vendredi 31 décembre 2010

2010 : l'année des catastrophes

2010 : l'année des catastrophes
Michel Soukar

Haïti: Cette année, le pays a vécu les pires catastrophes de son histoire. Ces catastrophes traduisent la faillite de l'Etat et celle de toutes les élites haïtiennes confondues. Elles mettent également en relief l'imprévision, l'impréparation, l'impéritie, l'incrédulité et l'insouciance des dirigeants et des citoyens haïtiens.

A l'instar des 10 plaies d'Egypte relatées dans le livre d'Exode de la Bible, ce bilan décrit et analyse les effets de 10 des plus grandes catastrophes qui ont frappé Haïti au cours de l'année 2010 :

1. Catastrophe Naturelle

Avant le 12 janvier 2010, nombreux étaient les Haïtiens qui ignoraient que le pays était traversé par deux failles sismiques majeures, l'une traversant la partie septentrionale de l'île et l'autre sa partie méridionale. Les avertissements lancés pendant deux décennies par l'ingénieur géologue haïtien Claude Prépetit sont tombés dans des oreilles de sourds.

Le mardi 12 janvier 2010, à 4 heures 53 minutes de l'après-midi, un séisme de magnitude 7.3 sur l'échelle de Richter a frappé Haïti. Le tremblement de terre qui s'en est suivi a causé des dégâts humains, matériels, économiques et financiers incommensurables. En 35 secondes, tous les symboles de pouvoir de l'Etat d'Haïti ont été anéantis. Le Palais national, le Palais législatif et le Palais de justice se sont effondrés et ont été ensevelis sous des amas de décombres.

Selon les chiffres avancés, trois cent mille personnes environ auraient péri ou disparu. Un million cinq cent mille vivraient dans des abris de fortune et dans des conditions infrahumaines. Cinq cent mille auraient déserté momentanément Port-au-Prince pour aller s'établir dans d'autres départements géographiques et villes non touchés par le tremblement de terre. Ce que semble confirmer un rapport du Fonds des Nations unies pour la Population (FUNUAP).

En outre, ce séisme a sérieusement affecté le parc immobilier national. Des dizaines d'églises, des centaines d'édifices publics, des milliers d'écoles, des centaines de milliers d'immeubles résidentiels et commerciaux sont détruits dans les départements de l'Ouest, du Sud-Est et des Nippes.

Aucun secteur n'a été épargné. Selon la malice populaire, le tremblement de terre a principalement frappé trois (3) « E » : Etat, Ecole, Eglise. Toute plaisanterie mise à part, saura-t-on jamais avec exactitude le nombre de personnes décédées ou disparues vraiment à Port-au-Prince, à Delmas, à Croix-des-Bouquets, à Ganthier, à Carrefour, à Léogâne, à Jacmel, à Grand-Goâve, à Petit-Goâve et à Miragoâne, suite au séisme du 12 janvier 2010?

Un inventaire exhaustif est nécessaire pour déterminer avec précision le nombre de magistrats, de médecins, d'ingénieurs, d'agronomes, de géographes, d'économistes, d'éducateurs, bref, de professionnels décédés ou disparus sous les décombres des bureaux où ils travaillaient ou bien chez eux.

A ceux-là s'ajoutent, bien entendu, les maçons, cordonniers, charpentiers, ébénistes, électriciens et autres travailleurs manuels, plus les milliers de professeurs, les centaines de milliers d'élèves, d'étudiants, d'universitaires et des centaines de milliers d'anonymes décédés ou disparus.

A quelques jours de la date anniversaire de cet événement malheureux et tragique, un exercice de mémoire s'avère indispensable. Jusqu'à présent, le gouvernement n'a pas encore érigé une stèle à la mémoire de tous ceux et toutes celles, toutes classes sociales confondues, qui ont perdu la vie ou disparu.

La capitale et les villes affectées par le séisme ressemblent à des champs de ruines. Des gravats jonchent de nombreuses rues de la capitale, obstruant, du même coup, la circulation des piétons et des véhicules. Ces gravats font peser également une grave menace sur la santé des populations de ces régions.

Fin septembre, un vent violent, semblable à une tornade, traversa le sud-est, l'ouest et le sud du pays, causant d'importants dommages.

Enfin, le pays a été épargné par le passage de l'ouragan Tomas qui était supposé, selon les prévisions météorologiques, le traverser du sud au nord. Toutefois, les pluies diluviennes qui l'accompagnaient ont provoqué des inondations dans plusieurs départements géographiques du pays, causant ainsi des pertes en vies humaines ainsi que la destruction de nombreuses cultures. Par ailleurs, ces inondations n'ont pas manqué d'accélérer la propagation de l'épidémie de choléra dans les régions affectées par cette tempête tropicale.

2. Catastrophe humanitaire

Le pays était coupé du reste du monde. En un clin d'oeil, tout venait à manquer et tout faisait besoin : l'eau potable, la nourriture, les médicaments, les soins médicaux, le personnel médical, les abris provisoires, les secours d'une manière générale. La capacité d'accueil des hôpitaux était dépassée. A cela s'ajoutait une crise de gouvernance évidente.

Des centaines de milliers de personnes ne savaient plus où donner de la tête. Des millions d'autres envahissaient et occupaient les espaces publics, les terrains privés vacants de la capitale et des villes avoisinantes.

Les segments les plus vulnérables de la population haïtienne, en l'occurrence les enfants, les femmes, les vieillards, les handicapés, étaient livrés à eux-mêmes et vivaient dans l'indigence et la précarité. Les premières nuits étaient passées à la belle étoile.

L'aide humanitaire affluait de toutes parts. La République Dominicaine voisine a été la première à accourir au secours d'Haïti, suivie par les Etats-Unis, la France, le Canada, le Brésil, le Chili, l'Argentine, le Venezuela, la Turquie, Israël, la Belgique, l'Espagne, la Russie, etc.

Pour des raisons géostratégiques, les marines américains, débarqués en nombre, ont occupé l'aéroport international et le port de Port-au-Prince. Les installations de ces deux organismes publics, entre autres, ont été gravement touchées par le tremblement de terre. Ce sont les marines qui ont également assuré la police du trafic aérien, la tour de contrôle ayant été elle aussi sérieusement endommagée. Ce qui n'a pas manqué de créer des frustrations au sein des «pays amis d'Haïti».

Des médecins américains, accourus au chevet d'Haïti, ont procédé à de nombreuses amputations de membres d'individus frappés par le tremblement de terre. Ce qui augmente le nombre des handicapés physiques dans le pays.

Des organisations non gouvernementales caritatives (ONG), de toute provenance ,ont envahi le pays. Cependant, la quantité d'aide fournie par ces organisations n'a pas amélioré de manière significative les conditions de vie des personnes vivant dans des camps, sous des tentes en plastique ou dans des abris provisoires de fortune.

On dirait que le gouvernement haïtien, frustré de ne pouvoir gérer directement les flux d'aide, a délibérément piégé ces organisations qui se sont servi de la détresse du peuple haïtien pour collecter des millions de dollars, mais qui refusent de les faire transiter, sous prétexte de corruption, par l'Etat haïtien.

Sans vouloir défendre le diable, nous ferons remarquer que la corruption sévit aussi au sein de ces organisations qui ne dépensent que 20% en moyenne de l'assistance pour les besoins de la population. Les 80% restant sont dépensés sous forme de frais administratifs, d'acquisition ou de location de véhicules, de frais de voyages, de frais d'études, d'experts et autre assistance technique, susceptible d'atténuer le chômage ambiant dans les pays contributeurs ou donateurs. Enfin, il y a les coûts des audits réalisés par des vérificateurs financiers indépendants pour mieux masquer le gaspillage de ressources.

A propos de gaspillage, souvent des ONG concurrentes, originaires de pays différents, financent ou supportent la même activité, côte à côte, dans la même ville. Ensuite, le «cash for work» constitue un pis-aller. Il entretient le chômage déguisé tout en apportant une bouffée d'oxygène monétaire à des milliers de jeunes des deux sexes taraudés par le chômage, l'oisiveté et la misère.

Des centaines de milliers de compatriotes continuent de vivre sous des tentes ou dans des abris provisoires de fortune, alors que des millions de dollars sont dépensés pour financer la campagne électorale des candidats du parti au pouvoir.

3. Catastrophe politique

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a consacré la faillite de l'Etat haïtien et des élites haïtiennes. La Présidence paraissait absente, le gouvernement inexistant et la société civile déboussolée. Ils étaient tous dépassés par l'ampleur et la gravité des effets du tremblement de terre.

La population haïtienne a dû attendre 72 heures avant d'entendre la première déclaration du Président de la République. Pour dire quoi exactement ? Rien qui transpirait la vision d'un homme d'Etat responsable.

Le Président de la République a raté la chance de passer à l'histoire comme un grand chef d'Etat. Incapable de dépassement de soi, il a raté l'occasion de réunir autour de lui tous les chefs des partis politiques représentés au Parlement, les représentants de toutes les forces vives du pays, en vue d'évaluer ensemble les dégâts causés par le séisme et élaborer le plan de reconstruction nationale.

Ce document aurait servi de base au dialogue et aux discussions engagées avec les nombreux chefs d'Etat et de gouvernement qui ont débarqué sur le tarmac de l'aéroport international fissuré après le 12 janvier 2010. Comme d'habitude, il s'est comporté en pacotilleur et en chef de bande.

Avec l'aide des institutions financières internationales et après maintes voltiges à l'étranger, le gouvernement a pu concocter un plan de reconstruction du pays. Ce dernier a été présenté à la Conférence des Bailleurs de fonds internationaux, tenue à New York sous les auspices des Nations unies le 31 mars 2010. Des promesses de financement d'un montant de 10 milliards de dollars américains ont été effectuées par les bailleurs. Comme toujours, ces derniers sont prompts à promettre et lents à décaisser.

Parmi les conditions fixées pour le décaissement de ces fonds, citons, entre autres, la mise en place d'une Commission intérimaire de Reconstruction d'Haïti (CIRH), coprésidée par l'ex-président des Etats-Unis William Jefferson (Bill) Clinton et le Premier ministre haïtien, Joseph Jean Max Bellerive et composée de représentants des pays donateurs et des agences de financement.

Deuxième condition: la CIRH doit être établie par la loi. Troisième condition : la durée de la période d'urgence doit être de 18 mois. Quatrième condition les fonds doivent être gérés par la Banque mondiale.

Des protestations ont fusé de toutes parts contre le vote du projet de loi portant création et fonctionnement de la CIRH. La composition mixte de cette commission a soulevé l'hydre des leaders politiques de l'opposition, de certains parlementaires et de membres d'organisations de la société civile. Malgré tout, la loi a été votée par les deux branches du Parlement avant le départ de la Chambre des députés.

Coup de théâtre ! Le sénateur Rudy Heriveaux et Judnel Jean se sont désolidarisés de leurs collègues Latortue, Beauplan, Supplice-Beauzile et Riché pour aller donner quorum à la séance du Sénat de la République, réuni depuis le séisme au siège de l'Ecole de Formation de la Police nationale d'Haïti à Frères.

Donc, trois décisions du Parlement ont empoisonné la vie politique du pays et paralysé le fonctionnement du Sénat de la République. Il s'agit du vote de : premièrement, la loi prorogeant la durée de l'état d'urgence ; deuxièmement, de l'amendement de la loi électorale prorogeant la fin du mandat présidentiel à mai 2011 et, troisièmement de celle instituant la CIRH.

A cela s'ajoutent les innombrables protestations, prises de position et manifestations de rues réclamant le départ soit des membres du Conseil Electoral Provisoire (CEP), soit du Président Préval, de son gouvernement, la constitution d'un autre CEP en vue de l'organisation des élections législatives et présidentielles prévues pour la fin de l'année 2010, et la formation d'un gouvernement provisoire de salut public en vue de l'organisation d'élections générales dans le pays.

