lundi 7 mars 2016

L’ENERGIE (3)


L'ENERGIE (3)
BERNARD ETHEART
7 MARS 2013

Nous avons terminé, la semaine dernière, avec cette cette information selon laquelle, au cours du dernier quart de siècle, soit entre 1990 et 2013, la demande mondiale en énergie primaire a augmenté de 55 %, et pour le prochain quart de siècle, soit d’ici 2040, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), prévoit une augmentation de la demande globale de 45 %. Etant donné que nous parlons du suivi de la COP 21, nous sommes intéressés de savoir à partir de quels combustibles cette énergie supplémentaire sera produite, à partir des combustibles fossiles, grands producteurs de gaz carbonique (CO2), un des 6 plus importants gaz à effet de serre, ou va-t-on voir, au contraire, l’énergie dite renouvelable prendre le dessus ? (voir L’énergie (2), HEM Vol. 30 # 07 du 02/03-08/03/2016)

Avant d’aller plus loin, je veux rappeler comment est définie l’énergie renouvelable dans la documentation officielle de la COP 21 : « Une énergie est dite renouvelable lorsqu’elle provient de sources que la nature renouvelle en permanence. Il en existe six catégories: hydraulique, éolienne, solaire, marine, issue de la biomasse (combustion de la matière comme les déchets agricoles, qui produit de l’électricité) et de la géothermie (par exemple, la chaleur du sous-sol qui chauffe l’eau) ».

En ce qui concerne la question posée au début, un article d’Agnès Sinaï publié dans un numéro d’Actu-Environnement daté du 11 novembre 2016 donne pas mal d’information. Tout d’abord la situation actuelle : « La consommation de charbon n'a jamais été aussi élevée au cours des quarante dernières années qu'en 2013 » et durant les trente dernières années le charbon représentait 81 % de l’énergie produite.

J’ai pu trouver la liste des dix plus gros consommateurs de charbon (selon le BP statistical review, cité par Philippe Collet in Actu-Environnement, en date du 20/11/2015) et je l’ai reproduite ci-dessous pour ceux que cela pourrait intéresser :

La Chine, de loin le premier pays consommateur avec 50,6 % de la consommation mondiale,
Les Etats-Unis, classé au deuxième rang en 2014),
L'Inde, 3ème rang,
Le Japon, 4èmerang,
l'Afrique du Sud, 5èmerang,
La Russie, 6èmerang,
La Corée du Sud, 7èmerang,
L'Allemagne, 8èmerang,
La Pologne, 9èmerang),
L'Indonésie, 10èmerang.

Mais l’AIE a pu observer des signaux indiquant clairement qu'une transition est en cours : en 2014, les énergies renouvelables ont contribué à près de la moitié de la capacité électrique additionnelle et sont d'ores et déjà la seconde source mondiale d'électricité après le charbon. On estime que, en 2040, les énergies renouvelables représenteront respectivement 50 % de l'électricité européenne, 30 % de l'électricité chinoise et japonaise, 25 % de l'électricité aux Etats-Unis et en Inde.

On doit reconnaitre que de telles perspectives ne seraient pas possible sans un effort du côté des « acteurs économiques de l’industrie et du commerce » dont nous avons parlé il y a environ un mois (voir Les acteurs économiques de l’industrie et du commerce, HEM Vol. 30 # 04 du 10-16/02/2016). On apprenait que depuis 2009 (COP 15 à Copenhague), les cinq plus grandes banques françaises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel-CIC – avaient soutenu les énergies fossiles à hauteur de 129 milliards d'euros, contre seulement 18 milliards d'euros aux énergies renouvelables mais que, selon un article de Philippe Collet dans un numéro d’Actu-Environnement, en date du 20 novembre 2015, BNP Paribas et la Société générale s'étaient engagées à réduire leurs financements au charbon.

Il faut peut-être y voir un effet de la politique de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) Rachida Boughriet ne nous dit-elle pas, dans le numéro du 19 novembre 2015 de Actu-Environnement : « A partir de 2017, l'OCDE mettra le holà aux soutiens publics à l'exportation des centrales à charbon les plus polluantes.

Pour terminer, au moins provisoirement, je signalerai cet article de Sophie Fabrégat dans le numéro d’Actu-Environnement du 11 janvier 2016 qui semble annoncer de bonnes nouvelles pour les « pays du Sud ».







