jeudi 17 octobre 2013

Les dessous abyssaux de la mesure prise par la cour constitutionnelle dominicaine


Les dessous abyssaux de la mesure prise par la cour constitutionnelle dominicaine

Michel William

9 Octobre 2013

Au delà des réactions spontanées  des haïtiens de l’intérieur et de l’extérieur du pays á la décision souveraine  de l’état dominicain d’expulser de son territoire  des sujets dominicains d’origine étrangère  á partir des années  de  1929, il convient d’éclairer la lanterne  des analystes sur certains points qui méritent des réflexions  plus approfondies.

 Du nazisme pur et simple
Le premier point est la question de savoir   ce que le gouvernement  haïtien a á voir avec une décision de l’état dominicain d’expulser de son territoire des sujets dominicains. La réponse est claire. L’état haïtien  n’a rien á y voir directement. L’état haïtien aurait une raison officielle  de protestation si l’état dominicain décidait de son propre gré  que  les expulsés  étaient des haïtiens á part entière  et comme tels les aurait  refoulés vers la république d’Haïti. La perte de la nationalité dominicaine par des sujets dominicains causée  par une décision de la cour constitutionnelle dominicaine est une affaire  dominicaine qui regarde les dominicains. Elle a un caractère  nazisme. Etant donné  que 230.000 votes de ces dominicains peuvent faire basculer le résultat d’une élection  dans un sens que les mulâtres dominicains  ne veulent pas, cette mesure est  prise par les politiciens racistes pour empêcher que des votes noirs aillent aux  candidats  noirs au moment des  législatives et des présidentielles dominicaines. Elle fait suite á des mesures traditionnelles de déportation  des haïtiens et des dominicains légaux ou illégaux  en Haïti chaque fois que la république dominicaine veut créer des embarras politiques au gouvernement haïtien.

Une nouvelle Afrique du Sud aux Caraïbes
Cette mesure a pour but  aujourd’hui de créer  une  nouvelle Afrique du sud dans le  continent américain ou un Israël de la Caraibes, avec la mise en place d’une nouvelle bande  de GAZA en territoire dominicain où  des sujets dominicains de couleur noire  seraient parqués comme des bêtes de somme et où ils seraient forcés de mener  une vie de paria á  cause de la décision stupide  d’un groupe de politiciens dominicains  fascistes de constituer sur leur territoire une enclave  dominicaine victime d’une situation d’apartheid. Les nouveaux palestiniens de la république dominicaine  y seraient cloitrés pour de bon  .Ils y  mèneraient une vie de dominicains persécutés  où pour survivre, ils commenceraient á  conduire un ensemble d’actions terroristes qui auraient pour effet de déstabiliser la vie politique dominicaine , de détourner le flux touristique vers la République dominicaine et de troubler la paix publique dans ce  pays.

Barrer la route à un autre Pena Gomez
Le sort de ces citoyens dominicains interpelle au premier chef   l’état dominicain qui joue avec le feu  et la presse internationale qui devra  mobiliser  l’opinion internationale  sur le fait que ces dominicains  ont simplement commis  le tort d’avoir une souche noire  dans leur  lignée. Rappelons á  cet effet que les présidents dominicains  Leonidas Trujillio et Ulysse Hérault qui eurent á   diriger la république voisine dans le temps  étaient d’origine  haïtienne. Il faudrait aussi noter que le très brillant intellectuel et homme politique, président du parti révolutionnaire dominicain, maire de Santo Domingo, et candidat présidentiel aux élections  dominicaines, Franscisco Pena  Gomez ,  était aussi un citoyen dominicain d’origine  haïtienne. Il  allait gagner les élections présidentielles dominicaines  n’eut été une  magouille  du président Balaguer  avec un autre parti  politique dominicain  pour lui barrer la route.

Dans le cas d’espèces  que constitue  la décision souveraine de la république voisine  de retirer la nationalité aux citoyens dominicains d’origine étrangère , il s’agit de la volonté manifeste d’un groupe de réactionnaires dominicains  de bloquer l’exercice des droits civils et politiques  á  une frange  noire de la population de la république dominicaine .