Au cours de l'année 2010, le Président Préval a parachevé l'oeuvre de démantèlement des partis politiques de l'opposition. Après les députés du groupe Concertation des parlementaires progressistes (CPP), il a coopté des membres influents des principaux partis. Par exemple, Paul Denis, Sorel Jacinthhe, Carlos Lebon, Nahoum Marcelus, Jocelerme Privert sont devenus des dirigeants et membres influents du parti au pouvoir, dénommé Unité.

Pourtant, la polarisation au sein du Parti Unité s'est traduite par une confusion savamment entretenue par le Président Préval au moment de la désignation du candidat de ce parti à la Présidence aux élections du 28 novembre 2010. L'état-major du parti semble avoir préféré Jude Célestin, l'ancien patron du Centre National d'Equipements (CNE) à l'ancien Premier ministre Jacques Edouard Alexis.

Tout compte fait, il n'y a pas que le pouvoir politique à être essoufflé. La classe politique, issue du mouvement de 1986 l'est aussi. Elle a perdu toute capacité de convocation sociale. Elle n'a pas su véhiculer un discours qui reflète les aspirations de la génération de ces jeunes, nés en 1986, et âgés aujourd'hui de 24 ans. Livrée à elle-même, cette génération, où qu'elle vive actuellement, demeure la proie de tous les marchands d'illusions polluant le paysage politique haïtien.

N'a-t-on pas vu ou entendu un groupe de sénateurs de la République écrire à des parlementaires étrangers (au Blanc) pour dénoncer la corruption qui règne au sein du pouvoir et réclamer du même coup la suspension de l'aide étrangère à Haïti ?

Après, l'on se sentira offusqué quand l'ONG allemande Transparency International range Haïti parmi les pays pourris dans son rapport annuel sur la corruption. D'où le proverbe créole : « Si an anndan pa van'n, deyo pa ka achté ».

Le pays regorge de politiciens, mais compte très peu d'hommes et de femmes d'Etat.

4. Catastrophe électorale

L'année 2010 est une année électorale. Elle a débuté sur fond de contestation. Les partis politiques de l'opposition et des organisations de la société civile protestent et réclament le renvoi du Conseil Electoral Provisoire (CEP). Ils n'ont pas digéré la façon dont le CEP a organisé le tirage au sort en vue de l'attribution des numéros aux candidats.

Des élections législatives et sénatoriales sont programmées pour le 28 février 2010. Il faut renouveler toute la Chambre des députés ainsi que le tiers du Sénat. Le mandat des députés qui devait se terminer le deuxième lundi de janvier 2010 a été prorogé jusqu'en mai. Il en est de même de celui d'un tiers du Sénat. Il importe également d'organiser des élections présidentielles pour remplacer le Président de la République dont le mandat constitutionnel prend fin le 7 février 2011.

Depuis plus de vingt ans, l'Etat haïtien s'est montré incapable d'organiser dans le pays des élections libres, honnêtes et démocratiques. Les gouvernants prennent le malin plaisir de jouer avec les destinées de tout un pays et de tout un peuple, en organisant des élections frauduleuses les unes plus grotesques que les autres.

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 est venu compliquer la donne. Les élections ne peuvent plus se tenir le 28 février comme prévu. Le siège du Parlement ainsi que les immeubles logeant le Sénat et son personnel se sont effondrés. Il ne fait point de doute que ces élections seront reportées à une date ultérieure. L'enjeu de ces élections est double : contrôler le vote de l'amendement de la Constitution et prendre le crédit de la reconstruction post-séisme.

Le Président de la République sollicite de l'ONU et de l'OEA l'envoi d'une mission d'évaluation de la faisabilité technique des élections en 2010. Les deux organisations répondent favorablement à sa requête et dépêchent chacune une mission d'experts dans le pays. Les deux concluent dans leur rapport que les élections sont techniquement réalisables, en dépit de la présence de plus d'un million de personnes sous des tentes.

Chose dite, chose faite ! Faisant flèche de tout bois, le CEP présente un budget et un calendrier en vue de l'organisation des élections législatives, sénatoriales et présidentielles le 28 novembre 2010.

Des partis, regroupements de partis politiques majeurs et des organisations de la société civile continuent de réclamer le renvoi du CEP actuel et la formation d'un nouveau CEP plus crédible pour organiser des élections libres et transparentes dans le pays. Dans le cas contraire, ils menacent de s'abstenir de participer à toutes élections organisées sous l'égide de ce CEP.

Le camp du refus est alors constitué de partis ou regroupements de partis comme l'Alternative, l'UCADE, Rassembler, le PLAPH, Fanmi Lavalas, etc. Ces partis et regroupements sont formés de personnalités politiques comptant parmi les plus anciennes sur la scène politique haïtienne.

Le coût de l'organisation des élections, communiqué par le CEP, est estimé à 29 millions de dollars américains. Le financement, ordinairement, est assuré par la communauté internationale, notamment le Canada, les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, le Japon, le Mexique et l'Union européenne. L'Etat haïtien complète le montant en garantissant les salaires des fonctionnaires ainsi que les dépenses de fonctionnement du CEP. Tous les contributeurs, y compris l'Etat haïtien, versent leur contribution au Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) qui en assure la gestion.

Dès lors, la communauté internationale s'implique jusqu'au cou dans le processus d'organisation des élections. Elle participe non seulement à leur financement, mais y octroie également une assistance technique considérable. C'est le représentant du secrétaire général des Nations unies, le diplomate guatémaltèque Edmond Mulet, qui communique le calendrier électoral et effectue un plaidoyer en faveur des élections.

L'Organisation des Etats américains (OEA) apporte une assistance technique à l'organisme national (ONI) chargé de l'identification des votants éventuels ainsi que de l'émission des cartes de vote. La Mission des Nations unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) fournit un appui logistique et sécuritaire au CEP. Le Centre de Tabulation des procès-verbaux fait l'objet d'une attention particulière de la part du Canada qui, à travers Elections-Canada, fournit une assistance technique.

Cette année, une mission conjointe d'observation OEA-CARICOM est déployée dans le pays en vue de superviser toutes les étapes du processus, allant de l'inscription des candidats à la proclamation des résultats définitifs en passant par le vote et son dépouillement.

De même, l'Union européenne et l'Organisation internationale de la Francophonie promettent de déployer des observateurs le jour du vote. A cela s'ajoutent les visites de bénédiction du processus effectué par l'ancien Premier ministre socialiste français Lionel Jospin et l'actuel ministre des Affaires étrangères français Bernard Kouchner.

Le CEP déclare ouverte la période d'inscriptions et invite les partis politiques désireux de participer à ces joutes à se déclarer. Plus d'une soixantaine de partis se sont manifestés. Quelques jours plus tard, les candidats potentiels à la Présidence de la République ont été invités à faire acte de candidature.

45 personnalités ont produit leur déclaration de candidature. Parmi elles figurent la star internationale Wyclef Jean et le chanteur populaire Michel Martelly, dit Sweet Micky. Une période de contestation de candidature est ouverte, conformément à la loi électorale en vigueur. Le candidat Wyclef Jean n'a pas été retenu pour n'avoir pas résidé durant cinq années consécutives dans le pays.

Une semaine plus tard, le CEP a publié la liste des 19 candidats agréés.

Ces candidats peuvent être classés en trois catégories :

• ceux qui paraissent donner de la crédibilité au processus : Myrlande H. Manigat, Charles Henry Baker, Chavannes Jeune ;

• ceux qui courtisent l'électorat lavalas : Jean Hector Anacacis, Gérard Necker Blot, Eric Smarcki Charles, Jean Henry Ceant, Yves Christallin, Leon Jeune, Genard Joseph, Yvon Neptune, Lesly Voltaire, Jacques Edouard Alexis et Jude Célestin ;

• Ceux qui jouent les trouble-fêtes : Josette Bijou, Wilson Jeudy, Garaudy Laguerre, Axan D. Abellard et Michel Martelly.

Par contre, certaines ambassades des pays amis d'Haïti utilisent une classification plus simple en trois catégories :

• poids lourd : Célestin, Manigat, Céant, Baker, Alexis ;

• poids moyens : Chavannes Jeune, Yvon Neptune, Leslie Voltaire, Michel Martelly ;

• poids légers : Wilson Jeudy. Josette Bijou, Eric Smarcki Charles, Garaudy Laguerre, Génard Joseph, Gérard Blot, Léon Jeune, Yves Cristallin, Axan Abellard et Jean Hector Anacasis.

A quelques exceptions près, ces classifications sont confirmées par les sondages d'opinion effectués, tout au cours de la campagne électorale, par le Bureau de Recherches en Informatique et en Développement Economique et Social (BRIDES) pour le compte du Forum Economique du Secteur Privé. Les résultats de ces sondages d'opinion sont diversement appréciés par les candidats aux fonctions électives, suivant qu'ils leur sont favorables ou non.

Le CEP lance la campagne électorale en deux temps. Dans un premier temps, la campagne est muette, c'est-à-dire faite à base d'affichages. Dans un second temps, les candidats sont autorisés à diffuser des messages publicitaires et à organiser des rassemblements publics.

Cette campagne électorale a étalé au grand jour l'abondance, l'envergure et l'extravagance des ressources financières dont disposent certains candidats. Saura-t-on jamais leur origine précise ? L'on soupçonne qu'elles proviennent des deniers publics, des largesses de l'oligarchie et du narcotrafic.

La campagne électorale est mièvre. Elle n'est constituée que de slogans creux et de bruits sonores. Aucun programme consistant n'est étalé au grand jour. Dans les débats radio-télédiffusés, tous les candidats parlent de reconstruction et de décentralisation sans jamais en révéler ni le contenu ni la façon de les financer. Au fur et à mesure que la date des élections approche, la tension monte. Des partisans de candidats se sont affrontés dans plusieurs communes du pays.

Le jour du vote, le 28 novembre, est émaillé d'incidents, d'irrégularités et de fraudes divers. De nombreux électeurs ont éprouvé beaucoup de difficultés pour identifier leur bureau de vote un peu partout à travers le pays. Dans certains centres de vote, on a constaté des bourrages d'urnes ainsi que des falsifications de procès-verbaux en faveur des candidats du parti au pouvoir à tous les postes.

Deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, un groupe de 12 candidats à la présidence se sont réunis dans un grand hôtel de la banlieue orientale de la capitale pour exiger à l'unisson l'annulation du scrutin du 28 novembre 2010.

Tout de suite après, des milliers de manifestants ont gagné les rues, dans une espèce de carnaval improvisé, aux cris de Viv Micky, nom d'artiste du candidat à la présidence Joseph Michel Martelly.

A peine formé, le groupe des 12 s'est désagrégé. En effet, Mme Mirlande H. Manigat et Joseph Michel Martelly se sont désolidarisés en renouvelant leur confiance au CEP, seul organisme chargé de proclamer les résultats des élections.

Tout le monde s'interroge sur le mobile qui a porté ces deux candidats à changer leur fusil d'épaule aussi rapidement. L'opinion publique et les observateurs politiques se sont posés les questions suivantes :

D'une part, est-ce la question piège, posée par le directeur-général du CEP, monsieur Pierre-Louis Opont, relative au comportement éventuel des contestataires si les résultats préliminaires leur étaient favorables, qui a porté Mirlande et Micky à se démarquer de leurs camarades du groupe des 12 ?

Les résultats préliminaires du premier tour des élections du 28 novembre 2010 ont été proclamés, comme prévu, dans la soirée du 7 décembre 2010. Mme Manigat a recueilli près de 32% des suffrages exprimés, suivie de Jude Célestin avec un peu plus de 22% et de Michel Martelly avec un peu plus de 21%.

Ces résultats préliminaires ont été contestés par l'ambassade américaine dans un communiqué émis quelques minutes après leur proclamation. Ils ont provoqué la colère des partisans de Michel Martelly qui n'ont pas hésité à gagner les rues, érigeant des barricades de pneus enflammés un peu partout à travers le pays. Ils réclament, comme l'ambassade et le Forum Economique du Secteur Privé, le respect du vote populaire, mais en faveur de leur candidat préféré.

