samedi 29 septembre 2012
dimanche 23 septembre 2012
Le riz comme pour l’Engrais !
Le riz comme pour l’Engrais !
Michel William
21/09/2012
A la grande surprise de la classe politique traditionnelle le gouvernement Martelly Lamothe expérimente une composante sociale qui fait trembler de peur tous ceux la qui étaient au pouvoir durant les vingt cinq dernières années. Qui eut cru, comme l’a si bien fait remarquer le chef de l’Etat, que c’est la présidence d’un ancien chanteur de bande qui viendrait voler au secours d’une population á soixante quinze pour cent pauvre..Les faits politiques ont parlé d’eux-mêmes et la vérité a jailli de la réalité. L’école universelle gratuite, la carte d’assurance sociale, la carte d’assurance maladie, le crédit PAM, le kay PAM, la cantine populaire , le « Ti manman cheri », la politique de subvention de l’engrais au profit des cultivateurs qui se défoncent pour nourrir les 50% de la population , sont autant de mesures de politiques publiques d’accompagnement qui témoignent de la volonté inébranlable du président Martelly de trancher d’avec les vieux clichés du faire semblant de venir en aide á la population..
La création d'une commission interministérielle chargée de stabiliser les prix des produits de première nécessité est le tout dernier acte posé par le président Martelly.Son but participe de la volonté du gouvernement Lamothe de soustraire á l’appétit naturel du secteur des affaires d’anticiper sur la montée du dollar et sur les conséquences climatiques négatives (32.000 has de fruitiers et de bananeraies détruits)) pour faire monter les prix .C’est le cas actuel du riz dont le prix sur le marché international ‘se stabilise aux abords de cinq cents dollars américains la tonne pendant qu’en Haïti, les prix flambent sans explication acceptable.
Pour Marie-Carmelle Jean-Marie, ministre de l’Economie et des Finances , l’Etat jouit d’un accord spécial sur le pétrole avec le Venezuela. Cet accord autorise l’état dans les cas d’urgence á utiliser une partie de ces fonds pour subventionner les produits stratégiques dont l’augmentation des prix á la consommation peut nuire á la stabilité politique du pays.
En vertu de ce contrat l’Etat aurait négocié avec les entrepreneurs une structure des prix qui tiennent compte des frais, des taxes et d’une marge de bénéfice acceptable dans le commerce du riz dont l’importation atteint 480 mille tonnes l’an. Celle-ci représenterait quatre fois la production nationale du riz qui , même bien encadrée, ne dépassera jamais les 200.000 tonnes avec un rendement moyen extraordinaire de quatre tonnes /has. Ce calcul est pour ramener sur terre les rêves féeriques d’un Jean Robert Estime qui utilise le mirage du SRI impossible (Système de riziculture intensive 12-16 tonnes /has) pour faire dormir le ministère de l’agriculture en voulant défendre la thèse que la micro exploitation ne constitue pas un obstacle á la productivité des cultures et á l’augmentation de la production agricole.
D’après radio Magik Stéréo qui cite la ministre des Finances « Nous pensons que le modèle de contrat pétrolier peut être appliqué sur tous les produits sensibles pour les consommateurs. Mais nous n’allons pas nous substituer aux importateurs parce que l’Etat haïtien n’a ni les moyens logistiques ni les moyens financiers pour ce genre de transaction ». Période.
Le ministre du commerce et de l’industrie ,Mr Wilson Laleau, aurait reçu le feu vert de la commission interministérielle pour régulariser le prix de cinq produits stratégiques qui entrent quotidiennement dans le panier de la ménagère. Il s’agit du riz importe á 75% de la consommation , de la farine du mais consommée massivement par la population sous toutes les formes ,du haricot dont la production locale déficitaire est commercialisée par « Ti malice » á grand renfort de publicité contre productive, de l’huile et du sucre dont les prix ont pratiquement doublé sur une période de trois ans.