Une déclaration  de guerre
Cette  mesure  d’apparence légale pour le judiciaire dominicain  ne saurait avoir d’effet rétroactif  condamné par la justice internationale. Cette décision rappelle au monde entier la décision d’Hitler d’enlever aux juifs allemands la nationalité allemande et le génocide de cette race dans les camps de concentration juive en Sibérie. Cette décision est une déclaration de guerre de l’état dominicain contre une partie de ses concitoyens. Elle constitue un crime contre l’humanité et, á  ce titre, les responsables dominicains doivent être traduits  par devant  le  tribunal pénal international pour répondre de leur forfaiture. Par cette mesure, la cour constitutionnelle dominicaine vient de porter un coup déshonorant á  la diaspora mondiale et á la communauté noire du monde.

Une insulte aux USA
C’est une insulte á  la république étoilée  présidée aujourd’hui par un afro américain  Barack Obama  et par une première dame noire , Michele Obama , qui peuvent  voir d’un autre œil la diplomatie dominicaine..C’est un mépris total pour les noirs du continent africain dont les gouvernements doivent rappeler leurs ambassadeurs en république dominicaine pour explication et convoquer les ambassadeurs dominicains accrédités dans les pays africains pour fournir des explications  sur la déraison criante  du judiciaire dominicain. Cette décision de la cour constitutionnelle dominicaine peut être un coup fatal porté á  l’industrie  touristique dominicaine  qui lui fournit 25% de son PIB.

Quoiqu’il en soit , la  solution  du problème créé par cette mesure  se trouve d’abord  entre les  mains des  deux cents á  deux cent vingt trois   mille dominicains immédiatement concernés  qui doivent déclencher la mobilisation générale en république dominicaine  pour porter le pouvoir dominicain á  respecter  leurs droits de citoyens dominicains. Ils doivent livrer un combat sans merci pour gagner á  leur cause  la solidarité agissante  du reste de la population dominicaine toute entière et celle de la communauté internationale qui devront   forcer le pouvoir dominicain á revenir sur une mesure raciste, xénophobe, scélérate, infâme, discriminatoire .

La déstabilisation d’Haïti
Cette  décision raciste et fasciste de la cour constitutionnelle dominicaine  vise aussi  á  créer en Haïti un climat politique déstabilisateur  en   menaçant de  refouler vers la  république d’Haïti  deux cent trente  mille  sujets  dominicains d’origine haïtienne  qui se retrouvent en territoire étranger  sans aucun lien  avec Haïti .

Cette ruée de citoyens dominicains  en Haïti viendra augmenter les conditions déjà presque réunies pour un éclatement social en Haïti.  C’est pourquoi même si le gouvernement   haïtien   n’est pas lié directement  par cette décision, il ne peut pas non plus  en vertu  de la solidarité internationale rester indifférent au sort des ces dominicains devenus sans patrie. Le gouvernement haïtien devra prendre dans l’immédiat un ensemble de mesures pendant que parallèlement il recourt aux bons offices des organismes politiques régionaux et internationaux pour débattre de la question.

Que faire ?
Quelles pourraient être la réaction du gouvernement haïtien et des haïtiens en général partout où ils se trouvent dans le monde ? Précisons que cette lignée de couleur noire héritée depuis la colonie a été  alimentée par les industriels dominicains  á la recherche de la  main d’œuvre pour développer leurs industries naissantes. Un besoin d’exploitation de la main d’œuvre  á bon marché des haïtiens au détriment des conditions légales de l’immigration est á l’origine du renforcement de la frange noire de la population dominicaine, comme il en est de la diaspora de plusieurs pays sous développés vers les pays  développés.

S’il est vrai que  la  constitution de 1987  amendée reconnaît en son article 11 la double nationalité, il faut néanmoins que cette frange de la population noire dominicaine en fasse la demande, qu’elle réside dans le pays cinq ans avant de produire la  demande  et que cette  demande soit étudiée  selon un calendrier migratoire  qui ne porte  pas atteinte á  la stabilité politique et économique  du pays.  Aussi les étapes suivantes  sont suggérées pour  gérer en Haïti la nouvelle situation politique créée par la mesure infâme de la justice dominicaine en attendant de trouver une solution diplomatique gagnante.

