dimanche 23 octobre 2011

POURQUOI ENCORE LA PAYSANNERIE COMME BOUC EMISSAIRE DANS LA POLITIQUE DES ENGRAIS?


Pourquoi encore la paysannerie comme bouc emissaire dans la politique des engrais?
MICHEL WILLIAM
22/10/2011

Il y a plusieurs personnes et institutions qui connaissent bien la question de l’Engrais. On peut citer parmi eux ,les agronomes Jacques Alix et  Phyto Blemur, Agro technique, Agri Supply, La Darbouco, les fournisseurs d’engrais qui se partagent les retombées de ses bénéfices sans impact direct sur les zones de production. Ils connaissent tous les problèmes. S’ils échouent dans la proposition de solutions adéquates c’est parce que  l’engrais   comme les élections, comme la constitution a été utilisé  á des fins politiques inavouées  et que le secteur privé des affaires n’a jamais eu dans son agenda une volonté  de libéraliser  le marché de l’engrais, ni de participer au relèvement de l’agriculture .Les cadres techniques du MARNDR pêchent volontairement  dans le diagnostic de la formulation des problèmes et en retour proposent des solutions qui ne conviennent pas  aux besoins des agriculteurs. Les solutions ont été proposées  pour résoudre  des problèmes politiques  liés a la politicaillerie haïtienne  Des solutions ont  été trouvées pour satisfaire les appétits économiques  d’un secteur privé apache. Elles ont été  suivies pendant des année  et ont contribué á   entretenir les organismes d’assistance technique qui vivent de commissions  á  la manière de brokers commerciaux. Elles ont été trouvées comme au temps du ministre Mathieu sur  les conseils de Gille Damas pour plaire á  un club de copains qui sait comment entretenir l’assistance technique pour bénéficier des effets symbiotiques du commerce des engrais.

Depuis 1997,  la question de  l’engrais   escalade annuellement  les portes du parlement haïtien où elle  trouve  le sol idéal non pas pour augmenter la récolte des paysans mais pour résoudre des problèmes électoralistes  liés á  la clientèle ’agricole .Quand elle laisse l’enceinte parlementaire  c’est pour franchir la porte du palais national qui  y met son poids politique  pour démultiplier la clientèle  parasite qui gagne sa vie  en partageant une partie de la subvention, sinon la moitié  née des spéculations lucratives qui y sont liées  en période  de coupure  et de soudure .

En 1978, quand je fus nommé  sur les recommandations du Directeur General, agr Montaigu Cantave, agronome de district dans les Nippes qui avaient pour  chef lieu agricole la ferme de Fonds des Negres, j’avais trouvé  tous les dépôts de la ferme chargée des tonnes d’engrais qui exsudaient de l’eau á  travers les  sacs parce que  les habitants  ne s’en servaient presque pas. Il en était de même dans tout le reste du pays á  l’exception du Sud-Est et du Centre dans les Caféteraies de Thiotte et de Baptiste et dans le maraichage  á Kenskof. La consommation nationale d’engrais, était estimée entre 10 á  15.000 tonnes . Je me rappelle ces incidents qui émaillaient les zones de Jérémie, avec k ;Agronome  Jean baptiste,  (1979-80), plus tard  l’agronome Fromentin , Port-de-Paix avec l’Agronome Charles Joasile ( année 2000 en montant) qui en voulant sauver des tonnes d’engrais qui exsudaient d’eau dans les dépôts , faisaient venir de St Marx des acheteurs qui enlevaient les stocks pour les revendre dans la vallée de l’Artibonite. Les planteurs de banane du Nord-Ouest utilisaient plutôt le limon que charriaient les crues des Trois Rivières qui utilisaient les bananeraies comme  son lit majeur en période cyclonique.

Il n’y avait que trois grandes zones consommatrices d’engrais, : La vallée de l’Artibonite, la zone d Kenskoff et Le sud-Est..L’engrais était arrivé en Haïti á  partir  des prêts ou des dons de la coopération américaine et se faisait á  travers les maisons commerciales  dont la Darbouco, le « Agry-Supply  et  l’AgroTechnique de  Derenoncourt. La  gamme des distributeurs  a été  élargie a la suite de la politique de subvention  de l’engrais du MARNDR en 1997. Disons aussi que l’IDAI longtemps avant avait fait un travail important de vulgarisation sur le coton ,les céréales  et le haricot. L’IDAI allait cesser d’exister et avec sa disparition se  produit une diminution dans la consommation d’engrais.Agronome jean Andre Victor rapporte qu’un expert américain dépêché  pour investiguer les raisons  pour lesquelles les caféiculteurs n’utilisaient pas l’engrais de l’USAID distribuée a GOGO apres  un cyclone ,avait produit comme conclusion que les agriculteurs n’avaient pas un problème d’engrais  mais un problème de café á fertiliser. Il ne voyait les cafeteraies pour lesquelles on avait commande l’engrais  .On y reviendra.

