L'Apôtre de la Réconciliation Nationale
Jean Erich René
erichrene@bell.net
Ottawa/Canada
15 octobre 2011

Recoudre les tissus en lambeaux de la Nation est une entreprise de grande envergure qui exige la force d’un bélier. Les conflits qui fragilisent la sécurité publique exigent le concours de tous les acteurs de la scène politique. Au début de ce 21e siècle l’entreprise politique la plus audacieuse consiste à concevoir la reconstruction d’Haiti sans aucun esprit de chapelle. Nous entendons par là:

- l’intégration des structures physiques détruites par le Tremblement de terre,

- un nouvel aménagement du Territoire,

- la résolution irréversible des conflits politiques internes qui ont sapé les fondements de la Nation.

Cette initiative vraiment pharaonique ne saurait être l’oeuvre exclusive du Nouveau Chef d’Etat. Cependant il en demeure le principal architecte et il ne revient qu’à son Gouvernement d'en dessiner le croquis.

Les Présidents Martelly et Aristide

L'heure de la réconciliation nationale sonne à l'horloge de l'histoire. C'est le moment d'en profiter avant qu'il ne soit trop tard. L'inclusion est une condition indispensable à la consolidation du Pouvoir en place et à la Stabilité du pays. La scène politique haitienne, après les élections du 20 mars 2011, ne peut plus être perçue en termes de défaite et de victoire. C'est de préférence le moment d’une nouvelle prise de conscience nationale. Nous devons tirer d'enrichissantes leçons des erreurs du passé. De leurs tombes remontent les voix de nos journalistes, de nos amis et de nos parents tombés sous les gouvernements successifs. L'oubli n'est pas la bonne prescription, la vengeance non plus. Cependant il nous faut franchir un nouveau cap afin d'éviter aux générations présentes et futures l'horreur du cycle de la violence. En rencontrant le Leader de la Famille Lavalas, cette semaine à Tabarre, le Président Michel Martelly vient d'apaiser l'inquiétude de ses partisans et décréter tacitement la paix dans les rues et les coeurs. Vivre ensemble de manière harmonieuse malgré nos différences, tel est le symbolisme de cet acte.

    Les Présidents Martelly et Duvalier

Le retour successif et inattendu de deux Présidents Haitiens avant les élections est un avertissement clair et précis des dieux tutélaires de la race pour crier à nouveau : "L’Union fait la force", si nous voulons compter encore comme nation du Monde.  C'est le socle sur lequel repose notre souveraineté.
- Pour s’unir on doit commencer par se réunir
- Pour se réunir il faut d’abord se pardonner
- Mais pour pardonner sans rancune, il faut au moins connaître la vérité.

Les Présidents Martelly et Avril

Les familles haitiennes sont ensanglantées, déchirées par le Démon de la politique. L'exil est impie pour tout le monde même pour nos Chefs d' Etat qui l’ont imposé à leurs ennemis politiques. Fort de ce revirement spectaculaire nous devons réconcilier la Nation avec elle-même, dans un esprit d’inclusion, afin d’assumer la totalité de l'Histoire Nationale. Dans cet esprit de combitisme tout le monde doit être invité à la table des convives dans l’ordre, la discipline et le respect des Lois de la République.

Point n'est besoin de chercher un prétexte pour refuser de participer à la rédaction de cette belle page d’histoire. Les débats autour de l’inclusion par le biais de la réconciliation sont définitivement ouverts. Il nous faut coûte que coûte tourner le dos à ce passé d’exclusion opposant les fils d’une même nation en laissant seulement la porte de l’exil à nos Présidents et le silence du cimetière à leurs opposants. Une telle attitude est une plaie ouverte, favorable à la pénétration des Forces Etrangères dont les solutions ne sont jamais satisfaisantes. Au nom de tous nos fils et de toutes nos filles tombés sous des balles assassines, au nom des 4/5 qui croupissent encore dans la misère et la crasse l’Opération de Réhabilitation Nationale par l’inclusion est désormais lancée.

Le Dialogue National tant préconisé, il y a belle lurette par Turneb Delpé, est le premier pas à franchir pour dissiper les doutes engendrés par un jeu politique malsain, deux fois séculaire, de nos dirigeants successifs. C’est l’occasion de passer blanche éponge sur les erreurs graves commises. Un consensus national doit être trouvé par les Principaux Acteurs Politiques et la Société Civile autour de certains dossiers brûlants afin de réconcilier la nation avec elle-même. La Constitution de 1987 bannit l’exil. Quelle que soit leur appartenance politique, au moment voulu tous les Haitiens et toutes les Haitiennes sont invitées à regagner leur patrie commune. Effaçons le tableau, recommençons à zéro, conseillait longtemps déjà, le sage Général Raoul Cédras.

