mardi 23 novembre 2010

Impact du cholera sur l’agriculture haïtienne

Impact du cholera sur l’agriculture haïtienne
William Michel

Parler d’impact du cholera sur l’agriculture revient á parler des conséquences économiques de la maladie sur l’agriculture. Parler d’impact du cholera revient aussi á parler des mesures de mitigations envisagées pour corriger les effets négatifs de l’impact sur l’agriculture. Pour pouvoir parler des impacts du cholera sur l’agriculture, il faut connaître le virus, son habitat, son mode de propagation, les responsabilités du contaminateur parce que le virus se trouve dans le champs d’existence même des agriculteurs et des travailleurs agricoles haïtiens en particulier et de la population en général

1-Apparition de la maladie et mise en contexte
Il faut comparer la date du19 octobre de l’apparition du cholera en Haïti au « Night Eleven » du World Trade Center á New York qui a fait changer du tout au tout les conditions mondiales de sécurité . A partir d’aujourd’hui le cholera exige de la MINUSTHA, des Nations Unies et du gouvernement haïtien qu’ils revoient leur laboratoire d’ONG et se tournent vers l’institutionnalisation du pays et vers les grands travaux d’assainissement du territoire.

L’épidémie du cholera a éclaté seulement dans le pays le 18-19 octobre 2010 dans la région du Bas Plateau central et dans l’Artibonite, le long du fleuve du même nom. Son lieu d’apparition nous rappelle cyniquement l’origine de la peste porcine africaine (PEPADEP), la nouvelle maladie du porc « le Techens ou reins cassés » qui a débuté également dans le bas Artibonite et pour laquelle on n’a pas trouvé encore de vaccins.

Un mois après, même si du point de vue de contagiosité et de morbidité de la maladie, le cholera se révèle extrêmement grave avec mille trois cent soixante quinze décès déclarés et cinquante mille personnes contaminées , du point de vue agriculture, les impacts sont loin d’être visibles. Le cycle de production le plus court d’une plante agricole, l’épinard, prend un mois. Les légumes qui sont les cultures les plus exposées au cholera sont cultivés entre septembre á mars. Normalement ce mois ci, on devrait être au stade de pépinière. Certes, la multiplicité des écosystèmes agricoles permet la culture des légumes selon les endroits á d’autres époques de l’année et il peut arriver que la récolte de certains légumes coïncident avec l’apparition du cholera. Pour d’autres cultures comme le riz et le mazoubelle qui ont les pieds dans l’eau, leur cycle de production s’étend respectivement sur des périodes allant de quatre á neuf mois et se cultivent toute l’année. Le cresson n’a pas seulement les pieds dans l’eau, il vit dans l’eau, et se conserve dans l’eau même après récolte.

En dehors des plantes il y a dans l’aviculture, l’élevage des canards et des oies qui ont besoin de l’eau comme habitat préférentiel. Il y a les poissons et les fruits de l’eau comme la crevette, la tortue, les « sirik », les crabes, et éventuellement les fruits de mer comme le lambi, le homard, les huitres, les ,les crevettes marines qui sont péchés dans les eaux salines ou dans les mangroves qui représentent des niches écologiques privilégiées pour la reproduction de ces espèces ..Le caractère saumâtre de l’eau de ces écosystèmes représente aussi un milieu de choix pour le développement du vibrion cholerae.

Notons que le cholera est une maladie qui attaque exclusivement l’homme et qu’il n’empêche pas l’exploitation agricole de ces plantes ou de ces animaux qui vivent dans l’eau

Le cholera a un impact direct sur la commercialisation des produits de l’agriculture qui reviennent des rizières, des marais, des estuaires, des étangs, des lacs, des canaux d’irrigation ,des mangroves parce qu’ils sont souillés par le vibrion du cholera qui malheureusement semble s’étendre sur toutes les aires agricoles du pays.
Le système traditionnel de commercialisation des fruits et légumes, de la viande et des poissons dans le pays véhicule des dangers réels de propagation et de contamination du cholera á cause de la nature des ces produits qui exigent l’utilisation encore de l’eau pour garder leur fraicheur et pour ne pas perdre par transpiration trop d’eau qui diminuerait la valeur marchande de ces produits.

