jeudi 1 septembre 2011

Encore Passe Reine

Encore Passe Reine
Bernard Etheart
Dimanche 28 aout 2011
Voyager en Haïti est toujours une entreprise sinon périlleuse au moins pleine d’imprévus. Samedi dernier revenant d’un bref séjour dans le Nord-Est avec le Coordonnateur du Programme de Réhabilitation des Petits Périmètres Irrigués (PPI), nous avons appris, alors que nous étions en train de monter le Bedoret, que la route nationale était coupée au niveau de Passe Reine.

Je dois dire que cela ne nous a pas étonnés outre mesure. Deux jours plus tôt, alors que nous étions en route vers le nord, nous n’avions pas manqué de faire des commentaires au sujet de ce tronçon Gonaïves-Ennery qui avait été tellement abimé par les cyclones de 2008 (voir HEM, Vol. 23, # 29 du 12-18/08/09), et je m’étonnais de ne remarquer aucun travail de réhabilitation alors qu’il fait partie des projets approuvés par la CIRH (voir HEM, Vol. 24, # 31 du 25-31/08/2010 : Les projets de la CIRH, et # 32 du 1er-07/09/2010 : Les projets routiers).

En bon ingénieur, Jean-Robert Jean-Noël, qui faisait aussi partie du voyage, notait de son côté tous les points où ce qui reste de route risquait d’être emporté si jamais les bassins versants surplombant la région recevaient de fortes précipitations. C’est a croire qu’il a, comme on dit chez nous, une « bouch kabrit », car c’est justement au niveau d’un de ces points faibles qu’un morceau de route est parti, rendant toute circulation impossible.

Comme je l’ai dit nous étions dans la montée du Bedoret quand nous avons appris la nouvelle et nous nous sommes arrêtes pour faire le point et chercher des alternatives. Une première option était de rejoindre Saint Michel de l’Attalaye par Ennery et de là rattraper la Nationale # 1 en prenant le nouveau tronçon Saint Michel-Marchand, ou la nationale # 3 par Saint Raphaël ; mais les eaux ont rendu impraticable la montée à partir d’Ennery. Une seconde était de rallier Saint Michel par Marmelade ; mais si la montée a Marmelade ne pose pas de problème, on nous a appris que la descente sur Saint Michel n’était pas sûre. Une troisième était de revenir sur nos pas jusqu’à Plaisance et de retrouver la Nationale # 1 par Pilate et Gros Morne. Personnellement j’étais très sceptique ; j’ai fait cette route il y a très longtemps et depuis j’avais entendu dire qu’elle n’existait pratiquement plus. Evidemment, nous pouvions toujours revenir au Cap et prendre la nationale # 3 par Milot, Grande Rivière du Nord et Dondon.

Finalement nous avons choisi de continuer notre route, car entre temps nous avons appris que le Ministre Gué était en train d’organiser le travail de création d’un passage. On peut se demander ce qu’un ministre de l’agriculture a à voir avec des problèmes de route. Seulement voilà, Joanas Gue est de Camp Coq, au pied du Bedoret ; il était venu passer la fin de semaine chez lui et, autant que je sache, il a été le dernier à passer le vendredi soir. Quand il a appris la nouvelle, il est revenu et a entrepris de mobiliser tout ce qu’il y avait de ressources techniques dans la région : CNE, MINUSTAH.

Essentiellement il y avait deux opérations à mener ; d’abord créer un passage qui permette aux véhicules de passer, même si, dans un premier temps, dans un seul sens à la fois ; mais il fallait aussi travailler dans le lit de la rivière pour créer un passage pour l’eau afin qu’elle ne revienne pas provoquer davantage de dégâts. Je dois reconnaitre que l’affaire a été rondement menée et, au bout de deux à trois heures d’attente, nous avons pu reprendre notre route. Bien sûr nous étions chanceux, étant arrives relativement tard, mais j’ai entendu des gens se plaindre qui étaient bloqués depuis le matin.

Pour ce qui est de nous donc, tout est bien qui finit bien. Il n’en reste pas moins qu’il est inconcevable que ce tronçon Gonaïves-Ennery, qui fait partie de la principale artère du pays, la Nationale # 1, soit encore dans cet état, quatre ans après le passage des cyclones qui l’ont rendu impraticable ; on parle de reconstruction après les ravages du tremblement de terre, mais on n’a pas fini de reconstruire après les dégâts des cyclones !
Bernard Ethéart

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