mercredi 9 octobre 2019

A QUOI DEVRA RESSEMBLER L’ÈRE POST-JOVENEL, MAINTENANT, DEMAIN OU À LA FIN DE SON MANDAT ?



A QUOI DEVRA RESSEMBLER L’ÈRE POST-JOVENEL, MAINTENANT, DEMAIN OU À LA FIN DE SON MANDAT ?

ABNER SEPTEMBRE

8 OCTOBRE 2019

Il est évident que la population demande ou souhaite aujourd’hui le départ du président Moïse, après que ses opposants politiques et autres aient tout fait sans succès pour le chasser du pouvoir. Toutefois, ils n’ont pas bossé en vain. Leur plus grand mérite est que leur ténacité a enfin entrainé une bonne partie de la population des villes contre le pouvoir du président Moïse. Si seulement ils avaient compris plus tôt qu’un plat de maïs chaud ne se mange que sur les côtés, ils auraient été déjà parvenus à ce résultat et auraient évité au pays tant de souffrances. Il reste par contre que l’après-Jovenel n’est clair pour personne. C’est peut-être là l’une des faiblesses qui expliquent aujourd’hui encore la présence du président Moïse au pouvoir. Si tel est le cas, il est urgent de clarifier cette question : de quoi l’après Jovenel devra-t-il être fait ? Il est surtout urgent de trouver des réponses satisfaisantes, entre autres en termes de pertinence, de profondeur et de durabilité.

Tout d’abord, trois recours semblent s’offrir au pays. Option 1 : appliquer la constitution, en remettant le pouvoir au juge le plus ancien de la Cour de Cassation. La question est : dans le contexte actuel, cette option ne risque-t-elle pas de nous conduire au maintien du statu quo ? Option 2 : aller aux élections. La question serait plutôt : le pays est-t-il capable de réaliser maintenant des élections libres, honnêtes et démocratiques, voire a-t-il les moyens de prendre en charge dignement les coûts et avoir le contrôle tant du processus que des résultats ? Option 3 : un gouvernement transitoire de consensus d’au moins 3 ans pour pacifier et stabiliser rapidement le pays, puis pour réaliser de bonnes élections, où c’est la voix du peuple qui prime, comme en décembre 1990. La question ici serait : qui devront faire partie de ce gouvernement, combien devront-ils être, comment devront-ils être choisis, quel devrait être son mandat ?

Que voulons-nous vraiment que soit ce pays pour nous, pour nos enfants et leurs progénitures ? Un ami m’a envoyé par WhatsApp un texte qui date de 56 ans, écrit par Guslé Villedrouin et Gérald Brière de Jeune Haïti mais qui résonne à nos oreilles comme l'écho d'un cri du moment. J’en retiens ceci : « Il y a toute une vieille Haïti qui doit mourir pour que naisse un pays jeune, neuf, actif, épanoui dans toutes des virtualités, un pays où le travail pour tous apporte le pain à tous, où les responsables sont les premiers serviteurs et les derniers servis, où règne non point un fallacieux et étouffant nivellement, mais une recherche généralisée du dépassement de soi et dans le don aux autres, un pays où la participation commune au redressement national cimente l’union des cœurs. Voilà la jeune Haïti qui doit maintenant entrer dans l’Histoire ». Ce qui se résume par la justice sociale distributive, à laquelle j’ajoute un pays souverain maître de son destin et qui fraie éloquemment sa voie dans le concert des nations.

Si c’est ce que nous voulons ou un autre choix à définir, expression d’un changement de système, alors la question suivante est incontournable : comment y parvenir ? En cas d’une éjection ou démission du président Moïse, quelle que soit l’option faite parmi celles susmentionnées, ce sera en effet loin d’être suffisant. On a aussi besoin de travailler tant la réalité des deux autres pouvoirs législatif et judiciaire, que celle des classes politiques, économiques, financières et intellectuelles, c’est-à-dire les dirigeants et les élites haïtiennes nantis du pouvoir d’État. Un troisième acteur devenu « surinfluent » sur l’échiquier depuis ces 30 dernières années est la communauté internationale, au triple plan politique, diplomatique et de coopération au développement. Ces trois acteurs forment ce que le Professeur Marcel Gilbert avait baptisé de « Classe du pouvoir d’État » qui, à chaque crise politique, « arrive adroitement à imposer à la Nation une solution bancale ». Enfin, deux autres acteurs importants, leaders d’opinion, sont à signaliser : l’église et la presse, bien qu’étant en général un instrument de l’une ou de l’autre des catégories précitées (sauf certaines exceptions). Ce sont ces forces très puissantes qui interviennent à l’intérieur du système, qui le formatent à dessein, et donc sont responsables de tous les malheurs du pays que le peuple dénonce aujourd’hui. Si elles sont neutralisées et réorientées en capsule de progrès, le reste ne sera que programmatique pour construire enfin l’autoroute d’une nouvelle Haïti vertueuse et durable pour tous ses enfants.