Les premiers importateurs qui dominaient le marché des engrais avant 1997 en  compressaient la demande pour s’assurer d’une offre réduite solvable á travers l’état et plus tard á  travers les ONG devenues leurs principaux clients.

Ce premier diagnostic a été superbement posé par l’équipe de Lavalas  ayant á  sa tête  le ministre Francois Severin qui avait imaginé un processus d’ élargissement de la demande  en instituant une politique de subvention basée sur  la réduction du prix de vente. C’est dans ce sens  que la coopération Japonaise  a été approchée .Le projet KR2 vit le jour .Il consistait d’une aide japonaise en intrants agricoles dont l’engrais allait devenir une partie importante  du don au détriment des machines agricoles qui se rétrécissaient. Cette politique de subvention fit augmenter effectivement la demande et la consommation progressait significativement á  travers les années pour atteindre en 2008 la consommation effective de 25 á  30.000 tonnes d’engrais..Ces trente  mille tonnes provenaient de la vente première d’un don de 10.000 tonnes du projet KR2, puis du recyclage de la vente  subventionnée dans l’achat d’engrais en république Dominicaine.
La consommation allait augmenter avec  l’apport du gouvernement  haïtien comme dans le cas de Mr Sébastien Hilaire, ministre d’Aristide qui cherchait á  utiliser l’engrais comme un moyen détourné d’entretenir la meute des lavalassiens  transformée en  une nouvelle classe commerciale de vendeurs d’engrais. .Il n’y eut pas de vol d’engrais. Cependant une grande partie des profits  de la subvention  allait dans les poches de hordes lavalassiennes Cette politique de subvention anti paysanne  devait avoir  doublé pendant que Damien  ne pouvait concevoir aucune nouvelle politique  publique d’engrais  pour rencontrer la nouvelle  demande  et pour  créer de nouvelles conditions de rationalisation du  marché de la distribution et de la vente d’engrais..
Rappelons au passage, l’étouffement dans l’œuf  par le secteur privé haïtien de deux usines  d’engrais destinées á  élargir l’offre de l’engrais .Un propriétaire  a tout manigancé pour acheter la deuxième usine sise á  Titanyen, et a boycotté la première  usine de composition de plusieurs formules d’engrais ainsi que l’ensachage. Plus tard sur les suites du projet KR2 étaient nés deux  projets d’arrivage en vrac de différents engrais simples  que la « AGRI-Supply et plus tard , la Agro technique  essayaient de gérer au profit de différents sols du pays á partir d’une carte de fertilité des sols réalisée par la  FAMV á  travers le pays. Pour des raisons  qui n’ont pas été  élucidées  pour la paysannerie, Agry Supply  a fermé ses portes et  Agro Technique semblait  ne pas remplir son contrat á  la satisfaction du MARNDR et des attentes des planteurs qui se plaignaient de la texture de l’engrais et du  nombre de marmites que n’accusaient  pas les sacs pesés á 100 livres l’unité. Une explication plausible  de cet écart est la fermeture  du service de Vulgarisation par les apprentis sorciers de Lavalas  qui ne connaissaient pas la lettre V de la vulgarisation.

La seule raison du blocage  comprise par moi de ces usines de mélange  d’engrais  comme analyste  indépendant de politique agricole  était la traditionnelle entente  entre l’état et le secteur privé pour liquider les intérêts de la paysannerie agricole au profit de ceux des strates politico bourgeoises du pays.  .
Avec la fermeture de ces usines  la politique de corruption  des leaders de la révolution anarcho-populiste  á  travers une   subvention prostituée de l’engrais consommée par les paysans  continua de plus belle. Cette politique a  été grevée de nouvelles hypothèques avec l’intervention des organismes d’assistance technique  qui se réservaient les 12 á 14% de commissions du fond japonais en négociant plus facilement l’aide pour le MARNDR. Pour réduire dans des proportions relativement inoffensives la capacité de nuisance du secteur privé des affaires, des quotas d’achat sont donnés aux anciens importateurs d’engrais. Il en est de même du renouvellement du stock avec l’argent recyclé  de la vente  de chaque arrivage original de Kr2  confie aux nouveaux fournisseurs d’engrais. Le secteur privé accusait  le MARNDR de détruire l’initiative privée dans sa politique e subvention et faisait constamment des pressions sur la coopération japonaise pour ne plus financer  cette politique.

