mardi 23 avril 2013

L'ECONOMIE VERTE, UNE AGRICULTURE MODERNE



« L’économie verte » (9)
Une agriculture moderne
Bernard ETHEART
La semaine dernière, une erreur s’est glissée au moment de la mise en page du journal (voir HEM Vol. 27 # 13, du 17-23/04/2013) et le titre imprimé est celui de la semaine précédente. Le vrai titre était « L’économie verte » (8) Gare à l’accaparement des terres. Il s’agissait d’une mise en garde contre ces « investisseurs » qui n’ont rien d’autre en tête que de tirer profit des opportunités que leur offre notre « naïveté » pour développer des cultures qui répondent à leurs propres besoins, au détriment d’une agriculture « nationale ».
On peut évidemment se poser la question de savoir ce qu’est une agriculture nationale. Je pense que la réponse serait : une agriculture qui nous permet de faire face aux grandes priorités auxquelles nous sommes confrontés :
-          La sécurité alimentaire,
-          La création d’emplois,
-          La protection de l’environnement.
Quand on sait que un des facteurs de la sécurité alimentaire, est la disponibilité des aliments, et qu’on ajoute à cela le fait que notre agriculture couvre tout juste la moitié des besoins du pays, on arrive tout de suite à la conclusion logique qu’il y a urgence à augmenter la production d’aliments. A partir de là, on permettra au non-agronome que je suis de faire appel à une équation d’un haut cadre du MARNDR selon laquelle la production est fonction de productivité x superficie + réduction des pertes.
Pour le non initié cela veut dire que, si nous voulons augmenter la production, il nous faut soit augmenter la productivité de l’agriculture, soit augmenter les surfaces cultivées, mais à tous les coups réduire les pertes.
Quand on parle de productivité, les bons esprits se lancent immédiatement dans une critique de notre agriculture « archaïque » et réclament, avec des trémolos pathétiques, une modernisation de l’agriculture en vue de l’intensification de la production. Mais qu’entendent-ils par modernisation ?
La modernisation consisterait à importer des modèles dont on dit à tort qu’ils auraient prouvé leur efficacité ailleurs. Moderniser ce serait établir de vastes entreprises agricoles consacrées à la culture d’un seul produit, avec une forte mécanisation, et utilisant des intrants industriels : engrais et pesticides chimiques, semences génétiquement modifiées, etc, et on cite les résultats de cette « révolution verte » tant en vogue il y a quelques années.
Seulement voilà, ils sont quelque peu en retard de phase, car de plus en plus d’études font la preuve que cette « agriculture industrielle » n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux. Certes la révolution verte est arrivée à accroitre les rendements, mais au prix d’une utilisation massive d’intrants chimiques qui ont eu des conséquences désastreuses sur l’environnement, à commencer par le sol cultivé qu’ils ont appauvri.
Ce sont sans doute les dégâts causés par l’agriculture industrielle sur l’environnement qui ont conduit à chercher un autre modèle ou, pour employer un terme à la mode, un autre paradigme, et ce nouveau modèle c’est « l’agroécologie ». Nous n’aurons pas la place pour trop nous étendre sur le sujet, mais je voudrais citer quelques passages d’une interview de Jean-François Soussana, directeur scientifique Environnement de l'Inra (Institut National de la Recherche Agronomique), au lendemain du Salon de l'agriculture à Paris (Actu-Environnement, 06 mars 2013) :
L'agro-écologie recouvre plusieurs sens. Ce terme est apparu dans les années trente, pour définir une nouvelle discipline scientifique, au carrefour entre l'agronomie et l'écologie. Quelques décennies plus tard, dans les années soixante, en réaction à la révolution verte, à l'intensification, à la spécialisation et à l'industrialisation de l'agriculture, l'agro-écologie a été redéfinie, notamment en Amérique latine, comme un mouvement social, une révolution nécessaire des pratiques.
Je tiens à citer aussi ce passage pour les partisans de la monoculture de plantation : La monoculture et l'hyperspécialisation exacerbent en effet les problèmes de ravageurs, les maladies… Il faut réintroduire les rotations, la diversité des espèces, y compris dans une même parcelle ou dans un même élevage…
Et enfin cette phrase pour ceux qui pensent que refuser l’agriculture industrielle c’est revenir à l’agriculture archaïque : Ce n'est pas un retour vers le passé. L'objectif est de mieux comprendre les systèmes biologiques afin d'améliorer les pratiques mais aussi de mettre à la portée des agriculteurs des technologies modernes.
Cela fait maintenant quatre ans que j’ai consacré deux articles à la modernisation de l’agriculture (voir HEM Vol. 23 # 31 et 32) ; je ne crois pas avoir alors utilisé la formule, mais depuis lors je ne cesse de répéter : la modernisation de l’agriculture, ce ne sont pas les tracteurs ou les intrants chimiques, elle commence dans la tête de l’agriculteur.
Cela suppose un gros effort dans la formation des agriculteurs et je reprends mon cadre de référence qui indique la place de la formation et de l’exercice de la profession d’agriculteur.
`
Axes

A

B

C

D

E

F


Paliers
 Humain
Socio- Culturel
Environ-nemental
Infra-structurel
Economique et Financier
Politique
I
 Humain
Droits Individuels



Formation des agriculteurs

II
 Social et Culturel

Système Social




III
Environ-nemental


Environne-ment Naturel



IV
Infra-structurel



Environne-ment Aménagé


V
Economique et Financier
Emplois dans l‘agriculture



Secteur Agricole

VI
Politique





Gouver-nance

Bernard Ethéart
HEM Vol. 27 # 14 du 24-30/04/2013

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