Cette mesure qualifiée de révolutionnaire par la gauche politique non obscurantiste n’est pas sans susciter des commentaires les plus variés, dans la presse et dans le commun des mortels. Le quotidien de la rue du centre , reprend l’esprit de l’interview de Mme Marie Carmelle Jean Marie et titre « Du riz comme pour le pétrole « .Il cite une source non identifiée mais proche de la commission qui ferait croire que l’état par cette mesure deviendrait le premier importateur de riz. Dans la même foulée précipitée, le journaliste renchérit involontairement que selon le ministre, les importateurs vont devenir des distributeurs de riz.
L’opposition INITE, par la voix du député Saurel Jacynthe, un transfuge de la fusion socialiste ,se lamente du fait que le gouvernement de Martelli, par cette décision, a raté l’occasion de relancer l’agriculture, car en deux trois mois, le gouvernement avec le même montant investi dans la culture du pois du mais, du riz , de l’igname de la banane » mettrait á peine deux á quatre mois pour boucler le cycle de production de ces cultures »Le député de Moron Chambelan a dévoilé dans une intervention télévisée sa nullité dans les affaires agricoles en clamant á la radio que rien dans la Grand Anse, le gouvernement pourrait faire la différence en mettant en valeur le terroir de cette région apte á produire et á nourrir la majorité de la population haïtienne. Les analystes avertis se demandent perplexes, pourquoi le député Saurel Jacinthe ,aux affaires depuis 1990 n’a pas voté des lois budgétaires et organiques sectorielles qui auraient mis en place les conditions de valorisation de l’écologie agricole de cette région effectivement taillée pour le fruitier et les tubercules.
D’autres politiciens mieux imbus des problèmes de l‘arrière pays mais tous aussi ignares de la réalité économique de l’agriculture haïtienne dans leur propres patelins arguent que le peuple en sortirait mieux soulagé si cet argent était investi dans l’agriculture qui offrirait des solutions de production plus rapides. Ces faiseurs d’opinions se trompent d’adresse dans l’agriculture, car ils oublient que vouloir produire et produire sont effectivement deux vœux de l’esprit qui, pour se concrétiser , doivent rejeter les gouvernances économiques des derniers présidents de l’ère lavalassienne suivies en partie pendant le gouvernement intérimaire de Boniface Alexandre jusqu'à la fin du mandat prolongé du président Préval. Ces politiciens ont recommandé une politique de désétatisation á outrance qui livre les cultivateurs mains et poings liés au secteur privé et aux ONG. Ces politiciens décorés par la Minustha feignent d’ignorer que la relance de ce secteur demande une planification intégrée et une mise en place transversale de décisions concertées pour produire des effets durables á moyen et á long terme.
Mais l’enjeu du présent article est de démontrer plutôt la possibilité d’exploiter une trouvaille du ministère de l’agriculture dans la privatisation de l’engrais subventionné tout en soutenant une certaine étatisation pour empêcher la flambée des prix aux consommateurs et pour encourager partiellement l’augmentation de la production agricole.. Le nouvel essai de cohabitation du secteur privé des affaires et de l’état Haïtien á travers le ministère de l’agriculture et le bureau de monétisation dans la commercialisation de l’engrais mérite d’être signale á l’attention du grand public .Il est évoqué pour montrer ce dont est capable un gouvernement Martelly Lamothe lorsqu’il fait appel aux branches encore saines de l’administration publique haïtienne qui jure de ne pas vivre de la manne des ONG contraire aux intérêts de l’agriculteur haïtien au moment de leur passage aux affaires de l’Etat.
