jeudi 10 novembre 2016

LES 7 PROPOSITIONS DE DONALD TRUMP QUE LES GRANDS MEDIAS NOUS CACHENT

Les 7 propositions de Donald Trump que les grands médias nous cachent

Par Ignacio Ramonet  |  21 septembre 2016     →    Version imprimable de cet article Imprimer 
Il y a encore quelques semaines – à plus de deux mois de l’élection présidentielle du 8 novembre prochain aux Etats-Unis –, tous les sondages donnaient Hillary Clinton, la candidate du Parti démocrate, gagnante. Il semblait alors évident que, malgré la masse des préjugés machistes, Mme Clinton serait la première femme à occuper le bureau ovale de la Maison Blanche et à tenir les rênes de la plus grande puissance de notre temps.
Qu’était-il arrivé au candidat du Parti républicain, le médiatique Donald Trump dont l’ascension était considérée comme « irrésistible » ? Pourquoi s’était-il effondré dans les sondages ? Sept Américains sur dix déclaraient alors qu’ils n’en voulaient pas comme président ; et à peine 43 % l’estimaient « qualifié » pour siéger à la Maison Blanche (65 % considérant, en revanche, que Mme Clinton était parfaitement apte à exercer cette tâche).
Rappelons qu’aux Etats-Unis, les élections présidentielles ne sont ni nationales ni directes. Il s’agit plutôt de cinquante élections locales, une par Etat, qui désignent les 538 grands électeurs chargés d’élire à leur tour le (ou la) chef de l’Etat. Ce qui relativise singulièrement les sondages à caractère national.
Face à de si mauvais résultats cependant, le candidat républicain Donald Trump décida, en août dernier, de remanier son équipe et de nommer un nouveau chef de campagne, Steve Bannon, directeur du site ultra conservateur Breitbart News Network. Trump modifia aussi son discours pour s’adresser à deux groupes d’électeurs décisifs : les Afro-américains et les Hispaniques.
Parviendra-t-il pour autant à inverser la tendance et à s’imposer sur la dernière ligne droite de la campagne ? Ce n’est pas impossible. En fait, Trump semble d’ores et déjà avoir, en partie, rattrapé son retard par rapport à Mme Clinton. Personnage atypique, avec ses propositions odieuses, grotesques ou sensationnalistes, Trump a déjà déjoué les pronostics. Face à des poids lourds comme Jeb Bush, Ted Cruz ou Marco Rubio qui, de surcroît, comptaient sur l’appui décidé de l’ensemble de l’establishmentrépublicain, peu d’analystes donnaient Trump gagnant aux primaires du Parti républicain. Et cependant, il a écrabouillé ses adversaires, les réduisant en cendres.
Depuis la crise dévastatrice de 2008 (dont nous ne sommes pas encore sortis), plus rien n’est comme avant nulle part. Les citoyens sont profondément déçus, désenchantés et désorientés. La démocratie elle-même, comme modèle, a perdu une grande part de son attrait et de sa crédibilité. Tous les systèmes politiques ont été secoués jusqu’aux racines. En Europe, par exemple, les séismes électoraux inédits se succèdent, depuis la victoire de l’extrême droite en Autriche jusqu’au Brexit anglais ou la récente défaite de la chancelière allemande Angela Merkel dans son Land de Mecklembourg-Poméranie.
Mais le bouleversement ne se limite pas à l’Europe, il suffit de voir l’écrasante victoire électorale, en mai dernier, de l’inclassable et tonitruant Rodrigo Duterte aux Philippines... Tous les grands partis traditionnels sont en crise. On assiste partout à l’ascension de forces de rupture, soit des partis d’extrême droite (en Autriche, pays nordiques, Allemagne, France), soit des partis populistes et anti-système (Italie, Espagne). Partout, le paysage politique est en voie de transformation radicale.
Cette métamorphose atteint aujourd’hui les Etats-Unis, un pays qui a déjà connu, en 2010, une vague populiste ravageuse, incarnée à l’époque par le Tea Party. L’irruption du milliardaire Donald Trump dans la course à la Maison Blanche prolonge cette vague et constitue une révolution électorale que nul n’avait su prévoir. Même si, apparemment, la vieille bicéphalie entre démocrates et républicains demeure, en réalité la montée d’un candidat aussi atypique que Trump constitue un véritable tremblement de terre. Son style direct, populacier, et son message manichéen et réductionniste, qui sollicite les plus bas instincts de certaines catégories sociales, est fort éloigné du ton habituel des politiciens américains. Aux yeux des couches les plus déçues de la société, son discours autoritaro-identitaire possède un caractère d’authenticité quasi inaugural. Nombre d’électeurs sont, en effet, fort irrités par le « politiquement correct » ; ils estiment qu’on ne peut plus dire ce qu’on pense sous peine d’être accusé de « raciste ». Ils trouvent que Trump dit tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Et perçoivent que la « parole libérée » de Trump sur les Hispaniques, les Afro-Américains, les immigrés et les musulmans comme un véritable soulagement.
