mercredi 23 juin 2010

Vodou un vecteur de progrès

Vodou un vecteur de progrès
Par Jean Erich René
erichrene@bell. net



La campagne de dénigrement orchestrée contre le vodou a intoxiqué l'univers mental de certains de nos compatriotes au point d'inhiber leur capacité de raisonnement. Ils sont complètement coupés de leurs racines et deviennent des étrangers dans leur propre pays. On a peur du vodou que pratiquent pourtant en cachette la majorité nationale. On essaie de donner aux enfants une éducation qui s'écarte complètement du vodou autour duquel on observe une véritable conspiration du silence. Lorsqu'on ignore les éléments de son environnement immédiat on s'expose à toutes sortes de risques. Beaucoup de lettrés sont tombés dans les filets d'analphabètes branchés. Attention ! On ne peut pas se replier définitivement sous le fallacieux espoir qu'on serait victorieux. La grande question qui fuse toujours sur toutes les lèvres: est-ce que le vodou peut contribuer au progrès d'Haïti ? Quelles sont les perspectives?



Le progrès n'arrive jamais seul, c'est le fruit d'un travail de longue haleine. Les découvertes scientifiques aussi bien que le progrès technique préalable à l'avancement social résultent toujours du fruit des initiatives concluantes d'une poignée de citoyens. Mais les retombées seront bénéfiques pour l'ensemble du corps social. Le sous-développement d'Haïti comporte plusieurs facettes qu'il convient d'explorer afin de mieux monter les pièces du puzzle. Faut-il rejeter complètement le vodou ou en tirer les éléments positifs qu'il comporte? D'abord quel serait donc son apport réel au développement d'Haïti clament les sceptiques ? Disons pour commencer que sur le plan médical nos houngans détiennent des secrets qui pourraient émerveiller la médecine scientifique. Mais trois problèmes majeurs se posent.

-Premièrement nos houngans sont analphabètes.

-Deuxièmement l'oralité est de rigueur selon la culture Griot.

-Troisièmement l'élite intellectuelle renie le vaudou.

Le vodou n'a aucun document écrit, pas de Bible. Donc nos jeunes avides de connaissance ne peuvent pas apprécier ses aspects. De plus, le vodou est diabolisé donc la coupure est nette. Grâce a notre contact avec le pays réel nous avons rencontré à Moron un médecin-feuille appelé Docteur Zo. Des cas abandonnés par la médecine orthodoxe ou du moins qui n'apporte comme solution l'ablation pure et simple du membre affecté, ont été traités par Docteur Zo de son vrai nom Orélas. Pour plus de précision disons que Orélas habitait à Nan Mannuel, une localité rurale avoisinante de Moron . A sa mort, la connaissance en orthopédie de Orélas a été transmise a son fils Fabis.


Aux Cayes dans une localité dénommée Chambeau non loin de Maniche un certain Docius réalise les mêmes exploits. Dans notre quête du savoir sur le pouvoir du vodou nous avons pu lier connaissance avec un dentiste-feuille surnommé Docteur Ti Roro Molédent. Nous avons vu de nos propres yeux, Docteur Ti Roro Moledent extraire une dent sans effusion de sang et sans douleur, une incisive d'une femme. Maitre Félix Philanthrope, un avocat de renom à Jérémie, ne voulant pas croire à ses oreilles, a demandé au Docteur Ti Roro Moledent de lui extraire une incisive non cariée pour se moquer de lui. Le geste fut prompt et bref. La dent est enlevée sans aucune forme de procès.

Quand on constate le stress et la douleur des patients dans un cabinet de dentiste on s'imagine le progrès scientifique énorme qu'auraient apporté les Haïtiens à l'odontologie avec une feuille de pois Congo que nous avons vu Docteur Ti Roro Moledent, de son vrai nom Tressan, tirer de sa gibecière. Au lieu de mépriser le vodou si on avait prêté attention aux services que rendent Orélas, Fabis et Docius à la population, l'orthopédie et l'odontologie auraient pu faire un progrès extraordinaire. Nos médecins aux pieds nus, sous l'empire de nos loas, dit-on, parcourent nos communautés rurales et nos villes de province pour voler au secours de nos compatriotes. Le jour où l'Université d'État d'Hati aurait jugé nécessaire de faire la jonction entre la médecine scientifique et la médecine traditionnelle Haïti va faire un bond extraordinaire en médecine.

Le naturaliste suédois Erick Léonard Echman , déjà en 1918 salua Haïti comme le berceau de la botanique historique de l'Amérique. Nous avons une flore médicinale inégalée. Si les pharmaciens haêtiens se mettent à l'école de nos médecins-feuilles on aurait une pharmacopée haïtienne. Les médicaments couteraient beaucoup moins, le problème de la santé serait moins aigu. Ce projet n'est pas chimérique parce que ma conviction profonde est renforcée par les commentaires positifs de mon frère aîné le Docteur François René, pharmacien diplômé de l'Université d'État D'Haïti, de l'Université Mc Gill au Canada, pharmacien rompu aux techniques de préparation des médicaments a l'Université de Lille en France. Philippe Malval, Docteur en chimie militait aussi dans le même sens quand il fut notre professeur de chimie au laboratoire de Damien.


Nous ne sommes affiliés à aucun temple vodou. Nous ne souffrons d'aucun complexe, mais nous sommes navrés de constater cette misère en pleine abondance. C'est pourquoi nous prenons l'engagement de descendre seul dans l'arène pour clamer à la Ronde Badère que dans le domaine de la santé. le vodou est un vecteur de progrès pour Haïti. Nos médecins-feuilles traitent avec aisance le diabête avec le thé d'assorossie au lait réduit à une tasse. La psychose post-partum dont sont souvent victimes nos parturiantes est traitée avec un bain de giraumont au lait. La feuille Loup Garou a raison des calculs rénaux qui nécessitent une intervention chirurgicale pour la médecine scientifique La chute des cheveux des femmes est arrêtée par le thin frit dans l'huile de palma cristi grâce à un massage du cuir chevelu etc.. Par bovarysme culturel nous tournons le dos aux immenses possibilités de notre terroir.En 2005 la Chine a acheté la raison sociale de la Compagnie Adrien Gagnon du Canada pour la somme de 54 millions afin de favoriser la vente des produits naturels chinois..

Tandis que les Haïtiens et les Haïtiennes rejettent le vodou, le professeur Heintz Lehman de l'Hôpital Mac Gill, neuropsychiatre à Montréal a entrepris, dans le plus grand secret, des recherches sur la substance baptisée "Z" dont se servent nos houngans pour la zombification. Des recherches parallèles sont conduites par le Docteur Nathan Cline aux USA. Des tests sont réalisés sur des rats au Roosevelt Hospital de New York. Selon les résultats obtenus grâce a la collaboration du Docteur Lamarck Douyon , directeur de l'Institut psychiatrique de Port-au-Prince, l'énigme scientifique de la zombification est élucidé. Cette substance "Z" dont les principes actifs sont l'élatérine et la daturine offrent de brillantes opportunités pour stopper la multiplication des cellules cancéreuses, due à une forte élévation de la température du syncytium. Source: "Hati République des morts vivants" p.35 Par Jacques Pradel et Jean Yves Gasgha.

Tant pis pour les détracteurs du vodou qui le taxent de primitivisme. En tout cas le Docteur Nathan Cline pense que les scientistes ont mis la main sur un produit qu'il cherchait depuis longtemps pour mettre les astronautes en hibernation avant de les lancer dans un voyage aussi long que la planète Mars. Le robot humain capable de résister à une si forte pression est désormais possible. Outre le progrès scientifique que permet de réaliser le vodou, il faut compter aussi les avantages économiques extraordinaires qui en découleraient par suite d'une entrée massive de devises étrangères par l'exportation de nos produits naturels comme la Chine. Il suffit de mettre la main sur le paquet technologique nécessaire pour renverser les vapeurs et faire du vodou un filon d'or. De plus le vodou représente une curiosité touristique extraordinaire capable d'assurer une foule de visiteurs comme c'est le cas pour l'Égypte, la Terre Sainte. Lakou Souvenance, Soukri Danache, Lavilokan, Voûte Laforest etc., sont des lieux touristiques qu'un Gouvernement sérieux doit encadrer. Rendez-moi fou ou sage, ignorant ou savant, le vodou présente d'énormes perspectives comme vecteur de progrès pour Haiti.

samedi 19 juin 2010

Rupture politique complète

Rupture politique complète

Jean Erich René

Malgré les acrobaties du 55e Président d’Haïti, l’usure de son pouvoir est irréversible. Après deux mandats vains et stériles, il n’arrive pas à répondre aux demandes socio-politiques haïtiennes. L’ironie du sort c’est qu’il entraine sans sa chute les leaders traditionnels frappés d’obsolescence par la conjoncture, faute d’audience. Pour n’avoir pas assuré la relève, leurs Partis politiques palissent après leurs décès . Ils sont tous des Secrétaires Généraux A Vie. Au moins Aristide a eu la décence de cautionner sa pérennité dans le statut de Lafanmi Lavalas. Nos Chefs de Partis prennent la fière allure du Mapou qui ne tolère aucun sous-bois. En effet, ils trônent à la source de nos courants politiques sans jamais penser à la finitude de leur existence. A cause de leur égocentrisme nos formations politiques, lancées le vent en poupe, sont marginalisées.



La pauvreté qui accable actuellement le peuple n’accorde aucune marge de manoeuvre aux hommes politiques traditionnels sans aucun plan de gouvernement, ni recette de cuisine pour donner à manger, aucune politique de logement etc. Ils montent presque tous sur le cheval de Dessalines ou de Pétion pour entrer au Palais National. D’autres laissent pousser leurs barbes pour singer Castro et enfourcher le socialisme. Depuis le 12 Janvier 2010 les masques sont définitivement tombés puisque la solidarité sociale n’est pas au rendez-vous. Sans l’assistance étrangère tout azimut la situation serait pire. Maintenant il n’est plus question de convoquer le peuple sur le béton, il y est déjà. La politique de la violence a atteint son point culminant. L’exclusion n’est plus de mise. Notre force réside dans la tolérance et l’alternance du pouvoir.