Pour mémoire il convient de rappeler que la consommation de l’engrais s’était stabilisée dans les années 97 aux abords des 15 mille tonnes. Le ministère de l’agriculture á travers des efforts consentis par le trésor public haïtien et le gouvernement japonais avait essayé au cours des quinze dernières années plusieurs scenarios de partenariat avec le privé qui ont connu tantôt des hausses tantôt des baisses dans la consommation de l’engrais jusqu'à concurrence d’un million de tonne . Cette expérience a évolué en dent de scie á cause de l’irruption parfois violente dans le processus de certains ministres de trahison nationale qui croient dans une désétatisation sauvage sans regarder ses conséquences sur les cultivateurs déjà décapitalisés. Ces ministres , sous le fallacieux prétexte que la subvention tue l’effort du secteur des affaires arrivent á ourdir des complots d’enterrement des cultivateurs haïtiens en remettant aveuglément au secteur privé le monopole intégral du commerce de l’engrais. Tout se passe comme si ces ministres de l’agriculture avaient signé avec le diable un pacte de continuité de la liquidation du capital rural au profit des intérêts égotistes du secteur des affaires et de l’international..L’engrais et la question des assurances agricoles participeraient de la conclusion de ce pacte diabolique et ténébreux. .’Il a fallu attendre l’arrivée historique du président Martelly pour faire un don de 100.000 mille sacs d’engrais dont la distribution allait déclencher les réactions les plus noires et les plus violentes dans la vente illégale de cette commodité. Ces réactions malheureuses ont permis en revanche au MARNDR de faire une trouvaille salutaire qui fait le bonheur des cultivateurs en particulier , celui du secteur privé et celui du gouvernement en général . Cette trouvaille semblerait faire des heureux au niveau du gouvernement de Mr Lamothe qui aurait décidé de l’expérimenter au niveau des produits stratégiques entrant dans le panier quotidien de la ménagère haïtienne.
Quel a été le secret trouvé par Damien ?
Il serait injuste au prime abord d’attribuer á Damien tout seul le bénéfice de l’heureuse trouvaille. Ce miracle a été l’œuvre combinée des techniciens chevronnés du MARNDR, des importateurs d‘engrais, des distributeurs de l’engrais , de la participation indirecte de la population qui dénonçait la main mise des politiciens et celle du secteur des affaires dans la vente d’un produit stratégique. Cette trouvaille pourrait avoir été aussi facilitée par l’expertise et la Sagesse de la vision stratégique des cadres du bureau de Abagrangou qui , dans leurs discussions transversales au sein du COLFAM pourraient avoir peaufiné la démarche en suggérant certaines stratégies vitales dans la lutte contre la faim et la malnutrition.
Les trois partenaires directement impliqués, le MARNDR, les importateurs et le réseau de distributeurs qu’il ne faut pas confondre avec les importateurs, ont trouvé la formule magique qui fait du secteur privé et non de l’état le seul importateur et distributeur d’engrais. Le secteur privé dont le seul métier est la vente de produits para agricoles a été maintenu dans son rôle d’acheteur et de vendeur pendant que la subvention donnée aux cultivateurs par l’état confère á ce dernier le droit de réguler les prix de vente du produit devenu stratégique dans certaines cultures.
Dans cette saga , l’état haïtien subventionne l’engrais á hauteur de 50%. Le secteur privé se charge de l’achat de l’engrais avec son propre argent, touche la subvention dans les quinze jours qui suivent le débarquement de la commande .Un autre réseau du secteur privé, celui des distributeurs patentés et chefs d’associations reconnues légalement , prend en charge la distribution de l’engrais dans toutes les zones de consommation á certaines conditions :
L’importateur ne sera pas le distributeur.
Le prix au dernier consommateur ne dépassera pas le prix arrêté par les trois partenaires á la signature des protocoles d’accord.
Le MARNDR , les importateurs et le réseau des distributeurs signent respectivement deux contrats bi et tripartites qui fixent les droits, les devoirs et les pénalités encourues par le privé en cas de violation des conditions.
Un corps de superviseurs a été mis en place pour superviser la vente de l’engrais .
Un communiqué de presse de la direction générale du MARNDR a été publié qui rappelle aux uns et aux autres les engagements pris pour le bonheur des cultivateurs haïtiens.
Une campagne d’information agricole , en retard de paiement, parce que jamais prévue pour ce genre d’opération , a permis la compréhension et la collaboration de tous pour la réussite de l’opération
Pour ce qu’il s’agit de l’engrais provenant du don japonais , la commande est entrée en Haïti sur appel d’offre au niveau des importateurs haïtiens .Elle est remise au bureau de monétisation pour être commercialisée .Ce sont les importateurs qui achètent l’engrais au prix de gros, qui le revendent suivant le principe des accords bi et tripartites aux distributeurs qui eux-mêmes se chargent du transport et de la vente au détail du produit stratégique.