Le cholera a des impacts économiques direct sur le revenu des exploitants agricole parce que sa présence en Haïti crée deux nouveaux facteurs psychologiques locaux á savoir la stigmatisation des produits qui reviennent de l’eau et la peur des consommateurs pour tous ces produits sous la crainte qu’ils sont souillés par le vibrion cholerae.

Cette stigmatisation et cette peur psychologique sont réelles au niveau national parce que la population est informée de la contagiosité et de la morbidité de la maladie et dans certains endroits,elle observe avec leurs deux yeux la mort des concitoyens qui étaient pris au dépourvu par le microbe.

Cette peur et cette stigmatisation ont fait monter les coûts á la production des denrées agricole produites dans l’eau et ont fait baisser les revenus tirés de la vente de ces produits .Le cholera a pour effet d’augmenter la paupérisation de la classe des exploitants agricoles , et, étant la maladie des pauvres, des malnutris, elle affectera grandement la paysannerie haïtienne qui croupit depuis longtemps dans la misère abjecte de la pauvreté et de l’ignorance.

2-Connaissance du vibrion
Apprenons d’abord á connaître le virus avec le professeur émérite Christian Raccut du laboratoire National de Sante Publique, le docteur Jocelyne Louis de la direction de Promotion de la Sante et de la Protection de l’Environnement, le docteur Molière Pamphile, cette célébrité de l’ancienne direction division d’Hygiène Publique du MSPP »

2-1-Le microbe du cholera

Le cholera est une maladie qui attaque exclusivement l’homme. Il n’attaque ni les plantes ni les animaux. L’homme contacte la maladie en buvant l’eau et les aliments contaminés par les matières fécales des malades. Elle se développe dans l’intestin du malade dans un intervalle de 5 á 24 heures, après son ingestion. Elle provoque une diarrhée profuse cinquante á cent fois par jour .Si la personne n’est pas réhydratée rapidement et á temps, elle meurt. 75% des personnes infectées sont des porteurs sains qui disséminent la maladie partout où les conditions de misère règnent sans partage.

2-2-Habitat du vibrion
Le microbe du cholera vit dans les eaux á température ordinaire,. Il aime les eaux sales, les eaux dormantes, les eaux des égouts et des latrines , les eaux saumâtres des estuaires, des embouchures des lacs, les rizières, les eaux des puits artisanaux, les canaux d’irrigation etc.…

Le microbe tolère la chaleur jusqu'à 60 degré. Il est tué á la température de l’eau bouillante de 100 degré. Il ne résiste pas á la température de la glace des freezers qui fonctionnent sans interruption du courant électrique.

2-3-Propagation du cholera
Le cholera est une maladie des gens pauvres, des gens qui vivent en promiscuité, des gens de bidons villes . Il est une maladie des mains sales .il est aussi appelé maladie des voyageurs. L’homme est le principal vecteur de la maladie. Une fois établie, les rats, les souris, les mouches, l’eau transportent le microbe partout sur leur parcours. Il peut s’établir á la campagne qui regorge les personnes pauvres en mal de soin de santé et de malnutrition

3-Responsabilité et pénalités
Le cholera est une maladie á déclaration obligatoire. Etant donné que sa principale source de contamination, est l’eau qui est un facteur indispensable á la vie, la loi nationale et internationale punit le contaminateur, qui il est, où qu’il est, et dans le cadre de la gestion environnementale, la communauté scientifique exige du pollueur qu’il paie pour la pollution. Voila pourquoi il est important d’établir la source et la provenance de la contamination en Haïti pour la réparation du tort et des dommages causés par la source á la population.

4-Impact du cholera sur l’agriculture
4-1-Augmentation du cout de la main d’œuvre.