 

Nous avons une seule issue possible: des élections libres et honnêtes. En effet, le suffrage universel est le guide le plus sûr pour réconcilier la Nation avec elle-même. Cette inclinaison morbide à confisquer le pouvoir au profit d’une clique est la source de nos déboires . Il faut révoquer cette attitude de coquin et favoriser l’éclosion du pluralisme politique en Haïti. La machine économique haitienne est bloquée par cette politique d’exclusion au profit d’une clique qui, à chaque période de l’histoire, contourne la machine étatique, détourne les deniers publics à leur seul profit. Elle ne paie pas d’impôt ou bien jouit d’un congé fiscal. De telles attitudes fragilisent la capacité d’intervention des organes étatiques au niveau des infrastructures indispensables au développement du pays.

 

Quand les intérêts de la mafia sont associés à la direction des affaires de l’Etat, toutes les pirouettes sont envisageables pour garder la poule aux oeufs d’or sur son nid, même les élections frauduleuses. En une telle occurrence, le bulletin de vote et le processus électoral n’ont que des valeurs marchandes.Ils ne traduisent plus la volonté populaire puisqu’ils sont dirigés dans le sens des intérêts de ses commanditaires. Dans ce cas, les plus corrompus sont les plus qualifiés pour siéger au CEP. Ce phénomène qui ne passe jamais inaperçu consacre l’illégitimité du Gouvernement, tout en entrainant, la remontée des revendications populaires. Ainsi s’élève le cri dl’insatisfaction des besoins fondamentaux des masses culminant vers l’éclatement social. Malheureusement nos hommes politiques n’ont tiré aucune leçon du passé. Avec la routine du pouvoir ils finissent toujours par perdre de vue les droits inaliénables de leurs administrés.



Les données de l’heure dépassent l’entendement des hommes politiques traditionnels. Notre population qui avant le 12 janvier 2010 était estimée à 1.945.000 habitants, atteindra en 2030: 16 millions, selon les données publiées par l’IHSI ou Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique. Le taux de chômage qui était de 67% augmente davantage. La jeunesse haitienne est confrontée à un problme aigu de chômage. Elle n’a point d’oreilles pour entendre la belle parlure ponctuée de citations latines et grecques de nos leaders: politiques déphasés: Les concepts de: nationalisme, souveraineté, indépendance, double citoyenneté deviennent aberrantes à leurs oreilles. Cette catégorie générationnelle qui a vécu les crises aigues de notre histoire de peuple, doute de tout.

 

Le clientélisme, le népotisme et la corruption qui entâchent tous les paliers du Gouvernement leur inspirent un sentiment de dégoût tout en les confinant dans une attitude de défiance envers la classe politique contemporaine qu’elle rejette en bloc à tort ou à raison. La Gauche et la Droite, c’est du pareil au même. En effet, tribord et babord débordent de ravageurs et de grands mangeurs.. Avec le populisme ou l’élitisme c’est le même scénario d’un gang de copains jouissant des mêmes privilèges, tandis que le peuple mange la fiente Changer de patronymes politiques n’améliorent pas les données existencielles. Bô Tab, Lespwa, Inité, même amour!

  

La Classe Moyenne haitienne n’existe plus, conformément au rêve des disciples d’Emmannuel Mournier d’une Société sans classe. Après 24 ans de déchouquage, de persécution, de révocation achevés par le Tremblement de Terre du 12 Janvier 2010, la Société haïtienne est déboussolée. Tout le monde couche dans les rues sous des tentes. Pas d’emploi, aucune source de revenu, sinon que les transferts de la diaspora. La noblesse , le Clergé et le Tiers Etat n’ont aucune alternative à la précarité de leur existence, selon la logique du "nager pour sortir." .Personne ne sait de quel côté est placé le volant du Gouvernement qui, d’ailleurs, ne remplit acune fonction vitale ni ne jouit d’aucune crédibilité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’accouchement par Césarienne de la CIRH, le jeudi 17 Juin 2010, confirme son anémie falciforme diagnostiquée par l’absence des Bailleurs de Fonds Internationaux. Où sont les 11 milliards budgétés?

 

Un Gouvernement de Transition est souhaitable. La Communauté Internationale refuse de délier les cordons de la bourse pour les élections et la Reconstruction d’Haiti. La nomination des représentants sur place des Organismes internationaux comme membres de la CIRH trahit la frilosité des donateurs internationaux et leur refus catégorique de collaborer avec le régime en place, accusé des 7 péchés capitaux. Il devient impossible pour Préval de remonter la pente, au moyen d’élections truquées. Il faut mobiliser les énergies en vue de la démocratisation de nos structures étatiques. La réforme de l’Etat Haitien selon les normes posées par le PSSN est incontournable. Pour répondre aux desiderata de la génération contemporaine, il faut une autre culture politique. Les rideaux doivent être tirés sur ce passé honteux entretenu par nos leaders politiques traditionnels transformant leurs Partis en Biens Familiaux Indivis. Compte tenu des conditions socio-économiques présentes, la rupture politique est complète

vendredi 18 juin 2010

UNE PAGE D’HISTOIRE QUI SE TOURNE

UNE PAGE D’HISTOIRE QUI SE TOURNE

Marc Bazin nous a quittés
par Gérard Bissainthe

Il s’appelait Marc Bazin.
Nous l'appelions tous Marco; il n'y en avait pas deux.

Nous, c'est ce que j'appelle le "groupe de Paris", comme j’aime à designer ces Haïtiens qui ont fait leurs études dans la Ville Lumière dans les années 1950-1960. Ils avaient en commun d'avoir été dans ce haut lieu de la pensée occidentale en ces temps de l'après-guerre pendant lesquels le monde se refaisait, repartait sur de nouvelles bases. Qui n'a pas connu Paris en ces temps-là n'a pas connu Paris. C’était le temps des Français qui avaient nom De Gaulle, Mitterrand, Sartre, Camus, Aron, Senghor, Césaire, Alioune Diop, Cheik Anta Diop, Mauriac, Mounier, les plus grands.

La crème de notre jeunesse y était alors: Jean Claude (de Jacmel), Gérard Gourgues, Leslie Manigat, Marc Bazin (Marco), Max Chancy, Pierre Riché, Edriss Saint-Amand, Jacques Stephen Alexis, René Depestre, Ernst Avin. Une deuxième vague de plus jeunes vint après: Gérard Latortue, ma cousine Micheline Dominique, la sœur de Jean Dominique, René Saint Louis, Marie-Thérèse Valès. J'en passe et des meilleurs.

Je terminais alors mes études de théologie au Grand Scolasticat des Pères du Saint-Esprit à Chevilly-Larue aux portes de Paris avec entre autres Ernst Verdieu, Roger Pereira, Jean-Paul Claude, Pierre Déjean. Je faisais fonction d'aumônier des étudiants haïtiens de France.

Max Chancy, brillant élève du Collège Saint-Martial, qui m'avait confié en 1947 que son rêve était d'être près de moi un grand militant catholique (c’était longtemps avant son engagement dans le communisme), me servait de lien avec la communauté des étudiants haïtiens de Paris. C'est par lui d'abord que je fis la connaissance de la première vague de ceux que j'ai cités plus haut. Ce groupe avait en quelque sorte deux vedettes: Leslie Manigat qui pour tout le monde était Leslie et Marc Bazin que tout le monde appelait Marco, deux hommes issus de deux grandes familles du Nord et qui en tireront toujours des motifs de fierté, même si eux-mêmes vinrent au monde hors du "Grand Nord". Deux hommes, deux profils: Leslie l'universitaire habile à disséquer des idées, Marco déjà le tribun qui aurait pu devenir un autre Emile Saint-Lot, s'il avait eu la veine populiste, mais il ne l'avait pas. Il était plutôt un aristocrate et un technocrate, indifférent aux idéologies, qui rêvait avant tout de gérer, de conduire une voiture politique, peu importe la marque, pourvu qu'il fût au volant.

A Paris je constatais que beaucoup pouvaient en vouloir à Marco pour une raison ou pour une autre; mais au fond tout le monde l'aimait pour sa vitalité, sa chaleur humaine, ce côté "Renaissance Man" qui le faisait aimer les joies de l'existence, son courage aussi: il se racontait qu'on l'avait vu sur le Boul' Mich' au cours d’une manifestation faire le coup de poing aux côtés des étudiants africains.

Après Paris où déjà il croisait le fer avec Leslie Manigat, je le perdis de vue pendant très longtemps. Je devais le retrouver des décennies plus tard, à New York où moi-même j'étais professeur à la City University of New York et lui Directeur dans cette ville du Bureau de la Banque Mondiale, un poste des plus prestigieux. Nous fîmes ensemble, pour ne pas changer, des plans pour "sauver Haïti".

"Sauver Haïti" c'était l'obsession de cette génération haïtienne de l'après-guerre qui restera certainement une des plus brillantes et des plus douées de notre histoire. Elle avait tout pour "sauver Haïti". Si elle n'a pu que poser les bases sans édifier les murs, il y a à cela des raisons complexes que j'analyse longuement ailleurs. Mais je peux porter ce témoignage que Marc Bazin, Marco, voulait sincèrement le salut d’Haïti, la preuve en est qu'il aurait pu, s'il l'avait voulu, réussir à merveille en dehors du pays, comme cela avait déjà été le cas. Mais retourné au pays après la chute de Jean-Claude Duvalier, il m'avait confié que, quoi qu'il arrive, il ne repartirait plus jamais à l'étranger et qu'il finirait ses jours en Haïti.

Il a été très controversé. Je l'ai moi-même parfois combattu sans ménagements; il en fit autant pour moi; car entre lui et moi il y avait le contentieux de la souveraineté nationale. Mais j'ai toujours reconnu sa valeur. Lorsque le Président Nérette insistait pour que j'accepte le poste de Premier Ministre, c'est moi-même qui lui recommandai de faire plutôt appel à Marc Bazin; ce qu'il fit. C'est moi qui annonçai la nouvelle de cette décision à Marco à cinq heures du matin, car il était très matinal comme moi.

J'avoue que je n'avais pas encore bien compris le mécanisme des engrenages de notre machine politique et l'enchevêtrement des pièces de notre puzzle. J’ai mis du temps à le comprendre. Pour moi ce que nous devions faire pour "sauver Haïti" c'est
-d'abord "bondir hors du cercle";
-puis "briser le compas".
Mon idée était d'envoyer Marco à l'attaque pour qu'il déblaie le terrain en "bondissant hors du cercle". Puis une autre équipe serait venue pour "briser le compas", autrement dit: détruire le système en mettant à la place un autre système.

