lundi 2 juin 2014

RETOUR SUR LES OMD



Retour sur les OMD
Bernard Ethéart
2 Juin 2014

Il y a quatre ans, plus exactement en juin 2010, le secrétaire général de l’Organisation des Nation Unies (ONU), M. Ban Ki-moon, présentait à la presse le rapport 2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ce rapport, rédigé par le Département des Affaires Economiques et Sociales (DAES) des Nations Unies, rassemblait les dernières analyses et données de 25 agences internationales et de l’ONU à travers le monde sur les progrès accomplis dans chaque région en vue d’atteindre les cibles fixées d’ici à 2015. A l’époque, j’avais consacré une série d’articles à ce thème, voir (HEM Vol. 24, # 23, 24, 25, 26, 27).
Aujourd’hui, le thème revient à la mode ; c’est assez compréhensible, nous sommes à un an de l’échéance puisque les objectifs fixés devaient être atteints en 2015. C’est ainsi que j’ai été invité à deux réunions de travail, l’une sur la validation du rapport d’Haïti pour 2013, qui s’est tenue à l’hôtel Montana le jeudi 8 mai, l’autre, trois mois plus tôt, le 25 février, à l’hôtel El Rancho, sur « l’agenda poort 2015 pour Haïti ».
Avant d’entrer plus avant dans le détail de ces rencontres, je crois qu’il est bon de rappeler ce que sont exactement ces objectifs. Ils sont au nombre de huit, et à chacun est accolé un certain nombre de cibles, qui sont des objectifs spécifiques chiffrés, qui devraient permettre d’évaluer périodiquement le degré d’atteinte de l’objectif général.
Objectif 1 : éradiquer l’extrême pauvreté et la faim.
Cibles : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour.
Assurer le plein-emploi et la possibilité pour chacun, y compris les femmes et les jeunes, de trouver un travail décent et productif.
Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim.
Objectif 2 : assurer l’éducation primaire pour tous.
Cible : D’ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires.
Objectif 3 : promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Cible : Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaires et secondaires d’ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard.
Objectif 4 : réduire la mortalité infantile.
Cible : Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.
Objectif 5 : améliorer la santé maternelle.
Cibles : Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle.
Rendre l’accès à la médecine procréative universel d’ici à 2015.
Objectif 6 : combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies.
Cibles : D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/sida et commencé à inverser la tendance actuelle.
D’ici 2010, assurer à tous ceux qui en ont besoin, l’accès aux traitements contre le VIH/sida
D’ici à 2015, avoir maitrisé le paludisme et d’autres grandes maladies et commencé à inverser la tendance actuelle.
Objectif 7 : assurer un environnement durable
Cibles : Intégrer les principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales.
Réduire la perte de la biodiversité et atteindre, d’ici à 2010, une diminution significative du taux de perte.
Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas d’accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base.
Améliorer sensiblement, d’ici à 2020, les conditions de vie de 100 millions d’habitants des taudis.
Objectif 8 : mettre en place un partenariat mondial pour le développement.
Cibles : Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral et des petits états insulaires en développement.
Et tout de suite je vais me permettre quelques remarques, reprenant ce que je disais déjà il y a quatre ans (voir Où en est-on avec les OMD ? Hem, Vol. 24, No. 23, du 30/06-06/07/2010).
Pour commencer, je parlerai de ce que j’ai appelé la hiérarchisation des objectifs. A mon avis, les objectifs 4 : réduire la mortalité infantile, 5 : améliorer la santé maternelle et 6 : combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies, relèvent du domaine de la santé et pourraient être regroupés dans un objectif qui serait l’amélioration du système de santé au lieu d’être présentés comme des objectifs en soi.
A partir de ce moment, nous avons six grands objectifs qui seraient
1.       éradiquer l’extrême pauvreté et la faim,
2.       assurer l’éducation primaire pour tous,
3.       améliorer le système de santé,
4.       promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes,
5.       assurer un environnement durable,
6.       mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