Avec ou sans la présence du cholera, le paysan haïtien continuera de produire car il lui faut vivre et survivre. Par contre la production coutera plus chère au producteur parce que le travailleur agricole qui se faisait payer 200 gourdes par jour, va faire payer pour le risque qu’il prend en travaillant dans les rizières et dans les marécages contaminées. Quand on sait qu’il faut 180 homme jour pour cultiver un hectare de riz ou de légumes, en exigeant cinquante gourdes de plus ,cela fait une augmentation supplémentaire du cout de neuf mille gourdes du cout de production á l’hectare.
Actuellement on travaille sur près de 60.000 has de riz et sur 40.000 hectares de marécage où l’on fait du riz, des légumes, de la patate, du mazoubelle. Sur 100.000 has , cela fait un surplus de neuf cent millions de gourdes de cout de production
Cette exigence du travailleur agricole n’est pas une spéculation. Elle est une conséquence de son changement de comportement avec l’eau. Chaque matin avant de partir au travail, il achète un gallon d’eau traitée, ou il achète du chlorox pour traiter le gallon d’eau. encore il fait bouillir l’eau en achetant du bois á bruler ou du charbon .Le travailleur fait payer ses dépenses au producteur qui en retour ne bénéficie pas d’augmentation de sa production
4-2-La commercialisation
Le producteur subit á la commercialisation les retombées psychologiques du cholera. Son produit de récolte est stigmatisé et accusé á tort ou á raison d’être souillé par le cholera
La revendeuse qui achète au producteur le produit de récolte sait aussi qu’elle va subir l’indexation du cholera et la stigmatisation du produit de la part du consommateur. Elle offre en conséquence au producteur un prix qui ajoute au désespoir du producteur.
On sait que le riz décortiqué en grain, ne contient pas de cholera, mais il est indexé á tort.

4-3-Mode de commercialisation et de conservation des légumes feuilles
On coupe le légume á l’aube ou tard dans l’après midi. Le conditionnement se fait dans des récipients recouverts de linges mouillés et placés dans des endroits frais. Au marché on garde ces légumes á l’ombre et on les arrose de temps en temps de façon á augmenter l’humidité relative du milieu ambiant pour diminuer la transpiration. Cette méthode de conservation avec l’eau ne dure que deux jours au plus et peut propager le microbe si l’eau et les linges sont déjà pollués.( Contribution á l’étude de quelques légumes feuilles mars 1987 Marie Katleen Pierre)
Les légumes se vendent dans tous les marchés de Haut et de Bas Artibonite, tant á Port-au-Prince qu’au Cap haïtien. L’eau d’arrosage dont on se sert pour arroser les légumes apportés au marché provient de la même eau tirée des canaux d’irrigation de la vallée de l’Artibonite. A Port-au-Prince, on ignore d’où les marchandes de la Croix des Bossales prennent l’eau d’arrosage des légumes pour les tenir au frais et empêcher la perte d’eau par transpiration. Les marchandes en vendant les légumes au Cap,á Port-au-Prince, et aux Gonaïves peuvent propager le microbe. Toutes ces eaux sont polluées et venant des gens vivant sous les tentes , elles constitueraient une boisson potentiellement mortelle. (Jean Baptiste Jean Willy Oct 1992).
NB-Utilisation éventuelle de séchoir solaire á la place de l’arrosage pour conserver les

4-4-Augmentation de la consommation en eau
Actuellement nous consommons 750.000 tonnes de fruit et plus de 100.000 tonnes de légumes feuilles qui demandent d’être lavées á l’eau traitée. On produit et on mange le Lalo, le Panzou, le Caya le chou, la laitue, le cresson, l’épinard, le pourpier ,la patate, la Liane panier ,la Chicorée, le Cresson , la moutarde ,le Cœur de Mazoubelle , la Liane pois Ginen..Ces légumes constituent la base de l’alimentation paysanne et sont mangés avec la peur.
La consommation d’eau va augmenter dans le monde rural. Le lavage des mains va exiger plus de consommation d’eau traitée. Le cholera va faire augmenter le travail des femmes rurales et des enfants charges du transport d’eau a la campagne.

4-5-Augmentation du déboisement
Faire bouillir l’eau pour la traiter est un nouveau poste de dépense pour l’achat du charbon dont la consommation va augmenter et á la campagne et dans les villes. Il faut s’attendre á un renforcement du phénomène du déboisement et de ses conséquences á chaque cyclone.
Consequences sur nos exportations
L’eau intervient dans l’exportation des mangues depuis la collecte dans les zones de production pour le lavage jusqu'à l’usine de traitement. Actuellement la mangue donne á l’exportation douze á quinze millions de dollars américains .Il n’est pas anticipé d penser á une stigmatisation de ce commerce á l’étranger qui irait jusqu'à son interdiction. On sait que la mangue subit déjà les effets de la cochenille rose, qu’elle fait face aux attaques de la mouche du fruit qui nous avait déjà valu une première fermeture de ce commerce.
Le miel très propre dans la ruche peut être souillé dans la manipulation post récolte et indexé..