Je ne crois pas que Marco ait agit comme notre soi-disant-Gauche de l'après 1986, dont le fer de lance était constitué de quelques très rares authentiques résistants et surtout d'anciens jean-claudistes, quelques uns sincères, d’autres prétendument repentis et qu'il se soit fait comme eux à l'idée de devenir une marionnette aux mains des "tuteurs de facto" de la communauté internationale. Il s'est passé, à mon avis, autre chose. Comme il avait travaillé dans les réseaux internationaux, qu'on y avait reconnu sa valeur, qu'il y avait occupé des postes clés, il était dans ces réseaux internationaux comme un poisson dans l'eau et il gérait Haïti non comme un indigène, mais comme un cadre étranger. Il se sentait lui-même avec "le Blanc" sur un pied d'égalité, parlait la même langue, avait les mêmes réflexes et finissait, sans le savoir, par défendre les mêmes causes. D'autres compatriotes sont tombés dans le même panneau. Marc Bazin pratiquait une "gestion externe" d'Haïti, celle qui nous avait jusqu'ici plongés dans tous nos marasmes, au lieu de pratiquer une "gestion interne", celle que je voulais et qui est la seule qui pourra nous sauver.

Je dois dire que longtemps auparavant, lorsque j’étais Ministre de la Culture et de l’Information, Frantz Merceron, ex-Ministre des Finances, avait fait le voyage de Paris à Miami pour venir me dire que c'est moi qui devrais accepter le poste de Premier Ministre et non pas Marc Bazin, car il avait entendu parler de mon projet de propulser Bazin à la Primature. Je crus comprendre qu’entre lui et Marco le torchon avait parfois brûlé. A son grand regret, il ne put me convaincre.

Je dois dire aussi qu’en 1986 revenu en Haïti, après n'avoir jamais trempé dans le duvaliérisme, même dans sa mouture jean-claudiste, sous quelque forme que ce soit, partisan comme je l'ai toujours été d'une solution "nationaliste-souverainiste", je ne voyais pas d'objection à travailler avec les anciens duvaliéristes, pourvu qu'ils fussent ouverts au changement. Je ne pouvais faire la fine bouche: des anciens duvaliéristes il y en avait partout et les pires étaient ceux d'entre eux qui jouaient les purs, après avoir rallié la résistance au petit matin du 7 février 1986. Si l’Ambassadeur de France, /Michel de la Fournière, me présentait au Ministre de la Coopération française, Michel Aurillac en visite en Haïti en 1986 comme un "héros de la résistance haïtienne", je lui faisais remarquer après que les vrais héros étaient morts, que je n’étais qu’un survivant.

Lorsque Marco devint Premier Ministre, la tutelle était déjà programmée. En fait elle l'a été depuis 1986 au moins. La mise sur pied de cette tutelle fut même la vraie mission de moult organisations politiques ou parapolitiques qui germèrent, comme des champignons, avec des fonds étrangers souvent des plus opaques, après le départ de Jean-Claude Duvalier, et qui constituèrent cette nébuleuse qu'on appelait tantôt la "Gauche" et tantôt "le Secteur Démocratique". Beaucoup de dirigeants de cette nébuleuse dont je connaissais tous les tenants et aboutissants, étaient comme les radis "rouges à l'extérieur, blancs à l'intérieur et toujours près de l'assiette au beurre". De ce temps date ma rupture avec bien des membres d’une Gauche chrétienne haïtienne que j'avais en quelque sorte portée sur les fonts baptismaux dans les années 1960 avec le mouvement personnaliste que j'avais lancé à la Bibliothèque des Jeunes et qu'on avait dévoyé pour en faire une soi-disant-Gauche de Grands-Guignols, celle qui écrivait que "le Père Lebrun est une exigence de justice stricte" (je n'invente rien). Cette soi-disant-Gauche détestait Marco, comme elle détestait aussi d'ailleurs Leslie Manigat. Pour cette soi-disant-Gauche avoir de l'esprit était et est toujours une forme de provocation.

La soi-disant-Gauche restera la peste et le choléra de l'après-Duvalier.

"Sé leu on couleuv mouri ou kon'n longeu'l" (c’est lorsqu’une couleuvrfe est morte, que l’on connaît sa longueur). Cela vaut pour Marc Bazin. Mais, il est encore trop tôt pour se mettre à le mesurer. On pourra difficilement le comprendre sans le mettre dans son contexte et sans connaître la nature du terrain sur lequel il évoluait. Lui-même le connaissait-il vraiment? J'en doute. Lorsque j'ai eu, moi, la révélation un jour qu'un des représentant en Haïti d'une grande agence de presse européenne avait émargé pendant tout le règne de Jean-Claude Duvalier et émargeait encore après 1986 au budget de notre Ministère de l'Intérieur, je me suis rendu compte que beaucoup d'éléments-clés de la nature du terrain m'échappaient.

Qu’est-ce qui faisait courir Marco ? Quels étaient ses objectifs ?

Les objectifs de la soi-disant-Gauche étaient et sont la tutelle étrangère, le retour à la colonisation. La Théologie de la Libération version haïtienne n’est pas devenue, comme je l’ai cru à un moment, Théologie de l’Occupation. Elle était dès le départ Théologie de l’Occupation. Sur ce point les objectifs de Marc Bazin ont toujours eu quelque chose d’un peu énigmatique pour moi. S’il avait voulu comme la soi-disant-Gauche créer ou renforcer la tutelle, ces messieurs et dames peu scrupuleux lui auraient offert de partager avec lui le gâteau, qu’il fût américain ou français, c’était si peu leur souci, au lieu de lui livrer une guerre à mort. Si la soi-disant-Gauche détestait aussi bien Bazin que Manigat, c’est que ces deux leaders avaient en commun quelque chose. Quoi? Voilà un beau sujet d’enquête. Peut-être Bazin était-il, Leslie est-il aussi allergiques aux thèses sidérantes pour retardés et débiles des pays du Nord comme des pays du Sud d’un Régis Debray, souverain pontife de cette soi-disant-Gauche. Quand on a été formé en France pendant les années fortes de l’après-guerre, on est vacciné contre les inepties pseudo-scientifiques.

J'ai eu à faire des pieds et des mains, depuis Paris car je suis têtu, pour rapprocher Marc Bazin et Leslie Manigat. Il me semblait qu'ils pouvaient et devaient se compléter. Ce fut toujours en vain. Marco y était ouvert. Leslie a toujours pensé que ce tandem ne marcherait pas.

Marco est et reste un grand de notre vie politique. Il n’a jamais renié Haïti. Résistant aux sirènes étrangères, il a consacré sa vie à cette Haïti qui a fait corps avec lui.

Quelques uns me diront peut-être que si aujourd'hui je semble "donner l'absolution" à Marc Bazin, c'est par une sorte de... déformation professionnelle. Ce qui est vrai c'est qu'aux pires moments de mes dissensions avec lui (et c'est arrivé aussi avec d'autres), je n'ai jamais pu m'empêcher d'éprouver le sentiment que j'avais… charge d'âme et que je devais tout tenter pour le "sauver". Il y a tout un clair-obscur de la politique haïtienne qui échappera toujours au grand public, celui, par exemple, où un Max Chancy, fier meneur du parti communiste haïtien, viendra me dire un jour en 1961 ses doutes ou même son désarroi. Je ne canoniserai pas Marc Bazin, comme je ne canoniserai personne, n’ayant d’ailleurs aucun pouvoir pour ce faire. Mais je lui rendrai la justice de reconnaitre ses qualités, il en eut de grandes, et ses mérites, il en eut de grands. Il est un des fils du pays dont le pays peut être fier.

La mort de Marco crée un grand vide, qu'apparemment rien ne vient combler. Je suis de ceux qui regrettent profondément que cet homme vivant, au verbe chaud, au rire parfois homérique, cultivé, blagueur, goguenard, aimant charnellement son pays, toujours optimiste ne soit plus avec nous.

Je présente à son épouse, à sa famille, à son mouvement le MIDH mes plus sincères condoléances.

Adieu, Marco.