A cet égard, le candidat républicain a su interpréter, mieux que quiconque, ce qu’on pourrait appeler la « rébellion de la base ». Avant tout le monde, il a perçu la puissante fracture qui sépare désormais, d’un côté les élites politiques, économiques, intellectuelles et médiatiques ; et de l’autre côté, la base populaire de l’électorat conservateur américain. Son discours anti-Washington, anti-Wall Street, anti-immigrés et anti-médias séduit notamment les électeurs blancs peu éduqués mais aussi – et c’est très important –, tous les laissés-pour-compte de la globalisation économique.
Le message de Trump diffère de celui des leaders néofascistes européens. Il n’est pas un ultra droitier conventionnel. Il se définit lui même comme un « conservateur avec du bon sens ». Sur l’échiquier politique traditionnel, il se situerait plutôt à la droite de la droite. Chef d’entreprise milliardaire et star populaire de la téléréalité, Trump n’est ni un militant antisystème ni, évidemment, un révolutionnaire. Il ne critique pas le modèle politique en soi, mais plutôt les responsables qui pilotent ce modèle. Son discours est émotionnel et spontané. Il fait appel aux instincts, « aux tripes », pas à la réflexion ni à la raison. Il s’adresse à cette partie de l’électorat américain gagné par le découragement et le mécontentement, et aux gens lassés de la vieille politique et du système des « privilégiés », des « castes ». À tous ceux qui protestent et qui crient : « Qu’ils s’en aillent tous ! » ou « Tous pourris ! », il promet d’injecter de l’honnêteté dans le système et de renouveler le personnel et les mœurs politiques.
Les grands médias ont beaucoup diffusé certaines de ses déclarations et propositions. Surtout les plus ignobles et les plus odieuses. Rappelons à cet égard, par exemple, ses affirmations à propos des immigrés mexicains illégaux qui seraient, selon lui, « des corrompus, des délinquants et des violeurs ». Ou bien son projet d’expulser quelque 11 millions d’immigrés latinos illégaux qu’il propose d’embarquer de force dans des bus et de les renvoyer au Mexique. Ou sa proposition, inspirée de la série « Le trône de fer » (Game of Thrones), de construire une colossale muraille le long des 3.145 kilomètres de frontière avec le Mexique, qui chevaucherait vallées, montagnes et déserts, pour empêcher l’arrivée de migrants latinos et dont le financement (21 milliards de dollars) serait à la charge du gouvernement mexicain.
Dans le même ordre d’idées, il a annoncé vouloir interdire l’entrée de tous les migrants musulmans, et s’est attaqué avec véhémence aux parents d’un militaire américain de confession musulmane, Humayun Khan, mort au combat en 2004 en Irak. Il a également a affirmé que le mariage traditionnel formé par un homme et une femme constitue « la base d’une société libre » et a critiqué la décision de la Cour suprême de reconnaitre le mariage entre personnes du même sexe comme un droit constitutionnel. Il soutient ce qu’on appelle les « lois de liberté religieuse » promues par les conservateurs dans plusieurs Etats pour refuser des prestations aux personnes LGBT. Il ne faut pas oublier non plus ses déclarations sur le « mensonge » du changement climatique qui serait, selon lui, un concept « inventé par et pour les Chinois pour provoquer la perte de compétitivité du secteur manufacturier américain. »
Un tel catalogue de détestables inepties a été diffusé par les médias dominants non seulement aux Etats-Unis mais partout dans le monde. Au point qu’on se demande comment un personnage avec de si misérables idées peut rencontrer un tel succès chez les électeurs américains qui, évidemment, ne sont pas tous décérébrés ? Quelque chose ne cadre pas.
Pour résoudre cette énigme, il a fallu fendre le mur de l’information et analyser de plus près le programme complet du candidat républicain. On découvre alors sept autres options fondamentales qu’il défend, et que les grands médias passent systématiquement sous silence.
1) En premier lieu, les journalistes ne lui pardonnent pas ses attaques frontales contre le pouvoir médiatique. Ils lui reprochent d’encourager régulièrement son public à huer les médias « malhonnêtes  ». Trump affirme souvent : « Je ne suis pas en compétition avec Hillary Clinton, mais avec les médias corrompus. » Récemment, il a tweeté : « Si les grands médias, répugnants et corrompus, couvraient de manière honnête ma campagne, sans fausses interprétations, je dépasserais Hillary de 20 %. » Il n’a pas hésité à interdire d’accès à ses meetings plusieurs médias importants comme The Washington PostPoliticoHuffington Post et BuzzFeed. Il a même osé attaquer Fox News, la grande chaîne de la droite pamphlétaire, qui pourtant le soutient à fond …
