dimanche 28 août 2011

Le Temps de jeter les masques est arrivé

Le Temps de jeter les masques est arrivé
michelwilliam1000@hotmail.com

Je ne demande aucun crédit aux lecteurs pour mes articles qui franchissent lentement mais tranquillement et sereinement les portes de l’exécutif et du parlement haïtien. Certaines des idées sont exploitées en fonction des intérêts des divers groupes pour former un pacte de gouvernabilité qui chercherait á maintenir la suprématie du pouvoir du parlement sur l’exécutif. C’est de bonne guerre, quand la force d’en face manque d’audace. Ce qu’il faut retenir est que l’enjeu majeur de ces dilatoires est l’amendement de la constitution dont l’acceptation ou la correction conditionnent tout l’avenir du pays et á fortiori les cinq ans du président Martelly. Il est bon de clarifier pour les lecteurs la définition de toute constitution.

Ce qu’elle n’est pas
Une constitution n’est le projet de société d’un parti politique, encore moins celui d’un président au pouvoir qui cherche la pérennité de ce pouvoir. Son amendement ne peut pas être étudié sous pression, dans le noir et á la va vite. Il n’y a pas eu de revolution.

Ce qu’elle est
Une constitution est un contrat social entre le peuple et les pouvoirs choisis par lui pour concrétiser dans les politiques les vœux qui y sont exprimés. Son amendement pour s’imposer á la nation doit faire l’objet d’une participation ouverte á travers la presse , les mairies, les assemblées communales, les hommes de lois et les partis politiques.

Les sénateurs Francesca Lambert et Evalière Beauplan reconnaissant implicitement que le gouvernement est l’émanation du parlement qui le nomme et le révoque , ont mis sur la table des négociations les conditions de sa ratification. Voici les dix conditions avancées :

1-Promulgation de la version amendée de la constitution (priorité #1)
2-Formation du conseil constitutionnel
3-Nomination du conseil électoral permanent
4-Publication de la nouvelle loi électorale
5-Reconduction de la CIRH
6-Réorientation de la MINUSTHA
7-Mise en place légale du projet d’éducation pour tous
8-Renforcement de la diplomatie
9-La révision du mandat de la MINUSTHA
10-La nomination des nouveaux juges á la cour de cassation suivie de l’institution du Conseil Supérieur du pouvoir judiciaire CSPJ
En dehors du premier point, le parlement est implicitement impliqué dans la réalisation de tout le reste .Ce qui suppose toujours une entente aux yeux de l’opinion publique.

Le groupe des 16 en présentant au grand jour son cahier de charge a scoré avant le président parce que de plus en plus, la pression populaire et diplomatique l’ont forcé á ne pas jouer á la manipulation politique et á dévoiler publiquement ses intentions.

Dans le cas de l’amendement de la constitution de 1987, il n’est un secret pour la presse et pour le peuple que son tout premier contenu a été successivement :
-Une version commandée du Président Préval, remaniée par son cabinet.
-Une version manipulée par le CPP devenu INITE á partir des sénatoriales frauduleuses d’avril 2009 Cette version n’avait pas fait l’unanimité dans la quarante huitième

Un travail bâclé, haché, obscur , fait á la va vite , á l’insu du peuple mais avec une célérité qui n’a pas permis le vote de tous les articles enlevés ou modifiés.
-Une version remaniée, violée sacrifiée par des élus de la quarante neuvième ,déjà taillée á l’aune du Parti INITE.

La promulgation de la version amendée a été la condition majeure non exprimée du rejet des deux premiers ministres désignés par le groupe des 16. De plus il y a un projet cache á dessein de réhabilitation de lavalas de 1990 lorsque le sénateur Evalière Beauplan a recommandé au Président Martelly l’idée d’approcher les anciens chefs d’état Aristide et Préval respectivement écartés par l’international et par le peuple pour obtenir leur adhésion á sa politique.

En clair , l’exigence de la promulgation de la version amendée de la constitution 2007 pour ratifier le choix du premier ministre désigné par le groupe des 16 est une tentative de rattraper le pouvoir perdu par laquelle le GPR tente de reprendre á travers une négociation imposée, le projet INITE, avorté avec la proclamation définitive des résultats des élections du 28 novembre 2010.

Voici ce que disent les articles ci-dessous de la constitution :
Article 59:
Les citoyens délèguent l'exercice de la souveraineté nationale à trois (3) pouvoirs:
a) le pouvoir législatif;
b) le pouvoir exécutif;
c) le pouvoir judiciaire.
Le principe de séparation des trois (3) pouvoirs est consacré par la constitution.
Article 59.1:
L'ensemble de ces trois (3) pouvoirs constitue le fondement essentiel de l'organisation de l'Etat qui est civil.
Article 60:
Chaque pouvoir est indépendant des deux (2) autres dans ses attributions qu'il exerce séparément.
Article 60.1:
Aucun d'eux ne peut, sous aucun motif, déléguer ses attributions en tout ou en partie, ni sortir des limites qui sont fixées par la constitution et par la loi.
Article 60.2:
La responsabilité entière est attachée aux actes de chacun des trois (3) pouvoirs.
Article 98.3:
Les attributions sont de l’Assemblée nationale sont:
Article 4) D'amender la Constitution selon la procédure qui y est indiquée;(non respectée)
Article 7)De concourir à la formation du Conseil Electoral Permanent conformément à l'ARTICLE 192 de la Constitution;
Il faut une constitution qui retablisse l’equilibre entre les trois pouvoirs.

