lundi 25 avril 2011

Emplois-Une lecture suggérée au Président.

Par Max Dorismond mx20005@yahoo.ca

Avant les 100 premiers jours de la présidence de Mr Martelly, il revient à chaque Haïtien d'apporter sa pierre à la construction de la nouvelle Haïti que ce dernier promet d'ériger. C'est une initiative citoyenne que de contribuer réellement, mentalement ou bénévolement, sans espoir d'une certaine gratification, à l'instar de ces quelques jeunes de P-au-P, photographiés un balai à la main, en train de nettoyer leur rue en signe de changement, ou le « Groupe de Réflexion et d'Action pour une Haïti nouvelle», (GRAHN1), qui s'est donné le mandat d'accompagner tout gouvernement, quelle que soit son orientation, durant les 25 prochaines années. C'est très louable. On est tous sur le même navire qui nous conduit vers notre destiné. Il revient à nous de hisser la voile du bon côté du vent. Avant que ne pleuvent les critiques, le sport national de nos gérants d'estrades, pensons d'abord à offrir notre épice ou notre grain de sel pour améliorer la sauce nationale avant l'imputation des fautes.

Pour ma part, en écoutant le candidat, marteler le thème : «Emplois pour nos jeunes….Emplois pour tous…», en écoutant le Président réitérer cette promesse à satiété, et, hier encore à Washington, je tiens à apporter mon humble assistance à ce chapitre qui lui tient tant à cœur. Loin de moi de préjuger que le nouvel élu et ses conseillers n'aient pas les moyens de leurs ambitions ou de leur plan. Non! Ma suggestion demeure simplement mon unique souscription.

Au cours de mes recherches, il m'est venu à l'idée de suggérer au nouveau Président et surtout à ses conseillers, si ce n'est déjà entamé, la lecture d'un magistral ouvrage sur l'emploi qu'un éminent spécialiste et compétent compatriote, Mr. Jean-Marie Bazile, avait publié deux mois avant le terrible séisme de janvier 2010 : « La Question de l'Emploi : Concepts, défis, enjeux et voies de solutions ». Un best seller édité en Haïti, supporté et financé par l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI).

Statisticien et démographe, Monsieur Bazile a étudié en Haïti et à l'étranger. Il a côtoyé les plus grands spécialistes de l'Amérique Latine dans cette discipline, Victor Tokman, Ruben Katzman et d'autres, lors de son passage au « Programme Régional de l'Emploi pour l'Amérique Latine et la Caraïbe (PREALC, Santiago, Chili, 1981) ». Il a occupé et occupe encore de hautes fonctions dans l'administration publique haïtienne. En fait, il est à la hauteur des visées de sa thèse. A la lecture de son œuvre, en plus de sa vaste connaissance du problème inhérent au chômage ou à l'emploi en Haïti, on y sent encore vibrer le trop plein de son âme contrariée par la persistance de ce drame archi-chronique. Grâce à une écriture inspirée, il parvient à maîtriser sa matière, à lui infléchir une vision à la fois singulière et locale, à la soumettre en une réalité filmique cohérente, évocatrice, destinée à modeler, à concilier le plan de la gouvernance au bénéfice des besoins primordiaux de la nation.

Parfois, pour sortir Haïti de l'ornière, naturellement, instinctivement, par atavisme politique surtout, nous nous tournons vers le consultant étranger. Je n'en disconviens pas, au contraire. Par contre, ce dernier, sorti tout droit des cuisses de Jupiter, arrive avec des solutions abracadabrantes, étrangères à notre culture, à notre situation, pour déboucher sur le néant, sur l'échec consommé, et ce….. Jusqu'au prochain Mohican. Rompons avec cette tradition séculaire. Il est venu le temps de regarder dans notre pâturage pour trouver des solutions probantes. En discriminant les plus compétents de chez nous pour s'occuper de nos problèmes, on se tire une balle dans les pieds. Or, ce n'est pas seulement immoral, c'est également stupide.

De l'œuvre suscitée, dès sa réception, je pensais à un bouquin technique, farci de théories, chiffres et graphiques. Loin de là! Un ouvrage technique certes, mais un ouvrage décrit avec la fibre d'un nationaliste chevronné, rédigé par quelqu'un qui a vécu et partagé notre drame. Un grand livre dont chaque virgule vient te chercher. En un mot, une œuvre magistrale à placer entre les mains de chaque fonctionnaire, une sorte de bréviaire national destiné à sauver l'essentiel : notre jeunesse désœuvrée.

Tout y est, la relation de cause à effet entre les entités collatérales. Tout en garantissant une meilleure correspondance de l'action avec l'intention, rien n'a été omis, du plus insoupçonné au plus fondamental : Le ménage en tant qu'unité de production et de consommation; l'éducation semble peu adaptée au besoin actuel et prévisible du marché, d'où la production de chômeurs, des inadaptés et des expatriés; les différentes formes de chômage : conjoncturel, structurel, classique, nommez-en….la croissance démographique, la fécondité élevée; le paradoxe entre le chômage endémique et l'absence de mains-d'œuvre qualifiées pour de nombreux emplois disponibles et l'embauche de travailleurs étrangers. En finalité…les solutions ne se font pas attendre.