2) Une autre cause des attaques médiatiques contre Trump : sa dénonciation de la globalisation économique qu’il tient pour responsable de la destruction des classes moyennes. Selon lui, l’économie globalisée est une calamité dont le nombre de victimes ne cesse de croître. Il rappelle que plus de 60 000 usines ont dû fermer ces quinze dernières années aux Etats-Unis et qu’environ cinq millions d’emplois industriels ont été détruits.
3) Trump est un fervent protectionniste. Il propose d’augmenter les taxes sur tous les produits importés. Et se dit prêt, s’il arrive au pouvoir, à établir des droits de douanes de 40% sur les produits chinois. « Nous allons récupérer le contrôle du pays et nous ferons en sorte que les Etats-Unis redeviennent un grand pays » affirme-il souvent, en reprenant son slogan de campagne. Partisan du Brexit, il a déclaré que, s’il était élu, il ferait sortir les Etats-Unis de l’Accord de libre échange nord-américain (ALENA). Il s’est également attaqué au Traité Trans-Pacifique (TPP) et a confirmé que, une fois élu, il retirerait les Etats-Unis de l’accord : « Le TPP constituerait un coup mortel pour l’industrie manufacturière des Etats Unis. » Evidemment, s’il est élu, il stopperait aussi les négociations en cours avec l’Union européenne. Il va même plus loin : « Nous allons renégocier ou sortir de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Ces accords commerciaux sont un désastre. » répète-t-il. Dans des régions comme le rust belt, la « ceinture de rouille » du nord-est où les délocalisations et la fermeture d’usines ont fait exploser le chômage et généralisé la pauvreté, ces propos sont reçus avec enthousiasme et font renaître tous les espoirs.
4) Autre option dont les médias parlent peu : son refus des réductions budgétaires néolibérales en matière de sécurité sociale. De nombreux électeurs républicains victimes de la crise économique, et tous ceux qui ont plus de 65 ans, ont besoin de la Social Security (retraite) et du Medicare (assurance maladie) mis en place par le président Barack Obama que les autres dirigeants républicains veulent supprimer. Trump a promis ne pas revenir sur ces avancées sociales. Il a aussi promis de diminuer les prix des médicaments, d’aider à régler les problèmes des « SDF », de réformer la fiscalité des petits contribuables, et de supprimer un impôt fédéral qui touche 73 millions de foyers modestes.
5) Dénonçant l’arrogance de Wall Street, Trump propose également d’augmenter de manière significative les impôts des traders spécialisés dans les hedge funds (fonds spéculatifs) qui gagnent des fortunes. Il promet le rétablissement de la loi Glass-Steagall (votée en 1933 pendant la Dépression et abrogée en 1999 par William Clinton), qui séparait la banque traditionnelle de la banque d’affaires pour éviter que celle-ci puisse mettre en péril l’épargne populaire par des investissements à haut risque. Evidemment, l’ensemble du secteur financier est vent debout contre Trump et s’oppose au rétablissement de cette loi.
6) En matière de politique internationale, Trump s’est fait fort de trouver des terrains d’entente à la fois avec la Russie et avec la Chine. Il veut notamment signer une alliance avec Vladimir Poutine et la Russie pour combattre efficacement l’organisation Etat islamique (Daesh) même si pour l’établir Washington doit accepter l’annexion de la Crimée par Moscou.
7) Enfin, Trump estime qu’avec son énorme dette souveraine, l’Amérique n’a plus les moyens d’une politique étrangère interventionniste tous azimuts. Elle n’a plus vocation à garantir la paix à n’importe quel prix. Contrairement à plusieurs responsables de son parti, et tirant les leçons de la fin de la guerre froide, il veut changer l’OTAN : « Il n’y aura plus – affirme-t-il  de garantie d’une protection automatique des Etats-Unis envers les pays membres de l’OTAN. »
Ces sept propositions n’oblitèrent pas les déclarations odieuses et inacceptables du candidat républicain diffusées en fanfare par les grands médias dominants, mais elles expliquent sans doute un peu mieux les raisons de son succès auprès de larges secteurs de l’électorat américain. L’aideront-ils à l’emporter ? On ne peut l’affirmer mais il est certain que les trois duels télévisés à venir, face à Hillary Clinton, vont être redoutables pour la candidate démocrate. Car les stratèges militaires le savent bien : dans un affrontement entre le fort et le fou, celui-ci, par son imprévisibilité et son irrationalité, l’emporte bien souvent.
En 1980, la victoire inattendue de Ronald Reagan à la présidence des Etats-Unis avait fait entrer le monde dans un cycle de quarante ans de néolibéralisme et de globalisation économique. Une éventuelle victoire de Donald Trump le 8 novembre prochain pourrait, cette fois, faire entrer le monde dans un cycle géopolitique nouveau dont la caractéristique idéologique principale, que l’on voit poindre un peu partout et notamment en France, serait : l’autoritarisme identitaire.


