vendredi 26 juillet 2013

CONSTRUCTION DE SILOS A LAFITEAU : QUI PEUT PLUS PEUT MOINS


CONSTRUCTION DE SILOS A LAFITEAU : QUI PEUT PLUS  PEUT MOINS
MICHEL WILLIAM
24 JUILLET 2013

Le  jeudi 19 juillet 2013, le premier ministre  Laurent Salvador Lamothe accompagné du ministre de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural, Jacques Thomas,  a procédé  á la pose de la première pierre de la construction d'une réserve stratégique de silos  pour  stocker les excédents de la production agricole .D’après le  ministre Jacques Thomas ces silos font partie d’un complexe de stockage qui  sera d’une grande utilité aux producteurs qui bénéficient déjà et continueront de bénéficier á  l’avenir des mesures d’accompagnement prises dans le cadre du programme de relance agricole  2013-2016.

Ce complexe de stockage comprendra 4 silos  de 2.500 tonnes  chacun et un hangar de 25.000 tonnes métriques .Le tout occupera  une superficie de 5.400 m2. Il coutera  trois millions de dollars. Ajoutés aux anciens silos de la minoterie devenue « Les Moulins d’Haïti » de capacité de 50.000 tonnes, ces 4 nouveaux porteront á 60.000 tonnes  la capacité de stockage de Lafiteau. La réserve de Lafiteau ,si l’on en croit le premier ministre, ferait partie  d'un ensemble  d'infrastructures agricoles appelées á  intégrer le paquet social « EDE PEP » développé par son gouvernement  pour soutenir les couches les plus vulnérables de la population .Le programme « EDE PEP » intervient dans le cadre de l’assistance aux franges de la population  en état permanent d’insécurité alimentaire  et  á celles souffrant de pénurie  alimentaire  causée par l’arrivée de cataclysmes  naturels, sécheresse, cyclone, tremblement de terre, inondation etc...  Le  Premier Ministre a  aussi fait   mention de la construction prochaine  dans le  nord et le sud de deux  nouveaux complexes. Nous disons bravo au trio  Martelly, Lamothe et Thomas.

Nous profitons de cette fenêtre ouverte sur le  stockage des céréales par l’exécutif, pour rappeler aux honorables parlementaires qui vont redistribuer le  budget  2013-2014  ce vieux dicton populaire qui dit «  qui peut plus  peut moins. »  Nous entendons par lá  que le sénat et la chambre des députés, s’inspirant de l’approche heureuse  de l’exécutif d’utiliser les fonds petro caribe pour construire des infrastructures économiques de lutte  contre l’insécurité alimentaire peuvent faire d’une pierre deux coups .Ils profiteront de la politique d’ensilage du  premier ministre pour porter  le budget du MARNDR á  14% du budget national en exigeant que  cette augmentation aille dans l’importation du soja et du mais pour résoudre , une fois pour toute, les problèmes de l’importation  des 400 millions œufs dominicains infectés du virus de H5N2 , ceux de l’importation des 24 millions de poulets de chair américains  et ceux de l’importation des abats de porcs en relation avec la contrainte alimentaire dans ces élevages. Cette augmentation  du budget du MARNDR est d’autant plus nécessaire qu’il permettra la continuité du programme de subvention d’engrais au cout annuel de 700 millions de gourdes, l’achat de stocks de vaccins  pour combattre la  maladie du porc  communément appelée « rens cases ».  