4-5-Mesures de Mitigation
Dès qu’on parle d’études d’impact on doit immédiatement penser aux mesures de mitigation qui impliquent les actions á mettre en œuvre sans tarder pour réduire les conséquences de l’impact et la propagation géométrique de la maladie. Dans la mitigation environnementale il ne suffit pas de savoir poser les actions pour corriger l’impact, il faut trouver la cause de la cause efficiente pour éliminer á jamais cette cause et empêcher á l’avenir qu’elle ne se reproduise.
Dans le cas qui nous préoccupe, Haïti, dit l’environnementaliste Jean André Victor, avait ses problèmes d’assainissement d’eau potable, mais elle n’avait pas le microbe du cholera. Haïti avait les problèmes de matières fécales mais elle n’avait pas le microbe du cholera. Haïti avait les problèmes de fatras , de rats, de souris, de fourmis, mais elle n’avait pas le cholera. Haïti manquait d’hôpitaux mais elle n’avait pas de cholera. Haïti réunissait toutes les conditions pour que le cholera fasse des ravages, mais elle n’avait le cholera et les citoyens ne mourraient pas en masse. La cause de la mort des haïtiens et de l’empoisonnement de l’eau potable est la présence du cholera par la personne ou l’institution qui l’a introduite en Haïti.

Scientifiquement il est prouvé que lorsque dans un pays, il se produit continuellement des mouvements de troupe comme c’est le cas de la MINUSTHA ou des entrées et sorties rapides d’étrangers sur un territoire, comme dans le cas de l’aide internationale post séisme par les ONG qui ont pratiquement liquidé le reste de l’état qui restait au pays avec le consentement du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui a placé le pays sous l’obédience du chapitre sept de l’institution en enlevant á ses citoyens la gestion directe de l’Etat, il est clair que les nations unies en sont la source du cholera. Ajouté á cela, les enquêtes de la presse internationale et nationale ont démontré images á l’appui et avec les test de CDC que la souche est d’origine népalaise , que la SANCO, bénéficiaire également du contrat de gestion des excrétas, n’a pas géré conformément aux dispositions internationales les excrétas de la troupe aussi bien á Fort Liberté qu’a Mirebalais .

Il revient donc aux yeux de l’opinion nationale et internationale que les Nations Unies sont le responsable direct ou indirect des dommages causés par le cholera. Il appartient donc aux Nations Unies d’établir officiellement, par une commission indépendante d’enquêtes la culpabilité des gestionnaires de l’institution en Haïti, de sanctionner l’équipe coupable et d’entreprendre les grands travaux d’institutionnalisation du pays, les grands travaux d’aménagement et d’assainissement du territoire pour empêcher que le cholera même s’il est présent ,ne profite des conditions de saleté, de promiscuité, et de pauvreté tolérées par l’ONU depuis le 29 septembre 1990.

michelwilliam1000@hotmail.com

Références
Colloques sur la contribution de la Société civile á la lutte contre le Cholera Hôtel Le Plazza 21 novembre 2010.
Association haïtienne de droit de l’Environnement(AHDEN) pour la Réparation des dommages causés aux victimes du Cholera dans l’Artibonite Nov 2010
Enquêtes Michel William Desarmes , Villa ,Gonaïves 16-17 novembre 2010
Diaporama Laboratoire National de Santé Publique Lucien Raccut Novembre 2010
Plan National d’Investissement agricole MARNDR juillet 2010
Enquêtes á l’ODVA M William oct 2005/PIA
Cultures des légumes MARNDR/GTZ mars 1991
Les besoins en eau des cultures Denis Dallien PPI 1998
-Systeme de drainage et Cultures maraicheres dans la valle de l’Artibonite Mémoire de sortie Jean Baptiste Jean Willy Oct 1992
-Contribution a L’Etude de quelques legumes feuilles Marie Katleen Pierre Mémoire de sortie FAMV mars 1987
-L’ODVA Son Passe ,Son Présent et Son Avenir ODVA Mars 1982

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