samedi 31 juillet 2010

La classe politique est dépassée

La classe politique est dépassée
Jean Erich René

Ottawa le 29 Juillet 2010

Une fois de plus, les intellectuels de la classe moyenne haïtienne ne seront pas au rendez-vous des prochaines joutes électorales. Ils ne pourront pas obtenir le ticket d'entrée à cause de leur manque d'intégration sur le nouvel échiquier politique. Beaucoup d'entre eux n'ont pas saisi à temps la nouvelle réflexion politique et culturelle en cours depuis 3 décennies. D'où le profond malaise qu'ils éprouvent à se faire comprendre voire accepter et voter par cette nouvelle génération avide de changements mais qui ne retrouve nullement leurs aspirations à travers leurs discours plutôt entachés d'un traditionalisme desséchant et stérile.

Actuellement, il est triste de constater la pluralité des Candidats. En effet, la réalité sociopolitique nous oblige à prendre conscience de la présence sur l'échiquier politique de plusieurs visages représentatifs du pays du dehors et du dedans. Cette dichotomie traduit une différence capitale de lecture de la vie nationale. Cette remarque loin d'être anodine définit la contradiction de la trame du tissu social haïtien dont les mailles et les étirements depuis 25 ans surprennent les hommes politiques traditionnels.

Sommes-nous en train de fantasmer dans le but de chanter les funérailles de nos leaders qui ont longtemps erré sans jamais avoir accès au Palais National ? Sans aucune méchanceté de notre part, notre argumentaire basé sur un constat de fait, les invite à prendre conscience d'une nouvelle réalité qu'ils semblent encore ignorer. Quelles sont les attentes de la population haïtienne ? Quel est le modèle de leadership qu'elle préfère ?

La faune politique haïtienne est constituée du Gros et du Menu bétail avec la prédominance du dernier sur le plan numérique. Vox populi, vox dei, dit-on. Les intellectuels de la classe moyenne et la bourgeoisie traditionnelle, embarqués dans une lutte de couleur depuis deux siècles, ont prouvé leur incapacité à satisfaire les desiderata de la masse nécessiteuse. De plus la diaspora haïtienne, initiée aux rouages de la vie sociale et politique de l'Occident, a acquis une autre conception des mécanismes de fonctionnement de l'État et de la Société. Elle rejette d'emblée le modèle politique creux de nos éternels candidats. Sans plan, ni programme, ni projets, d'où sortiront le progrès social et l'avancement économique souhaités ? Il n'est pas question non plus d'exclure les Haitiens vivant à l'étranger des élections haitiennes puisque leur apport économique est appréciable et même indispensable. D'ailleurs à quoi servirait leur Ministère? Point n'est besoin de légiférer sur une quelconque problématique identitaire, car par leur agir social en faveur de leurs familles, ils appartiennent à la conscience collective haïtienne. De ce fait ils sont des citoyens à part entière.

Cette fainéantise de la classe politique haïtienne s'explique par la routine intellectuelle. Elle se complait dans un lyrisme exacerbé en martelant des phrases bien tournées pour électriser la foule et orienter le verdict des urnes en sa faveur. Depuis près d'un demi-siècle, les joutes électorales ne constituent plus le lieu géométrique des débats littéraires favorables aux tribuns. Aujourd'hui les données politiques tournent autour du concret. Qui plus est, depuis le séisme du 12 janvier 2010, la population sinistrée connait moult problèmes. Elle n'a plus d'oreilles pour les fallacieuses promesses des doctes candidats. Un toit, de la nourriture, du boulot, des écoles pour leurs enfants etc. telles sont les conditions du Nouveau Contrat Social.

Le candidat qui cristallise le mieux les besoins matériels de la population souffrante sera son favori même s'il est un allophone. Le langage des faits est plus convaincant que les circonvolutions éthérées de nos prétendus lettrés. Notre analyse, quoique sévère est une copie conforme de la réalité sociopolitique haïtienne en cette fin de 2010, année électorale ou pré-électorale. Les enjeux politiques sont rivés aux objectifs des Partis Politiques inscrits. Le calvaire des victimes du séisme du 12 janvier 2010 représente le plat de résistance. Il n'est pas question de tourner autour du pot, le malade est à l'article de la mort. Une prescription est urgente.

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