Les honorables parlementaires  se souviendront  également de la perte en 2011-2012 de 10.000 has  d’arachides et de riz  dans le Nord et le Nord-est, , parce que le  ministère de l’agriculture  n’avait pas d’argent disponible dans le budget pour circonvenir á  temps, la propagation de la  cochenille  blanche Crypticerya genistaea sur 2000 has. Ces dix mille has représentent 10.000 tonnes d’arachides .Au prix de 30.000 gdes la tonne, la perte de ces 10.000 tonnes  représentait une perte économique de 300 millions de gourde pour la paysannerie. Il faut dans le budget 2013-2014, des disponibilités pour couvrir le programme de subvention agricole et de contrôle des maladies sur les plantes qui absorberont une bagatelle de  deux á trois milliards de gourdes. Quand on sait qu’au cours de l’année  2012-2013, le MARNDR a expérimenté l’agriculture protégée  et qu’il doit valoriser l’existence de 190 lacs collinaires qui ont couté la bagatelle  d’un milliard quatre cent cinquante quatre millions de gourdes au cours des 26 dernières années, il n’y a rien de sorcier á réajuster  le budget du secteur á  14% du budget national. Au lieu de chercher á  créer des boites de Pandore dans l’étude du budget le parlement haïtien devrait plutôt s’atteler á  damer positivement le pion á l’exécutif  en amplifiant  l’économique qui devra générer de l’argent  pour renforcer le programme social d’assistance aux pauvres «  EDE PEP ».

Le développement de ces types d’élevage est très rapide, plus rapide et moins risqué  que la production végétale parce que les techniques d’élevage sont connues et les technologies quant aux races, aux formules des rations et aux soins de santé sont déjà  á point. Il y a seulement le crédit et l’encadrement des éleveurs qui doivent suivre. Justement le crédit et l’encadrement des producteurs étaient deux points forts de la campagne électorale du président et des législateurs. A partir de l‘utilisation éclairée des fonds petrro Caribe, l’exécutif et le parlement haïtiens devraient s’entendre sur ces deux priorités pour retirer les producteurs haïtiens de  l’importation  dominicaine et américaine des produits  avicoles et porcins .Ils en profiteraient également pour sauver leur capital politique lors des prochaines élections. Ce raisonnement  a été fait en privé avec l’économiste  Eddy Labossiére qui actuellement conseille  le parlement sur le contrôle de la redistribution du budget dans des activités de développement économique   de moindre risque.

D’aucuns questionnent la construction de ces silos á  Lafiteau et non dans les zones de production du mais et du petit mil  comme le sud et le Plateau Central  pour diminuer les couts de transport et de séchage des grains. A ces sceptiques de l’économie et de la vision stratégique de demain il faudrait rappeler les leçons du passé. Il se pourrait bien que les silos construits et préparés pour recevoir les excédents de la  production végétale restent un vœu annuel pieux, en cas de sécheresse ou d’inondation qui causeraient la perte des plantations .Ceci a été le cas  des silos construits par le MARNDR dans les années 97-98  á  Mon Repos sur l’ancienne ferme du Colonel  Cayard .Ces silos au nombre de vingt et d’une capacité totale de 10.000 tonnes n’ont jamais  pu être remplis .A l’exception d’une seule année où les pluies ont été clémentes,  la production végétale á  travers  les politiques publiques  inadéquates conduites dans les projets d’intensification vivrière  PICV du FIDA ou de l’USAID á  travers le  PPPV de l’agronome  Naval dans le sud, n’a jamais permis la production á grande échelle  des céréales pour remplir les silos. Les allocations budgétaires au MARNDR ont été totalement insignifiantes  et des services  comme le crédit, l’irrigation, la recherche, la commercialisation ont disparu du porte folio du gouvernement haïtien. Ces derniers ont fait place depuis 1986 á la politique d’ouverture des marchés qui a amené la mort de la production agricole  nationale et  á  la politique humanitaire qui a contribué á l’enrichissement des ONGeistes au détriment des producteurs haïtiens.

