Pourquoi encore la paysannerie comme bouc emissaire dans la politique des engrais?
MICHEL WILLIAM
22/10/2011
Il y a plusieurs personnes et institutions qui connaissent bien la question de l’Engrais. On peut citer parmi eux ,les agronomes Jacques Alix et Phyto Blemur, Agro technique, Agri Supply, La Darbouco, les fournisseurs d’engrais qui se partagent les retombées de ses bénéfices sans impact direct sur les zones de production. Ils connaissent tous les problèmes. S’ils échouent dans la proposition de solutions adéquates c’est parce que l’engrais comme les élections, comme la constitution a été utilisé á des fins politiques inavouées et que le secteur privé des affaires n’a jamais eu dans son agenda une volonté de libéraliser le marché de l’engrais, ni de participer au relèvement de l’agriculture .Les cadres techniques du MARNDR pêchent volontairement dans le diagnostic de la formulation des problèmes et en retour proposent des solutions qui ne conviennent pas aux besoins des agriculteurs. Les solutions ont été proposées pour résoudre des problèmes politiques liés a la politicaillerie haïtienne Des solutions ont été trouvées pour satisfaire les appétits économiques d’un secteur privé apache. Elles ont été suivies pendant des année et ont contribué á entretenir les organismes d’assistance technique qui vivent de commissions á la manière de brokers commerciaux. Elles ont été trouvées comme au temps du ministre Mathieu sur les conseils de Gille Damas pour plaire á un club de copains qui sait comment entretenir l’assistance technique pour bénéficier des effets symbiotiques du commerce des engrais.
Depuis 1997, la question de l’engrais escalade annuellement les portes du parlement haïtien où elle trouve le sol idéal non pas pour augmenter la récolte des paysans mais pour résoudre des problèmes électoralistes liés á la clientèle ’agricole .Quand elle laisse l’enceinte parlementaire c’est pour franchir la porte du palais national qui y met son poids politique pour démultiplier la clientèle parasite qui gagne sa vie en partageant une partie de la subvention, sinon la moitié née des spéculations lucratives qui y sont liées en période de coupure et de soudure .
En 1978, quand je fus nommé sur les recommandations du Directeur General, agr Montaigu Cantave, agronome de district dans les Nippes qui avaient pour chef lieu agricole la ferme de Fonds des Negres, j’avais trouvé tous les dépôts de la ferme chargée des tonnes d’engrais qui exsudaient de l’eau á travers les sacs parce que les habitants ne s’en servaient presque pas. Il en était de même dans tout le reste du pays á l’exception du Sud-Est et du Centre dans les Caféteraies de Thiotte et de Baptiste et dans le maraichage á Kenskof. La consommation nationale d’engrais, était estimée entre 10 á 15.000 tonnes . Je me rappelle ces incidents qui émaillaient les zones de Jérémie, avec k ;Agronome Jean baptiste, (1979-80), plus tard l’agronome Fromentin , Port-de-Paix avec l’Agronome Charles Joasile ( année 2000 en montant) qui en voulant sauver des tonnes d’engrais qui exsudaient d’eau dans les dépôts , faisaient venir de St Marx des acheteurs qui enlevaient les stocks pour les revendre dans la vallée de l’Artibonite. Les planteurs de banane du Nord-Ouest utilisaient plutôt le limon que charriaient les crues des Trois Rivières qui utilisaient les bananeraies comme son lit majeur en période cyclonique.
Il n’y avait que trois grandes zones consommatrices d’engrais, : La vallée de l’Artibonite, la zone d Kenskoff et Le sud-Est..L’engrais était arrivé en Haïti á partir des prêts ou des dons de la coopération américaine et se faisait á travers les maisons commerciales dont la Darbouco, le « Agry-Supply et l’AgroTechnique de Derenoncourt. La gamme des distributeurs a été élargie a la suite de la politique de subvention de l’engrais du MARNDR en 1997. Disons aussi que l’IDAI longtemps avant avait fait un travail important de vulgarisation sur le coton ,les céréales et le haricot. L’IDAI allait cesser d’exister et avec sa disparition se produit une diminution dans la consommation d’engrais.Agronome jean Andre Victor rapporte qu’un expert américain dépêché pour investiguer les raisons pour lesquelles les caféiculteurs n’utilisaient pas l’engrais de l’USAID distribuée a GOGO apres un cyclone ,avait produit comme conclusion que les agriculteurs n’avaient pas un problème d’engrais mais un problème de café á fertiliser. Il ne voyait les cafeteraies pour lesquelles on avait commande l’engrais .On y reviendra.
