lundi 31 octobre 2011

DERIVES



Dérives !
Par Daly Valet
Le Matin : 28 Oct. au 3 Nov. 2011

Michel Martelly est Michel Martelly. Un iconoclaste. Un anticonformiste. Sa carrière, c’est toute une carrière. L’interdit est son monde aphrodisiaque. Son paradis. Le monde des choses permises, son cauchemar. Son enfer. La déraison comme raison. Le pays qui a fait de lui un président de la République en est plus que conscient. Il ne  nous est pas tombé du ciel. Il n’est pas non plus une fabrication de Washington ni des Nations unies. C’est un pur produit d’Haïti. Des électeurs cyniques imposent à une société cynique un chef qui fait l’éloge de son cynisme. Purgatoire. Dérives.

Dans le sillage d’une incartade puérile et indigne au Palais national, entre deux autorités de l’État, l’un président, l’autre député, une crise d’État. Au terme d’un vide gouvernemental long de cinq mois, une crise de l’autorité qui risque d’embrayer, à nouveau, notre pays dans l’incertain. Pour longtemps. Si Michel Martelly reste l’impétueux et l’imprévisible Michel Martelly auquel nous sommes habitués, et que le Parlement demeure ce parlement insensé, veule et pervers que nous connaissons, Haïti est bien partie pour de nouveaux gâchis. Des gâchis dus à une élite politique managériale incivique, incompétente et immature. Il faudra beaucoup de dépassement de soi. De grandeur de part et d’autre. Au nom de notre pays souffrant et à genoux. En fait, au lieu d’attiser l’animosité entre ces chefs de clans belligérants à l’ego hypertrophié, tout patriote devrait plutôt convier nos responsables irresponsables à plus de mansuétude envers ce pays qu’ils avaient juré de servir avec dévouement, intégrité et dans la légalité républicaine. Au bout du compte, Haïti est comme prise en otage par des hommes haut placés, plus promoteurs de crises qu’agents de développement. La vérité est que Martelly n’a rien à perdre dans l’échec de son mandat. Il a déjà tout gagné en devenant président. Il le dit et le répète sans cesse. Il a raison. D’un simple chanteur controversé au titre de chef de l’État, tout un renversement des mondes. Tout un couronnement. Arnel Bélizaire est en droit de dire autant. D’ombrageux activiste violent et d’affairiste dit interlope à la fonction de député du peuple, il faut le faire. Toute une intronisation. Un autre couronnement qui serait improbable dans une tout autre Haïti. Entre les deux hommes, il n’y a qu’Haïti qui attende encore de voir ses rêves improbables se concrétiser. Surtout le rêve de devenir, enfin,  un pays.

Ô rage ! Ô désespoir ! Des parlementaires impuissants et légitimement outragés, suite à l’arrestation du député Arnel Bélizaire, crient à la dictature. Ils dénoncent le viol de la Constitution qui, en son article 114, garantit l’inviolabilité de la fonction de parlementaire. Évidemment, la Constitution, du point de vue de la forme, est du côté de M. Bélizaire dans cette affaire. Pour troublant et compromettant que puisse être le passé de ce contre-modèle de citoyen. Si le pouvoir de Martelly se croit encore lié par les lois de la République et que nous ne vivions sous un régime d’apprentis dictateurs, la libération du député de la circonscription de Tabarre-Delmas est une affaire de minute. Sans aucune autre forme de procès. La Justice et les impatients du Palais national devront, forcément, attendre la rentrée parlementaire de janvier 2012. C’est à ce moment seulement, et une fois que la Chambre des députés aura donné suite à la demande de levée de l’immunité du parlementaire Bélizaire, que la question de l’arrestation ou pas de ce dernier pourra se poser en toute légalité.  En dehors de cette procédure, tout est arbitraire, justice d’exception, donc tyrannie.