Une situation de vive tension règne dans le pays depuis la proclamation de ces résultats. Aux Cayes, des manifestants pro Martelly s'en sont pris violemment aux bureaux publics et à certains établissements commerciaux. A la capitale, de violentes manifestations ont provoqué la fermeture de l'aéroport international et l'annulation de tous les vols en provenance de l'étranger.

En tout état de cause, les dénonciations de fraudes massives, les manifestations violentes traduisent l'échec des élections du 28 novembre 2010. Cet échec est imputable non seulement au CEP, mais aussi bien au gouvernement haïtien qu'à la communauté internationale dans sa composition multiple et multiforme.

5. Catastrophe Institutionnelle

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a assené un coup terrible au fonctionnement déjà précaire des institutions haïtiennes tant publiques que privées. Cette section n'est pas consacrée à la description des dommages physiques subis par les immeubles logeant des institutions. Mais elle présente leur incapacité à dispenser véritablement au public les services découlant de leur mission.

Tout le monde sait déjà que les bâtiments et édifices publics logeant, notamment, le Palais national, le Palais de Justice, le Parlement, le Palais des ministères, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l'Intérieur, le ministère des Travaux Publics, Le ministère de la Sante Publique, de la Justice, des Affaires sociales, du Commerce et de l'Industrie, la Direction Générale des Impôts, l'Office national d'Assurance Vieillesse, les Archives nationales, l'Administration générale des Douanes, l'Office des Postes d'Haïti, l'Administration portuaire nationale, l'Hôpital général, etc. ont été détruits.

Il en est de même des immeubles logeant des hôpitaux privés, la Cimenterie nationale, les Moulins d'Haïti, les sièges et les succursales des banques commerciales fonctionnant dans le pays. Dans cette catastrophe, de nombreux cadres et employés y ont perdu leur vie.

Le service public de la justice, déjà bancal avant le 12 janvier 2010, est aujourd'hui inexistant. Le tribunal de première instance de Port-au-Prince, le Parquet, la Cour d'appel et la Cour de Cassation ont du mal à fonctionner. L'accès à la justice, déjà précaire, est devenu de plus en plus difficile.

Des justiciables attendent des décisions de justice pour continuer de régler leurs affaires. Par contre, les responsables s'adonnent à des acrobaties quand il s'agit de libérer soit un commissaire de police mis en taule par le Commissaire du gouvernement Harrycidas Auguste, soit un groupe de femmes accusées de poser des actes de sodomie en plein jour dans les camps de déplacés, établis dans l'aire du Champ de Mars..

De plus, la Cour de Cassation fonctionne sans président depuis cinq ans. Des juges décédés n'ont pas été remplacés. Que dire de la mise en place du Conseil supérieur du Pouvoir Judiciaire dont la loi a été votée depuis trois ans ? Sans une justice indépendante, impartiale et efficace, il n'y aura point de développement économique.

Le système carcéral est défaillant. Les prisonniers sont détenus dans des conditions infrahumaines. Ils souffrent de maladies liées à leurs conditions de détention et surtout au manque d'hygiène. Des évasions sont organisées régulièrement qui permettent aux plus fortunés de s'enfuir.

Le tremblement de terre du 12 janvier a entraîné la baisse automatique de la population carcérale dans le pays. Dans ce cas, de nombreux trafiquants de drogue et d'autres criminels notoires ont profité de l'occasion pour soudoyer des gardiens de prison en vue de leur donner barrière libre aussi bien au Pénitencier national que dans les centres de détention établis dans les villes de province.

Aux Cayes, par exemple, une prétendue tentative de mutinerie s'est soldée par la mort de plusieurs détenus. Des rapports soupçonnent la police de les avoir froidement exécutés. De nombreux policiers sont placés aux arrêts et attendent eux aussi une décision de justice.

Paradoxalement, la police déclare avoir appréhendé un grand nombre de fugitifs. Mais pas un trafiquant de drogue n'a été retrouvé et remis en prison. Souvent, des complices de tout acabit profitent de situations de troubles, comme c'est le cas après la proclamation des résultats des élections, pour s'attaquer aux prisons en vue de faciliter l'évasion de barons du crime organisé.

Les actes d'enlèvement ont augmenté. Ils affectent particulièrement les résidents de Boutilliers, de Thomassin et de Kenscoff. Des femmes et des enfants sont la proie de bandits qui opèrent parfois en plein jour.

Malgré la présence de la MINUSTAH, la Police nationale d'Haïti n'est pas encore en mesure de garantir efficacement la sécurité des vies et des biens dans le pays. Des problèmes d'effectifs et d'équipements en sont probablement la cause.

Bien que disposant actuellement d'un effectif d'environ 10.000 policiers, la PNH ne couvre pas encore tout le territoire. De nombreuses sections communales attendent la formation et le déploiement d'un régiment de police rurale. Cette dernière n'a pas besoin d'être dotée de titulaires ou détenteurs de baccalauréat de fin d'études secondaires voire d'universitaires. Il suffit d'avoir complété la 9e année fondamentale pour y être admis.

La performance de la PNH, au cours du déroulement du processus électoral, est moyenne. Si elle a tant bien que mal tenté de sécuriser les meetings électoraux et autres rassemblements publics, la police s'est montrée impuissante face aux actes de violence qui ont paralysé la vie nationale durant les deux jours qui ont suivi la proclamation des résultats préliminaires. Aujourd'hui, la ville des Cayes s'est vue dépouiller de toutes ses institutions publiques, sous l'oeil impuissant de la police.

Le système de santé est devenu plus défaillant, suite au séisme du 12 janvier. Les hôpitaux tant publics que privés sont dépassés par l'ampleur du phénomène et la vague de victimes qui ont déferlé sur leurs services déjà précaires. C'est ainsi qu'un centre hospitalier privé, récemment ouvert à Port-au-Prince, a vu ses stocks de fournitures et de médicaments s'épuiser en l'espace d'une semaine. Aujourd'hui, la CDTI est en faillite et ne peut plus continuer à offrir les services de qualité dispensés naguère au public.

Quant à l'hygiène publique, elle est de plus en plus menacée par la quantité de gravats et de détritus abandonnés sur la chaussée des principaux quartiers de la capitale et de certaines villes de province. Les instances préposées à leur collecte, semblent dépassées. Pareille situation est susceptible de favoriser la propagation et l'extension de toutes sortes d'épidémies dans le pays.

De nos jours, 50% de population haïtienne n'ont pas accès à l'eau potable. Trois organismes publics sont chargés de la fourniture des services d'approvisionnement en eau potable et en assainissement dans le pays. Il s'agit de la Centrale autonome d'Eau potable (CAMEP) pour la zone métropolitaine de Port-au-Prince, le Service national d'Eau potable (SNEP) pour les villes de province et le Poste communautaire d'hygiène et d'eau potable (POCHEP) pour les zones rurales.

En vue d'assurer une meilleure gestion des ressources allouées au secteur eau potable et assainissement et surtout de favoriser la synergie entre les différents pourvoyeurs de service, la Direction nationale d'Eau potable et d'Assainissement a été créée par la loi en vue de fusionner la CAMEP, le SNEP et le POCHEP.

N'a-t-on pas vu la DINEPA et d'autres ONG internationales subventionner des services privés de distribution d'eau potable en vue d'approvisionner les camps de déplacés établis dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince ?

Le tremblement de terre du 12 janvier a fortement affecté le secteur de l'éducation dans le pays. Nombreuses ont été les écoles congréganistes, publiques et privées détruites dans les villes touchées par le séisme. Quoique d'immenses efforts aient été déployés en vue d'éviter la perte de l'année scolaire, nombreuses sont les écoles qui n'ont pas trouvé les moyens de construire des établissements provisoires.

Avec l'aide de l'Etat et de la communauté internationale, certains espaces ont été vite déblayés et des hangars construits à l'emplacement des écoles pour distribuer le pain de l'instruction. Les examens officiels de fin d'études primaires et secondaires ont été organisés de façon différenciée dans le pays.

6. Catastrophe Economique

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a sonné le glas des principales infrastructures économiques du pays. L'aéroport international, le port de Port-au-Prince, des magasins, des banques commerciales, des compagnies d'assurances, des supermarchés ont été soit endommagés soit détruits.

Les pertes économiques et financières sont évaluées à plus de 10 milliards de dollars américains. La zone métropolitaine de Port-au-Prince qui abrite le centre économique et administratif du pays, a été très affectée. Cette zone est le foyer de 40% de la population totale, de 85% de l'activité économique et financière et de 85% des recettes fiscales du pays.

Ce n'est pas tant le séisme qui a causé ces dégâts considérables. Mais ce sont la densité de la population, l'utilisation désordonnée des sols, l'absence de normes de construction et la dégradation de l'environnement qui en sont responsables. Le pays est victime d'une trop forte concentration de ressources et de services dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince.

Aujourd'hui, des hommes et femmes d'affaires sont décapitalisés. Ils ont besoin de capitaux frais et de fonds de garantie pour redémarrer. Mais l'accès au crédit leur est difficile, malgré la déprime des taux d'intérêt sur le marché bancaire. Les banques réclament des garanties qui ne sont plus disponibles.

Cependant, le système bancaire a une fois de plus démontré sa résilience. Malgré des pertes en ressources humaines, matérielles et financières, les banques commerciales ont été parmi les premières institutions à reprendre le service à la clientèle, deux semaines après le tremblement de terre. Elles se trouvent maintenant dans une situation de surliquidité. Paradoxalement, les demandeurs de crédit sont plutôt rares.

Malgré tout, l'Etat a pu préserver certains des grands équilibres macroéconomiques. Le taux d'inflation est à la baisse. Le taux de change de la gourde par rapport au dollar américain est plutôt stable. Les réserves nettes de change détenues par la Banque centrale ont atteint des niveaux appréciables.

Par contre, nous produisons peu et importons presque tout ce nous consommons. Le déficit de la balance commerciale a augmenté. Il en est de même du taux de chômage, atténué par l'exécution de travaux à haute intensité de main d'oeuvre sous la forme de Cash ou de Food for work.

Il importe de reconstruire les capacités productives de ce pays tant sur le plan humain que sur celui des infrastructures physiques. Le gouvernement parle de refondation de l'Etat. Nous sommes habitués à ces formules creuses. Comment un gouvernement qui a contribué à déstructurer l'Etat peut-il se prévaloir de vouloir le reconstruire voire le refonder ?

Plus d'un s'attendait à ce que la Commission intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) apportât un baume à l'économie à travers le financement de grands travaux. Mais, le moteur de la CIRH semble grippé. Ses réunions se sont faites de plus en plus espacées.

Les différents bailleurs de fonds mettent à rude épreuve la crédibilité de l'ancien président américain Bill Clinton, coprésident de la CIRH avec le Premier ministre haïtien Joseph Jean-Max Bellerive.

7. Catastrophe Sociale

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a causé d'immenses pertes en vies humaines. Des familles aisées ont perdu tout leur avoir. La classe moyenne bascule dans la pauvreté et les pauvres deviennent de plus en plus pauvres.

Avant le tremblement de terre du 12 janvier, des millions d'Haïtiens vivaient déjà au-dessous du seuil de paupérisation, c'est-à-dire avec moins d'un dollar américain par jour.

Aujourd'hui, c'est pire. Des millions de personnes vivent à la merci de l'aide alimentaire. Des femmes et des filles sont violées chaque jour sous les tentes de fortune. De nombreuses mineures sont enceintes et vont donner la vie à des enfants faméliques.

De nombreuses personnes reprennent le chemin de la mer à la recherche d'un Eldorado. Elles sont capturées, jetées en prison puis refoulées par les gardes-côtes américains. La République Dominicaine voisine les rapatrie par milliers chaque mois.