Le gouvernement haïtien devra prendre de son coté  une  nouvelle mesure  concernant l’immigration  pour réitérer sa volonté de ne laisser entrer sur son territoire  que des sujets étrangers ou haïtiens  dument munis de leurs documents  délivrés  par les autorités des services haïtiens d’immigration  á  l’étranger. Une deuxième mesure consistera  pour le gouvernement haïtien de commencer á  renforcer militairement  sa frontière pour interdire l’invasion d’Haïti par des sujets étrangers. Nous attendons du gouvernement haïtien qu’il sorte deux  communiqués , l’un renforçant l’ interdiction de l’accès au pays de tout citoyen  haïtien et étranger  non muni de leurs document valides de voyage, un autre communiqué portant á  5000 militaires , la force armée devant surveiller la frontière  haïtiano-dominicaine. Et á  partir de ces deux premières actions la  question de la mesure prise par la cour constitutionnelle dominicaine est  close pour les haïtiens. Le gouvernement haïtien aura mis une nouvelle fois  a nu un bluff dominicain.

Cette première réaction  légale envisagée, on procèdera á  une nouvelle étape. Cette  deuxième étape consistera  á sensibiliser  les intellectuels  haïtiens , les  hommes politiques haïtiens, les groupes syndicaux établis des deux cotés de la  frontière , les  groupes des hommes d’affaires qui font des échanges commerciales avec leurs homologues dominicains  á  initier un ensemble d’actions politiques qui mettent la république dominicaine devant le fait accompli en le forçant á  revenir sur sa décision.

Une troisième étape viserait á  financer sur le territoire  dominicain même  des mouvements de solidarité avec la classe des dominicano-haitienne victime du raciste dominicain.

Comme la décision anti haïtienne des dominicains peut desservir la cause de la branche aveugle de l’opposition politique á  Martelly, en créant des troubles  politiques  et économiques  dans le pays, l’état haïtien ne peut pas non plus se permettre d’ignorer la portée de la  dite décision. Une quatrième étape consistera á  mobiliser  l’opinion publique internationale en général et les organismes politiques régionaux en particulier sur le cas d’espèces  pour démontrer la menace á  la sécurité intérieure et extérieure  de la république d’Haïti et par voie de conséquence á la région caribéenne que constitue la mesure  prise par la cour constitutionnelle  dominicaine.

Le gouvernement de Martelly Lamothe devra coute que coute trouver les moyens de financer indirectement  des manifestations anti Danielo en république dominicaine même pour affaiblir le PLD et créer des préoccupations politiques au président Danielo.

Le  peuple haïtien en solidarité avec le peuple dominicain devra  exiger de l’état haïtien qu’il dénonce   une fois de plus la résurgence de  la situation d’apartheid inscrite dans le génome  dominicain, en faisant un travail de mémoire pour rappeler au monde entier que les dominicains  ne sont pas á  leur premier coup d’essai/ Il y avait le  massacre des 30.000  haïtiens sur la frontière en 1937, Il y avait  la situation des coupeurs de canne dans les bateys dominicains qui ont facilité l’apparition du livre  titré le  « Le sucre amer de …….Il y avait les rapts et les déportations traditionnelles en masse des haïtiens de temps en temps le long de frontière haïtiano-dominicaine. La république dominicaine est á  l’origine de l’extermination de nos cochons créoles avec la contamination  par le virus  de la peste porcine africaine en provenance de son territoire.  Elle est aussi responsable de la contamination du nouveau cheptel porcin haïtien  par la peste porcine classique après la découverte du virus de la PPC  dans une porcherie dominicaine  qui avait reçu des porcs gascon chinois  introduits en Haïti par la coopération française. Ceci a aussi été le cas pour l’Influenza aviaire.  Le cas de la fourmi folle  n’est pas encore assez documenté  pour le mettre á  l’actif de l’obsession dominicaine á  vassaliser la république d’Haïti en faisant subir á  notre pays les conséquences d’une ouverture agressive de son pays au commerce  mondial.

