mardi 27 avril 2010

Avortement d’un projet de conspiration du MARNDR contre la souveraineté alimentaire

Avortement d’un projet de conspiration du MARNDR contre la souveraineté alimentaire

Mardi, 27 Avril 2010 01:45 | Écrit par Michel William

Le Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural serait il en train d’ourdir un complot contre la nation haïtienne en terme de politique agricole devant assurer une certaine souveraineté alimentaire du pays pour les dix huit mois á venir. ? Si le cas du MARNDR n’apparaît pas aussi suspect comme celui du CMEP dans la liquidation des entreprises publiques nationales ,le manque de vision et d’innovation qui transpire derrière les stratégies et axes d’intervention économique et agricole de la proposition de politique agricole présentée au ranch de la Croix des Bouquets, les 22- 23 avril 2010, laisse dans l’esprit des analystes très peu d’éclaircie sur l’intention non déclarée d’une conspiration agricole nationale contre la population haïtienne. C’est du reste l’esprit de deux scoops qu’a inspiré successivement la séance de validation de deux jours de présentation de la politique agricole étudiée pour les prochains dix huit mois suivie de stratégie á moyen terme et á long terme. Le premier scoop était « une conspiration inédite du MARNDR contre l’agriculture haïtienne, reformulée après les réactions á chaud des élites urbaines et rurales du pays sous le titre «« Avortement d’un projet de conspiration du MARNDR contre la souveraineté alimentaire de la population.

C’est une tentative avortée, parce que c’est le MARNDR encore lui-même dans ce qui lui reste d’inné et d’intouchable a créé involontairement les conditions de son avortement. Qu’est ce qui motiverait l’idée d’un complot contre la population haïtienne dans ce dernier essai de politique agricole?

Le premier problème est un problème de tradition.

Le ministère de l’agriculture depuis 1986 a gratifié le pays d’ un ensemble de propositions de politique agricole toujours restées au stade de documents de consultation pour des raisons d’incohérence gouvernementale .

La raison cardinale est que ,faute par aucun des gouvernements haïtiens d’endosser ces politiques ,a amené chaque ministre de l’agriculture , de Damas Sidneus á Joanas Gué, en passant par François Severin, cinq fois ministres, á vouloir proposer au secteur, chacun, sa propre aventure de politique agricole. La pire était celle de Philippe Mathieu.

La deuxième raison est que tous ces projets de politique se ressemblent et que leurs contenus sont plutôt dictés par les grands bailleurs de fonds traditionnels d’Haïti qui ont toujours orienté les plans programmes et projets selon des stratégies de faux semblants qui discutent de la production pour arriver á la non production. A la base de leur politique sauvage d’orientation, c’est la théorie du libre échangisme que des instruments comme ceux élaborés par le FMI, La BM, l’UE (l’accord de Partenariat économique transfuge des accords de Lome), l’OMC et l’USAID qui ont toujours constitué des obstacles majeurs au développement de rapports économiques d’égal á égal entre les pays bénéficiaires et les pays donateurs ou préteurs.

Une troisième raison est la politique entretenue par les pays prêteurs de coups d’Etat devenus des exutoires classiques pour fermer ou bloquer á volonté le flux de décaissements des prêts ou des dons , á l’insu des bénéficiaires directs qui ne sont responsables de rien. Embargo septembre 1990

Une quatrième raison et la plus récente est la décision prise par certains bailleurs dont le FIDA de désaffecter au mépris de leurs propres clauses de financement des excédents de budgets ou même de partie des fonds de projets en exécution á la suite de non respect de certains engagements financiers par le gouvernement haïtien (PAIP,PICV2, PPI 1, PPI II). Le cumul de ces non décaissements a donné lieu á la formation d’excédents budgétaires que le FIDA réalloue á son frère Siamois, la FAO, en Haïti, pour les projets d’urgence créés par la fréquence des catastrophes naturelles et écologiques de 2004 á nos jours : Gonaïves , Fonds Verettes, Cabaret, séisme du 12 janvier 2010. Ne parlons pas du détournement des fonds du Fond Mondial pour l’Environnement par la FAO (voir Rapport Ronald Toussaint sur fond d’opposition entre lui et le géologue Calais).

Une cinquième raison et c’est la plus importante : tous les ministres de l’agriculture ont pratiqué une politique de dévalorisation des cadres nationaux de l’administration du MARNDR pour s’attacher les services de consultants haïtiens et étrangers recrutés d’un certain secteur privé agricole , des ONG et de l’assistance technique des organismes internationaux comme la FAO et l’IICA devenus des chasseurs de petits projets. (Groupe GTA spécial sur l’agriculture). Cette politique de dévalorisation des hauts cadres du MARNDR a semé une frustration généralisée chez ces derniers qui sont requis d’endosser des documents officiels qui ne cadrent pas avec leur croyance, leur conviction, leurs connaissances et leur professionnalisme.

