samedi 9 avril 2011

Culture du Riz/Méthode SRI

Le SRI : produire plus avec moins
Patrick Réma
patrickrema@yahoo.fr
05/04/2011

L’USAID/WINNER, la fondation BETTER U de l’acteur canado-américain Jim Carey et le SRI-RICE/CORNEL University ont organisé les 29 et 30 mars, au Club Indigo, un colloque international sur le système de riziculture intensive (SRI), pratiqué dans plus de 40 pays dans le monde.


L’USAID/WINNER, la fondation BETTER U de l’acteur canado-américain Jim Carey et le SRI-RICE/CORNEL University ont organisé les 29 et 30 mars, au Club Indigo, un colloque international sur le système de riziculture intensive (SRI), pratiqué dans plus de 40 pays dans le monde. Tenu sous le haut patronage du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, ce colloque a réuni agronomes, cultivateurs et techniciens autour de la problématique de la culture du riz en Haïti.

« Système de riziculture intensive (SRI) : une alternative prometteuse à la riziculture haïtienne traditionnelle ». C’est autour de ce thème que des échanges ont eu lieu entre les différents acteurs impliqués dans la production du riz en Haïti. Pendant deux jours, ils ont partagé leurs expériences de la pratique de la méthode SRI. Ils ont aussi discuté du potentiel de développement de ce système à travers le pays.

Au regard de la situation actuelle de la culture du riz en Haïti, avec une consommation moyenne de 400 000 tonnes par année pour une production de 100 000 tonnes au cours de la même période, il convient de modifier la donne, indique le directeur général du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, Lyonel Valbrun. « L’ancienne méthode de production du riz n’a pas apporté les résultats escomptés », a reconnu le directeur général. Dans ses propos d’ouverture du colloque, il a exprimé le vœu que les discussions soient bénéfiques pour tout le pays grâce à la sensibilisation des acteurs à la méthode SRI.

Selon l’expert malgache, Joeli Barisson, conférencier principal à ce colloque, les avantages du Système de riziculture intensif (SRI) sont énormes. L’application du SRI permet d’économiser « environ 90% de semences, 30 % d’eau. Il offre aussi la possibilité de réduire de moitié l’utilisation d’engrais, tout en permettant aux paysans de maximiser leur rendement », d’après M. Barisson. Chiffres à l’appui, il a démontré comment la méthode SRI peut rendre le riz haïtien compétitif sur le marché national et le marché international. Pour illustrer ses propos, il a pris l’exemple de la production d’une tonne de riz. Selon la méthode traditionnelle, il faut à un paysan 30 000 gourdes pour produire cette quantité, alors qu’il en a besoin 18 000, selon la méthode SRI.

Avec le SRI, deux mythes vont tomber, a indiqué le directeur général du projet USAID/Winner, Jean Robert Estimé. D’une part, il s’agit de l’idée qui fait croire qu’il ne peut pas y avoir une agriculture moderne dans des petites exploitations et avoir un rendement, d’autre part, le riz haïtien ne peut pas être compétitif. Le ministre de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, Joanas Gué, est de cet avis. Il a dit croire que si les acteurs du secteur appliquent les bonnes méthodes de production et unissent leurs forces, le pays peut produire la quantité de riz suffisante pour la consommation interne. Il croit qu’il y en aura de quoi exporter.

Ce qui coïncide avec la vision du président de la fondation BETTER U, l’acteur canado-américain Jim Carey, pour la filière riz en Haïti. « Je ne considère pas Haïti comme une catastrophe, mais une opportunité. J’espère que je vais vraiment m’impliquer à aider à développer cette filière agricole en Haïti », a-t-il lancé dans une courte intervention à la clôture du colloque. Les rêves de Jim Carey pour Haïti sont grands. Il a dit vouloir que le pays soit en mesure de répondre aux besoins de sa population : « Je voudrais que Haïti devienne prospère et auto-suffisante ». Pour lui, le SRI est un instrument important qui peut vraiment faire la différence. « Je souhaite que le SRI puisse aider Haïti à aller de l’avant et je vais m’impliquer pour cela ».

L’acteur a mis en place un secrétariat global, dirigé Erika Styger de SRI-RICE/Cornel University, sur la promotion du SRI. Dans sa présentation, Mme Styger a montré comment les paysans de plusieurs pays dans le monde sont arrivés à améliorer leur production de riz grâce à la méthode SRI. « À Madagaskar particulièrement où il a été appliqué pour la première fois, le SRI a contribué à l’amélioration des conditions de vie des fermiers », a-t-elle témoigné.

Selon les premières expériences faites dans plusieurs régions du pays, les résultats montrent que la riziculture haïtienne a de l’avenir. « Le SRI commence à s’implanter avec beaucoup de succès dans des zones d’intervention de WINNER, particulièrement aux Gonaïves, à Mirebalais et à Thomazeau. On constate que de plus en plus de paysans veulent appliquer le SRI au niveau de leurs propres parcelles de terre », a fait savoir le directeur de USAID/Winner, Jean-Robert Estimé.

Les cultivateurs, qui ont expérimenté le système, se sont en effet montrés très satisfaits des résultats. Lors d’une séance de témoignages, ils ont affirmé avoir été surpris du volume de riz récolté avec peu de semences. « Au début, on était sceptiques nos proches nous prenaient pour des fous en nous voyant cultiver le riz d’une manière différente de la façon dont on l’a toujours fait. Ce n’est qu’au moment des récoltes qu’on a compris l’importance du SRI et eux aussi », ont systématiquement expliqué tous les cultivateurs, lors de cette séance de témoignages.

Améliorer la production du riz en Haïti est d’autant plus nécessaire que le riz est classé en première position dans la filière agricole. Il est consommé par toute la population haïtienne. Son importation mensuelle avoisine les 30 000 tonnes. Au regard de cette situation, les paysans recommandent de renforcer ce secteur qui fait face à beaucoup de difficultés Parmi les difficultés évoquées, ils citent le problème de l’eau pour l’irrigation, la vétusté des matériels et les pertes post-récoltes.

Le projet WINNER expérimente la méthode SRI avec les paysans riziculteurs haïtiens depuis environ une année dans la plaine du Cul de Sac, à Mirebalais ainsi que dans le bassin versant de Gonaïves afin de vérifier si la méthode peut aider les paysans haïtiens à améliorer leur production de riz à travers des parcelles d’essais et de démonstration. Cette démarche rentre dans le cadre de la modernisation et de l’intensification agricole initiée par le projet dans ses zones d’intervention. Selon le représentant de l’USAID au colloque, Philippe Palmer, le gouvernement américain fait du développement agricole un axe prioritaire dans sa coopération avec Haïti. « L’USAID, par le biais du projet Winner, travaille en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, pour améliorer les performances dans ce secteur », a-t-il fait savoir.

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