jeudi 5 septembre 2013

PetroCaribe: plus qu'une goutte d'or, la ZEP change la donne!

PetroCaribe: plus qu'une goutte d'or, la ZEP change la donne!
Le Nouvelliste | Publi le :04 septembre 2013
 Nesmy Manigat @nesgat
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L'or noir de PetroCaribe n'a cessé d'enflammer les débats sur la coopération Sud-Sud depuis que El Comandante Chavez a promu l'accord énergétique de 2005. Cette facilité de paiement qui permet aux pays bénéficiaires de disposer d'environ la moitié des recettes de la vente des produits pétroliers sur leur marché intérieur de cet or noir est une véritable manne du ciel. Un financement atypique non lié à aucun projet spécifique. A l'encontre de l'aide publique au développement traditionnelle octroyée par les bailleurs de fonds connus et assortie de multiples conditionnalités, le Venezuela, grâce à ce crédit-fournisseur, permet aux 18 pays membres de décider souverainement des affectations de cette ressource rare et de rembourser graduellement le capital. Si la facture déjà payée à PDVSA du Vénézuela s'élève à près de 1,2 milliard de dollars, 1.1 milliard restant, non encore payé a pu être mobilisé pour être injecté dans l'économie. Cette dette a commencé à être payée au mois de mai dernier. Ce montant aurait été de 1.5 milliard si Chavez n'en avait pas annulé 395 millions après le séisme du 12 janvier. Tout cela a permis au pays de financer son budget d'investissement public, soit 19.5 milliards de gourdes, rien que pour l'exercice fiscal 2012-2013. Aujourd'hui fort du succès de ce mécanisme de financement jugé non contraignant et sans conditionnalité par les États membres, cet accord énergétique s'élargit à travers un mécanisme géopolitique et économique qui prend la forme d'une zone économique. L'objectif est de permettre en plus du pétrole de promouvoir des échanges de biens et services dans différents domaines dont les transports et communication, la production agricole, le tourisme, l'artisanat artistique et utilitaire, la formation dans le cadre d'une université régionale de solidarité. Autrement, une utilisation saine de PetroCaribe devrait non seulement permettre à Haïti de disposer d'un appui substantiel à son budget pour sa politique énergétique, pour ses projets sociaux, mais aussi pour avoir accès à des marchés régionaux avec la possibilité de coproduction complémentaire avec des États-membres. C'est dans ce contexte qu'Haïti reçoit le 11e Conseil des ministres de PetroCaribe qui poursuivra ses discussions sur les termes de référence pour la constitution de la Zone Economique Petrocaribe (ZEP), approuvé par les chefs d'Etat de la région à Managua en juin dernier. Derrière ce succès diplomatique incontestable qui a valu à Haïti d'être retenue pour accueillir cet évènement historique, se cachent de grands enjeux dont il convient d'en relater les plus importants : Une opportunité énergétique encore à saisir Il convient de se rappeler que l'initiative PetroCaribe avait pour objectif dans un premier temps de réduire les inégalités d'accès aux ressources énergétiques, par la voie d'un « nouveau schéma plus favorable d'échanges équitables et justes » entre les pays de la région des Caraïbes et d'Amérique centrale. Huit ans après la signature de cet accord énergétique, Haïti a pu surtout profiter de la première phase qui concerne surtout l'approvisionnement en pétrole. Environ 26 millions de barils ont été importés à date au titre de cet accord. Depuis, trois centrales énergétiques ont vu le jour avec les fonds de PetroCaribe, sans toutefois résoudre la grave crise d'électricité qui affecte l'économie du pays malgré la subvention très discutable de l'EDH et la gestion par celle-ci de son système d'approvisionnement, de distribution et de facturation de son offre. Trois autres points importants figurant dans l'accord restent à être abordés par le pays. Il s'agit du développement de l'offre de gaz, de la promotion des énergies alternatives et de l'appui aux économies d'énergie. Haïti devra rapidement passer à ces autres phases, car PetroCaribe a