Haïti
confronte une crise aigue d’eau
Jean Erich René
4 mars 2012
L’ile
d’Haïti est entourée d’eau et sur sa
surface coulent de nombreuses rivières et sources d’eau potable. Par une ironie
du sort, les robinets sont à sec dans certains quartiers de la Capitale et de
nos Villes de Province. Dans certaines Sections Communales on constate la baisse du débit de certaines rivières et
même l’assèchement de certains points d’eau parfois réduits à un simple filet.
Qui peut vivre sans ce précieux liquide? On peut manquer de tout et survivre
mais pas l’eau.
Il
nous faut accorder plus d’attention à l’approvisionnement en eau de la
population haïtienne, comme minimum vital. Chaque matin, armés de leurs sceaux,
nos compatriotes se lancent dans un véritable marathon à la recherche de l’eau.
Où trouver de l’eau en Haïti pour s’assurer que l’offre réponde de manière
adéquate à la demande de cette population qui en a déjà trop sur la tête pour
confronter en plus une crise d’eau. En général, les plantes tout comme les
animaux y compris l’homme ne peuvent pas être privés d’eau sans languir, se
déshydrater et dépérir. Une famille américaine consomme 60 gallons d`eau par
jour. Les Français en consomment la moitié. Il revient aux administrateurs
publics de nous y pourvoir en arrêtant les mesures idoines.
Disons
tout de suite que l’eau ne manque pas et
ne manquera jamais en Haïti. Par contre l’eau potable devient de plus en plus
rare. D’ailleurs les fréquentes inondations de nos rues suivies de dégâts
matériels et de pertes en vies humaines sont des témoignages éloquents de
l’abondance de l’eau en Haïti. Il parait paradoxal de se noyer tandis qu’on a
soif. C’est la même eau ! La différence c’est qu’elle n’est pas buvable parce
qu’elle est polluée. Il n’y pas de
rareté d’eau en Haïti. Le drame résulte plutôt de l’impéritie de nos dirigeants
et surtout de leur indifférence au sort des 4/5 de la population qui croupissent
dans la crasse et la misère. Ils préfèrent bluffer en criant hier« Aba Grangou », « Aba
Blackout » dans la même foulée, demain ils vont brailler « Aba Soif »
pour prendre congé joyeusement de la
misère des démunis. Tandis que le souci du Président c`est d’organiser un super carnaval en
déployant sa taille montée sur un rouleau-billes, certains enfants
trainent dans les rues avec un bidon sur leurs têtes à la recherche de l’eau. Ce n’est pas sérieux !
On ne peut pas plaisanter ainsi avec le destin
d’un peuple qui vous a confié la Barque Nationale. Tout d’abord disons que la
problématique de l’eau s’aggrave surtout avec l’augmentation accélérée de la
population. Donc le besoin d’eau augmente considérablement non seulement pour
la boisson mais encore pour la toilette et la lessive. Or il s’est avéré que
partout en Haïti tant à la
Capitale que dans nos villes de Province on n’a pas augmenté le système
d’adduction d’eau potable. Ce sont les mêmes réseaux d`ìl y a 25 ans qui
alimentent les maisons. Point n’est besoin d’être calé en math pour comprendre
qu’au fur et à mesure que le diviseur augmente, sans que le dividende ne bouge,
le quotient ne fait que baisser. Ce calcul élémentaire exprime avec clarté la
crise d’eau haïtienne associée à l’explosion démographique.
Que faire?
Le 22 mars ce sera la
fête mondiale de l’eau, des 500 millions de dollars contrats de gré à gré
dénoncés par le Premier Ministre Garry
Conille, aménageons un nouveau système d’eau potable pour nos agglomérations
urbaines. En dépit des avances scientifiques, l’homme n’arrive pas jusqu’à
présent à créer l’eau. Il connait certainement sa formule chimique mais l’eau demeure
un don de la nature. Sa rareté est une
cause de conflit. La guerre Israélo-palestinienne a comme cause principale le
partage de la rivière du Jourdain. Attention ! Si l’on n’y prend pas garde en
2030 avec une population de 16 millions Haïti qui, en 2012 a 10,2 millions
d’habitants, peut se retrouver dans la même situation avec la République
Dominicaine, du côté des Pédernales et aussi de Guayamunk. Gouverner c’est
prévoir mais non s’amuser. Quelque soit votre nom d’animal : pintade, coq,
bœuf etc. gros et menus bétails ont tous besoin d’eau.