Éclairés par une approche à la fois critique, explicative et prospective, nos gouvernants doivent focaliser leur attention sur la promotion de l'humain, à la fois sujet, objet et fin du développement ultime….

Point n'est besoin, pour vous convaincre, de réécrire le livre de J.M. Bazile. Ce n'est pas l'envie qui me fait défaut, mais essayons le plus possible de respecter la compétence des autres tout en glorifiant leurs efforts. Toutefois, messieurs : Président, Conseillers ou Ministres, voici un outil fondamental que je rappelle à votre mémoire. Permettez simplement que je ferme la parenthèse avec cette note apocalyptique de l'auteur au chapitre 4 :

Ce pays qui est le nôtre vit aujourd'hui un drame qui prend des proportions gigantesques. Il s'agit d'un désastre environnemental, humain et sociétal qui surprend à peine nos consciences endormies, mais qui peut à tout moment nous plonger dans l'apocalypse. Car, les signes annonciateurs sont là, tenaces et menaçants......En ces heures poignantes et tragiques de notre vie de peuple, il reste pourtant possible de retrouver le chemin de l'espoir, si seulement nous cherchons à convertir nos malheurs présents en autant de défis à relever collectivement, en autant d'opportunités qui s'offrent à nous pour construire ensemble une nouvelle communauté humaine…..(JMB)

Mille mercis, cher Mr. Bazile. Keep up alive!


Max Dorismond

Montréal – Avril 2011.


Note-1 : Le GRAHN est né à Montréal (Canada) après le 12 janvier 2010. Un livre assez pertinent a été rédigé en rapport à ses objectifs étalés sur les 25 prochaines années.

dimanche 17 avril 2011

La 49ème Législature Face à ses Responsabilités Historiques

Par Guichard Doré

Les sièges vacants au Sénat de la République viennent d'être comblés et la Chambre des Députés a été complètement renouvelée aux dernières élections législatives. Dans quelque jours, le Parlement Haïtien va élire les bureaux des deux branches du pouvoir législatif. Les parlementaires vont prendre une décision importante dans un contexte historique qui demande beaucoup de lucidité et un sens de compromis pour assurer le bon fonctionnement de l'institution parlementaire. Tout laisse à croire, au regard du besoin du pays, il est nécessaire à ce que les pouvoirs publics entretiennent de meilleures coopérations et évitent des conflits au sommet de l'État. L'approche structuro-fonctionnaliste est plus que jamais nécessaire afin d'assurer la bonne marche de l'État. Le Parlement ne sera pas productif s'il est en conflit avec le Président de la République. Le travail parlementaire sera limité sans une franche collaboration avec le Chef de l'Etat.

L'arithmétique parlementaire au vu des résultats publiés par le Conseil Électoral Provisoire (CEP) permet de constater qu'il n'y a pas de parti majoritaire au Parlement. Sur le plan strictement juridique, le Parti Lespwa est différent du Parti INITE, juridiquement il est impossible d'assimiler INITE à Lespwa. Toute chose étant égale par ailleurs, la majorité parlementaire est toujours actée par une décision d'une juridiction compétente en ayant recours au résultats des élections. Au vu des résultats publiés par la juridiction électorale, il n'y a aucun parti qui détient une majorité absolue au Parlement. A défaut d'une majorité parlementaire qui est l'expression directe des urnes, il y a automatiquement une majorité présidentielle même si des blocs politiques peuvent être constitués au Parlement. Aujourd'hui, une réalité demeure c'est que la majorité fonctionnelle à la 49ème législature ne peut être que présidentielle. Tel est l'esprit de nos institutions comme l'a si bien noté la jurisprudence parlementaire et gouvernementale depuis 1988. Dans les conditions actuelles, il revient au Président Michel Joseph Martelly d'entreprendre les démarches pour constituer une majorité au Parlement. Le Premier Ministre choisi hérite de la majorité constituée par le Président de la République au Parlement. Donc, le Président choisit son Premier Ministre.

Contrairement à ce que j'ai pu lire dans les journaux et entendre à la radio haitiens, les résultats des élections législatives et sénatoriales ne créent pas une situation de cohabitation au niveau du pouvoir exécutif mais bien de coopération. Pour qu'il ait cohabitation au niveau du pouvoir exécutif, il faut qu'il ait un parti qui possède la majorité absolue à la fois à chambre des député et au Sénat de la République. Tel n'est pas le cas. Les résultats des législatives et sénatoriales donnent lieu à une situation de coopération entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Le terme cohabitation est fort et ne correspond en rien à la réalité parlementaire en Haïti. Il va avoir au Parlement, une majorité fonctionnelle qui ne peut qu'une majorité présidentielle. Tel est l'esprit de nos institutions tracé par la Constitution de 1987.

Un travail parlementaire ordonné par l'exécutif
La maigre production du travail parlementaire des cinq dernières législatures me porte à penser qu'il est nécessaire à ce que les présidents des deux chambres du corps législatif sont des parlementaires qui sont en harmonie avec le Président Michel Martelly, ce pour assurer le bon fonctionnement des institutions républicaines. En 1991, dominé par deux présidences hostiles au président de la République, le Parlement était improductif et a versé dans des actions politiques regrettables. Le régime politique actuel parce qu'il est dit semi-présidentiel exige une meilleure relation entre le Parlement et l'exécutif. Selon l'esprit et les lettres de la loi-mère, il y a des correspondances institutionnelles qui sont constitutionnellement énumérées entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Ne serait-ce que pour respecter la Constitution, la collaboration entre l'exécutif et le législatif est nécessaire. L'entêtement ou l'idée de blocage apparaît, dans ce cas d'espèce, comme une volonté affichée de paralyser la vie politique.

Si le parlement est un lieu crucial de production des décisions contraignantes sous forme de législation ordinaire (loi) et constitutionnelle (révision de la loi-mère), il ne peut faire l'économie d'une collaboration franche avec le pouvoir exécutif notamment au Président de la république qui a un pouvoir réglementaire (décret d'application des lois, arrêtés, circulaire, notamment celle autorisant à publier les lois au Journal Officiel ect). Les lois d'origine parlementaire, au-delà des sensations médiatiques, peuvent ne pas avoir tous les effets recherchés si l'exécutif n'est pas complètement impliqué dans la défense de ces lois. La loi Benoit sur le salaire minimum, la loi Bastien sur les frais scolaire sont des exemples pour montrer les limites des lois d'origine parlementaire si l'exécutif ne supporte pas ces textes. Aucun suivi jurico-administratif n'a été fait pour la loi Benoit sinon que payer les ouvriers le salaire fixé dans la dite loi, la loi Bastien sur les frais scolaires n'a pas été appliquée.

L'agenda parlementaire est défini par le pouvoir exécutif, contrairement à ce que l'on aurait pu penser. Le Parlement n'est productif sur le plan législatif que s'il est en harmonie avec le Chef de l'État. Dans la mécanique de production des textes législatif, le Chef de l'État apparaît comme un Chief Legislator en présidant le Conseil des ministres qui est le haut lieu de la prise des décisions de l'État. Étant donné que l'on gouverne que par la loi, le pouvoir exécutif a une prééminence sur le calendrier du travail parlementaire. Les agendas législatifs et gouvernementaux sont globalement dérivés des décisions prises en conseil des ministres.

Une coopération pour le progrès de nation
En grande partie, le Parlement et le l'exécutif sont responsables du processus politique et de la fixation de priorités relatives aux politiques publiques. Des politiques publiques bien élaborées exigent des productions législatives et des décisions gouvernementales à la hauteur des enjeux de la construction du pays. Au moins 120 projets de loi importants susceptibles de contribuer à la réforme de l'État et au développement économique et social sont déjà identifiés. La 49ème Législature a du travail important qui l'attend.

Si le contrôle juridictionnel du Parlement sur le travail gouvernemental est inscrit dans les mœurs politiques, mais un contrôle inapte est de nature à envoyer des mauvais signaux à la population qui attend une collaboration franche entre les deux institutions co-détentrices de la souveraineté nationale afin d'assurer la sauvegarde des institutions républicaines. Pour mener à bien cette législature, les Parlementaires doivent se faire accompagner par des experts de haut niveau pour les aider dans les travaux de commission.

L'émergence de la démocratie de l'opinion
La démocratie de l'opinion que l'élection de Michel Martelly a instituée en Haïti peut aider la population à apprécier le travail parlementaire eu égard aux projets de lois arrêtés en Conseil des Ministres qui pourraient être communiqués à la presse. Les activités parlementaires et les initiatives législatives d’origine gouvernementale ou législative sont fortement corrélées entre elles. Non seulement, ces associations sont significatives pour les mouvements verticaux de production législative, mais elles le sont également pour les liens plus horizontaux de proximité thématique des différentes initiatives législatives ainsi que pour ceux de contrôle juridictionnel du gouvernement par le parlement avec les décisions du conseil des ministres.

Les sondages d'opinion, les études politiques et sociologiques pourraient largement utiliser dans les prochains mois avec la démocratie de l'opinion qu'instaure la présidence de Michel Joseph Martelly. Cette démocratie de l'opinion constitue, à n'en pas douter, un pas salutaire vers la modernisation politique du pays. Elle va permettre d'apprécier le travail du couple institutionnel exécutif-législatif si le quinquennat de Martelly fait appel au Think tank ( Centre de Réflexion) pour la formulation des politiques publiques et si la présidence de Martelly se situe dans une logique de coproduction législative pour les lois demandant un compromis entre les forces politiques notamment la loi sur le parti politique et la loi électorale.

samedi 16 avril 2011

Continuité ?

par Daly Valet
Le Matin, 15 au 21 avril 2011

Michel Martelly a gagné haut la main l’élection présidentielle. Même si, à la grande stupéfaction de plus d’un, Mirlande Manigat, sa rivale défaite, tarde encore à saluer l’exploit spectaculaire de son tombeur et dénonce ce qu’elle dit être un « hold-up électoral », cela n’entache point d’illégitimité ni d’aucune souillure la netteté de la victoire de M. Martelly. Le fossé est tellement grand entre les scores réalisés par les deux compétiteurs que Mme Manigat a été bien inspirée de s’abstenir de toute contestation formelle des résultats officiels publiés par le CEP. C’aurait été, autrement, faire durer un mauvais plaisir et incruster, durablement, dans l’imaginaire collectif l’idée, peu enviable, que si le camp Manigat ne sait pas techniquement comment gagner une élection, il ignore autant comment s’en sortir honorablement en cas de défaite.

