lundi 22 août 2011

1986 versus 2011 et la sortie de crise

1986 versus 2011 et la sortie de crise
Michel William
22/08/2011

La situation socio économique qui prévaut après le départ de Mr Préval de la présidence en 2011 s’apparente á celle qui existait après celui de Jean Claude Duvalier en 1986. Dans les années 1980 , il y a eu un soulèvement général de la population contre la violation de ses droits fondamentaux, droits politiques, droit au travail, droit á la santé, droit á l’éducation, droit á la justice, droit á la sécurité alimentaire, droit á la parole, qui avaient poussé les haïtiens á se révolter contre un régime politique vieux de trente ans, qui ne pouvait satisfaire aucune de ses revendications . Dans l’imaginaire collectif, le régime lavalassien remonterait á 1986 et nom á 1990 qui marque non seulement la fin d’un régime dictatorial, mais aussi le démarrage d’un régime d’espoir en quête d’ancrage avec l’ élection de Jean Bertrand Aristide á la présidence de la république. Du point de vue socio économique , la situation des droits de l’homme, á l’exception du droit de la parole qui reste un butin de guerre du peuple haïtien, au lieu de s’améliorer, s’est empirée de 1986 á 2010. Les services essentiels qui relevaient des attributions de l’état et qui donnaient tant bien que mal un minimum de services á la population sont réduits á leur plus simple expression .Ils ont été littéralement remplacés par ceux fournis par les ONG qui reçoivent un budget neuf fois supérieur á ceux alloués á l’administration publique .Les ONG ont déçu la population qui se plaint de la volatilité des services offerts .La population vit amèrement le mauvais fonctionnement des services de l’état dont la présence des édifices publics délaissés évoque leur vocation á subsister aux épreuves de la politique .

Vingt six ans de services aux rabais des ONG soutenus par le gouvernement des lavalassiens ont dessillé les yeux de la population qui s’est désolidarisée de la majorité des élus ayant cautionné le fonctionnement de ces régimes. Après vingt six années de pouvoir axés sur des promesses non tenues , une situation généralisée d’insatisfaction chez les jeunes et vieux a crée un besoin de changement radical sinon un renouvellement systématique du personnel politique. La présence de la MINUSTHA a bloqué nos leaders politiques traditionnels dans la canalisation de ce vent de changement. Leur participation aux différents gouvernements de Mr Aristide et de Mr Préval les en a enlevé aussi l’audace. Comme tous les projets du président Préval sont intégrés, il aboutissaient á l’accélération de la perte de crédibilité de nos leaders dans des élections truquées á l’avance qui les réservaient des scores ridicules.

Les deux situations 1986 et 2011 se différent du point de vue politique. Alors que du point de vue de liberté de la parole, le régime des Duvalier opprimait visiblement la population ,la presse et les leaders de l’opposition, celui des lavalassiens laissait au peuple ce droit acquis mais en réduisait considérablement la portée. Il se bouchait les oreilles aux revendications du peuple, éliminait physiquement par le biais des gangs organisés les leaders politiques, ou en achetait leur silence par la corruption au sommet.

La MINUSTHA, envoyée par le conseil de sécurité pour stabiliser la vie politique dans un pays où le motif de la déstabilisation est le chômage et son corollaire la misère, a produit le résultat inverse. Elle a renforcé le climat propice á la déstabilisation des institutions du pays en souscrivant de par sa nature á la collaboration avec les gouvernements et avec les ONG pour justifier sa présence. Chaque fois que le mécontentement populaire donne des signes d’essoufflement et se prépare á renverser la situation, les Nations Unies ont toujours pris les devant et appuyé le président Préval dans son projet caché de continuité en souscrivant á toutes les élections magouilles qui ont culminé avec le maintien du même personnel politique á l’origine de la frustration populaire, 2001, 2006, 2009 et 2011. Le régime des lavalassiens a dominé la vie politique du pays pendant vingt six ans. C’est un régime également épuisé par le temps qui n’a rien á offrir á la nation que la décomposition des institutions et la corruption. Les Nations Unies et la famille du GPR ne l’entendaient de cette oreille. Le changement devra se faire par les élections .Quelles élections !