Aujourd'hui, la population de sans-logis a augmenté. Des riches deviennent pauvres et les pauvres deviennent encore plus pauvres. Cette situation est exacerbée par la propagation de l'épidémie de choléra qui décime des familles entières dans de nombreuses régions du pays.

8. Catastrophe Sanitaire

Des endémies majeures comme le SIDA, la malaria, la filariose ont augmenté en prévalence, suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010. Comme si ce lot ne suffisait pas, le choléra a fait une soudaine apparition dans le pays au dernier trimestre de l'année 2010.

Des membres de la population accusent les soldats du contingent népalais de la Mission de Nations unies pour la Stabilisation en Haïti d'avoir contaminé les eaux du fleuve Artibonite en y déversant des matières fécales. Ce que semble confirmer le rapport d'un épidémiologiste français dépêché en Haïti. Mais l'ONU et la MINUSTAH s'en défendent.

En effet, l'épidémie s'est déclarée à la mi-octobre à Mirebalais dans le bas Plateau Central et à Saint-Marc, dans l'Artibonite. Depuis, elle s'est répandue comme une traînée de poudre dans tous les départements géographiques du pays.

Les statistiques officielles, publiées par le ministère de la Santé publique (MSPP), font état de 50 0000 personnes contaminées par le vibrio cholerae et de plus de 2 000 personnes tuées par le choléra.

Cependant, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime le nombre au double. L'OMS prévoit que vu les conditions de promiscuité sévissant dans les bidonvilles et dans les camps de déplacés établis un peu partout dans la capitale et dans certaines villes de province, plus de 600.000 personnes seront contaminées dans les prochains mois.

Récemment, dans le département de la Grand-Anse, où l'épidémie s'est déclarée à la fin du mois de novembre, les habitants de certaines communes s'en prennent aux vodouisants, qu'ils accusent de propager la maladie. Des dizaines de personnes ont été lynchées par les populations en colère.

L'Organisation des Nations unies (ONU) a lancé un appel d'urgence en vue de collecter 174 millions de dollars américains pour doter toutes les communes du pays de centres de traitement du choléra, à l'instar de ceux établis par le ministère de la Santé et de nombreuses ONG. A date, l'ONU déclare n'avoir collecté que 35 millions de dollars américains.

Nous suggérons à l'ONU de prélever le montant nécessaire des fonds alloués au fonctionnement de la MINUSTAH. Pour être plus précis, nous suggérons que l'ONU retourne au Népal son contingent militaire et utilise les fonds prévus pour son entretien à la prise en charge des victimes du choléra en Haïti. Et ce sera justice !

9.Catastrophe Ecologique

Le tremblement de terre du 12 janvier a porté un coup fatal à l'environnements, déjà affecté par toutes sortes de pollutions comme le bruit, les déchets plastiques, les constructions anarchiques, la déforestation, l'émission de dioxyde de carbone et la disposition anarchique des immondices.

Cette situation est exacerbée par les mouvements et concentrations de population consécutifs au tremblement de terre du 12 janvier 2010. Les camps de déplacés ont généré beaucoup d'ordures, qui ont obstrué davantage les égouts.

Des récipients en plastique ont tapissé les différents canaux d'écoulement de la capitale. Les flancs escarpés des collines ceinturant la capitale sont maintenant occupés par des tentes de fortune.

A la veille des fêtes de fin d'année, les rues de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et celles de nombreuses villes de province sont noircies de fumée et jonchées de fatras de toutes sortes, conséquence des manifestations violentes qui ont suivi la proclamation des résultats préliminaires des élections législatives et présidentielle.

10. Catastrophe Morale

Cette dernière est la plus grave de toutes. Elle affecte ce qu'il y a de plus précieux dans l'être humain : sa conscience. Les sentiments d'amour, de charité, de générosité et de compassion qui se sont manifestés au sein de la société haïtienne, au lendemain du séisme du 12 janvier 2010, ont vite fait place à l'égoïsme, à l'orgueil, à l'avidité, à la cupidité voire à la rapacité.

Les valeurs morales se sont effritées. Le pays est en panne d'autorité morale et souffre d'une crise de modèles. Le mensonge et la roublardise se sont érigés en loi. Les intérêts personnels et mesquins prennent le dessus sur l'intérêt général. L'avoir et le pouvoir priment sur l'Etre. La parole donnée n'est plus respectée.

L'Haïtien n'a pas retenu les grandes leçons que le tremblement de terre a bien voulu lui enseigner. Le séisme du 12 janvier 2010 nous commande de faire les choses autrement. Il faut au moins penser, diriger et construire autrement.

Toutefois, la catastrophe n'est pas une fatalité. Nous appelons le peuple haïtien à se ressaisir et à s'armer de courage et de détermination pour combattre l'arbitraire, le népotisme et la corruption.


Michel Soukar

mercredi 29 décembre 2010

« Le monde.fr » est passé á coté de la solution de sortie de crise

« Le monde.fr » est passé á coté de la solution de sortie de crise
William Michel
29 Dec 2010

D’entrée de jeu, « le monde.fr » a fait fausse route en spéculant sur les résultats préliminaires affichés par le CEP et non sur les revendications des électeurs á propos du déroulement du scrutin de la journée du 28 novembre 2010. Les résultats préliminaires affichés par le CEP ne procèdent d’aucun comptage fiable des procès verbaux .Ceux-ci ne reflètent pas les revendications exprimées par la masse des votants le jour du scrutin. Le problème prioritaire des élections du 28 novembre 2010 est un problème de violation des droits civils et politiques des électeurs á élire librement les dirigeants de leurs choix. Le taux de participation a été de 20% quand la grogne populaire contre le régime en place laissait augurer une participation de 60 a 70%. Le peuple voulait voter et en a été empêché. Voila de quoi il s’agit. Il s’agit du droit de l’électeur á élire le dirigeant de son choix.

Les résultats préliminaires publiés procèdent de manipulations politiques qui devant la flagrance de procès verbaux galvaudés ont contraint le CEP á annuler un grand nombre d’entr’eux et á attribuer aux candidats présidentiels et législatifs ou des votes fictifs qui ont été annulés á la suite de sabotage des bureaux de vote , ou d’extra votes résultant de manœuvres frauduleuses réciproques de fanatiques et d’autorités qui ont sciemment abuse de leur position pour remplir les urnes de bulletins antérieurement écrits, ou encore de manipulations grossières par le CEP des procès verbaux á lui transmis par le centre de tabulation . Les résultats préliminaires n’ont convaincu personne et ont provoqué le sabotage des biens et services publics et privés dans certains endroits du pays..

« Le monde.fr » doit connaître que les élections présidentielles haïtiennes lorsqu’elles se réalisent dans un contexte de changement du personnel politique dont le bilan est critiqué par la majorité de la population, elles drainent un flux considérable de votants. Ceci a été le cas pour les élections de 1990 qui devaient mettre fin á la tyrannie des militaires ayant relayé les trente années du règne des Duvalier. Ceci a été aussi le cas pour les élections de 2006 que le peuple avait approprié pour sanctionner le mouvement GNBiste et pour se venger de l’enlèvement de leur icône , le Président Jean Bertrand Aristide, en anticipant que le président Préval y allait faciliter le retour. Le vote du 28 novembre était un vote de sanction contre le président Préval qui n’aurait pas tenu une promesse non promise et aussi un vote de rejet d’une politique associée aux pires calamités de l’année 2010. Les hommes de l’INITE et du CEP au flair politique et conservatif avancé ont anticipé le résultat du scrutin et ont verrouillé le système électoral pour réduire la participation populaire á son taux le plus bas possible et pour faciliter l’orchestration de toute une série de manœuvres électorales qui n’ont fait que renforcer les doutes sur l’organisation du scrutin.

Mais en dehors de la réalité du scrutin il y a aussi les enjeux
L’INITE á ses enjeux qui sont la gestion des retombées des dix milliards de la reconstruction, le contrôle du parlement pour le contrôle du gouvernement et pour l’amendement de la constitution qui devra garantir la conservation de son personnel politique dans la gestion apparente du prochain pouvoir des cinq prochaines années.

Les Nations Unies et les investisseurs de la CIRH ont aussi leurs enjeux.
Le premier des enjeux de ces derniers est la gestion des dix milliards de dollars de la reconstruction qui doit se faire par l’intermédiaire d’un gouvernement fantoche dont le chef de la MINUSTHA devra être le véritable détenteur
Le deuxième de ces enjeux est le renouvellement permanent de l’actuel mandat de stabilisation de la paix dans un pays oú la paix est la mieux lotie en regard des taux élevé d’insécurité dans les autres pays de la région. Un tel mandat fait des soldats de la MINUSTHA des soldats en vacances permanentes ou des touristes permanents qui coulent la vie douce en Haïti et qui s’excellent á maintenir ce statut quo en imposant la paix du cimetière. Un troisième enjeu est la gouvernance du pays á travers le financement des ONG qui permettent d’avoir un contrôle dilué de la population . Un quatrième enjeu est la politique de sauve qui peut des Nations Unies qui ne voudraient ne pas perdre la face après avoir été le complice avéré des actes impopulaires posés par les gouvernements de Mr Préval. Enfin il y a le vœu de l’international d’avoir la même structure parlementaire de l’INITE dans la gestion parallèle du pays á la condition que ces anciens élus retrouvent la confiance légale et légitime des votants pour retourner dans la quarante neuvième législature á la suite d’élections transparentes , honnêtes et démocratiques.

Pour terminer il y a les enjeux de la classe politique haïtienne toute tendance confondue qui est le refus de respecter les règles du jeu démocratique dans la lutte pour l’exercice du pouvoir politique et la propension d’être le prochain allié de l’International dans la gestion de ce pouvoir quelles que soient les conditions de la prise de ce pouvoir...

Donc, la solution á la crise électorale, contrairement á la proposition de « Lemonde.fr » n’est pas de trouver un élément fédérateur capable de rassembler les pièces éparses du puzzle politique haïtien et etranger .La solution est de trouver un consensus sur le modèle de gestion du pouvoir á mettre en place dans les cinq années pour concilier entr’eux les intérêts de l’INITE, ceux de l’International dont le groupe de Clinton et le groupe du secteur privé haïtien des affaires , ceux du reste de la classe politique de l’opposition á l’intérieur d’un cadre macroéconomique qui garantit un minimum de bien être á la population haïtienne, spécialement son droit de vote qui apparaît comme la première des mesures á prendre pouvant apaiser le climat de tension sociale et rétablir la confiance de cette population. On devra gagner d’abord la bataille d’opinion.

Si l’OEA peut réunir tout ce beau monde pour discuter de leurs intérêts de groupe et pour aplanir les difficultés en empêchant l’obtention d’un consensus qui n’en est pas un mais en facilitant l’atteinte d’un consensus politique á effet durable pour la population haïtienne, elle fera œuvre qui vaille. michelwilliam1000@hotmail.com

mardi 28 décembre 2010

Haïti : vers une solution constitutionnelle, consensuelle et haïtienne

Haïti : vers une solution constitutionnelle, consensuelle et haïtienne

LEMONDE.FR | 27.12.10



"Si l'on voit où les bonnes têtes ont mené la France, a écrit le comte de Mirabeau, il ne serait pas mauvais d'essayer les mauvaises." Dans le cas d'Haïti, il sied d'inverser cette citation et se dire de préférence, si l'on voit où les mauvaises têtes, incluant la Minustah, ont mené ce pays, il serait temps d'essayer les bonnes. Pari fort risqué cependant que de croire qu'après une course bicentenaire vers le quai du désastre et de la tragédie, il serait encore possible de recruter une bonne tête parmi l'élite politique et créole haïtienne. Une tête bien faite et unificatrice, capable de forger un vivre ensemble, de fédérer les énergies, les talents et l'intelligence collective autour d'un nouveau contrat social.