Il y a de l’animosité dans l’air. De l’amertume. Certains silences sont mêmes très éloquents. Surtout chez ceux des perdants qui persistent à croire qu’ils ont été spoliés d’une victoire certaine. De son antre doré où il ronge son chagrin de fauve blessé et trahi, Jude Célestin ne décolère toujours pas contre les Judas de son propre camp et ces proconsuls de l’international qui ont brisé ses rêves, par endroits irréalistes, voire ses chimères de dauphin de l’un des présidents les plus impopulaires de toute l’histoire de ce pays. Les choses à l’haïtienne ont fait qu’aujourd’hui il a, en Mirlande Manigat, une alliée dans l’infortune. Les mêmes sentiments de spoliation et de trahison les traversent tous deux. Pourtant, ils étaient, dès le début, solidairement enthousiastes à cautionner un processus électoral vicié à la base et dont ils espéraient tirer parti grandiosement dans une logique toute politicienne. L’un était un favori du pouvoir. L’autre, une candidate qui se voulait « devan devan nèt ». Les principes ne valaient pas. Seulement les calculs bassement politiciens, axés sur la logique du pouvoir à n’importe quel prix, prévalaient. Comme dit le vieux dicton haïtien, ils avaient bien compté mais mal calculé. C’est de la scélératesse de ne dénoncer le viol des principes que quand cela ne nous profite pas.

Aujourd’hui, il faut dépasser les dynamiques rancunières de mauvais perdants. Mirlande Manigat, René Préval, Jude Célestin, Inite et consorts doivent souhaiter le meilleur du monde au personnel dirigeant entrant. Ils ont eu leurs moments et leurs chances. Ils n’ont qu’eux-mêmes à blâmer s’ils n’ont pas su en profiter intelligemment. Le pays attend d’eux qu’ils fassent preuve de grandeur d’âme et de patriotisme si, d’aventure, le président élu, Michel Martelly, faisait appel à eux, à un titre ou à un autre, pour servir et sauver ensemble Haïti. Nos problèmes sont immenses et nos ressources très limitées. C’est dans l’apaisement social, la stabilité politique, et avec l’esprit citoyen d’abnégation, de dépassement, de concorde et de sacrifice que notre pays parviendra à se remettre de ses tourments.
Du coté des gagnants, il y a lieu de s’ouvrir, de ne point faire de la morgue, pour tendre la main à d’anciens rivaux ou à la nouvelle opposition née des dernières élections. M. Martelly n’aura pas la partie facile. De vieux routiers de la politique fourbissent déjà leurs armes et se proposent même de lui faire avaler bien de couleuvres. Les faucons aguerris de nos castes politiques rancies et momifiées ne lui pardonneront sans doute jamais de leur avoir ravi la vedette, de venir troubler leur jeu coquin de passe-passe au sommet de l’État, et de s’être imposé, du haut de son excentricité, comme par effraction dans le cercle des grands et des oligarques de ce pays. Il lui sera difficile de réussir son mandat avec de tels vis-à-vis comme éventuels partenaires politiques. La mission n’est cependant pas impossible. Il va falloir qu’il sache composer pour imposer ses agendas et conduire à terme ses grands chantiers. A côté de la plateforme Inite, l’Alternative constituera la deuxième force politique au Parlement. La fragmentation du vote durant les législatives, la dispersion des voix, en raison notamment des appels au boycott, feront du Parlement une institution bariolée où les intérêts s’harmoniseront difficilement. Le nouveau président sera surtout jugé sur sa capacité à faire passer ses projets primordiaux, à concilier les options de groupes et à faire, de cette configuration plurielle de l’instance législative, non un handicap, mais surtout un atout pour des dialogues démocratiques continus dans la poursuite de l’intérêt collectif.

Dialoguer ne veut point dire délibérer à n’en plus finir en quête d’un introuvable consensus. Il va falloir choisir et trancher. L’esprit d’ouverture ne devrait pas non plus renvoyer à l’idée de continuité. Si avec Aristide et Préval, nous avions eu droit au duvaliérisme et au jean-claudisme sans les Duvalier au pouvoir, avec Martelly, le pays ne tolérera point qu’il perpétue ses prédécesseurs dans ses choix et pratiques. On l’attend déjà, de pied ferme, dans le choix de son Premier ministre.
D.V.

dimanche 10 avril 2011

Rupture ?

par Daly Valet
Le Matin, 8 au 15 avril 2011

Le peuple souverain l’a décidé ! Joseph Michel Martelly a recueilli près de 67 % des suffrages exprimés lors du second tour de la présidentielle. Sa rivale malheureuse, Mirlande Manigat, n’a engrangé qu’un maigre 31 %. Un vrai séisme électoral. La victoire est écrasante et sans appel. À partir du 14 mai prochain, M. Martelly sera bel et bien le 56e président de la République d’Haïti. Les minorités retardataires, récalcitrantes et mélancoliques n’ont qu’à se conformer au verdict des urnes et se courber devant le choix souverain de la majorité. Cette majorité peut être, certes, turbulente, vindicative, anarchisante et aventuriste, voire très mal inspirée. L’éthique démocratique exige, malgré tout, que la cité s’ordonne politiquement autour des options du segment majoritaire de l’électorat.

