dimanche 23 septembre 2012

Le riz comme pour l’Engrais !




Le riz comme pour l’Engrais !
Michel William
21/09/2012

A la grande surprise de la classe politique traditionnelle le gouvernement  Martelly Lamothe  expérimente une composante sociale  qui fait trembler de peur  tous ceux la qui étaient au pouvoir durant les vingt cinq dernières années. Qui eut cru, comme l’a si bien fait remarquer le chef de l’Etat, que  c’est la présidence  d’un ancien chanteur de bande qui viendrait  voler au secours d’une  population á soixante quinze pour cent pauvre..Les faits politiques ont parlé d’eux-mêmes  et la vérité  a jailli de la réalité. L’école universelle gratuite, la carte  d’assurance  sociale, la carte d’assurance  maladie, le crédit PAM, le kay PAM, la cantine populaire , le « Ti manman cheri », la politique de subvention de l’engrais au profit des cultivateurs qui  se défoncent  pour nourrir les 50% de la population , sont autant de mesures de politiques publiques d’accompagnement qui témoignent de la volonté  inébranlable du président Martelly de trancher d’avec les vieux clichés du faire semblant de venir en aide á la population..

La création d'une commission interministérielle chargée de stabiliser les prix des produits de première nécessité est le tout  dernier acte  posé  par le président Martelly.Son but   participe de la  volonté du gouvernement Lamothe de soustraire á l’appétit naturel du secteur  des affaires d’anticiper sur la montée du dollar et sur les conséquences climatiques négatives   (32.000 has de fruitiers et de bananeraies détruits)) pour faire monter les prix .C’est le cas actuel du riz dont le prix   sur le marché international  ‘se stabilise aux  abords de cinq cents dollars américains la tonne pendant qu’en Haïti, les prix flambent sans explication acceptable.

Pour  Marie-Carmelle Jean-Marie, ministre de l’Economie et des Finances , l’Etat jouit  d’un accord spécial sur le pétrole avec le Venezuela. Cet  accord autorise l’état dans les  cas  d’urgence á  utiliser  une partie de ces fonds  pour subventionner les produits  stratégiques dont l’augmentation des prix  á  la consommation peut nuire á  la stabilité politique du pays.

En vertu de ce contrat  l’Etat aurait négocié avec les entrepreneurs une  structure des prix  qui tiennent compte des frais, des taxes et d’une marge de bénéfice acceptable dans le commerce du riz dont l’importation atteint 480 mille tonnes l’an. Celle-ci  représenterait  quatre  fois la production nationale du riz qui , même bien encadrée,  ne dépassera jamais  les 200.000 tonnes avec  un rendement moyen extraordinaire de quatre tonnes  /has. Ce calcul est pour ramener sur terre les rêves féeriques d’un Jean Robert Estime  qui utilise le mirage  du SRI impossible (Système de riziculture intensive  12-16 tonnes /has) pour faire  dormir le ministère de l’agriculture en voulant défendre la thèse  que la micro exploitation ne constitue pas  un obstacle á  la productivité  des cultures et á  l’augmentation de la production agricole.
D’après  radio Magik Stéréo qui cite la ministre  des Finances  « Nous pensons que le modèle de contrat pétrolier peut être appliqué sur tous les produits sensibles pour les consommateurs. Mais nous n’allons pas nous substituer aux importateurs  parce que l’Etat haïtien n’a ni les moyens logistiques ni les moyens financiers pour ce genre de transaction ». Période.

Le ministre du commerce et de l’industrie ,Mr Wilson Laleau, aurait reçu le feu vert de la commission interministérielle pour régulariser le prix  de cinq  produits stratégiques qui entrent quotidiennement dans le panier de la ménagère. Il s’agit du riz importe á  75% de la consommation  , de la farine du mais  consommée massivement par la population sous toutes les formes ,du haricot dont la production locale déficitaire est commercialisée par « Ti malice » á  grand renfort de publicité contre productive,  de l’huile et du sucre dont les prix  ont pratiquement doublé sur une période de trois ans.

