Bernard Ethéart
HEM, Vol 25, # 38 du 12-18/10/2011
Selon
mon calendrier, le 3 octobre est la journée
internationale de l’eau, mais il y a aussi une journée mondiale de l’eau, célébrée le 22 mars, et je ne sais pas
trop quelle différence ou quel lien il y a entre les deux. Tout ce que j’ai pu
trouver comme information, c’est que Le Gosier (Guadeloupe) accueillera cette année du 2 au 7 octobre, la 10ème édition
des Journées de l’Eau, ainsi que la 20ème conférence annuelle de la Caribbean
Water and Wastewater Association (CWWA). A cette occasion, le 6 octobre se
tiendra une journée d’information et de préparation du 6ème Forum
Mondial de l’Eau qui se tiendra en mars 2012, donc probablement autour le la
journée du 22 mars.
Quoiqu’il
en soit, compte tenu de l’importance de l’eau pour tout ce qui vit, compte tenu
également des problèmes de pénurie d’eau, encore que quelqu’un ait pu
dire : « Je ne comprends pas comment la pénurie d'eau puisse
sévir sur une planète constituée de 75 % d'eau », il n’est
certainement pas superflu de consacrer deux journées à l’étude des problèmes liés à l’eau. L’importance de cette
problématique n’a pas échappé au Président Martelly qui, dans son discours à
l’assemblée générale des Nations Unies, après avoir mentionné la lutte contre
la déforestation et le réchauffement climatique, ajoute : « Que soit
prise en compte sérieusement la problématique de l’eau ».
Je me suis donc
mis en tête, suite à une conversation que j’ai eue avec des amis, de proposer à
notre président un projet qui contribuerait certainement à la prise en compte
de cette problématique. Il s’agirait d’intervenir au niveau des châteaux d’eau.
Bien sur, originellement un château d’eau est un réservoir d’eau surélevé. Mais
par extension, on a pris l’habitude d’appeler château d’eau les massifs
montagneux qui reçoivent beaucoup de précipitations et, par conséquent,
alimentent les rivières qui prennent leur source dans ces massifs. Sans aller
chercher trop loin je veux en citer quatre des plus importants.
Je commence
avec le massif de Marmelade d’où partent,
-
Vers l’ouest, les Trois Rivières, un cours d’eau d’environ 100 km de
long, avec un bassin d’alimentation de 898 km2, qui, après avoir
passe à Plaisance, Pilate, prend la direction nord à partir de Gros Morne et se
jette dans l’Océan Atlantique au niveau de Port-de-Paix ;
-
Vers le nord, la rivière du Limbé ;
-
Vers l’est, le Bouyaha et la Rivière Canot, qui vont se réunir près de
Hinche pour former le Guayamouc qui s’unit à son tour à l’Artibonite. Le bassin
d’alimentation de l’Artibonite couvre 6.000 km2 et tout le monde
connait l’importance de cette rivière, que nous traitons pompeusement de
fleuve, pour l’irrigation de la vallée et de la plaine qui porte son nom (80.000
hectares) et pour l’alimentation de la capitale en énergie électrique.
En second lieu,
je prends le massif de Vallières, d’où part la Grande Rivière du Nord, 85 km de
long, avec un bassin d’alimentation de 680 km2 ; elle doit
normalement servir à irriguer une partie de la Plaine du Nord (44.480 hectares).
En
troisième position, je prendrais le massif de la Selle dont la face nord
alimente
-
La
Rivière Blanche et la Rivière Grise qui arrosent la plaine du Cul-de-Sac (36.400
hectares) ;
-
La
rivière Momance, 437 km2 de bassin d’alimentation, qui arrose la
plaine de Léogane (10.000 hectares).
Pour
finir, le massif de la Hotte, d’où partent
-
vers
le sud, la Grande avine du Sud, qui irrigue la plaine des Cayes (19.750
hectares) ;
-
vers
la nord, la rivière de la Grande Anse, 554 km2 de bassin
d’alimentation ;
-
vers
l’est, la rivière de Cavaillon, 400 km2 de bassin d’alimentation,
qui arrose la plaine de même nom.
Ce
n’est pas par hasard que, dans mon énumération, j’ai mentionné les plaines
irriguées par les cours d’eau descendant de ces châteaux d’eau. En effet, on
peut dire que l’agriculture est, en quelque sorte, en compétition avec la
population pour l’utilisation de la ressource en eau.
Dans
le courant du mois d’août s’est tenue, à Stockholm, la semaine mondiale de l’eau et à cette occasion le Programme des
Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Institut international de
gestion de l’eau (IWMI) on publié un rapport : Une approche de l’eau et de la sécurité alimentaire, qui dresse un
tableau alarmant.
Environ 1 milliard de personnes,
majoritairement issues des pays en développement, sont en sous-nutrition, un
cinquième de la population mondiale lutte encore pour l’accès à l’eau potable. Mais ce n’est pas tout. Avec une démographie mondiale grandissante
et des pratiques agricoles énergivores, la quantité d’eau nécessaire à
l’alimentation mondiale augmentera de 70 % à 90 % d’ici 2050. Et pour
couronner le tout : Par ailleurs, de
nombreuses régions à forte production agroalimentaire, comme les plaines du
nord de la Chine, le Penjab en Inde ou le grand Ouest américain, ont atteint ou
dépassé la limite de leurs ressources en eau. Sans compter que le changement
climatique menace d’accentuer les problèmes de sécheresse et d’inondations.
J’espère
que j’aurai convaincu mes lecteurs de la nécessité d’investir dans la
couverture végétale de nos châteaux d’eau et que parmi ces lecteurs il y en
aura qui occupent des positions importantes dans les milieux qui décident de
l’orientation des investissements. Je suis parfaitement conscient qu’il va
s’agir de montants très importants, mais je demeure persuadé qu’ils seront plus
utiles sur les châteaux d’eau que dans la construction d’une capitale-vitrine.
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