La réhabilitation du « pitimi » (2)
Bernard
Ethéart
30 juin 2014
Dans mon
dernier article consacré à « l’Atelier sur le Développement d’un sorgho
multi-usage (alimentation, fourrage, alcool) en Haïti » (voir La réhabilitation du « pitimi », HEM
Vol. 28 # 22 du 18-24/06/2014), j’avais fait le rappel d’une série d’articles
que j’avais publiés, il y a cinq ans, autour d’une conférence organisée par le
CHIBAS sur la culture du jatropha, connu en Haïti sous le nom de gro medsiyen
(voir HEM Vol. 23 # 23 à 26).
On était
alors en pleine polémique entre ceux qui estimaient qu’il y avait intérêt à se
lancer dans la culture intensive du jatropha à des fins de production de
bio-diesel et ceux qui pensaient qu’il valait mieux utiliser la terre pour la
production alimentaire (voir La
compétition pour la terre, HEM Vol. 23 # 26, du 22-28/07/2009).
Aujourd’hui,
le CHIBAS revient à la charge avec son idée d’intensifier la culture du petit
mil et celle-là a plus de chance d’être bien accueillie ; on n’a plus ce
problème de compétition pour la terre entre la production alimentaire et la
production de matière première pour la fabrication de bio-carburant, car le
petit mil qu’il s’agit de développer est, comme il est dit dans l’annonce de
l’atelier, à usage multiple.
Au cours de l’atelier nous avons eu la présentation des résultats d’une
étude sur « Les conditions ex-ante du
développement du sorgho sucré en Haïti » ; on y
présente les avantages
du sorgho sucré ;
c’est un peu comme on disait à propos de je ne sais plus quel fruit : il
n’y a rien à jeter :
·
Les graines peuvent servir à
o
L’alimentation
humaine,
o
L’alimentation
animale ;
·
Les tiges ont
une
- Utilité
agro-industrielle :
-
Fabrication de sirop,
-
Fabrication d’alcool ;
- Utilité
bioénergétique :
-
Alcool utilisable dans les réchauds,
-
Gel Alcool ;
·
Les feuilles peuvent servir de
- Fourrage pour
alimentation animale.
Attention,
ne vous pressez pas de dire que la mariée est trop belle. La culture du sorgho
multi-usage peut certes présenter de nombreux avantages, mais il faut tenir
compte d’un certain nombre de facteurs et ce sont justement ces facteurs que
l’étude sur les conditions ex-ante du développement du sorgho sucré en Haïti devait identifier.
Le but de
l’étude était de connaitre les conditions qui favoriseraient l’adoption du
sorgho sucré multi-usages en Haïti?
•
Conditions agro-climatologiques?
•
Conditions techniques?
•
Conditions économiques et financières?
•
Conditions socio-culturelles?
Je ne vais
évidemment pas pouvoir rentrer dans les détails de cette étude, mais grâce à la
gentillesse de Daphnée Charles, qui en avait fait la présentation, je suis en
mesure de donner quelques éléments.
Par exemple : les Zones favorables
à l’expansion du sorgho:
- Cabaret/Arcahaie et St Michel: favorable
à une expansion en monoculture
- Avec St Marc, ces zones jouxtent une
zone de transformation industrielle
- Pour les problèmes d’oiseaux et de
cécidomyie, il est recommandé de caler les calendriers de la nouvelle
variété sur les calendriers des variétés actuelles et les zones Saint
Marc, Saint Michel et Cabaret présentent déjà une production importante de
sorgho pouvant favoriser l’adoption.
- La découverte d’une variété sucrée déjà
existante à Cabaret pourrait faciliter l’adoption.
- Les zones Arcahaïe/Cabaret sont les plus
marquées par le manque d’approvisionnement et nécessitent de la matière
première complémentaire.
- Pour sa valorisation industrielle, nous avons
fixé les facteurs limitant et les calculs technico- économiques qui
doivent être approfondis
·
Quant à sa valorisation dans les réchauds, nous
anticipons qu’au prix actuel de l’alcool, ce sera difficile. Mais possible avec
une augmentation de la production et une chute du prix sans rentrer en
compétition avec les objectifs alimentaires
Vous allez
peut-être vous demander ce qu’est la cécidomyie ; pas de problème, je ne
le savais pas non plus ; mais entre-temps j’ai appris que c’est un moucheron
qui provoque des gales sur différentes plantes.
Et puisque
nous sommes dans les définitions, je vais revenir à ce « gel-alcool »
mentionné plus haut et que je ne connaissais pas. C‘est un combustible utilisé
dans les petites cuisinières et les radiateurs. Il a l’avantage d’être moins
dangereux que l’alcool liquide parce qu’il brûle plus lentement mais surtout
qu’il ne risque pas de projeter un liquide enflammé, s’il est renversé
accidentellement.
Un autre
terme m’avait donné des problèmes durant différentes présentations ; il
s’agit de ce « brix » qui
revenait à tout bout de champ chaque fois qu’on parlait de la possibilité de
produire du sirop ou de l’alcool à partir des tiges de sorgho. J’avais bien une
petite idée, mais j’ai dû vérifier. Le degré brix est le contenu en sucre d’une
solution aqueuse. Un degré brix correspond à 1 gramme de sucrose dans 100
grammes de la solution. Evidemment il est important que les tiges aient une
quantité de sucre suffisante pour que la production soit rentable.
Pour
terminer, je reproduirai simplement le deuxième diapo de la présentation qui
nous donne le Contexte de l’étude :
•
12 janvier 2010
•
Nécessité de relancer l’agriculture haïtienne
•
Une solution: innovation
•
Nécessité de mobiliser des processus d’innovation capable de
répondre aux enjeux du système agricole.
•
Opportunité du sorgho sucré multi-usage
•
1) Alimentation
•
2) Fourrage
•
3) Sirop ou alcool
Je n’ai
qu’un mot à ajouter : la démarche est intéressante ; souhaitons qu’on
ne s’arrête pas en route.
Miami le 30
juin 2014
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