vendredi 9 avril 2010

POUR SAUVER LA FACE

POUR SAUVER LA FACE
Maurice Celestin
8 Avril 2010
La politique a toujours été et restera encore longtemps un jeu de compromis. Les compromis intelligents, lucides qui s'accompagnent des règles de respect de l'intérêt collectif ont, de tout temps, tiré des peuples de bien de situations difficiles à surmonter. Dans les cas extrêmes, les hommes d'Etat dignes de ce nom évitent le pire en adoptant des solutions allant au mieux des intérêts de leur pays. Certaines fois, leur sentiment patriotique les poussent même à hypothéquer leur orgueil d'homme ou de femmes. Mais ils ou elles auront toujours la satisfaction d'avoir agi au bénéfice de la patrie, au bénéfice de la majorité qui doit toujours primer sur l'individuel. Il n'y a pas trop longtemps les citoyens dominicains Pena GOMEZ et Joachim BALLAGER ont donné à leurs frères et soeurs et au monde entier une démonstration éloquente de leur grand amour pour leur pays. En gens raisonnables, ils ont du trouver un compromis, un terrain d'entente et de compréhension pour la résolution d'un problème cuisant qui paraissait insoluble. Leur accommodement a évité un bain de sang à leur alma mater et un conflit politique qui aurait pu déboucher sur une déchirure irréparable du tissu social dominicain. Ces deux hommes de grande dimension de coeur et d'esprit ont compris que le jusqu'auboutisme n'a jamais servi. Ils ont fait taire la « bête orgueilleuse » qui mugissait dans leur conscience pour écouter de préférence la voix de la raison qui leur a rappelé « qu'il n'y a que Dieu et les imbéciles qui ne changent pas ».Le québécois dit « qu'il y a toujours moyen de moyenner », c'est vrai. Les gens de bonne volonté et épris d'amour pour les autres et pour leur pays sont toujours prêts à consentir les plus grands sacrifices.

Ce soir, nous sommes à nous demander si nos parlementaires de même que notre Président sont prêts à de grands sacrifices pour sauver Haïti? Ces femmes et ces hommes qui ont le mandat du peuple aux fins de défendre les intérêts de la nation seront ils en mesure de dompter la « bête orgueilleuse » qui mugit dans leur conscience pour écouter la voix de la raison ? Leur cœur pour une fois, va-t-il se pencher vers l'honneur et s'écarter de l'argent ? Vont-ils adopter une solution intelligente à la dimension de leur fonction ?

L'énoncé du problème n'est pas simple : Le président de la République sollicite, n'ayons pas peur de le dire, le plein pouvoir pour une période de 18 mois. Cette demande implique tout un lot de subtilités et fait naître beaucoup d'inquiétudes et de suspicions. On entrevoit, sans risque de se tromper, des manœuvres visant à adultérer les prochaines joutes électorales. On ne peut pas empêcher que certaines voient même des tractations destinées à pérenniser monsieur PREVAL sur la cour du palais national quand on considère qu'il est de la nature même de nos chefs d'Etat de toujours vouloir garder le pouvoir. Mais toujours est il que d'une façon ou d'une autre cette requête crée un gène au sein du milieu politique haïtien surtout, et, de la population en général. Déjà, les avis sont partagés de manière sensible. Certains parlementaires sont écœurés. Ils montent au créneau et expriment leur désappointement, leur mécontentement et jurent au nom de tous les Dieux qu'ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour barrer la route à pareille expression de dictature, à pareille intention n'ayant aucun rapport avec les vœux de la Constitution. Leurs électeurs, non plus, ne sont pas contents. Ils se sentent bafoués, traités sans dignité. Mais tandis que d'un coté, l'opposition à pareil projet est grandissante, de l'autre coté la ferveur monte. Le Président, majoritaire au parlement, se sent confortable pensant qu'il a déjà l'appui qu'il faut et que le projet sera approuvé. Cette idée ne fait pas l'unanimité auprès de la population qui ne fait plus confiance à monsieur PREVAL. Ce dernier a perdu toute sa crédibilité. Ses attitudes et comportements dans la gestion du séisme a porté l'énervement du peuple haïtien au paroxysme. Jusqu'à date, le Président de la République n'a pas jugé important de présenter ses condoléances aux parents des victimes. Aussi, n'était la présence des forces étrangères, ne serait-il pas, de l'opinion générale, emporté par un coup d'Etat civil. En tout cas, en dépit de tout, il a le mot de la majorité du parlement qui se prépare à voter à en croire à certaines déclarations de certains parlementaires. Mais, à bien observer, le jeu ne sera pas aussi facile qu'on le pense. La lutte sera ardue, beaucoup risquent de se briser le vomer et encore une fois, le pot cassé sera payé par le pauvre peuple déjà aux abois. La pilule pour être dégurgitée méritera d'être bien enrobée sinon son passage au niveau de l'œsophage ne sera pas sans traumatisme. L'étranger qui n'aime pas donner, trouvera certainement un bon prétexte pour se dérober de ses promesses faites sous le coup de l'émotion. QUI AURA GAGNE, QUI AURA PERDU ? QUI SERA RESPONSABLE SURTOUT ?

