lundi 5 avril 2010

La dure et nette réalité de la reconstruction Haïtienne

La dure et nette réalité de la reconstruction Haïtienne
William Michel
5 avril 2010

Trois dates dorénavant jalonnent l’histoire d’Haïti :1492, l’année de la découverte de l’ile d’Haïti, 1804, l’année de la fondation de la nation haïtienne et 2010, l’année choc de la refondation du paysage haïtien. L’histoire ,cet eternel recommencement , se tient toujours debout au coté des intellectuels haïtiens pour les rappeler á l’ère post séisme que l’adage « Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer. » et le principe « gagnant- gagnant » de la donne diplomatique contemporaine sont des vérités éternelles qu’on ne doit pas ignorer..
En 1492 la découverte d’Haïti s’inscrivait dans la quête des explorateurs européens de nouvelles richesses pour l’Europe á un moment où les Ottomans qui avaient conquis l’Asie bloquaient la route du marché des épices. A cette époque , Christophe Colomb , un jeune navigateur Italien plein d’idées nouvelles et avide de réussite personnelle ,après plusieurs démarches restées vaines auprès des dignitaires de l’Europe pour aller á la découverte de nouvelles terres , réussit et obtint de la reine de Castille Isabelle La Catholique les moyens économiques pour assouvir ses ambitions en lui promettant l’évangélisation des peuples des terres découvertes et la remise de toutes les richesses qui y seraient ramassées . Avant de donner satisfaction au jeune navigateur la reine fit tenir un conseil de scientifiques qui évaluèrent les idées de Colomb á toutes fins utiles. (Encarta 2008) C’est ainsi que la découverte du nouveau monde et dans la suite celle d’’Haiti ont été étudiées dans une perspective de ratio cout bénéfice. De 1492 á 1803, les espagnols et les français en firent fortune au prix du pillage des ressources naturelles, du massacre des Indiens et de l’esclavage des noirs.
En 1804 les gueux de l’heure sonnèrent le glas de l’esclavage en Haïti á la suite d’une victoire sur les troupes françaises victorieuses partout en Europe. Les nègres d’Haïti allaient payer très chère á l’Occident »démocratique » la révolution St Dominguoise reconnue aujourd’hui comme un haut fait d’arme de portée universelle. Les libérateurs haïtiens entamèrent la construction d’Haïti avec les tabous coloniaux et dans un contexte d’isolement international qui faisait d’Haïti la peste de l’économie mondiale puisque á l’époque la géo économie reposait sur féodalisme, le travail forcé des noirs et même des blancs pauvres appelés « Trente six mois ou engagés » .Les successeurs de Jean Jacques Dessalines obligés de ne compter que sur leurs propres ressources reproduisirent le modèle économique colonial de développement et pratiquèrent á leur tour un féodalisme de deuxième niveau qui consacra l’exploitation de la classe paysanne par les haïtiens les mieux lotis. Ces derniers s’implantent dans les villes côtières, font main basse sur les terres irriguées et les terres de montagne. Celles-ci sont données en métayage á la paysannerie qui continua de les travailler á l’instar des places á vivre. L’esprit de ce modèle a survécu jusqu’aujourd’hui et nous a valu l’existence de deux pays : la république de Port-au-Prince et le monde de l’arrière pays, l’existence de deux haïtiens « Le neg la Vil et le neg nan mon »et a abouti au suicide collectif progressif du pays consécutif aux catastrophes humanitaires et naturels.( Humanitaire : provoqué par la mauvaise gestion de l’homme ; naturel : imprévisible et presque inévitable)
Parallèlement ,cette époque intermédiaire est ponctuée de frappes étrangères , d’isolement politique (France Etas Unis la grande Colombie), de la dette de l’indépendance ,150 millions écus d’or évalués aujourd’hui a plus de 29 milliards US $ et des occupations américaines qui ont amené la dilapidation des ressources naturelles et des finances . Il a été développé une élite en transhumance , pratiquant une économie comprador, vivant en transit sur son propre territoire , laquelle élite faisait déjà l’exportation pure et simple des capitaux accumulés en Haïti.
Après la deuxième guerre mondiale et la création des Nations Unies , la guerre devient un acte mondialement réprimé et l’économie de marché qui ne peut pas se renouveler sans les guerres a inventé d’autres mécanismes pour continuer le pillage des économies satellitaires. Des organismes internationaux á sens unique dont ceux de Brettons Wood furent créés et codifièrent un ensemble d’instruments économiques qui viennent régir les rapports internationaux ,le commerce international et l’aide devenue liée des pays développés aux pays sous développés. Les Nations Unies en sont venus á montrer leur vrai mandat, « Agence d’Exécution des décisions des pays riches » en encourageant la coalition internationale pour partir en guerre contre les petits pays (Irak, Afghanistan, Iran ) qui ont dans leurs sous sols trop de ressources naturelles non renouvelables ou qui se cherchent á travers des changements socio-politiques transformants (Haïti ,Sept 1990 et fev 2004). Plus tard la récession économique de 2008 amena les interventions de l’état occidental pour renflouer les banques et sauver momentanément l’économie de leur pays au grand dam de l’économie de la classe majoritaire du monde (Bail Out de Bush , d’Obama et des leaders européens.)