Périssent dix mille gouvernements et députés, plutôt qu’un principe constitutionnel. La solidarité citoyenne se range, ici, aux côtés de la loi. Non point derrière un individu, qu’il se nomme ou pas Arnel Bélizaire. Même s’il n’aurait pas dû se retrouver au Parlement en train de délibérer sur la marche de la nation. Cette crise nous renseigne assez sur la morale de nos élus et sur leur rectitude. Ce sont ces parlementaires qui ont ouvert la voie à l’action arbitraire des autorités judiciaires contre leur collègue. Si dictature il y a, comme ils le proclament, ils en sont les complices, les auteurs intellectuels et matériels. Ils ont été les premiers à bafouer la Constitution dans le processus de ratification des premiers ministres désignés par M. Martelly. De Daniel Rouzier, Bernard Gousse à Garry Conille. Dans tous ces cas, ils ont eu l’outrecuidance de dire que la Constitution n’importait pas dans leur vote. Et comme de fait, ils l’ont piétinée et violée à chaque fois pour satisfaire leur appétit de pouvoir, défendre leurs poches et leurs clans. Entre Michel Martelly et le Parlement, la loi est l’abonnée absente. D’où les dérives. Et cette arrestation illégale suivie de la libération désordonnée du député  Bélizaire.
D.V.

dimanche 23 octobre 2011

POURQUOI ENCORE LA PAYSANNERIE COMME BOUC EMISSAIRE DANS LA POLITIQUE DES ENGRAIS?


Pourquoi encore la paysannerie comme bouc emissaire dans la politique des engrais?
MICHEL WILLIAM
22/10/2011

Il y a plusieurs personnes et institutions qui connaissent bien la question de l’Engrais. On peut citer parmi eux ,les agronomes Jacques Alix et  Phyto Blemur, Agro technique, Agri Supply, La Darbouco, les fournisseurs d’engrais qui se partagent les retombées de ses bénéfices sans impact direct sur les zones de production. Ils connaissent tous les problèmes. S’ils échouent dans la proposition de solutions adéquates c’est parce que  l’engrais   comme les élections, comme la constitution a été utilisé  á des fins politiques inavouées  et que le secteur privé des affaires n’a jamais eu dans son agenda une volonté  de libéraliser  le marché de l’engrais, ni de participer au relèvement de l’agriculture .Les cadres techniques du MARNDR pêchent volontairement  dans le diagnostic de la formulation des problèmes et en retour proposent des solutions qui ne conviennent pas  aux besoins des agriculteurs. Les solutions ont été proposées  pour résoudre  des problèmes politiques  liés a la politicaillerie haïtienne  Des solutions ont  été trouvées pour satisfaire les appétits économiques  d’un secteur privé apache. Elles ont été  suivies pendant des année  et ont contribué á   entretenir les organismes d’assistance technique qui vivent de commissions  á  la manière de brokers commerciaux. Elles ont été trouvées comme au temps du ministre Mathieu sur  les conseils de Gille Damas pour plaire á  un club de copains qui sait comment entretenir l’assistance technique pour bénéficier des effets symbiotiques du commerce des engrais.

Depuis 1997,  la question de  l’engrais   escalade annuellement  les portes du parlement haïtien où elle  trouve  le sol idéal non pas pour augmenter la récolte des paysans mais pour résoudre des problèmes électoralistes  liés á  la clientèle ’agricole .Quand elle laisse l’enceinte parlementaire  c’est pour franchir la porte du palais national qui  y met son poids politique  pour démultiplier la clientèle  parasite qui gagne sa vie  en partageant une partie de la subvention, sinon la moitié  née des spéculations lucratives qui y sont liées  en période  de coupure  et de soudure .