Les Présidents Martelly et Boniface

Ces signaux de détente politique nous permettront d’aborder le cap du développement économique d’Haïti en créant un climat favorable aux investissements étrangers. L’effet le plus salutaire de l’inclusion serait d’offrir à cette jeunesse appelée à assurer la relève, des échantillions d’hommes et de femmes sur lesquels ils peuvent se modeler pour maintenir vivace le flambeau de la continuité nationale. La crise politique aigue qui divise Haiti ne nécessite nullement la présence étrangère. Les interventions onusiennes jusqu’à présent n’ont pas pu pacifier la Nation. Au contraire l’orgueil national est blessé et notre souveraineté est en danger. La solution la plus efficace et la plus efficiente c’est la réconciliation des frères et des soeurs ennemis grâce à une politique d’inclusion.

Nous saluons avec optimisne la décision du 56e Président d’Haïti Joseph Michel Martelly d’amnistier les Présidents Jean Claude Duvalier et Jean Bertrand Aristide, selon une entrevue exclusive donnée à Vincent Marissal, publiée le 18 avril 2011 sur Cyberpresse.ca .La magnanimité de ce geste d’amour va mettre définitivement fin à un passé odieux tout en contribuant à transformer Haiti en une terre de respect des valeurs, de tolérance, de paix, de dialogue et de civilisation. 

Le 56e président d’Haiti inaugure sa politique, sous d’heureux auspices, en puisant sa force dans l’unité de la nation afin de triompher des grandes épreuves qui depuis près de deux siècles ne font que saper ses fondements. Il est en train d'écrire une nouvelle page d’histoire qu'il doit parfaire en visitant les Présidents Préval et Manigat. Une telle initiative est de nature à nous prémunir contre les tentatives de déculturation de la nation haitienne et de sa mise sous tutelle étrangère.Ce faisceau de lumière qu’il projette sur notre passé ténébreux va non seulement mettre fin à plus d’un demi-sièche de chicanes politiques destabilisatrices et rétrogrades mais encore nous habiliter à entamer le cap de la reconstruction d’Haïti avec plus d’optimisme.

           Par ce signe tu vaincras

Il faut définitivement enterrer la hache de guerre, bannir l’esprit de vengeance qui a entrainé ce pays au bord de l’abîme au point d’attirer l’attention de la Communauté Internationale qui a dû dépêcher ses troupes sur place pour éviter que les frères ennemis ne s’entredéchirent. Nous avons tous vécu dans notre chair et dans notre sang, à un degré ou à un autre, des heures dramatiques qui ont failli basculer le pays dans le chaos total. Il est urgent de fermer ces tristes pages d’histoire. La solution ne réside pas dans les procédures judiciaires longues et éreintantes qui vont envenimer davantage la situation socio-économique d’Haiti. Nous n'avons pas besoin d'Amnesty International pour régler nos différends. Nous appartenons à la grande famille de cette race d'hommes qui se sont concertés pour:

- enclencher la première révolte d'esclaves afin de briser leurs chaines

- fonder la première Nation noire indépendante du Monde

- participer à la bataille de Savanah et signer l'acte de naissance des USA

- porter notre aide tant physique que moral au Libertador Simom Bolivar

Le Président Joseph Michel Martelly vient de renouer avec notre passé de gloire en lançant cette semaine une tournée chez  les anciens Chefs d’Etat d’Haiti. Par ce geste il vient de lâcher la colombe de la paix. Il projette d'organiser une Table Ronde des Anciens Chefs d’Etat  afin de réfléchir ensemble  sur les grands problèmes nationaux et  les inviter à signer le Pacte de la Réconciliation Nationale. Par cet acte magnanime, le Président Michel Martelly rééditera le Congrès de l'Arcahaie et renouvellera l'Acte de l'Indépendance d'Haiti en cautionnant, par le fait même, le départ subséquent de la Minustah. Ce sera un moment émouvant et une date charnière de l’histoire nationale. Le Président Michel Martelly entrera dans l'Histoire comme l'Apôtre de la Réconciliation Nationale.

Jean Erich René

erichrene@bell.net

  Ottawa/Canada

  15 octobre 2011