Il est grand temps que l’exécutif présente á la nation ses propres conditions pour designer le premier ministre qui devra conduire la politique du parlement. Il y a une hypocrisie délibérément exprimée par la presse qui reconnaît au GPR le droit de violer la constitution pour ériger ses propres barrières constitutionnelles que la présidence de Martelly devra respecter s’il veut symboliquement exercer un pouvoir. Pourquoi associer le cahier de charge du groupe des 16 á la sortie de la réunion avec l’ambassadeur Kenneth Merten ? N’y a –t-il pas une intention cachée de la presse de donner á l’ambassadeur américain la sympathie de cette proposition ?.

Il a été recommandé á la présidence de prononcer un discours á la nation pour présenter les enjeux de la désignation d’un nouveau premier ministre et pour expliquer leurs impacts sur le respect du vote populaire. Le président ne l’a pas fait et a été devancé par le groupe des 16 qui essaie d’en prendre l’avantage. Considérant le rejet de tout ce qui sent Mr Préval par le peuple, le président Martelly peut rattraper le temps politique perdu qui n’est pas eternel. Le président en recevant les différents groupes intéressés avant son discours á la nation a fait le jeu de ces différents groupes d’intérêts. . La plupart de ces groupes n’attendent pas avec la nomination du nouveau gouvernement le changement des conditions de vie de la population, ils attendent les conditions pour faire de l’argent as usual qui ont trop duré.

Le nœud gordien des négociations est l’amendement constitutionnel qu’il faut trancher et non délier. Trancher le nœud Gordien revient á trouver un consensus entre l’exécutif, le parlement et le judiciaire pour reprendre avec les hommes de loi une nouvelle version imposable á la nation.

vendredi 26 août 2011

Subvention des livres scolaires en Haïti : quelle stratégie et quelle méthode?



Daniel Altiné

25 août 2011


Depuis une douzaine d’années, l’État haïtien, à travers le Ministère de l’Éducation Nationale, subventionne, au début de chaque année académique, des livres scolaires en vue de réduire le fardeau des parents et d’améliorer les chances pour des milliers d’enfants de pouvoir aller à l’école ou continuer leur scolarisation.



La pertinence d’un tel programme, par rapport à l’objectif poursuivi et aux besoins, est évidente et n’est pas à démontrer. Nous croyons, cependant, dans un contexte où entre 500,000 et 750,000 enfants d’âge scolaire n’ont pas accès à l’école, où les besoins sont immenses en termes de services sociaux de base (éducation, santé, logement, eau potable, assainissement, etc.), où les ressources publiques sont de plus en plus rares, et où le Président de la République veut instaurer l’éducation universelle gratuite, qu’il y a lieu de questionner la méthode sous-jacente à la pratique actuelle de subvention d’ouvrages scolaires, et de se pencher sur l’efficacité de ce programme.



Du programme actuel de subvention des livres scolaires



La subvention d’ouvrages scolaires, telle qu’elle est pratiquée actuellement, est faite selon une approche DÉPENSE et non d’INVESTISSEMENT. Selon l’approche DÉPENSE, le livre est considéré comme une charge annuelle. Chaque année, l’État haïtien budgétise et dépense des centaines de millions de gourdes pour permettre aux parents d’acheter des livres éligibles moins chers pour leurs enfants. La subvention peut atteindre jusqu’à 75% du prix du manuel. Depuis les débuts, à la fin des années 1990, ce programme n’a pas couvert annuellement 50% des millions d’enfants du niveau primaire. A la fin de chaque année, on fait les comptes, on efface le tableau et on recommence à zéro, sans capitaliser, c’est-à-dire sans permettre à ce que les livres ainsi subventionnés au cours d’une année donnée servent à d’autres enfants les années suivantes.



Avec cette approche, si l’État veut augmenter le taux de couverture, il faudrait augmenter l’effort nécessaire, chaque année, sans la garantie que le résultat sera atteint. C’est un trou sans fond. Cette approche fait l’affaire des éditeurs qui font leur beurre, et voient l’occasion d’augmenter leurs chiffres d’affaires et leurs bénéfices annuels, ainsi que des fonctionnaires corrompus qui y voient l’occasion d’augmenter leurs commissions. Dans un contexte de ressources publiques rares, l’on comprend très bien qu’il n’y aura jamais assez d’argent, avec une telle approche, pour envoyer tous nos enfants à l’école.



De l’approche Investissement de subvention des livres scolaires



Selon l’approche INVESTISSEMENT, le livre est considéré comme un bien, un « capital stock », avec une durée de vie, qui sera amorti dans le temps. Le livre est acquis par l’État haïtien et distribué aux Écoles Accréditées, sur tout le territoire national, faisant partie du Programme. Le livre sera prêté à l’élève par son école, sur une base annuelle, moyennant une somme modique (par exemple, 15 – 25 gourdes pour l’année), nécessaire pour l’amortissement du livre et son remplacement. Le livre est remis à l’école à la fin de l’année académique et peut servir à un autre élève pour l’année suivante, avec un minimum d’entretien (notamment la reliure). En cas de perte seulement, l’élève devra payer une pénalité, soit le coût de rachat du livre. La durée de vie peut varier, dépendamment des spécifications relatives à la reliure et de l’entretien. Avec une durée de vie de cinq ans, un livre donné aurait servi à former cinq enfants, au cours de cette période.



Aux Gonaïves, mes condisciples du Collège Immaculée Conception (CIC), dirigé par les Clercs de St-Viateur, et moi-même avions bénéficié, au début des années 70, d’un système de prêt de livres de la 6ème secondaire à la classe de Rétho, ce qui a permis de maintenir les coûts scolaires à un niveau supportable pour les parents.