Abner Septembre, Sociologue Centre Banyen @ Vallue, 8 octobre 2019

mercredi 2 octobre 2019


Messieurs, halte là!
Adelet Jean-Gilles
30 Septembre 2019

Depuis tantôt un mois le pays ne fonctionne pas. L'administration publique est paralysée, les institutions privées marchent au ralenti, la rentrée scolaire est ratée. A date, quinze jours de classe de perdus. On va entamer la quatrième semaine avec les mêmes risques; des parents ont payé alors que les enfants sont restés chez eux. La population est aux abois. Dans un premier temps c'était la rareté du carburant, viennent ensuite les troubles politiques émaillés de violences que les responsables politiques choisissent de coïncider avec la rentrée des classes. A qui profite le bénéfice d'une telle stratégie ? Au pays ou à ces derniers?

Depuis lors, la majorité silencieuse de la population est aux abois. Marchands, élèves, professionnels, employés des secteurs  public et privé ne connaissent que de mauvais jours et constatent avec amertume leur misère augmentée. Pas d'argent, pas de nourriture, pas de moyen de transport, violences partout dans le pays, aucun moyen de subsistance ...  Ca ne dit rien ni aux dirigeants qui abandonnent leur mission sacrée de protéger la population et de travailler à son bien-être; ni aux leaders de l'opposition qui ne tiennent qu'à leurs intérêts. La population est livrée à elle-même. Où sont passés ceux-là qui sont placés pour faire fonctionner les institutions régaliennes ? Les leaders de l'opposition ont-ils une conscience d'hommes et de femmes d'État ?

Aucune raison ne peut expliquer que les enfants soient contraints de rester à la maison sans pouvoir se rendre à l'école, que les gens ne peuvent s'approvisionner en besoins primaires, rentrer chez eux ou se rendre à l'hôpital ...

Rien n'explique que des gens se réclamant de manifestants dans des mouvements démocratiques soient munis de toutes sortes d'armes qu'ils utilisent pour contraindre d'autres gens à adhérer à leurs mouvements, pour piller et incendier des entreprises aux yeux des leaders de l'opposition qui se démarquent de toute responsabilité. Oui, beaucoup d'entre eux ont faim et vivent quotidiennement dans la précarité, mais ce n'est pas une raison de voler et de détruire les biens d'autrui.

Rien ne justifie que des ¨honorables sénateurs¨ fassent souiller et violer l'enceinte sacrée du Grand Corps par des ¨militants¨ pour l'arroser de produits fécaux et s'en prendre vertement, menacer violemment d'autres sénateurs, honorables comme eux.

Qu'est-ce qui justifie qu'un Président qui devrait être à l'écoute des gens, de ses mandants soit aussi entêté à rester dans la direction contestée par ceux-là pour lesquels il travaille à leur bien-être?
Tout cela, au profit d'une politique rétrograde pratiquée de part et d'autre et qui ne mènera le pays nulle part. De 1986 à nos jours qu'est-ce que les haïtiens peuvent mettre à l'actif de ces hommes politiques qui vont et reviennent dans le pouvoir? Permettez que je réponde: la liberté de la parole pour détruire nos frères moralement et physiquement.

Haïti est notre pays. Il n'appartient à aucun groupe en particulier, tous les haïtiens sont des héritiers privilégiés au même titre de Dessalines, de Christophe et de Pétion.
Nou fout plus nwi moun que nou ede moun. Halte là messieurs!

                                                                                                           Me Adelet  Jean-Gilles
                                                                                                                        Avocat
                                                                                                           30 septembre 2019

mardi 3 septembre 2019

LA REUNION DU G7




LA REUNION DU G7
BERNARD ETHEART
1er SEPTEMBRE 2019

On n’attendait pas grand’chose de cette rencontre des chefs d’État ou de gouvernements du Canada, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et du Japon, plusieurs des participants arrivant en position de faiblesse :
-          Justin Trudeau a une échéance électorale qui s’annonce compliquée et est en délicatesse avec la justice ;
-          comme d’habitude, Donald Trump fait le fanfaron mais est engagé dans plusieurs dossiers délicats ;
-          Boris Johnson est empêtré dans son affaire de Brexit ;
-          Angela Merkel est affaiblie politiquement et fait face à des problèmes de santé ;
-          le premier ministre Italien est à la tête d’un gouvernement démissionnaire ;

-          finalement seul le japonais Shinzo Abe semble n’avoir aucun souci particulier.

Au milieu de tout ce beau monde, l’hôte de la conférence, Emmanuel Macron, se souvenant sans doute que le G7 avait été lancé, en 1975, par le président français Valéry Giscard d’Estaing pour faire face au premier choc pétrolier et à la crise du dollar, affirmait : « Il faut retrouver la sève des G7, celle des échanges et du dialogue ».