 Pour obvier á  une éventualité  de la répétition d’un pareil scénario, en ayant á  l’idée que   les mêmes causes, dans les mêmes conditions, produisent les mêmes effets, une vision futuriste du trio Martelly, Lamothe et Thomas a génialement pensé á  la construction des silos á  Lafiteau, où existe un quai  de 100 pieds de long avec un tirant d’eau de 28 pieds pouvant accueillir des bateaux de 20.000 tonnes. En cas de non production agricole pour quelques raisons  que ce soit, la réserve stratégique  de Lafiteau  pourra accueillir les cargaisons de mais  et de soja  de l’Argentine ou du Brésil  achetés avec le fond Petro Caribe. Elle  évitera á  notre cheptel renaissant le sort funeste qu’avait connu le repeuplement porcin en 1986. A ce moment précis de la durée, il faudrait rappeler que  la minoterie d’Haïti avait une capacité installée  de 11.500 sacs de 100 livres de farine en 24 heures et une production de 4.000 sacs de son  de blé et du Semolina .En réalité elle ne produisait que 2000 sacs de 100 livres de son de blé  par jour. Cette disponibilité de son de blé  pouvait couvrir les besoins alimentaires de 600.000 porcs. Une course  á  l’argent de la classe moyenne de l’époque  favorisa l’éclosion d’une élite urbaine dans  l’élevage naisseur des porcs qui atteint en 1986 le nombre de 1.200.000 têtes. Comme la minoterie ne pouvait pas produire plus de 2000 sacs de 100 livres   de son de blé par jour, il n’y avait pas assez de nourriture pour les porcs. Les gens perdirent leur argent dans l’élevage  naisseur du porc qui crevait de faim  pendant que l’argent était disponible dans leurs poches et pendant que  le dumping américain et canadien des abats pleuvait á  profusion sur le marché haïtien.

A la lumière du rappel historique du projet de repeuplement porcin ,des mailles á  partir avec les dominicains dans le respect de l’embargo mis sur les œufs infectés du virus H5N2 et en relation avec les avantages offertes  par le programme  ZEP du  Fond Petro Caribe dans l’agriculture , les honorables députés et sénateurs de la république , forts de leur pouvoir constitutionnel de balancer le budget  et en fonction des intérêts immédiats  de leurs mandants , gagneraient  á  balancer le budget 2013-2014 , en amenant le  budget 2013-2014  du MARNDR á 14% ou 18 milliards de gourdes. Ceci permettrait une intensification de la politique des silos dans les neuf départements du pays  et une prévision budgétaire  pour acheter  avec les fonds  Petro Caribe, le soja et  le mais chez les  pays  qui entretiennent de bonnes relations  avec le  Venezuela. Ce réajustement du budget du MARNDR en faveur de l’élevage représenterait  le plus beau cadeau  que le parlement ait jamais offert  á la paysannerie haïtienne á  travers le temps. A ce concernant, on a déjà  parlé de l’igname, aujourd’hui  ce sont les élevages de porcs de poulets et de poisson qui s’invitent dans le programme  Zone économique  Petro Caribe  (ZEP)  du Venezuela. «  Yon sel bagay, mwen konen, ZEP pap pran bluff, Jwet,  pou ekzekitif ak paleman ayisyen, nan   balanse  tout bon distribisyon bidje a,  pou komanse an bote, pwogram twa zan Relans agrikol 2013-2016. »
24 juillet 2013.

Références
Haïti  veut intégrer la  ZEP Le Nouvelliste  28 juin 2013 Roberson Geffrard
Un Bluff du AH1N1 des dominicains  force Martelly á la capitulation,Michel Wiliam  Nouvelliste  Juin  2013
Programme de Relance Agricole  MARNDR 2013-2016
-Réunion mensuelle du 25 juin  2012  des directeurs départementaux agricoles  á  Damien , Agronome Elansye Moise  département du Nord-EST alerte sur la présence de deux pestes ravageuses dans les champs d’arachides  et de riz  du Nord-Est. 
2-Appui au développement de l’aviculture, cadre d’orientation politique MARNDR  décembre 2012
-Problématique de l’alimentation porcine en Haïti Carl Dejoie ,Bulletin du PLPPC #5 Aout 2007
-Projet intérimaire GOH-IICA-USAID juin 1985
-Le leurre du projet de repeuplement porcin Michel William  21 Nov 2011
Accord  de financement signé  10 Avril 1984   758/SF-2357-HA et
Accord technique de coopération non remboursable ATN/SF/-2357-HA
Projet Développement  Elevage Porcin   PDEP BID/MARNDR


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