Traduction : Rosa Gutierrez
Illustration : Tony Webster

lundi 25 avril 2016

SIGNATURE DE L'ACCORD DE PARIS


Signature de l’Accord de Paris
Bernard Ethéart

Dimanche 24 avril 2016

La semaine dernière, on annonçait que le président Privert devait voyager, et aussitôt la machine à fabriquer des « zen » s’est mise à tourner. Pourtant, Actu Environnement a confirmé le motif officiel du voyage : Cent soixante pays, dont une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, sont attendus au siège des Nations unies à New York ce 22 avril pour la cérémonie d'ouverture à la signature de l'Accord de Paris sur le climat.

Bien entendu, il  ne fait aucun doute que ce séjour, si bref soit-il, sera l’occasion pour le président provisoire de rencontrer certaines personnalités, mais nous savions depuis plus de quatre mois que le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies, Dépositaire de l’Accord de Paris, était prié de l’ouvrir à la signature à New York du 22 avril 2016 au 21 avril 2017 (voir Bal la fini, hem Vol. 29 # 48 du 16-22/12/2015).

Notez que la date du 22 avril n’avait pas été choisie au hasard, non pas parce que c’est un 22 avril 1971 que Jean-Claude Duvalier a prêté serment comme président à vie de la République d’Haïti, mais parce que dans le calendrier des Nations Unies, le 22 avril est le jour de la terre. Car les Nations Unies ont aussi leurs « 22 » :
-          22 mars, journée mondiale de l’eau,
-          le 22 avril, Journée mondiale de la terre,
-          22 mai, journée internationale de la biodiversité.

Mais trêve de plaisanterie ; une soixantaine de chefs d’État et gouvernement sont attendus, nous dit-on. Nous savons déjà que notre président sera présent, « en revanche », nous dit Agnès Sinaï, « les principaux Etats émetteurs de gaz à effet de serre n'envoient pas leur président à New York, mais sont respectivement représentés par
-          Zhang Gaoli, vice-premier ministre de la République populaire de Chine, pays qui émet actuellement 20 % des gaz à effet de serre de la planète,
-          John Kerry, Secrétaire d'Etat des Etats-Unis d'Amérique (17 % des gaz à effet de serre), mais Obama a une bonne excuse pour son absence : il doit aller souffler les 90 bougies de la Queen Elizabeth,
-          Sergueï Prikhodko, vice premier ministre de Russie (7,5 % des GES) et
-          Jairam Ramesh, ministre de l'Environnement et des Forêts de la République de l'Inde (4 %).
 
Parmi les chefs d'Etat et de gouvernement annoncés on note :
-          Dilma Rousseff, présidente du Brésil, en d’autres temps on craindrait pour elle qu’elle ne puisse pas retourner chez elle,
-          Justin Trudeau, Premier ministre du Canada,
-          Michelle Bachelet, présidente de la République du Chili,
-          Matteo Renzi, président du Conseil des ministres de la République italienne,
-          Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger,
-          Beata Szydlo, Premier ministre de la République de Pologne
           Et le président de la République Française, François Hollande, qui doit prononcer une allocution à l’ouverture de la cérémonie.

Toujours selon Agnès Sinaï, « c'est la première fois que la signature d'un traité international fait l'objet d'un tel engouement, alors que les pays ont un an pour le signer à dater de la cérémonie d'ouverture. Jamais une telle formalité n'avait rassemblé autant de chefs d'Etat et de gouvernement. L'Elysée voit dans cette affluence diplomatique un signal encourageant pour la suite du processus ».

Emmanuel Constant nous aurait dit : « Il n’est que d’attendre ».
Bernard Ethéart

Dimanche 24 avril 2016

lundi 7 mars 2016

L’ENERGIE (3)


L'ENERGIE (3)
BERNARD ETHEART
7 MARS 2013

Nous avons terminé, la semaine dernière, avec cette cette information selon laquelle, au cours du dernier quart de siècle, soit entre 1990 et 2013, la demande mondiale en énergie primaire a augmenté de 55 %, et pour le prochain quart de siècle, soit d’ici 2040, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), prévoit une augmentation de la demande globale de 45 %. Etant donné que nous parlons du suivi de la COP 21, nous sommes intéressés de savoir à partir de quels combustibles cette énergie supplémentaire sera produite, à partir des combustibles fossiles, grands producteurs de gaz carbonique (CO2), un des 6 plus importants gaz à effet de serre, ou va-t-on voir, au contraire, l’énergie dite renouvelable prendre le dessus ? (voir L’énergie (2), HEM Vol. 30 # 07 du 02/03-08/03/2016)

Avant d’aller plus loin, je veux rappeler comment est définie l’énergie renouvelable dans la documentation officielle de la COP 21 : « Une énergie est dite renouvelable lorsqu’elle provient de sources que la nature renouvelle en permanence. Il en existe six catégories: hydraulique, éolienne, solaire, marine, issue de la biomasse (combustion de la matière comme les déchets agricoles, qui produit de l’électricité) et de la géothermie (par exemple, la chaleur du sous-sol qui chauffe l’eau) ».

En ce qui concerne la question posée au début, un article d’Agnès Sinaï publié dans un numéro d’Actu-Environnement daté du 11 novembre 2016 donne pas mal d’information. Tout d’abord la situation actuelle : « La consommation de charbon n'a jamais été aussi élevée au cours des quarante dernières années qu'en 2013 » et durant les trente dernières années le charbon représentait 81 % de l’énergie produite.