Que des jeunes de la génération hip-hop, pourfendeurs enragés du « système », et d’autres révoltés, déçus du règne lavalas et des interrègnes putschistes, aient pu catapulter l’anticonformiste et l’impétueux Sweet Micky au sommet de l’État, c’est dire que l’ordre social actuel symbolisait, pour ces nouveaux Danton de la contestation sociale radicale, une autre Bastille à abattre. Les manigances du pouvoir leur avaient privé de leur égérie, Wyclef Jean. Pour se venger, et toujours dans l’optique d’imposer leur propre ordre, ils ont assené d’un coup de Micky, en pleine figure, la bonne veille société haïtienne en déconfiture. Sous des dehors innocents et bon enfant, il s’agit d’un choix conscient. Cynique. Violent même. Le vote contestataire du 20 mars a en fait servi d’exutoire au mécontentement exacerbé des masses et à cette violence sourde qui travaille Haïti jusque dans ses entrailles. Il n’y a pas que par les armes qu’on règle ses comptes avec des sociétés injustes comme Haïti. Depuis les élections fondatrices de 1990 qui avaient porté au pouvoir l’ex-prêtre populiste Jean-Bertrand Aristide, le bulletin de vote est devenu une arme redoutable entre les mains des exclus historiques du système. Si le vote majoritaire fait désormais loi en Afrique du Sud et que les tenants de l’apartheid s’y plient par pragmatisme depuis les réformes constitutionnelles des années quatre-vingt-dix, les élites conservatrices, rétrogrades et putschistes de la droite et de la soi-disant gauche haïtiennes, doivent également faire leur conversion, même tardive, en vrais démocrates.

Nous avions vu venir, dans ces colonnes, la victoire de Michel Martelly. Nous en étions même convaincus au lendemain du vote décisif du second tour. Il osait et tenait ferme là où Mirlande Manigat tergiversait et perdait de la contenance. Il a choisi de chevaucher le mécontentement populaire, de nourrir l’utopie chez les déshérités, d’attaquer René Préval frontalement, quand la candidate du RDNP laissait, elle-même, le pays avec l’impression déstabilisante qu’elle composait avec le président de la république. Un président Préval qui fait justement l’objet de toutes les récriminations, ce, dans toutes les couches de la société. Professeure d’université, Mme Manigat n’avait pas l’air de maîtriser ses dossiers. Elle n’a pas su consolider sa base électorale du premier tour ni rassurer les indépendants et les indécis dans l’entre-deux tours. Le manque d’audace de Mirlande Manigat, son discours professoral plus donneur de leçons qu’inspirateur, sa campagne terne et peu engageante, l’absence d’une stratégie électorale définie, sont autant de facteurs ayant contribué à faire du candidat de Repons Peyizan, son tombeur. De plus, elle n’a pas su mobiliser derrière elle les classes moyennes, lesquelles devraient être objectivement son électorat naturel. Elle a perdu parce qu’elle a été seule. Trop seule à l’ère des masses révoltées et des foules en puissance.

À travers la défaite de Mme Manigat, la débandade de M. Préval et de son bric-à-brac Inite, c’est toute une génération d’hommes et de femmes politiques qui vient d’être mise au placard. Avec Michel Martelly au pouvoir, c’est vingt-cinq années de gestion calamiteuse du pouvoir, par des cohortes d’incapables et de jouisseurs, qui viennent d’être sanctionnées et répudiées. Le nouveau président aura la tâche ingrate de nettoyer les écuries après les gabegies des deux dernières décennies. Il devra sortir Haïti de l’ornière, restituer son prestige, et l’engager sur la voie de la modernité. Apres les dégâts des autres, il va devoir construire, transformer, réformer et révolutionner. Le pays n’a pas besoin d’un Sweet Micky irrévérencieux au pouvoir. Il nous faut un Michel Martelly bon père de famille, respectueux de notre histoire et des principes moraux de la république. Les couches saines et éclairées du pays feront la veille. Sceptiques et angoissées, elles n’attendent pas beaucoup de M. Martelly. Elles s’investissent en lui négativement. Comme, d’ailleurs, le peuple des rues qui a voté pour lui. Ce peuple avoue vouloir prendre sa chance avec un « vagabond », après la faillite des élites traditionnelles. Il a fait de son « vagabond » un président. Ce dernier devra donc nous éblouir. Nous surprendre. Nous émouvoir par ses grandes réalisations. Il doit marquer la rupture, notamment par rapport au président sortant. L’ivresse de la victoire et la griserie du pouvoir ne devront lui faire oublier qu’il a eu la faveur d’à peine 16% de l’électorat. Se faire élire par seulement 700 mille électeurs sur un électorat de plus de 4 millions, avec un taux d’abstention de 70 % dans un pays de près de 10 millions d’habitants, c’est inaugurer son mandat avec un déficit certain de légitimité et d’assise populaires. La mission de Martelly sera avant tout de rassembler le pays, de le réconcilier avec lui-même, et de nous montrer qu’un Chef d’État sommeillait en Sweet Micky.
D.V.