Ce qui m’amène à parler de l’analyse d’un invité (dont je n’ai pas retenu le nom) de Stephan Lambrecht au cours de l’émission « 64 minutes » de TV5 du lundi 25 août. Pour lui, il y a 2 G7 : celui de Macron et celui de Trump. Et il développe : Macron est un multilatéraliste ; la priorité pour lui, c’est donc le G7 lui-même, et il ne veut surtout pas que la conférence qu’il préside finisse comme celle de l’année dernière, quand Trump avait refusé de signer la déclaration finale. En face de lui il y a Trump, un bilatéraliste, pour qui le G7 est surtout une opportunité de rencontrer, un à un, ceux avec lesquels il veut établir un dialogue.

Pourtant, quelque soient les problèmes des participants ou leurs divergences d’opinion, la conférence a à traiter d’un certain nombre de dossiers de la plus haute importance. On peut citer le climat, l’Iran, les relations commerciales entre les « grandes puissances » etc.

Quelques jours avant le début de la conférence, Emmanuel Macron, Président de la République Française, qui préside cette année le G7, avait mis en avant la lutte contre les inégalités comme priorité du sommet de Biarritz. Mais attention, selon la présidence française, « La réduction des inégalités environnementales passera par les financements en faveur du climat et une transition écologique juste centrée sur la préservation de la biodiversité et des océans. »

« Le G7 doit être l'occasion pour ses pays membres, y compris la France, de s'accorder sur le renforcement des objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, d'adopter un objectif de neutralité carbone avant 2050 et de doubler les promesses financières au Fonds Vert pour le climat. »

Ceci est bel et beau, mais les différentes COP nous ont appris comment il est difficile d’obtenir des résultats concrets sur ces différents points. Aujourd’hui, comme l’écrit Laurent Radisson (Action climatique : le G7 est mal parti, 22 août 2019), « Le G7 est un terrain miné pour aborder la question climatique : la présence des Etats-Unis rend le consensus impossible depuis 2016 et l'annonce de Donald Trump du retrait de l'Accord de Paris ».

Et puis voilà que, de manière inattendue, jeudi 22 août au soir, donc à la veille de l’ouverture de la conférence, le président français, dans un « twittt » à la mode de Donald Trump, met l'Amazonie à l'ordre du jour du G7, avec des accents rappelant une célèbre phrase de Jacques Chirac : « Notre maison brûle. Littéralement. L'Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20 % de notre oxygène, est en feu. C'est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence » (voir Les incendies en Amazonie HEM Vol. 33 # 33 du 28/08-03/09/2019).

Cela lui a valu une réaction cinglante de Jair Bolsonaro, qu’il avait traité de menteur à propos de ses déclarations lors de la rencontre du G20 à Osaka (voir Réunion du G20 à Osaka (1, 2 ,3) HEM Vol.33 # 25, 26, 27). Résultat, dans un premier temps, le Brésil refuse un soutien financier de 20 millions de dollars aux pays amazoniens qui le demandent – annonce faite par Emmanuel Macron avec le président chilien, hôte de la prochaine COP climat en décembre – puis revient sur sa position, mais pose comme condition qu’Emmanuel Macron lui présente des excuses.

Nous aurons à revenir sur ce sujet, car le problème des incendies en Amazonie ne concerne pas seulement le Brésil et doit être traité dans un cadre plus large, sud-américain, voire mondial. En attendant, si on veut faire un « rapide bilan environnement » du G7, on peut retenir quelques points.

Tous les pays présents au sommet, c'est-à-dire les membres du G7 (Canada, États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Japon), mais aussi les Etats invités comme le Chili, l'Afrique du Sud, l'Inde et l'Australie, ont signé la charte pour la biodiversité. Cette charte avait été finalisée lors du sommet des ministres chargés de l'environnement en mai dernier à Metz au moment même de la publication du dernier rapport de l'IPBES (voir Branlebas de combat pour la biodiversité (1 et 2) HEM Vol. 33 # 18 du 15-21/05/2019 et # 19 du 22-28/05/2019). Cette charte est certes non contraignante, comme le signale Laurent Radisson (voir plus haut) mais, pour Emmanuel Macron, il s'agit de « lancer une dynamique comparable à celle sur le réchauffement climatique ». Il a donné rendez-vous au congrès de l'UICN à Marseille et à la prochaine COP biodiversité qui se tiendra en Chine l'année prochaine.

Emmanuel Macron a également annoncé des engagements des Etats en faveur du Fonds vert pour le climat, dont la reconstitution des ressources figure au menu du sommet du secrétaire général des Nations unies qui doit se tenir le 23 septembre prochain. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé le doublement de la contribution du Royaume-Uni, soit 1,44 Md£. La France s'est engagée dans le même sens. Ces initiatives font suite à celles de l'Allemagne et de la Norvège.