Cette mesure qualifiée de révolutionnaire par la gauche  politique non obscurantiste  n’est  pas  sans susciter des  commentaires les plus variés, dans  la presse et dans le commun des mortels. Le quotidien de la rue du centre , reprend l’esprit de l’interview de Mme  Marie Carmelle  Jean Marie  et titre «  Du riz  comme pour le pétrole « .Il cite une source non identifiée  mais proche de la commission qui ferait croire que l’état  par cette mesure deviendrait le premier importateur de riz. Dans la même foulée précipitée,  le journaliste renchérit involontairement que selon le  ministre, les importateurs vont devenir des distributeurs de riz.  

L’opposition INITE, par la voix du député  Saurel Jacynthe, un  transfuge de la fusion socialiste ,se lamente du fait que le gouvernement de Martelli, par cette décision,  a raté  l’occasion de relancer l’agriculture, car en deux trois mois, le  gouvernement avec le même montant  investi dans la culture du pois du mais, du riz , de l’igname  de la banane  » mettrait á peine  deux á  quatre mois  pour boucler le cycle de production de ces cultures »Le député de Moron Chambelan  a dévoilé dans une  intervention télévisée   sa nullité dans les affaires agricoles   en clamant á  la radio que rien dans la Grand Anse, le  gouvernement pourrait faire la différence  en  mettant en valeur le terroir de cette région  apte á  produire et á  nourrir la majorité  de la population haïtienne. Les analystes avertis se demandent  perplexes, pourquoi le député  Saurel Jacinthe ,aux affaires depuis 1990 n’a pas voté des lois budgétaires et organiques sectorielles qui auraient mis en place les conditions de valorisation de l’écologie agricole de cette région effectivement taillée pour le fruitier et les tubercules.
  
D’autres politiciens mieux imbus des problèmes de l‘arrière  pays mais  tous aussi ignares  de la réalité économique de l’agriculture haïtienne  dans leur propres patelins arguent  que le peuple  en sortirait mieux soulagé si cet argent était investi   dans l’agriculture  qui offrirait des solutions de production   plus rapides. Ces faiseurs d’opinions se trompent d’adresse dans l’agriculture, car ils oublient que vouloir produire et produire  sont effectivement deux vœux de l’esprit qui,  pour se concrétiser , doivent rejeter les gouvernances économiques  des derniers présidents de l’ère lavalassienne suivies  en partie  pendant le gouvernement intérimaire de Boniface  Alexandre jusqu'à la fin du mandat prolongé du président Préval. Ces politiciens ont recommandé une politique de désétatisation á  outrance qui livre les cultivateurs  mains et poings liés au secteur privé et aux ONG. Ces politiciens décorés par la Minustha feignent d’ignorer que la relance de ce secteur demande une  planification intégrée  et une mise en place transversale  de décisions concertées pour produire des effets  durables á  moyen et á  long terme.

Mais l’enjeu du présent article est de démontrer plutôt  la possibilité d’exploiter une trouvaille du ministère de l’agriculture dans la privatisation de l’engrais subventionné tout en soutenant une certaine étatisation pour  empêcher la flambée des prix aux consommateurs et pour encourager partiellement l’augmentation de la production agricole.. Le nouvel essai de cohabitation du secteur privé des affaires et de l’état Haïtien á  travers le ministère de l’agriculture et le bureau de monétisation  dans la commercialisation de l’engrais  mérite d’être signale á  l’attention du grand public .Il est évoqué pour montrer ce dont est capable un gouvernement Martelly Lamothe lorsqu’il fait   appel aux branches encore saines de l’administration publique  haïtienne  qui jure de ne pas vivre de la manne des ONG contraire aux intérêts de l’agriculteur haïtien  au moment de leur passage  aux affaires de l’Etat.

