vendredi 4 novembre 2011

LES REPERES MORAUX DE NOTRE SOCIETE


 Les Repères Moraux de notre Société!
   par Emmanuelle Gilles                                                                           
 
J’attendais la constitution du gouvernement pour préjuger du profil de la cohabitation entre le Président Martelly et le Premier Ministre car l'abime au niveau des valeurs existant entre ce dernier et le Président de la République porte déjà plus d'un à se demander si vraiment on peut assembler des unités qui ne sont guère comparables. Parce qu'il y va de notre intérêt de voir réussir ce nouveau gouvernement.  Tous, nous nous attendions à trouver plus de modération chez le Président Martelly si vraiment il comprenait les enjeux et les difficultés de l'heure. Hélas! d'entrée de jeu Monsieur Martelly, ces derniers jours, a prouvé au monde entier et aux citoyens haïtiens qu'il lui sera difficile de se défaire de sa carapace de Président du Compas habitué à se faire obéir à l'œil de ses employés et choyé de ses supporteurs pour son comportement blâmable qui laissait tant à désirer aux défilés carnavalesque. Même si nous voulions couver les cendres, Monsieur Martelly les a tellement réchauffées par ses façons de faire ces derniers jours que ce serait nous foutre le doigt dans l'œil si nous devrions accorder au Président Martelly une quelconque excuse absolutoire. D'abord, comment fermer les yeux sur les impairs du Président qui a imposé sa liste de Ministres à Monsieur Gary Conille, Premier Ministre, qui visiblement n’a pu choisir aucun de ses ministres comme prévu par la constitution. C'est d'ailleurs ce que Monsieur Martelly entendait bien faire ressortir quand lui-même a procédé à l'installation de tous les Membres du Cabinet en allant à cet effet d'un ministère à l'autre. Pour une entorse Présidentielle c'en est une. Fier comme Artaban, Martelly voulait prouver qu'il est le Chef qui commande et qui ne se prive pas de commettre des impairs quand bon lui semble.  C’est un signe que le Président veut en faire à sa guise en défiant tous les normes. Ceci est contraire aux valeurs républicaines auxquelles notre pays a souscrit conformément à sa charte fondamentale.
D’emblée le Président n’entend pas se conformer aux règles de lois alors qu’il prône un état de droit. C’est déjà un mauvais départ. En outre, le Président semble se complaire des pratiques traditionnelles de la présidence qui voudraient que le Chef de l’Etat soit le Dieu tout puissant par excellence. Et dire qu'il aurait beaucoup à gagner s’il jouait son rôle de Président selon le prescrit de la constitution c'est à dire laisser la gouvernance au Premier Ministre.  Ce n’est pas le rôle du Président de convoquer un Conseil des Ministres, c’est le rôle du Premier Ministre. Le Président Martelly dirige le pays avec la même fougue qu’il dirigeait son orchestre et ceci n’est pas une bonne chose pour le pays. Il doit éviter ces coups de tempêtes comme il l'a fait face aux Parlementaires qui pourtant répondaient à son invitation au Palais de la Présidence même si nous savons bien ce que cette institution représente comme honte dans notre pays.  Préalablement à cette rencontre le Président de la Republique n'avait guère hésité d'embrasser cette trivialité et cette grivoiserie qui lui sont familière en s'en prenant à un Journaliste, dans l'exercice de sa mission et qui lui posait certaines questions auxquelles parait-il Monsieur Martelly avait répondu quand ce fut un journaliste étranger qui lui posait des questions relatives à la marche des choses. L'arrivée au pouvoir de Monsieur Martelly ne peut donc être perçue que comme un accident de parcours car aucun de ses Prédécesseurs n’est arrivé au pouvoir avec une image aussi triviale même quand ils n’étaient pas de meilleurs gouvernants. Néanmoins, puisque cette chance lui a été donnée par les élections qui semblaient refléter la volonté du peuple on s'attendait qu’il apprenne et se conforme aux règles du jeu.
Le Président n’arrive pas à comprendre que plusieurs secteurs de ce pays, et non des moindres, se moquent éperdument de lui tant il a du mal à se débarrasser de cet accoutrement et de ces habitudes qui faisaient de lui UN SWEET MICKY. Cette métamorphose qui exige un dépassement de soi de Michel Martelly, c'est tout le pays qui l'appelle de ses voeux.
En passant des instructions pour que soit appréhendé un Député à qui la justice reproche son passé et qui, pour un large secteur de la société haïtienne, n'est pas un enfant de chœur, le Président entend faire valoir qu’il personnifie le pouvoir autoritaire. C’est d’autant plus regrettable qu’une note diplomatique de la France soit venue rappeler au Président de la République d'Haiti ses devoirs constitutionnels dans cette malheureuse affaire mettant ce dernier face à un évadé de prison au passé nébuleux.  M. Martelly étant arrivé au pouvoir avec un passé qu’il avait lui-même hypothéqué, Il devrait donc éviter des situations qui rappellent son passé.  C’est sa seule chance de survie politiquement.
Quant au parlement Haïtien, sur 30 Sénateurs, on peut trouver seulement 5 à 6 qui sont valables et des 90 députés, idem.  Il faut bien les voir en séance à la télé pour s’en rendre compte.   On trouve parmi les parlementaires non seulement des évadés de prison, des tueurs à gage, mais aussi des kidnappeurs et des primaires. Quand un Sénateur prend la parole pour dire « mwen pa konnin ki vent kap souffle nan bounda Martelly » cela donne une idée du profil de nos parlementaires de nos jours. Ces autorités tant du coté législatif que de l’exécutif ne peuvent tracer le chemin pour nous Haïtiens car ils ont trop de choses à se reprocher d’un côté comme de l’autre est-ce pourquoi le vagabondage prime alors chaque fois qu’on pense qu’Haïti a atteint le fond, il y a encore des bas- fonds creusés par des malfaiteurs de tous poils qui l'attendent.   C’est dommage que les maladresses du Président Michel Martelly, font de Monsieur Arnel Bélizaire un héros pour certains alors qu’un tel spécimen ne devrait pas être parmi ceux siégeant au parlement chargés de rédiger des propositions de lois, voter des lois ou contrôler l’action du gouvernement.  Il est plus que certain que ces parlementaires ne sont pas là pour légiférer mais pour exécuter l’agenda d’un cynique ex-président.  Je m’étonne que  des internautes s’acharnent seulement sur le Président en négligeant le parlement dont plus de la moitié des députés et Sénateurs sont disqualifiés.  Tout le monde est imbu du caractère écervelé et les profondes lacunes d’un Président pas comme les autres hérité d’une démocratie inadaptée, cependant l’institution la plus importante à ce stade c’est celle qui est appelé à contrôler l’Exécutif, ses excès de zèle, celle qui doit régir des lois et s’ériger en haute cour de justice ou conseil constitutionnel lorsqu’une motion de censure devient évidente. Haïti sortirait mieux de ses crises si on avait un parlement digne et fort qui se respecte, un parlement avec des figures de poids devant lesquels le Président n’aurait d’autres choix que d’obtempérer.  Lorsqu’on fait peu de cas que nos hommes de lois soient en majorité des primaires, certains des  truands, un évadé de prison, des kidnappeurs, des trafiquants de drogue et des semi-illettrés et j’en passe,  on doit se demander si c’est cela les repères moraux de notre société d’aujourd’hui.  C’est d’autant plus grave !
 

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