J’ai pu trouver la liste des dix plus gros consommateurs de charbon (selon le BP statistical review, cité par Philippe Collet in Actu-Environnement, en date du 20/11/2015) et je l’ai reproduite ci-dessous pour ceux que cela pourrait intéresser :

La Chine, de loin le premier pays consommateur avec 50,6 % de la consommation mondiale,
Les Etats-Unis, classé au deuxième rang en 2014),
L'Inde, 3ème rang,
Le Japon, 4èmerang,
l'Afrique du Sud, 5èmerang,
La Russie, 6èmerang,
La Corée du Sud, 7èmerang,
L'Allemagne, 8èmerang,
La Pologne, 9èmerang),
L'Indonésie, 10èmerang.

Mais l’AIE a pu observer des signaux indiquant clairement qu'une transition est en cours : en 2014, les énergies renouvelables ont contribué à près de la moitié de la capacité électrique additionnelle et sont d'ores et déjà la seconde source mondiale d'électricité après le charbon. On estime que, en 2040, les énergies renouvelables représenteront respectivement 50 % de l'électricité européenne, 30 % de l'électricité chinoise et japonaise, 25 % de l'électricité aux Etats-Unis et en Inde.

On doit reconnaitre que de telles perspectives ne seraient pas possible sans un effort du côté des « acteurs économiques de l’industrie et du commerce » dont nous avons parlé il y a environ un mois (voir Les acteurs économiques de l’industrie et du commerce, HEM Vol. 30 # 04 du 10-16/02/2016). On apprenait que depuis 2009 (COP 15 à Copenhague), les cinq plus grandes banques françaises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel-CIC – avaient soutenu les énergies fossiles à hauteur de 129 milliards d'euros, contre seulement 18 milliards d'euros aux énergies renouvelables mais que, selon un article de Philippe Collet dans un numéro d’Actu-Environnement, en date du 20 novembre 2015, BNP Paribas et la Société générale s'étaient engagées à réduire leurs financements au charbon.

Il faut peut-être y voir un effet de la politique de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) Rachida Boughriet ne nous dit-elle pas, dans le numéro du 19 novembre 2015 de Actu-Environnement : « A partir de 2017, l'OCDE mettra le holà aux soutiens publics à l'exportation des centrales à charbon les plus polluantes.

Pour terminer, au moins provisoirement, je signalerai cet article de Sophie Fabrégat dans le numéro d’Actu-Environnement du 11 janvier 2016 qui semble annoncer de bonnes nouvelles pour les « pays du Sud ».







Une lame de fonds. C'est le terme utilisé par le secrétariat général des Nations unies (Ccnucc) pour qualifier la dynamique qui se crée à la COP 21 autour des énergies renouvelables. De nombreuses initiatives ont été lancées à cette occasion pour décupler les investissements dans les énergies décarbonées et accélérer leur déploiement, notamment dans les pays en développement. Longtemps annoncé, le "grand soir" des énergies renouvelables semble se dessiner, du moins dans les discours, dans l'hémisphère Sud.
Bernard Ethéart

Miami, lundi 7 mars 2016

mardi 1 mars 2016

L'ENERGIE (2)



L'ENERGIE (2)
BERNARD ETHEART
MIAMI, LUNDI 29 FEVRIER 2016

La semaine dernière j’étais parti avec l’idée de montrer que l’un des champs où la lutte contre le réchauffement climatique devait être la plus active était celui de l’énergie. J’ai pensé cependant qu’il ne serait pas mauvais de dire ce qu’est finalement cette énergie dont on peut voir les effets mais qu’on ne voit pas elle-même ; je me suis donc lancé dans une tentative de définition, qui m’a entrainé vers l’identification de différents type d’énergies et j’ai finalement parlé de ce cycle du carbone qui est un de mes sujets favoris (voir L’énergie, HEM Vol. 30 # 06 du 24/02-1er/03/2016).

Mais je voudrais quand même m’attarder au rôle de l’énergie dans notre vie quotidienne. Quand Prométhée, selon la mythologie grecque, donna le feu aux hommes, il pensait leur rendre un grand service. Ceux qui ont vu « La guerre du feu » du cinéaste Jean-Jacques Annaud se souvienne de l’importance qu’avait ce feu qui permettait aux hommes de s’éclaires la luit, de se chauffer et de faire cuire leurs aliments (souvenez-vous : « Le cru et le cuit » de Claude Lévi-Strauss).

La semaine dernière j’ai parlé du développement de la métallurgie qui commence avec le travail de l’or, qui ne demande pas trop de chaleur, mais va évoluer vers la grande métallurgie grâce à la découverte de la matière première : le minerai de fer, mais aussi du charbon minéral qui permet d’atteindre des températures bien plus élevées. Avec ce charbon minéral, nous entrons dans le domaine des combustibles fossiles, c’est-à-dire de « composés issus de la décomposition sédimentaire des matières organiques (fossilisés) tout au long des temps géologiques : tourbe, charbon, pétrole, lignite. »

Parmi ces combustibles fossiles, il en est un, le pétrole, qui va prendre une importance considérable grâce à l’invention du moteur à explosion. Ces sources d’énergie ne permettent pas seulement de produire de la chaleur mais aussi de l’énergie mécanique. Si nous prenons l’exemple de l’industrie sucrière, au départ on broyait la canne dans des moulins que l’on faisait tourner soit avec l’énergie animale, soit avec l’énergie hydraulique, soit même avec l’énergie éolienne, aujourd’hui c’est un moteur à explosion qui fait tourner les moulins. Le moteur à explosion a également révolutionné les transports ; la marine à voile reste confinée dans le secteur sportif, mais tous les cargos et autres paquebots fonctionnent au mazout.