En 1978, quand je fus nommé  sur les recommandations du Directeur General, agr Montaigu Cantave, agronome de district dans les Nippes qui avaient pour  chef lieu agricole la ferme de Fonds des Negres, j’avais trouvé  tous les dépôts de la ferme chargée des tonnes d’engrais qui exsudaient de l’eau á  travers les  sacs parce que  les habitants  ne s’en servaient presque pas. Il en était de même dans tout le reste du pays á  l’exception du Sud-Est et du Centre dans les Caféteraies de Thiotte et de Baptiste et dans le maraichage  á Kenskof. La consommation nationale d’engrais, était estimée entre 10 á  15.000 tonnes . Je me rappelle ces incidents qui émaillaient les zones de Jérémie, avec k ;Agronome  Jean baptiste,  (1979-80), plus tard  l’agronome Fromentin , Port-de-Paix avec l’Agronome Charles Joasile ( année 2000 en montant) qui en voulant sauver des tonnes d’engrais qui exsudaient d’eau dans les dépôts , faisaient venir de St Marx des acheteurs qui enlevaient les stocks pour les revendre dans la vallée de l’Artibonite. Les planteurs de banane du Nord-Ouest utilisaient plutôt le limon que charriaient les crues des Trois Rivières qui utilisaient les bananeraies comme  son lit majeur en période cyclonique.

Il n’y avait que trois grandes zones consommatrices d’engrais, : La vallée de l’Artibonite, la zone d Kenskoff et Le sud-Est..L’engrais était arrivé en Haïti á  partir  des prêts ou des dons de la coopération américaine et se faisait á  travers les maisons commerciales  dont la Darbouco, le « Agry-Supply  et  l’AgroTechnique de  Derenoncourt. La  gamme des distributeurs  a été  élargie a la suite de la politique de subvention  de l’engrais du MARNDR en 1997. Disons aussi que l’IDAI longtemps avant avait fait un travail important de vulgarisation sur le coton ,les céréales  et le haricot. L’IDAI allait cesser d’exister et avec sa disparition se  produit une diminution dans la consommation d’engrais.Agronome jean Andre Victor rapporte qu’un expert américain dépêché  pour investiguer les raisons  pour lesquelles les caféiculteurs n’utilisaient pas l’engrais de l’USAID distribuée a GOGO apres  un cyclone ,avait produit comme conclusion que les agriculteurs n’avaient pas un problème d’engrais  mais un problème de café á fertiliser. Il ne voyait les cafeteraies pour lesquelles on avait commande l’engrais  .On y reviendra.

Les premiers importateurs qui dominaient le marché des engrais avant 1997 en  compressaient la demande pour s’assurer d’une offre réduite solvable á travers l’état et plus tard á  travers les ONG devenues leurs principaux clients.

Ce premier diagnostic a été superbement posé par l’équipe de Lavalas  ayant á  sa tête  le ministre Francois Severin qui avait imaginé un processus d’ élargissement de la demande  en instituant une politique de subvention basée sur  la réduction du prix de vente. C’est dans ce sens  que la coopération Japonaise  a été approchée .Le projet KR2 vit le jour .Il consistait d’une aide japonaise en intrants agricoles dont l’engrais allait devenir une partie importante  du don au détriment des machines agricoles qui se rétrécissaient. Cette politique de subvention fit augmenter effectivement la demande et la consommation progressait significativement á  travers les années pour atteindre en 2008 la consommation effective de 25 á  30.000 tonnes d’engrais..Ces trente  mille tonnes provenaient de la vente première d’un don de 10.000 tonnes du projet KR2, puis du recyclage de la vente  subventionnée dans l’achat d’engrais en république Dominicaine.
La consommation allait augmenter avec  l’apport du gouvernement  haïtien comme dans le cas de Mr Sébastien Hilaire, ministre d’Aristide qui cherchait á  utiliser l’engrais comme un moyen détourné d’entretenir la meute des lavalassiens  transformée en  une nouvelle classe commerciale de vendeurs d’engrais. .Il n’y eut pas de vol d’engrais. Cependant une grande partie des profits  de la subvention  allait dans les poches de hordes lavalassiennes Cette politique de subvention anti paysanne  devait avoir  doublé pendant que Damien  ne pouvait concevoir aucune nouvelle politique  publique d’engrais  pour rencontrer la nouvelle  demande  et pour  créer de nouvelles conditions de rationalisation du  marché de la distribution et de la vente d’engrais..
Rappelons au passage, l’étouffement dans l’œuf  par le secteur privé haïtien de deux usines  d’engrais destinées á  élargir l’offre de l’engrais .Un propriétaire  a tout manigancé pour acheter la deuxième usine sise á  Titanyen, et a boycotté la première  usine de composition de plusieurs formules d’engrais ainsi que l’ensachage. Plus tard sur les suites du projet KR2 étaient nés deux  projets d’arrivage en vrac de différents engrais simples  que la « AGRI-Supply et plus tard , la Agro technique  essayaient de gérer au profit de différents sols du pays á partir d’une carte de fertilité des sols réalisée par la  FAMV á  travers le pays. Pour des raisons  qui n’ont pas été  élucidées  pour la paysannerie, Agry Supply  a fermé ses portes et  Agro Technique semblait  ne pas remplir son contrat á  la satisfaction du MARNDR et des attentes des planteurs qui se plaignaient de la texture de l’engrais et du  nombre de marmites que n’accusaient  pas les sacs pesés á 100 livres l’unité. Une explication plausible  de cet écart est la fermeture  du service de Vulgarisation par les apprentis sorciers de Lavalas  qui ne connaissaient pas la lettre V de la vulgarisation.