Pour trouver une solution constitutionnelle à la présente crise, il faut une figure politique d'envergure, susceptible d'instituer une opposition d'alternance et de gouvernement face à la constellation formée par le parti Unité. Autrement dit, la solution à la crise haïtienne suppose comme préalable un leadership fédérateur d'une opposition fragmentée et, de surcroît, terrifiée par l'idée d'affronter un adversaire coriace supposément impopulaire mais, de toute évidence, mieux organisé et craint. Qui a raflé 60 % des élus du premier tour à la chambre des députés sans susciter, paradoxe haïtien, trop de contestation. Par-delà ce paradoxe, comment expliquer le désarroi de l'opposition quant Madame Mirlande Manigat dispose d'une avance quasi-irrécupérable sur l'ennemi commun qu'est le Parti Inité ?

De l'impératif d'un leadership fédérateur de l'opposition comme préalable à une solution constitutionnelle de la crise haïtienne

"Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité" comme lieu du bien commun et du vivre ensemble, s'interrogea le Montagnard Louis Antoine de Saint-Just ? Tel est donc le paradoxe comportemental, fondateur de la suite ininterrompue de crises politiques haïtiennes. Telle est également l'une des causes du destin tragique imposé au peuple haïtien depuis 206 ans de gouvernance créole et depuis 6 ans de tutelle onusienne. Il y a donc lieu de se poser la question suivante : si tous les membres de l'opposition veulent se faire élire président à un hypothétique second tour de scrutin, où est donc la cité haïtienne, c'est à dire "le bien commun" et le "vivre ensemble" ? Pourtant, ceux-ci devaient l'emporter sur les divisions et ambitions présidentielles des membres de l'opposition. Ne sommes-nous pas sommés par les circonstances exceptionnelles qui sont celles d'Haïti de faire preuve de civisme, d'abnégation, de patriotisme, de désintéressement, de pragmatisme et de maturité politique ? Où est l'avatar haïtien de Nelson Mandela ou de Charles De Gaule ou encore de Thomas Jefferson ? L'opposition compte-t-elle dans ses rangs des descendants de Dessalines et de Toussaint Louverture ? Sommes-nous dignes de l'héritage de ces Titans de l'épopée de l'indépendance ? On peut en douter.



Autrement, on aurait consenti les sacrifices requis pour ériger le vivre ensemble et le bien commun en principes directeurs des actions à envisager. Une issue constitutionnelle à la crise est encore possible, pour peu que l'opposition s'y investisse. N'est-ce pas vrai que le mot crise juxtapose en chinois deux caractères, qui signifient respectivement "menaces'' et "opportunités''. La présente crise n'offre-t-elle pas une opportunité abyssale d'instituer une opposition d'alternance et de gouvernement ; et ceci, en lieu et place des groupuscules insignifiants qui polluent l'écosystème politique haïtien ? Il manque l'essentiel : une figure politique d'envergure et fédératrice.



Une opposition unifiée autour d'un leadership fédérateur ferait fondre tout avantage virtuel ou réel du parti présidentiel au second tour

L'émergence d'un leadership fédérateur de l'opposition face au parti Inité dans le cadre d'un second tour sous la codirection opérationnelle de la communauté internationale, éliminerait tout avantage virtuel ou réel dont disposerait Inité sur le terrain. Cela aurait permis à l'opposition unifiée de gagner les législatives et d'ainsi prévenir une cohabitation obligée avec son adversaire. C'est ici que le dicton chinois selon lequel "lorsque les hommes travaillent ensemble, les montagnes se changent en or", s'avère plus que pertinent. Voilà une occasion en or pour l'opposition haïtienne d'expérimenter cette citation d'Henry Ford : "se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite."



La présente crise n'offre-t-elle pas l'occasion à l'opposition haïtienne de travailler ensemble contre l'ennemi commun qu'est l'Inité? Cela est d'autant plus indiqué que son poids électoral représente plus de 75 % du vote exprimé au premier tour. Que l'opposition paraphrase Ronald Reagan et se dise: "si ce n'est pas nous, c'est qui ? Et si ce n'est pas maintenant, c'est quand ?" Si ce n'est pas maintenant, ce sera trop tard pour une opposition myope et divisée. À trois au second tour, ils triplent les chances de Jude Célestin de l'emporter ; A 18, ils la décuplent. Pourtant, une opposition fédérée et unifiée aurait certainement congédié le prévalisme, une doctrine anarchopopuliste aux rendements négatifs. Du coup, une telle opposition se transformerait en une institution prééminente, capable de canaliser et d'optimiser les inputs de la communauté internationale et d'en dégager la meilleure synergie possible.



En tant que doyenne de l'opposition et meneuse au premier tour, Mirlande Manigat peut-elle s'avérer la figure fédératrice de l'opposition face à Inité au Second tour ?

La solution préconisée ci-dessus est porteuse d'un nouveau paradigme en matière de gestion de crises et de conflits en Haïti. Un paradigme axé sur le dialogue intra-haïtien, sur la quête du compromis, du consensus, de la réconciliation, du bien commun et d'un meilleur vivre ensemble. Ce serait là l'étincelle d'une dynamique vertueuse et transformationnelle. À l'instinct politique et au pragmatisme du président Préval, l'opposition doit opposer le civisme et un pragmatisme politique plus redoutable. Là encore, Saint-Just s'avère inspirant lorsqu'il dit, parlant de son temps, que "la tragédie est la politique." Selon lui, "le peuple n'a qu'un ennemi dangereux, c'est son gouvernement." En Haïti, c'est aussi l'opposition, le CEP et peut-être la Minustah. C'est ici que se pose dans toute son acuité la problématique d'un Mandela haïtien. Sans incarner le leadership requis, Mme Manigat, gagnante du premier tour, demeure une alternative en tant que doyenne de l'opposition. Pour peu que cette dernière s'affranchisse de sa myopie historique et privilégie le primat du bien commun et non de l'esprit partisan, elle peut transformer la présente crise en un pont d'or vers un meilleur avenir collectif en Haïti. A suivre.

mercredi 22 décembre 2010

Nos Voeux !

Nos Voeux !
par Daly Valet

C'est Noël ! Avec ses surprises. Ses plaisirs interdits. Ses péchés mignons. Ses heures d’enivrement permises. Ses fanaux aux mille couleurs. Ses cadeaux. Ses retrouvailles en famille. Ses chansons circonstanciées qui refusent de vieillir. Ses guirlandes de fleurs. Ses sapins flamboyants. Ses crèches qui nous transportent dans le mystère de la nativité. Ses salons endimanchés. C’est toute une époque. Elle excite. Elle envoûte. Bon gré, mal gré.

C’est Noël ! Et c’est aussi Haïti. La même depuis un certain temps. Dans tous ses états. Empêtrée qu’elle est dans les méandres caverneux de la mal gouvernance. Il y a l’Haïti d’hier avec ses misères et ses délices et celle d’aujourd’hui qui semble n’avoir, à offrir à son peuple, que les crises politiques à répétition, le black-out systématique, son cholera importé et ses pénuries de toute sorte. Pénurie d’essence en pleine saison de Noël ! Nos dirigeants ? Ceux-là qui sont justement payés par les contribuables pour penser, planifier, prévoir et résoudre des problèmes semblent avoir abdiqué. La délicate tâche de gouverner parait les dépasser, trop occupés sans doute dans les petites besognes de la basse politique. Haïti est comme devenue le monde de l’absence. Des absences, dirions-nous. Il nous manque un peu de tout pour être un pays ou pour en redevenir un.

Papa et maman n’ont apparemment pas les mots pour nous expliquer le crash. La déchéance. Ils ont connu une Haïti, certes pauvre et modeste, mais qui est loin de ressembler à celle qu’on livre, par les temps qui courent, en pâture aux renards, aux vautours et à la risée du reste du monde. La boîte noire du crash est peut-être quelque part. Dans notre culture. Nos mœurs. Nos valeurs. Notre système éducatif. Nos politiques. Notre vision du monde et de la patrie. Les générations présentes doivent se retrousser les manches et se serrer la ceinture pour aller la récupérer. Sans ce travail savant de repérage, de déchiffrement, la mère-patrie peinera encore longtemps à se relever de ses déboires.

Le plus dur défi pour un peuple martyr, c’est de pouvoir se libérer des démons aux origines de sa descente aux enfers. Nous ne saurions faire l’économie d’une profonde introspection, d’un retour critique sur nous-mêmes, si nous nous proposons vraiment d’édifier enfin un vrai pays. La grande catharsis est inévitable. Tout grand nettoyage requiert un grand déballage préalable. Le marronnage, le faire-semblant ne peuvent plus continuer à donner forme à nos paroles et à nos actes.

Que n’avions-nous galvaudé et perverti ? Que reste-t-il d’authentique dans notre compréhension et notre mise en pratique des idées de nation, de communauté, de démocratie, d’élection, de construction et de reconstruction, de modernisation, de gestion, de dirigeants, de ville, de salubrité, de république et de souveraineté ? De la caricature. Rien que de la caricature aberrante.

Nous devrons d’abord commencer par être sérieux avec et envers nous-mêmes avant de pouvoir bien saisir le sérieux des grandes idées de la modernité. Ça fend le cœur que les fêtes de fin d’année nous surprennent abasourdis, anxieux, peureux, enveloppés de mauvais draps, affamés et sans un toit pour des milliers d’entre nous depuis le séisme. Pourtant, pour la santé de l’esprit, fêter entre amis, en famille et célébrer le Ciel, s’imposent comme une exigence du moment. Malgré tout. Fêter à sa façon. À la mesure du portefeuille personnel et familial.

Il faudra surtout faire la trêve entre nous, passer l’éponge là où il le faut, pour le renouveau. Même s’il se révélera un exercice pénible de vouloir sourire de gaieté de cœur et de se laisser aller sans se grincer les dents à la bonhomie et l’humeur bon enfant de Papa Noël, il faudra sourire quand même. Et se dire tous en chœur: joyeux Noël !

D.V.

Bill Clinton, ôtez-vous de notre soleil !

Bill Clinton, ôtez-vous de notre soleil !
Jean Erich René
17 décembre 2010

Les interventions de Bill Clinton en Haiti ne font que nous enterrer davantage dans la misère et l’anarchie. En effet, depuis les années 1990 ce Chef d’Etat américain, suite au coup d’Etat militaire, a imposé un embargo sur notre pauvre pays, réduisant son économie à sa plus simple expression. Il a bloqué la contrepartie américaine des recettes de la Teleco pour la canaliser au profit de Jean Bertrand Aristide et de sa clique pour un exil doré. Nous savons tous que la Teleco représente l’un des poumons économiques de l’Etat haitien. Alors on peut s’imaginer le tort considérable fait à la nation haitienne en ce qui concerne l’importation des produits de première nécessité. Il s’en suit une dévaluation de la gourde haitienne, un déficit de notre balance commercial, une augmentation subséquente de la dette externe. Depuis nous assistons à la la mort lente mais réelle d’Haiti.

Usant de son pouvoir de Président de la plus grande puissance du Monde envers le pays le plus pauvre de l’hémisphère, Bill Jeffeerson Clinton a fait débarquer en Haiti 20.000 soldats américains pour restaurer Jean Bertrand Aristide dans sa fonction. Il a mis en déroute notre Armée fondatrice de cette Nation et par ricochet cautionné sa perte. Dès lors la famille Clinton devient propriétaire d’entreprises très lucratives en Haiti. On assiste à la mort lente de la Teleco qui s’est nuclérarisée en diverses compagnies privées jusqu’à sa vente définitive à une soi-disant compagnie vietnamienne. N’est-ce pas Bill qui a conseillé à Aristide de suspendre la production de riz de l’Artibonite en accordant le monopole de la vente de riz à une compagnie de l’Arkansas , un Etat américain dont il fut autrefois le Gouverneur.