Gérard Bissainthe
17 juin 2010

vendredi 11 juin 2010

Dossier OGM Haïti

Dossier OGM Haïti
Michel William
10 juin 2010

Qu’est qu’un OGM
L’entreprise Monsanto vient de donner á Haïti á travers l’ONG WINNER un lot 450 tonnes de mais mêlé de semences de légumes et de melon d’une valeur de 4 millions de dollars américains. L’opposition politique qualifie les semences d’OGM, crie á la l’assassinat de la paysannerie du pays et demande au Président René Préval de démissionner. Les semences de mais contiendraient du Glyphosate .Qu’est ce qu’un OGM. Monsanto a-t-il envoyé des OGM, des semences conventionnelles ou des semences hybrides de mais en Haïti? Quelles sont les avantages et les désavantages des OGM. Que dit le MARNDR ?Ou en est on arrivé ?
Qu’est-ce un OGM ?
Un OGM, , ci-devant organisme génétiquement modifié, est un organisme vivant dont la nature a été modifiée par l’apport d’un gène d’une espèce de famille, d’ordre ou de règne différent en vue d’augmenter sa performance dans le milieu. Cette performance peut être son haut rendement, sa précocité, sa résistance á certains fléaux, maladies, insectes , climat etc.
Deux exemples. Le manioc est une plante résistante á la sécheresse et il représente la culture de 80% des petits paysans des zone arides et semi arides. C’est la culture des pauvres. Au Mexique ou en Inde, une chenille dévorait toutes les feuilles des plantations de manioc et empêchait la culture du manioc. Les scientifiques avec un gène de la dite chenille (une espèce du règne animal) ont créé une nouvelle variété de manioc (autre espèce règne végétale ) d’ordre différent et la chenille depuis lors a cessé de détruire les feuilles de la nouvelle variété de Manioc.
Au Brésil, on rapporte que la grêle entraine chaque année la brulure des millions d’hectares de café. Les scientifiques sont allés au fonds des mers des pays tempérés , ont prélevé un gêne des poissons qui vivent dans les eaux glaciales et ont fabriqué une nouvelle variété de semences(OGM animal /vegetal) de café qui viennent á tolérer les hivers les plus rigoureux. La biotechnologie a permis de sauver des milliards de dollars pour les paysans
Un OGM est un produit naturel modifié. La modification une fois faite est irréversible. Un OGM a une période de vie économique courte. A chaque plantation il faut renouveler les semences. Certains de ces produits nécessitent l’utilisation d’un paquet technologique coûteux pour leur pleine productivité, entr’autres la disponibilité du crédit agricole pour pouvoir les renouveler , acheter sur le marché les intrants accompagnateurs et payer les soins et pratiques culturaux nécessaires au développement de leur performance économique. D’autres acceptent á 30-40% les conditions traditionnelles de culture. Le croisement d’une OGM avec les variétés localesde mais , par exemple, peut bouleverser totalement la donne traditionnelle du renouvellement des besoins en semence des petits producteurs ,et par voie de conséquence la sécurité alimentaire d’un pays pauvre, si elle est faite au hasard et laissée á la discrétion des grandes industries agroalimentaires , qui, sous couvert de dons humanitaires utilisent les périodes de bouleversement économique , pour distribuer leurs produits en veux tu en voila et gagner de nouveaux marchés .
La biotechnologie est capable de produire aussi bien pour les pays riches que pour les pays pauvres. Selon l’International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications, ISAAA, une ONG internationale non gouvernementale, en 2005, il y a eu 8,5 millions d’agriculteurs á utiliser des OGM, dont 90 % dans des pays en développement.
Semences conventionnelles et semences hybrides
Par opposition aux semences OGM, il y a les semences conventionnelles et les semences hybrides. Les premières résultent d’une sélection poussée des meilleurs variétés d’une lignée pour en faire une semence de base . Les semences conventionnelles sont multipliées en semences de base puis transformées en semences commerciales pour les semailles par des professionnels spécialistes. Les semences commerciales , pendant quelques années, sont multipliées chez l’agriculteur en semences artisanales locales. Il y a aussi les semences locales traditionnelles achetées sur le marché qui sont á faible rendement et qui sont adaptées aux conditions rustiques de l’agriculture traditionnelle.
Les semences hybrides sont issues de croisement entre variétés de la même espèce recherchées pour leur vigueur, leur précocité , leurs hauts rendements ou pour leurs qualités culinaires.
Les semences hybrides ne sont pas recommandées pour la reproduction car les caractéristiques variétales de l’hybride ont la possibilité d’être divisées moitié- moitié et les variétés filles obtenues ne correspondent jamais á la semence hybride originale. AGROTECHNIQUE et la Darbouco S.A ont introduit des semences hybrides de mais et de plusieurs cultures maraichères qui nécessitent du crédit agricole pour les renouveler chaque année. AGROTECHNIQUE a introduit chaque année des pesticides de plus en plus forts á cause de la vulgarisation mal faite des doses á utiliser et des mauvaises méthodes de conservation á domicile par la paysannerie. Effectivement l’utilisation non contrôlée des pesticides a fait développer l’accoutumance chez certains insectes sur le plateau de Salagnac et est sur le point de menacer la culture des légumes sur le plateau. A long terme le plateau de Salagnac aura á faire face á des problèmes de semences et seule les OGM auront la réponse á ce type de problème
Les OGM représenteraient une évolution de la semence hybride qui pousserait l’utilisation de la biotechnologie á un niveau très élevé pour conquérir des parts de plus en plus importantes de marché á l’ère du néo libéralisme compte tenu des besoins grandissants de nourriture de la population mondiale..
Espèces traditionnelles de semences utilisées en Haïti
Les espèces de semences cultivées en Haïti existent depuis des siècles .Elles ont évolué pour devenir des variétés .Une variété de mais « alizene » par exemple est un ensemble de plans de mais qui se distinguent des autres plans de l’espèce par certains caractères communs et qui après multiplication conservent ces caractères distinctifs. Ces variétés sont devenues stables. Elles ont un très faible rendement á l’ha. Elles garantissent comme dans le cas d’Haïti la production agricole á hauteur de 25,9% du PIB. 25,9 %, c’est très petit mais rapportés au PIB 2008, ces 25,9% représentent 6.966 millions de dollars US. Autant dire que les semences traditionnelles de la paysannerie haïtienne représentent une source de stabilité économique pour la population et de stabilité politique pour les autorités politiques. Il n’est pas question pour le MARNDR de mettre cette production en danger sans étude préalable.
Lorsque les politiques publiques ont négligé pendant longtemps la production semencière et le crédit agricole dans un pays pauvre comme Haïti ,les compagnies agroalimentaires en quête de marché et appuyées par leurs chancelleries font au moment de certains événements des percées louverturiennes en termes de dons, d’aides humanitaires et se positionnent pour assurer l’avenir de leur part de marché. Il est aussi vrai, que la bataille locale entre firmes rivales pour l’obtention de leur part de marché, peut également jeter de la confusion á dessein et envenimer d’avantage les spéculations politiques á l’origine de telles ou telles actions de la coopération bilatérale.
Du point de vue historique le ministère de l’agriculture avait depuis 1974 une préoccupation pour l’organisation de la production de semences en Haïti. Des circonstances nées de certaines conjonctures politiques intérieures et extérieures post 1990, l’ont amené petit á petit á abandonner des politiques semencières autrefois positivement soutenues par la FAO et par l’IICA. Ce sont :
1958- Création SERA/USOM
1974-Création du SERA : Service d’expérimentation et de recherche agricole en vue d’expérimenter les différentes variétés de semences cultivées
1977-Création du SENASA pour promouvoir coordonner et réglementer la production et l’approvisionnement en semences au niveau national

1983-Création du CRDA pour réaliser des programmes de production de semences de base
1984 Création du CECOSAM pour assurer la commercialisation des semences
1985- Production par l’ODVA des semences de riz pour tout le pays.
Beaucoup de textes ont été écrits sur le plan semencier, mais ils n’ont pas ete transformés en loi ou décret qui légifère sur la question de semences .La plus récente tentative remonte en 1985, créant le CIPSAD, vite rapporté.

Besoins en semences

Superficies plantées et semences utilisées pour les céréales en Haïti
Plante Superficie/has Semences/ha Semences totales
Mais 240.000 0.03TM 7.200 Tonnes
Millet 200.000 0.02 4.200
haricot 85.000 0.04 3.400
Riz 47.000 0.09ou 80 kilos 4.320
Source CRDA MARNDR 1978
D’après le tableau ci-dessus, on retiendra qu’il existe d’énormes besoins en semences. Il est prouvé que de bonnes semences garantissent déjà 30% de réussite d’une plantation. Des travaux de recherche ont été conduits sur le riz, sur le mais, sur le haricot. On se rappelle les noms de quelques variétés de riz, comme Madan Gougousse, la Crête a Pierrot et aujourd’hui la TCS 10, pour remplacer la Crête á Pierrot détruite par la maladie de la Paille noire.
Des travaux de recherche et d’expérimentation ont été conduits sur le variétés de mais hybride appelées Chicken corn, Etau Amrillo, Cornelie, Pioneer.
Certaines variétés améliorées sont des hybrides , c'est-à-dire des variétés produites pour la plantation et non pour la reproduction des semences , parce que á la reproduction , les caractères désirés sont partagés moitié- moitié et il n’est pas garanti que le cultivateur obtienne á la replantation des semences les mêmes performances de la semence hybride originale.
Superficies plantées en tubercules et plantes á RYZOME
D’autres besoins en semences existent pour les plantes á tubercules . on estime que la banane et les plantes á tubercules couvrent environ 325.000 has dont 245.000 pour les tubercules et 80.000 has pour la banane.

Plante Superficie /has Rendement/ha Semences /ha ?
Patate douce 97.000 400 livs/ha
manioc 120.000 800 livs
igname 37.000 1,8 t
Taros 13.000 2t
Mazoubelle 10.000 3,5
Pomme de terre 1500

Sources :Statistiques agricoles MARNDR 1979
Le pays a vachement besoin de semences de banane tolérantes á la maladie du Sigatoka noir. Le pays a besoin de variétés de patate résistantes au virus des plantes á tubercules. Le pays a besoin de semences de pomme de terre tolérantes á des maladies vasculaires. Le pays a besoin de semences d’igname résistantes á l’Anthracnose. Le pays a besoin de semences de mazoubelle resistantes á la maladie de pourriture des bourgeons terminaux.
Le MARNDR avait introduit la variété MC 40 pour le Manioc doux

Michel William est éleveur de porc agriculteur ,maraicher et agronome conversationniste de montagne.. Il a abandonné la culture de l’igname á cause de la maladie d’Anthracnose. Il a abandonné la culture du haricot á cause de la maladie du Mildiou. IL a abandonné l’élevage du cochon parce qu’il était impossible d’acheter des aliments sur le marché local. Il a laissé la culture de la banane parce qu’il n’a pas trouvé du crédit pour acheter les intrants , parce qu’il n’a pas trouvé de l’eau d’irrigation á gogo pour faire repousser rapidement les feuilles brûlées et parce qu’il ne pouvait pas trouver le crédit adéquat pour acheter les intrants recommandés dans la lutte contre le nématode, contre le charançon qui l’ont pris de vitesse dans la gestion de la maladie. Si aujourd’hui , le MARNDR annonce comme politique publique qu’il va entrer dans les OGM, pour la banane, la pomme de terre, l’igname, le mazoubelle , la patate , pour trouver une variété de mais tolérant á la sécheresse, capable de doubler ou tripler les
rendements en zones sub-humides non irriguées beaucoup d’haïtiens á l’égal de Michel William, se lanceraient á toute vitesse dans ces cultures et réintégreraient le métier d’agriculteur en montagne, á la condition SINE Qua NONE que la recherche , le crédit , la vulgarisation et le marché interne soient du paquet.
Concernant les OGM, il faudrait éviter de refaire en 2010 la même malsaine stigmatisation de 1986 á l’origine du cochon « grimel » dont le repeuplement véritable n’a pas survécu aux conditions d’élevage appliquées par le gouvernement haïtien á travers les politiques d’ajustement structurel. Incapables de dire la verite, les politiciens se sont retranchés derrière les vocables totalitaristes de« kochon kreyol, kochon grimel, kochon Gascon –Chinwa » pour drainer l’électorat ignare et assauter le pouvoir, sans pouvoir relancer aujourd’hui encore le développement de l’élevage porcin. .Les OGM sont une technologie de pointe. Son application requiert des mesures d’accompagnement du gouvernement haïtien qu’il faille prendre..La bataille d’aujourd’hui tout en étant politique doit forcer le gouvernement et les autorités d’occupation á se conformer aux exigences de la culture des OGM ,s’ils en ont fait le choix, et de ne pas laisser ce genre d’initiatives aux ONG qui sont capables de faire entrer dans le pays des produits qui pourraient porter atteinte á l’agriculture nationale, comme elles se positionnent déjà pour canaliser les huit cent millions de dollars programmés pour le plan d’investissement agricole 2010-2012.
OGM et l’économie de marché
Depuis longtemps, nous vivons á l’heure du libéralisme économique accepté á contre cœur, parce qu’il nous a envahi notre marché interne. Ironiquement toutes les autorités d’occupation qui jouent avec la classe politique haïtienne proviennent de pays et d’institutions qui cultivent l’OGM chez eux et qui nous promettent les fonds de la reconstruction á titre humanitaire. L’OGM est une biotechnologie du néo libéralisme économique mise au point pour satisfaire la demande grandissante en semences de la population mondiale et faire augmenter la production agricole dans les conditions de son application. Les OGM sont des technologies avancées au même titre que la NTIC .La NTIC marche bien lorsque tout le monde peut l’utiliser au coût minimum des services .Lorsque le cout d’acquisition des machines de la NTIC est superbement élevé et que le coût des services est économiquement prohibitif á coté de la source d’énergie qui existe presque pas , le NTIC produit autant d’ effet létal sur la bourse de la classe moyenne que l’OGM produit sur la diversité biologique ou sur l’agriculture paysanne.