Des hommes politiques et des économistes haïtiens ayant le cœur et les poches dans les tiroirs des bourgeois répugnants du pays ont donné le coup de buttoir á l’économie moribonde d’Haïti en relayant depuis 1990 des informations sur la mondialisation qui n’ont de vérités que les dividendes retirées de ces blablablas sur les ondes des grands media de la capitale haïtienne. Les ONG sont devenues le fer de lance de la pauvreté haïtienne avec pour objectif le sauvetage individuel des haïtiens les plus coquins et les plus lâches.
C’est dans ces conditions que sont arrivés la récession mondiale de 2009 et le séisme du 12 janvier 2010 qui dans leur frappe spectaculaire et leurs dégâts économiques désastreux ont dévoilé au monde entier le visage exsangue de l’Haïti de 2010 qui nageait sans pouvoir sortir des eaux houleuses de la mondialisation et du pillage systématique de l’aide internationale.
Le 12 janvier 2010, le séisme a révélé au monde entier les conditions inhumaines anti développement dont la première république noire est victime ainsi que la complicité de l’élite politique haïtienne dans la débâcle du pays. Une nouvelle période est née, celle du remords de la repentance et du devoir de mémoire mal fait. Le monde entier réuni aux Nations Unies á a NY le 31 Mars 2010 parle du nouveau départ d’Haïti en reconnaissant sa part de responsabilité dans l’échec du pays et en promettant dorénavant de faire les choses autrement en Haïti. ( Ban ki moom, Hilary Rodham Clinton ).10 milliards de dollars sont promis.
La réalité de la reconstruction d’Haïti tout en étant très dure doit être pratique et objective. Une nouvelle ruée d’ »entrepreneurs philanthropes » est née . Ils promettent de venir avec leurs ressources financières et humaines au chevet d’Haïti pour faire du pays, qui , une économie moderne, qui un pays émergeant. Tous décident de prendre les mesures adéquates pour éviter de répéter les mêmes erreurs du passé. Quelques unes de ces mesures concernent la formation de l’autorité intérimaire de reconstruction pour gérer les milliards avec la participation de quelques personnalités haïtiennes et la décision de l’administration d’Obama de renforcer directement les structures de l’administration haïtienne défaillantes. Qu’il en soit ainsi , dit le Seigneur .
La formation de cette autorité ,disent certains, est inconstitutionnelle. Certes, elle l’est en regard de la constitution, mais les étrangers ont raison aussi car le nouveau départ ne peut pas se faire non plus á l’aune de la constitution de 1987 taillée pour nous donner une démocratie á la Lavalas et á la Valdés qui empêche les prises de décision quand il faut et comme il faut. Il faut mettre la constitution de 1987 en veilleuse pour éviter des amendements á la Préval qui seraient suicidaires pour le pays. Il nous faut faire á l’équipe de Préval et á la communauté internationale des concessions á la Obama pour trouver une autre voie de gouvernabilité.
La réalité pure et nette des conditions de la reconstruction nationale voudrait aussi que ceux-là qui partagent les rênes de ce nouveau départ soient incontournablement issus de la formation d’un gouvernement d’union ou de sauvetage nationale. Ce nouveau gouvernement se justifierait par la nécessité de sauver les apparences de légitimité de la présidence de Mr Préval, interface obligé des étrangers pour surmonter le traumatisme du coup du 29 février 2004 et devrait intégrer de nouvelles personnalités avérées de l’opposition politique pour créer le climat électoral, le climat de Paix social et de travail nécessaires á la relance d’Haïti.
Chers compatriotes haïtiens le couteau qui doit couper le gâteau de la reconstruction d’Haïti doit avoir deux tranchants : un tranchant pour les investisseurs des pays donateurs qui garderaient plus de 70% des fonds dans la vente de technologies et de compétences techniques pour réaliser les travaux d’infrastructures promises et un tranchant qui consacrerait les 30% restants pour reconstruire l’administration déconcentrée, l’administration décentralisée et les superstructures nécessaires au démarrage de l’économie haïtienne victime de l’indifférence traditionnelle des élites..Au nom de l’apparence de la solidarité internationale post séisme et au nom de la compréhension nationale anticipée. unissons nous et positions nous pour forcer le blanc et le président Préval á aller dans la bonne direction afin de participer en connaissance de cause á la construction de la nouvelle Haïti.

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