Quand le journal de la rue du centre titre « Du rix comme pour le petrole » et non du riz comme pour l’engrais, les observateurs notent une méconnaissance de la nature du contrat de l’engrais subventionné ou une communication intéressée d’un ministère pour avoir le crédit de la trouvaille, quand le succès d’un ministère est celui de tout le gouvernement.
Ou encore serait-ce une erreur journalistique ou une faute intentionnelle de reportage.
.
Le reportage a laissé comprendre que l’état est devenu le seul importateur de riz.
Le texte insinue que l’état manifesterait son intention de déclarer la guerre au secteur privé. Il ne s’agit pas de cela.
La lecture e l’article semble créer tout aussi bien la perception que l’état de Martelly avancerait á grand pas vers un état communiste bourgeois qui monopoliserait la vente du riz au profit de grands commis et alliés du gouvernement, Il n’en est rien.
Le journaliste pourrait sans le vouloir travestir la bonne intention de son article en omettant de faire ressortir l’importance de la composante sociale d’un gouvernement Micky qui étonne par ses innovations en matière de politique publique en faveur des plus demunis, quand toute la classe politique a tendance á accuser le gouvernement de spoliateur de budgetivore, de prédateur et de détourneur de fonds .
Tout en donnant le crédit de la part du lion au MARNDR dans la mise en place de cette composante sociale révolutionnaire du gouvernement Lamothe, il est á se demander si , au niveau de la clientele du riz, du mais , des haricots du sucre et de la farine qui regroupe de puissants hommes d’affaires qui généralement tiennent la dragée haute au gouvernement , l’opération sera menée avec la même aisance observée dans le secteur agricole . Pour le moment toute l’information permettant de voir où l’on veut en arriver n’est pas disponible. On sait seulement comme l’a dit le la ministre des finances, que le gouvernement n’a pas les reins économiques assez forts pour pratiquer la subvention á la seule commodité du riz, voir, pour l’étendre au mais, á l’ haricot, á la farine, au sucre et á l’huile. A quelle hauteur de participation de l’état se pratiquera cette subvention et á combien sera fixé le prix au consommateur pour chacun de ces produits ?.On ne connaît pas encore la réponse á toutes ces interrogations.
Dans un contexte lourd de revendications sociales et fait de manipulation du discours politique, il serait plutôt sage d’aller aux informations á la source même pour savoir les tenants et les aboutissants de la démarche , le nouveau rôle de pionnier social que le secteur de l’agroalimentaire voudrait jouer dans le gouvernement Martelly Lamothe et se garder de faire toute spéculation grossière de l’information politique qui ne desservirait pas les ’intérêts de personne en ces moments difficiles de la vie nationale. Le moment est au calme et á la vigilance. Toute idée positive en vue d’améliorer la démarche au niveau de la commercialisation de ces produits stratégiques devrait avoir le pas sur les critiques stériles non productives. « Du Riz comme pour l’engrais ».pourrait être une motivation additionnelle pour le MARNDR d’aller plus loin avec le ministre Thomas Jacques.
mardi 4 septembre 2012
Causes causantes des inondations d’Haïti et solutions
Jean
Erich René
ING. Agronome
Économiste
Les
inondations en Haïti sont liées au prime abord à des facteurs d’ordre
climatique. Les fortes pluies qui accompagnent généralement les cyclones augmentent
considérablement l’eau de ruissellement provoquant les crues de nos rivières qui débordent de leurs lits en
emportant tout sur leur passage. Signalons que les catastrophes naturelles ne
sont pas liées seulement à des facteurs météorologiques. Elles sont amplifiées
par l’état des lieux c’est à dire le mode d’exploitation en cours. La nudité du
sol entraine l’érosion de ses particules donnant naissance à une eau boueuse qui en dévalant
les pentes par accélération acquièrent une force de destruction extraordinaire.
En
Haïti la plupart des dégâts provoqués par les inondations sont dus à des causes
anthropiques c’est-à-dire qui résultent
de l’action humaine telles que :
-
Le déboisement de nos
bassins versants pour aménager les jardins. Ces pratiques agricoles anarchiques
entrainent l’écoulement en force de
l’eau de pluie
.
