lundi 6 janvier 2014

La conférence de Varsovie



La conférence de Varsovie
Bernard Etheart
Du 11 au 22 novembre s’est tenue à Varsovie (Pologne) la 19ème Conférence des Parties (COP19) de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (Ccnucc). Quelque 190 Etats se sont réunis afin de progresser vers l'accord mondial contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dont la signature est prévue pour fin 2015.
Climat : la conférence de Varsovie s'est achevée sur un compromis de dernière minute
C’est un peu comme un rituel ; chaque année, aux environs de la journée mondiale pour le climat, qui est célébrée le 4 novembre, la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (Ccnucc) organise une Conférence des Parties qui doit aboutir à un accord devant remplacer le Protocole de Kyoto de 1997. C’est ainsi qu’on a eu la Conférence de Bali (Indonésie), en 2007, celle de Poznan (Pologne), en 2008, celle de Copenhague (Danemark), en 2009, puis Cancun (Mexique) en 2010, Durban (Afrique du Sud) en 2011 (voir La conférence de Durban HEM, Vol. 25 # 47 du 14-20/12/11) et Doha (Qatar), en 2012 (voir Doha, encore une déception HEM Vol. 26 # 47 du 12-18/12/2012).
Pour cette année, l’enjeu était d’importance. En effet, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (Pnue) venait tout juste de publier un rapport expliquant une nouvelle fois que, faute d'engagements ambitieux, les chances de contenir le réchauffement climatique à 2°C au cours du siècle, conformément à l'engagement pris à Copenhague (Danemark) en 2009, diminuent sensiblement à mesure que le temps passe. De même, et comme chaque année, l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) annonçait que la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre (GES) a atteint de nouveaux records.
Or, comme le signale un rapport de la Banque Mondiale, publié en marge de la conférence, à mesure que les conditions climatiques mondiales continuent d'évoluer, les coûts et les dommages occasionnés par les phénomènes climatiques extrêmes dus au réchauffement planétaire ne cessent d'augmenter. Tous les pays sont frappés, mais les pays en développement sont ceux qui pâtissent le plus des vies perdues ou brisées par les inondations, les épisodes de sécheresse et les tempêtes de plus en plus catastrophiques. Ce rapport, intitulé « Renforcement de la résistance aux chocs climatiques : intégrer la dimension climatique et les risques de catastrophes dans les plans de développement », se penche sur les effets graduels du changement climatique sur l'élévation du niveau de la mer, la salinisation des sources d'eau douce et les épisodes de sécheresse, ainsi que sur les événements climatiques extrêmes comme les inondations, les vagues de chaleur et les cyclones.
Pourtant la conférence a bien failli tourner mal. Comme toutes celles qui l’ont précédées, elle était dominée par les divergences entre les pays dits émergents, que l’on désigne sous l’acronyme BASIC, pour Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine, qui réclament le droit de s’industrialiser à leur tour en utilisant les énergies fossiles, et les pays industrialisés, Etats-Unis et Union européenne, qui estiment que le temps est venu pour ces nouveaux grands émetteurs de GES, en particulier la Chine et l’Inde, de prendre leurs responsabilités et ne veulent plus assumer seuls des engagements contraignants comme c’était le cas dans le Protocole de Kyoto.
Il y a plus ; le gouvernement polonais, qui assure la présidence de cette COP ne s'est pas caché de sa politique pro-charbon et pro-gaz de schiste en organisant en marge de la conférence un "Sommet du charbon et climat". Le gouvernement japonais a annoncé qu'il voulait transformer son objectif de réduction de ses émissions passant de -25 % à +3,1 %. Le gouvernement australien, de son côté, annonçait qu'il voulait affaiblir sa politique climatique.
Tout cela a conduit à un fait inhabituel : des associations internationales telles que Greenpeace, Les Amis de la Terre, le WWF (World Wildlife Fund), Oxfam ou encore la Confédération syndicale internationale ont quitté les négociations, déclarant ne rien attendre de cette "mascarade" "afin de consacrer leur temps et énergie à d'autres sujets". Pour le Réseau Action Climat, coalition d'ONG qui fait partie de celles qui ont claqué la porte des négociations le 21 novembre, « les pays sont venus à Varsovie sans la moindre envie de renforcer l'ambition climatique, pourtant indispensable ».
Finalement, la négociation a abouti à une nouvelle version du « compromis de Durban » (Afrique du Sud) où, en 2011, les 195 membres de la Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques se sont donné quatre ans pour parvenir à un accord mondial qui impliquera désormais tous les grands pays pollueurs, au Nord comme au Sud, et non plus les seuls pays occidentaux. Avec vingt-quatre heures de retard, les délégués, épuisés par les nuits sans sommeil, ont adopté un accord qui, du bout des lèvres, engage pays du Nord comme du Sud à s'orienter vers des « contributions » à la lutte contre le changement climatique d'ici à 2015, année fatidique où la COP 21 devra adopter, à Paris, un nouvel accord international prenant le relais du Protocole de Kyoto.
Miami, le 6 janvier 2014
Bernard Ethéart


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