Selon l’approche INVESTISSEMENT, l’État haïtien veillerait, de façon stratégique et méthodique, à :



établir, de concert avec les partenaires en éducation, des listes de livres standards à acquérir, pour chacune des années d’enseignement fondamental, dans le cadre du programme académique appliqué à l’échelle national. Ces livres seraient utilisés dans toutes les écoles et les maîtres seraient formés en conséquence ;
acquérir des éditeurs nationaux les livres figurant sur les listes standards ;
distribuer les livres aux écoles accréditées ;
établir les règles pour un système de prêt aux élèves ;
diriger les élèves vers les écoles accréditées, s’ils veulent bénéficier du système de prêt ;
faire exigence aux écoles de maintenir un système d’entretien et une capacité de reliure des livres. Ce qui permettrait de développer un nouveau métier (celui de relieur) et de créer des emplois ;
instaurer un système de reddition de compte par les écoles, moyennant le « reporting », l’inspection et le contrôle des livres distribués.


Après l’investissement initial, l’État haïtien programmerait des achats annuels de livres en vue de : 1) remplacer les livres amortis ; et 2) augmenter ou développer le stock de livres ; afin de permettre d’assurer la couverture et de maintenir la capacité du système à continuer à desservir les besoins des élèves entrants.



De l’efficience et de l’efficacité de l’approche Investissement de subvention des livres scolaires



En contexte de rareté des ressources, une gestion est dite optimale si l’on acquiert les ressources de façon économique et qu’on les gère avec efficacité et efficience. L’acquisition des livres de façon économique commande que l’État rationalise, moyennant l’établissement de listes de livres standards appliquées par toutes les écoles dans le cadre d’un programme académique standard national, de spécifications relatives à l’édition des livres, et d’un processus de passation de marchés publics transparents devant permettre de créer de la valeur pour le système éducatif.



L’instauration d’un système de prêt de livres aux élèves augmentera la rentabilité économique et sociale des livres. Ainsi, le système permettra de couvrir et d’instruire plus d’élèves avec les ressources disponibles, et sera donc plus efficace.



Même considération pour les uniformes



Il n’y a aucune raison pour qu’en Haïti, pays au faible pouvoir d’achat, chaque école ait son uniforme. Cette approche différenciée coûte cher aux parents et à la société. Dans certains pays, les écoles ont le même uniforme, et la différenciation est faite au moyen d’un écusson détachable, représentant une école donnée.



Le premier avantage d’un tel système est de permettre la fabrication en série des uniformes scolaires, avec un impact considérable sur leur coût de fabrication, mais surtout de développer la capacité et l’expérience de petites et moyennes entreprises dans la fabrication en série. Un élève, en grandissant, peut laisser son uniforme à son école, pour servir à un plus jeune. De cette façon, et encore plus si les uniformes sont subventionnés, la rentabilité sociale des uniformes se retrouverait augmentée.



En guise de conclusion



En Haïti, nous avons tendance, quand il s’agit d’aborder la problématique de l’éducation, encore plus depuis que l’on considère l’éducation universelle gratuite, à en faire d’abord une question de moyens financiers, au lieu de gestion et de bon sens. Nous croyons que le pays peut disposer de plusieurs milliards par année et ne pas être en mesure de scolariser plus d’enfants, avec le déficit que l’on connaît de 500,000 à 750,000. Nous croyons que, plus qu’une question de moyens, il s’agit plutôt de stratégie, de créativité, de méthode et de rationalité, par rapport au problème posé : « Comment envoyer plus d’enfants à l’école avec des ressources désespérément rares et limitées ? ».



lundi 22 août 2011

1986 versus 2011 et la sortie de crise

1986 versus 2011 et la sortie de crise
Michel William
22/08/2011

La situation socio économique qui prévaut après le départ de Mr Préval de la présidence en 2011 s’apparente á celle qui existait après celui de Jean Claude Duvalier en 1986. Dans les années 1980 , il y a eu un soulèvement général de la population contre la violation de ses droits fondamentaux, droits politiques, droit au travail, droit á la santé, droit á l’éducation, droit á la justice, droit á la sécurité alimentaire, droit á la parole, qui avaient poussé les haïtiens á se révolter contre un régime politique vieux de trente ans, qui ne pouvait satisfaire aucune de ses revendications . Dans l’imaginaire collectif, le régime lavalassien remonterait á 1986 et nom á 1990 qui marque non seulement la fin d’un régime dictatorial, mais aussi le démarrage d’un régime d’espoir en quête d’ancrage avec l’ élection de Jean Bertrand Aristide á la présidence de la république. Du point de vue socio économique , la situation des droits de l’homme, á l’exception du droit de la parole qui reste un butin de guerre du peuple haïtien, au lieu de s’améliorer, s’est empirée de 1986 á 2010. Les services essentiels qui relevaient des attributions de l’état et qui donnaient tant bien que mal un minimum de services á la population sont réduits á leur plus simple expression .Ils ont été littéralement remplacés par ceux fournis par les ONG qui reçoivent un budget neuf fois supérieur á ceux alloués á l’administration publique .Les ONG ont déçu la population qui se plaint de la volatilité des services offerts .La population vit amèrement le mauvais fonctionnement des services de l’état dont la présence des édifices publics délaissés évoque leur vocation á subsister aux épreuves de la politique .

Vingt six ans de services aux rabais des ONG soutenus par le gouvernement des lavalassiens ont dessillé les yeux de la population qui s’est désolidarisée de la majorité des élus ayant cautionné le fonctionnement de ces régimes. Après vingt six années de pouvoir axés sur des promesses non tenues , une situation généralisée d’insatisfaction chez les jeunes et vieux a crée un besoin de changement radical sinon un renouvellement systématique du personnel politique. La présence de la MINUSTHA a bloqué nos leaders politiques traditionnels dans la canalisation de ce vent de changement. Leur participation aux différents gouvernements de Mr Aristide et de Mr Préval les en a enlevé aussi l’audace. Comme tous les projets du président Préval sont intégrés, il aboutissaient á l’accélération de la perte de crédibilité de nos leaders dans des élections truquées á l’avance qui les réservaient des scores ridicules.