Les premiers importateurs qui dominaient le marché des engrais avant 1997 en compressaient la demande pour s’assurer d’une offre réduite solvable á travers l’état et plus tard á travers les ONG devenues leurs principaux clients.
Ce premier diagnostic a été superbement posé par l’équipe de Lavalas ayant á sa tête le ministre Francois Severin qui avait imaginé un processus d’ élargissement de la demande en instituant une politique de subvention basée sur la réduction du prix de vente. C’est dans ce sens que la coopération Japonaise a été approchée .Le projet KR2 vit le jour .Il consistait d’une aide japonaise en intrants agricoles dont l’engrais allait devenir une partie importante du don au détriment des machines agricoles qui se rétrécissaient. Cette politique de subvention fit augmenter effectivement la demande et la consommation progressait significativement á travers les années pour atteindre en 2008 la consommation effective de 25 á 30.000 tonnes d’engrais..Ces trente mille tonnes provenaient de la vente première d’un don de 10.000 tonnes du projet KR2, puis du recyclage de la vente subventionnée dans l’achat d’engrais en république Dominicaine.
La consommation allait augmenter avec l’apport du gouvernement haïtien comme dans le cas de Mr Sébastien Hilaire, ministre d’Aristide qui cherchait á utiliser l’engrais comme un moyen détourné d’entretenir la meute des lavalassiens transformée en une nouvelle classe commerciale de vendeurs d’engrais. .Il n’y eut pas de vol d’engrais. Cependant une grande partie des profits de la subvention allait dans les poches de hordes lavalassiennes Cette politique de subvention anti paysanne devait avoir doublé pendant que Damien ne pouvait concevoir aucune nouvelle politique publique d’engrais pour rencontrer la nouvelle demande et pour créer de nouvelles conditions de rationalisation du marché de la distribution et de la vente d’engrais..
Rappelons au passage, l’étouffement dans l’œuf par le secteur privé haïtien de deux usines d’engrais destinées á élargir l’offre de l’engrais .Un propriétaire a tout manigancé pour acheter la deuxième usine sise á Titanyen, et a boycotté la première usine de composition de plusieurs formules d’engrais ainsi que l’ensachage. Plus tard sur les suites du projet KR2 étaient nés deux projets d’arrivage en vrac de différents engrais simples que la « AGRI-Supply et plus tard , la Agro technique essayaient de gérer au profit de différents sols du pays á partir d’une carte de fertilité des sols réalisée par la FAMV á travers le pays. Pour des raisons qui n’ont pas été élucidées pour la paysannerie, Agry Supply a fermé ses portes et Agro Technique semblait ne pas remplir son contrat á la satisfaction du MARNDR et des attentes des planteurs qui se plaignaient de la texture de l’engrais et du nombre de marmites que n’accusaient pas les sacs pesés á 100 livres l’unité. Une explication plausible de cet écart est la fermeture du service de Vulgarisation par les apprentis sorciers de Lavalas qui ne connaissaient pas la lettre V de la vulgarisation.
La seule raison du blocage comprise par moi de ces usines de mélange d’engrais comme analyste indépendant de politique agricole était la traditionnelle entente entre l’état et le secteur privé pour liquider les intérêts de la paysannerie agricole au profit de ceux des strates politico bourgeoises du pays. .
Avec la fermeture de ces usines la politique de corruption des leaders de la révolution anarcho-populiste á travers une subvention prostituée de l’engrais consommée par les paysans continua de plus belle. Cette politique a été grevée de nouvelles hypothèques avec l’intervention des organismes d’assistance technique qui se réservaient les 12 á 14% de commissions du fond japonais en négociant plus facilement l’aide pour le MARNDR. Pour réduire dans des proportions relativement inoffensives la capacité de nuisance du secteur privé des affaires, des quotas d’achat sont donnés aux anciens importateurs d’engrais. Il en est de même du renouvellement du stock avec l’argent recyclé de la vente de chaque arrivage original de Kr2 confie aux nouveaux fournisseurs d’engrais. Le secteur privé accusait le MARNDR de détruire l’initiative privée dans sa politique e subvention et faisait constamment des pressions sur la coopération japonaise pour ne plus financer cette politique.
