CONSTRUCTION DE SILOS A LAFITEAU : QUI PEUT
PLUS PEUT MOINS
MICHEL
WILLIAM
24 JUILLET
2013
Le jeudi 19 juillet 2013, le premier
ministre Laurent Salvador Lamothe
accompagné du ministre de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du
Développement Rural, Jacques Thomas, a procédé
á la pose de la première pierre de la
construction d'une réserve stratégique de silos
pour stocker les excédents de la
production agricole .D’après le ministre
Jacques Thomas ces silos font partie d’un complexe de stockage qui sera d’une grande utilité aux producteurs qui bénéficient
déjà et continueront de bénéficier á l’avenir des mesures d’accompagnement prises
dans le cadre du programme de relance agricole
2013-2016.
Ce complexe de
stockage comprendra 4 silos de 2.500
tonnes chacun et un hangar de 25.000
tonnes métriques .Le tout occupera une
superficie de 5.400 m2. Il coutera trois
millions de dollars. Ajoutés aux anciens silos de la minoterie devenue
« Les Moulins d’Haïti » de capacité de 50.000 tonnes, ces 4 nouveaux
porteront á 60.000 tonnes la capacité de
stockage de Lafiteau. La réserve de Lafiteau ,si l’on en croit le premier ministre,
ferait partie d'un ensemble d'infrastructures agricoles appelées á intégrer le paquet social « EDE
PEP » développé par son gouvernement
pour soutenir les couches les plus vulnérables de la population .Le
programme « EDE PEP » intervient dans le cadre de l’assistance aux
franges de la population en état
permanent d’insécurité alimentaire et á celles souffrant de pénurie alimentaire
causée par l’arrivée de cataclysmes
naturels, sécheresse, cyclone, tremblement de terre, inondation etc... Le Premier Ministre a aussi fait
mention de la construction
prochaine dans le nord et le sud de deux nouveaux complexes. Nous disons bravo au
trio Martelly, Lamothe et Thomas.
Nous profitons de
cette fenêtre ouverte sur le stockage
des céréales par l’exécutif, pour rappeler aux honorables parlementaires qui
vont redistribuer le budget 2013-2014 ce vieux dicton populaire qui dit « qui
peut plus peut moins. » Nous entendons par lá que le sénat et la
chambre des députés, s’inspirant de l’approche heureuse de l’exécutif d’utiliser les fonds petro
caribe pour construire des infrastructures économiques de lutte contre l’insécurité alimentaire peuvent faire
d’une pierre deux coups .Ils profiteront de la politique d’ensilage du premier ministre pour porter le budget du MARNDR á 14% du budget national en exigeant que cette augmentation aille dans l’importation
du soja et du mais pour résoudre , une fois pour toute, les problèmes de l’importation
des 400 millions œufs dominicains infectés
du virus de H5N2 , ceux de l’importation des 24 millions de poulets de chair américains et ceux de l’importation des abats de porcs en
relation avec la contrainte alimentaire dans ces élevages. Cette augmentation du budget du MARNDR est d’autant plus nécessaire
qu’il permettra la continuité du programme de subvention d’engrais au cout annuel
de 700 millions de gourdes, l’achat de stocks de vaccins pour combattre la maladie du porc communément appelée « rens cases ».