Pour mémoire il convient de rappeler que la consommation de l’engrais  s’était stabilisée  dans les années 97 aux abords des 15 mille tonnes. Le ministère de l’agriculture á travers des efforts consentis par le trésor public  haïtien et le  gouvernement japonais avait  essayé  au cours des  quinze dernières années plusieurs scenarios de partenariat avec le privé qui ont  connu  tantôt des hausses tantôt des baisses  dans la  consommation de l’engrais jusqu'à concurrence d’un million de tonne . Cette expérience  a évolué en dent de scie á  cause de l’irruption parfois violente dans le processus  de certains ministres de trahison nationale qui croient dans une désétatisation sauvage sans regarder ses conséquences sur les cultivateurs déjà décapitalisés. Ces  ministres , sous le fallacieux prétexte  que la subvention tue l’effort du secteur des affaires  arrivent á  ourdir  des complots d’enterrement des cultivateurs haïtiens  en remettant aveuglément  au secteur privé le monopole intégral du commerce  de l’engrais. Tout se passe comme si  ces  ministres de l’agriculture avaient  signé avec le diable un pacte de continuité de la liquidation du capital rural  au profit des intérêts égotistes du secteur des affaires et de l’international..L’engrais et la question des assurances agricoles participeraient de la conclusion  de ce pacte diabolique et ténébreux. .’Il a fallu attendre l’arrivée historique du président Martelly pour faire un don de 100.000 mille sacs d’engrais dont la distribution allait  déclencher les réactions les plus noires et les plus violentes dans la vente illégale  de cette  commodité. Ces réactions malheureuses ont permis en revanche  au MARNDR de faire  une trouvaille  salutaire qui fait le bonheur des cultivateurs en particulier ,  celui du secteur privé  et celui du gouvernement  en général . Cette trouvaille semblerait faire des heureux au niveau du gouvernement de Mr Lamothe  qui aurait  décidé  de l’expérimenter  au niveau des  produits stratégiques entrant dans le panier quotidien de la ménagère haïtienne.

Quel a été le secret  trouvé par  Damien ?

Il serait  injuste au prime abord d’attribuer á  Damien tout seul le bénéfice de l’heureuse trouvaille. Ce miracle a été l’œuvre combinée des techniciens chevronnés du MARNDR, des importateurs d‘engrais, des distributeurs de l’engrais , de la participation indirecte de la population qui dénonçait la main mise des politiciens et celle du secteur des affaires  dans la vente  d’un produit stratégique. Cette trouvaille  pourrait avoir été aussi   facilitée  par  l’expertise et  la Sagesse de la vision stratégique des cadres du bureau  de Abagrangou qui , dans leurs discussions transversales au sein du COLFAM pourraient avoir peaufiné la démarche en suggérant certaines stratégies vitales dans la  lutte contre la faim et la malnutrition.

Les trois partenaires directement impliqués, le  MARNDR, les importateurs et le réseau de distributeurs qu’il ne faut pas confondre avec les importateurs,   ont trouvé  la formule magique qui fait  du secteur privé  et non de l’état  le seul importateur et distributeur d’engrais. Le secteur privé dont le seul métier est la vente de produits para agricoles a été maintenu dans son rôle d’acheteur et de vendeur pendant que la subvention donnée aux cultivateurs par l’état confère á  ce dernier le droit de réguler les prix de vente du produit devenu stratégique dans certaines cultures.

Dans cette saga , l’état haïtien subventionne l’engrais á  hauteur de 50%. Le secteur privé se charge de l’achat de l’engrais avec son propre argent, touche  la subvention dans les quinze jours qui suivent le débarquement de la commande .Un autre réseau du secteur privé, celui des distributeurs patentés et chefs d’associations reconnues légalement ,  prend en charge la distribution de l’engrais dans toutes les zones de consommation  á  certaines  conditions :

L’importateur ne sera pas le distributeur.
Le prix au dernier consommateur ne dépassera pas le prix arrêté par les trois partenaires   á  la signature des protocoles d’accord.

Le MARNDR , les importateurs et le réseau des distributeurs signent respectivement  deux contrats  bi et tripartites  qui fixent  les droits, les devoirs et les pénalités encourues par le  privé en cas de violation des conditions.