Les deux situations 1986 et 2011 se différent du point de vue politique. Alors que du point de vue de liberté de la parole, le régime des Duvalier opprimait visiblement la population ,la presse et les leaders de l’opposition, celui des lavalassiens laissait au peuple ce droit acquis mais en réduisait considérablement la portée. Il se bouchait les oreilles aux revendications du peuple, éliminait physiquement par le biais des gangs organisés les leaders politiques, ou en achetait leur silence par la corruption au sommet.

La MINUSTHA, envoyée par le conseil de sécurité pour stabiliser la vie politique dans un pays où le motif de la déstabilisation est le chômage et son corollaire la misère, a produit le résultat inverse. Elle a renforcé le climat propice á la déstabilisation des institutions du pays en souscrivant de par sa nature á la collaboration avec les gouvernements et avec les ONG pour justifier sa présence. Chaque fois que le mécontentement populaire donne des signes d’essoufflement et se prépare á renverser la situation, les Nations Unies ont toujours pris les devant et appuyé le président Préval dans son projet caché de continuité en souscrivant á toutes les élections magouilles qui ont culminé avec le maintien du même personnel politique á l’origine de la frustration populaire, 2001, 2006, 2009 et 2011. Le régime des lavalassiens a dominé la vie politique du pays pendant vingt six ans. C’est un régime également épuisé par le temps qui n’a rien á offrir á la nation que la décomposition des institutions et la corruption. Les Nations Unies et la famille du GPR ne l’entendaient de cette oreille. Le changement devra se faire par les élections .Quelles élections !

La MINUSTHA, supra entité politique et militaire , prise aux pièges du projet opaque du président Préval de maintenir une continuité rejetée par le peuple, a fait basculer le pays dans l’instabilité en étant á l’origine de l’émergence en 2011 de deux forces politiques inégales : Une présidence faible, jouissant de la légitimité du vote, l’autre législative du bloc des GPR, jouissant d’une majorité de facto dépourvue de légitimité .

Au début de mai 2011, le GPR fort de sa majorité parlementaire de facto, a cousu un amendement constitutionnel qui, s’il est passé, consacrera la mort née du pouvoir de la présidence de Martelly et le sauvetage du projet de continuité boycottée par l’intrusion de ce dernier . La lutte entre la présidence et le GPR est une lutte dont les objectifs sont très précis et différents. Du coté de la présidence on cherche l’équilibre du pouvoir astucieusement manipulé dans la constitution, du coté du GPR, on cherche la constitution d’un pouvoir d’assemblée qui trouve sa consolidation dans l’acceptation de l’amendement verrouillé de la constitution. Le GPR cherche un pouvoir constitutionnel á vie. Le blocage de la désignation du premier ministre est lié á la ratification d’un gouvernement qui ne fera pas obstacle á la promulgation de la version amendée de la constitution et au contrôle des élections á venir. La presse intimidée inutilement par l’animation bravo de l’artiste devenu président, au lieu de projeter dans l’opinion publique naïve le jeu habile du GPR, semble voir noir et faire le jeu de ce dernier qui brouille les cartes en prêtant au président l’intention de porteur d’un projet fasciste qui serait en réalité une tentation de l’INITE.

Comment sortir de la présente crise ?

-Il est suggéré au président l’organisation d’une matinée présidentielle sympathique de la presse qui réunirait la majorité des journalistes haïtiens dans le but de désamorcer la grenade á retardement que constituaient certaines déclarations antérieures confuses. Elle aura créé un nouveau climat de confiance qui rassure nos travailleurs du micro et de la plume. Je ne le cache pas. J’ai peur de certains éditoriaux.
-Les Nations Unies étant á l’origine de la confusion électorale et de la constitution de ces deux forces politiques inégales, doivent être aussi l’entité politique devant accompagner les dites forces dans la recherche de la solution á la crise. Pour éviter d’être accusées de pro ou contre l’une des deux parties, les Nations Unies inviteront á la table des négociations la société civile qui défendra la pertinence des intérêts immédiats de la nation noyés momentanément dans les dilatoires.
Au menu de ces négociations seraient inscrits du coté de la présidence les point suivants :
1-L’obligation pour tous les points inscrits dans l’agenda de négociation de respecter la volonté populaire exprimée dans le vote présidentiel.
2-La refonte de la version amendée de la constitution avec la participation large de la population avec droit de dissolution du parlement á cote du maintien de droit du parlement de ratification et de révocation du gouvernement
3-La création immédiate d’une nouvelle force armée á coté de la police nationale
4-La fusion du ministère de l’Environnement avec la création de la nouvelle force armée
5-La participation du GPR dans le gouvernement au niveau des ministères qui doivent apporter les services techniques á la population avec des titulaires qui n’ont pas déjà servi au timon de ces ministères
6-La création du conseil constitutionnel
7-La création d’une banque autonome de développement au capital de base de 1milliard de gourdes dont 1/10 viendra du gouvernement haïtien pour organiser le crédit á la production.
8-Le vote immédiat de la loi sur la décentralisation et des collectivités
9-La nomination de juges sur la base d’élection, la mise en place du conseil interdépartemental et celle du conseil électoral indépendant permanent.
10-Le renforcement des institutions publiques et un nouveau rôle dévolu aux ONG.
12-L’organisation des élections pour le renouvellement du tiers du sénat
13-L’élection des maires et des casecs pour renouveler le personnel politique du pouvoir local
michelwilliam1000@hotmail.com