-
La dégradation totale du sol,
par les façons culturales, le réduit à
la roche-mère et entraine son imperméabilité. Ce manque d’infiltration est à
l’origine des eaux sauvages qui engloutissent les plaines en contrebas, détruisent
les jardins et les maisons et provoquent
des glissements de terrain.
-
L’obstruction
des canaux de drainage et de nos rigoles, par les débris végétaux et les
détritus, sont aussi responsables de l’inondation de nos rues dans les villes.
Cette
conjonction de facteurs naturels joints
à la faiblesse de la gestion étatique, le manque de coordination et
d’implication des différents services concernés à l’approche des crues, accentuent
sans aucun doute les effets dévastateurs. La situation ne va pas s’améliorer
d’elle-même sans une intervention gouvernementale intelligente et planifiée.
Qu’on se le tienne pour dit : les calamités naturelles provoquées par les
changements climatiques tels que le rétrécissement de la couche d’ozone,
l’effet de serre et la fonte des glaciers sont à l’origine de grandes
modifications climatiques provoquant l’augmentation du niveau des océans, du débit des
cours d’eau, la fréquence et l’intensité des cyclones. Cette situation, pour le
moins que l’on puisse dire : catastrophique, en appelle à notre conscience
de citoyen responsable sans aucune nuance d’appartenance sociale ni d’idéologie
politique. Nous sommes tous embarqués sur le même
bateau. Son naufrage sera fatal pour tout le monde. C’est de l’infantilisme de croire que seul le
Gouvernement en place est concerné.
Les
simulations scientifiques prédisent que les inondations vont s’accélérer au
cours des prochaines années. A bon entendeur, salut ! On peut s’imaginer
l’ampleur du mal dans un pays comme Haïti déjà confronté à d’autres défis tels
que la surpopulation, le chômage, la faim, la malnutrition, la maladie, les
taudis etc. Le bord de mer et les lits
de nos ravins sont squattés par les sans-logis dans l’indifférence de
l’Administration publique. Leurs capacités d’adaptation sont relativement
faibles et les conséquences de plus en plus désastreuses. A titre d’exemple,
des maisons sont adossées sur le soutènement
du lac de Péligre. La catastrophe est imminente et le blâme tombera sur le
Pouvoir Central qui a intérêt à prendre des mesures adéquates afin de juguler
le mal. Il en est de même des habitants qui vivent au bord du lit du Bois de
Chêne et sur les flancs des ravins.
A
cause des contraintes économiques qui pèsent sur la capacité d’adaptation des
ménages, les inondations varient avec
les localisations des agglomérations entrainant parallèlement des
stratégies différentes :
-
Les crues de nos rivières,
de nos gorges et de nos ravins arrivent généralement suite à une longue période
de pluies. Il n’est pas difficile de cibler les zones à risques ni de prévenir
les résidents du danger qui les guette en vue d’une évacuation éclair. L’idéal
serait de leur offrir une alternative durable puisque les saisons pluvieuses sont bien connues au
cours de l’année et les cyclones sont annoncés
avant leur passage. Donc il n’y a pas de surprise sinon que de la négligence
pure et simple.
-
Outre les prévisions atmosphériques, il faut aussi mentionner
les inondations surprises et brutales
déclenchées par les caprices de la
nature tels qu’orages, éclairs,
dépressions atmosphériques etc., provoquant de fortes précipitations. Il en
résulte de graves dommages pour nos champs, nos cultures et la sédentarisation
de l’eau de pluie dans les rues de nos villes etc. Les épidémies de choléra,
fièvre typhoïde etc. comptent parmi le cortège de malheur.
Ces crues subites sont dues aussi à des pluies orageuses et intenses. Elles ne parviennent
pas à pénétrer dans le sol suite à son déboisement préalable entrainant sa
calvitie. Elles dévalent rapidement les pentes pour gagner les gorges et les
vallées subséquentes. Elles prennent de l’accélération avec la déclivité du sol
en fauchant tout sur leur passage. Quelles sont les causes fondamentales des
inondations cycloniques et non cycloniques en Haïti ? Comment mettre sur pied une gestion anticipatoire?