Nous avions également souligné  dans un  de nos articles antérieurs la propension de l’état dominicain  á considérer  la république d’Haïti comme une  province de son pays et á  ce titre elle se permet de violer  toutes les conventions internationales régissant le commerce  international et  les lois de l’immigration. Elle se contente d’exploiter la main d’œuvre á  bon marché des haïtiens á  travers des contrat   léonins d’embauchage  de travailleurs ou d’importation clandestine des ouvriers haïtiens á  travers des passeurs dominicains payés par les hommes d’affaire dominicains inféodes au pouvoir dominicain.

Aussi   quand on parle de dessous abyssaux   d’un projet   politique, la perception naïve et simpliste  tend á  orienter l’opinion publique  vers les enjeux  exclusivement politiques  de ce projet. Cette mesure anti démocratique est aussi une déclaration de guerre de l’état dominicain á  l’état haïtien, en guise de représailles aux réactions  légales des autorités politiques haïtiennes qui fatigués des bluffs techniques et des violations des conventions de l’organisation mondiale du commerce par les politiciens dominicains, se décident de recourir aux bons offices de  l’Organisation mondiale du Commerce  pour défendre ses intérêts économiques immédiats.

La question frontalière
A la suite de la mesure infâme prise par la justice dominicaine contre les haïtiano -dominicains, l’état haïtien devrait en profiter pour résoudre une fois pour toute la situation des haïtiens et des dominicains qui vivent tantôt en république dominicaine tantôt en république d’Haïti avec les modifications survenues au cours de différents tracés  frontaliers. En 1697 avec  la signature du Traité de Ryswick, l’Espagne concéda à la France le tiers occidental de l’île de Saint-Domingue ou Hispaniola. Ce traité définissait  la ligne de tracée entre  les deux pays laquelle fut  consolidée avec l’indépendance d’Haïti 1804. Cette tracée a connu plusieurs modifications de 1697 á 1937, á  la suite des guerres  entre la France et l’Espagne sous le commandement de Toussaint Louverture. Les  populations des zones frontalières passèrent d’une nationalité á  une autre sans formalité officielle  quand Boyer à l’invitation des Dominicains eux-mêmes dirigeait l’île entière. A ce moment tous les dominicains étaient des haïtiens, jusqu'à l’expulsion des armées haïtiennes sous le gouvernement de Faustin Soulouque.  Dominicains et haïtiens de la frontière ignoraient tous ces changements  et restaient  sur leurs  parcelles de terre haïtienne ou dominicaine comme si rien de politique  n’était advenu.

Sous le gouvernement du président américain  Calvin Coolidge á  la suite de la double occupation des deux pays par les américains, les deux pays revinrent au tracé du traité de  Ryswick  « avec la différence que Haïti devait céder une bande de terre au nord et la  republique dominicaine une bande au sud pour la construction d’une autoroute frontalière. Ainsi des centaines de familles haïtiennes se trouvaient tout d’un coup sur territoire dominicain, sans qu’aucun dédommagement ne leur fut versé et apparemment sans qu’aucun émissaire du gouvernement se soit soucié de les informer de leur nouvelle
Nationalité » La Constitution de 1805 fit d’Haïti la première nation noire libre du monde  et en vertu de cette loi mère   offrait la nationalité haïtienne à tout individu d’origine africaine. Les Dominicains ont toujours ignoré la contribution africaine de leur descendance. « Le dictateur Trujillo lui-même partiellement d’origine haïtienne de par sa grand-mère honnissait le simple fait d’y penser. Il gardait soigneusement parmi ses articles de toilettes un coffret de maquillage qui lui permettait de faire pâlir son teint. Durant les préambules de la Deuxième guerre mondiale, il s’empressa d’inviter les juifs persécutés en Europe à trouver asile chez lui, avec l’idée que cet apport de sang caucasien pourrait aider à blanchir davantage la population dominicaine ».