lundi 15 août 2011

Quid de la formation d’un gouvernement intérimaire par décret


Michel William
michelwilliam1000@hotmail.com

Depuis le 14 mai 2011, le président Martelly se démêle avec un gouvernement démissionnaire qui ne peut engager par devant la nation et l’international aucun accord, aucun traité aucune nouvelle activité qui réclame une loi ou un financement du budget de la république sans l’approbation du parlement haïtien. Ce gouvernement qui expédie les affaires courantes est celui qui fonctionne avec l’administration et les forces politiques alliées de Mr Préval . Le sénat majoritaire du groupe des 16 n’a pas accepté la conformité technique des pièces de Maitre Bernard Gousse parce que le faisant, il dit craindre que, si la chambre basse en venait á faire de même, le président utilisant ses pouvoirs réglementaires , pourrait prendre un décret qui autorise le PM á se présenter devant le parlement pour faire sa déclaration de politique générale .Il craint qu’en cas de rejet de cette déclaration de politique générale, le dit gouvernement ne reste trop longtemps en place pour liquider les affaires courantes et ne constitue un pouvoir sur lequel le parlement n’aurait aucun contrôle. C’est une possibilité.

En clair le parlement joue en faveur du maintien tacite du gouvernement démissionnaire de Mr Bellerive jusqu'à la ratification d’un nouveau gouvernement, á parfum et á visibilité de continuité, impossible á prévoir. La formation de ce gouvernement avec le partage des prérogatives de l’exécutif qui y est conditionnel peut signer la condamnation á mort du pouvoir de Martelly. A l’opposé, Mr Martelly , peut également soutenir qu’il ne peut pas accepter á l’infini le maintien d’un gouvernement d’opposition illégal aussi longtemps que le parlement joue politique et manipule une administration dont il est coresponsable des insuffisances. De préférence, Mr Martelly a besoin d’avoir les coudées franches d’un gouvernement même intérimaire pour avancer dans son programme de changement.

Les exemples suivants illustrent , s’il en était besoin , la complexité politique de la situation et l’opportunisme des anciens grands commis au regard des institutions qu’ ils étaient appelés á créer mais qu’ils n’ont pas faites pour gouverner dans la continuité sans s’exposer á des velléités de poursuites des nouveaux occupants.
-La majorité des conseillers électoraux provisoires ont été révoqués, ou amenés á rechercher la protection des ambassades pour éviter d’être arrêtés ou se faire tués pour compromissions faites avec ou contre le pouvoir présidentiel des vingt dernières années. Le dernier président du conseil électoral qui se dit passible seulement de la haute cour de justice n’avait pas hésité á traduire un des leurs devant le parquet de Port-au-Prince pour détournement alors qu’aujourd’hui il est accusé de corruption . Existerait-il une application constitutionnelle de deux poids deux mesures pour chacun des conseillers?

-Une réponse á maitre René Julien , á l’émission de moment vérité de samedi 13 Aout de Signal FM, du sénateur Anacasis á qui était demandé d’expliquer la dimension extraordinaire du problème prioritaire, qui aurait justifié la nomination de 21 consultants tirés exclusivement de la quarante huitième , au même moment par le ministre de l’intérieur ,a craché la vérité politique toute nue « l’urgence d’élections pour des consultants candidats á leur propre succession » Que cache cette déclaration ?

-Un commissaire du gouvernement convoque un ministre de l’intérieur qui se fait accompagner du ministre de la justice A.I, l’employeur du commissaire, premier ministre par surcroit et du président de la chambre des députés pour répondre des accusations de corruption citées plus haut. Inédit ! Comme pour prolonger le spectacle déshonorant des institutions ,le sénat a trouvé bien de convoquer cette fois le ministre A.I de la justice (premier ministre) en compagnie du même commissaire ai du parquet , pour donner la réplique politique á ce dernier.

Voilà les responsables et membres des institutions du pouvoir de la continuité avec lesquels Mr Martelly doit trouver une « compromission » L’Article 136 de la constitution dit : Le Président de la République, Chef de l'Etat, veille au respect et à l'exécution de la Constitution et à la stabilité des Institutions. Il assure le fonctionnement régulier des Pouvoirs Publics ainsi que la continuité de l'Etat.
Comme la constitution de 1987, même violée par tous les présidents haïtiens de 1987 á 2011 , reste aussi le seul acte légal qui donne au président des pouvoirs réglementaires pour corriger certaines défaillances , il serait peut être logique de penser que le président peut prendre des décrets pour débloquer uniquement des situations d’urgence . Le Président Préval n’avait il pas obtenu une loi de prolongation de mandat inconstitutionnel après avoir prolongé antérieurement celui des sénateurs et des députés de façon á bénéficier de trois mois supplémentaires pour gérer ses élections et faire passer á la volée son amendement vicié de la constitution ?. Martelly n’a pas besoin de répéter les prevaleries pour trouver une issue á la crise du blocage politique .Il suffit qu’au niveau de la présidence et du parlement on recherche le dépassement de soi, les activateurs humains de choix, le regard tourné vers l’avenir et non vers le passé, pour y trouver une sortie heureuse.
Pour le moment les passions sont trop exacerbées pour trouver un premier ministre qui puisse faire le compromis en évitant la compromission. Le président Préval a laissé un héritage politique lourd d’hypothèques. L’évocation á longueur de journée d’un programme commun de gouvernement est un alibi dont aucun des responsables politiques ne croit l’opportunité de l’exécution avec le financement incertain de l’international. On devrait penser á un décret pour nommer un gouvernement intérimaire, pour trois mois, le temps nécessaire pour que la présidence et le parlement trouvent un modus operandi avec le concours de toutes les autres forces politiques, économiques et diplomatiques pour résoudre la crise. Cette initiative appartiendrait au président de la république qui doit en consultation avec les deux présidents d’assemblée et ceux des commissions des deux chambres, établir la portée de ce décret. Il faut un accord politique minimum .Ce décret présidentiel pourrait être la base légale de cet accord politique. C’est á mon humble avis , le sens á donner á l’option ouverte de gouverner par décret qu’a laissée tomber le président Martelly. Je serais plus porté á croire et á faire croire que cette déclaration était un lapsus regrettable qu’il faille que son porte parole tente de fignoler. Cette déclaration ne devrait pas justifier la levée des boucliers des parlementaires qui savent très bien que cette option n’est pas ouverte et ne sera jamais ouverte avec la présence des forces de stabilisation de la MINUSTHA qui gèrent l’apparence de stabilité politique et aussi le fric.
michelwilliam1000@hotmail.com