déjà construit une infrastructure de 13 coentreprises avec 10 pays de la région pour assurer le stockage et le transport d'hydrocarbure, ainsi que le projet de construction et d'amélioration des quatre raffineries de Cuba, de la Jamaïque, de la République dominicaine et du Nicaragua. Cette prochaine phase pour Haïti devra aussi mettre l'accent sur la définition d'une politique énergétique en s'inspirant des exemples à succès de la région et en profitant de l'expertise disponible dans cet espace régional. Une ressource accessible, entraînant une grande dépendance. Sans PetroCaribe, de nombreux programmes sociaux récents du gouvernement n'existeraient pas. Le programme de stabilisation des prix, non plus. La plupart des projets de reconstruction des bâtiments publics et autres infrastructures du genre non plus. En clair, la liste des réalisations du gouvernement actuel en termes d'infrastructures économiques et sociales est à mettre en grande partie sur le compte de PetroCaribe. Certes, il resterait les routes de l'Union européenne et les infrastructures et équipements scolaires de la BID. Mais, PetroCaribe constitue la seule source de disponibilité sûre et mobilisable à très court terme. En effet, si Haïti devait vivre avec ses moyens propres, ses dépenses de fonctionnement d'investissements ne dépasseraient pas 120 dollars américains par habitant contre environ les 300 prévus dans le cadre du budget incluant l'aide publique internationale. Aujourd'hui ces chiffres montrent que cela fait moins de 50 cents par habitant par jour que génère l'État pour subsister et contribuer au bien-être de ses 10 millions de citoyens. Dans ce contexte, l'apport de PetroCaribe est extrêmement important, car elle rajoute sans condition environ 15 cents au 30 dont le pays dispose librement pour fixer ses priorités. La République dominicaine avec ses moyens propres dépensent environ 3 dollars par jour par tête d'habitant. Certes, tous les fonds octroyés à l'État haïtien, qu'il s'agisse des rares prêts ou des dons de l'ensemble des bailleurs, sont sensés respecter les priorités du gouvernement, mais la pratique raconte une autre histoire. Souvent la bureaucratie internationale rencontre les pesanteurs locales, d'où la faible exécution des montants inscrits dans le budget d'investissement et la grande tentation d'une sur-utilisation de PetroCaribe, vu son accessibilité. Cela pose aussi l'importance d'une incontournable et mal-aimée réforme fiscale en Haïti afin d'élargir l'assiette fiscale. Cela suppose, également en amont, une réforme économique pour élargir en nombre et en diversité de secteur les contributeurs que sont les entreprises et augmenter l'épargne intérieure qui pourrait suppléer au manque de capitaux internationaux actuels. En attendant, cet accord entraîne une dépendance extrême des récents gouvernements à cette source de financement. Cela doit être apprécié et corrigé pour en éviter les travers. Une dette utilisable pour construire une solvabilité Quand la banquière et ex-ministre des Finances Marie-Carmelle Jean-Marie déclarait que l'annulation de la dette d'Haïti fut une erreur stratégique, car elle coupait la route à des marchés internationaux de financement de grande envergure, cela a soulevé un tollé dans certains milieux. Le problème posé est tout de même resté entier car Haïti est davantage vue comme un pays pour la philanthropie et non par ceux à la recherche d'un retour sur investissement. L'étiquette de pays en faillite est encore reprise par certaines agences internationales pour qualifier l'économie du pays. Aujourd'hui, le milliard de dette de PetroCaribe représente le seul et réel prêt du pays à côté de la BANDES, la banque de développement du Venezuela pour le financement de l'aéroport du Cap-Haïtien et d'un ancien prêt de Taiwan restructuré déjà à maintes reprises. Aujourd'hui, le niveau de solvabilité du pays n'est même pas connu, ni mesuré au niveau international. Aussi, l'autre grand défi du Centre de facilitation des investissements (CFI), au delà du classement du « Doing business » et des satisfecit du