A titre d’exemple, le directeur du service semencier a présenté une politique qui détruit sa riche expertise de plus de vingt cinq ans de terrain. Il a repris ipso facto toutes les stratégies désuètes qui ont consacré l’échec de la politique semencière du MARNDR durant les vingt dernières années. Dans la lutte contre les ravageurs, Mr Prophète a énuméré les fléaux pour lesquels l’assistance internationale a eu á débourser « des miettes » ces dix dernières années pour paraphraser l’ancien Premier ministre Jacques Edouard Alexis dans une de ses prises de position de premier mandat. Mr Prophète á mentionné , le scolyte du café, la mouche du fruit, la cochenille rose, oubliant contre sa conviction , l’action des vertébrés nuisibles dont le rat á lui seul est responsable de 45% des pertes dans les filières riz, mais, millet, fruits (Rapport ODVA MARNDR 1982). La vérité est que la contribution de Prophète á la constitution de ce document ne vaut que 2 a 3 %. Les 97 % proviennent du champs de pensée restreint des brasseurs d’affaires cités plus hauts qui ont circonscrit les prévisions aux champs d’action dont ils ont été les principaux bénéficiaires. Prophète semblerait être irrécupérable sans l’intervention d’un ministre héros post désastre dans la filière semencière.

Dans le crédit, il était vraiment misérable d’entendre de la bouche du gestionnaire émérite, agronome Lubin, des explications qui traduisent le peu de vision dont sont capables les grands techniciens lorsque, la misère oblige, ils acceptent de renier leurs compétences pour plaire aux magnats de la politique traditionnelle haïtienne. Il n’est pas demandé á Mr Lubin d’ignorer le passé glorieux du crédit agricole BCA dont l’observance des prescrits a fait le bonheur de tous les organismes de microcrédit qui opèrent actuellement sur le terrain. Il est demandé á Mr Lubin d’avoir une autre vision du crédit agricole, d’ignorer la politisation du crédit savamment orchestrée par notre feu Jean Claude Amédée et qui a valu au BCA son état de coma permanent . Il lui est demandé de convaincre le ministre Gué de revenir sur la proposition d’un crédit rural et de porter son enveloppe á 5 milliards de dollars au lieu de 30 millions de dollars prévus dans le plan d’investissement agricole. Mr Lubin doit se souvenir que moins de 5% des besoins en crédit de la population ( huit cent millions de gourdes ) sont couverts par des organismes de microcrédit que l’état haïtien n’a pas fermés encore pour des raisons politiciennes. Il lui est demandé de comprendre l’opportunité offerte par le séisme á la fois meurtrier (230.000 morts) et salvateur, quand Mr Clinton regrette ses erreurs dans la débâcle haïtienne et promet de faire de chaque coin reculé d’Haïti un quartier de Manhattan. Il nous faut divorcer d’avec la politique d’intervention du gouvernement haïtien dans le crédit BCA pour éviter dans le passé le renvoi de l’auguste Auguste Rodini Compte, par un vil ministre de l’agriculture haïtienne ou la mise á sac des fonds du crédit par des organisations populaires sur recommandation ministérielle..

On peut également citer en référence la piètre proposition de politique des bassins versants présentée par mon maitre á penser dans ce domaine , mr Oge Pierre Louis ,au ranch de la croix des bouquets. Personne en Haïti, ne peut douter du sérieux et de la compétence de Ogé Pierre louis , en matière d’aménagement de bassins versants. Cependant á travers l’exécution de la majorité des projets en cours, sa contribution a été presque insignifiante, vu que les points de vue politique des bailleurs ont toujours eu la préséance sur ceux des cadres du MARNDR. Le problème du reboisement , tout le monde le sait, est lié á la négative tenure foncière, á l’inorganisation du pouvoir judiciaire, á l’absence de plan d’aménagement du territoire , á la politique de centralisation du gouvernement de P-au-P et á l’inexistence de la politique de crédit en terme d’investissement á court et á moyen terme, bref á l’inexistence de tout un réseau de mesures d’accompagnement et de dispositions légales devant sauver le patrimoine terre. Ogé Pierre Louis les connaît. Peut être qu’il les avait proposées ! Ses propositions, á n’en pas douter, auraient été balayées une nouvelle fois encore, d’un revers de main par les bailleurs de fonds, et leurs jokers qui ont la vie dure en politique.