Il est important de souligner qu’avec la disparition des FAD’H, Jean Bertrand Aristide s’est révélé le dictateur le plus féroce d’Haiti. Il est étonnant de constater que peu de temps après Mireille Durocher Bertin a été fusillée à la Rue Robin sans éveiller la mondre critique du Gouvernement américain ordinairement si soucieux du climat de sécurité en Haïti. Jusqu’à présent l’Administration de Barack Obama n’arrive pas à mettre la main sur les données comptables justifiant l’octroi des 4 milliards de dollars à Haiti durant les deux mandats de Bill Clinton. Nous savons qu’un Hopital a été construit pour traiter le SIDA au Plateau Central mais cela ne suffit pas. Terry F. Birss, auteur de "Haiti dans la balance" traduit l’échec de l’aide étrangère en Haiti de la façon suivante: "Cela devient une grande jarre à biscuits pour les personnes à leurs propres profits."


Qui s’amène, suite aux tragédies qui ont subséquemment frappé Haiti durant l’année 2010 à savoir : Tremblement de terre, Choléra ? Notre chantre de malheur Bill Clinton qui s’installe en Haiti pour aggraver la note. Avec la complicité du Président René Préval et l’aide de sa femme Hilary Clinton, Secrétaire d’Etat au Département des Affaires Etrangères, il devient le Directeur de la CIRH ou Commission Intérimaire de Reconstruction d’Haïti. Il est décevant de constater que depuis son intronisation comme co-président de la CIRH, personne n’a eu vent des transactions effectuées au nom d’Haiti. Aucune structure matérielle n’a encore été implantée nulle part en Haiti, comme témoin des actions entreprises par Bill Clinton pour la Reconstruction de la République d’Haïti.

Grande est notre surprise cette semaine d’apprendre qu’une voix féminine dissidente, s’est soulevée à St Domingue au cours d’une réunion de la CIRH où le PM Jean Max Bellerive était présent, pour déclarer au monde entier que le Gouvernement haitien ne joue qu’un rôle de comparse au sein de la CIRH en spécifiant que:

- les compagnies sont choisies sans appel d’offres,
- les montants sont fixés et décaissés à l’insu et sans le consentement du Gouvernement,
- les projets sont déterminés suivant les grés des compagnies choisies par Bill Clinton

Comme pour se racheter, Bill Clinton qui s’est retranché dans un Hôtel de Santo Domingo, depuis le scandale des élections du 28 Novembre 2010 pour se mettre à l’abri des émeutes populaires, est rentré rapidement en Haiti pour cautionner le recomptage des votes. Cette décision malhonnête vise à conforter la décision arbitraire du Président Préval en vue d’assurer sa continuité au pouvoir. Bill Clinton s’en fout éperdument du sort de ce petit pays de nègres dirigé par un apprenti dictateur prêt à vendre son âme au diable pour garder le pouvoir. Bill et Hilary sont prêts à tout cautionner pour tirer leurs marrons du feu. La reconstruction d’Haïti nous réserve de désagréables surprises, si l’on se réfère aux témoignages convaincants des expériences malheureuses vécues avec la reconstruction en Iraq qui selon Joy Gordon est un échec total. Oyez !
 
*Selon le GAO report, les Américaims projetaient de construire 150 Centres Médicaux en Iraq. Après avoir dépensé 186 millions de dollars, 6 Centres seulement ont été achevés. Les équipements livrés étaient défectueux et laissés dans les entrepots.(Reference : GAO Report, rapport No 05-876, Washington, 6 février 2007. ) Témoignage de M. Stuart W Bowen Jr. Inspecteur spécial général pour la reconstruction de l’Irak ( 28 septembre 2006)

*72 millions de dollars étaient destinés à la construction d’un Institut de Formation des Policiers à Bagdad. Selon les propos de M. Stuart W. Bowen Jr, datés du 18 Janvier 2007:" Le programme gouvernemental destiné à garantir la qualité des travaux a été totalement incapable de contrôler la prestation de l’entrepreneur."

*Selon le Rapport daté de Septembre 2004 de Bahreïn sur les déboursés en faveur de l’Irak durant la période allant du 1er Janvier 2004 au 28 Juin 2004:" Le Dossier des 37 contrats totalisant 185 millions de dollars restent introuvables. 111 cas de prestations fournies aux termes de contrat n’ont jamais été honorés tandis que les sommes investies se sont volatilisées."

*Henry A. Waxman dans son rapport daté du 10 Mars 2006 adressé aux élus Démocrates du House Government Reform Comitee, Washington DC, a révélé que Kellog, Brown Root (KBR), filiale de la Compagnie Halliburton, n’a pas respecté les lois relatives aux contrats aux USA en exagérant les coûts d’exécution. Cette anomalie n’a pas empêché le renouvellement des contrats de cette compagnie ni leur élargissement. La construction de l’Hopital Al-Hallah au sud de Bagdad n’a pas été achevée tandis que le fonctionnaire américain chargé du projet a cautionné la fin des travaux selon Sirgir, rapport No 05-023KL, Managment of RRRP, contracts in South Central Iraq, Janvier 2006.

Si l’on se réfère aux fraudes et aux prévarications qui entâchent les contrats lucratifs accordés en Iraq à des Sociétés américaines bidons, nous avons de sérieux doutes sur la nouvelle expérience que nous venons d’entamer sur les ailes de l’Aigle avec le fameux pilote Bill Clinton et son co-pilote Hilary Clinton, son épouse.

Le fiasco américain en Irak préfigure l’échec de la Reconstruction d’Haiti. Des contrats juteux sont accordés mais rien n’a encore été concrétisé sur le terrain. Bizarre, c'est la crainte que vient de formuler cette semaine la représentante du Gouvernement de Préval à la réunion de Santo Domingo. Déjà des médicaments et de la nourriture sont distribués par 10.000 Groupes d’exécutants, de véritables Trous Ronds Sans Fonds. Pour l’Histoire nous prenons notre courage à deux bras pour crier, au péril de notre vie, que l’Administration Américaine, par sa philosophie désastreuse de l’aide, a transformé à souhait la Terre de Dessalines en une République des ONG. " Mourir est beau pour la Patrie". En cette pénible circonstance, nous rééditons le cri de Diogène, ce philosophe retranché dans un tonneau afin de prendre ses distances avec ce monde corrompu,i chassait l'émissaire du Roi lui apportant son aide pourrie en disant: Bill Clinton, ôtez-vous de notre soleil, vous ne brillez pas par votre esprit, bien au contraire !

mardi 23 novembre 2010

Impact du cholera sur l’agriculture haïtienne

Impact du cholera sur l’agriculture haïtienne
William Michel

Parler d’impact du cholera sur l’agriculture revient á parler des conséquences économiques de la maladie sur l’agriculture. Parler d’impact du cholera revient aussi á parler des mesures de mitigations envisagées pour corriger les effets négatifs de l’impact sur l’agriculture. Pour pouvoir parler des impacts du cholera sur l’agriculture, il faut connaître le virus, son habitat, son mode de propagation, les responsabilités du contaminateur parce que le virus se trouve dans le champs d’existence même des agriculteurs et des travailleurs agricoles haïtiens en particulier et de la population en général

1-Apparition de la maladie et mise en contexte
Il faut comparer la date du19 octobre de l’apparition du cholera en Haïti au « Night Eleven » du World Trade Center á New York qui a fait changer du tout au tout les conditions mondiales de sécurité . A partir d’aujourd’hui le cholera exige de la MINUSTHA, des Nations Unies et du gouvernement haïtien qu’ils revoient leur laboratoire d’ONG et se tournent vers l’institutionnalisation du pays et vers les grands travaux d’assainissement du territoire.

L’épidémie du cholera a éclaté seulement dans le pays le 18-19 octobre 2010 dans la région du Bas Plateau central et dans l’Artibonite, le long du fleuve du même nom. Son lieu d’apparition nous rappelle cyniquement l’origine de la peste porcine africaine (PEPADEP), la nouvelle maladie du porc « le Techens ou reins cassés » qui a débuté également dans le bas Artibonite et pour laquelle on n’a pas trouvé encore de vaccins.

Un mois après, même si du point de vue de contagiosité et de morbidité de la maladie, le cholera se révèle extrêmement grave avec mille trois cent soixante quinze décès déclarés et cinquante mille personnes contaminées , du point de vue agriculture, les impacts sont loin d’être visibles. Le cycle de production le plus court d’une plante agricole, l’épinard, prend un mois. Les légumes qui sont les cultures les plus exposées au cholera sont cultivés entre septembre á mars. Normalement ce mois ci, on devrait être au stade de pépinière. Certes, la multiplicité des écosystèmes agricoles permet la culture des légumes selon les endroits á d’autres époques de l’année et il peut arriver que la récolte de certains légumes coïncident avec l’apparition du cholera. Pour d’autres cultures comme le riz et le mazoubelle qui ont les pieds dans l’eau, leur cycle de production s’étend respectivement sur des périodes allant de quatre á neuf mois et se cultivent toute l’année. Le cresson n’a pas seulement les pieds dans l’eau, il vit dans l’eau, et se conserve dans l’eau même après récolte.

En dehors des plantes il y a dans l’aviculture, l’élevage des canards et des oies qui ont besoin de l’eau comme habitat préférentiel. Il y a les poissons et les fruits de l’eau comme la crevette, la tortue, les « sirik », les crabes, et éventuellement les fruits de mer comme le lambi, le homard, les huitres, les ,les crevettes marines qui sont péchés dans les eaux salines ou dans les mangroves qui représentent des niches écologiques privilégiées pour la reproduction de ces espèces ..Le caractère saumâtre de l’eau de ces écosystèmes représente aussi un milieu de choix pour le développement du vibrion cholerae.

Notons que le cholera est une maladie qui attaque exclusivement l’homme et qu’il n’empêche pas l’exploitation agricole de ces plantes ou de ces animaux qui vivent dans l’eau

Le cholera a un impact direct sur la commercialisation des produits de l’agriculture qui reviennent des rizières, des marais, des estuaires, des étangs, des lacs, des canaux d’irrigation ,des mangroves parce qu’ils sont souillés par le vibrion du cholera qui malheureusement semble s’étendre sur toutes les aires agricoles du pays.
Le système traditionnel de commercialisation des fruits et légumes, de la viande et des poissons dans le pays véhicule des dangers réels de propagation et de contamination du cholera á cause de la nature des ces produits qui exigent l’utilisation encore de l’eau pour garder leur fraicheur et pour ne pas perdre par transpiration trop d’eau qui diminuerait la valeur marchande de ces produits.

Le cholera a des impacts économiques direct sur le revenu des exploitants agricole parce que sa présence en Haïti crée deux nouveaux facteurs psychologiques locaux á savoir la stigmatisation des produits qui reviennent de l’eau et la peur des consommateurs pour tous ces produits sous la crainte qu’ils sont souillés par le vibrion cholerae.

Cette stigmatisation et cette peur psychologique sont réelles au niveau national parce que la population est informée de la contagiosité et de la morbidité de la maladie et dans certains endroits,elle observe avec leurs deux yeux la mort des concitoyens qui étaient pris au dépourvu par le microbe.

Cette peur et cette stigmatisation ont fait monter les coûts á la production des denrées agricole produites dans l’eau et ont fait baisser les revenus tirés de la vente de ces produits .Le cholera a pour effet d’augmenter la paupérisation de la classe des exploitants agricoles , et, étant la maladie des pauvres, des malnutris, elle affectera grandement la paysannerie haïtienne qui croupit depuis longtemps dans la misère abjecte de la pauvreté et de l’ignorance.

2-Connaissance du vibrion
Apprenons d’abord á connaître le virus avec le professeur émérite Christian Raccut du laboratoire National de Sante Publique, le docteur Jocelyne Louis de la direction de Promotion de la Sante et de la Protection de l’Environnement, le docteur Molière Pamphile, cette célébrité de l’ancienne direction division d’Hygiène Publique du MSPP »

2-1-Le microbe du cholera

Le cholera est une maladie qui attaque exclusivement l’homme. Il n’attaque ni les plantes ni les animaux. L’homme contacte la maladie en buvant l’eau et les aliments contaminés par les matières fécales des malades. Elle se développe dans l’intestin du malade dans un intervalle de 5 á 24 heures, après son ingestion. Elle provoque une diarrhée profuse cinquante á cent fois par jour .Si la personne n’est pas réhydratée rapidement et á temps, elle meurt. 75% des personnes infectées sont des porteurs sains qui disséminent la maladie partout où les conditions de misère règnent sans partage.

