samedi 19 juin 2010

Rupture politique complète

Rupture politique complète

Jean Erich René

Malgré les acrobaties du 55e Président d’Haïti, l’usure de son pouvoir est irréversible. Après deux mandats vains et stériles, il n’arrive pas à répondre aux demandes socio-politiques haïtiennes. L’ironie du sort c’est qu’il entraine sans sa chute les leaders traditionnels frappés d’obsolescence par la conjoncture, faute d’audience. Pour n’avoir pas assuré la relève, leurs Partis politiques palissent après leurs décès . Ils sont tous des Secrétaires Généraux A Vie. Au moins Aristide a eu la décence de cautionner sa pérennité dans le statut de Lafanmi Lavalas. Nos Chefs de Partis prennent la fière allure du Mapou qui ne tolère aucun sous-bois. En effet, ils trônent à la source de nos courants politiques sans jamais penser à la finitude de leur existence. A cause de leur égocentrisme nos formations politiques, lancées le vent en poupe, sont marginalisées.



La pauvreté qui accable actuellement le peuple n’accorde aucune marge de manoeuvre aux hommes politiques traditionnels sans aucun plan de gouvernement, ni recette de cuisine pour donner à manger, aucune politique de logement etc. Ils montent presque tous sur le cheval de Dessalines ou de Pétion pour entrer au Palais National. D’autres laissent pousser leurs barbes pour singer Castro et enfourcher le socialisme. Depuis le 12 Janvier 2010 les masques sont définitivement tombés puisque la solidarité sociale n’est pas au rendez-vous. Sans l’assistance étrangère tout azimut la situation serait pire. Maintenant il n’est plus question de convoquer le peuple sur le béton, il y est déjà. La politique de la violence a atteint son point culminant. L’exclusion n’est plus de mise. Notre force réside dans la tolérance et l’alternance du pouvoir.

 

Nous avons une seule issue possible: des élections libres et honnêtes. En effet, le suffrage universel est le guide le plus sûr pour réconcilier la Nation avec elle-même. Cette inclinaison morbide à confisquer le pouvoir au profit d’une clique est la source de nos déboires . Il faut révoquer cette attitude de coquin et favoriser l’éclosion du pluralisme politique en Haïti. La machine économique haitienne est bloquée par cette politique d’exclusion au profit d’une clique qui, à chaque période de l’histoire, contourne la machine étatique, détourne les deniers publics à leur seul profit. Elle ne paie pas d’impôt ou bien jouit d’un congé fiscal. De telles attitudes fragilisent la capacité d’intervention des organes étatiques au niveau des infrastructures indispensables au développement du pays.

 

Quand les intérêts de la mafia sont associés à la direction des affaires de l’Etat, toutes les pirouettes sont envisageables pour garder la poule aux oeufs d’or sur son nid, même les élections frauduleuses. En une telle occurrence, le bulletin de vote et le processus électoral n’ont que des valeurs marchandes.Ils ne traduisent plus la volonté populaire puisqu’ils sont dirigés dans le sens des intérêts de ses commanditaires. Dans ce cas, les plus corrompus sont les plus qualifiés pour siéger au CEP. Ce phénomène qui ne passe jamais inaperçu consacre l’illégitimité du Gouvernement, tout en entrainant, la remontée des revendications populaires. Ainsi s’élève le cri dl’insatisfaction des besoins fondamentaux des masses culminant vers l’éclatement social. Malheureusement nos hommes politiques n’ont tiré aucune leçon du passé. Avec la routine du pouvoir ils finissent toujours par perdre de vue les droits inaliénables de leurs administrés.



Les données de l’heure dépassent l’entendement des hommes politiques traditionnels. Notre population qui avant le 12 janvier 2010 était estimée à 1.945.000 habitants, atteindra en 2030: 16 millions, selon les données publiées par l’IHSI ou Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique. Le taux de chômage qui était de 67% augmente davantage. La jeunesse haitienne est confrontée à un problme aigu de chômage. Elle n’a point d’oreilles pour entendre la belle parlure ponctuée de citations latines et grecques de nos leaders: politiques déphasés: Les concepts de: nationalisme, souveraineté, indépendance, double citoyenneté deviennent aberrantes à leurs oreilles. Cette catégorie générationnelle qui a vécu les crises aigues de notre histoire de peuple, doute de tout.

 

Le clientélisme, le népotisme et la corruption qui entâchent tous les paliers du Gouvernement leur inspirent un sentiment de dégoût tout en les confinant dans une attitude de défiance envers la classe politique contemporaine qu’elle rejette en bloc à tort ou à raison. La Gauche et la Droite, c’est du pareil au même. En effet, tribord et babord débordent de ravageurs et de grands mangeurs.. Avec le populisme ou l’élitisme c’est le même scénario d’un gang de copains jouissant des mêmes privilèges, tandis que le peuple mange la fiente Changer de patronymes politiques n’améliorent pas les données existencielles. Bô Tab, Lespwa, Inité, même amour!

  

La Classe Moyenne haitienne n’existe plus, conformément au rêve des disciples d’Emmannuel Mournier d’une Société sans classe. Après 24 ans de déchouquage, de persécution, de révocation achevés par le Tremblement de Terre du 12 Janvier 2010, la Société haïtienne est déboussolée. Tout le monde couche dans les rues sous des tentes. Pas d’emploi, aucune source de revenu, sinon que les transferts de la diaspora. La noblesse , le Clergé et le Tiers Etat n’ont aucune alternative à la précarité de leur existence, selon la logique du "nager pour sortir." .Personne ne sait de quel côté est placé le volant du Gouvernement qui, d’ailleurs, ne remplit acune fonction vitale ni ne jouit d’aucune crédibilité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’accouchement par Césarienne de la CIRH, le jeudi 17 Juin 2010, confirme son anémie falciforme diagnostiquée par l’absence des Bailleurs de Fonds Internationaux. Où sont les 11 milliards budgétés?

 

Un Gouvernement de Transition est souhaitable. La Communauté Internationale refuse de délier les cordons de la bourse pour les élections et la Reconstruction d’Haiti. La nomination des représentants sur place des Organismes internationaux comme membres de la CIRH trahit la frilosité des donateurs internationaux et leur refus catégorique de collaborer avec le régime en place, accusé des 7 péchés capitaux. Il devient impossible pour Préval de remonter la pente, au moyen d’élections truquées. Il faut mobiliser les énergies en vue de la démocratisation de nos structures étatiques. La réforme de l’Etat Haitien selon les normes posées par le PSSN est incontournable. Pour répondre aux desiderata de la génération contemporaine, il faut une autre culture politique. Les rideaux doivent être tirés sur ce passé honteux entretenu par nos leaders politiques traditionnels transformant leurs Partis en Biens Familiaux Indivis. Compte tenu des conditions socio-économiques présentes, la rupture politique est complète

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