La seule raison du blocage  comprise par moi de ces usines de mélange  d’engrais  comme analyste  indépendant de politique agricole  était la traditionnelle entente  entre l’état et le secteur privé pour liquider les intérêts de la paysannerie agricole au profit de ceux des strates politico bourgeoises du pays.  .
Avec la fermeture de ces usines  la politique de corruption  des leaders de la révolution anarcho-populiste  á  travers une   subvention prostituée de l’engrais consommée par les paysans  continua de plus belle. Cette politique a  été grevée de nouvelles hypothèques avec l’intervention des organismes d’assistance technique  qui se réservaient les 12 á 14% de commissions du fond japonais en négociant plus facilement l’aide pour le MARNDR. Pour réduire dans des proportions relativement inoffensives la capacité de nuisance du secteur privé des affaires, des quotas d’achat sont donnés aux anciens importateurs d’engrais. Il en est de même du renouvellement du stock avec l’argent recyclé  de la vente  de chaque arrivage original de Kr2  confie aux nouveaux fournisseurs d’engrais. Le secteur privé accusait  le MARNDR de détruire l’initiative privée dans sa politique e subvention et faisait constamment des pressions sur la coopération japonaise pour ne plus financer  cette politique.

Le problème de l’engrais a produit son plus grand écho dans l’Artibonite parce que  la vallée forte de 45.000 has  dont 22 á  25 .000 has  moyennement irrigués, utilise les deux tiers  de l’offre d’engrais. Il est né dans la vallée  une course effrénée au niveau des sénateurs, des députés et des magistrats , pour  intégrer leurs oilles politiques dans le marché de l’engrais subventionné. Le marché de l’engrais constitue pour ce personnel politique  tout parti confondu un pactole que  chaque  élu s’empresse de  partager  pour rétribuer leurs aides de camp de terrain qui devront les assurer de l’indéfectibilité de  la clientèle de vote. Les accusations réciproques du sénateur  Youri Latortue, Willy Jean Baptiste, du député Levoyant Louigène  sont des querelles de Chapelle  qu’il faut explorer avec beaucoup de prudence . Il n’y a jamais eu  de vente d’engrais par aucun élu législatif á  quelque chapelle  politique qu’il appartienne. Il y a toujours au niveau des « parlementeurs » de l’Artibonite un plaisir amer á  s‘invectiver  mutuellement et gratuitement pour se disputer la clientèle électorale.