2-2-Habitat du vibrion
Le microbe du cholera vit dans les eaux á température ordinaire,. Il aime les eaux sales, les eaux dormantes, les eaux des égouts et des latrines , les eaux saumâtres des estuaires, des embouchures des lacs, les rizières, les eaux des puits artisanaux, les canaux d’irrigation etc.…

Le microbe tolère la chaleur jusqu'à 60 degré. Il est tué á la température de l’eau bouillante de 100 degré. Il ne résiste pas á la température de la glace des freezers qui fonctionnent sans interruption du courant électrique.

2-3-Propagation du cholera
Le cholera est une maladie des gens pauvres, des gens qui vivent en promiscuité, des gens de bidons villes . Il est une maladie des mains sales .il est aussi appelé maladie des voyageurs. L’homme est le principal vecteur de la maladie. Une fois établie, les rats, les souris, les mouches, l’eau transportent le microbe partout sur leur parcours. Il peut s’établir á la campagne qui regorge les personnes pauvres en mal de soin de santé et de malnutrition

3-Responsabilité et pénalités
Le cholera est une maladie á déclaration obligatoire. Etant donné que sa principale source de contamination, est l’eau qui est un facteur indispensable á la vie, la loi nationale et internationale punit le contaminateur, qui il est, où qu’il est, et dans le cadre de la gestion environnementale, la communauté scientifique exige du pollueur qu’il paie pour la pollution. Voila pourquoi il est important d’établir la source et la provenance de la contamination en Haïti pour la réparation du tort et des dommages causés par la source á la population.

4-Impact du cholera sur l’agriculture
4-1-Augmentation du cout de la main d’œuvre.

Avec ou sans la présence du cholera, le paysan haïtien continuera de produire car il lui faut vivre et survivre. Par contre la production coutera plus chère au producteur parce que le travailleur agricole qui se faisait payer 200 gourdes par jour, va faire payer pour le risque qu’il prend en travaillant dans les rizières et dans les marécages contaminées. Quand on sait qu’il faut 180 homme jour pour cultiver un hectare de riz ou de légumes, en exigeant cinquante gourdes de plus ,cela fait une augmentation supplémentaire du cout de neuf mille gourdes du cout de production á l’hectare.
Actuellement on travaille sur près de 60.000 has de riz et sur 40.000 hectares de marécage où l’on fait du riz, des légumes, de la patate, du mazoubelle. Sur 100.000 has , cela fait un surplus de neuf cent millions de gourdes de cout de production
Cette exigence du travailleur agricole n’est pas une spéculation. Elle est une conséquence de son changement de comportement avec l’eau. Chaque matin avant de partir au travail, il achète un gallon d’eau traitée, ou il achète du chlorox pour traiter le gallon d’eau. encore il fait bouillir l’eau en achetant du bois á bruler ou du charbon .Le travailleur fait payer ses dépenses au producteur qui en retour ne bénéficie pas d’augmentation de sa production
4-2-La commercialisation
Le producteur subit á la commercialisation les retombées psychologiques du cholera. Son produit de récolte est stigmatisé et accusé á tort ou á raison d’être souillé par le cholera
La revendeuse qui achète au producteur le produit de récolte sait aussi qu’elle va subir l’indexation du cholera et la stigmatisation du produit de la part du consommateur. Elle offre en conséquence au producteur un prix qui ajoute au désespoir du producteur.
On sait que le riz décortiqué en grain, ne contient pas de cholera, mais il est indexé á tort.

4-3-Mode de commercialisation et de conservation des légumes feuilles
On coupe le légume á l’aube ou tard dans l’après midi. Le conditionnement se fait dans des récipients recouverts de linges mouillés et placés dans des endroits frais. Au marché on garde ces légumes á l’ombre et on les arrose de temps en temps de façon á augmenter l’humidité relative du milieu ambiant pour diminuer la transpiration. Cette méthode de conservation avec l’eau ne dure que deux jours au plus et peut propager le microbe si l’eau et les linges sont déjà pollués.( Contribution á l’étude de quelques légumes feuilles mars 1987 Marie Katleen Pierre)
Les légumes se vendent dans tous les marchés de Haut et de Bas Artibonite, tant á Port-au-Prince qu’au Cap haïtien. L’eau d’arrosage dont on se sert pour arroser les légumes apportés au marché provient de la même eau tirée des canaux d’irrigation de la vallée de l’Artibonite. A Port-au-Prince, on ignore d’où les marchandes de la Croix des Bossales prennent l’eau d’arrosage des légumes pour les tenir au frais et empêcher la perte d’eau par transpiration. Les marchandes en vendant les légumes au Cap,á Port-au-Prince, et aux Gonaïves peuvent propager le microbe. Toutes ces eaux sont polluées et venant des gens vivant sous les tentes , elles constitueraient une boisson potentiellement mortelle. (Jean Baptiste Jean Willy Oct 1992).
NB-Utilisation éventuelle de séchoir solaire á la place de l’arrosage pour conserver les

4-4-Augmentation de la consommation en eau
Actuellement nous consommons 750.000 tonnes de fruit et plus de 100.000 tonnes de légumes feuilles qui demandent d’être lavées á l’eau traitée. On produit et on mange le Lalo, le Panzou, le Caya le chou, la laitue, le cresson, l’épinard, le pourpier ,la patate, la Liane panier ,la Chicorée, le Cresson , la moutarde ,le Cœur de Mazoubelle , la Liane pois Ginen..Ces légumes constituent la base de l’alimentation paysanne et sont mangés avec la peur.
La consommation d’eau va augmenter dans le monde rural. Le lavage des mains va exiger plus de consommation d’eau traitée. Le cholera va faire augmenter le travail des femmes rurales et des enfants charges du transport d’eau a la campagne.

4-5-Augmentation du déboisement
Faire bouillir l’eau pour la traiter est un nouveau poste de dépense pour l’achat du charbon dont la consommation va augmenter et á la campagne et dans les villes. Il faut s’attendre á un renforcement du phénomène du déboisement et de ses conséquences á chaque cyclone.
Consequences sur nos exportations
L’eau intervient dans l’exportation des mangues depuis la collecte dans les zones de production pour le lavage jusqu'à l’usine de traitement. Actuellement la mangue donne á l’exportation douze á quinze millions de dollars américains .Il n’est pas anticipé d penser á une stigmatisation de ce commerce á l’étranger qui irait jusqu'à son interdiction. On sait que la mangue subit déjà les effets de la cochenille rose, qu’elle fait face aux attaques de la mouche du fruit qui nous avait déjà valu une première fermeture de ce commerce.
Le miel très propre dans la ruche peut être souillé dans la manipulation post récolte et indexé..

4-5-Mesures de Mitigation
Dès qu’on parle d’études d’impact on doit immédiatement penser aux mesures de mitigation qui impliquent les actions á mettre en œuvre sans tarder pour réduire les conséquences de l’impact et la propagation géométrique de la maladie. Dans la mitigation environnementale il ne suffit pas de savoir poser les actions pour corriger l’impact, il faut trouver la cause de la cause efficiente pour éliminer á jamais cette cause et empêcher á l’avenir qu’elle ne se reproduise.
Dans le cas qui nous préoccupe, Haïti, dit l’environnementaliste Jean André Victor, avait ses problèmes d’assainissement d’eau potable, mais elle n’avait pas le microbe du cholera. Haïti avait les problèmes de matières fécales mais elle n’avait pas le microbe du cholera. Haïti avait les problèmes de fatras , de rats, de souris, de fourmis, mais elle n’avait pas le cholera. Haïti manquait d’hôpitaux mais elle n’avait pas de cholera. Haïti réunissait toutes les conditions pour que le cholera fasse des ravages, mais elle n’avait le cholera et les citoyens ne mourraient pas en masse. La cause de la mort des haïtiens et de l’empoisonnement de l’eau potable est la présence du cholera par la personne ou l’institution qui l’a introduite en Haïti.

Scientifiquement il est prouvé que lorsque dans un pays, il se produit continuellement des mouvements de troupe comme c’est le cas de la MINUSTHA ou des entrées et sorties rapides d’étrangers sur un territoire, comme dans le cas de l’aide internationale post séisme par les ONG qui ont pratiquement liquidé le reste de l’état qui restait au pays avec le consentement du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a placé le pays sous l’obédience du chapitre sept de l’institution en enlevant á ses citoyens la gestion directe de l’Etat, il est clair que les nations unies en sont la source du cholera. Ajouté á cela, les enquêtes de la presse internationale et nationale ont démontré images á l’appui et avec les test de CDC que la souche est d’origine népalaise , que la SANCO, bénéficiaire également du contrat de gestion des excrétas, n’a pas géré conformément aux dispositions internationales les excrétas de la troupe aussi bien á Fort Liberté qu’a Mirebalais .

Il revient donc aux yeux de l’opinion nationale et internationale que les Nations Unies sont le responsable direct ou indirect des dommages causés par le cholera. Il appartient donc aux Nations Unies d’établir officiellement, par une commission indépendante d’enquêtes la culpabilité des gestionnaires de l’institution en Haïti, de sanctionner l’équipe coupable et d’entreprendre les grands travaux d’institutionnalisation du pays, les grands travaux d’aménagement et d’assainissement du territoire pour empêcher que le cholera même s’il est présent ,ne profite des conditions de saleté, de promiscuité, et de pauvreté tolérées par l’ONU depuis le 29 septembre 1990.

michelwilliam1000@hotmail.com

Références
Colloques sur la contribution de la Société civile á la lutte contre le Cholera Hôtel Le Plazza 21 novembre 2010.
Association haïtienne de droit de l’Environnement(AHDEN) pour la Réparation des dommages causés aux victimes du Cholera dans l’Artibonite Nov 2010
Enquêtes Michel William Desarmes , Villa ,Gonaïves 16-17 novembre 2010
Diaporama Laboratoire National de Santé Publique Lucien Raccut Novembre 2010
Plan National d’Investissement agricole MARNDR juillet 2010
Enquêtes á l’ODVA M William oct 2005/PIA
Cultures des légumes MARNDR/GTZ mars 1991
Les besoins en eau des cultures Denis Dallien PPI 1998
-Systeme de drainage et Cultures maraicheres dans la valle de l’Artibonite Mémoire de sortie Jean Baptiste Jean Willy Oct 1992
-Contribution a L’Etude de quelques legumes feuilles Marie Katleen Pierre Mémoire de sortie FAMV mars 1987
-L’ODVA Son Passe ,Son Présent et Son Avenir ODVA Mars 1982

samedi 20 novembre 2010

Haiti va faire peau neuve en 2011

Haiti va faire peau neuve en 2011
Jean Erich René erichrene@bell.net

A la veille de 2011, Haiti présente l'allure d'un état ruiné, non seulement pauvre pis encore paupérisé par la cleptomanie de ses dirigeants dans une aventure de Jean Gabin. Les 230 millions de dollars de PetroCaribe pour financer son développement économique se sont volatilisés comme l'éther sans laisser aucune trace dans les cahiers de la comptabilité nationale. Même la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux administratif n'en a eu vent. Avec une croissance économique proche de zéro comment relever la masse de sa situation grabataire. Quand l'économie s'enfonce la situation sociale devient de plus en plus alarmante, la pauvreté explose et l'insécurité augmente. Par ricochet, la chance de voir émerger une structure politique stable est compromise.