samedi 9 avril 2011

Vers une première révision constitutionnelle, 24 ans après

Joseph Chanoine Charles
cjchanoine@yahoo.fr
04/04/2011

Le calendrier de la 49e législature est quasiment arrêté. À partir du 26 avril prochain, le sort des propositions de révision de la Constitution sera définitivement fixé par les nouveaux parlementaires. Les changements, qui doivent être apportés à la loi mère à l’occasion de cette première révision depuis 24 ans, le seront en fonction des modalités fixées aux articles 282 et suivants de la Constitution de 1987.

Les propositions, de l’Exécutif, modifiées, ont été approuvées le 16 septembre 2009 par une 48e législature presque acquise à la cause de René Préval, au cours d’une séance très houleuse. Des propositions votées à la hâte, dans une absence profonde de débats tant au niveau des parlementaires qu’au niveau des différents secteurs de la société. Les thèmes dominants et les articles devant être amendés restent encore peu connus du grand public. Seulement deux semaines restent pour la fin de la première session de cette législature. Les mêmes problèmes risquent de se poser avant le vote des propositions de l’Exécutif. Déjà, plusieurs organisations de la société civile se demandent si on ne risque pas de tomber dans les mêmes pièges. Les parlementaires auront seulement quinze (15) jours pour statuer sur des propositions qui, normalement, devraient faire l’objet de grandes discussions au sein de tous les secteurs de la vie nationale. Une absence de débats profonds est en passe de caractériser le vote de ces propositions. Le temps presse. On joue désormais à la va-vite.

Constitution de 1987 et proposition de révision : analyse comparative

L'équité de genre, la question de la double nationalité, la création d'un Conseil constitutionnel, la réduction du nombre d'élections et la diminution du nombre de seconds tours jugés dispendieux, l’introduction du jus soli, la reformulation ou l'élimination des articles ambigus ou jugés inutiles sont, entre autres, les grandes lignes du projet de révision de la Constitution de 1987 voté par la dernière législature. D’entrée de jeu, il faut dire que, dans le chapitre I, un seul article est modifié. Dans la Constitution en vigueur, cet article stipule que « Haïti est une République, indivisible, souveraine, indépendante, coopératiste, libre, démocratique et sociale ». Dans le nouveau document, il se lit ainsi : « Haïti est une République, indivisible, souveraine, indépendante, libre, démocratique et sociale». Seulement un léger changement y est apporté. On ôte le qualificatif coopératiste.

Dans la Constitution de 1987, l'article ayant rapport à la double nationalité s'intitule : « Possède la nationalité haïtienne d'origine tout individu né d'un père haïtien ou d'une mère haïtienne qui, eux-mêmes, sont nés haïtiens et n'avaient jamais renoncé à leur nationalité au moment de la naissance ». Désormais, l’article 11 sera lu ainsi dans le nouveau document : « Possède la nationalité haïtienne de naissance tout individu né d'un père haïtien ou d'une mère haïtienne qui, eux-mêmes, n'avaient pas répudié leur nationalité au moment de la naissance de l'enfant ». La question de la nationalité haïtienne d’origine a été tout simplement rayée et des verrous sont donc enlevés pour des compatriotes de la diaspora.

D’autres articles ont également été modifiés dans ce chapitre. Les articles 12.1, 12.2, 13 et 14 qui traitent aussi de la nationalité sont supprimés, dont l’article 12 qui se lisait comme suit : « La nationalité haïtienne peut être acquise par la naturalisation ».

Dans le projet de révision, cet article se lit ainsi : « Tout Haïtien est soumis à l'ensemble des droits et obligations attachés à sa nationalité haïtienne. Aucun Haïtien ne peut, à l'endroit des autorités haïtiennes, faire prévaloir sa nationalité étrangère sur le territoire de la République d'Haïti ».

Au moment où la diaspora réclame son droit de vote et l’acceptation de la double nationalité, l’on se demande encore si les Haïtiens vivant en terre étrangère vont pouvoir intégrer finalement les instances décisionnelles. D’ailleurs, une pétition est déjà lancée pour demander à la 49e législature d’agir vite en vue de leur permettre de participer à la construction de la nouvelle Haïti.

Dans le chapitre traitant de la question du droit et des devoirs du citoyen, la Constitution de 1987 formule que : « La réunion des droits civils et politiques constitue la qualité de citoyen ». L’Exécutif propose que l’article 16 soit modifié : « La jouissance, l'exercice des droits civils et politiques constituent la qualité du citoyen. La suspension et la perte de ces droits sont réglés par la loi ». Tandis que l’article 16.1 est supprimé, un nouvel article (17.1) est ajouté dans cette section, prenant en compte la question d’équité de genre : « Le principe du quota d'au moins trente pour cent (30%) de femmes est reconnu à tous les niveaux de la vie nationale, notamment dans les services publics».