-
71% des besoins énergétiques
d’Haïti sont satisfaits par la consommation du bois
-
2,5 millions TM de bois de
chauffage sont brûlés par année notamment dans les boulangeries, les
blanchisseries, les guildives, les fours à chaux, les usines d’huile
essentielle. Cette consommation représente 63% de l’offre totale
-
300.000 TM de charbon de
bois sont consommés chaque année, soit
l’équivalent de 1,5 millions TM de bois de feu.
Quelles sont les
solutions aux inondations d’Haïti ?
(à suivre)
lundi 3 septembre 2012
Quand une déclaration fait frôler la catastrophe
Quand une déclaration fait frôler la catastrophe
Carl-Henry CADET aloccarlo@hotmail.com
« Vider mon compte d'épargne, tel a été mon premier réflexe », avoue un professionnel à la suite des propos tenus par le sénateur Moïse Jean-Charles, annonçant cette semaine dans la presse la faillite imminente du système bancaire. Défrayant la chronique, cette déclaration fracassante a failli provoquer la panique générale. De quoi porter les autorités financières à monter au créneau.
A grand renfort de statistiques et d'analyses financières, les responsables du ministère des Finances et ceux de la BRH ont démenti les propos du parlementaire. Ces arguments techniques n'ont pourtant
pas suffi à dissuader le sénateur du Nord, fort de ses convictions, de continuer d'accuser, de dénoncer haut et fort mais sans contre-argument.
D'un revers de main, Moïse Jean-Charles rejette les réactions des autorités monétaires qui entendent rassurer les agents économiques sur la bonne santé du système bancaire. Le sénateur n'avance aucune preuve. « Je ne fais que dire tout haut les inquiétudes que les autorités murmurent dans les réunions ». Selon lui, le gouvernement est aujourd'hui au pied du mur à cause de ses « dettes internes ». A bout de ressources financières, l'Etat serait dans l'impossibilité de payer les fonctionnaires publics. Et les chèques émis par l'exécutif seraient actuellement payés à partir des épargnes des citoyens en réserve à la Banque centrale.
« Une mauvaise maîtrise des données financières »
Les informations officielles disponibles contredisent de tels propos, selon le président de la commission Finances et Budget du Grand Corps, Jocelerme Privert. Le dernier tableau des opérations financières de l'Etat, daté de juillet 2012, montre, en effet, que l'Etat dispose, avec ses 31,904 milliards de gourdes de recettes totales, de capacités financières suffisantes pour couvrir ses dépenses de traitement et de salaires, évaluées à 24,772 milliards de gourdes. De 45 milliards de gourdes, les prévisions de recettes internes (perçues par la Direction générale des impôts et de l'Administration générale des douanes) ont certes été revues à la baisse par l'exécutif (précisément, à environ 42 milliards de gourdes). Mais, d'après le sénateur des Nippes, cette nouvelle donne ne remet pas en
question les moyens financiers de l'Etat pour couvrir ses dépenses de fonctionnement.
Depuis trois semaines, la commission Finances du Sénat rencontre les différents membres du gouvernement sur l'exécution du budget en cours des différents ministères et autour de l'examen de celui de l'exercice fiscal 2012-2013. « A aucun moment de ces séances de travail, diffusées par la presse, la question d'une insuffisance de fonds de l'Etat n'a été agitée », déclare le président de cette commission. Au contraire, l'exécutif a du mal à dépenser tous les fonds mis à sa disposition. Et c'est cette incapacité d'absorption qui a fait l'objet des discussions ». Jocelerme Privert attribue les déclarations de son collègue sénateur à une mauvaise maîtrise des données disponibles.
