jeudi 10 juin 2010

Du Cap à Haïti : l’innovation au service des populations dans les zones de conflit

Du Cap à Haïti : l’innovation au service des populations dans les zones de conflit

Stanley Lucas

9 juin 2010

États touchés par un conflit.
Environ 2 000 participants au concours ont voté en ligne pour sélectionner les finalistes.
Les projets finalistes sont variés, de l’exploitation des nouvelles technologies pour améliorer la gouvernance et la fourniture de services, à l’utilisation des médias pour laisser les populations s’exprimer.
Le 7 juin 2010 – Un grand nombre d’innovateurs sociaux et d’acteurs de la paix venus du monde entier étaient réunis au mois d’avril au Cap (Afrique du Sud) pour partager des approches innovantes en faveur des populations vulnérables prises sous des tirs croisés dans des conflits à répétition.
Organisée par l'Institut de la Banque mondiale (WBI) et consacrée à la recherche de solutions dans les situations de conflit et de fragilité, la Foire à l'innovation a rassemblé équipes de projet, experts, entrepreneurs sociaux, développeurs logiciels, ainsi que donateurs potentiels, pour explorer une sélection de 32 projets. Le processus de sélection a présenté la particularité de combiner le vote d’un jury d'experts et celui des internautes.
Leonard Doyle figure parmi les « innovateurs » finalistes. Son projet – unfreedmedia.org (a) – propose de nouvelles manières de faire entendre la voix des journalistes dans un contexte marqué par d'importantes restructurations dans l'industrie des médias et l’aggravation de la censure dans certaines zones. Cette semaine, M. Doyle ira à Haïti pour démarrer un projet de responsabilité sociale, qui est le fruit direct de ce qu'il a appris au Cap.
« La Foire à l'innovation m'a ouvert des perspectives radicalement nouvelles sur ce que je peux faire à titre personnel pour changer les choses », a indiqué l’ancien correspondant à l’étranger du quotidien britannique The Independent.
« Plus encore, elle m'a montré à quel point le libre accès aux données, le crowdsourcing, la visualisation cartographique et les médias sociaux peuvent révolutionner le journalisme. D'ici la fin de la semaine, je vivrai sous une tente à Port-au-Prince, et je tâcherai de combiner journalisme professionnel et journalisme citoyen pour aider les Haïtiens à reconstruire leur pays. »
Utiliser les technologies pour améliorer la gouvernance
Pour le WBI, la Foire à l'innovation a été l’occasion de recourir pour la première fois au crowdsourcing, cette pratique consistant à faire appel aux contributions et à la participation des internautes. Quelque 2 000 participants ont ainsi pu examiner les 224 projets soumis au concours, les commenter et les départager en votant.
Dans nombre des projets finalistes, l’innovation porte sur l’utilisation des nouvelles technologies pour améliorer la gouvernance et la fourniture de services de base. C’est le cas du projet Map Kibera, (a)qui met au point la première carte détaillée et numérisée de Kibera, bidonville tentaculaire de Nairobi où 1 million de personnes vit sans eau, sans installations sanitaires ni autres services de base.
Les projets couvrent une variété de domaines et de terrains : améliorer la fourniture de services juridiques en Éthiopie ; connecter des communautés rurales au Sri Lanka via les systèmes de communication électroniques, soutenir le maintien de la paix au Népal, ou encore superviser les élections dans 24 pays africains.
Axé sur le multimédia, le projet Voices Beyond Walls (a) (« Des voix au-delà des murs ») s’adresse quant à lui à la jeunesse des camps de réfugiés palestiniens – à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est – avec la mise en place d’un programme d’ateliers artistiques (écriture, théâtre, poésie, photographie, vidéo numérique, musique). Pour Nitin Sawhney, à l'origine de cette initiative, ce projet permettrait aux jeunes « d'exprimer leurs propres points de vue sur l'histoire et la culture » et de mieux vivre les conditions de conflit.
Originaires d'Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, d'Asie du Sud, d'Europe et d'Asie centrale, ainsi que d'Amérique latine et des Caraïbes, les participants ont pu utiliser les ressources du site Ning (a) créé à l’occasion de la Foire pour interagir en ligne : blog, partage de photos, consultation du fil Twitter de la Foire. Le blog Development Marketplace (a) a également accueilli les réflexions des participants.
La Foire de l’innovation a été co-organisée par le Rapport sur le développement dans le monde, dont l’édition 2011 est consacrée au thème « Conflits, sécurité et développement », par l'Institut d'études de sécurité (a), un groupe de réflexion basé en Afrique du Sud et dont les recherches visent à améliorer la sécurité humaine en Afrique, et par Development Marketplace, un programme compétitif de subventions créé en 1998, administré et en partie financé par la Banque mondiale.
Pour Sarah Cliffe, codirectrice du Rapport sur le développement dans le monde, cet évènement a permis de faire entendre les innovateurs et les acteurs sociaux engagés dans des pays vulnérables aux conflits.
Elle souligne « avoir entendu de nombreuses voix courageuses et beaucoup appris sur la manière dont des individus, seuls ou en groupes, sont capables d’expérimenter des approches novatrices en matière de prévention de la violence et de fourniture de services dans des environnements peu sûrs ».
Prochaines étapes : discussions avec les donateurs
Selon Egbe Osifo-Dawodu, conseillère en pratiques innovantes au WBI et organisatrice de la Foire, les premiers résultats issus du rassemblement du Cap semblent prometteurs.
Plusieurs finalistes ont conclu un partenariat avec « Global Youth Anti-Corruption Network » (un réseau international de lutte contre la corruption soutenu par le WBI). Un autre groupe de finalistes a lancé un comité technique pour piloter un projet de développement des capacités humaines en faveur des communautés et des jeunes vivant dans les régions fragiles d'Afrique occidentale. Un autre projet a été présenté lors d'une importante conférence internationale sur la formation en ligne qui s'est tenue en Zambie au mois de mai. Et l'initiative de journalisme citoyen en Haïti menée par Leonard Doyle démarre cette semaine.
Pour un grand nombre de ces projets, la prochaine étape consiste à élaborer un plan d’activités à l’aide des outils fournis par le programme « Global Social Benefit Incubator » (a) de l'Université de Santa Clara. Grâce à la visibilité que leur a fournie la Foire à l’innovation, certains projets sont actuellement en cours de discussion avec des donateurs potentiels.
Enfin, compte tenu du succès de l’expérience, Development Marketplace prévoit d'étendre son utilisation de l’exploration en ligne en faveur de l'innovation internationale. À l'autonome 2010, le programme lancera son premier concours international « Apps for Development » (« Applications en faveur du développement »).

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