditions sérieuses et plus adaptées à notre réalité seraient fixées pour accéder à la présidence et au parlement ;

· Eliminer l’aide au développement ou l’assistanat;

· Création d’un climat de sécurité – promouvoir un Etat de droit - démantèlement des gangs par la peine capitale.

Installer un Conseil Electoral permanent qui a pour but d'organiser des elections sans interference de l'executif;

· Réunir les ambassadeurs accrédités en Haïti pour leur faire savoir que ce pays ne peut plus fonctionner comme durant les dernières décennies et qu’ils doivent accepter un nouvel ordre, un nouveau paradigme pour que Haïti démarre.

· Contrôle de naissance pour réduire l’explosion démographique ;

· Développement du secteur « Service » en vue de la génération de l’emploi;

· Création d'Ecoles pour la formation d'une main d’œuvre haïtienne afin de générer des emplois ;

· Développement du tourisme à l’intention de la diaspora haïtienne d'abord et développement du tourisme à plus grande échelle par la suite;

· Organiser des élections avec les propres ressources du pays sans interférence étrangère;

· Exiger que la coopération bilatérale aboutisse au développement d’un secteur choisit par le gouvernement de la République et qui pourrait être soit l'agriculture, soit le tourisme, les logements sociaux, l'énergie dans le cas contraire cette coopération n’aurait pas sa raison d’être.

· Encourager la diaspora à mettre son expertise au service de la nation;

· Eduquer, sensibiliser le peuple de manière à ce qu’il fasse des choix raisonnés pour la nation;

· Développer un système d’impôts efficace pour approvisionner le budget de l’Etat;

· Développement du système bancaire à travers le territoire afin de faciliter les prêts hypothécaires et générer des capitaux pouvant garantir une économie en développement et l'habitat;

· Identifier les richesses de la nation par des experts nationaux et internationaux et les vulgariser dans le monde;

· Investir dans la recherche afin d’identifier et d'exploiter nos ressources;

· Développer d’autres formes de coopération avec les pays nordiques et les Asiatiques dans les domaines de la recherche et de production alimentaire;

L’heure de la délivrance

Me Serge H. Moïse av.
Barreau de P-au-P.
8 Juillet 2011

Nous n’avons pas encore atteint le fond du gouffre, certes non, autrement nous pourrions avec un ouf de soulagement, nous croiser les bras, attendant la remontée, le retour à la civilisation.

La reconstruction et la refondation du pays vont exiger de tous et chacun d’entre nous un sérieux examen de conscience pour comprendre que l’état de déliquescence de notre société résulte de notre laxisme collectif. Ce que nous avons fait, ce que nous n’avons pas fait, ce que nous aurions dû faire et le plus important, ce que nous pouvons faire à partir de maintenant afin de mettre un terme aux inégalités qui nous caractérisent en tant que peuple le plus pauvre du quart-monde.

Ils sont nombreux à se tromper en affirmant péremptoirement que notre pays est foutu, qu’il n’y a plus rien à faire, d’autres parlent d’incompétence aigue, de mauvaise foi et même de malédiction. Ils sont dépités découragés, gênés, à bout de souffle et préfèrent ne plus entendre parler de ce train en perte de vitesse, mais qui se dirige irrémédiablement vers le point de non retour.

A ceux-là, nous disons, avec toute la force de nos convictions, que tout n’est pas encore perdu; nous les exhortons à ne pas baisser les bras, car paradoxalement, la solution à nos problèmes est à portée de la main, que dis-je, elle est en nous, enfouie sous le poids des innombrables frustrations et déceptions accumulées au fil de nos deux siècles d’histoire.

En effet, nous sommes douze millions d’âmes, issues de nos vingt sept mille kilomètres carrés dont le tiers en diaspora, toutes des créatures divines pour les croyants, dotées d’intelligence, de volonté, d’amour du prochain, de conscience et de dignité humaine. Nous réunissons donc ce qu’il faut pour réaliser notre propre rédemption.

Point n’est besoin d’une longue et fastidieuse dissertation pour faire la démonstration de notre échec collectif, c’est aujourd’hui un fait patent, indéniable et injustifiable puisque l’échec, comme disait l’autre, n’a point d’excuse.

Ceci étant dit, nous savons donc que, ce que nous constatons avec amertume et consternation n’est que notre œuvre à nous tous, sans exception aucune. Toute approche manichéenne pour tenter de se dédouaner personnellement ou en groupe n’est qu’hypocrisie et fumisterie. Notre faillite nationale, qu’on me rende fol ou sage, ne fait que projeter l’image du nous collectif.

En dépit de ceux qui ne savent à quels saints se vouer, il existe encore, et plus nombreux qu’on ne le croirait, les irréductibles qui s’accrochent avec toute l’énergie dont ils sont capables, à l’idée salvatrice qu’Haïti ne peut mourir en aucun cas. Ce sont des rêveurs qui maintiennent les sceptiques, oubliant qu’il n’y aurait aucun avancement, ni progrès si l’homme avait perdu la faculté de rêver.

Le rêve ou miracle haïtien demeure encore possible, dussé-je me répéter, cela ne dépend que de nous et seulement de nous. Nous ressassons depuis notre plus tendre enfance : l’union fait la force, nous avons eu l’occasion dans le passé, de mettre en pratique cette maxime, nous l’avons traduit dans notre succulent vernaculaire, notre langue maternelle : « men anpil chay pa lou » et chose pour le moins bizarre, au moment où même la nature, après le séisme le plus dévastateur que nous ayons connu, nous le commande, nous éprouvons toutes les difficultés du monde à créer cette grande chaine de solidarité, sans laquelle le sauvetage n’est pas pour demain, ni après-demain.

Les beaux discours et les palabres ont déjà prouvé leur inutilité ainsi que leurs effets contreproductifs et nocifs. L’heure est venue de changer radicalement nos habitudes de penser et d’agir – acta non verba - . L’éducation se fait par l’exemple, il appartient donc à notre élite, si tant est qu’il y en ait encore une, d’indiquer la voie à suivre à travers des projets concrets qui tiennent compte des intérêts de tous les groupes sociaux et en particulier de ceux des plus démunis de notre société, afin d’éviter une explosion sociale aux conséquences imprévisibles.

Quand nous mettrons en place des structures pour une politique de plein emploi, pour une éducation avec pour objectif de former le nouvel homme haïtien et évidemment la nouvelle femme haïtienne, qui aura à cœur le développement et le rayonnement de sa terre natale au lieu de rêver d’un visa de sortie comme unique planche de salut.

Quand la justice et la sécurité ne seront plus qu’un faire semblant, que l’épuration de l’administration publique ne sera plus un vœu pieux, que nos médecins, agronomes, avocats, infirmières, professeurs, entrepreneurs et autres compétences certaines n’auront plus à s’expatrier pour s’épanouir.

Quand enfin, notre premier ministre – tout moun ladan l - et un gouvernement réunissant les meilleurs éléments de notre faune politique, avec un plan de politique générale en adéquation avec les besoins de la république, un parlement en mesure de remplir efficacement la mission à lui dévolue par la constitution, une opposition critique mais constructive; alors commencera à sonner, pour des lendemains qui chantent, l’heure tant attendue, enfin, l’heure de la délivrance !

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