Les statistiques mises en avant par la Banque centrale, à travers une note, prennent aussi le contre-pied des propos du sénateur Moïse Jean-Charles. Selon ce communiqué, les comptes de l'Etat à la BRH accusent un solde positif de 2,7 milliards de gourdes. Par ailleurs, la Banque centrale souligne que les banques sont bien gérées et bien capitalisées : le capital du système bancaire est de 10,3 milliards de gourdes au 30 juin 2012, soit un ratio de capital sur actif de 6,23% bien au-dessus du minimum requis de 5%. Et les banques de la place accusent au 30 juin 2012 un rendement sur actif (ROA) de 1,35% et un rendement sur capital (ROE) de 21,69%, le standard international étant respectivement entre 1 % et 20%.
Pour la ministre de l'Economie et des Finances, Marie Carmelle Jean-Marie, aucun danger financier ne pointe à l'horizon au regard des performances du système bancaire. Au contraire, elle classe actuellement les activités bancaires parmi les plus disciplinées et les plus réglementées de l'économie. « Les banques commerciales n'utilisent pas l'argent des déposants comme bon leur semble. Elles respectent à la lettre les règles de la BRH », soutient la ministre. Le Grand argentier de l'Etat souligne, par ailleurs, que son administration n'est pas disposée à violer la règle sacro-sainte (initiée depuis la réforme économique engagée en 2004 au MEF), en finançant le déficit du Trésor public par des ressources de la BRH.
« La politique ne doit pas tuer l'économie »
Consciente de la faible éducation financière de la population, Marie Carmelle Jean-Marie ne prend pas les propos du deuxième sénateur du Nord à la légère. « Cette déclaration aurait pu me faire rire si ce n'était pas une autorité du pays qui en était l'auteur. Mais je suis plutôt triste . Pour tenir de tels propos, une voix autorisée doit apporter des preuves », déplore la ministre, qui estime ces propos irresponsables et susceptibles de provoquer des dégâts dans le système financier.
« Il faut faire attention que la politique ne tue pas l'économie », prévient Mme Marie Carmelle Jean-Marie. Sénateur de l'opposition, Moïse Jean-Charles est réputé pour ces déclarations à l'emporte-pièce contre le pouvoir en place.
Carl-Henry CADET aloccarlo@hotmail.com
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VILLAGE DE L’ESPOIR
VILLAGE DE L’ESPOIR
BERNARD ETHÉART
19 AOUT 2012
Le samedi 18 août, le Ministère de
l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR)
invitait à l’inauguration du Village de l’Espoir, 200 unités de logement
construites, grâce à la coopération taiwanaise, à Savane Diane, commune de St
Michel de l’Attalaye, pour des victimes du séisme du 12 janvier 2010. Mais avant
de parler de cette cérémonie, je crois nécessaire d’en présenter le cadre.
La
Savane Diane, c’est environ 20.000 hectares (dans son émission ce matin sur
Radyo Ginen, l’agronome Michel William, qui avait joué le maitre de cérémonie
samedi, disait entre 18.000 et 25.000 carreaux) situés dans la section communale de l’Attalaye,
commune de St Michel de l’Attalaye. Située à environ 400 mètres d’altitude, la
Savane Diane occupe le coin nord-ouest de cette vaste étendue plane (217.600
hectares) qu’est le Plateau Central.
En dépit de sa situation géographique, la commune de St Michel fait partie
du département de l’Artibonite (une des raisons pour lesquelles il est ridicule
de parler des dix « départements géographiques » du pays). Pendant
longtemps, la voie la plus utilisée pour atteindre St Michel était la route qui
le relie à la Nationale # 1 au niveau d’Ennery, mais, depuis quelque temps, une
route qui traverse la chaine des Cahos relie St Michel à Marchand-Dessalines
évitant au voyageur venant de Port-au-Prince d’avoir à faire le grand détour
par Gonaïves et Ennery. Par ailleurs, St Michel est aussi relié à St Raphaël,
sur la Nationale # 3, au nord de Hinche, et à Maïssade, à l’est de Hinche.