Le complot ne passera pas
Le complot de Vintio Castillo, directeur des services de l’immigration dominicaine avec la cour constitutionnelle dominicaine, ne passera pas. Il sera combattu par toutes les diasporas du monde, par toute la communauté noire internationale, par la population haïtienne  et surtout par la partie saine de la population dominicaine non atteinte de schizophrénie. Il est malsain de constater que parmi les membres de la dite cour constitutionnelle dominicaine qui a pris la mesure xénophobe figuraient des noirs d’origine haïtienne qui ne se considèrent pas eux-mêmes comme des noirs frappés aussi par la mesure. Avec cette mesure anti démocratique et fasciste, plusieurs questions sont  dorénavant restées suspendues aux lèvres des élites intellectuelles dominicaines. Qu’est il advenu de la plus haute instance judiciaire dominicaine ? Aurait-elle  été  dopée par un produit hallucinogène quelconque  qui les aurait privés de la sagesse des seigneurs de la loi en délibération? Où est le pouvoir pour arrêter le pouvoir en république dominicaine  lorsqu’un pouvoir dérive ? La classe politique dominicaine est elle á  la hauteur de sa mission ? Les politiciens dominicains sont ils devenus  fous ?


Port-au-Prince  9 octobre 2013

 Références
«  70 ans après les vêpres dominicaines «  de Louis J auguste MD
Interview de Sauveur Pierre Etienne au micro de Signal FM
Déclaration de maitre OSNER Fevry
Déclaration du Senateur Melius Hyppolite
Déclaration du Ministre Edwin Paraison au micro de Télé Plurielle

File Michel William 

mercredi 9 octobre 2013

A la Fed, Janet Yellen va donner le tempo de l'économie


A la Fed, Janet Yellen va donner le tempo de l'économie

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Janet Yellen à l'Université de Berkeley, en novembre 2012.
(New York, correspondant). C'était en juin 2007, lors de la réunion des gouverneurs de la banque centrale américaine (Fed). Son président, Ben Bernanke, après un exposé sur la situation globale, conclut : "L'économie semble en bonne santé", selon les minutes de la réunion.

Lire les dernières informations Janet Yellen en passe d'être nommée à la tête de la Fed
Une petite femme à la chevelure argentée prend alors la parole d'une voix calme mais déterminée : "Je sens tout de même la présence d'un gorille de 600 livresdans la pièce et il s'agit du secteur immobilier, ose-t-elle. Le risque d'une détérioration significative du marché immobilier, avec des prix des logements en chute et des défaillances sur les prêts, est en train de s'amplifier et cela me cause une angoisse considérable."

Quelques semaines plus tard, les angoisses de Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale de San Francisco, allaient se concrétiser. Au cours de l'été 2007, la crise des subprimes, ces prêts hypothécaires à risques, déclenchait des effets en cascade qui allaient déboucher sur la plus grande dépression mondiale depuis les années 1930.

Forte augmentation du bilan de la réserve fédérale américaine sous Bernanke
LA MÉMOIRE DU CHÔMAGE DE MASSE

Désormais, Janet Yellen ne va plus se contenter de jouer les vigies. C'est elle qui, à 67 ans, sera aux commandes en devenant la première femme présidente de la Fed, l'un des postes les plus influents au monde. C'est elle qui désormais vaorienter la politique monétaire des Etats-Unis et donner ainsi le tempo au reste de l'économie mondiale.
Tout s'est joué il y a quelques semaines, lorsque Lawrence Summers, grand favori pour succéder à Ben Bernanke, a jeté l'éponge devant la bronca des parlementaires démocrates et la mobilisation de centaines d'économistes.
Tous reprochaient à l'ex-conseiller de Bill Clinton ses liens avec Wall Street, et surtout d'avoir été l'un des artisans de l'abrogation de la loi Glass-Steagall de 1933 qui obligeait les banques à séparer leurs activités d'investissement de leurs activités de banque commerciale. Une décision considérée comme ayant été l'un des facteurs qui ont précipité la crise financière de 2008. Pendant les dernières semaines de cette campagne, Janet Yellen était soudain parée de toutes les vertus : compétence, clairvoyance, indépendance.