Dans un prochain article, je m’étendrai un peu plus sur l’objectif # 1, qui est pour moi le plus important et tout à fait d’actualité.

mardi 6 mai 2014

Sécurité nutritionnelle


Sécurité nutritionnelle 
Bernard Etheart
Si j’étais friand de ces grandes formules qui se veulent pleines de sagesse, je m’en irais répétant tout venant que « les voies du Seigneur sont impénétrables », ou plus cléricalement que « le hasard fait bien les choses » ; tout cela pour parler d’un petit tour que m’a joué le Seigneur ?, le hasard ?, je ne sais pas, en tout cas c’était amusant.
Le tout commence avec mon retour à la Faculté des Sciences Humaines après 18 ans de « mise en disponibilité pour cause d’INARA ; et j’avais à peine repris ma « chaire » que me voilà chargé de donner un encadrement technique à un étudiant finissant pour son mémoire de sortie ayant pour sujet « Sociologie des habitudes alimentaires à Petite Rivière de l’Artibonite », rien que cela !
Et puis voilà que, durant la fin de semaine, feuilletant le dernier numéro de. SPORE (Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP – No 169, Avril-Mai 2014), je tombe sur un article intitulé « Sécurité nutritionnelle – La “faim cachée” n’est pas une fatalité ». Diantre ! Je connaissais la sécurité alimentaire, mais que diable peut bien être la sécurité nutritionnelle ? et puis, qu’est-ce que la « faim cachée » ?
Commençons par la distinction sécurité alimentaire – sécurité nutritionnelle. L’article nous fait bien comprendre qu’il s’agit de deux choses différentes : « Si la sécurité alimentaire est une priorité et figure en bonne place sur l’agenda international, la sécurité nutritionnelle n’attire pas une attention suffisante au vu des chiffres qui révèlent l’urgence de la situation ».
Le même article débute avec une citation d’Olivier de Schutter, qui est, je crois, Rapporteur des Nations Unies pour l’alimentation, une citation qui nous donnerait des pistes de réflexion, comme on dit en français moderne : « Le droit à l’alimentation ne saurait être réduit au droit de ne pas mourir de faim ».
Vous connaissez le proverbe haïtien : « Gro dèyè pa vle di lasante » ; c’est dans ce sens, je crois, qu’il faut comprendre la phrase de de Schutter. Quand on voit nos compatriotes engloutir des tonnes de pois et riz, ils n’ont peut-être plus faim, après l’opération, mais est-ce qu’ils sont bien nourris ? ou plutôt, bien « nutris », pour parler moderne et « pointu » ? Probablement pas.
Mais nous ne pouvons pas nous payer le luxe de rester au niveau du folklore, je suis donc allé chercher un peu plus loin la différence entre aliments et nutriments (encore un néologisme !). Si j’ai bien compris les aliments c’est ce que nous ingérons ; les nutriments par contre sont des substances contenues dans les aliments et qui ont une fonction spécifique. On distingue les macronutriments et les micronutriments.
Les macronutriments, on connait ; on a appris cela en philo dans le cours de biologie. Ce sont les trois groupes : protides (protéines), lipides (corps gras), glucides (sucres). Les micronutriments, on en a aussi entendu parler ; ce sont les sels minéraux, les vitamines, les antioxydants, ceux-là, on en parle beaucoup, mais je n’ai pas encore très bien compris à quoi ils servent, et, pour finir, les composés phytochimiques, des composés chimiques organiques qu'on peut trouver dans des aliments d'origine végétale, ceux-là, je ne les connais pas du tout.
