mardi 14 mai 2019

BRANLEBAS DE COMBAT POUR LA BIODIVERSITE


Branlebas de combat pour la biodiversité
Bernard Etheart

Cette semaine je vais revenir au thème qui était au point de départ de ma collaboration avec Haïti en Marche, l’environnement. Mais il ne s’agira plus de changement climatique, comme cela a été le cas dans la plupart de mes papiers, mais de biodiversité.

Ce n’est pas la première fois que j’aborde ce thème ; je vous renvoie à deux séries publiées en 2017 et 2018 : Protégeons notre biodiversité (1) HEM Vol. 31 # 18 du 17-23/05/2017, (2) HEM Vol. 31 # 19 du 24-30/05/2017, (3) Vol. 31 # 20 du 31/05-06/06/2017 ; La biodiversité menacée (1) Vol. 32 # 35 du 12-18/09/2018, (2) Vol. 32 # 36 du 19-26/09/2018, (3) Vol. 32 # 37 du 26/09-02/10/2018, (4) Vol. 32 # 38 du 03-09/10/2018.

Mais cette fois-ci il y a quelque chose de changé. Il semble, en effet, que, au niveau des décideurs on a commencé à comprendre que la perte de la biodiversité représente un danger au moins aussi menaçant que le changement climatique, ce qui expliquerait ce que j’appelle le « branlebas de combat » et qui se traduit dans cinq « rendez-vous »

1.       La semaine de l'IPBES. A ce sujet je dois signaler que je ne sais pas exactement comment se développe le sigle IPBES. Dans la documentation que j’ai utilisée pour ce papier j’ai trouvé deux « traductions » : groupe d'experts internationaux spécialisés sur la biodiversité, celle-ci fait penser au GIEC et pas mal de gens disent que l'IPBES est à la biodiversité ce que le GIEC est au changement climatique ; l’autre « traduction » se lit Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco-systémiques.
2.       Le G7 environnement, qui doit se tenir début mai, à Metz (Moselle)
3.       Le G7 général, fin août à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques)
4.       Le congrès de l'UICN, en juin 2020 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
5.       La COP 15, fin 2020, en Chine.

Avant d’entrer dans le détail de ces différentes rencontres, voyons quel est le problème. Pour Florence Roussel (26 avril 2019) « Nous sommes face à une extinction massive et très rapide des espèces sur l'ensemble du globe, et les activités humaines en sont les responsables par la destruction des habitats, les pollutions, la surexploitation des ressources, la prolifération des espèces envahissantes et le changement climatique ». Et elle ajoute : « Et cette fois, pas de risque de faire face à une forme de scepticisme contrairement au climat (elle fait allusion aux climato-sceptiques) : les scientifiques sont catégoriques ».

1.       La semaine de l'IPBES
A partir du lundi 29 avril, les scientifiques de 132 Etats membres de l'IPBES se sont retrouvés au palais de l'Unesco à Paris. Ils avaient six jours pour se mettre d'accord sur un rapport auquel ils travaillent depuis plusieurs mois. Ce document regroupe l'ensemble des connaissances scientifiques sur la question de la biodiversité et surtout son état de dégradation à l'échelle mondiale. Et le constat des scientifiques est sans appel : "La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l'histoire humaine et le taux d'extinction des espèces s'accélère".

Au bout d’une semaine de travail, le groupe d'experts internationaux spécialisés sur la biodiversité (IPBES) a publié, le lundi 6 mai, son rapport sur l'évaluation mondiale de la biodiversité. Le rapport attire l’attention sur cette extinction des espèces qui est quasi exclusivement liée aux activités humaines.

L'érosion continue de la biodiversité est en premier lieu due aux changements d'utilisation des sols occasionnés par l'agriculture, en lien, notamment, avec l'augmentation de la consommation de produits animaux. "Plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l'alimentation et l'agriculture ont disparu en 2016. 1.000 races de plus sont menacées", cite le document. Plus d'un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l'agriculture ou à l'élevage. Les impacts de la production intensive sont aussi pointés.

Les facteurs directs de la perte de la biodiversité sont, en premier lieu, les changements d'usages des terres et de la mer (modification des habitats) principalement liés au développement de surfaces agricoles et/ou au détriment des surfaces forestières ; puis vient l'exploitation des ressources naturelles notamment illégale (pêche, chasse, etc). Ces deux facteurs représenteraient plus de la moitié des impacts recensés.

À cela s’ajoute le fait que les zones urbaines ont connu une croissance de 100 % depuis 1992, et la pression sur les espaces naturels s'accroît en conséquence.
Les autres facteurs en cause sont le changement climatique qui "intensifie" la perte de biodiversité. On évoque d’autres facteurs tels les polluants (engrais, pesticides, déchets industriels ou déchets plastique) et l'augmentation du nombre des espèces exotiques envahissantes.

On cite beaucoup l’impact de l’agriculture, mais il faut bien comprendre de quelle agriculture il s’agit. Certes, aujourd’hui, plus d'un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont destinées à l’agriculture ou à l’élevage ; depuis 1970, la production agricole a progressé de 300 % ; en parallèle 23 % des terres ont vu une réduction de leur productivité en raison de la dégradation des sols.

Le rapport parle d’une expansion de l’agriculture qui s’est faite au détriment de la forêt tropicale intacte, en particulier en Amérique Latine et en Asie du Sud-Est. Une agriculture aussi génératrice d’environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais il souligne que les petites exploitations agricoles (inférieures à 2 hectares), qui contribuent à environ 30 % de la production agricole et à l’offre alimentaire mondiales sur 35 % des superficies agricoles, et bien plus en Afrique, sont garantes d’une biodiversité riche, tandis que 68 % des capitaux étrangers allant aux secteurs du soja et de viande bovine (principale transformation de l'Amazonie) transitent par des paradis fiscaux et que les pays de l’OCDE apportent leur soutien à hauteur d’environ 100 milliards de dollars à un type d’agriculture potentiellement nocif pour l'environnement.
Bernard Ethéart
Lundi 13 mai 2019

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