Moi, Michel William, bien que je sois un utilisateur quotidien de l’Internet, je suis contre la Nouvelle Technologie de l’Information et de la Communication parce que introduite sans cadre légal et sans apprentissage, les operateurs me font payer les yeux de la tète les services au grand mépris du gouvernement haïtien. Apres avoir été victime du cochon créole et de la NTIC, , je ne souhaiterais pas que la paysannerie haïtienne et moi devenons les prochaines victimes des OGM á partir de spéculations politiques politiquement correctes.
Quelles sont les avantages et les avantages de l’OGM
Les avantages de l’OGM sont les suivantes
Les variétés OGM sont hautement productives en comparaison aux variétés locales.
Les variétés OGM s’achètent sur le marché si on n’a l’argent disponible
Les variétés OGM cultivées á grande échelle font augmenter la production agricole
Insérées dans une politique balancée de sécurité alimentaire elles font reculer le spectre de l’insécurité alimentaire
Elles permettent aux producteurs d’augmenter leurs revenus
Introduites dans les conditions de libre concurrence et non dans les conditions d’oligopole comme c’est le cas de la téléphonie mobile , elle peut faire baisser les couts de services et éviter la décapitalisation progressive de la classe paysanne.
Les OGM permettent de compenser le déficit de la production de semences et peuvent être confinées dans des espaces sous contrôle de l’Etat et de la population bénéficiaire moyennant une bonne dose d’éducation á la radio et l’apport des mesures d’accompagnement dans toutes les aires de production
Les désavantages
Les OGM sont des produits biotechnologiques hautement performants qui ne peuvent pas être utilisés dans les conditions humanitaires pratiquées aujourd’hui par les ONG et les organismes internationaux IICA ,FAO.
Elles peuvent croiser avec une variété locale et font perdre á cette dernière ses caractéristiques variétales.
Elles peuvent entrainer la pollution génique et rendre stériles les variétés locales stables
Elles influencent négativement la diversité biologique á l’origine depuis des millénaires des variétés traditionnelles qui garantissent la base de la population haïtienne .
Elles peuvent nuire á la pharmacopée locale en croisant nos anciennes variétés et en les faisant perdre certaines propriétés curatives en l’absence de la médecine humaine dans les zones de production
Considérant que les avantages des OGM l’emportent sur les désavantages dans le contexte de la sous production agricole chronique d’Haïti, il est recommandé au MARNDR d’avancer « tet fret » dans le dossier des OGM en cherchant á jouer au milieu de l’ensemble des acteurs le leadership que lui confère la loi organique du MARNDR en la circonstance.

Conclusion
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 tout en étant le désastre le plus dévastateur qu’ Haïti ait connu á travers les âges reste á la fois des opportunités de décollage de l’économie haïtienne et des fenêtres ouvertes pour les multinationales de venir arrondir leur fortune. Le monde entier paniqué par l’horreur du drame a couru á notre secours avec l’argent de leurs ressortissants .Tous les pays donateurs ont profité du drame, qui pour écouler de bons produits ,qui pour écouler leurs marchandises en voie d’expiration ou sur le point de l’être ( des vaccins, des injections IM,IV, des pullules, des tentes de mauvaise qualité, des semences conventionnelles ou OGM, des œufs infestés du germe de la grippe aviaire, bref tous les containers de la poubelle internationale et de la contrebande, tous les containers de scories des ONG qui sous couvert de l’aide humanitaire viennent améliorer leurs propres conditions de vie).
Sous la pression des morts qui s’accumulaient á un rythme effroyable et de celle des estropiés qui ne songeaient qu’á la vie, il est humain de concevoir que certains impairs peuvent se produire quand á l’analyse et au contrôle de toutes les offres faites á Haïti et que dans la foulée des arrivages se glissent des OGM non désirées pour des raisons exclusivement liées au passé du MARNDR (PEPADEP/Repeuplement porcin).De bonne source nous apprenons que l’entreprise Monsanto a confirmé au MARNDR qu’elle produit la variété de mais sous les deux formes, la forme conventionnelle et la variété OGM pour les pays qui en désirent faire l’acquisition. Dans le cas d’Haïti, l’entreprise Monsanto a confirmé que c’est la semence conventionnelle qui a été envoyée. Le gouvernement, a dit le ministre de l’agriculture, Joanas Gué , a pris « toutes les précautions avant d’accepter l’offre de la multinationale Mosanto de faire un don de 475 947 kg de semences de maïs hybride, ainsi que de 2067 kg de semences de légumes », lors d’une conférence de presse le 12 mai. Selon le ministre, » Haïti n’a pas la capacité de gérer les OGM. « Je ne peux pas autoriser l’introduction en Haïti de semences "Roundup ready" ou de toute autre variété transgénique ».Les hybrides proposés par la Monsanto, notamment le DK 003, le DK 5005 et le DK 1040 sont adaptés aux conditions tropicales et ne sont pas des semences transgéniques. « Haïti n'a pas la capacité de gérer les OGM. Pour pouvoir porter une meilleure surveillance sur les variétés animales et végétales qui rentrent dans le pays, c'est moi qui suis chargé de la signature pour toute introduction de ces produits sur le territoire haïtien », a-t-il renchéri.
Il a ajouté que pour redynamiser le secteur agricole, le ministère a lancé au cours de ces trois derniers mois une vaste campagne de production agricole sur plus de 65 000 hectares de terres avec des labourages aux tracteurs, des engrais, des pesticides et un encadrement agricole. Il promet le doublement de la production agricole dans les zones d'intervention , notamment dans la Plaine du Cul-de-sac, à l'Arcahaie, aux Gonaïves et à Kenscoff. »
Pour terminer il faudrait souligner á l’attention de tout le monde que les OGM ne sont pas plus indésirables que les ONG en Haïti, chacune dans sa sphère d’action .Les OGM peuvent faire du mal si introduites sous aucun contrôle et dans une absence de politique agricole, tandis que les ONG, enrobées qu’elles sont dans la farine de l’humanitaire et dans l’huile permanente de la MINUSTHA d’Occupation, représentent un danger permanent d’échec de la CIRH, incapables de re-imaginer Haïti après le 12 janvier 2010 selon l’esprit du président Bill Clinton.

Références
-Production et commercialisation de semences ADIH jan 1982
-Bulletin agricole 10,34,35 ,oct déc. 84
-Gestion des centres de vulgarisation agricole MARNDR Gustave Menager Dec 1980
-Comment améliorer la Culture du Mais EDAPS/Haïti 13-580
-Programme de Production de Semences améliorées rapport de visites d’Inspection -Brunel Garçon 15 janvier 1985
-Projet de consolidation des structures de financement de commercialisation et de gestion des Coopératives Mars 1987 CNC
-L’amélioration du mais local par la méthode de la Reserve de semences SENASA
-Données de base pour une politique de développement des racines et tubercules
-Projet conjoint CRDA/PICV de production de semences commerciales 1988-1989 (20has
-Projet de Plan Semencier National MARNDR Fév. 1991
-Projet de politique semencière Alain Gestin MARNDR/FAO1991
-Quelques aspects de la situation semencière dans les districts et sous districts agricoles mars 1981 Service national de Semences améliorées SENASA
-La pollution génique des OGM Monsanto sur les variétés locales de mais mexicain a partir du round up, le mais OGM commercialise par MOSANTO ( Chapela 1978)
-Protocole de Cartagena sur la Prévention des Risques Biotechnologiques de la Convention sur la Diversité Biologique, sur les mouvements transfrontaliers des OGM
A Research Center on Biofuels and Sustainable Agriculture
-gael.pressoir@chibas-bioenergy.org
-Monsanto Donates conventional seed corn
-Cours National sur la production de semences de haricot et de mais Dr Jean Fenel Felix Département de Phytotechnie FAMV
-Culture de l’Igname a Salagnac Bulletin agricole MARNDR Michel William 1982
-Culture de la Pomme de terre Salagnac Bulletin agricole MARNDR Michel William 1983
-La dure réalité de la reconstruction Haïtienne Michel William Haïti Impact avril 2010

jeudi 10 juin 2010

Les pays en développement affichent une forte reprise, mais la dette dans les pays à revenu élevé assombrit les perspectives

Banque Mondiale


Communiqué de presse n°:2010/466/GEP

Contacts :
À Washington : Merrell Tuck +1 (202) 473-9516, mtuckprimdahl@worldbank.org
Rebecca Ong +1 (202) 458-0434, rong@worldbank.org
Télé/radiodiffusion : Cynthia Case, +1 (202) 473-6287, ccase@worldbank.org

Washington, DC, 9 juin 2010—La reprise économique mondiale se poursuit, mais la crise de la dette de l’Europe engendre de nouveaux obstacles sur la voie de la croissance durable à moyen terme, prévient la dernière édition des Perspectives économiques mondiales 2010 de la Banque mondiale, publiée ce jour en ligne.