L'engagement des pays du G7 permet de dégager près de 5 Md$ supplémentaires a assuré le président français. Les ONG environnementales saluent l'annonce par la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne du doublement de leur contribution au Fonds vert. "La seule annonce concrète sur le climat", selon Greenpeace France.
Bernard Ethéart
Dimanche 1er septembre 2019

mardi 6 août 2019

LA DÉCENTRALISATION : LA SEULE ALTERNATIVE AU DÉVELOPPEMENT D’HAÏTI



LA DÉCENTRALISATION : LA SEULE ALTERNATIVE AU DÉVELOPPEMENT D’HAÏTI
GESLER JEAN-GILLES ET FÉLIX MARRÉ
JUILLET 2019
Publié dans Haïti En Marche (7-13 Aout 2019)

Les dernières scènes de déchoucage qui ne devraient pourtant paralyser que Port-au-Prince, avaient plongé le reste du pays dans un chaos révélateur d’un fait capital. Haïti n’existe que par sa capitale en dehors de laquelle toute vie est impossible. Un système anaérobique qui étouffe toute aspiration du reste du pays à une vie un peu plus décente. L’hyper-centralisme port-au-princien , un héritage de l’occupation étasunienne, concentre en son sein toutes les institutions nationales et privées, l’essentiel des activités commerciales et bancaires, les écoles supérieures, la quasi-totalité des emplois du secteur public que du privé; le seul aéroport international, etc. Port-au-Prince avale Haïti, consomme et consume tout ce que le pays produit; jusqu’à sa population qui s’octroie un droit d’ainesse et se désigne le peuple d’Haïti, décide à sa place et soumet la république à ses sautes d’humeurs. Il est plus que malsain qu’une ville se soit arrogé tous les privilèges d’un pays; des privilèges indus et grotesques dignes des duchés du haut Moyen-Âge, alors que l’État n’était pas né et les citoyens, de simples êtres vivants soumis à la tyrannie du prince qui en disposait comme bon lui semblait.

La dégradation générale du pays est la conséquence logique de cet hyper-centralisme et du mimétisme d’une pseudo élite politico-administrative qui ne sait faire que du copier-coller d’idées à la mode chez son tuteur, en l’occurrence les pays-amis. Le schème mental est usiné au fil des séminaires payés par les maîtres et animés par des coopérants qui se désignent des spécialistes en développement du tiers-monde. Ces personnages romantiques, à coups de séances d’idées toutes faites qui sont conçues aussi bien pour Haïti que pour l’Afrique, maintiennent les indigènes dans une position permanente du faire-semblant quand ils ne leur nient pas toute habileté et aptitude cognitives. Ces indigènes évolués du seul fait de leur contact avec les prétendus développeurs du Tiers-monde, s’agitent, se contorsionnent avec un zèle indu pour donner au tuteur la gage que son enseignement a été bien digéré. On les appelait dans les années 1980 et sans doute aujourd’hui encore les « Chicago boys », ces prosélytes de la secte du libre-échange et de la mondialisation débridée, qui n’avantage que les plus forts, les grandes multinationales et les individus les mieux armés financièrement pour tenir tête à la concurrence. Ainsi, ils ont poussé leur logique perverse jusque dans la destruction des derniers moyens de production nationale et par aveuglement collectif ou faiblesse politique émasculent la république en abandonnant une partie de la souveraineté nationale à une banque centrale dite indépendante passée au service des détenteurs de capitaux et la protection de leurs rentes.

Il est clair que le modèle actuel, cet anti-modèle, ne fonctionne pas. Ceux qui sont chargés de le maintenir en vie n’ont à leur actif aucun plan stratégique, aucun projet national, aucun grand chantier prouvant leur capacité à comprendre la problématique haïtienne et tenter d’y apporter quelque solution. Leur seul fait d’arme est la belle vie qu’ils mènent, les belles demeures qu’ils possèdent à l’étranger ou dans les replis du Morne de l’Hôpital. Dépourvus d’ancrage social et sans bagages intellectuels pour approfondir les réalités haïtiennes, ils partent avec l’échec inscrit sur leur front. Le centralisme à la romaine que cette élite impose au pays est dévastateur. Les Romains au moins s’étaient donné les moyens du Tout-vers Rome, en mettant en place des infrastructures, des grands travaux d’ingénierie, des réseaux routiers, des aqueducs, dans l’objectif d’apporter le développement à l’intérieur de ses murs ou pour civiliser les barbares, c’est-à-dire les populations de ses provinces en Afrique, en Asie ou en Europe.