Une lame de fonds. C'est le terme utilisé par le secrétariat général des Nations unies (Ccnucc) pour qualifier la dynamique qui se crée à la COP 21 autour des énergies renouvelables. De nombreuses initiatives ont été lancées à cette occasion pour décupler les investissements dans les énergies décarbonées et accélérer leur déploiement, notamment dans les pays en développement. Longtemps annoncé, le "grand soir" des énergies renouvelables semble se dessiner, du moins dans les discours, dans l'hémisphère Sud.
Bernard Ethéart

Miami, lundi 7 mars 2016

mardi 1 mars 2016

L'ENERGIE (2)



L'ENERGIE (2)
BERNARD ETHEART
MIAMI, LUNDI 29 FEVRIER 2016

La semaine dernière j’étais parti avec l’idée de montrer que l’un des champs où la lutte contre le réchauffement climatique devait être la plus active était celui de l’énergie. J’ai pensé cependant qu’il ne serait pas mauvais de dire ce qu’est finalement cette énergie dont on peut voir les effets mais qu’on ne voit pas elle-même ; je me suis donc lancé dans une tentative de définition, qui m’a entrainé vers l’identification de différents type d’énergies et j’ai finalement parlé de ce cycle du carbone qui est un de mes sujets favoris (voir L’énergie, HEM Vol. 30 # 06 du 24/02-1er/03/2016).

Mais je voudrais quand même m’attarder au rôle de l’énergie dans notre vie quotidienne. Quand Prométhée, selon la mythologie grecque, donna le feu aux hommes, il pensait leur rendre un grand service. Ceux qui ont vu « La guerre du feu » du cinéaste Jean-Jacques Annaud se souvienne de l’importance qu’avait ce feu qui permettait aux hommes de s’éclaires la luit, de se chauffer et de faire cuire leurs aliments (souvenez-vous : « Le cru et le cuit » de Claude Lévi-Strauss).

La semaine dernière j’ai parlé du développement de la métallurgie qui commence avec le travail de l’or, qui ne demande pas trop de chaleur, mais va évoluer vers la grande métallurgie grâce à la découverte de la matière première : le minerai de fer, mais aussi du charbon minéral qui permet d’atteindre des températures bien plus élevées. Avec ce charbon minéral, nous entrons dans le domaine des combustibles fossiles, c’est-à-dire de « composés issus de la décomposition sédimentaire des matières organiques (fossilisés) tout au long des temps géologiques : tourbe, charbon, pétrole, lignite. »

Parmi ces combustibles fossiles, il en est un, le pétrole, qui va prendre une importance considérable grâce à l’invention du moteur à explosion. Ces sources d’énergie ne permettent pas seulement de produire de la chaleur mais aussi de l’énergie mécanique. Si nous prenons l’exemple de l’industrie sucrière, au départ on broyait la canne dans des moulins que l’on faisait tourner soit avec l’énergie animale, soit avec l’énergie hydraulique, soit même avec l’énergie éolienne, aujourd’hui c’est un moteur à explosion qui fait tourner les moulins. Le moteur à explosion a également révolutionné les transports ; la marine à voile reste confinée dans le secteur sportif, mais tous les cargos et autres paquebots fonctionnent au mazout.

Et on arrive à l’étape finale : le moteur à explosion avait permis de produire le mouvement ; les travaux dans le domaine de l’électromagnétisme vont faire qu’à partir du mouvement on peut produire de l’électricité et vice versa. Et c’est la marche victorieuse de l’énergie électrique qui nous donne la chaleur, qui nous donne la lumière et qui peut faire marcher n’importe quel moteur.

Aujourd’hui le degré de développement d’un pays se mesure à la consommation d’électricité de ses habitants ; on n’a pas besoin d’insister sur le fait qu’il existe une énorme différence entre la consommation d’un Africain et cette d’un habitant des Etats Unis ; mais nous vivons une époque où la tendance est à la réduction de cet écart, ce qui se traduit dans une plus grande consommation d’énergie.

Sur ce point, Agnès Sinaï, dans un numéro d’Actu-Environnement daté du 11 novembre 2015, nous informe que « entre 1990 et 2013, la demande mondiale en énergie primaire a augmenté de 55 % et l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) dans son scénario de politique courante, projette une nouvelle hausse de la demande globale de 45 % d’ici 2040 ».

La grande question est de savoir à partir de quels combustibles le monde va produire cette énergie supplémentaire et toute les discussions autour de ce thème dans la cadre de la COP 21 ont tourné autour de la manière de réduire la contribution des énergies fossiles dans cette production. Nous tenterons d’entrer dans le détail la semaine prochaine.

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