Il n’est cependant pas nécessaire de connaitre dans le détail les rôles et fonctions de tous ces nutriments. Ce qui importe, c’est que la composition d’une alimentation bien balancée suppose un équilibre entre tous, car la malnutrition se réfère à une consommation insuffisante ou excessive des nutriments par un organisme. On peut prendre des exemples connus comme les maladies provoquées par une carence en vitamine, le scorbut, carence en vitamine C, certaines maladies des yeux, carence en vitamine A, l’anémie, carence en fer, etc.
La grande question maintenant est de savoir comment combattre la malnutrition. La réponse est dans cet article de SPORE que j’ai déjà mentionné. « Tout un chacun s’accorde à dire que le seul accroissement de la production alimentaire et de la productivité agricole ne suffira pas à vaincre la malnutrition. Soutenir les petites exploitations agricoles permet de générer des revenus et les revenus permettent l’accès à la nourriture. Le secteur agricole peut aussi mieux accompagner la nutrition en valorisant les productions locales traditionnelles et en promouvant des filières à forte valeur nutritive comme les fruits, les légumes, la viande, le poisson. Ceci permet de diversifier les régimes alimentaires, d’améliorer leur qualité et de rendre plus accessibles les aliments nutritionnellement riches. En outre, le développement de chaînes de valeur rend possible la conservation, le stockage et la transformation des produits. Sensibiliser le monde agricole, en particulier les femmes, à la qualité nutritionnelle des aliments semble aussi indispensable. »
Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai parlé au début du tour que m’a joué … je ne sais trop qui. Au début de l’année, profitant du fait que la FAO avait déclaré l’année 2014 « année de l’agriculture familiale », je me suis lancé dans une campagne en faveur de cette agriculture familiale que j’associais aux techniques agro-écologiques ; cela a donné, entre autre, à une série de six articles (voir HEM Vol. 27 # 52 et Vol. 28 # 01 – 05). Ma motivation était d’ordre environnemental mais aussi socio-économique, l’agriculture familiale étant le plus grand créateur d’emplois, si on lui donne sa chance. Et voilà que maintenant, partant d’un tout autre point de vue, celui de la sécurité nutritionnelle, on arrive à la même conclusion. Ce n’est pas tout.
Dans le courant de l’année dernière la PAPDA a organisé des rencontres avec des organisations paysannes de quatre départements (Nord-Ouest, Nord, Nord-Est Artibonite) ; de ces rencontres sont sortis des cahiers de revendication avec chaque fois un imposant catalogue de revendications touchant à tous les domaines (environnement, agriculture, éducation, santé, etc). Je me suis amusé à faire une compilation comparée des revendications touchant à l’agriculture. Je veux signaler deux choses :
1.       En ce qui concerne le type d’agriculture, il y a une option en faveur d’une agriculture « paysanne », et dans un cas on parle d’agriculture « familiale » ;
2.       En ce qui concerne le type de cultures priorisé, bien sûr tout le monde parle de relancer les cultures de denrées d’exportation, mais tout le monde parle aussi de valoriser, et si nécessaire de revaloriser les cultures traditionnelles de vivres, de céréales, de légumes et de fruits
Je ne crois pas que ces messieurs et dames étaient au courant de l’article que j‘ai cité plus haut, il n’était du reste pas encore écrit, on peut donc dire que ce sont des revendications genuine, pour utiliser un mot anglais dont je ne trouve pas la bonne traduction. Attention ! ces personnes représentent encore 60 % de la population du pays ! Allons-nous continuer à ne pas entendre leur voix ?

