lundi 3 septembre 2012

VILLAGE DE L’ESPOIR




VILLAGE DE L’ESPOIR
BERNARD ETHÉART
19 AOUT 2012
Le samedi 18 août, le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) invitait à l’inauguration du Village de l’Espoir, 200 unités de logement construites, grâce à la coopération taiwanaise, à Savane Diane, commune de St Michel de l’Attalaye, pour des victimes du séisme du 12 janvier 2010. Mais avant de parler de cette cérémonie, je crois nécessaire d’en présenter le cadre.
La Savane Diane, c’est environ 20.000 hectares (dans son émission ce matin sur Radyo Ginen, l’agronome Michel William, qui avait joué le maitre de cérémonie samedi, disait entre 18.000 et 25.000 carreaux) situés dans la section communale de l’Attalaye, commune de St Michel de l’Attalaye. Située à environ 400 mètres d’altitude, la Savane Diane occupe le coin nord-ouest de cette vaste étendue plane (217.600 hectares) qu’est le Plateau Central.
En dépit de sa situation géographique, la commune de St Michel fait partie du département de l’Artibonite (une des raisons pour lesquelles il est ridicule de parler des dix « départements géographiques » du pays). Pendant longtemps, la voie la plus utilisée pour atteindre St Michel était la route qui le relie à la Nationale # 1 au niveau d’Ennery, mais, depuis quelque temps, une route qui traverse la chaine des Cahos relie St Michel à Marchand-Dessalines évitant au voyageur venant de Port-au-Prince d’avoir à faire le grand détour par Gonaïves et Ennery. Par ailleurs, St Michel est aussi relié à St Raphaël, sur la Nationale # 3, au nord de Hinche, et à Maïssade, à l’est de Hinche.
En ce qui concerne l’histoire de la Savane, ce matin à la radio Michel William a évoqué une colonie agricole qui aurait été établie sous la présidence de Sténio Vincent en faveur de rescapés des vêpres dominicaine ; moi j’ai surtout entendu parler du projet d’élevage sous la présidence de Dumarsais Estimé : la Savane était utilisée pour la culture de l’« herbe Madame Michel » qui servait de fourrage pour les zébus de la ferme de Papaye ; et puis tout le monde sait que l’agronome Louis Déjoie y produisait des huiles essentielles avant que le démon de la politique ne finisse par l’envoyer en exil.
Aujourd’hui, on vient y implanter le Village de l’Espoir, mais ce n’est pas le premier projet de ce genre. Le 31 Janvier 2003, le Premier Ministre Yvon Neptune lançait, au cours d’une cérémonie officielle à Débauché, un projet de construction d’un village agricole sur une partie des terres de la Savane Diane. L’INARA était réquisitionné pour procéder à l’implantation du village, des parcelles  qui seraient distribués aux bénéficiaires et des voies de pénétration. L’INARA devait également se préparer pour les interventions devant mener à l’identification de ces bénéficiaires. Neuf mois plus tard, tout était arrêté pour manque de fonds, et le second départ du Président Aristide pour l’exil n’était pas loin. Philippe Mathieu, Ministre de l’Agriculture du gouvernement intérimaire, parla de former une commission qui lui ferait des recommandations quant à l’avenir du projet, mais je ne sache pas qu’il y ait eu la moindre suite.
À l’origine du projet actuel, il s’agissait d’une intervention à caractère d’urgence humanitaire visant à relocaliser des personnes victimes du séisme dévastateur du 12 janvier 2010 et qui s’étaient réfugiées dans la région de St-Michel. C’est là une initiative qui va tout à fait dans la logique des recommandations que nous avons faites dans le Plaidoyer de la FONHDILAC; malheureusement, entre temps la plupart de ces réfugiés sont retournés à Port-au-Prince et les promoteurs, le MARNDR et la Mairie de St Michel, se sont trouvés dans la situation d’avoir à identifier d’autres bénéficiaires, en l’occurrence les populations les plus vulnérables habitant la Savane Diane.
Pour le Ministère de l’Agriculture, c’était l’occasion de s’attaquer à la nécessité de faire du secteur agricole un secteur « rentable, moderne et durable »; et l’on comprend que le Ministre ait pu dire : « ce que nous lançons aujourd’hui a la prétention d’inspirer ce que devrait être le modèle organisationnel du milieu rural et le modèle fonctionnel du secteur agricole pour les prochaines années, voire les prochaines décennies ».
Et d’énumérer les interventions prévues : « La Savane Diane représente, avec le reste du Haut Plateau Central et le Nord-est, l’une des principales réserves foncières du pays. Le MARNDR entend faire de cette zone un pôle important de croissance agricole. C’est pourquoi nous avons prévu des investissements importants dans la région au cours des prochaines années. Irrigation, lacs collinaires, arboriculture fruitière, école moyenne d’agriculture, formation d’entrepreneurs agricoles, telles sont quelques actions prévues et articulées autour d’une valorisation du potentiel régional que le ministère compte mettre en œuvre dans le cadre de la relance du secteur agricole ».
Personnellement, je me suis toujours demandé pourquoi la Savane était sous-exploitée alors que partout dans le pays les paysans se plaignent de n’avoir pas assez de terre. La réponse réside dans le fait qu’il s’agit d’une zone relativement sèche. Certes elle est encadrée par deux rivières qui descendent du massif de Marmelade qui la borde au nord-ouest : le Bouyaha, au nord, et la Rivière canot, au sud, qui vont faire jonction à quelques kilomètres à l’ouest de Hinche et former le Guayamouc, mais le lit de ces cours d’eau est de plusieurs mètres en contre-bas par rapport au sol du plateau. Si donc on veut faire de l’irrigation, il va falloir mettre en place des infrastructures, des lacs collinaires, par exemple, que le Ministre a du reste cités.
En tout cas, il ne fait aucun doute qu’une exploitation rationnelle de cette vaste étendue peut faire la différence en ce qui concerne notre production agricole.
Bernard Ethéart

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour Gérald Mathurin : Pourquoi tombent les feuilles?

  Pour Gérald Mathurin : Pourquoi tombent les feuilles? Hugues Joseph J'ai repris ce texte Publié le 2018-03-12  par  Le Nouvelliste. Je...