Et on arrive à l’étape finale : le moteur à explosion avait permis de produire le mouvement ; les travaux dans le domaine de l’électromagnétisme vont faire qu’à partir du mouvement on peut produire de l’électricité et vice versa. Et c’est la marche victorieuse de l’énergie électrique qui nous donne la chaleur, qui nous donne la lumière et qui peut faire marcher n’importe quel moteur.

Aujourd’hui le degré de développement d’un pays se mesure à la consommation d’électricité de ses habitants ; on n’a pas besoin d’insister sur le fait qu’il existe une énorme différence entre la consommation d’un Africain et cette d’un habitant des Etats Unis ; mais nous vivons une époque où la tendance est à la réduction de cet écart, ce qui se traduit dans une plus grande consommation d’énergie.

Sur ce point, Agnès Sinaï, dans un numéro d’Actu-Environnement daté du 11 novembre 2015, nous informe que « entre 1990 et 2013, la demande mondiale en énergie primaire a augmenté de 55 % et l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) dans son scénario de politique courante, projette une nouvelle hausse de la demande globale de 45 % d’ici 2040 ».

La grande question est de savoir à partir de quels combustibles le monde va produire cette énergie supplémentaire et toute les discussions autour de ce thème dans la cadre de la COP 21 ont tourné autour de la manière de réduire la contribution des énergies fossiles dans cette production. Nous tenterons d’entrer dans le détail la semaine prochaine.

dimanche 28 février 2016

Accord politique pour la continuité institutionnelle à la fin du mandat du Président de la République en l’absence d’un président élu et pour la poursuite du processus électoral entamé en 2015