Bernard Ethéart

lundi 7 avril 2014

LE METROPOLOCENTRISME

Le métropolocentrisme
Bernard Etheart
7 avril 2014
Nous allons terminer cette série sur le premier Forum Urbain National organisé par le CIAT (Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire) du 10 au 17 mars avec les recommandations de la session 3 qui avait pour thème les enjeux métropolitains (voir HEM Vol 28 # 09, 10 et 11) :
[Nous, les participants au Forum Urbain National d’Haïti, réunis les 12 et 13 mars 2014 au Karibe Convention Center, Pétion-Ville, … recommandons aux décideurs politiques actuels et futurs, nationaux et locaux :
2.    De prendre en compte les travaux de ce Forum pour l’élaboration d’une politique publique de la ville qui :]
2.22       Met en place un cadre institutionnel et technique adapté à la dimension métropolitaine de Port-au-Prince, la région capitale, articulée avec les différentes échelles de gouvernances municipales, départementales et nationales ;
2.23       demande la réalisation urgente d’un atelier pour définir un nouveau découpage administratif de la région métropolitaine et du département de l’Ouest, découpage rendu nécessaire par l’évolution démographique de ce département ;
2.24       Clarifie les responsabilités de l’État et des collectivités territoriales dans la planification et la gestion urbaine, renforce le rôle des collectivités locales dans la prise en charge de leur territoire ;
2.25       Reconnait le rayonnement métropolitain de certaines villes secondaires et les aide à répondre aux exigences de gouvernance nouvelles par un cadre légal et des outils appropriés.
Comme pour les deux autres sessions, ce ne sont pas tant les recommandations qui sont intéressantes que les discussions autour des thèmes car ce sont elles qui révèlent les vrais problèmes à savoir la perception de la problématique par les participants.
Au programme, on avait annoncé que la mise en contexte serait faite par Madame Michèle Oriol, Secrétaire Exécutive du CIAT ; en fait, c’est plutôt son assistante, Rose-May Guignard, qui a ouvert les débats avec une présentation hallucinante de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, que l’on doit considérer comme s’étendant tenez-vous bien, de Saint Marc à Grand Goâve. Cette Aire Métropolitaine de Port-au-Prince (AMAP) concentrerait, avec 2,5 millions d’habitants, 65 % de la population urbaine d’Haïti !
J’ai rapproché ces chiffres de ceux qu’avait avancés la veille l’architecte Leslie Voltaire. Pour lui, Haïti est un des pays les moins urbanisés de l’Amérique Latine, et nous devons nous attendre à voir chaque année 120.000 nouveaux arrivants pour l’installation desquels il faudra, chaque année, trouver 300 hectares de plus.
Ceux qui ont l’habitude de suivre mes chroniques se souviendront que régulièrement je reviens au « Plaidoyer pour une refondation de l’État d’Haïti selon une vision haïtienne » que la FONHDILAC a publié environ deux semaines après la catastrophe du 12 janvier 2010 dans lequel nous plaidions pour une action visant à freiner, voire à rendre rétroactif cette ruée vers Port-au-Prince. Malheureusement, à part l’économiste Charles Clermont, qui avait dit, la veille, qu’il avait espéré qu’après le tremblement de terre on déciderait de faire autrement, tout le monde a semblé considérer la tendance actuelle comme inéluctable.
Et de venir avec des faits qui voudraient prouver la légitimité de la prépondérance de Port-au-Prince, comme Michèle Oriol qui rappelle que 92 % des recettes de l’État Haïtien viennent de Port-au-Prince, et l’architecte Yvan Pinchinat qui nous dit que la campagne est devenue un lieu de misère car l’agriculture ne peut suivre la croissance de la population.