Selon la Banque mondiale, le PIB mondial devrait progresser entre 2,9 et 3,3 % en 2010 et 2011, s’accroître davantage de 3,5 à 3,5% en 2012, après la régression de 2,1 % observée en 2009. Les économies en développement devraient enregistrer un taux de croissance compris entre 5,7 et 6,2 % chaque année, de 2010 à 2012. Mais les pays à revenu élevé ne devraient progresser que de 2,1 à 2,3 % en 2010—ce qui ne suffit pas pour compenser la contraction de 3,3% enregistrée en 2009—et de 1,9 à 2,4 % en 2011.

« Les résultats meilleurs affichés par les pays en développement dans le monde d’aujourd’hui caractérisé par la croissance multipolaire sont rassurants, » a déclaré Justin Yifu Lin, le chef économiste et Premier Vice-président de la Banque mondiale chargé de l’économie du développement. « Mais, pour que la reprise perdure, il faudrait que les pays à revenu élevé mettent à profit les possibilités offertes par la solide croissance dans les pays en développement. »

La reprise se heurte à de nombreux obstacles de taille à moyen terme, notamment les flux internationaux de capitaux limités, le taux élevé de chômage et les capacités excédentaires dépassant les 10 % dans de nombreux pays. Selon le rapport, si l’impact de la crise de la dette européenne a été jugulé jusqu’à présent, l’accroissement persistant de la dette souveraine pourrait renchérir le crédit et limiter les investissements et la croissance dans les pays en développement.

Sur une note positive, le commerce mondial des marchandises a enregistré une solide reprise et devrait progresser de l’ordre de 21 % cette année, avant que les taux de croissance ne se tassent à environ 8 % entre 2011 et 2012. Près de la moitié de l’augmentation de la demande mondiale de 2010 à 2012 sera attribuable aux pays en développement.

Les projections de la Banque mondiale supposent que les efforts déployés par le FMI et les institutions européennes permettront de parer à un défaut de paiement ou à la restructuration des principales dettes souveraines européennes. Or, même dans ce cas, les pays en développement et les régions qui ont des liens commerciaux et financiers étroits avec les pays à revenu élevé surendettés pourraient subir de graves répercussions.

« Les mesures de relance de la demande dans les pays à revenu élevé font de plus en plus partie du problème et non pas de la solution, » estime Hans Timmer, directeur du Groupe des perspectives de développement à la Banque mondiale. « Une diminution plus rapide des dépenses pourrait réduire les coûts d’emprunt et favoriser la croissance dans les pays à revenu élevé et les pays en développement à plus long terme. »

Quelle que soit la manière dont évoluera la situation de la dette dans les pays d’Europe à revenu élevé, on ne peut pas exclure une nouvelle crise financière dans certains pays de l’Europe en développement et d’Asie centrale, où l’augmentation des prêts non productifs, imputable à la lenteur de la croissance et à des niveaux élevés de dette à court terme, pourrait compromettre la solvabilité du secteur bancaire.

« Les pays en développement ne sont pas à l’abri des effets de la crise de la dette souveraine des pays à revenu élevé, » estime Andrew Burns, chef de Macroéconomie mondiale à la Banque mondiale. « Mais nous pensons que de nombreuses économies continueront d’obtenir des résultats satisfaisants s’ils privilégient les stratégies de croissance, améliorent les conditions de l’exercice de l’activité économique, ou rendent les dépenses plus efficaces. Leur objectif consistera à faire en sorte que les investisseurs continuent de faire la différence entre leurs risques et ceux de ces pays à revenu élevé. »

De nombreux pays en développement continueront d’être confrontés à d’importants déficits de financement. Les apports de capitaux privés aux pays en développement ne devraient reprendre qu’à un rythme modéré, passant de 454 milliards de dollars (2,7 % du PIB du monde en développement) en 2009 à 771 milliards de dollars (3,2 % du PIB) d’ici à 2012, ce qui reste nettement inférieur au niveau de 1 200 milliards de dollars (8,5 % du PIB) enregistré en 2007. Dans l’ensemble, le déficit de financement des pays en développement est prévu à 210 milliards de dollars en 2010, reculant à 180 milliards de dollars en 2011—contre un montant estimatif de 352 milliards de dollars en 2009.

Au cours des 20 prochaines années, la lutte contre la pauvreté pourrait être entravée si les pays étaient forcés de réduire les investissements dans les actifs de production et dans le capital humain en raison de l’amenuisement de l’aide au développement et de la réduction des recettes fiscales, estiment les auteurs du rapport. Si les flux d’aide bilatérale régressent, comme ils l’ont fait dans le passé, les taux de croissance à long terme dans les pays en développement pourraient en subir le contrecoup—ce qui pourrait éventuellement augmenter de près de 26 millions le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté.

Fiche descriptive : Perspectives économiques mondiales 2010 (juin) par région
La région Asie de l’Est et Pacifique devrait enregistrer un taux de croissance de 8,7% en 2010 et de 7,8% en 2011. La région a profité des liens étroits avec la Chine, qui a été la locomotive de la reprise. Toutefois, la solide dynamique des exportations et de la production régionales faiblit, les écarts de production se referment rapidement et les contraintes de l’offre entravent de plus en plus la croissance. Cette évolution, conjuguée aux solides apports de capitaux et à l’accroissement de la liquidité, pourrait exercer des pressions sur l’inflation des biens et des actifs. En raison de ces facteurs, la croissance dans la région et en Chine devrait ralentir respectivement à 7,8 et 8,4% en moyenne au cours des deux prochaines années.

En Europe et en Asie centrale il est prévu un taux de croissance de 4,1% en 2010, soit un niveau inférieur de 3,0 points de pourcentage à la moyenne régionale sur cinq ans avant la crise. La reprise est en rapport avec la forte croissance des deux plus grandes économies de la région (Russie et Turquie), qui représentent les trois-quarts du PIB régional. Dans la plupart des autres économies de la région, la croissance devrait être relativement faible ou rester négative, étant toujours entravée par les ajustements marqués que certains pays ont dû entreprendre suite aux déficits courants substantiels enregistrés avant la crise. La grave incertitude liée à la crise de la dette souveraine dans certains des pays européens à revenu élevé (Espagne, Grèce, Irlande, Italie et Portugal) entraîne de nouvelles difficultés pour la région.

La reprise dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes—dominée par les pays à revenu intermédiaire et les pays exportateurs de produits de base—a profité d’une reprise limitée des prix des produits de base, d’une forte demande à l’exportation et d’un redressement du cycle de stocks. Après une contraction estimée à 2,3% en 2009, la production de la région devrait s’accroître chaque année, de l’ordre de 4,3% entre 2010 et 2012, soit un rythme quelque peu inférieur à celui de la période de forte croissance. Les solides liens commerciaux et financiers avec l’Europe rendent la région particulièrement sensible à l’évolution dans les pays européens fortement endettés.

Les perspectives pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord continueront d’être déterminées par les prix du pétrole et l’activité économique dans l’Union européenne (principal partenaire commercial de la région). L’effondrement des prix du pétrole au début de la crise financière et les restrictions de la production de l’OPEP ont sensiblement réduit les recettes pétrolières, amputant les flux d’investissement étrangers directs intra-régionaux, les envois de fonds des migrants et les recettes du tourisme. Toutefois, les volumes et les valeurs des exportations devraient rebondir, augmentant respectivement de 2,0 et de 13,5% en 2010. De plus, il est prévu que la reprise dans la région va se raffermir, le taux de croissance passant de 4,0% en 2010 à 4,3% et 4,5% en 2011 et en 2012, respectivement.

La croissance du PIB en Asie du Sud a profité des mesures de relance (en particulier en Inde et, dans une moindre mesure, au Bangladesh et au Sri Lanka), des envois de fonds relativement robustes des migrants, qui ont continué de se renforcer (alors qu’ailleurs ces envois régressaient) et de la reprise de la demande mondiale. La région a aussi profité des apports de capitaux relativement solides, qui ont augmenté en valeur absolue et en pourcentage du PIB—passant de 3,6% en 2008 à 3,9% en 2009—et ont été favorisés par des restrictions de longue date du compte de capital. Sous l’effet conjugué du ralentissement de la croissance mondiale, du resserrement des conditions financières ainsi que de la politique budgétaire dans certains pays de la région, le taux de croissance devrait se chiffrer à 7,7% en moyenne de 2010 à 2012, contre le taux antérieur à la crise de 9,2% en 2007 (sur la base de l’année civile).

Les perspectives pour la région de l’Afrique subsaharienne—dominées par les pays à faible revenu et les pays exportateurs de produits de base—devraient continuer de s’améliorer lentement, entrainées par les prix traditionnellement élevés des produits de base et le renforcement de la demande extérieure. Dans l’ensemble, il est prévu que la région enregistrera des taux de croissance de 4,5, 5,1 et 5,4% respectivement en 2010, 2011 et 2012, contre un taux estimé à 1,6% en 2009. La dépréciation récente de l’euro devrait favoriser la compétitivité des pays dont la monnaie est liée à l’euro.