Les honorables
parlementaires se souviendront également de la perte en 2011-2012 de 10.000
has d’arachides et de riz dans le Nord et le Nord-est, , parce que
le ministère de l’agriculture n’avait pas d’argent disponible dans le
budget pour circonvenir á temps, la
propagation de la cochenille blanche Crypticerya genistaea sur 2000 has. Ces dix
mille has représentent 10.000 tonnes d’arachides .Au prix de 30.000 gdes la
tonne, la perte de ces 10.000 tonnes
représentait une perte économique de 300 millions de gourde pour la
paysannerie. Il faut dans le budget 2013-2014, des disponibilités pour couvrir
le programme de subvention agricole et de contrôle des maladies sur les plantes
qui absorberont une bagatelle de deux á trois
milliards de gourdes. Quand on sait qu’au cours de l’année 2012-2013, le MARNDR a expérimenté
l’agriculture protégée et qu’il doit
valoriser l’existence de 190 lacs collinaires qui ont couté la bagatelle d’un milliard quatre cent cinquante quatre
millions de gourdes au cours des 26 dernières années, il n’y a rien de sorcier á
réajuster le budget du secteur á 14% du budget national. Au lieu de chercher á créer des boites de Pandore dans l’étude du
budget le parlement haïtien devrait plutôt s’atteler á damer positivement le pion á l’exécutif en amplifiant l’économique qui devra générer de
l’argent pour renforcer le programme
social d’assistance aux pauvres « EDE PEP ».
Le développement de
ces types d’élevage est très rapide, plus rapide et moins risqué que la production végétale parce que les
techniques d’élevage sont connues et les technologies quant aux races, aux
formules des rations et aux soins de santé sont déjà á point. Il y a seulement le crédit et
l’encadrement des éleveurs qui doivent suivre. Justement le crédit et
l’encadrement des producteurs étaient deux points forts de la campagne électorale
du président et des législateurs. A partir de l‘utilisation éclairée des fonds
petrro Caribe, l’exécutif et le parlement haïtiens devraient s’entendre sur ces
deux priorités pour retirer les producteurs haïtiens de l’importation
dominicaine et américaine des produits
avicoles et porcins .Ils en profiteraient également pour sauver leur
capital politique lors des prochaines élections. Ce raisonnement a été fait en privé avec l’économiste Eddy Labossiére qui actuellement
conseille le parlement sur le contrôle
de la redistribution du budget dans des activités de développement économique de
moindre risque.
D’aucuns questionnent
la construction de ces silos á Lafiteau
et non dans les zones de production du mais et du petit mil comme le sud et le Plateau Central pour diminuer les couts de transport et de séchage
des grains. A ces sceptiques de l’économie et de la vision stratégique de
demain il faudrait rappeler les leçons du passé. Il se pourrait bien que les
silos construits et préparés pour recevoir les excédents de la production végétale restent un vœu annuel pieux,
en cas de sécheresse ou d’inondation qui causeraient la perte des plantations
.Ceci a été le cas des silos construits
par le MARNDR dans les années 97-98 á Mon Repos sur l’ancienne ferme du Colonel Cayard .Ces silos au nombre de vingt et d’une capacité
totale de 10.000 tonnes n’ont jamais pu être
remplis .A l’exception d’une seule année où les pluies ont été clémentes, la production végétale á travers les politiques publiques inadéquates conduites dans les projets
d’intensification vivrière PICV du FIDA
ou de l’USAID á travers le PPPV de l’agronome Naval dans le sud, n’a jamais permis la
production á grande échelle des céréales
pour remplir les silos. Les allocations budgétaires au MARNDR ont été
totalement insignifiantes et des services comme le crédit, l’irrigation, la recherche,
la commercialisation ont disparu du porte folio du gouvernement haïtien. Ces
derniers ont fait place depuis 1986 á la politique d’ouverture des marchés qui
a amené la mort de la production agricole
nationale et á la politique humanitaire qui a contribué á l’enrichissement
des ONGeistes au détriment des producteurs haïtiens.