Accord politique pour la continuité institutionnelle à la fin du mandat du Président de la République en l’absence d’un président élu et pour la poursuite du processus électoral entamé en 2015 
Vu les articles 92, 92-1, 95. 95-1. 98, 98-3,118, 134-1, 134-2, 134-3, 149, 149-1 de la Constitution de 1987 amendée ; 
Vu l’article 134-1 de la Constitution de 1987 amendée consacrant la fin du quinquennal du président de la République le 7 février de la 5ème année de son mandat ;
Vu l’article 134-3 de la Constitution de 1987 amendée disposant que le président de la République ne peut bénéficier d’aucune prolongation de mandat ; 
Considérant l’engagement de tous les acteurs intéressés dans la démarche pour trouver une solution haïtienne allant dans le sens des intérêts supérieurs du peuple haïtien, de la préservation des acquis démocratiques et de la consolidation de la cohésion nationale; 
Considérant l’urgence de rassurer et d’inspirer plus de confiance à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral; 
Considérant le dysfonctionnement du Conseil électoral provisoire (CEP) et la nécessite de le redynamiser en vue de poursuivre le processus électoral ; 
Considérant la fin du mandat du Président de la République le 7 février 2016 ;
Considérant l’obligation pour les deux (2) pouvoirs de l’Etat, codépositaires de la souveraineté nationale, de trouver une solution haïtienne afin d’assurer la continuité de l’Etat en s’inspirant des dispositions constitutionnelles, en recherchant un large consensus de toutes les forces vives de la Nation, en tenant compte de la situation exceptionnelle ;
Considérant qu’il est impératif de parvenir à un accord entre les pouvoirs politiques de l’Etat afin de créer les conditions de stabilité et de paix sociale; 
Considérant l’entrée en fonction des parlementaires de la 50ème législature ; 
Considérant qu’il y lieu de mettre en place un gouvernement doté de la confiance du Parlement ;
Après consultation engagée par le président de la République avec les présidents des deux (2) chambres, 
LES REPRESENTANTS DES DEUX (2) POUVOIRS POLITIQUES, CO-DÉPOSITAIRES DE LA SOUVERAINETE NATIONALE, SE SONT ENGAGÉS À METTRE EN APPLICATION CE QUI SUIT : 
I. Du départ du Président du pouvoir le 7 février 2016
1. Le Président de la République, par-devant l’Assemblée Nationale fait une adresse à la Nation relativement à la fin de son mandat et de son départ du pouvoir le 7 février 2016. Il informe le Parlement, à titre de Co-dépositaire de la souveraineté nationale, du vide provoqué par cette situation au niveau du pouvoir exécutif.
2. Le Président de l’Assemblée Nationale, par un message responsif, dit prendre note du message du Président de la République et constate le vide présidentiel entrainant le dysfonctionnement du Pouvoir exécutif. 
3. Le vide une fois constaté, le Président de l’Assemblée Nationale charge le Premier Ministre en poste de la gestion des affaires courantes et annonce l’élection par l’Assemblée Nationale d’un Président Provisoire. 
4. Le Président de l’Assemblée Nationale en profite pour informer de la tenue dans un délai ne dépassant pas cinq (5) jours calendaires des élections Présidentielles par l’Assemblée Nationale pour combler le vide. 
5. Une commission bicamérale est immédiatement constituée pour définir et tracer la procédure à suivre pour la réalisation de ces joutes électorales qui doivent être inclusives honnêtes et transparentes. 
6. L’élection du Président provisoire aura lieu 48 heures après la fin des inscriptions. 
7. Le mandat du Président provisoire est de 120 jours maximum à partir de la date de son installation. Le cas échéant l’Assemblée Nationale prendra les dispositions qui s’imposent.
II. De la part du Président provisoire de la République
1. À entrer en consultation avec les principaux partis politiques représentés au Parlement, des groupes politiques non représentés au Parlement et les acteurs de la société civile afin de recueillir des propositions de noms de personnalités ayant les compétences et les qualités pour exercer la fonction de Premier Ministre. 
2. À entrer en consultation avec les Présidents des deux (2) chambres du Parlement autour du choix d’un Premier ministre à designer.
III. De la part du Parlement
1. À confirmer l’éligibilité du Premier ministre de consensus désigné.
2. À inviter le Premier Ministre, accompagné des membres de son gouvernement, à se présenter par devant les deux (2) chambres, en séance plénière afin de recevoir le vote de confiance de sa déclaration de politique générale. Une fois le vote de confiance obtenu, le Premier Ministre est immédiatement installé dans ses fonctions. 
IV. De la redynamisation du Conseil électoral provisoire (CEP)
1. Convocation, à l’initiative du Président provisoire des secteurs ayant délégué des représentants au précédent Conseil électoral provisoire (CEP) aux fins de confirmer ou de désigner de nouveaux membres en vue de la reprise des activités au CEP, dans un délai n’ excédant pas 72 heure.
2. Publication de l’arrêté Présidentiel de nomination des nouveaux membres du CEP. 
V. De la poursuite du processus électoral initié au cours de l’année 2015
1. Relance par le CEP du processus électoral après évaluation des étapes déjà franchies :
a) Mise en application des recommandations techniques de la Commission indépendante d’évaluation électorale.
b) Finalisation et proclamation des résultats des élections municipales.
2. Organisation du deuxième tour de l’élection présidentielle, des élections législatives partielles et des élections locales (24 avril 2016).
3. Proclamation des résultats définitifs (6 mai 2016).
4. Installation du Président élu de la République (14 mai 2016).
Fait de bonne foi à Port-au-Prince, le 5 février 2016, en trois (3) originaux.
Le Président de la République 
Michel Joseph Martelly
Le Président du Sénat de la République 
Jocelerme Privert

Le Président de la Chambre des députés
Cholzer Chancy »

mardi 23 février 2016

L'ENERGIE



L'ENERGIE
BERNARD ETHEART
22 FEVRIER 2016

Après avoir consacré plusieurs (7) articles aux acteurs, plus précisément aux acteurs non étatiques (HEM Vol. 29 # 50, 51, 52, Vol. 30 # 01, 02, 03, 04) susceptibles d’apporter leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, j’ai voulu parler des champs dans lesquels ces acteurs vont évoluer. J’ai commencé avec l’agriculture (voir Agriculture et changement climatique, HEM Vol. 30 # 5 du 17-23/02/2016), aujourd’hui je voudrais parler de l’énergie.

Que j’aie commencé avec l’agriculture est évident pour tous ceux qui me connaissent, mais pourquoi l’énergie ? Et, à peine avais-je formulé la question, qu’une autre s’est imposée à moi : c’est quoi, l’énergie ? Il ne me restait plus qu’à aller aux informations et voilà ce que j’ai trouvé.
« L'énergie est définie en physique comme la capacité d'un système à produire un travail, entraînant un mouvement ou produisant par exemple de la lumière, de la chaleur ou de l’électricité. C'est une grandeur physique qui caractérise l'état d'un système et qui est d'une manière globale conservée au cours des transformations.

Outre l'énergie au sens de la science physique, le terme « énergie » est aussi utilisé dans les domaines technologique, économique et écologique, pour évoquer les ressources énergétiques, leur consommation, leur développement, leur épuisement, leur impact écologique. Les principales ressources énergétiques sont les énergies fossiles (le gaz naturel, le charbon, le pétrole), l’énergie hydroélectrique, l’énergie éolienne, l’énergie nucléaire, l’énergie solaire, l'énergie géothermique.