En Haïti tout milite en faveur d’une nouvelle architecture politique consistant à remettre les régions au cœur des préoccupations de l’État; favoriser une fonction publique locale et régionale en vue de renforcer notre sous administration chronique qui traduit clairement l’inexistence d’une mission de service à la population. L’unité du pays ne serait pas plus entamée en considérant l’émergence d’entités périphériques fortes et autonomes afin de mutualiser les différentes ressources locales pour une autre forme d’engagement remettant l’action publique aux services des citoyens où qu’ils demeurent sur le territoire national. Cela s’appelle la décentralisation qui est inscrite dans la constitution de 1987 et qui octroie aux collectivités une relative autonomie administrative et financière, mais que les politiciens de Port-au-Prince traînent à matérialiser dans une Loi; une propédeutique pour féconder un autre avenir en commun en lieu et place de cette vie honteuse et dépendante de la charité universelle. Cette loi sur la décentralisation diviserait de notre point de vue les 10 départements géographiques en quatre (4) Régions administratives dotées chacune de pouvoirs et assorties d’un régime fiscal qui permettra à ces nouvelles entités de répondre aux besoins les plus pressants des citoyens. La région Nord, la région Centre, la région Ouest et la région Sud. Nous parlons de région administrative, fonctionnant avec un personnel politique élu que seconde une fonction publique régionale recrutée sur concours et un budget régional pour s’attaquer aux problèmes de ladite région, n’en déplaise au courant à la mode qui fait croire que tout commence et finit à la section communale, vision on ne peut plus étriquée et caricaturale d’une fiction administrative, d’autant que les attributions du CASEC n’ont jamais été définies.

Il faut admettre que la contribution fiscale très faible des provinces à l’effort national est un obstacle à une certaine autonomie financière qu’exige un vrai projet de décentralisation, (décentralisation dit automatiquement autonomie administrative et financière) mais c’est à l’État qu’il incombe d’user du monopole de la contrainte fiscale, dont il dispose pour faire payer les citoyens pour les services attendus. La nouvelle architecture administrative permettra de construire localement de nouvelles représentations de progrès et de solidarité par la conciliation des intérêts variés, ce par une plus grande responsabilisation des acteurs locaux. Ceci n’exclut pas un cadre global qui fixe les grandes orientations et objectifs de l’État à l’intérieur duquel se grefferont les initiatives locales. Tout en étant unitaire, la république d’Haïti n’est pas monobloc, les cœurs des différentes régions ne battent pas au même rythme ni au même tempo et leurs besoins ne sont pas identiques quoique de même nature. Elles se doivent de doter leurs métropoles régionales en biens et équipements de taille et constituer autour d’elles les multiples réseaux nécessaires pour se hisser à ce statut.

Par exemple, la région Nord d’Haïti qui devrait regrouper les départements du Nord-ouest, le Haut-Artibonite, le Nord, le Nord-est et le Haut Plateau central, aura besoin pour son emboitement des routes reliant Hinche à Port-de-Paix ; Fort-Liberté-Gonaïves, en un peu plus de deux heures d’automobile et une desserte aérienne internationale qui serait située à mi-chemin des quatre grandes villes de la région et qui serait adaptée à sa taille et à sa population. La région aura un grand besoin de compétences pour une reprise en main de ses ville centre pour en faire des pôles de développement économique, culturel et touristique. Elle se devra de recruter son personnel de la fonction publique régionale apte à exécuter des mandats qu’elle aura définis et encadrer en tant que donneurs d’ouvrages des firmes qualifiées pour sous-traiter des problèmes techniques. Les régions disposeront de compétences suffisantes qui les mettra en position de voler au secours des petites villes, les bourgs et les sections communales qui sont en proie à une absence chronique de personnel qualifié. Le Parc de Caracol est la preuve éclatante du dénuement des communes en matière de ressources humaines et de l’incapacité des départements à contrôler, encadrer un pôle d’activités aussi importantes pour le développement du département du Nord-Est.

Avec l’imputabilité retrouvée (le personnel politique se renouvelle par des élections) et une taxation acquiescée par une représentation, les régions administratives pourraient bénéficier de la possibilité d’emprunter sur des prévisions de rentrées. C’est ici que l’argent des assurés de l’ONA pourrait faire œuvre utile s’il était investi dans des projets porteurs et garantis par le service public au lieu d’être gaspillé en des prêts toxiques aux élus ou aux petits amis des différents pouvoirs en place. Ce serait le premier pas vers d’autres formes de financement sur un marché intérieur de capitaux ciblant d’abord les entités publiques. Sans être la recette miracle, c’est celle qui est retenue partout pour créer des emplois dans les régions; car les gens ne retourneront pas dans un endroit où l’avenir est bouché et pas d’opportunités pour faire vivre dignement leurs familles.