Du Cap à Haïti : l’innovation au service des populations dans les zones de conflit

Du Cap à Haïti : l’innovation au service des populations dans les zones de conflit

Stanley Lucas

9 juin 2010

États touchés par un conflit.
Environ 2 000 participants au concours ont voté en ligne pour sélectionner les finalistes.
Les projets finalistes sont variés, de l’exploitation des nouvelles technologies pour améliorer la gouvernance et la fourniture de services, à l’utilisation des médias pour laisser les populations s’exprimer.
Le 7 juin 2010 – Un grand nombre d’innovateurs sociaux et d’acteurs de la paix venus du monde entier étaient réunis au mois d’avril au Cap (Afrique du Sud) pour partager des approches innovantes en faveur des populations vulnérables prises sous des tirs croisés dans des conflits à répétition.
Organisée par l'Institut de la Banque mondiale (WBI) et consacrée à la recherche de solutions dans les situations de conflit et de fragilité, la Foire à l'innovation a rassemblé équipes de projet, experts, entrepreneurs sociaux, développeurs logiciels, ainsi que donateurs potentiels, pour explorer une sélection de 32 projets. Le processus de sélection a présenté la particularité de combiner le vote d’un jury d'experts et celui des internautes.
Leonard Doyle figure parmi les « innovateurs » finalistes. Son projet – unfreedmedia.org (a) – propose de nouvelles manières de faire entendre la voix des journalistes dans un contexte marqué par d'importantes restructurations dans l'industrie des médias et l’aggravation de la censure dans certaines zones. Cette semaine, M. Doyle ira à Haïti pour démarrer un projet de responsabilité sociale, qui est le fruit direct de ce qu'il a appris au Cap.
« La Foire à l'innovation m'a ouvert des perspectives radicalement nouvelles sur ce que je peux faire à titre personnel pour changer les choses », a indiqué l’ancien correspondant à l’étranger du quotidien britannique The Independent.
« Plus encore, elle m'a montré à quel point le libre accès aux données, le crowdsourcing, la visualisation cartographique et les médias sociaux peuvent révolutionner le journalisme. D'ici la fin de la semaine, je vivrai sous une tente à Port-au-Prince, et je tâcherai de combiner journalisme professionnel et journalisme citoyen pour aider les Haïtiens à reconstruire leur pays. »
Utiliser les technologies pour améliorer la gouvernance
Pour le WBI, la Foire à l'innovation a été l’occasion de recourir pour la première fois au crowdsourcing, cette pratique consistant à faire appel aux contributions et à la participation des internautes. Quelque 2 000 participants ont ainsi pu examiner les 224 projets soumis au concours, les commenter et les départager en votant.
Dans nombre des projets finalistes, l’innovation porte sur l’utilisation des nouvelles technologies pour améliorer la gouvernance et la fourniture de services de base. C’est le cas du projet Map Kibera, (a)qui met au point la première carte détaillée et numérisée de Kibera, bidonville tentaculaire de Nairobi où 1 million de personnes vit sans eau, sans installations sanitaires ni autres services de base.
Les projets couvrent une variété de domaines et de terrains : améliorer la fourniture de services juridiques en Éthiopie ; connecter des communautés rurales au Sri Lanka via les systèmes de communication électroniques, soutenir le maintien de la paix au Népal, ou encore superviser les élections dans 24 pays africains.
Axé sur le multimédia, le projet Voices Beyond Walls (a) (« Des voix au-delà des murs ») s’adresse quant à lui à la jeunesse des camps de réfugiés palestiniens – à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est – avec la mise en place d’un programme d’ateliers artistiques (écriture, théâtre, poésie, photographie, vidéo numérique, musique). Pour Nitin Sawhney, à l'origine de cette initiative, ce projet permettrait aux jeunes « d'exprimer leurs propres points de vue sur l'histoire et la culture » et de mieux vivre les conditions de conflit.
Originaires d'Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, d'Asie du Sud, d'Europe et d'Asie centrale, ainsi que d'Amérique latine et des Caraïbes, les participants ont pu utiliser les ressources du site Ning (a) créé à l’occasion de la Foire pour interagir en ligne : blog, partage de photos, consultation du fil Twitter de la Foire. Le blog Development Marketplace (a) a également accueilli les réflexions des participants.
La Foire de l’innovation a été co-organisée par le Rapport sur le développement dans le monde, dont l’édition 2011 est consacrée au thème « Conflits, sécurité et développement », par l'Institut d'études de sécurité (a), un groupe de réflexion basé en Afrique du Sud et dont les recherches visent à améliorer la sécurité humaine en Afrique, et par Development Marketplace, un programme compétitif de subventions créé en 1998, administré et en partie financé par la Banque mondiale.
Pour Sarah Cliffe, codirectrice du Rapport sur le développement dans le monde, cet évènement a permis de faire entendre les innovateurs et les acteurs sociaux engagés dans des pays vulnérables aux conflits.
Elle souligne « avoir entendu de nombreuses voix courageuses et beaucoup appris sur la manière dont des individus, seuls ou en groupes, sont capables d’expérimenter des approches novatrices en matière de prévention de la violence et de fourniture de services dans des environnements peu sûrs ».
Prochaines étapes : discussions avec les donateurs
Selon Egbe Osifo-Dawodu, conseillère en pratiques innovantes au WBI et organisatrice de la Foire, les premiers résultats issus du rassemblement du Cap semblent prometteurs.
Plusieurs finalistes ont conclu un partenariat avec « Global Youth Anti-Corruption Network » (un réseau international de lutte contre la corruption soutenu par le WBI). Un autre groupe de finalistes a lancé un comité technique pour piloter un projet de développement des capacités humaines en faveur des communautés et des jeunes vivant dans les régions fragiles d'Afrique occidentale. Un autre projet a été présenté lors d'une importante conférence internationale sur la formation en ligne qui s'est tenue en Zambie au mois de mai. Et l'initiative de journalisme citoyen en Haïti menée par Leonard Doyle démarre cette semaine.
Pour un grand nombre de ces projets, la prochaine étape consiste à élaborer un plan d’activités à l’aide des outils fournis par le programme « Global Social Benefit Incubator » (a) de l'Université de Santa Clara. Grâce à la visibilité que leur a fournie la Foire à l’innovation, certains projets sont actuellement en cours de discussion avec des donateurs potentiels.
Enfin, compte tenu du succès de l’expérience, Development Marketplace prévoit d'étendre son utilisation de l’exploration en ligne en faveur de l'innovation internationale. À l'autonome 2010, le programme lancera son premier concours international « Apps for Development » (« Applications en faveur du développement »).

lundi 7 juin 2010

Quel niveau Choisir?

Quel niveau Choisir?
Didier Frank Wache

Vous connaissez la médiocrité, le "n’importe quoi "à tous les niveaux. Nous devrions peut-être essayer les nouvelles technologies que nous offrent les marchés.

L’informatique, l’Internet et les téléphones mobiles sont aujourd’hui des outils de travail très puissants et fiables lorsqu’ils sont implantés dans des organisations publiques ou privées. Ils diffusent de l’information, permettent d’émettre des avis, de répondre aux clients ou à un collègue, de vérifier un état de compte, d’archiver des documents, d’effectuer des transactions, des vérifications, des inspections, …

Bref vous êtes déjà des habitués…

La beauté des systèmes actuels c’est qu’ils s’installent en un clin d’œil (Plug and Play), qu’ils sont multilingues, que le personnel peut se former rapidement, et que les données même quand on les « Delete » ne s’effacent pas vraiment. Elles vont dans un fichier spécial (Delete items, Recycle Bin, etc.).

Même s’il y avait un tremblement de terre plus désastreux que celui que nous avons connu ou qu’une super manifestation organisée par un parti et désorganisée par un autre qui dégénérerait en chaos total, incontrôlable et détruirait tout les équipements, on restera en mesure de fournir du service le lendemain matin sous une tente ou dans une autre bâtisse...

Ces nouvelles technologies de l’informatique, sont formidables. On n’a plus besoin de dépenser des millions de $ dans des serveurs et des logiciels pour fournir du service à des millions d’usagers.

Tout est sur Internet. Les serveurs ont des backups qui ont encore des disques de sauvegardes à d’autres places sur la planète et une multitude de petites entreprises internationales diffusent leurs produits/services à travers diverses pages Web…

Bien sur, si l’argent vous "sort par le nez ou les fenêtres", vous pourrez faire appel à ces grandes compagnies qui ont pignon sur rue dans les grandes villes de la planète et pour qui un financement corporatif de grande envergure s’impose. Avec qui on aura aussi plus de latitude pour justifier des frais de déplacement et des petits cadeaux non déclarables aussi. Si cela peut vous rassurer, ils sous-contracteront avec ces petites entreprises, mais prendront la peine de mettre leur nom au bon endroit.

Les fonctions de la machine administrative sont sensiblement les mêmes pour tout les pays avec des %, des mots et des façons différentes. Rassurez-vous, même si notre société n’a pas évolué dans ce sens, beaucoup d’autres tentent d’harmoniser leurs façons de faire, leurs procédés sur toute la planète.

Dans la plupart des pays les logiciels sont devenus l’outil qui gère les différentes étapes des systèmes administratifs gouvernementaux ou des entreprises. Les étapes sont devenues flexibles, conviviales et faciles d’apprentissage. Le plus important étant comment allons-nous gérer les flux d’informations et les contrôler…

Ce pays regorge d’informaticiens, d’ingénieurs en communication (certain ont des réputations internationales qui font la fierté de nos ancêtres) qui en moins de deux ans seraient capables de mettre en place un système administratif fonctionnel qui assurerait notre pérennité. Que l’on parle de ministère, de direction, d’entreprises publiques, de mairies, d’hôpitaux tout est faisable rapidement.

Ceci entrainera la fin des « dégagé pas péché », des dilapidations systématiques des comptes de l’État, des abus de pouvoir, du suivi des activités de chacun, (éventuellement affiché toute les dépenses gouvernementales « online, live »), la fin des heures/jours de queue pour obtenir un passeport ou une pièce d’identité, bref le début de la croissance et de la paix sociale tant rêvées par plus d’un!

Didier Frank Wache
Df wache @ yahoo (.) ca

mardi 1 juin 2010

Pourquoi nous devons divorcer du Français et adopter l’Anglais comme nouvelle langue officielle

Pourquoi nous devons divorcer du Français et adopter l’Anglais comme nouvelle langue officielle
Samedi, 29 Mai 2010 00:22 | Écrit par PFA
Ce n'est pas par hasard que l'après 12 janvier 2010 a provoqué une explosion d'idées, de pensées, de réflexions qui, normalement, seraient murmurées en silence par peur de paraitre aigri, frustré, envieux, jaloux. Quand la terre a tremblé et que l'Etat s'est effondré, ce sont les vieux clichés, les peurs camouflées, les maquillages bon-enfant qui ont été chambardés. Quand la honte de cette décrépitude, vécue live sur tous les écrans du village planétaire a eu raison de nos orgueils, et que les bondieuseries habituelles se sont montrées vaines, la parole s’est révélée thérapeutique, la pensée libératrice, le rêve édifiant.

