Jean
Erich René
ING. Agronome
Économiste
Les
inondations en Haïti sont liées au prime abord à des facteurs d’ordre
climatique. Les fortes pluies qui accompagnent généralement les cyclones augmentent
considérablement l’eau de ruissellement provoquant les crues de nos rivières qui débordent de leurs lits en
emportant tout sur leur passage. Signalons que les catastrophes naturelles ne
sont pas liées seulement à des facteurs météorologiques. Elles sont amplifiées
par l’état des lieux c’est à dire le mode d’exploitation en cours. La nudité du
sol entraine l’érosion de ses particules donnant naissance à une eau boueuse qui en dévalant
les pentes par accélération acquièrent une force de destruction extraordinaire.
En
Haïti la plupart des dégâts provoqués par les inondations sont dus à des causes
anthropiques c’est-à-dire qui résultent
de l’action humaine telles que :
-
Le déboisement de nos
bassins versants pour aménager les jardins. Ces pratiques agricoles anarchiques
entrainent l’écoulement en force de
l’eau de pluie
.
-
La dégradation totale du sol,
par les façons culturales, le réduit à
la roche-mère et entraine son imperméabilité. Ce manque d’infiltration est à
l’origine des eaux sauvages qui engloutissent les plaines en contrebas, détruisent
les jardins et les maisons et provoquent
des glissements de terrain.
-
L’obstruction
des canaux de drainage et de nos rigoles, par les débris végétaux et les
détritus, sont aussi responsables de l’inondation de nos rues dans les villes.
Cette
conjonction de facteurs naturels joints
à la faiblesse de la gestion étatique, le manque de coordination et
d’implication des différents services concernés à l’approche des crues, accentuent
sans aucun doute les effets dévastateurs. La situation ne va pas s’améliorer
d’elle-même sans une intervention gouvernementale intelligente et planifiée.
Qu’on se le tienne pour dit : les calamités naturelles provoquées par les
changements climatiques tels que le rétrécissement de la couche d’ozone,
l’effet de serre et la fonte des glaciers sont à l’origine de grandes
modifications climatiques provoquant l’augmentation du niveau des océans, du débit des
cours d’eau, la fréquence et l’intensité des cyclones. Cette situation, pour le
moins que l’on puisse dire : catastrophique, en appelle à notre conscience
de citoyen responsable sans aucune nuance d’appartenance sociale ni d’idéologie
politique. Nous sommes tous embarqués sur le même
bateau. Son naufrage sera fatal pour tout le monde. C’est de l’infantilisme de croire que seul le
Gouvernement en place est concerné.
Les
simulations scientifiques prédisent que les inondations vont s’accélérer au
cours des prochaines années. A bon entendeur, salut ! On peut s’imaginer
l’ampleur du mal dans un pays comme Haïti déjà confronté à d’autres défis tels
que la surpopulation, le chômage, la faim, la malnutrition, la maladie, les
taudis etc. Le bord de mer et les lits
de nos ravins sont squattés par les sans-logis dans l’indifférence de
l’Administration publique. Leurs capacités d’adaptation sont relativement
faibles et les conséquences de plus en plus désastreuses. A titre d’exemple,
des maisons sont adossées sur le soutènement
du lac de Péligre. La catastrophe est imminente et le blâme tombera sur le
Pouvoir Central qui a intérêt à prendre des mesures adéquates afin de juguler
le mal. Il en est de même des habitants qui vivent au bord du lit du Bois de
Chêne et sur les flancs des ravins.
A
cause des contraintes économiques qui pèsent sur la capacité d’adaptation des
ménages, les inondations varient avec
les localisations des agglomérations entrainant parallèlement des
stratégies différentes :
-
Les crues de nos rivières,
de nos gorges et de nos ravins arrivent généralement suite à une longue période
de pluies. Il n’est pas difficile de cibler les zones à risques ni de prévenir
les résidents du danger qui les guette en vue d’une évacuation éclair. L’idéal
serait de leur offrir une alternative durable puisque les saisons pluvieuses sont bien connues au
cours de l’année et les cyclones sont annoncés
avant leur passage. Donc il n’y a pas de surprise sinon que de la négligence
pure et simple.
-
Outre les prévisions atmosphériques, il faut aussi mentionner
les inondations surprises et brutales
déclenchées par les caprices de la
nature tels qu’orages, éclairs,
dépressions atmosphériques etc., provoquant de fortes précipitations. Il en
résulte de graves dommages pour nos champs, nos cultures et la sédentarisation
de l’eau de pluie dans les rues de nos villes etc. Les épidémies de choléra,
fièvre typhoïde etc. comptent parmi le cortège de malheur.
Ces crues subites sont dues aussi à des pluies orageuses et intenses. Elles ne parviennent
pas à pénétrer dans le sol suite à son déboisement préalable entrainant sa
calvitie. Elles dévalent rapidement les pentes pour gagner les gorges et les
vallées subséquentes. Elles prennent de l’accélération avec la déclivité du sol
en fauchant tout sur leur passage. Quelles sont les causes fondamentales des
inondations cycloniques et non cycloniques en Haïti ? Comment mettre sur pied une gestion anticipatoire?
-
71% des besoins énergétiques
d’Haïti sont satisfaits par la consommation du bois
-
2,5 millions TM de bois de
chauffage sont brûlés par année notamment dans les boulangeries, les
blanchisseries, les guildives, les fours à chaux, les usines d’huile
essentielle. Cette consommation représente 63% de l’offre totale
-
300.000 TM de charbon de
bois sont consommés chaque année, soit
l’équivalent de 1,5 millions TM de bois de feu.
Quelles sont les
solutions aux inondations d’Haïti ?
(à suivre)
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