La
conférence de Varsovie
Bernard Etheart
Du 11 au 22
novembre s’est tenue à Varsovie (Pologne) la 19ème Conférence des Parties
(COP19) de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
(Ccnucc). Quelque 190 Etats se sont
réunis afin de progresser vers l'accord mondial contraignant de réduction des
émissions de gaz à effet de serre (GES) dont la signature est prévue pour fin
2015.
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C’est un peu
comme un rituel ; chaque année, aux environs de la journée mondiale pour
le climat, qui est célébrée le 4 novembre, la Convention-Cadre des Nations Unies
sur les Changements Climatiques (Ccnucc)
organise une Conférence des Parties qui doit aboutir à un accord devant
remplacer le Protocole de Kyoto de 1997. C’est ainsi qu’on a eu la Conférence
de Bali (Indonésie), en 2007, celle de Poznan (Pologne), en 2008, celle de
Copenhague (Danemark), en 2009,
puis Cancun (Mexique) en 2010, Durban (Afrique du Sud) en 2011 (voir La conférence de Durban HEM, Vol. 25 # 47 du 14-20/12/11) et Doha (Qatar), en 2012
(voir Doha,
encore une déception HEM Vol. 26 # 47 du
12-18/12/2012).
Pour cette année, l’enjeu était d’importance. En
effet, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (Pnue) venait tout juste de publier un rapport expliquant une nouvelle fois
que, faute d'engagements ambitieux, les chances de contenir le réchauffement
climatique à 2°C au cours du siècle, conformément à l'engagement pris à Copenhague
(Danemark) en 2009, diminuent sensiblement à mesure que le temps passe. De
même, et comme chaque année, l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) annonçait
que la
concentration atmosphérique en gaz à effet de serre (GES) a atteint de nouveaux
records.
Or, comme le
signale un rapport de la Banque Mondiale, publié en marge de la conférence, à
mesure que les conditions climatiques mondiales continuent d'évoluer, les coûts
et les dommages occasionnés par les phénomènes climatiques extrêmes dus au
réchauffement planétaire ne cessent d'augmenter. Tous les pays sont frappés,
mais les pays en développement sont ceux qui pâtissent le plus des vies perdues
ou brisées par les inondations, les épisodes de sécheresse et les tempêtes de
plus en plus catastrophiques. Ce rapport, intitulé « Renforcement de la
résistance aux chocs climatiques : intégrer la dimension climatique et les
risques de catastrophes dans les plans de développement », se penche
sur les effets graduels du changement climatique sur l'élévation du niveau de
la mer, la salinisation des sources d'eau douce et les épisodes de sécheresse,
ainsi que sur les événements climatiques extrêmes comme les inondations, les
vagues de chaleur et les cyclones.
Pourtant la conférence a bien failli tourner mal.
Comme toutes celles qui l’ont précédées, elle était dominée par les divergences
entre les pays dits émergents, que l’on désigne sous l’acronyme BASIC, pour
Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine, qui réclament le droit de s’industrialiser
à leur tour en utilisant les énergies fossiles, et les pays industrialisés,
Etats-Unis et Union européenne, qui estiment que le temps est venu pour ces nouveaux
grands émetteurs de GES, en particulier la Chine et l’Inde, de prendre leurs
responsabilités et ne veulent plus assumer seuls des engagements contraignants
comme c’était le cas dans le Protocole de Kyoto.
Il y a plus ; le gouvernement polonais, qui
assure la présidence de cette COP ne s'est pas caché de sa politique
pro-charbon et pro-gaz de schiste en organisant en marge de la conférence un
"Sommet du charbon et climat". Le gouvernement japonais a annoncé qu'il voulait
transformer son objectif de réduction de ses émissions passant de -25 % à +3,1 %.
Le gouvernement australien, de son côté, annonçait qu'il voulait affaiblir sa
politique climatique.
Tout cela a
conduit à un fait inhabituel : des associations internationales telles que
Greenpeace, Les Amis de la Terre, le WWF
(World Wildlife Fund), Oxfam ou
encore la Confédération syndicale
internationale ont quitté les négociations, déclarant ne rien attendre de
cette "mascarade" "afin de consacrer leur temps et
énergie à d'autres sujets". Pour le Réseau Action Climat, coalition d'ONG qui fait partie de celles qui
ont claqué la porte des négociations le 21 novembre, « les pays sont
venus à Varsovie sans la moindre envie de renforcer l'ambition climatique,
pourtant indispensable ».
Finalement, la négociation a abouti à une nouvelle
version du « compromis de
Durban » (Afrique du Sud) où, en 2011, les
195 membres de la Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques
se sont donné quatre ans pour parvenir à un accord mondial qui impliquera
désormais tous les grands pays pollueurs, au Nord comme au Sud, et non plus les
seuls pays occidentaux. Avec vingt-quatre heures de retard, les délégués, épuisés
par les nuits sans sommeil, ont adopté un accord qui, du bout des lèvres,
engage pays du Nord comme du Sud à s'orienter vers des
« contributions » à la lutte contre le changement climatique d'ici à
2015, année fatidique où la COP 21 devra adopter, à Paris, un nouvel accord
international prenant le relais du Protocole de Kyoto.
Miami, le 6 janvier 2014
Bernard Ethéart
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