Le problème de l’engrais a produit son plus grand écho dans l’Artibonite parce que  la vallée forte de 45.000 has  dont 22 á  25 .000 has  moyennement irrigués, utilise les deux tiers  de l’offre d’engrais. Il est né dans la vallée  une course effrénée au niveau des sénateurs, des députés et des magistrats , pour  intégrer leurs oilles politiques dans le marché de l’engrais subventionné. Le marché de l’engrais constitue pour ce personnel politique  tout parti confondu un pactole que  chaque  élu s’empresse de  partager  pour rétribuer leurs aides de camp de terrain qui devront les assurer de l’indéfectibilité de  la clientèle de vote. Les accusations réciproques du sénateur  Youri Latortue, Willy Jean Baptiste, du député Levoyant Louigène  sont des querelles de Chapelle  qu’il faut explorer avec beaucoup de prudence . Il n’y a jamais eu  de vente d’engrais par aucun élu législatif á  quelque chapelle  politique qu’il appartienne. Il y a toujours au niveau des « parlementeurs » de l’Artibonite un plaisir amer á  s‘invectiver  mutuellement et gratuitement pour se disputer la clientèle électorale.

Il y a toujours eu une propension á   corrompre tous les ministres de l’agriculture  pour avoir des quota de fiches payées  pour distribuer á leurs oilles sur le terrain. Cette question d’engrais a fait tomber après Jean André Victor et Volney Paul, la majorité de superbes directeurs de l’ODVA qui ont dirigé  cet organisme de développement lorsque l’un appuie trop fortement un élu législatif trop loin du pouvoir. Ce genre de scandale gratuit arrive toujours entre les élus de l’Artibonite. C’était le cas récent  de litige verbale opposant le député  Levoyant Louigène  autrefois  privilégié et aujourd’hui faiblement défavorisé auprès du Ministre  Gué  á  cause du changement de président de la république .Ce n’est pas le cas du Louverturien  Youri Latortue qui sait faire des ouvertures partout dans la politique de l’engrais quelque soit le président et qui  a pu s’approprier auprès du ministre sortant  la part relativement faible du stock épuisé.

 Soit dit en passant que le délai trop long dans le renouvellement du stock d’engrais qui a occasionné  cette rareté  tire son origine du blocage de la formation du gouvernement de Mr Martelly . D’une part le gouvernement sortant   ne trouvait pas d’interface auprès du japon pour accélérer les commandes en suspens   et d’autre part,  l’utilisation de l’engrais était passée en deuxième position  dans l’agenda politique du président qui avait d’autres priorités. La dernière commande des 80.000 sacs d’engrais  du président Martelly pour faire baisser le cout de l’engrais participe de sa stratégie de sortir du bourbier paralysant créé par une presse hostile á son endroit et par la longue période de cinq mois de blocage de la formation du gouvernement par le parlement haïtien qui faisait monter les enchères. Elle n’apportera pas de changement véritable dans la politique de l’engrais.

En définitive  on a une  politique de subvention de l’engrais prise en sandwich  par la politique du législatif,  par la politique de l’ exécutif et par le secteur des affaires en tout premier lieu. En second lieu il y a la caste des altermondialistes  proche de fanmi Lavalas qui fait monter la pression dès qu’il y a un problème agricole en prenant fait et cause pour une classe qu’elle connaît á peine ‘Enfin  il y a la montée des prix de l’engrais  sur le marché international. Cette montée des prix internationaux  a fait du programme de   subvention des engrais vieux de 15 années , un objet de convoitise commerciale de la part de certains courtiers qui y voient l’occasion d’amasser rapidement une fortune  sans grand débours commerciaux.. Ajoutée á cela, il y a la volonté manifeste des  gouvernements passés  de se servir de l’engrais pour conditionner leur clientèle politique á  une offre limitée d’engrais au lieu de concevoir une politique intégrée de production et de distribution d’engrais qui verrait s’attribuer au budget de la république  une allocation annuelle permettant  l’achat  régulier de 60.000 tonnes , sans subir l’influence directe du carcan japonais. Nous venons de voir les problèmes politiques. Dans le prochain article on analysera les problèmes techniques .Dans un troisième,  on proposera des pistes de solution.  Attention! Journaliste  non spécialisé de s’abstenir.
NY 22 octobre 2011, Phone 646-420-1852

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