Regardons au plus près les grands moyens déployés pour éviter une véritable décentralisation du pays. À titre d’exemple, de gros appétits se jettent actuellement sur des pans du littoral national qu’ils ont convertis en ports privés au mépris de la constitution qui stipule que le littoral appartient à l’État. Alors que la République serait mieux servie avec deux ports en eaux profondes aux presqu’îles Nord et Sud qui pourraient servir de plateforme desservant au Sud, Haïti et le continent latino-américain et au Nord, les îles caribéennes, dont l’exiguïté de leurs territoires ne permet pas l’implantation de terminales susceptibles d’accueillir de gros porte-conteneurs. Le pays avec une telle stratégie pourrait développer une expertise maritime qui aurait muté en une maitrise de la mer afin de mettre à contribution ce moyen de transport pour le déplacement économiques n’en finissent pas de mettre en évidence. Une compréhension de cette problématique du déplacement dans la géographie du pays permettrait d’harmoniser le temps de parcours et la distance au rythme imposé par la mer et les massifs montagneux et en l’occurrence la chaîne des Cahos.

L’aberration névrotique veut qu’on continue à traverser les différents massifs montagneux par camions pour ravitailler nos grandes villes qui sont toutes côtières. On l’a vu durant les crises fabriquées par l’establishment politico-commercial de Port-au-Prince, les autres départements manquaient des produits pétroliers du seul fait de la peur de faire circuler les camions sur les grands chemins livrés aux bandits. La région administrative du Nord pourrait, avec la ville du Cap-Haïtien comme locomotive et d’autres satellites comme les Gonaïves et Fort-Liberté, être un puissant incubateur de changements, d’innovation et de productivité. On l’a aussi vu que pendant que Port-au-Prince brulait, le principal aéroport international du pays était fermé, alors que les gens du Nord continuaient de voyager vers la république dominicaine ou en Floride en utilisant le petit aéroport du Cap qui est en soi, il faut le dire, une plaisanterie. Ce petit aéroport, implanté sur une terre instable propice au mouvement de terrain et aux inondations est trop proche de la ville du Cap et les colonnes de bidonvilles qu’il faut traverser pour se rendre au centre historique, le Haut Artibonite et le Nord-ouest. Il est dépourvu des installations dignes d’un vrai aéroport et du personnel qualifié pour desservir une région si importante au point de vue de sa taille et de sa population. Coincé entre la mer et le Morne-Rouge, il est trop excentré par rapport à la région et éventuellement le nord-ouest dominicain, dont il est appelé aussi à desservir. Il est inadapté de par sa base opérationnelle et de son incapacité à offrir une plus large panoplie de services aux derniers nés des aéronefs de plus en plus diversifiés. Sa localisation est d’autant plus discutable qu’elle devrait impérieusement satisfaire à certaines exigences : possibilités d’une réserve d’emprises foncières en prévision d’éventuels agrandissements et au lieu géographique d’un nouveau maillage routier qui le mettrait à deux heures au moins des grandes villes de la région et des villes frontalières dominicaines et non des moindres.

On entend déjà monter l’halali des cyniques plaidant l’impossibilité d’une telle réforme. Car, une organisation nationale différente, adaptée aux réalités des régions et de la république, n’est pas dans l’intérêt de Port-au-Prince qui a la haute main sur le pays et qui, pour toute petite affaire de proximité que les autorités locales pourraient régler, dépêche un fonctionnaire, lequel en plus d’empocher per diem et prime d’éloignement, utilise comme bureau son véhicule, dont le moteur tourne en permanence pour lui assurer l’air conditionné que les modestes bureaux publics ne peuvent procurer. Gaz l’État, machine l’État…dirait feu Jean Dominique. Nous repasserons pour le réchauffement du climat. Pourquoi nous est-il si difficile de concevoir une organisation de la société fondée sur la noblesse des grands idéaux fédérateurs d’un vivre ensemble, sur un humanisme qui nous rapproche et non sur nos différences? Pourquoi ne pouvons-nous pas libérer notre générosité, à l’instar de nos pères fondateurs meurtris par les fers de l’esclavage qui avaient osé rêver un monde autre que celui de la plantation, fait de liberté, d’égalité et de fraternité? Ces propositions seront naturellement descendues en flammes par la cité-État qui jouit amplement de ce système de l’exclusif, du tout par et pour la capitale, donc rien pour le reste du pays. Un tel dépassement n’est possible que si l’on évacue la paresse et la peur qui nous paralysent pour nous prendre en main. Nous réussirons que si nous parviendrons à comprendre que l’unique loi qui vaille en économie est celle de la raison et la seule source de richesse durable est la productivité, l’inventivité et le travail des hommes dans un environnement sain et sécuritaire.

Gesler Jean-Gilles et Félix Marré (Juillet 2019)

lundi 20 mai 2019

BRANLEBAS DE COMBAT POUR LA BIODIVERSITE (2)


Branlebas de combat pour la biodiversité (2)
Bernard Etheart

La semaine dernière, j’ai entamé une série autour d’un certain nombre de rencontres en prévision de la COP 15 de la Convention Internationale sur le Diversité Biologique qui se tiendra fin 2020 en Chine. Ce premier papier traitait de La semaine de l'IPBES, qui s’est tenue du lundi 29 avril au lundi 6 mai, et au cours de laquelle les scientifiques de 132 Etats membres de l'IPBES (Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco-systémiques) devaient se mettre d'accord sur un rapport regroupant l'ensemble des connaissances scientifiques sur la question de la biodiversité et surtout son état de dégradation à l'échelle mondiale (voir Branlebas de combat pour la biodiversité, HEM Vol. 33 # 18 du 15-21/05/2019).