vendredi 12 août 2011

Clarens, tel qu’en lui-même…


Claude Moïse
Montréal, 9 août 2011

Clarens est parti. La nouvelle de son décès m’a surpris et consterné. Une collaboration professionnelle active de cinq ans, faite de respect mutuel et d’échanges affectueux marque une vie, la mienne, si longue soit-elle. Mais un segment de vie d’une grande densité, de 2004 à 2009, celui de l’aventure exaltante du Nouveau Matin où j’ai eu le privilège de m’engager à côté de gens de qualité. Clarens en était et pas des moindres.

Il est arrivé tranquillement au nouveau Matin, succédant à Gary Victor et transportant avec lui ses souvenirs, son savoir-faire, ses méthodes, sa pédagogie de rédacteur en chef acquis au Matin, l’ancien de la rue Américaine à Port-au-Prince. Sabine Manigat l’appelait le Père tranquille. Il était pourtant loin d’atteindre l’âge qui va généralement avec un tel profil. Au contact de l’homme, c’était cependant l’impression qu’il laissait tant il avait la posture, la démarche, le regard doux, parfois amusé, de celui qui a tant vu, tant entendu et compris tant de choses.

Il avait une écriture limpide, une plume alerte, fluide et incisive à la fois. Mais quand on lui demandait de commenter l’actualité, il souriait ; pas la peine d’insister. Quand il se résignait à produire un texte, il refusait de le signer. Souvent, trop souvent, il réécrivait celui des autres. Il avait plutôt la fibre de l’éditeur, pas l’âme de l’éditorialiste. Il ne pouvait pourtant pas se passer des chroniques, éditos et analyses de nos collaborateurs. Il fallait le sentir – on ne pouvait pas le voir – trépigner d’inquiétude à attendre la copie de Sabine, de Jacques Roche, de Kesner Pharel, de Lyonel Trouillot, de Patrice Dumont ou de Roody Edmé. À moi, il chuchotait : « Alors Claude, qu’est-ce que tu donnes aujourd’hui ? »

Son bureau était une école. Sans en avoir l’air, il a formé plusieurs jeunes. Il fallait les voir agglutinés autour de celui que tout le monde appelait affectueusement Le rédacteur. Ils attendaient ses instructions, ses ordres de mission, posaient des questions, prenaient des notes. Il leur apprenait, comme disaient nos grand-mères, à faufiler d’abord, coudre ensuite. Il les envoyait sur le terrain, suivait parfois leur itinéraire au téléphone et attendait leur retour pour un produit qui tarde à venir et dont il savait qu’il aurait fort à faire pour en venir à bout. Et là, il besognait, raturant, reformulant, polissant. Se déplaçant de temps en temps vers le bureau de Danice Joachim, le graphiste en chef, pour prendre de l’avance. Boucler l’édition demande du temps, et le temps lui faisait la guerre. Pour lui, il n’était pas question que le journal ne paraisse pas. Le circuit de la production à la diffusion était long et compliqué. Alors, beau temps, mauvais temps, insécurité ou non, il ne bougeait pas, travaillant tard dans la nuit, jusqu’à deux, trois heures du matin. Nicole Siméon, secrétaire de rédaction, le gourmandait ; je lui faisais remarquer qu’il ne pouvait pas continuer longtemps à combler toutes les défaillances. En tête-à-tête, il me détaillait toutes les difficultés; on se lamentait et lui de m’interpeller : « Sais-tu, Claude, qu’il y a des trous qu’on ne comble pas ? Alors on fait mieux de passer à côté. »

Je n’oublie pas que l’on avait relancé le quotidien à une période de grande ébullition nationale, où l’insécurité avait atteint une effroyable poussée de barbarie. Nous avons vécu au cours des années 2004 et 2005 les pires moments de criminalité : progression foudroyante du kidnapping, assassinats fréquents, histoires d’horreur répandues ici là. La panique gagnait Port-au- Prince. Clarens ne dérogeait pas. Quand en juillet 2005 Le Matin a été frappé de plein fouet par l’enlèvement et la séquestration de Jacques Roche, c’était à lui, Clarens, qu’on recourait pour mener les négociations avec les ravisseurs. Calme, rassurant au téléphone, il se voulait persuasif auprès de son interlocuteur anonyme. Et nous autour de lui, confiants, nous attendions le mot qui nous délivrerait de cette insupportable angoisse. Mais il ne disait pas plus que ce qu’il croyait pouvoir nous calmer. Jusqu’à ce jour fatidique du 14 juillet où s’est répandue la nouvelle de la découverte du cadavre de Jacques horriblement mutilé. Alors à l’immense cri de douleur et de rage s’élevant des locaux du journal, Clarens répondait par un silence stupéfait. Je l’ai vu prendre sa tête dans ses mains et se courber sur son bureau. Il souffrait. C’était son échec, notre échec. Il m’avouera plus tard nous avoir tu ce qui lui déchirait les entrailles : les suppliques et les cris d’épouvante de Jacques soumis à la torture. Nous avions plusieurs fois évoqué cette période. Je le trouvais triste, mais il l’était avec dignité. J’avais finalement appris à ne pas le « secouer », car, pour paraphraser l’écrivain et journaliste Henri Calet, je soupçonnais que son corps était rempli de larmes.