Un corps de superviseurs a été  mis en place pour superviser la vente de l’engrais .
Un communiqué  de presse de la direction générale  du MARNDR  a été publié qui rappelle aux uns et aux autres les engagements  pris pour le bonheur des cultivateurs haïtiens.

Une campagne d’information agricole , en retard de paiement, parce que jamais prévue pour ce genre d’opération , a permis la compréhension et la collaboration de tous pour  la réussite de l’opération
Pour ce qu’il s’agit de l’engrais provenant du don japonais , la commande  est entrée en Haïti sur  appel d’offre  au niveau des importateurs haïtiens .Elle est remise au bureau de monétisation pour être commercialisée .Ce  sont les importateurs qui achètent l’engrais  au prix de gros, qui  le revendent suivant le principe des accords  bi et tripartites   aux distributeurs qui eux-mêmes  se chargent du transport et de la vente au détail du produit stratégique.

Quand le journal de la rue du centre titre « Du rix  comme pour le petrole » et  non du riz comme pour l’engrais, les observateurs notent une méconnaissance de la nature du contrat de l’engrais  subventionné ou une  communication intéressée  d’un ministère  pour avoir  le crédit de la trouvaille, quand le succès d’un ministère est celui de tout le gouvernement. 

Ou encore serait-ce une erreur journalistique ou une faute intentionnelle de reportage.  
.
Le reportage a laissé  comprendre que l’état est devenu le seul importateur de riz.

Le texte  insinue que l’état manifesterait son intention de déclarer  la guerre  au secteur privé. Il ne s’agit pas de cela.

La lecture e l’article  semble créer  tout aussi bien la perception que l’état de Martelly avancerait á  grand pas vers un état communiste bourgeois  qui monopoliserait la vente du riz au profit de  grands commis et alliés du gouvernement, Il n’en est rien.

Le journaliste pourrait sans le  vouloir travestir la bonne intention de son article en omettant de faire ressortir  l’importance de la composante sociale d’un gouvernement Micky qui étonne par ses innovations en matière de politique publique  en faveur des plus  demunis, quand toute la classe politique a tendance á  accuser le gouvernement de spoliateur de budgetivore, de prédateur  et de détourneur de fonds .

Tout en donnant le crédit  de la part du lion au MARNDR dans la mise en place de cette  composante  sociale révolutionnaire du gouvernement Lamothe,  il est á se demander si , au niveau de la clientele du riz, du mais , des haricots du sucre et de la farine qui regroupe  de puissants hommes d’affaires qui généralement tiennent la dragée haute  au gouvernement , l’opération sera menée avec la même aisance observée dans le secteur agricole . Pour le moment  toute l’information permettant de voir où l’on veut en  arriver n’est pas disponible. On sait seulement comme l’a dit le la ministre des finances, que le gouvernement n’a pas les reins  économiques assez  forts pour pratiquer la subvention á  la seule commodité du riz, voir,  pour l’étendre au  mais, á  l’ haricot, á la farine, au  sucre et  á  l’huile. A quelle hauteur de participation de l’état se pratiquera cette subvention et á  combien sera  fixé le prix au consommateur  pour chacun de ces produits ?.On ne connaît pas  encore  la réponse á toutes ces interrogations.

Dans un contexte lourd de revendications  sociales et fait de manipulation du discours politique, il serait  plutôt sage d’aller aux informations  á  la source même pour savoir les tenants et les aboutissants de la  démarche , le nouveau rôle de pionnier social que le secteur de l’agroalimentaire  voudrait jouer dans le gouvernement Martelly Lamothe  et se garder de faire toute spéculation grossière de l’information politique  qui ne desservirait pas  les ’intérêts de personne en ces moments difficiles de  la vie nationale. Le moment est au calme et á  la vigilance. Toute idée positive en vue d’améliorer la démarche  au niveau de la commercialisation de ces   produits  stratégiques devrait avoir le pas sur les critiques stériles  non productives. «  Du Riz comme pour l’engrais ».pourrait être  une motivation additionnelle pour le MARNDR d’aller plus loin avec le ministre  Thomas Jacques.

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