On peut citer aussi la proposition de la politique de l’élevage. Le pauvre Maurice Dejean a du mordre ses freins pour proposer des « animaleries » qui ne répondent pas ni á ses attentes personnelles ni aux attentes du pays après le 12 janvier. Il a proposé 30 millions de dollars en terme d’investissement public pour tout le budget du programme d’investissement public en production animale, quand simplement pour l’aviculture, Mr Brandt du secteur privé réel des affaires avait une proposition de 130 millions de dollars. Le clous de cette journée de débats qui a enfoncé les méninges des faiseurs de politiques a lieu lorsque un représentant de la paysannerie a fait cette remarque. »Messieurs du MARNDR, pour qui préparez vous cette politique, pour vous ou bien pour la paysannerie haïtienne, quand dans vos prévisions aucune ouverture n’est faite sur le cheval, l’âne, la mule, qui représentent dans notre système de commercialisation le transport de choix des récoltes au marché ? Cette remarque venant d’un très humble invité rural a la valeur d’une bombe atomique comparée au scoop de complot agricole ourdi par le MARNDR contre la nation haïtienne de l’agronome Michel William. Venant d’un paysan, elle n’inquiète pas les politiciens ,mais si elle était venue d’un Michel William qui est lu sur la majorité des fora , Yahoo, Google, You Tube, Face book, il sonnerait très fort aux yeux des décideurs.

Il y a eu également la proposition de réforme agraire présentée comme point de vue officiel de la politique du gouvernement et qui est systématiquement rejetée par le Directeur National de l’Institut de la Reforme Agraire , présentateur, arguant que ce point de vue n’est pas celui de l’institut. Bernard Etheart, ami personnel du président qu’il appelle Ti René , l’homme par qui le scandale est arrivé directement, ne peut pas être pris á partie et ses remarques ne peuvent pas être traitées d’ » agrairerie » qu’il n’a jamais proposées.

The least not the last, est le fleuron de résumé de la politique agricole du MARNDR, présenté, par quelqu’un qui a du recevoir ses premiers guides ,de moi, alors que j’étais agronome de District dans les Nippes. Il s’agit de l’ingénieur agronome Jean Robert Chery, devenu aujourd’hui , une pièce importante dans la machine du MARNDR. En 1979, Jean Robert Chery comparé á un Anyl Louijuste, de regrettée mémoire, montrait tous les signes d’une étoile montante. Je l’ai encadré du mieux que j’aie pu. Malheureusement les vicissitudes de la vie l’ont happé et ont fait de lui ce qu’il est devenu un intellectuel de la plume du genre des étrangers qui écrivent depuis vingt ans pour la FAO, pour l’UE ou pour l’USAID. Il a esquissé un projet de politique agricole conforme á la vision de ses anciens patrons et a repris textuellement la vision du GTA, de la FAO, de l’IICA et de leurs colistiers. C’est malheureux. Est-ce sa faute á lui ? Souhaitons qu’il est encore récupérable.



Un mois avant la publication de ce papier ,cinq ou six articles « pre clearence » , á la lumière de je ne sais quelle révélation, avaient été postés á ceux lá mêmes qui allaient écrire le projet de politique agricole. Ce sont « projet de reboisement en Haïti, la dure réalité de la reconstruction haïtienne, A bas les stratégies de faux semblants, Des chirurgiens et des diplomates avocats au secours des hommes de Damien »Dans tous ces articles , on pouvait pressentir que quelque chose d’insolite se préparait, comme si dans mon subconscient, il s’intériorisait un événement politique regrettable qui allait venir dans un intervalle pas trop lointain. Mes préoccupations étaient fondées .Une quinzaine de jours après, l’inévitable allait arriver avec l’invitation lancée par le MARNDR á plus de 200 élites des villes et des sections communales ,des Cadres ONG pour valider une politique agricole dont la vision avait été déjà définie l’an dernier au XARAGUA et qui avait été guidée longtemps par la FAO, L’IICA, sans oublier la BID, le FMI, La BM, L’UE,L’USAID, ces éternels faiseurs de la politique agricole haïtienne du MARNDR avec les ministres, François Severin (5 fois, Gerald Mathurin, Sébastien Hilaire, Philippe Mathieu, le couple Joanas Gue-Michel Chancy, tous appartenant á quelques exceptions près, au fameux Groupe de travail sur l’Agriculture GTA.

