Le
réseautage des associations d’irrigants lié au transfert de la gestion des
systèmes d’irrigation
Bernard Ethéart
27 Novembre 2011
Tel est le thème d’un atelier
organisé par la Fondation Haïtienne de l’Irrigation (FONHADI) le vendredi 25
novembre à la Villa Mamika, Croix-des-Bouquets. Pour les non-initiés, cela peut
paraitre du charabia, aussi allons nous devoir commencer par expliciter
quelques concepts, et en premier lieu celui de transfert de gestion.
Au départ, il faut se rappeler que
l’eau, en tant que ressource naturelle, est propriété de l’Etat au nom du
peuple haïtien. De ce fait, toute exploitation de l’eau est sujette à une
autorisation de l’Etat. Dans le cas spécifique des systèmes d’irrigation, même
quand l’infrastructure a été financée par une institution privée, elle reste propriété
de l’Etat, qui en assure la gestion. Cette gestion est assurée par un syndic
d’irrigation, un employé du Ministère de l’Agriculture, qui assure la
distribution de l’eau aux usagers du système et veille au bon état de
l’infrastructure.
Dans la pratique, la formule a mal
fonctionné, et ce à deux niveaux :
1)
Au niveau du syndic, les
usagers se plaignent d’une mauvaise distribution de l’eau, le syndic favorisant
des usagers plus « importants », probablement en échange de certains
avantages ;
2)
Au niveau de la redevance que
les usagers doivent verser à la Direction Générale des Impôts et qui est censée
servir à financer l’entretien et la maintenance de l’infrastructure, les
usagers se plaignent du fait que, une fois que ces sommes sont versées au
Trésor Public, il est très difficile d’obtenir un décaissement quand ils en ont
besoin pour effectuer des travaux d’entretien ou de maintenance.
D’où une double revendication de la
part des usagers :
1)
Que la gestion des systèmes
soit assurée par les usagers eux-mêmes ;
2)
Que la redevance soit gardée
par les usagers eux-mêmes, de manière qu’ils puissent en disposer quand c’est
nécessaire.
Dans l’histoire du transfert de la
gestion, le premier cas connu est celui du canal d’Avezac, dans la plaine des
Cayes. On parle d’une première autorisation datant du gouvernement de Paul
Magloire, puis d’une autorisation accordée par l’agronome Frantz Flambert,
Ministre de l’Agriculture du gouvernement de Jean-Claude Duvalier. Mais c’est
avec l’Association des Irrigants de la Plaine de l’Arcahaie (AIPA) que l’agronome
Gérald Mathurin, Ministre de l’Agriculture du premier gouvernement Préval,
signe le premier contrat de transfert de gestion. Par la suite, l’agronome Sébastien
Hilaire, Ministre de l’Agriculture du gouvernement Aristide, a signé des
contrats de transfert avec des associations d’irrigants de la zone goâvienne ou
de la vallée des Trois Rivières.
La signature d’un contrat avec un
Ministère suppose l’existence d’une association bien structurée et dotée de la
personnalité civile ; or nous sommes encore loin du compte.
En ce qui concerne la structuration,
le Programme de Réhabilitation des Petits Périmètres Irrigués (PPI 1) a proposé
une méthodologie très élaborée. Elle n’a été adoptée que du bout des lèvres par
la Direction des Infrastructures Agricoles (DIA) du MARNDR, mais tous les
initiés retiennent les fameuses « 4 phases, 14 étapes et 3 niveaux de
contractualisation ». Sans entrer dans les détails, on retiendra les
« 3 niveaux de contractualisation », car l’idée est que, à chaque
niveau de structuration de l’association, celle-ci se voit confiée par contrat
un certain nombre de responsabilités, et le troisième niveau est celui où on
lui confie la responsabilité de gérer le système par un contrat de transfert de
gestion.
En ce qui concerne la personnalité
civile, c’est plus compliqué. Il faudrait, en effet qu’une loi fixe
·
les conditions que devraient
remplir une association d’irrigants, pour obtenir le statut d’association
reconnue légalement,
·
les attributions qui doivent
lui permettre de remplir ses fonctions.
Or il se trouve que dans ce beau pays
il n’existe aucune législation sur les associations, d’une manière générale,
voire sur les associations d’irrigants ! Le Groupe de Réflexion sur
l’Irrigation (GRI), devenu par la suite la Fondation Haïtienne de l’Irrigation
(FONHADI), en avait fait son cheval de bataille ; un avant-projet de loi a
été élaboré et plusieurs fois remanié ; ces travaux ont culminé avec
l’organisation, les 2, 3 et 4 juin 2004, d’un colloque sur le « Transfert de la gestion des systèmes
irrigués en Haïti » et les actes de ce colloque ont été remis
officiellement au Ministre de l’Agriculture le jeudi 14 avril 2005 (voir
Conclusion du colloque sur l’irrigation, HEM Vol 19 # 12 du 20-26/04/2005).
Mais il ne s’est encore jamais trouvé un Ministre de l’Agriculture qui présente
cet avant-projet au Parlement.
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