mercredi 28 juillet 2010

Éducation politique des Haïtiens

Éducation politique des Haïtiens

Jean Erich René

erichrene@bell. net



Il faut immuniser les Haïtiens et les Haïtiennes contre la gangrène politique que certains imposteurs s’amusent à propager au sein de la population en âge de voter, afin de se forger un leadership de mauvais aloi. Ils flattent les bas instincts du peuple par des propos complaisants choisis dans le dictionnaire des mensonges afin d’obtenir ses suffrages. Le renard, alléché par le fauteuil présidentiel, compte entrer au Palais National dans une ambiance de Mardi Gras. En effet, il porte le masque de Pinocchio pour amuser les enfants mais les adultes encore conscients restent indifférents devant ses grimaces.



Il faut assurer l’éducation politique de nos compatriotes afin qu’ils puissent faire un choix rationnel aux élections et ne pas tomber dans les pièges des nouveaux magiciens de la scène politique haïtienne. Comment peut-on demander à un peuple qui a faim, qui a soif et qui par surcroit dort sous des tentes, de séparer l’ivraie du bon grain! La prostitution n’est pas exempte aux bonnes familles. Après tant d’années de viol et de coups bas, la conscience politique citoyenne devient aberrante. Le déchouquage, les crimes autorisés, les vols qualifiés etc. ont grandement modifié le code de comportement en Haïti. Aujourd’hui nous sommes arrivés au point où certains membres du Conseil Électoral et même le représentant de l’Église Catholique sont mis à l’index pour nulle autre cause que le vol.



Autrefois, dans les classes primaires il y avait un Manuel d’Instruction Civique et Morale qui inculquait aux enfants certains rudiments. Un bref survol de l’organisation politique et administrative d’Haïti fixait certaines balises dans leurs jeunes cerveaux. Le professeur Wesner Emmanuel dans son livre « Histoire, Géographie et Éducation Civique », réservé aux élèves de la 7e année fondamentale a tenté de rappeler certains principes directeurs de la vie sociale et de l’environnement politique haïtien. Cependant ce support pédagogique en sciences sociales ne suffit pas pour inspirer à nos candidats le sens du devoir ni les exigences de leurs participations aux affaires publiques avec un sentiment de respect d’autrui et d’appartenance à une société polie.



Le peuple haïtien est analphabète à 85%. Il n’a jamais lu ni entendu les préceptes d’aucun manuel d’instruction civique et morale. Il ignore les vertus citoyennes. Il n’a jamais été initié aux rouages politiques et administratifs de l’Appareil de l’État ni au mécanisme de fonctionnement de l’économie, comment peut-il juger de leurs bienfaits dans le choix de leurs candidats aux élections législatives et présidentielles. Le Peuple haïtien n’a jamais été motivé sur l’importance des biens publics ni le respect de la vie humaine, les biens privés, le droit des citoyens relativement à leur choix, leur liberté, leur sensibilité, leur sentiment personnel. Il ignore complètement les principes fondamentaux de l’existence pacifique. Voilà pourquoi on viole facilement sa conscience en lui offrant le pingouin à la place de l’ananas.



Pour mieux chevaucher les masses populaires et voler leurs bulletins de vote, on les maintient dans une ignorance crasse tout en excitant leur colère et leur esprit de vengeance. Ainsi l’espace politique haïtien est transformé en une véritable mare de boue où normalement le cochon rêve de se proclamer ROI et le maringouin Violoniste. Peut-on laisser Haïti aller à la dérive au point de devenir le fief incontesté du menu bétail et de la gent ailée ?



Notre silence serait complice ! Comme le lion nous préférons regagner les bois pour y mourir au lieu de recevoir le coup de pied d’un âne au Palais National. Depuis 25 ans on assiste à une ségrégation dangereuse et inadmissible au niveau des décisions politiques majeures de nos Hommes d’État :

1. La classe moyenne, le réservoir des intellectuels les plus avancés d’Haïti, est écartée subtilement des joutes électorales, d’où leurs attitudes distantes et même béates par rapport aux événements de la vie nationale.

2. Lentement mais sûrement, les entreprises de l’État passent aux mains des Entreprises Privées et deviennent même la propriété de certains hommes politiques étrangers. Le Ciment d’Haïti, la Hasco etc. sont fermés au profit de certaines organisations mafieuses qui importent de préférence le ciment, la farine, tout en augmentant le chômage et la vie chère. La Teleco a été vendue et l’Administration portuaire contrôlée par le Club de Bourdon.

3. Le riz de l’Arkansas a évincé les planteurs de l’Artibonite au point de forcer le Mea Culpa de Bill Clinton devant la Commission du Sénat américain. Malgré tout, il insiste et persiste comme architecte de la reconstruction d’Haïti.

4. Le volant du pays, avec la complexité expresse du timonier de la barque nationale, glisse vers la République dominicaine.

5. La CIRH, cette nouvelle Commission Civile, de concert avec Jean Conzé, Petit Noël Prieur, Lamour Dérance, compte dicter ses volontés dans les intérêts de la Métropole.

Ii y a péril en la demeure. Notre avenir de Nation libre du monde est hypothéqué par les vendeurs de la patrie. Pour un réveil national, il faut mobiliser la jeunesse haïtienne et les medias. L’éducation politique des Haïtiens devient un impératif majeur de l’heure.

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