2.    Le G7 environnement
Aujourd’hui nous allons parler de la seconde rencontre, qui a fait immédiatement suite à la première, le G7 environnement, qui s’est tenu dans la ville de Metz (Moselle) les 5 et 6 mai.

Mais on peut se poser la question : que diable est-ce que ce G7 environnement ? Eh bien c’est tout simplement une rencontre des ministres en charge de l'environnement et de l'énergie des pays membres du G7, autrement dit le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, l'Italie et le Japon. Cette réunion des ministres de l'Environnement vise à préparer le G7 "général" des chefs d'Etat, prévu à Biarritz fin août prochain. Les décideurs politiques sont invités à répondre au message alarmiste des scientifiques internationaux de l'IPBES, réunis jusqu'au 6 mai à Paris, sur l'érosion croissante de la biodiversité.

Les représentants d'une dizaine d'autres pays ont été invités par la France à assister à la réunion : le Mexique, le Chili, l'Egypte, le Niger, directement concerné par la désertification, le Gabon, l'Inde, l'Indonésie, directement concernée par la déforestation et les îles Fidji, directement concernées par la montée des eaux due au changement climatique. La Pologne, qui a accueilli la conférence internationale (COP 24) sur le climat en 2018 ainsi que la Norvège ont aussi été conviées. L'Union européenne et l'Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) sont également associées aux travaux du G7.

Quatre priorités sont fixées lors de ce G7 de l'Environnement :
-          lutter contre les inégalités par la transition écologique et solidaire,
-          soutenir les alertes scientifiques et la mobilisation internationale sur la biodiversité et le climat,
-          promouvoir des solutions "concrètes" pour le climat et la biodiversité,
-          financer la préservation de la biodiversité.

En fait, il semblerait que, pour la plupart des participants au sommet de Metz, il faut élever la question de la perte de biodiversité au même rang d’urgence que l’est celle du réchauffement climatique depuis la COP 21, tenue à Paris en décembre 2015. Cependant la question du climat reste le principal point de désaccord entre les Etats-Unis et les six autres pays du groupe.

Les pays du G7 et la plupart de ceux qui étaient présents ont adopté une charte sur la biodiversité, dite « Charte de Metz ». il s’agit d’un texte non contraignant et dépourvu d’objectif chiffré, mais qui indique la nécessité d’« accélérer et intensifier nos efforts pour mettre fin à la perte de biodiversité », « encourager l’engagement d’autres acteurs », notamment le secteur privé, et « soutenir l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 ».

Il est probable que les mandats des personnes présentes à Metz ne leur donnaient pas le pouvoir de faire plus que proposer cette charte. Le moment des décisions sera la réunion du G 7 (« général »), à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), dans trois mois. « Il n’est que d’attendre ».

Semaine de l'IPBES au palais de l'Unesco à Paris, G7 de l’environnement à Metz, G7 général à Biarritz, sans parler du Congrès mondial de la nature de l'UICN en juin 2020 à Marseille, on a l’impression que la France veut jouer un rôle spécial dans ce combat pour sauver la biodiversité. Parions que Macron a envie d’avoir son « heure de gloire », comme Hollande avec la COP 21.

Bernard Ethéart
Dimanche 19 mai 2019


mardi 14 mai 2019

BRANLEBAS DE COMBAT POUR LA BIODIVERSITE


Branlebas de combat pour la biodiversité
Bernard Etheart

Cette semaine je vais revenir au thème qui était au point de départ de ma collaboration avec Haïti en Marche, l’environnement. Mais il ne s’agira plus de changement climatique, comme cela a été le cas dans la plupart de mes papiers, mais de biodiversité.

Ce n’est pas la première fois que j’aborde ce thème ; je vous renvoie à deux séries publiées en 2017 et 2018 : Protégeons notre biodiversité (1) HEM Vol. 31 # 18 du 17-23/05/2017, (2) HEM Vol. 31 # 19 du 24-30/05/2017, (3) Vol. 31 # 20 du 31/05-06/06/2017 ; La biodiversité menacée (1) Vol. 32 # 35 du 12-18/09/2018, (2) Vol. 32 # 36 du 19-26/09/2018, (3) Vol. 32 # 37 du 26/09-02/10/2018, (4) Vol. 32 # 38 du 03-09/10/2018.