La formulation de l'article 18 dans la Constitution de 1987 se lit comme suit : « Les Haïtiens sont égaux devant la loi, sous la réserve des avantages conférés aux Haïtiens qui n'ont jamais renoncé à leur nationalité». Un léger changement a été apporté à cet article qui referme ce chapitre. La nouvelle formulation est la suivante : « Les Haïtiens sont égaux devant la loi sous réserve des avantages conférés aux Haïtiens de naissance».

En ce qui a trait à l’éducation, plusieurs articles sont donc modifiés. L'article 32 - qui stipulait : « L'Etat garantit le droit à l'éducation. Il veille à la formation physique, intellectuelle, morale, professionnelle, sociale et civique de la population» - devient : « L'Etat garantit le droit à l'éducation. L'enseignement est libre à tous les degrés. Cette liberté s'exerce sous le contrôle de l'Etat». Outre le 32, les articles 32.1, 32.2, 32.3, 32.9 seront modifiés.

Tout le doute tournait autour de la question du mandat des élus et de leurs élections. L’article 134.3 de la constitution en vigueur stipule que « le président de la République ne peut bénéficier de prolongation de mandat. Il ne peut assumer un nouveau mandat qu’après un intervalle de 5 ans. En aucun cas, il ne peut briguer un troisième mandat ». Pour cause, le document final de révision n’a même pas touché à cet article qui, dans le premier projet d’amendement, avait fait couler beaucoup d’encre, car prévoyant un troisième mandat pour le président de la République. L’article 134 relatif à l’élection du président stipule que : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct, à la majorité absolue des votants établie à partir des votes valides conformément à la loi électorale (l’on ajoute votes valides). Si cette majorité n’est pas obtenue au premier tour, il est procédé à un second tour. »

L’article 134.4 a été ajouté au document. Il se lit ainsi : A l’ occasion des élections, le candidat le plus favorisé au premier tour n’ayant pas obtenu la majorité absolue est déclaré président dans le cas où son avance sur son poursuivant immédiat est égale ou supérieure à 25 %. Ceci est valable pour sénateurs et députés qui devraient avoir tous un mandat de 5 ans, selon le projet de révision. Le mieux que l’on puisse dire, c’est qu’on risque d’avoir, dans certains cas, des élus dont la légitimité serait peut-être très fragile.

Pour l’adoption de la décision de réviser la Constitution, il est prévu une période spécifique : la première session de la législature ; une formation spéciale : l’Assemblée nationale ; un quorum précis : la présence des deux tiers (2/3) des membres de chacune des deux Assemblées ; un type de majorité : la décision d’adopter l’amendement proposé est prise par un vote à la majorité qualifiée (2/3) des suffrages exprimés. Rappelons que la Constitution, en son article 283, fait obligation aux Assemblées de se réunir en Assemblée nationale pour statuer sur l’amendement proposé dès la première session de la législature suivante, c’est-à-dire la législature ayant suivi celle qui a fait la déclaration. Par ailleurs, le président René Préval, initiateur de ce projet, est le premier à le violer. L’article 132.2 du document fait injonction au président de remettre le pouvoir le 7 février de l’année qui boucle ses 5 ans, quel que soit le mois de la prestation de serment.

Culture du Riz/Méthode SRI

Le SRI : produire plus avec moins
Patrick Réma
patrickrema@yahoo.fr
05/04/2011

L’USAID/WINNER, la fondation BETTER U de l’acteur canado-américain Jim Carey et le SRI-RICE/CORNEL University ont organisé les 29 et 30 mars, au Club Indigo, un colloque international sur le système de riziculture intensive (SRI), pratiqué dans plus de 40 pays dans le monde.


L’USAID/WINNER, la fondation BETTER U de l’acteur canado-américain Jim Carey et le SRI-RICE/CORNEL University ont organisé les 29 et 30 mars, au Club Indigo, un colloque international sur le système de riziculture intensive (SRI), pratiqué dans plus de 40 pays dans le monde. Tenu sous le haut patronage du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, ce colloque a réuni agronomes, cultivateurs et techniciens autour de la problématique de la culture du riz en Haïti.

« Système de riziculture intensive (SRI) : une alternative prometteuse à la riziculture haïtienne traditionnelle ». C’est autour de ce thème que des échanges ont eu lieu entre les différents acteurs impliqués dans la production du riz en Haïti. Pendant deux jours, ils ont partagé leurs expériences de la pratique de la méthode SRI. Ils ont aussi discuté du potentiel de développement de ce système à travers le pays.

Au regard de la situation actuelle de la culture du riz en Haïti, avec une consommation moyenne de 400 000 tonnes par année pour une production de 100 000 tonnes au cours de la même période, il convient de modifier la donne, indique le directeur général du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, Lyonel Valbrun. « L’ancienne méthode de production du riz n’a pas apporté les résultats escomptés », a reconnu le directeur général. Dans ses propos d’ouverture du colloque, il a exprimé le vœu que les discussions soient bénéfiques pour tout le pays grâce à la sensibilisation des acteurs à la méthode SRI.

