mardi 4 septembre 2012

Causes causantes des inondations d’Haïti et solutions


Causes causantes des inondations  d’Haïti et solutions

Jean Erich René   
ING. Agronome                                                                                                                                                             Économiste
Les inondations en Haïti sont liées au prime abord à des facteurs d’ordre climatique. Les fortes pluies qui accompagnent généralement les cyclones augmentent considérablement l’eau de ruissellement provoquant les crues de nos  rivières qui débordent de leurs lits en emportant tout sur leur passage.  Signalons que les catastrophes naturelles ne sont pas liées seulement à des facteurs météorologiques. Elles sont amplifiées par l’état des lieux c’est à dire le mode d’exploitation en cours. La nudité du sol entraine l’érosion de ses particules donnant naissance à une eau boueuse  qui  en dévalant les pentes par accélération acquièrent une force de destruction extraordinaire.
En Haïti la plupart des dégâts provoqués par les inondations sont dus à des causes anthropiques c’est-à-dire qui  résultent de l’action humaine telles que :
-         Le déboisement de nos bassins versants pour aménager les jardins. Ces pratiques agricoles anarchiques entrainent  l’écoulement en force de l’eau de pluie .
-         La dégradation totale du sol, par les façons culturales,  le réduit à la roche-mère et entraine son imperméabilité. Ce manque d’infiltration est à l’origine des eaux sauvages qui engloutissent les plaines en contrebas, détruisent les jardins et les maisons  et provoquent des glissements de terrain.
-          L’obstruction  des canaux de drainage et de nos rigoles, par les débris végétaux et les détritus, sont aussi responsables de  l’inondation de nos rues dans les villes.
Cette conjonction de facteurs naturels  joints à la faiblesse de la gestion étatique, le manque de coordination et d’implication des différents services concernés à l’approche des crues, accentuent sans aucun doute les effets dévastateurs. La situation ne va pas s’améliorer d’elle-même sans une intervention gouvernementale intelligente et planifiée. Qu’on se le tienne pour dit : les calamités naturelles provoquées par les changements climatiques tels que le rétrécissement de la couche d’ozone, l’effet de serre et la fonte des glaciers sont à l’origine de grandes modifications climatiques provoquant  l’augmentation du niveau des océans, du débit des cours d’eau, la fréquence et l’intensité des cyclones. Cette situation, pour le moins que l’on puisse dire : catastrophique, en appelle à notre conscience de citoyen responsable sans aucune nuance d’appartenance sociale ni d’idéologie politique. Nous sommes tous embarqués sur le même bateau. Son naufrage sera fatal pour tout le monde. C’est de l’infantilisme de croire que seul le Gouvernement en place est concerné.
Les simulations scientifiques prédisent que les inondations vont s’accélérer au cours des prochaines années. A bon entendeur, salut ! On peut s’imaginer l’ampleur du mal dans un pays comme Haïti déjà confronté à d’autres défis tels que la surpopulation, le chômage, la faim, la malnutrition, la maladie, les taudis  etc. Le bord de mer et les lits de nos ravins sont squattés par les sans-logis dans l’indifférence de l’Administration publique. Leurs capacités d’adaptation sont relativement faibles et les conséquences de plus en plus désastreuses. A titre d’exemple, des maisons sont  adossées sur le soutènement du lac de Péligre. La catastrophe est imminente et le blâme tombera sur le Pouvoir Central qui a intérêt à prendre des mesures adéquates afin de juguler le mal. Il en est de même des habitants qui vivent au bord du lit du Bois de Chêne et sur les flancs des ravins.
A cause des contraintes économiques qui pèsent sur la capacité d’adaptation des ménages, les inondations varient avec  les localisations des agglomérations entrainant parallèlement des stratégies différentes :
-         Les crues de nos rivières, de nos gorges et de nos ravins arrivent généralement suite à une longue période de pluies. Il n’est pas difficile de cibler les zones à risques ni de prévenir les résidents du danger qui les guette en vue d’une évacuation éclair. L’idéal serait de leur offrir une alternative durable puisque  les saisons pluvieuses sont bien connues au cours de l’année et les cyclones sont  annoncés avant leur passage. Donc il n’y a pas de surprise sinon que de la négligence pure et simple.                
-         Outre les prévisions atmosphériques, il faut aussi mentionner les inondations surprises et  brutales déclenchées par  les caprices de la nature tels qu’orages,  éclairs, dépressions atmosphériques etc.,  provoquant de fortes précipitations. Il en résulte de graves dommages pour nos champs, nos cultures et la sédentarisation de l’eau de pluie dans les rues de nos villes etc. Les épidémies de choléra, fièvre typhoïde etc. comptent parmi le cortège de malheur.
 Ces  crues subites sont dues aussi  à des pluies orageuses et intenses. Elles ne parviennent pas à pénétrer dans le sol suite à son déboisement préalable entrainant sa calvitie. Elles dévalent rapidement les pentes pour gagner les gorges et les vallées subséquentes. Elles prennent de l’accélération avec la déclivité du sol en fauchant tout sur leur passage. Quelles sont les causes fondamentales des inondations cycloniques et non cycloniques en Haïti ? Comment  mettre sur pied une gestion anticipatoire?
  Il y a une inadéquation entre la quantité d’eau à évacuer et les capacités de drainage  de nos sols à cause du déboisement à outrance de l’espace haïtien. Il revient aux feuilles des arbres d’amortir les chocs des gouttes de pluie  qui tombent du ciel et qui sous l’effet de la pesanteur fouille les particules du sol pour les emporter. Il échet aux racines des arbres enchevêtrées dans le sol d’assurer la cohésion de ses particules. En coupant les arbres on provoque l’érosion. Signalons que :
-         71% des besoins énergétiques d’Haïti sont satisfaits  par la consommation du bois
-         2,5 millions TM de bois de chauffage sont brûlés par année notamment dans les boulangeries, les blanchisseries, les guildives, les fours à chaux, les usines d’huile essentielle. Cette consommation représente 63% de l’offre totale
-         300.000 TM de charbon de bois  sont consommés chaque année, soit l’équivalent de 1,5 millions TM de bois de feu.
Le décret de 1987 fait injonction aux entreprises industrielles  d’utiliser un combustible de substitution mais cette prescription légale est violée. Le quart de la surface du pays était couvert de forêt en 1950. En 1987 il ne restait que 10%. On a recensé 4% en 1994 et 1,4% en 2004. Cette diminution drastique du couvert végétal a comme corollaire une intensification des pertes en sol. Il résulte qu’avec une pluviométrie de 1400 mm par an  soit 40 milliards m3 d’eau, 90% s’en vont dans la mer en inondant sur leur passage, nos plaines nos vallée et nos villes côtières.
Quelles sont les solutions  aux inondations d’Haïti ? (à suivre)

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