Actuellement en Haïti, vivre dans une maison commode, manger à sa faim, s'instruire, recevoir des soins de santé adéquats deviennent le privilège d'un groupe de nantis. Autant dire que les droits élémentaires sont bafoués pour la majorité nationale. Les rues de la Capitale sont transformées en marché et en dépotoire. Les villes sont remplies comme des œufs. La circulation devient presqu'impossible. L'approvisionnement en électricité dans plusieurs Centres urbains est un souvenir du passé. Même quand les plantes électriques sont encore en bon état, elles ne sont plus fonctionnelles faute de carburant et d'une saine administration. On a dû dépêcher à Port-au-Prince par un hélicoptère de la Minustah un enfant dont la jambe est cassée à Jérémie. Le service d'orthopédie n'existe plus à l'Hôpital St Antoine. De jour en jour, la situation devient de plus en plus insupportable sur le plan de la distribution des soins médicaux.

En comparant le taux de chômage de 67% au prix élevé des aliments c'est la catastrophe. La population haitienne quasiment sinistrée est dépendante de l'aide humanitaire. Rien que pour les produits de base le constat est alarmant. Peut-on aborder une nouvelle année dans les mêmes perspectives de misère et de nager pour sortir de nos dirigeants actuels ? Les élections de 2010 seront significatives du virage à imprimer à la machine politique pour changer les données économiques et sociales. Au niveau des urnes le message de la Nouvelle Génération doit être claire en marquant bien sûr une rupture nette avec ces hommes politiques de bas étage qui se sont barriccadés derrière des slogans politiques sectaires excluant les fils les plus vaillants de la nation de l'exercice du pouvoir.

La Nouvelle Génération rejette tout instrument de division de la société haitienne et refuse de s'identifier à aucun clan. Dans l'espace de 25 ans, elle a été le témoin oculaire et auriculaire des effets dévastateurs des catégorisations entreprises par les leaders des factions politiques qui se sont succédés au Palais National. Les prétendus défenseurs des pauvres et les apôtres du bien-être collectif bercés par l'idéal socialiste ont raflé les recettes de la Teleco, empoché l'aide économique du Vénézuéla et vendu son don d'asphalte.La Nouvelle Génération opte pour un changement positif à travers une vision démocratique de l'avenir. L'éducation demeure le fer de lance de ce nouveau combat qu'elle entreprend pour tirer Haiti des ornières du sous-développement.

Sans nier ses origines culturelles ni son appartenance sociale, la Nouvelle Génération met son potentiel au profit de l'avancement d'Haiti en faisant appel aux techniques modernes de la Gestion Scientifique et du Management. Elle est prête à se battre pour réaliser le rêve de grandeur de nos aïeux face à la déloyauté de nos dirigeants actuels vassalisés par la République voisine. Nos jeunes compatriotes égarés sur des terres étrangères avec des connaissances assez pointues dans des domaines scientifiques et techniques très sophistiqués rassemblent leur énergie pour porter ce coup de bélier qui doit ouvrir une ère nouvelle en Haiti. Nous comptons des professionnels de l'informatique, de l'énergie solaire, du service social, de l'éducation, de l'économie, de la médecine, des sciences infirmières,des finances etc. qui se mettent au service d'Haiti afin de relever le défi de son sous-développement quasi chronique.

Point n'est besoin de réveiller Etzer Vilaire dans sa tombe ni Massillon Coicou etc. Ils ont déjà accompli leur mission et se reposent au séjour des Bienheureux. C'est à nous de prendre le flambeau d'une main virile afin d'assurer la relève avec compétence et dignité. La Nouvelle Génération est affranchie des inhibitions personnelles de nos hommes politiques traditionnels , divorcée avec le passé d'émotions de ses ainés afin de canaliser ses efforts vers le relèvement d'Haiti. A la fois formée et bien informée des derniers vagissements du Monde moderne, en un temps record elle peut élever Haiti vers les sommets les plus insoupçonnés. Le progrès économique et l'avancement social n'ont jamais été l'œuvre d'un seul homme voire d'un leader charismatique. Les responsabilités doivent être partagées. Il faut le concours de plusieurs sciences pour dégager la société haitienne du carcan de la misère. Tout changement doit commencer par l'émission d'idées novatrices et progressistes dont l'internet, au 21e siècle, devient le champion incontestable et incontesté. Des pensées agissantes quoique virtuelles débouchent toujours sur des actions bien pensées. Ainsi a été, est et sera notre monde.Coûte que coûte, en 2011 Haiti doit faire peau neuve .
Jean Erich René

mercredi 17 novembre 2010

Appel général de la Conférence Episcopale d'Haïti a la Nation pour une lutte concertée contre le choléra

Appel général de la Conférence Episcopale d'Haïti a la Nation pour une lutte concertée contre le choléra.


1.- Frères et sœurs, fils et filles d'Haïti, ce pays qui est nôtre et que nous aimons, nous avons été frappés successivement par un séisme le 12 janvier, un fléau le 19 octobre et un cataclysme le 5 novembre. Ce fléau, le choléra, qui nous est malencontreusement arrivé d'ailleurs, nous affecte tous. Il a déjà fauché, en effet, un nombre important de vies et il s'étend rapidement à travers le pays.

2.- Devant le danger, il y a deux attitudes : ou bien l'inertie du découragement ou bien l'audace du courage. Que notre attitude soit plutôt celle de l'audacieuse détermination dont nous avons toujours fait montre tout au long de notre histoire traversée par tant d'épreuves et de tragédies.

3.- Nous signalons avec grande admiration les initiatives très opportunes prises par les instances compétentes pour tenter d'enrayer le mal au lendemain de son apparition. Elles sont intervenues, certes, à point nommé, mais la contention du mal est l'affaire de nous tous. Voilà pourquoi, nous vous invitons tous à conjuguer nos bonnes volontés et nos efforts pour modifier nos habitudes de vie et accepter les contraintes de la prévention. Nous nous adressons à vous tous, autorités constituées, professionnels médicaux, agents de santé, officiers sanitaires, directeurs d'opinions, journalistes et particulièrement vous, parents, éducateurs, ministres religieux : prenons donc en main la situation avec courage et détermination, créativité et dépassement, pour affronter, voire conjurer ce malheur qui menace le pays tout entier.

4.- Nous recommandons une mobilisation générale de tous les secteurs afin de mettre un frein à la course meurtrière et rapide du choléra. Nous préconisons une intervention multisectorielle coordonnée à travers tout le pays et, plus particulièrement, dans les camps, les quartiers populaires, les bidonvilles, les sections communales, car ce sont les zones les plus vulnérables. Cette intervention facilitera, entre autres l'accès à l'eau traitée, la distribution et l'apprentissage du sérum oral, l'écoute des messages radiophoniques et l'information sur tous les moyens de prévention.

5.- Quant à nos organismes de l'Eglise, tels que la Caritas, le CRS, le Food for the Poor, Justice et Paix, la CEEC qui sont engagés sur le terrain, nous les encourageons à poursuivre et à renforcer, dans la concertation, l'action très vaillante qu'ils ont déjà déployée pour contrôler jusqu'à endiguer ce fléau.

6.- A présent, étant donné la gravité de la situation et des risques élevés de transmission, nous souscrivons aux mesures préventives et restrictives des autorités sanitaires.

7.- Nous décidons que le temps du 21 novembre au 8 décembre 2010 soit dédié à la prière à travers tout le pays, dans les cathédrales, les paroisses, les chapelles, les communautés de mission d'Eglise et les maisons de formation, pour implorer la protection divine contre le choléra et tous les autres fléaux qui s'abattent sur le pays. En la solennité de l'Immaculée Conception, nous renouvellerons la consécration d'Haïti, comme en 1882, à Notre-Dame du Perpétuel Secours.

8.- Frères et sœurs, fils et filles d'Haïti, nous vous disons : courage, reprenez cœur, vous tous qui espérez le Seigneur. (Ps 31, 25).



Donné au siège de la Conférence Episcopale d'Haïti, à Lillavois, en la fête de l'apôtre de la Charité, Saint-Martin, Evêque de Tours, le 11 novembre 2010.

samedi 13 novembre 2010

Vacuum !

Vacuum !
Daly Valet

À entendre parler et déparler ceux qui, plus ou moins capables, aspirent humblement à nous gouverner, et ceux qui, foncièrement incapables, rêvent incongrûment de régner sur nous dans la continuité de l’Haïti à répudier, on dirait qu’ils perdent tous de vue que l’Haïti des secousses sismiques récurrentes, des sans-abris, du choléra et des ouragans tapageurs, a vraiment soif d’idéal. Nos foules et électeurs ont toujours été traditionnellement de grands sentimentaux. Nos options politiques et nos votes ne résultaient pas forcément de délibérations citoyennes rationnelles et bien informées. Et Dieu, nos affairistes politiques les plus futés en ont grassement tiré profit dans la longue durée. Ils ont usé de tous les artifices et expédients pour dérouter la nation, pervertir les appels au peuple, nos grands rendez-vous électoraux, et pour subvertir l’ordre républicain.
Le vide programmatique dans lequel s’inscrit l’actuelle campagne électorale donne froid au dos. On assiste à une trivialisation de l’idée de projets et de débats, de telle sorte que la majorité des candidats semble n’avoir que leur bonne ou leur mauvaise mine à offrir aux électeurs à titre de programmes. Un vacuum qui se lit dans les oppositions binaires factices du type « continuité vs changement». La rupture est-elle vraiment possible entre des cousins complices, accidentellement rivaux ? Le pays n’est pas vraiment mobilisé sur les grands enjeux et clivages structuraux. C’est comme la mort du politique en tant que lieu d’articulation, d’agrégation et de médiation des tensions et contradictions sociétales. Les discussions désertent l’essentiel pour se cantonner dans l’amplification des tapages accessoires autour de la simple prise du pouvoir par des coteries partisanes impatientes. Des coteries qui, à l’analyse, ne paraissent pas suffisamment préparées à mieux gouverner et à effectivement délivrer que celles qu’elles projettent d’évacuer du pouvoir.
Le comportement des élites politiques établies n’en finit pas de décontenancer et d’embrouiller les électeurs. C’est un exercice vraiment fastidieux que de vouloir les situer à l’échelle des idéologies, dans leurs choix et positionnements stratégiques, et par rapport à nos tourments réels de peuple. À la décharge de celles qui se mêlent d’institutionnalisation politique, il faut reconnaitre que le milieu haïtien ne se prête ni matériellement ni culturellement à l’émergence de grands partis porteurs de projets mobilisateurs. D’autant que les mi-lieux d’argent et de pouvoir en Haïti se sont toujours historiquement arrangés par croupions interposés pour confisquer le pouvoir par la ruse, la violence, les fraudes électorales et la corruption. Le financement des campagnes des dix-neuf candidats actuels à la présidence se fait dans une opacité déroutante, voire suspecte et troublante pour certains. L’absence de cadre normatif contraignant se prête évidemment aux extravagances et dépenses électorales incontrôlées. Le jeu de l’alternance politique démocratique et régulière se retrouve comme faussé durant ces joutes électorales aux relents de poker coquin.
Pourtant, en dépit de cet héritage apparemment indécrottable, il va falloir, à nouveau, voter le 28 novembre prochain. Peut-être qu’un vrai leader capable et tourné vers le changement vrai finira par sortir des urnes et se détacher pour notre bien de ces nombreux prétendants au fauteuil présidentiel. Nous vous présentons leurs visions du futur de notre pays dans les pages qui suivent. L’abstention ne saurait être une option. Les fraudes officielles se nourrissent généralement du consentement tacite et de l’apathie d’électeurs démissionnaires. ll va falloir voter. Malgré tout. Malgré ce CEP décrié. Massivement. Sans peur ni complexe. Pour l’autre Haïti.

Daly Valet
Le Matin

Pour Gérald Mathurin : Pourquoi tombent les feuilles?

  Pour Gérald Mathurin : Pourquoi tombent les feuilles? Hugues Joseph J'ai repris ce texte Publié le 2018-03-12  par  Le Nouvelliste. Je...