Il y a toujours eu une propension á   corrompre tous les ministres de l’agriculture  pour avoir des quota de fiches payées  pour distribuer á leurs oilles sur le terrain. Cette question d’engrais a fait tomber après Jean André Victor et Volney Paul, la majorité de superbes directeurs de l’ODVA qui ont dirigé  cet organisme de développement lorsque l’un appuie trop fortement un élu législatif trop loin du pouvoir. Ce genre de scandale gratuit arrive toujours entre les élus de l’Artibonite. C’était le cas récent  de litige verbale opposant le député  Levoyant Louigène  autrefois  privilégié et aujourd’hui faiblement défavorisé auprès du Ministre  Gué  á  cause du changement de président de la république .Ce n’est pas le cas du Louverturien  Youri Latortue qui sait faire des ouvertures partout dans la politique de l’engrais quelque soit le président et qui  a pu s’approprier auprès du ministre sortant  la part relativement faible du stock épuisé.

 Soit dit en passant que le délai trop long dans le renouvellement du stock d’engrais qui a occasionné  cette rareté  tire son origine du blocage de la formation du gouvernement de Mr Martelly . D’une part le gouvernement sortant   ne trouvait pas d’interface auprès du japon pour accélérer les commandes en suspens   et d’autre part,  l’utilisation de l’engrais était passée en deuxième position  dans l’agenda politique du président qui avait d’autres priorités. La dernière commande des 80.000 sacs d’engrais  du président Martelly pour faire baisser le cout de l’engrais participe de sa stratégie de sortir du bourbier paralysant créé par une presse hostile á son endroit et par la longue période de cinq mois de blocage de la formation du gouvernement par le parlement haïtien qui faisait monter les enchères. Elle n’apportera pas de changement véritable dans la politique de l’engrais.

En définitive  on a une  politique de subvention de l’engrais prise en sandwich  par la politique du législatif,  par la politique de l’ exécutif et par le secteur des affaires en tout premier lieu. En second lieu il y a la caste des altermondialistes  proche de fanmi Lavalas qui fait monter la pression dès qu’il y a un problème agricole en prenant fait et cause pour une classe qu’elle connaît á peine ‘Enfin  il y a la montée des prix de l’engrais  sur le marché international. Cette montée des prix internationaux  a fait du programme de   subvention des engrais vieux de 15 années , un objet de convoitise commerciale de la part de certains courtiers qui y voient l’occasion d’amasser rapidement une fortune  sans grand débours commerciaux.. Ajoutée á cela, il y a la volonté manifeste des  gouvernements passés  de se servir de l’engrais pour conditionner leur clientèle politique á  une offre limitée d’engrais au lieu de concevoir une politique intégrée de production et de distribution d’engrais qui verrait s’attribuer au budget de la république  une allocation annuelle permettant  l’achat  régulier de 60.000 tonnes , sans subir l’influence directe du carcan japonais. Nous venons de voir les problèmes politiques. Dans le prochain article on analysera les problèmes techniques .Dans un troisième,  on proposera des pistes de solution.  Attention! Journaliste  non spécialisé de s’abstenir.
NY 22 octobre 2011, Phone 646-420-1852

samedi 22 octobre 2011

MORT LENTE DE LA GRANDE ANSE

Mort  lente de  la Grande Anse
Jean Erich René
Ing. Agronome22 octobre 2011

Ce cri désespéré parti du fond du coeur n’est qu’un signal de détresse de la Grande Anse, lancé à tous ceux et à toutes celles qui ont leurs nombrils enterrés dans ce fier Département qui a produit des hommes de lettres et de sciences, d’éminents professeurs de mathématiques et d’histoire aussi bien que des hommes d’affaires, des ingénieurs, des artistes qui participent actuellement à la croissance économique de la France, du Canada,des USA etc. dans l’hôtellerie, le commerce et l’industrie. Nous leur demandons de tourner un regard compatissant d’abord sur les Bassins Versants de la Grande Anse qui accuse l’indice de risque d’érosion le plus élevé d'Haïti, selon un rapport publié par l’USAID, le 20 décembre 2006, intitulé : "Vulnérabilité environnementale en Haïti." Il porte les griffes  des techniciens de U.S. Forest Service de l'USAID, parmi lesquels figure   l’actuel Ministre de l’Environnement, Joseph Ronald Toussaint. C’est le moment d’en profiter !