PARCOURS ACADÉMIQUE IDÉAL
Mais certains, qui poussaient il y a quelques jours encore des cris d'orfraie devant la perspective de voir Larry Summers accéder à la présidence de la Fed, devraientrelire une interview accordée par Janet Yellen en juin 1995 à The Regionle magazine de la Réserve fédérale de Minneapolis, dans laquelle elle affirmait que les effets de cette réforme de la loi Glass-Steagall n'étaient pas "particulièrement risqués" et qu'elle "aurait des avantages à la fois pour l'industrie et pour les consommateurs"...

Dix mois plus tard, lors de son audition devant le Sénat américain, alors qu'elle s'apprêtait à succéder à Joseph Stiglitz à la présidence du Conseil économique sous Bill Clinton, elle rééditait son plaidoyer pour l'abrogation. Les plus indulgents diront, qu'à l'inverse de Summers, ce n'était pas une conviction de sa part, mais qu'elle a juste cédé à l'effet de mode de la dérégulation. Toujours est-il que les choses sont sûrement un peu plus compliquées que le parcours linéaire de Janet Yellen ne le laisse penser.
Ce parcours commence à New York dans le quartier de Brooklyn. Son père est médecin et sa mère, institutrice. Tous deux ont vécu la Grande dépression des années 1930. La mémoire du chômage de masse et de ses ravages fera toujours partie de l'inconscient familial et de l'éducation qu'elle a pu recevoir. Après un parcours scolaire sans faute, elle sort major en économie de l'université de Brown (Rhode Island), en 1967, avant de se lancer dans un doctorat à Yale (1971). LePrix Nobel d'économie Joseph Stiglitz affirme qu'en 47 ans d'enseignement, Janet Yellen a été l'une de ses meilleures élèves.

Sans surprise, elle se spécialise sur le chômage : ses causes, ses mécanismes et ses implications. A la sortie de Yale, elle entre à la Fed comme économiste. C'est là qu'elle rencontre son mari, George Akerlof, un représentant du nouveau keynésianisme et prix Nobel d'économie en 2001, partagé avec Michael Spence et Joseph Stiglitz, surtout connu pour sa critique de la rationalité des marchés. "Je travaillais dans la branche finance internationale, il travaillait au département recherche et statistiques. Nous nous sommes parlés lors d'un déjeuner après un séminaire", raconte-t-elle.

Ce romantisme d'économiste donne naissance à une histoire fusionnelle, notamment sur le plan intellectuel. Tandis qu'elle enseigne à Harvard et à la London School of Economics, afin de devenir, à partir de 1980, faculty member à Berkeley, ils mènent leurs travaux de recherche ensemble. Ceux sur la rigidité des salaires et des prix connaissent le plus d'audience. Au début des années 1990, Janet Yellen travaille sur les conséquences économiques de la réunification allemande.

Ce parcours idéal sur le plan académique s'étoffe encore quand, en 1994, elle entre au Conseil des gouverneurs de la Fed. Loin de se laisser intimider par le prestige de l'institution, la présidente de la Réserve de San Francisco n'hésite pas d'emblée à casser certains codes. Ainsi, il n'est pas rare de la voir déjeuner à la cafétéria avec le personnel de la Banque centrale américaine.

"C'est un bon moyen d'apprendre à quoi les gens pensent, de savoir ce qu'ils ont à l'esprit. J'adore ces échanges", explique-t-elle quelques mois après sa nomination. Tous ceux qui l'ont approché ont été frappés par sa simplicité, son accessibilité et son sens du contact. On dit qu'elle a le rire facile. Mais, en même temps, il se dégage d'elle un mélange de fermeté et de douceur, qui pose le personnage.