Le problème de l’engrais a produit son plus grand écho dans l’Artibonite parce que la vallée forte de 45.000 has dont 22 á 25 .000 has moyennement irrigués, utilise les deux tiers de l’offre d’engrais. Il est né dans la vallée une course effrénée au niveau des sénateurs, des députés et des magistrats , pour intégrer leurs oilles politiques dans le marché de l’engrais subventionné. Le marché de l’engrais constitue pour ce personnel politique tout parti confondu un pactole que chaque élu s’empresse de partager pour rétribuer leurs aides de camp de terrain qui devront les assurer de l’indéfectibilité de la clientèle de vote. Les accusations réciproques du sénateur Youri Latortue, Willy Jean Baptiste, du député Levoyant Louigène sont des querelles de Chapelle qu’il faut explorer avec beaucoup de prudence . Il n’y a jamais eu de vente d’engrais par aucun élu législatif á quelque chapelle politique qu’il appartienne. Il y a toujours au niveau des « parlementeurs » de l’Artibonite un plaisir amer á s‘invectiver mutuellement et gratuitement pour se disputer la clientèle électorale.
Il y a toujours eu une propension á corrompre tous les ministres de l’agriculture pour avoir des quota de fiches payées pour distribuer á leurs oilles sur le terrain. Cette question d’engrais a fait tomber après Jean André Victor et Volney Paul, la majorité de superbes directeurs de l’ODVA qui ont dirigé cet organisme de développement lorsque l’un appuie trop fortement un élu législatif trop loin du pouvoir. Ce genre de scandale gratuit arrive toujours entre les élus de l’Artibonite. C’était le cas récent de litige verbale opposant le député Levoyant Louigène autrefois privilégié et aujourd’hui faiblement défavorisé auprès du Ministre Gué á cause du changement de président de la république .Ce n’est pas le cas du Louverturien Youri Latortue qui sait faire des ouvertures partout dans la politique de l’engrais quelque soit le président et qui a pu s’approprier auprès du ministre sortant la part relativement faible du stock épuisé.
Soit dit en passant que le délai trop long dans le renouvellement du stock d’engrais qui a occasionné cette rareté tire son origine du blocage de la formation du gouvernement de Mr Martelly . D’une part le gouvernement sortant ne trouvait pas d’interface auprès du japon pour accélérer les commandes en suspens et d’autre part, l’utilisation de l’engrais était passée en deuxième position dans l’agenda politique du président qui avait d’autres priorités. La dernière commande des 80.000 sacs d’engrais du président Martelly pour faire baisser le cout de l’engrais participe de sa stratégie de sortir du bourbier paralysant créé par une presse hostile á son endroit et par la longue période de cinq mois de blocage de la formation du gouvernement par le parlement haïtien qui faisait monter les enchères. Elle n’apportera pas de changement véritable dans la politique de l’engrais.
En définitive on a une politique de subvention de l’engrais prise en sandwich par la politique du législatif, par la politique de l’ exécutif et par le secteur des affaires en tout premier lieu. En second lieu il y a la caste des altermondialistes proche de fanmi Lavalas qui fait monter la pression dès qu’il y a un problème agricole en prenant fait et cause pour une classe qu’elle connaît á peine ‘Enfin il y a la montée des prix de l’engrais sur le marché international. Cette montée des prix internationaux a fait du programme de subvention des engrais vieux de 15 années , un objet de convoitise commerciale de la part de certains courtiers qui y voient l’occasion d’amasser rapidement une fortune sans grand débours commerciaux.. Ajoutée á cela, il y a la volonté manifeste des gouvernements passés de se servir de l’engrais pour conditionner leur clientèle politique á une offre limitée d’engrais au lieu de concevoir une politique intégrée de production et de distribution d’engrais qui verrait s’attribuer au budget de la république une allocation annuelle permettant l’achat régulier de 60.000 tonnes , sans subir l’influence directe du carcan japonais. Nous venons de voir les problèmes politiques. Dans le prochain article on analysera les problèmes techniques .Dans un troisième, on proposera des pistes de solution. Attention! Journaliste non spécialisé de s’abstenir.
NY 22 octobre 2011, Phone 646-420-1852
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