Selon l’expert malgache, Joeli Barisson, conférencier principal à ce colloque, les avantages du Système de riziculture intensif (SRI) sont énormes. L’application du SRI permet d’économiser « environ 90% de semences, 30 % d’eau. Il offre aussi la possibilité de réduire de moitié l’utilisation d’engrais, tout en permettant aux paysans de maximiser leur rendement », d’après M. Barisson. Chiffres à l’appui, il a démontré comment la méthode SRI peut rendre le riz haïtien compétitif sur le marché national et le marché international. Pour illustrer ses propos, il a pris l’exemple de la production d’une tonne de riz. Selon la méthode traditionnelle, il faut à un paysan 30 000 gourdes pour produire cette quantité, alors qu’il en a besoin 18 000, selon la méthode SRI.

Avec le SRI, deux mythes vont tomber, a indiqué le directeur général du projet USAID/Winner, Jean Robert Estimé. D’une part, il s’agit de l’idée qui fait croire qu’il ne peut pas y avoir une agriculture moderne dans des petites exploitations et avoir un rendement, d’autre part, le riz haïtien ne peut pas être compétitif. Le ministre de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, Joanas Gué, est de cet avis. Il a dit croire que si les acteurs du secteur appliquent les bonnes méthodes de production et unissent leurs forces, le pays peut produire la quantité de riz suffisante pour la consommation interne. Il croit qu’il y en aura de quoi exporter.

Ce qui coïncide avec la vision du président de la fondation BETTER U, l’acteur canado-américain Jim Carey, pour la filière riz en Haïti. « Je ne considère pas Haïti comme une catastrophe, mais une opportunité. J’espère que je vais vraiment m’impliquer à aider à développer cette filière agricole en Haïti », a-t-il lancé dans une courte intervention à la clôture du colloque. Les rêves de Jim Carey pour Haïti sont grands. Il a dit vouloir que le pays soit en mesure de répondre aux besoins de sa population : « Je voudrais que Haïti devienne prospère et auto-suffisante ». Pour lui, le SRI est un instrument important qui peut vraiment faire la différence. « Je souhaite que le SRI puisse aider Haïti à aller de l’avant et je vais m’impliquer pour cela ».

L’acteur a mis en place un secrétariat global, dirigé Erika Styger de SRI-RICE/Cornel University, sur la promotion du SRI. Dans sa présentation, Mme Styger a montré comment les paysans de plusieurs pays dans le monde sont arrivés à améliorer leur production de riz grâce à la méthode SRI. « À Madagaskar particulièrement où il a été appliqué pour la première fois, le SRI a contribué à l’amélioration des conditions de vie des fermiers », a-t-elle témoigné.

Selon les premières expériences faites dans plusieurs régions du pays, les résultats montrent que la riziculture haïtienne a de l’avenir. « Le SRI commence à s’implanter avec beaucoup de succès dans des zones d’intervention de WINNER, particulièrement aux Gonaïves, à Mirebalais et à Thomazeau. On constate que de plus en plus de paysans veulent appliquer le SRI au niveau de leurs propres parcelles de terre », a fait savoir le directeur de USAID/Winner, Jean-Robert Estimé.

Les cultivateurs, qui ont expérimenté le système, se sont en effet montrés très satisfaits des résultats. Lors d’une séance de témoignages, ils ont affirmé avoir été surpris du volume de riz récolté avec peu de semences. « Au début, on était sceptiques nos proches nous prenaient pour des fous en nous voyant cultiver le riz d’une manière différente de la façon dont on l’a toujours fait. Ce n’est qu’au moment des récoltes qu’on a compris l’importance du SRI et eux aussi », ont systématiquement expliqué tous les cultivateurs, lors de cette séance de témoignages.

Améliorer la production du riz en Haïti est d’autant plus nécessaire que le riz est classé en première position dans la filière agricole. Il est consommé par toute la population haïtienne. Son importation mensuelle avoisine les 30 000 tonnes. Au regard de cette situation, les paysans recommandent de renforcer ce secteur qui fait face à beaucoup de difficultés Parmi les difficultés évoquées, ils citent le problème de l’eau pour l’irrigation, la vétusté des matériels et les pertes post-récoltes.

Le projet WINNER expérimente la méthode SRI avec les paysans riziculteurs haïtiens depuis environ une année dans la plaine du Cul de Sac, à Mirebalais ainsi que dans le bassin versant de Gonaïves afin de vérifier si la méthode peut aider les paysans haïtiens à améliorer leur production de riz à travers des parcelles d’essais et de démonstration. Cette démarche rentre dans le cadre de la modernisation et de l’intensification agricole initiée par le projet dans ses zones d’intervention. Selon le représentant de l’USAID au colloque, Philippe Palmer, le gouvernement américain fait du développement agricole un axe prioritaire dans sa coopération avec Haïti. « L’USAID, par le biais du projet Winner, travaille en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, pour améliorer les performances dans ce secteur », a-t-il fait savoir.

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