Parmi les facteurs de vulnérabilité des sols à l’érosion, ce rapport retient :
 -       la pente
 -       l’érodibilité des sols
 -       l’érosivité du climat
 -       le couvert végétal 

Il appert que la pente est le facteur le plus déterminant du risque d’érosion des sols. C’est le tombeau de la Grande Anse! Ses montagnes très abruptes, sur une échelle de mesure allant de 0 à 6, sont classées à l’extrémité. Pour votre édification la plus complète, nous partageons avec vous leurs éloquents témoignages .Ces chaines de montagne, couvrant Dame-Marie, Anse d'Hailnault,Tiburon en passant par La Guinaudée, Léon Beaumont, Duchity jusqu'à Pestel, est à risque.

 

 
La plus grande tromperie du paysage de la Grande Anse c'est que morphologiquement, il offre encore un panorama resplendissant grâce à la verdure de sa couverture végétale. Jusqu'à présent  si elle  conserve encore sa virgnité naturelle c'est parce qu'il n'y avait pas de voie de pénétration. Par conséquent, elle n'était pas soumise aux prédations des marchands de bois de chauffage et de charbon. Avec la percée de la nouvelle route qui la relie aux Cayes et l'absence d'agents de Police Rurale on assiste au viol démesuré de sa flore allant jusqu'à la coupe de ses arbres fruitiers offrant un indice calorifique plus élevé que le mazout pour les guidives et les usines d'huile essentielle.

Lorsqu'on allie le degré extrême de sa pente, à un niveau de 6,  à l'échelle de mesure,  on peut supputer l'indice élevé d'érosivité du sol de ses chaines de montagne qui seront bientôt mises à nu. Dans un avenir pas trop lointain, sans aucune intervention humaine intelligente, la calvitie du Département de la Grande Anse, avec toutes les conséquences qu'elle entraine, est évidente. Dépourvu de son potentiel productif, café, cacao, céréales, vivres alimentaires, il est donc aisé de s'imaginer le chapelet de misère que vont égrener les Grand'Anselais qui ne pourront plus vivre dans cette région réduite à sa Roche-mère ou glacis pour employer un langage vulgaire.Le rapport de l'USAID établit  une corrélation négative entre le coefficient de  rang de Spearman  soit  r = - 0,922 et l'indice de potentiel des sols. En brèves hâchures d'idées scientifiquement on entend par là: plus la pente d'un sol est élevée, plus vite ils s'érodent et perd plus rapidement son potentiel agronomique.
 
                                            Pic Macaya 2347 m d'altitude

 

Si le Pic Macaya dans le Massif de la Hotte, ce joyau du Parc National d'Haïti, est dénudé, la Grande Anse est foutue. Selon un article publié dans EDGE par Sally Wren, le 3 mars 2010 sous le titre : "Building a future for Haiti's unique biodiversity"
"Ces forêts représentent l'un des endroits les plus importants au monde pour la conservation des mammifères menacées sur le plan mondial compte tenu des oiseaux, des reptiles et des amphibiens qui y vivent. Il s'agit notamment duSolenodon Hispaniola, classé 4e sur la liste des mammifères EDGE, et des amphibiens les plus importants.La grenouilleverte et le Casillon sont repérés au massif de la Hotte
 
                                                     Hispaniolan Solenodan 
 
 
La couleuvre  Epicrathe, ce boa constricteur appelé couleuvre endormie  parqu'elle s'immobilise pour digérer ses proies fait partie du patrimoine du Pic Macaya.
On y rencontre également  bien d'autres espèces rares catalogués par EDGE, parmi les plus recherchés du monde, parmi lesquels nous pouvons citer notamment ce mammifère qui touche rarement le sol et qui saute de branche en branche.
              Le Zagouti  
- Le Zagouti ce rongeur nocturne  est très recherché par les scientistes grâce à sa capacité de reproduire ses membres détruits. On lui prête des vertus extraordinaires de la mulplication de ses cellules. Aussi il attire l'attention des laboratoires de recherces en vue de la reproduction de certains organes.I
Le zagoutil saute de branche en s'y accrochant par sa queue.
 