Après avoir exploité sa propre force et celle des animaux, l’homme a appris à exploiter les énergies contenues dans la nature (d’abord les vents, énergie éolienne et les chutes d’eau, énergie hydraulique) et capables de lui fournir une quantité croissante de travail mécanique par l’emploi de machines : machines-outils, chaudières et moteurs. L’énergie est alors fournie par un carburant (liquide ou gazeux, issu d'énergie fossile ou non). »

Ce dernier paragraphe me donne envie irrésistible d’aborder un thème qui m’amuse depuis longtemps, celui du mythe de Prométhée. Il existe dans la mythologie grecque deux héros qui me fascinent : Sisyphe et Prométhée. Je ne sais plus quelle faute Sisyphe avait commise mais il fut condamner à rouler un énorme rocher jusqu’au sommet d’une montagne. Mais ce maudit rocher avait la mauvaise habitude, une fois qu’il était arrivé là-haut de rouler vers le bas, et Sisyphe devait recommencer, indéfiniment. Albert Camus a écrit « Le mythe de Sisyphe » où il conclut : « Il faut s’imaginer Sisyphe heureux … »

Prométhée lui, je ne sais plus à quelle peine les dieux l’avaient condamné, mais je sais pourquoi : « pour avoir donné le feu aux hommes ». Le feu, c’est la manifestation d’une réaction chimique qu’on appelle la combustion, ou l’oxydation, donner le feu aux hommes, c’est leur donner l’énergie, et les dieux de la mythologie grecque se sont montrés plus avisés que l’autre crétin qui aurait dit à nos premiers parents : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez … » (Genèse 1, 28). Leurs descendants ont si bien compris le message qu’ils sont à la veille sinon de détruire la planète, au moins de la rendre totalement inhabitable.

Mais revenons au XXIème siècle. Le réchauffement de la planète est dû à la présence de gaz qui ont tendance à former autour de la planète une couche qui ne permet pas à la chaleur produite de s’échapper, comme dans une serre, d’où le nom de gaz à effet de serre (GES). Généralement, on considère qu’ils sont au nombre de six :
-          le gaz carbonique, CO2, produit chaque fois qu’il y a un phénomène de combustion ;
-          le méthane, CH4, dont nous avons parlé la semaine dernière (voir Agriculture et changement climatique, HEM Vol. 30 # 5 du 17-23/02/2016) car il se dégage des excrétions du bétail ;
-          le protoxyde d'azote, N2O, dont nous avons également parlé à propos d’agriculture, car il vient des engrais azotés largement utilisés dans l’agriculture dite « moderne » ;
-          les hydro-fluoro-carbone, HFC, dont j’au eu l’occasion de parler dans une émission sur la couche d’ozone le 27 septembre 2007, car en plus d’avoir un effet de serre, ces gaz sont aussi destructeurs de la couche d’ozone ;
-          les PFC et SF6 pour lesquels je dois demander votre indulgence car je ne suis pas encore arrivé à les identifier complètement.

De ces six, c’est évidemment le CO2 qui nous intéresse car c’est lui qui provient de cette réaction chimique qu’est la combustion. Maintenant, il va nous falloir faire la distinction entre les différentes sources de CO2. Le premier combustible que l’homme ait utilisé, une fois que Prométhée lui ait appris à faire du feu. La chaleur ainsi produite lui permettait de faire cuire sa nourriture, de se chauffer, de s’éclairer, mais aussi de travailler certains métaux, en particulier l’or. Pour le développement de la grande métallurgie, il faudra attendre qu’il découvre le minerai de fer, mais aussi un combustible minéral, la houille. Avec ce développement, on rentre dans l’utilisation des combustibles fossiles, au charbon minéral viendra s’ajouter le pétrole, huile minérale, qui va connaitre une grande popularité avec le développement du moteur à explosion, et le gaz naturel.

La question qui se pose maintenant est pourquoi ce « koukourouj » contre les combustibles fossiles ? La réponse serait dans ce que j’appelle le « cycle du carbone ». On l’a déjà dit, toute combustion produit du gaz carbonique. Tous les êtres vivants produisent du gaz carbonique qu’ils  rejettent dans l’atmosphère lors de l’expiration. Mais parmi les êtres vivants, les végétaux, en plus du mécanisme de la respiration, on un autre mécanisme appelé la photosynthèse. Ils absorbent du gaz carbonique dont ils utilisent le carbone pour fabriquer la cellulose dont ils sont faits, et rejettent l’oxygène.

C’est ce que j’ai appelé le cycle du carbone : le carbone du gaz carbonique rejeté dans l’atmosphère par la respiration des êtres vivants est en partie récupéré par les végétaux ; si maintenant on brule ces végétaux, on va produire du gaz carbonique, mais une partie de ce carbone sera de nouveau fixé par la photosynthèse. Il s’établit ainsi une sorte d’équilibre. Quand on se met à utiliser les combustibles fossiles, l’équilibre est rompu car on rejette dans l’atmosphère un carbone qui n’y était pas, ou tout au moins pas depuis longtemps ; il était enfoui dans les profondeurs du sol depuis plusieurs millénaires. C’est ce carbone « qu’on avait oublié » qui, en réapparissant donne un « surplus » de gaz carbonique et renforce l’effet de serre et le réchauffement

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