FMI, est d'inscrire le pays dans le classement des principales agences de notation connues qui donnent le baromètre aux investisseurs. On sait par exemple qu'un pays comme la Jamaïque au 31 mars 2013 recueillait une moyenne de «C» auprès de 3 des principales agences la S&P, Fitch, Moody's tandis que la République dominicaine et le Venezuela obtiennent un «B» avec des variantes selon la nomenclature. Il est donc important que le pays s'applique à rembourser dans les délais et dans les termes permis par PetroCaribe cette dette, de façon à commencer à se construire une côte de crédibilité internationale. D'où le défi de bien s'assurer que les investissements réalisés avec ce financement, y compris dans le domaine social, intègre cette notion de saine gestion et de retour sur investissement. Un marché élargi et complémentaire à conquérir Lors du 8e sommet des chef d'État et de gouvernement de PetroCaribe qui s'est tenu à Managua en juin 2013, les leaders présents ont réaffirmé qu'un Conseil des ministres de l'Economie et du Commerce de PetroCaribe devait se réunir dès que possible pour prendre les dispositions nécessaires pour évaluer des formes innovantes d'associations conjointes dans les secteurs productifs afin de renforcer l'indépendance économique régionale. Les premiers documents des groupes de travail qui oeuvrent à mettre en oeuvre la ZEP soulignent qu'il ne s'agira pas d'une simple zone de libéralisation des échanges, mais plutôt « d'une zone économique sous-régionale, qui vise à l'articulation et à la complémentarité des appareils de production ». Il est évident qu'il faudra aussi trouver l'articulation juridique avec les autres schémas d'intégration en cours dont la CARICOM, la CAFTA, etc... Dans le cas d'Haïti, on sait que le problème n'a jamais été l'accès aux marchés extérieurs, déjà que le pays a du mal à atteindre les quotas qui lui sont octroyés, mais la capacité de production et la compétitivité de ses produits. Aussi, il sera difficile de penser à une exportation vers les autres pays de la ZEP qui serait un surplus d'une production pour le marché local, même si son sait que par exemple pour la farine, les Moulins d'Haïti et les Céréales d'Haïti S.A ont la capacité installée suffisante pour augmenter leur production. Mais, les exemples du genre restent rares. Les premières négociations entre le gouvernement et des producteurs ont levé le voile sur le potentiel de certains produits agricoles comme les tubercules, le miel, le sirop de canne, etc.. Mais de la coupe aux lèvres, il faudra un environnement d'affaires, un dialogue public-privé qui soient nettement plus propices que le climat actuel et qui soient de nature à favoriser le renforcement des entreprises qui ont un potentiel véritable en matière d'offre exportable. On sait que le Venezuela en particulier et d'autres pays pourrait absorber une partie d'une production ciblée. L'année dernière, la compensation de la facture pétrolière au Venezuela incluait la réception de 187 014 tonnes de sucre, 21.362 tonnes de viande de boeuf, 10,854 tonnes de pâtes alimentaires, 14.480 tonnes de haricots, 249 556 tonnes de riz paddy, et 51 142 tonnes de fruits. Cela suppose un soutien agressif du gouvernement à ces secteurs à côté du relèvement des tarifs douaniers sur certains produits. Tout compte fait, malgré sa complexité géopolitique et ses propres vulnérabilités, PetroCaribe représente une grande opportunité si Haïti peut en profiter. Aussi est-il essentiel que les projets mis en place permettent au pays d'atteindre son objectif, aujourd'hui encore réalisable, de pays émergent à l'horizon 2030. Le gouvernement ne réussira pas seul cette grande entreprise. Cela requiert une discipline assortie d'indicateurs de résultats qui mobilise à la fois le gouvernement, les partenaires économiques et sociaux à travers un dialogue franc, élargi et sans complaisance. Plus qu'une goutte d'or, PetroCaribe est une obligation de résultats, à la hauteur de ce succès diplomatique.
Nesmy Manigat @nesgat

1 commentaire:

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