Pour obvier á une éventualité de la répétition d’un pareil scénario, en
ayant á l’idée que les mêmes
causes, dans les mêmes conditions, produisent les mêmes effets, une vision
futuriste du trio Martelly, Lamothe et Thomas a génialement pensé á la construction des silos á Lafiteau, où existe un quai de 100 pieds de long avec un tirant d’eau de
28 pieds pouvant accueillir des bateaux de 20.000 tonnes. En cas de non
production agricole pour quelques raisons
que ce soit, la réserve stratégique
de Lafiteau pourra accueillir les
cargaisons de mais et de soja de l’Argentine ou du Brésil achetés avec le fond Petro Caribe. Elle évitera á notre cheptel renaissant le sort funeste
qu’avait connu le repeuplement porcin en 1986. A ce moment précis de la durée, il
faudrait rappeler que la minoterie d’Haïti
avait une capacité installée de 11.500
sacs de 100 livres de farine en 24 heures et une production de 4.000 sacs de
son de blé et du Semolina .En réalité
elle ne produisait que 2000 sacs de 100 livres de son de blé par jour. Cette disponibilité de son de blé pouvait couvrir les besoins alimentaires de
600.000 porcs. Une course á l’argent de la classe moyenne de l’époque favorisa l’éclosion d’une élite urbaine dans l’élevage naisseur des porcs qui atteint en
1986 le nombre de 1.200.000 têtes. Comme la minoterie ne pouvait pas produire
plus de 2000 sacs de 100 livres de son
de blé par jour, il n’y avait pas assez de nourriture pour les porcs. Les gens
perdirent leur argent dans l’élevage naisseur du porc qui crevait de faim pendant que l’argent était disponible dans
leurs poches et pendant que le dumping américain
et canadien des abats pleuvait á profusion sur le marché haïtien.
A la lumière du
rappel historique du projet de repeuplement porcin ,des mailles á partir avec les dominicains dans le respect de
l’embargo mis sur les œufs infectés du virus H5N2 et en relation avec les
avantages offertes par le programme ZEP du Fond Petro Caribe dans l’agriculture , les
honorables députés et sénateurs de la république , forts de leur pouvoir
constitutionnel de balancer le budget et
en fonction des intérêts immédiats de
leurs mandants , gagneraient á balancer le budget 2013-2014 , en amenant
le budget 2013-2014 du MARNDR á 14% ou 18 milliards de gourdes.
Ceci permettrait une intensification de la politique des silos dans les neuf départements
du pays et une prévision budgétaire pour acheter
avec les fonds Petro Caribe, le
soja et le mais chez les pays
qui entretiennent de bonnes relations
avec le Venezuela. Ce réajustement
du budget du MARNDR en faveur de l’élevage représenterait le plus beau cadeau que le parlement ait jamais offert á la paysannerie haïtienne á travers le temps. A ce concernant, on a déjà parlé de l’igname, aujourd’hui ce sont les élevages de porcs de poulets et de
poisson qui s’invitent dans le programme
Zone économique Petro Caribe (ZEP) du Venezuela. « Yon sel bagay, mwen
konen, ZEP pap pran bluff, Jwet, pou
ekzekitif ak paleman ayisyen, nan balanse tout bon distribisyon bidje a, pou komanse an bote, pwogram twa zan Relans
agrikol 2013-2016. »
24 juillet 2013.
Références
Haïti veut intégrer la ZEP Le Nouvelliste 28 juin 2013 Roberson Geffrard
Un Bluff du AH1N1
des dominicains force Martelly á la
capitulation,Michel Wiliam Nouvelliste Juin
2013
Programme de
Relance Agricole MARNDR 2013-2016
-Réunion
mensuelle du 25 juin 2012 des directeurs départementaux
agricoles á Damien , Agronome Elansye Moise
département du Nord-EST alerte sur la présence de deux pestes ravageuses dans
les champs d’arachides et de riz du Nord-Est.
2-Appui au
développement de l’aviculture, cadre d’orientation politique MARNDR décembre 2012
-Problématique de l’alimentation porcine en Haïti Carl Dejoie ,Bulletin
du PLPPC #5 Aout 2007
-Projet intérimaire GOH-IICA-USAID juin 1985
-Le leurre du
projet de repeuplement porcin Michel William
21 Nov 2011
Accord de financement signé 10 Avril 1984 758/SF-2357-HA et
Accord technique de coopération non remboursable ATN/SF/-2357-HA
Projet Développement Elevage Porcin PDEP BID/MARNDR
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