Il y avait beaucoup à apprendre du labeur opiniâtre de ce forgeron du Matin. Beaucoup à comprendre de cet homme des grands-fonds dont la pensée « prend racine dans le sol nu de la vie ». Ce collaborateur-là, je l’admirais ; cet homme-là, je l’aimais parmi tous ceux qui, dans notre pays naufragé, dans notre société à haute intensité d’aliénation, savent ce qu’il faut de courage pour garder espoir et d’espoir pour prendre courage. De la foi aussi, celle de Clarens qui n’était pas une certitude, mais un rêve qui permet de vivre d’espérance.


lundi 1 août 2011

La crise idéologique du capitalisme occidental

La crise idéologique du capitalisme occidental
www.lecercle.lesechos.fr
Par Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d'Economie
Wednesday, July 27, 2011 2:03 PM

Les problèmes de l'économie américaine auraient dû apprendre aux Américains (et à d'autres) qu'il faut plus d'égalité, plus de régulation et un meilleur équilibre entre le marché et l'Etat. Au lieu de cela, les économistes néolibéraux menacent à nouveau l'économie mondiale, et au minimum l'Europe et les Etats-Unis.

NEW-YORK – Il y a seulement quelques années, une idéologie à la mode - la croyance dans l'efficacité de l'économie de marché libre de toute entrave - a mené la planète au bord de la ruine. Même à son apogée, entre le début des années 1980 et 2007, le capitalisme américain orienté vers la dérégulation n'a permis qu'à une poignée de gens, les plus fortunés du pays le plus riche de la planète, de s'enrichir encore davantage. En réalité, durant les 30 ans de montée en puissance de cette idéologie, année après année, le revenu de la grande majorité des Américains a stagné ou baissé.
La croissance de l'économie américaine n'avait pas de caractère durable. Elle ne pouvait se prolonger qu'au moyen d'une consommation financée par une montagne de dettes toujours croissante, une grande partie du revenu national bénéficiant uniquement à une petite minorité.

Je faisais partie de ceux qui espéraient que la crise financière apprendrait aux Américains et à d'autres une leçon sur la nécessité de plus d'égalité, plus de régulation et un meilleur équilibre entre le marché et l'Etat. Malheureusement cela n'a pas été le cas. Bien au contraire, une résurgence des idées économiques de droite, suscitée comme toujours par des considérations idéologiques et la défense d'intérêts particuliers, menace à nouveau l'économie mondiale - ou à tout le moins l'économie de l'Europe et de l'Amérique où ces idées continuent à prospérer.

Aux USA, cette résurgence droitière qui nie les lois fondamentales des mathématiques et de l'économie menace d'entraîner le pays à la faillite. Si le Congrès décide de dépenses qui dépassent les revenus, le budget connaîtra un déficit, un déficit qu'il faudra financer. Plutôt que de comparer les programmes de dépenses publiques avec le coût d'une hausse d'impôt pour les financer, la droite veut agir sans discernement. Refuser toute hausse de la dette publique contraint à financer les dépenses exclusivement par la fiscalité.

Cela ne répond pas à la question de savoir quelles dépenses doivent être prioritaires. Si le payement des intérêts de la dette publique ne l'est pas, un défaut est inévitable. Par ailleurs une baisse des dépenses en ce moment, en pleine crise due à une idéologie qui soutient aveuglement l'économie de marché, va prolonger le ralentissement.

Il y a 10 ans, au milieu d'un boom économique, les USA avaient un tel excédent qu'il pouvait pratiquement combler la dette publique. Des réductions d'impôt et des guerres inappropriées, une récession majeure et la hausse des dépenses de santé publique (alimentées en partie par l'administration Bush qui voulait donner toute liberté à l'industrie pharmaceutique pour fixer les prix, alors que l'argent public était en jeu) a rapidement transformé un large excédent en un déficit record en temps de paix.
Cette situation indique comment remédier au déficit américain : il faut remettre le pays au travail en stimulant l'économie, mettre fin à des guerres stupides, limiter les dépenses militaires, brider le prix des médicaments et enfin augmenter les impôts, au moins pour les plus riches. Mais la droite ne veut rien de tout çà et réclame au contraire davantage de baisses d'impôt pour les entreprises et les contribuables les plus riches, ainsi qu'une baisse des dépenses d'investissement et de protection sociale, ce qui mettrait en danger l'avenir de l'économie américaine et réduirait à rien ce qui reste du contrat social. En même temps le secteur financier américain exerce un maximum de pression pour échapper à toute réglementation, de manière à revenir à la situation antérieure alors même qu'elle conduit au désastre.
La situation est à peine meilleure en Europe. Alors que la Grèce et d'autres pays de l'UE sont confrontés à une crise de la dette, la solution en vogue consiste simplement à les pousser à adopter des mesures d'austérité et de privatisation auxquelles on a tant eu recours dans le passé, avec pour seul effet de rendre les pays concernés plus pauvres et plus vulnérables. Cette politique a échoué en Asie de l'Est, en Amérique latine et ailleurs et elle échouera aussi en Europe - d'ailleurs elle a déjà échoué en Irlande, en Lettonie et en Grèce.

