dimanche 4 mars 2012

Lamothe !


Lamothe !

Par Daly Valet
Le Matin : du 2 au 8 mars 2012

Conille a eu son lot de misères. Il a dû avaler bien des couleuvres. La coupe d’absinthe que lui tendaient tous les jours ses torpilleurs du pouvoir débordait. Excès. Injures.  Drôle de façon de rapetisser un jeune technocrate haïtien qui n’a voulu que servir son pays. Vilaine vendetta. La dégradation, chez nous, des méthodes de gouvernement dit et trahit une autre dégradation. Celle des hommes et des femmes de pouvoir. Avec tout ce qu’ils ont de valeurs. Victor Hugo disait qu’il faudrait affirmer le progrès et les valeurs humanistes jusque dans la vengeance. Le clan Martelly n’a pas jugé décent, et humainement recommandable, de montrer la sortie à Conille selon des moyens plus chevaleresques. On a donné dans le grotesque. Genre « jwèt bosal ». Dommage. Les bracelets roses, exhibés par beaucoup de ministres en pleine guérilla anti-Conille, dissimulent mal la noirceur des consciences.

Garry Conille  n’a jamais été Premier ministre. Comme Préval avec son Jean-Max Bellerive, Martelly ne voulait en Conille qu’un simple chef de cabinet mineur et aux ordres en plus de son tout-puissant Thierry Mayard Paul au Palais national. L’ex-assistant de Bill Clinton liquidait de petites affaires courantes avant même la grande démission forcée. Il s’est retiré. Dans l’humiliation. Et, comme nouveau Premier ministre, Martelly nous offre à présent son « Lo ». C’est ainsi qu’il nomme Laurent Lamothe en privé. Ecce homo. C’est son homme. Celui par qui le salut de son mandat, peut-être, adviendra. Un mandat qui promet beaucoup économiquement avec, déjà, de louables initiatives. Et qui semble, hélas, vouloir se fonder à partir de composantes politiques irrecevables. Voire anachroniques. Syndrome autoritaire. 
 
Martelly et Lamothe ? Un beau tandem. Excitant. Ils dorment très peu. Ils se parlent à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Deux hyperactifs. L’un hyperémotif et ambitieux. L’autre hypercalculateur et pragmatique. Ils se complètent en un sens. Deux confidents. Deux complices. Deux associés en affaires. Laurent Lamothe est surtout le vice-président de facto que le président Michel Martelly a choisi de donner  au pays. C’est l’ami adulé dont il choisit de s’entourer, à titre de Premier ministre, en remplacement du Conille honni. Une autre belle opportunité qui s’offre au pays. En plus de l’énergie de leur jeunesse, la synergie est là dans leur volonté de réussir ensemble. Hier, dans les affaires. Aujourd’hui, au pouvoir. Malgré l’adversité.

Reste à savoir si le choc des ambitions démesurées de chacun et la réalité du pouvoir ne transformeront l’un en tombeur de l’autre. La politique, c’est comme l’autoroute. Avec ses surprises imparables. Elle envoie souvent au garage de belles et de jeunes promesses. Elle tue et blesse aussi. Il y a eu Blaise Compaore et Thomas Sankara au Burkina Faso. Deux vieux « tokay ». Beaucoup de Burkinabès sont convaincus que le sang de l’un avait fini par couler par la traîtrise de l’autre. Jusqu'à la mort. Avec Aristide et Préval, notre pays sait bien que de vrais « marasa » peuvent devenir de faux frères. Si les bruits sourds des complots souterrains pouvaient parvenir jusqu’à nous ! Enfin, si les morts ne se taisaient pas…

La politique devrait plutôt maintenir Martelly et Lamothe plus que solidaires. Si le pays a souffert de la disharmonie entre le chef de l’État et le chef de gouvernement sortant, il a tout à gagner dans la belle entente qui prévaut, en apparence du moins, entre M. Martelly et l’actuel Premier ministre désigné. Ils veulent réussir. Donnons-leur la chance qu’ils méritent. Pourvu que Michel Martelly s’amende de ses errements et gouverne dans la légalité. Et que les dossiers de M. Lamothe soient conformes aux prescrits de la Constitution.
D.V.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour Gérald Mathurin : Pourquoi tombent les feuilles?

  Pour Gérald Mathurin : Pourquoi tombent les feuilles? Hugues Joseph J'ai repris ce texte Publié le 2018-03-12  par  Le Nouvelliste. Je...