J’ai dit que tout le monde avait semblé considérer la tendance actuelle comme inéluctable, mais je dois rendre justice à quelques personnes qui ont fait exception. D’abord, pour le folklore, il y a eu ce Capois qui s’est insurgé contre cette manie de ne parler que de la zone métropolitaine de Port-au-Prince car, enfin, il y a aussi il y a une zone métropolitaine du Cap Haïtien que diable ! Plus sérieusement, à propos de ces 92 % des recettes de l’État qui viennent de Port-au-Prince, quelqu’un a demandé la création d’autres pôles économiques – tiens ! nous en avons parlé dans notre « Plaidoyer ».
Dans le même ordre d’idée, Madame Chantal Laurent a avancé que, si on veut freiner la croissance de Port-au-Prince, il faut penser aux autres villes. C’est un peu la même logique qui a conduit un participant à parler de « villages tampons ». On se souvient que dans les années 80, le Ministère de la Planification avait développé le concept de « villes écrans » C’étaient Saint Marc et Petit Goâve qui devaient retenir le flot de migrants en route vers Port-au-Prince. Mon problème avec ce concept, comme avec celui de « village tampon », c’est que le focus n’est pas mis sur la ville ou le village en question. Si on le développe, ce n’est pas pour lui-même mais pour freiner l’expansion de Port-au-Prince. C’est cette vision qui m’a conduit à créer ce néologisme de « métropolocentrisme » qui n’est sans doute pas ce j’ai trouvé de mieux, mais je crois qu’il traduit bien un certain état d’esprit.
Je ne peux m’empêcher de parler de Madame Lisette Casimir, mairesse de Saint Michel de l’Attalaye, qui demande si, en ne pensant qu’à Port-au-Prince et au Cap Haïtien, on ne va pas y attirer encore plus de monde. Cela m’a rappelé la première étude à laquelle j’ai participé un fois mon parchemin de Magister Artium obtenu. La Friedrich Ebert Stiftung devait réaliser une « évaluation ex ante » des conséquences socio-économiques de la construction du pont sur le Bosphore.
Je n’ai jamais été à Istanbul, et le fameux pont, je ne l’ai vu qu’au cinéma. Un économiste allemand avait fait le voyage et collecté tout ce qu’il pouvait trouver comme données statisques et autres. C’est à partir de là que nous avons travaillé et conclu que la construction du pont ne ferait qu’accroitre l’attraction de la ville d’Istanbul sur les populations qui migrent depuis les confins de l’Arménie. Le pont a été construit et ce qui devait arriver arriva. Le trafic entre la partie européenne et la partie asiatique d’Istanbul a continué à croitre, et il est question d’en construire un autre, si ce n’est déjà fait.
Pour revenir à notre sujet, ce n’est pas par hasard que nous en sommes arrivés à la situation que nous vivons aujourd’hui. Si Port-au-Prince a connu cette croissance, si « la campagne est devenue un lieu de misère » pour reprendre le mot de Pinchinat, c’est bien parce que nous dirigeants ont fait des choix économiques et politiques stupides. Je suis en train de lire « Haïti, la fin d’une histoire économique » un ouvrage publié récemment par Fritz Jean, ancien gouverneur de la BRH et j’invite tout le monde à en faire autant car il démonte clairement les mécanismes qui nous ont conduits là où nous sommes aujourd’hui. Je reviendrai certainement sur ce livre car je me dis que la compréhension du passé nous permettra de trouver des pistes (pour utiliser un mot à la mode) pour sortir de notre marasme.