Ce n'est pas sans raison que nous parlons aujourd'hui de combattre le schéma colonial d'un pays qui a succombé sous le poids de ses propres contradictions. Après chaque grand chambardement, les esprits sont toujours en effervescence. Ce n'est pas sans raison que nous nous enquiquinons autour des idées qui nous ont toujours mis dos au dos. Car pour finalement décoller, il nous faut tirer nos squelettes des placards afin de les regarder en face et de les mettre derrière nous une bonne fois pour toute.

Aujourd'hui, alors que nous tenons sur le seuil de cette nouvelle ère dans laquelle le 12 janvier nous a bousculés, avec sous les bras les bagages de deux siècles d'exclusion, de marginalisation, d'errance et d'indigence, il nous incombe de faire des choix raisonnables sur le devenir de notre pays--des choix dénués de sentimentalisme niais--des choix qui nous permettraient de profiter à bon escient de la globalisation tout en ayant à l'œil qui nous sommes. L'un de ces choix serait d'adopter l'anglais comme langue officielle à coté du Créole et du Français.

1) Adopter l’Anglais c'est sortir de l'exclusion:

Géopolitiquement, il y va de notre avenir de nous libérer des contraintes géopolitiques du Français. A part la Martinique, la Guadeloupe (des Dom-TOM) et le Québec, avec lesquels nous entretenons de très faibles échanges commerciaux, tous nos voisins caraïbéens et latino-américains parlent l'anglais ou l'espagnol. L’Anglais nous aiderait à bien jouer notre partition dans la CARICOM. D'autant plus que notre premier bailleur de fond reste les Etats-Unis.

2) Divorcer du français c'est rendre l'éducation accessible à tous:

N'est-il pas pénible que des jeunes mémorisent des choses dans une langue qu'ils ne parlent pas? Les élèves des écoles congréganistes tombent toujours des nues le premier jour des examens officiels de BACC I, car c'est le jour ou ils sont confrontés pour la première fois à la réalité du français dans les autres écoles non-congréganistes. C'est en effet pénible de voir tous ces bacheliers mémoriser plusieurs sujets de dissertation. La réalité serait autre si ces mêmes bacheliers étaient libres de disserter, d'opiner sur des sujets d'intérêt national en Créole. Au lieu de passer des nuits blanches à mémoriser des sujets de dissertation, ils peaufineraient leurs techniques d'analyse et d'argumentation, et ils auraient plus de temps pour maitriser les autres sujets. Haïti est peut-être le seul pays ou l'éducation n'est pas accessible dans la langue maternelle. Que vous preniez l'Inde, les Philippines, la Chine, les élèves apprennent dans leur langue même quand les sujets scientifiques sont dispensés en anglais. Donc il est très courant de rencontrer un philippino qui a fini ses études universitaires sans savoir parler l'anglais. Ou un indien qui a fait toutes ses études en Hindi et qui apprennent l'anglais comme langue seconde. Haïti est donc le seul pays ou la culture ne soit accessible qu'en Français.

L'anglais éliminerait les complexes entourant le Français et donnerait au jeune qui ne parle pas français une chance de rentrer dans l’humanité.

3) Adopter l’anglais c’est maximiser la participation de la diaspora haïtienne

Les gros cerveaux de notre diaspora se trouvent, en majorité, aux Etats-Unis. Adopter l'anglais équivaudrait à leur donner l'opportunité de mettre leur compétence au service d'Haïti. Il faut signaler que les haïtiens-américains de deuxième et troisième générations (ceux qui sont nés de parents qui ont émigré d’Haïti ou ceux qui sont des petits-enfants d’haïtiens qui ont émigré d’Haïti) ne parlent généralement pas un mot de Créole ni de Français. Ils se considèrent généralement des afro-américains car ayant été déconnectés d’Haïti. Adopter l’Anglais comme langue officielle reviendrait à ouvrir notre pays à ces haïtiens-américains bourrés de talents et d’expertise. D’autant plus que nous avons maintenant une littérature haïtienne d’expression anglaise et que les Etats-Unis c’est, avec le Canada, l’une des destinations les plus prisées pour les études universitaires. Sans compter le nombre de mères haïtiennes qui viennent expressément aux Etats-Unis pour donner naissance à leurs enfants.

4) l'Anglais c'est la langue de la globalisation. Pas besoin de chercher l’Anglais, il vous trouve tout simplement. Adopter l'anglais comme le Rwanda l'a fait en 1994, c'est « faire de la place aux nouvelles langues »

Mis à jour (Lundi, 31 Mai 2010 19:27)

L’imposture diffuse

L’imposture diffuse
Lundi, 17 Mai 2010 21:21 | Écrit par Renald LUBERICE | | |
L’imposture est diffuse. Et lorsque des imposteurs se mettent à écrire contre l’imposture, les pistes deviennent floues, les objectifs de plus en plus cachés. On a affaire à une mauvaise mise au point et un autofocus fatigué. Quand l’histoire nous rapporte les absurdités politiques qui ont fait de nous la dernière des nations, nous avons bonne conscience puisque nous n’y avons pas contribué. Sauf que nous sommes acteurs, conscients ou non, de l’histoire contemporaine qui n’est que le prolongement de ces absurdités répétées, voire amplifiées. Nous devrions prendre du recul par rapport à nos désirs et nos propres ambitions politiques, nous demander dans quelle mesure ils s’inscrivent ou non dans la tradition historique qui a fait de nous ce que nous sommes. C’est-à-dire, pas grand chose (je n’ose pas dire RIEN) dans le concert des nations. Si nous ne le faisons pas, nos arrières petits enfants et leurs suivants écriront encore des livres pour tenter d’expliquer nos échecs. Nous persisterons à croire qu’il y a une malédiction, un complot gigantesque contre Haïti qui empêche son développement alors qu’il n’en est en vérité rien.

J’ai côtoyé des gens compétents, bien instruits qui, lorsqu’ils n’étaient pas au pouvoir, avaient d’aussi bonnes intentions que vous, voire de meilleures intentions. Arrivés au pouvoir ces intentions semblent s’évaporer et ils deviennent comme ceux qu’ils critiquaient. Ce constat devrait nous pousser à nous questionner sérieusement sur les causes de l’échec au lieu de nous laisser tenter par la meilleure des facilités : il a échoué parce qu’il est mauvais, nous, nous réussirons parce que nous sommes les meilleurs ! Croyez-vous vraiment que tous ceux qui ont dirigé Haïti ont échoué parce qu’ils sont nuls et que vous, vous allez réussir parce que vous êtes les meilleurs ?

Même les adeptes les plus intransigeants des « Choix rationnels » acceptent l’idée que l’acteur est en proie à de multiples contraintes et que la décision ou la non décision est le fruit d’une multitude d’interactions. Dans tout système politique l’un des buts de ceux qui ont le pouvoir est de le garder. Sans vouloir rentrer dans la discussion sur la nature humaine, je dirai que cela fait partie de la nature des choses. Les hommes qui sont au pouvoir utilisent les moyens qu’ils pensent des plus efficaces en vue de garder le pouvoir. Dans un pays comme la France où le gouvernement représentatif est profondément institutionnalisé, le Président, en l’occurrence Nicolas Sarkozy, sait que rien ne sert de vouloir garder le pouvoir en utilisant d’autres moyens que ceux établis et/ou tolérés par ce dit gouvernement. En 2007, il a fait une multitude de promesse électorale dont la fameuse rupture, la taxe carbone, etc. Il se trouve qu’il se rend compte que ces mesures ne sont pas populaires et qu’elles vont compromettre sa réélection (garder le pouvoir), il les a tout simplement abandonnées. Toujours dans la perspective de garder le pouvoir, Obama sait que les réformes les plus importantes de son mandat peuvent être impopulaires et compromettre sa réélection, alors il essaye de les faire en début de mandat (au moment où il peut s’appuyer sur une frange importante de son électorat). A la fin de mandat il ne devrait pas prendre des mesures (bien qu’elles auraient pu être très bénéfiques à son pays) importantes susceptible de faire fuir une partie de son électorat.

Ce n’est pas parce que les hommes qui dirigent ces pays son meilleurs que les nôtres ni sont plus démocrates qu’ils ne resteront pas au pouvoir au-delà de leur mandat, mais parce que le gouvernement représentatif s’est enraciné et qu’il leur serait suicidaire d’envisager cela. Croire le contraire c’est de l’imposture. Dans les pays où le gouvernement représentatif n’est pas enraciné, les principes et méthodes permettant de garder le pouvoir varient. Cela va de la tricherie électorale au changement inopiné des règlements régissant le fonctionnement et l’attribution du pouvoir. S’il faut à chaque fois descendre dans la rue pour empêcher de garder le pouvoir, on n’est pas sorti de l’auberge. Si l’opposition refuse systématiquement d’aller aux élections, la démocratie aura beaucoup de mal à s’enraciner. Sous quel prétexte l’opposition refuse d’aller aux élections ?

Le motif officiellement évoqué est le suivant: des élections avec Préval ce sont des élections perdues d’avance.

Si tel est le ca, cela sous-entend que l’institution chargée de l’organisation des élections n’est pas indépendante. Pourquoi le Conseil électoral Permanent n’a-t-il jamais été mis en place ? Parce que ni Préval ni l’opposition ne l’avait jugé nécessaire. Ils préfèrent jongler à leur guise en faisant à chaque élection un conseil électoral provisoire. C’est un jeu de coquins dont chacun pense pouvoir tirer des avantages, au détriment naturellement de la démocratie et de la stabilité politique du pays. Je n’ai pas connaissance d’une manifestation réclamant la mise en place du Conseil électoral permanent, gage de la réalisation d’élection crédible.

Le départ de Préval sans l’organisation d’élections replongera le pays dans une instabilité politique ; l’opposition aura malgré tout très peu de chance de remporter les élections (à moins qu’elle ferme les différentes boutiques et faire un vrai parti politique) ; les instances internationales auront moins d’interlocuteurs légitimes et crédibles ; le peuple s’enfoncera un peu plus dans sa misère chronique ; les imposteurs qui appellent au chambardement général auront quelques postes ministériels, quelques directeurs généraux, ils s’enrichiront un peu plus ; certains d’entre eux auront plus de faciliter en vue d’acheter et de distribuer des armes à feu dans la perspective des élections à venir. Tel est le programme politique de cette opposition et des autres imposteurs qui prétendent combattre l’imposture. Sim mouri fomi a bonm nouvel la.



Renald LUBERICE

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