La MINUSTHA, supra entité politique et militaire , prise aux pièges du projet opaque du président Préval de maintenir une continuité rejetée par le peuple, a fait basculer le pays dans l’instabilité en étant á l’origine de l’émergence en 2011 de deux forces politiques inégales : Une présidence faible, jouissant de la légitimité du vote, l’autre législative du bloc des GPR, jouissant d’une majorité de facto dépourvue de légitimité .

Au début de mai 2011, le GPR fort de sa majorité parlementaire de facto, a cousu un amendement constitutionnel qui, s’il est passé, consacrera la mort née du pouvoir de la présidence de Martelly et le sauvetage du projet de continuité boycottée par l’intrusion de ce dernier . La lutte entre la présidence et le GPR est une lutte dont les objectifs sont très précis et différents. Du coté de la présidence on cherche l’équilibre du pouvoir astucieusement manipulé dans la constitution, du coté du GPR, on cherche la constitution d’un pouvoir d’assemblée qui trouve sa consolidation dans l’acceptation de l’amendement verrouillé de la constitution. Le GPR cherche un pouvoir constitutionnel á vie. Le blocage de la désignation du premier ministre est lié á la ratification d’un gouvernement qui ne fera pas obstacle á la promulgation de la version amendée de la constitution et au contrôle des élections á venir. La presse intimidée inutilement par l’animation bravo de l’artiste devenu président, au lieu de projeter dans l’opinion publique naïve le jeu habile du GPR, semble voir noir et faire le jeu de ce dernier qui brouille les cartes en prêtant au président l’intention de porteur d’un projet fasciste qui serait en réalité une tentation de l’INITE.

Comment sortir de la présente crise ?

-Il est suggéré au président l’organisation d’une matinée présidentielle sympathique de la presse qui réunirait la majorité des journalistes haïtiens dans le but de désamorcer la grenade á retardement que constituaient certaines déclarations antérieures confuses. Elle aura créé un nouveau climat de confiance qui rassure nos travailleurs du micro et de la plume. Je ne le cache pas. J’ai peur de certains éditoriaux.
-Les Nations Unies étant á l’origine de la confusion électorale et de la constitution de ces deux forces politiques inégales, doivent être aussi l’entité politique devant accompagner les dites forces dans la recherche de la solution á la crise. Pour éviter d’être accusées de pro ou contre l’une des deux parties, les Nations Unies inviteront á la table des négociations la société civile qui défendra la pertinence des intérêts immédiats de la nation noyés momentanément dans les dilatoires.
Au menu de ces négociations seraient inscrits du coté de la présidence les point suivants :
1-L’obligation pour tous les points inscrits dans l’agenda de négociation de respecter la volonté populaire exprimée dans le vote présidentiel.
2-La refonte de la version amendée de la constitution avec la participation large de la population avec droit de dissolution du parlement á cote du maintien de droit du parlement de ratification et de révocation du gouvernement
3-La création immédiate d’une nouvelle force armée á coté de la police nationale
4-La fusion du ministère de l’Environnement avec la création de la nouvelle force armée
5-La participation du GPR dans le gouvernement au niveau des ministères qui doivent apporter les services techniques á la population avec des titulaires qui n’ont pas déjà servi au timon de ces ministères
6-La création du conseil constitutionnel
7-La création d’une banque autonome de développement au capital de base de 1milliard de gourdes dont 1/10 viendra du gouvernement haïtien pour organiser le crédit á la production.
8-Le vote immédiat de la loi sur la décentralisation et des collectivités
9-La nomination de juges sur la base d’élection, la mise en place du conseil interdépartemental et celle du conseil électoral indépendant permanent.
10-Le renforcement des institutions publiques et un nouveau rôle dévolu aux ONG.
12-L’organisation des élections pour le renouvellement du tiers du sénat
13-L’élection des maires et des casecs pour renouveler le personnel politique du pouvoir local
michelwilliam1000@hotmail.com

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