Dans ce vaste répertoire d'espèces rares que représentent le Pic Macaya et le Massif de la Hotte on distingue également:
- la grenouille d'Audant
- 141 espèces d'Orchidées
-11 espèces de papillons,
 -34espèces de reptiles,
- 28 espèces d'amphibiens,
- 65 espèces d'oiseaux 
- 57 espèces d'escargots,
 -19 espèces de chauve-souris. 
- 367 plantes à fleurs dont la plupart ont des vertus médicinales
 
Dans une évaluation générale sur l'indice d'érosion des sols, la Grande Anse est classée en tête selon les études réalisées en Juin 2005 par  ESMAP du Ministère de l’Environnement et du Bureau des Mines et de l’Energie. 
 
         Tableau 5. Indice de risque d’érosion des bassins versants d’Haïti 

Classement
Bassin Versant/ Zone hydrologique
Indice
Classement
Bassin Versant/ Zone hydrologique
Indice
1
Grande Anse
100
28
Aquin
St. Louis du Sud
57
2
Voldrogue/Roseaux
94
29
La Quinte
55
3
Tiburon/Port Salut
89
30
Baie de Henne
54
4
Les Irois/Jérémie
86
31
Lociane
54
5
Rivière de Jacmel
84
32
Cavaillon
52
6
Fonds-Verrettes
83
33
Thomonde
52
7
Petit Goâve
81
34
Cul de Sac
52
8
Limbé
78
35
Moustique
52
9
Grand Goâve
78
36
Saint Marc
52
10
Fer à Cheval
77
37
Corail/Anse à Veau
51
11
Momance (Léogane)
77
38
Péligre Sud
50
12
Cours Moyen (Artibonite)
76
39
Gatinette
48
13
Belle Anse
74
40
Libon
48
14
Cabaret
72
41
Colombier
46
15
Bainet
71
42
Môle Saint Nicolas
44
16
Trois Rivières
70
43
Bouyaha
42
17
Gde Rivière de Nippes
70
44
La Gonave
41
18
Montrouis
69
45
Canot
41
19
Anse à Pitre
69
46
Anse Rouge
39
20
Jean Rabel
69
47
Les Cayes
35
21
Marigot
69
48
Cap Haïtien
29
22
La Tortue
64
49
L’Estère
27
23
Port de Paix
Port Margot
63
50
Guayamouc Aval
26
24
Rivière Froide
61
51
Cours Inférieur
(Bas Artibonite)
14
25
Côtes de Fer
60
52
Marion
11
26
Miragoane
59
53
Jassa
10
27
Gde Rivière du Nord
57
54
Trou du Nord
0

Comme vous le remarquez sur une échelle dont l’indice varie de : 0  à 100, relativement aux zones les plus menacées  en Haiti par l'érosion, les zones les plus touchées sont la Grande Anse, Voldrogue/ Roseaux, Tiburon/Port Salut, Les Irois/Jérémie.

D'une pierre nous voulons faire deux coups en convergeant les regards sur les ruines de  la ville de Jérémie. Il n'y a pas longtemps l'ISPAN avait tiré sur la sonnette d'alarme en publiant un album exposant les maisons délabrées de Jérémie. Face à cette triste déchéance, certains Jérémiens qui ont payé de leur présence la célébration de la St Louis, le 25 aoùt 2011, m'ont demandé de faire l'écho de leur sentiment de détresse.

" Gémir, pleurer, prier, tout est également lâche" s'écriait Alfred de Vigny. Avant qu'il ne soit trop tard, nous pouvons résoudre avec science et conscience la  problématique environnementale de la Grande Anse. Il revient à ses fils animés encore du sentiment d'appartenance, à l'instar du Général Goman, de lever la glaive contre ce cataclysme  naturel qui comme le crépuscule cautionne  le deuil de la mort lente de la Grande Anse.
 
A paraitre bientôt : Les larmes de Ti Amélie

Jean Erich Rene
Ing. Agronome
erichrene@bell.net
Ottawa/Canada
22 octobre 2011
 

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