En ce qui concerne l’histoire de la Savane, ce matin à la radio Michel
William a évoqué une colonie agricole qui aurait été établie sous la présidence
de Sténio Vincent en faveur de rescapés des vêpres dominicaine ; moi j’ai
surtout entendu parler du projet d’élevage sous la présidence de Dumarsais
Estimé : la Savane était utilisée pour la culture de l’« herbe Madame
Michel » qui servait de fourrage pour les zébus de la ferme de
Papaye ; et puis tout le monde sait que l’agronome Louis Déjoie y
produisait des huiles essentielles avant que le démon de la politique ne
finisse par l’envoyer en exil.
Aujourd’hui, on vient y implanter le Village de l’Espoir, mais ce n’est pas le premier projet
de ce genre. Le 31 Janvier
2003, le Premier Ministre Yvon Neptune lançait, au cours d’une cérémonie
officielle à Débauché, un projet de construction d’un village agricole sur une
partie des terres de la Savane Diane. L’INARA était réquisitionné pour procéder
à l’implantation du village, des parcelles
qui seraient distribués aux bénéficiaires et des voies de pénétration.
L’INARA devait également se préparer pour les interventions devant mener à
l’identification de ces bénéficiaires. Neuf mois plus tard, tout était arrêté
pour manque de fonds, et le second départ du Président Aristide pour l’exil
n’était pas loin. Philippe Mathieu, Ministre de l’Agriculture du gouvernement
intérimaire, parla de former une commission qui lui ferait des recommandations
quant à l’avenir du projet, mais je ne sache pas qu’il y ait eu la moindre
suite.
À
l’origine du projet actuel, il s’agissait d’une intervention à caractère
d’urgence humanitaire visant à relocaliser des personnes victimes du séisme dévastateur
du 12 janvier 2010 et qui s’étaient réfugiées dans la région de St-Michel. C’est
là une initiative qui va tout à fait dans la logique des recommandations que
nous avons faites dans le Plaidoyer
de la FONHDILAC; malheureusement, entre temps la plupart de ces réfugiés sont
retournés à Port-au-Prince et les promoteurs, le MARNDR et la Mairie de St
Michel, se sont trouvés dans la situation d’avoir à identifier d’autres
bénéficiaires, en l’occurrence les populations les plus vulnérables habitant la
Savane Diane.
Pour
le Ministère de l’Agriculture, c’était l’occasion de s’attaquer à la nécessité
de faire du secteur agricole un secteur « rentable, moderne et durable »;
et l’on comprend que le Ministre ait pu dire : « ce que nous lançons
aujourd’hui a la prétention d’inspirer ce que devrait être le modèle
organisationnel du milieu rural et le modèle fonctionnel du secteur agricole
pour les prochaines années, voire les prochaines décennies ».
Et
d’énumérer les interventions prévues : « La Savane Diane représente,
avec le reste du Haut Plateau Central et le Nord-est, l’une des principales
réserves foncières du pays. Le MARNDR entend faire de cette zone un pôle
important de croissance agricole. C’est pourquoi nous avons prévu des
investissements importants dans la région au cours des prochaines années.
Irrigation, lacs collinaires, arboriculture fruitière, école moyenne
d’agriculture, formation d’entrepreneurs agricoles, telles sont quelques
actions prévues et articulées autour d’une valorisation du potentiel régional
que le ministère compte mettre en œuvre dans le cadre de la relance du secteur
agricole ».
Personnellement,
je me suis toujours demandé pourquoi la Savane était sous-exploitée alors que
partout dans le pays les paysans se plaignent de n’avoir pas assez de terre. La
réponse réside dans le fait qu’il s’agit d’une zone relativement sèche. Certes
elle est encadrée par deux rivières qui descendent du massif de Marmelade qui
la borde au nord-ouest : le Bouyaha, au nord, et la Rivière canot, au sud,
qui vont faire jonction à quelques kilomètres à l’ouest de Hinche et former le
Guayamouc, mais le lit de ces cours d’eau est de plusieurs mètres en contre-bas
par rapport au sol du plateau. Si donc on veut faire de l’irrigation, il va
falloir mettre en place des infrastructures, des lacs collinaires, par exemple,
que le Ministre a du reste cités.
En tout cas, il ne fait aucun doute qu’une exploitation rationnelle de
cette vaste étendue peut faire la différence en ce qui concerne notre
production agricole.
Bernard Ethéart
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