Les vrais responsables, disons le sans hésitation, seront les deux partis en litige. Tel qu'on connaît les haïtiens, si on doit remonter le lit de leur histoire pas trop lointaine, il sera loisible de dire qu'ils sont incapables de se mettre autour d'une table à l'effet de trouver, à l'amiable, une solution au mieux des intérêts du pays. Ils sont incapables de ces grands faits historiques qui ont immortalisé Joachim BALLAGER et Francisco Pena GOMEZ, de ces grands faits historiques qui ont porté MANDELA vers ces « sommets inaccessibles. ». Nos hommes et nos femmes des palais national et législatif se retrouvant sous les tentes ont la tête trop dure pour pouvoir tirer des leçons de la vie qui attirent l'attention sur la valeur de l'argent. Ils n'arrivent pas à comprendre que l'argent ne peut pas tout régler. Il ne pouvait pas, par exemple, sauver la vie des riches le 12 janvier dernier. Nos hommes et femmes des deux palais sont trop remplis d'eux même… mais remplis de quoi ? Leur front orgueilleux, ne veut pas s'incliner pour voir ce qui est sur leurs pas. Ils regardent au loin les mirages dorés tandis que sur leur passage crèvent des enfants squelettiques rongés par la faim et la soif.

Dans un sursaut d'espoir, je demande désespérément, au Président de la République et aux parlementaires des deux blocs, de prendre en compte, au nom de nos aïeux, la proposition, ci-dessous, qui évitera bien de déboires à la nation.

Ma proposition permettra, à coup sûr, aux partis de sauver la face.

Monsieur PREVAL a sollicité 18 mois de plein pouvoir. La majorité des parlementaires semble vouloir voter en faveur de cette requête. La majorité de la Population est contre ce vote de même qu'un nombre important de parlementaires minoritaires. Cette demande est tout à fait inconstitutionnelle . Normalement, si monsieur PREVAL était un chef respectueux des vœux de la Charte fondamentale de la nation, il aurait du purement et simplement surseoir sur sa requête et capituler devant les protestations du peuple qui est souverain .Mais, considérant que ce conflit est de nature à paralyser les activités visant à débloquer l'aide étrangère devant soulager la misère de tout un peuple encore dans les rues et souffrant de sous alimentation et de maladies de toutes sortes, je propose que les partis, devant l'insistance du Président qui semble ne point vouloir revenir sur sa décision, trouvent un moyen terme en agréant ses vœux pour une période de 6 mois, renouvelable suivant qu'il aura démontré que la latitude qui lui a été accordée de diriger sans aval parlementaire a réellement servi à la bonne marche du pays.

J'estime que cette façon d'agir pourra faire sauter le nœud et permettre, comme je l'ai dit tantôt, à chacun de sauver la face puisque au fond, chez nous, c'est l'orgueil qui « mène » et qui a toujours été, par contre, l'objet de nos grands malheurs. L'orgueil semble même avoir souvent raison de la CONSTITUTION.

LECHAPEAUTEUR
MAURICE CELESTIN
LECHAPEAUTEUR@ YAHOO.COM
WWW.LECHAPEAUTEUR. UNBLOG.FR

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