Il existe une alternative : une stratégie de croissance soutenue par l'UE et le FMI. La croissance donnerait l'espoir que la Grèce remboursera sa dette, de ce fait les taux d'intérêt baisseront et l’Etat aura plus de latitude pour faire des investissements stimulant la croissance. La croissance en elle-même accroît les revenus fiscaux et réduit les dépenses sociales telles que les indemnités de chômage. Et la confiance retrouvée dope encore davantage la croissance.
Malheureusement les marchés financiers et les économistes de droite prennent le problème à l'envers : ils croient que l'austérité va générer la confiance et que la confiance va générer la croissance. En réalité l'austérité mine la croissance, ce qui affaiblit la position budgétaire de l’Etat ou à tout le moins se traduit par une amélioration bien moindre que celle promise par les partisans de l'austérité. Quoi qu'il en soit, la confiance est ébranlée, ce qui met en mouvement une spirale descendante.

Avons-nous besoin d'une autre expérience qui sera chère payée si nous appliquons des idées qui ont déjà échoué à de multiples reprises ? Si l'Europe ou les USA ne parviennent pas à restaurer une croissance saine, cela aura des conséquences négatives pour toute l'économie mondiale. Si les deux échouent ce sera désastreux - même si les principaux pays émergents atteignent une croissance durable. Malheureusement si la sagesse ne l'emporte pas, c'est la direction vers laquelle se dirige le monde.-

Copyright: Project Syndicate, 2011.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz


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The Ideological Crisis of Western Capitalism
The US economy's troubles should have taught Americans (and others) that they need greater equality,stronger regulation, and a better balance between the market and government. Instead, resurgent right-wing economics once again threatens the global economy – or at least Europe and America.

NEW YORK – Just a few years ago, a powerful ideology – the belief in free and unfettered markets – brought the world to the brink of ruin. Even in its hey-day, from the early 1980’s until 2007, American-style deregulated capitalism brought greater material well-being only to the very richest in the richest country of the world. Indeed, over the course of this ideology’s 30-year ascendance, most Americans saw their incomes decline or stagnate year after year.

Moreover, output growth in the United States was not economically sustainable. With so much of US national income going to so few, growth could continue only through consumption financed by a mounting pile of debt.

I was among those who hoped that, somehow, the financial crisis would teach Americans (and others) a lesson about the need for greater equality, stronger regulation, and a better balance between the market and government. Alas, that has not been the case. On the contrary, a resurgence of right-wing economics, driven, as always, by ideology and special interests, once again threatens the global economy – or at least the economies of Europe and America, where these ideas continue to flourish.

In the US, this right-wing resurgence, whose adherents evidently seek to repeal the basic laws of math and economics, is threatening to force a default on the national debt. If Congress mandates expenditures that exceed revenues, there will be a deficit, and that deficit has to be financed. Rather than carefully balancing the benefits of each government expenditure program with the costs of raising taxes to finance those benefits, the right seeks to use a sledgehammer – not allowing the national debt to increase forces expenditures to be limited to taxes.

This leaves open the question of which expenditures get priority – and if expenditures to pay interest on the national debt do not, a default is inevitable. Moreover, to cut back expenditures now, in the midst of an ongoing crisis brought on by free-market ideology, would inevitably simply prolong the downturn.

A decade ago, in the midst of an economic boom, the US faced a surplus so large that it threatened to eliminate the national debt. Unaffordable tax cuts and wars, a major recession, and soaring health-care costs – fueled in part by the commitment of George W. Bush’s administration to giving drug companies free rein in setting prices, even with government money at stake – quickly transformed a huge surplus into record peacetime deficits.

The remedies to the US deficit follow immediately from this diagnosis: put America back to work by stimulating the economy; end the mindless wars; rein in military and drug costs; and raise taxes, at least on the very rich. But the right will have none of this, and instead is pushing for even more tax cuts for corporations and the wealthy, together with expenditure cuts in investments and social protection that put the future of the US economy in peril and that shred what remains of the social contract. Meanwhile, the US financial sector has been lobbying hard to free itself of regulations, so that it can return to its previous, disastrously carefree, ways.

But matters are little better in Europe. As Greece and others face crises, the medicine du jour is simply timeworn austerity packages and privatization, which will merely leave the countries that embrace them poorer and more vulnerable. This medicine failed in East Asia, Latin America, and elsewhere, and it will fail in Europe this time around, too. Indeed, it has already failed in Ireland, Latvia, and Greece.

There is an alternative: an economic-growth strategy supported by the European Union and the International Monetary Fund. Growth would restore confidence that Greece could repay its debts, causing interest rates to fall and leaving more fiscal room for further growth-enhancing investments. Growth itself increases tax revenues and reduces the need for social expenditures, such as unemployment benefits. And the confidence that this engenders leads to still further growth.

Regrettably, the financial markets and right-wing economists have gotten the problem exactly backwards: they believe that austerity produces confidence, and that confidence will produce growth. But austerity undermines growth, worsening the government’s fiscal position, or at least yielding less improvement than austerity’s advocates promise. On both counts, confidence is undermined, and a downward spiral is set in motion.

Do we really need another costly experiment with ideas that have failed repeatedly? We shouldn’t, but increasingly it appears that we will have to endure another one nonetheless. A failure of either Europe or the US to return to robust growth would be bad for the global economy. A failure in both would be disastrous – even if the major emerging-market countries have attained self-sustaining growth. Unfortunately, unless wiser heads prevail, that is the way the world is heading.

Joseph_E_Stiglitz

Pour Gérald Mathurin : Pourquoi tombent les feuilles?

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