Mais cette fois-ci il y a quelque chose de changé. Il semble, en effet, que, au niveau des décideurs on a commencé à comprendre que la perte de la biodiversité représente un danger au moins aussi menaçant que le changement climatique, ce qui expliquerait ce que j’appelle le « branlebas de combat » et qui se traduit dans cinq « rendez-vous »

1.       La semaine de l'IPBES. A ce sujet je dois signaler que je ne sais pas exactement comment se développe le sigle IPBES. Dans la documentation que j’ai utilisée pour ce papier j’ai trouvé deux « traductions » : groupe d'experts internationaux spécialisés sur la biodiversité, celle-ci fait penser au GIEC et pas mal de gens disent que l'IPBES est à la biodiversité ce que le GIEC est au changement climatique ; l’autre « traduction » se lit Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco-systémiques.
2.       Le G7 environnement, qui doit se tenir début mai, à Metz (Moselle)
3.       Le G7 général, fin août à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques)
4.       Le congrès de l'UICN, en juin 2020 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
5.       La COP 15, fin 2020, en Chine.

Avant d’entrer dans le détail de ces différentes rencontres, voyons quel est le problème. Pour Florence Roussel (26 avril 2019) « Nous sommes face à une extinction massive et très rapide des espèces sur l'ensemble du globe, et les activités humaines en sont les responsables par la destruction des habitats, les pollutions, la surexploitation des ressources, la prolifération des espèces envahissantes et le changement climatique ». Et elle ajoute : « Et cette fois, pas de risque de faire face à une forme de scepticisme contrairement au climat (elle fait allusion aux climato-sceptiques) : les scientifiques sont catégoriques ».

1.       La semaine de l'IPBES
A partir du lundi 29 avril, les scientifiques de 132 Etats membres de l'IPBES se sont retrouvés au palais de l'Unesco à Paris. Ils avaient six jours pour se mettre d'accord sur un rapport auquel ils travaillent depuis plusieurs mois. Ce document regroupe l'ensemble des connaissances scientifiques sur la question de la biodiversité et surtout son état de dégradation à l'échelle mondiale. Et le constat des scientifiques est sans appel : "La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l'histoire humaine et le taux d'extinction des espèces s'accélère".

Au bout d’une semaine de travail, le groupe d'experts internationaux spécialisés sur la biodiversité (IPBES) a publié, le lundi 6 mai, son rapport sur l'évaluation mondiale de la biodiversité. Le rapport attire l’attention sur cette extinction des espèces qui est quasi exclusivement liée aux activités humaines.

L'érosion continue de la biodiversité est en premier lieu due aux changements d'utilisation des sols occasionnés par l'agriculture, en lien, notamment, avec l'augmentation de la consommation de produits animaux. "Plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l'alimentation et l'agriculture ont disparu en 2016. 1.000 races de plus sont menacées", cite le document. Plus d'un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l'agriculture ou à l'élevage. Les impacts de la production intensive sont aussi pointés.

Les facteurs directs de la perte de la biodiversité sont, en premier lieu, les changements d'usages des terres et de la mer (modification des habitats) principalement liés au développement de surfaces agricoles et/ou au détriment des surfaces forestières ; puis vient l'exploitation des ressources naturelles notamment illégale (pêche, chasse, etc). Ces deux facteurs représenteraient plus de la moitié des impacts recensés.

À cela s’ajoute le fait que les zones urbaines ont connu une croissance de 100 % depuis 1992, et la pression sur les espaces naturels s'accroît en conséquence.
Les autres facteurs en cause sont le changement climatique qui "intensifie" la perte de biodiversité. On évoque d’autres facteurs tels les polluants (engrais, pesticides, déchets industriels ou déchets plastique) et l'augmentation du nombre des espèces exotiques envahissantes.

On cite beaucoup l’impact de l’agriculture, mais il faut bien comprendre de quelle agriculture il s’agit. Certes, aujourd’hui, plus d'un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont destinées à l’agriculture ou à l’élevage ; depuis 1970, la production agricole a progressé de 300 % ; en parallèle 23 % des terres ont vu une réduction de leur productivité en raison de la dégradation des sols.

Le rapport parle d’une expansion de l’agriculture qui s’est faite au détriment de la forêt tropicale intacte, en particulier en Amérique Latine et en Asie du Sud-Est. Une agriculture aussi génératrice d’environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais il souligne que les petites exploitations agricoles (inférieures à 2 hectares), qui contribuent à environ 30 % de la production agricole et à l’offre alimentaire mondiales sur 35 % des superficies agricoles, et bien plus en Afrique, sont garantes d’une biodiversité riche, tandis que 68 % des capitaux étrangers allant aux secteurs du soja et de viande bovine (principale transformation de l'Amazonie) transitent par des paradis fiscaux et que les pays de l’OCDE apportent leur soutien à hauteur d’environ 100 milliards de dollars à un type d’agriculture potentiellement nocif pour l'environnement.
Bernard Ethéart
Lundi 13 mai 2019

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