Bernard Ethéart

PREMIER FORUM URBAIN NATIONAL

Premier Forum Urbain National
Bernard Etheart

Du 10 au 17 mars, le CIAT organisait, sur le thème Construire la ville, le premier Forum Urbain National. Le CIAT, c’est le Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire, créé par arrêté du Premier Ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis sur la base du décret-cadre SUR LA GESTION DE L'ENVIRONNEMENT du gouvernement Alexandre-Latortue.
A l’occasion de ce Forum, un vaste programme avait été élaboré avec visites de quartiers réaménagés, conférences etc ; mais pour ma part je me suis intéressé à participer aux « sessions officielles » qui se sont tenues au Karibe Convention Center les 12 et 13 mars.
Avant d’entrer dans le détail des sessions, il faut rappeler le contexte dans le quel le forum s’est déroulé. Sur la plan international, ce forum doit permette de préparer la participation d’Haïti au Forum Urbain Mondial dont la 7ème édition se tiendra en avril 2014 à Medellin et à la conférence Habitat III prévue pour 2016. Sur le plan national, le Forum Urbain National a été précédé de deux forum régionaux, un pour le « grand nord », un pour le « grand sud », dont les recommandations ont été présentées respectivement par Fritz Jean, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Nord-Est, et Norman Wiener, Délégué Départemental dans la Grande Anse.
Environ 250 personnes étaient présentes, représentants de conseils municipaux, ingénieurs municipaux, fonctionnaires, universitaires etc, qui ont été invités à discuter, en séances plénières, et au cours de trois sessions successives sur trois thèmes :
Session 1 : Croissance urbaine
Session 2 : villes résilientes
Session 3 : enjeux métropolitains
J’ai insisté sur le fait que ces débats se sont tenus en séances plénières car tous ceux qui ont eu à animer des réunions de travail savent qu’il n’est pas facile de contrôler des groupes aussi large ; aussi j ne peux me retenir d’envoyer un coup de chapeau à Rose-May Guignard qui s’en est tirée de manière admirable.
A la fin des sessions, les participants ont été invités à adopter une déclaration prévue pour être transmise au Premier Ministre. Cette déclaration compte une trentaine de recommandations ; il est donc difficile de la publier in extenso dans un article. J’ai donc choisi de publier, dans un premier temps, les considérations générales, les recommandations des sessions 1, 2 et 3 étant présentées, et commentées, ultérieurement .
DÉCLARATION DES PARTICIPANTS AU 1er FORUM URBAIN NATIONAL D’HAITI
Nous, les participants au Forum Urbain National d’Haïti, réunis les 12 et 13 mars 2014 au Karibe Convention Center, Pétion-Ville, représentants de l’État, des collectivités territoriales, des associations professionnelles, de la société civile, du secteur privé et du secteur académique, recommandons aux décideurs politiques actuels et futurs, nationaux et locaux :
1.            De considérer la ville comme un secteur à part entière dans les politiques publiques, compte tenu de la mutation démographique (la population urbaine est de plus de 50 % de la population totale du pays aujourd’hui) et des potentialités de développement socio-économique des villes ;
2.            De prendre en compte les travaux de ce Forum pour l’élaboration d’une politique publique de la ville qui :
2.1.         Diffuse et assure l’effectivité des lois d’urbanisme existantes, et permet leur actualisation par l’élaboration de lois cadres de l’urbanisme, notamment pour donner une valeur légale aux schémas d’aménagement ;
2.2.         Met en place un programme d’appui et de renforcement des capacités, dans le domaine de la planification et de la gestion urbaines et de la gestion des risques pour les ministères sectoriels concernés ainsi que pour les collectivités territoriales, en particulier les municipalités ;
2.3.         Crée des autorités d’aménagement pour implémenter les plans d’aménagement régionaux, et assurer la cohérence des investissements et des projets avec les plans régionaux réalisés ;
2.4.         Soutient les programmes visant à l’amélioration de la connaissance du territoire et des dynamiques démographiques ;
2.5.         Clarifie et cartographie les délimitations territoriales ;
2.6.         Dote les villes de documents d’urbanisme, notamment d’un plan d’affectation des sols (zonage), un plan de prévention des risques et des plans sectoriels. Ces documents devront être réalistes, adaptés aux besoins locaux et validés par arrêté municipal ;
2.7.         Articule la planification urbaine avec le projet de réforme foncière, en associant les acteurs clés : la DGI, les arpenteurs, les notaires ;
2.8.         Concentre les efforts et les investissements dans la planification des extensions urbaines et la réhabilitation des centres-villes, afin que les quartiers planifiés deviennent les moteurs pour le renouvellement urbain ;
2.9.         Priorise, pour les quartiers non planifiés, la construction de trames viaires structurantes, la fourniture des services de base et la création d’espaces publics ;
2.10.      Structure et équipe les villes secondaires et crée au besoin de nouvelles centralités urbaines afin de constituer un maillage équilibré du territoire national ;
2.11.      Renforce la participation du secteur privé dans le développement et la gestion des infrastructures urbaines par la mise en place d’un cadre règlementaire adapté en favorisant les partenariats publics-privés pour les grands investissements et projets urbains ;
2.12. Appuie le secteur privé dans les choix de localisation de leurs investissements, qui influencent le développement du territoire ;

Bernard Ethéart

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