De Severin á Gué, peu de choses a changé. L’idée centrale retrouvée dans toutes ces politiques est que la mondialisation du commerce carrefour de passage obligé de toutes politiques économiques et commerciales des petits pays ,était aussi une porte de sortie pour les producteurs haïtiens parce que la mondialisation offrait á chaque pays, gros ou petit, des possibilités de tirer leur part de revenu du marché.( faux, souligné par nous) .Toutes ces politiques qui sont conditionnées par les accords standby, les accords d’ajustement structurels, les accords de partenariat économique, les conventions de l’OMC et qui ont conduit á la désétatisation d’Haïti reposaient sur des stratégies de production pour la non production, sur l’affaiblissement de l’état et du secteur privé remplacé par le gouvernement des ONG qui reçoit jusqu'à vingt fois le budget du gouvernement de la république et qui ont fait d’Haïti celle dont nous pleurons le statu quo.. Ces politiques ont généralisé les poches de vulnérabilité á travers les aires des trente et un bassins versants du pays.

Les conclusions de ce rapport ont servi malheureusement de cadre de référence pour la préparation d’une politique agricole post-séisme qui selon les déclarations publiques des grands du monde ne devraient plus au grand jamais, refléter l’orientation de toute politique conduite en Haïti avant le 12 janvier 2010. De Obama á Chavez, en passant par Sarcozy, Merkel, Harper, Lula,le Secretaire General des Nations Unies Ban Ki Moon, tous ont reconnu leur part de responsabilité, dans la situation d’état en faillite d’Haïti .Tous reconnaissent que leur approche d’avant le 12 janvier était contre productive pour Haïti. Ils ont décidé de faire autrement. Ils ont passé des instructions pour aller dans le sens du renforcement de l’état haïtien en ignorant celles de la période ante séisme .

Justement ,faire autrement implique le rejet de la politique des chasseurs de petits projets, le rejet des appels á proposition, le rejet des toutes les études foncières, conduites pour évacuer élégamment l’unique réforme de la tenure foncière qui reste ,comme l’a bien souligné, l’INARA au ranch de la Croix des Bouquets , la nationalisation de la terre d’Haïti et son exploitation par une classe paysanne devenue classe productrice á renforts des services á la production , á la commercialisation et á la justice.

Faire autrement implique prendre au mot la déclaration de ces grands princes du monde pour faire du Président Préval un pair entre ces grands en lui proposant des politiques qui tranchent d’avec le passé.

Le scoop du présent article Avortement d’un projet de conspiration du MARNDR contre la souveraineté alimentaire de la population haïtienne est simplement un titre politique humoristique pour attirer l’attention du lecteur et est conçu pour alerter les hauts placés du MARNDR qu’ils font face á un dilemme :

« Les consultants d’hier ne son pas forcément les consultants d’aujourd’hui et que en politique les vérités d’hier ne sont pas toujours les vérités d’aujourd’hui ». Les choses ont changé. Le 12 janvier est á Haïti ce que le »nine eleven » est á la politique intérieure et extérieure des Etats-Unis, ou encore ce que la récession de 2009 est á l’économie mondiale. Face á ces deux derniers événements, les grands du monde ont tranché radicalement d’avec le passé. Nous aussi en Haïti, nous devons trancher aussi d’avec les clichés du passé. Les querelles constitutionnelles sont déclarées tabous. Ne mentons plus á nous-mêmes. Nous ne pouvons rien sans la volonté des grands du monde, comme leurs promesses n’iront nulle part sans la participation effective des haïtiens.

Hier, les grands avaient décidé que Haïti restât á la trainée des nations .Ils y ont réussi. Aujourd’hui , ces mêmes grands du monde ont décidé de reprendre Haïti et d’en faire un fleuron émergeant du monde, ou un quartier de Manhattan. Faisons les confiance. Affrontons en toute sérénité la coopération étrangère locale qui par orgueil et par refoulement a peur de se confesser publiquement. Ce sont des humains. Comme nous, ils sont mus par les petits intérêts économiques. Ils ont peur de se présenter en accompagnateur de la nouvelle politique de OBAMA et d’Hilary Clinton, de Sarkozy et de Bernard Kouchner après avoir été les fossoyeurs d’Haïti d’avant le 12 janvier 2010. Comme nos cadres ils ont été les pions d’une politique erronée du monde envers Haïti. Comme ils sont aussi de passifs exécuteurs de politiques de leurs pays, ils peuvent changer moyennant qu’en face d’eux ils trouvent une nouvelle équipe haïtienne disposée á collaborer dans le sens de la politique décidée par les grands du monde pour Haïti. Dans cet esprit, le ministre Gué qui se signale comme un entrepreneur réussi dans ses activités privées devrait pouvoir trouver dans les jours á venir et á la lumière de cet article l’élément motivateur des cadres supérieurs du MARNDR pour l’élaboration d’une nouvelle politique agricole á la dimension de l’holocauste du 12 janvier et á la hauteur des ambitions nobles des grands du monde pour Haïti.



Nb-Article de l’Agronome Michel William dédié en toute solidarité á l’agronome Joseph Ronaldt Toussaint

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