ADEPTE DE LA TRANSPARENCE
Loin de l'image arrogante de son rival pour la présidence de la Fed, Larry Summers, Janet Yellen aspire à une vie simple. Passionnée de randonnée et detennis, elle adore cuisiner des plats exotiques. Elle s'accorde de temps en temps quelques vacances avec son mari et son fils Robert à la mer. On dit qu'elle ne met pas les pieds dans l'eau et préfère lire des ouvrages d'économie sur la plage.
A la Fed, elle a la réputation d'être méticuleuse et analytique. "Je ne veux pas seulement me contenter de la conclusion (...) Est-ce que l'inflation est sur la bonne voie ? Est-ce que les modèles fonctionnent ? Pourquoi le dollar baisse ? Quels sont les risques ? Et j'échange beaucoup avec les équipes qui m'entourent. C'est l'aspect de mon travail que je préfère", explique-t-elle. Cette capacité àdécortiquer les chiffres et leurs implications n'avait pas laissé insensible Alan Greenspan, le prédécesseur de Bernanke.

"Je l'écoutais avec d'autant plus d'attention qu'elle articulait ses positions d'une façon analytique. Les intuitions ne servent pas à grand-chose. Les conversations avec Janet et ses présentations étaient basées sur du factuel et avaient toujours toute mon attention ", avait déclaré Alan Greenspan, dans une interview à la fin des années 2000.

Malgré cet hommage, Janet Yellen n'a jamais manqué de courage pour aller à contre-courant de l'ex-président de la Fed, qui pourtant n'avait pas l'habitude de sefaire contrarier. En septembre 1996, Larry Meyer, qui était à l'époque au conseil des gouverneurs en même que Janet Yellen, se souvient d'être un jour entré avec elle dans le bureau d'Alan Greenspan pour convaincre ce dernier de relever les taux, estimant qu'il pouvait y avoir des risques inflationnistes. "Il a juste souri et n'a pas dit un mot. Après un silence gênant, nous nous sommes dit au revoir. Inutile de dire que nous n'avons pas obtenu gain de cause", raconte-t-il sur le blog Macroadvisers.

Plus important que les conversations avec le personnel à la cafétéria de la Fed, elle a secoué l'institution de façon déterminante récemment, lorsqu'elle a recommandé plus de transparence dans la politique monétaire. Pour la première fois en janvier 2012, la Fed annonçait des objectifs chiffrés d'inflation et de chômage.

"J'espère et j'ai confiance dans le fait que l'époque du "n'expliquer jamais et ne s'excuser jamais" est finie pour de bon", commentait-elle devant la Society of American Business Editors and Writers, en avril. Une transparence qu'aujourd'hui certains critiquent, estimant que la Fed s'est liée les mains en se fixant des objectifs trop précis.

Comment va-t-elle réussir à arrêter la planche à billet que Ben Bernanke a mis en marche sans pour autant casser le semblant de croissance actuelle ? C'est toute la question de son mandat. Une chose est sûre : au sein du Conseil des gouverneurs, elle est considérée comme une "colombe ", avant tout préoccupée par l'emploi plutôt que par l'inflation. Les chômeurs "ne sont pas pour moi seulement des statistiques", déclarait-elle le 11 février, lors d'une conférence de la confédération syndicale américaine AFL-CIO.

"Le coût est simplement terrible pour les salariés, sur le plan mental et la santéphysique, sur leur mariage et leurs enfants." Une préoccupation qui n'est pas du goût de tous les gouverneurs de la Fed. D'autres critiquent son parcours. "Janet Yellen est un pur produit du système académique, juge un banquier d'affaires new-yorkais. Or, rien ne remplace l'expérience de l'économie réelle. Cela permet de développer l'intuition, qui parfois permet de sentir des choses que la théorie et les statistiques ne montrent pas."

Pourtant, récemment, le Wall Street Journal a décortiqué plus de 700 prévisions sur l'économie et l'inflation, de 2009 à 2012, faites par quatorze présidents de Réserve fédérale. Janet Yellen est celle qui a été la plus pertinente.

L'anticipation est importante, mais, à la présidence de la Fed, elle sera jugée sur sa capacité àdécider. Joseph Stiglitz loue sa "capacité à forger du consensus" grâce à son écoute. Elle ne sera en tout cas pas de trop pour explorer la terra incognita que Ben Bernanke lui laisse en héritage.

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