Pour
résoudre la crise d’eau qui se manifeste sourdement en Haïti il nous faut
d’abord comprendre le Cycle de l’eau qui est très explicite dans la gravure
ci-contre .
Sous l’effet de la chaleur
du soleil, l’eau des océans et des rivières s’évapore à l’état gazeux, monte dans l’atmosphère pour
se condenser sous forme de nuages qui à leur tour se liquéfient pour tomber sous l`effet de la pesanteur, sous
forme de gouttelettes de pluie. Ces précipitations recharge non seulement les
océans mais encore les cavités souterraines appelées nappes phréatiques qui
alimentent nos sources et nos rivières, Ainsi de suite le même processus
recommence. Il y a un mouvement cyclique de l`eau qui nous force à réutiliser
la même molécule d`eau que Dessalines depuis 1804. Le choc des gouttes de pluie
sur un sol nu provoque son érosion. Par
contre s’il est couvert d’arbre et de feuilles mortes l`eau pénètre doucement
dans le sol en descendant dans les cavités souterraines qui les gardent en
réserve. Dans le cas contraire l’eau de pluie dévale les pentes pour se diriger directement vers les rivières
en les rendant boueuses. Ainsi s’explique le drame de l’inondation des Gonaïves
en Septembre 2004, suite au passage de la Tempête Tropicale Jeanne. Le même
phénomène se répète souvent à Port-au-Prince avec le Bois de Chêne, aux Cayes
avec La Ravine, à Léogâne avec La Rouyonne etc. Il en résulte des pertes en biens
et en vies humaines et un déficit patent d’eau dans les réserves souterraines
et par conséquent le ralentissement de
nos cours d’eau et sources, ou pis encore leur assèchement tout court.
3
facteurs contribuent à la Crise d’Eau Haïtienne :
1.- La croissance rapide de la population
dont la demande en eau potable dépasse la capacité de rechargement des citernes de la CAMEP
2.- La
pollution de la nappe phréatique suite à la construction des maisons dans
les zones autrefois dites réservées ou
protégées et qui représentent le siège du captage de l’eau d’approvisionnement
de nos villes. Ce triste constat peut être fait à Turgeau, Babiole, Canapé Vert
où les fosses d’aisance trempent dans la nappe phréatique en distribuant une
eau cacaifiée dont le taux d’urée est
élevé, en plus de la présence des salmonelles telles que les bacilles typhiques
et paratyphiques, causant la fièvre typhoïde. Qui pis est, les populations
riveraines ne sont même pas au courant.
3.- Le déboisement causant la calvitie de
nos pentes. Il y a une coupure flagrante dans le cycle de l`eau empêchant le replein
de la nappe phréatique. Il faut un temps de renouvellement de l`eau de l`atmosphère,
soit l9 jours, selon les étapes de son cycle. Quand la chaine est brisée, il
pleut rarement ou pis encore il pleut à
verse pour causer un déluge au niveau de nos rivières et de nos ravines sans que
l`eau ne pénètre dans le sol. Les citernes du Service National d`Eau Potable
(SNEP) accusent un niveau insuffisant d`eau La capacité de notre sous-sol à
conserver l`eau dépend de l`usage qu`on fait à la surface du sol.
Le 22 mars prochain ce sera la célébration de
la fête de l`eau. Que nos dirigeants politiques sachent que sans une
intervention humaine intelligente et opportune, irréversiblement Haïti
confronte et continuera à confronter une
crise aigue d`eau.
Jean Erich René
4 mars 2012
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire