Les dessous abyssaux de la mesure prise par la cour
constitutionnelle dominicaine
Michel William
9 Octobre 2013
Au delà des
réactions spontanées des haïtiens de
l’intérieur et de l’extérieur du pays á la décision souveraine de l’état dominicain d’expulser de son
territoire des sujets dominicains
d’origine étrangère á partir des
années de 1929, il convient d’éclairer la lanterne des analystes sur certains points qui
méritent des réflexions plus
approfondies.
Du
nazisme pur et simple
Le premier point
est la question de savoir ce que le
gouvernement haïtien a á voir avec une
décision de l’état dominicain d’expulser de son territoire des sujets dominicains.
La réponse est claire. L’état haïtien
n’a rien á y voir directement. L’état haïtien aurait une raison
officielle de protestation si l’état
dominicain décidait de son propre gré
que les expulsés étaient des haïtiens á part entière et comme tels les aurait refoulés vers la république d’Haïti. La perte
de la nationalité dominicaine par des sujets dominicains causée par une décision de la cour constitutionnelle
dominicaine est une affaire dominicaine
qui regarde les dominicains. Elle a un caractère nazisme. Etant donné que 230.000 votes de ces dominicains peuvent
faire basculer le résultat d’une élection
dans un sens que les mulâtres dominicains ne veulent pas, cette mesure est prise par les politiciens racistes pour
empêcher que des votes noirs aillent aux
candidats noirs au moment
des législatives et des présidentielles
dominicaines. Elle fait suite á des mesures traditionnelles de déportation des haïtiens et des dominicains légaux ou
illégaux en Haïti chaque fois que la république
dominicaine veut créer des embarras politiques au gouvernement haïtien.
Une nouvelle Afrique du Sud aux Caraïbes
Cette mesure a pour
but aujourd’hui de créer une
nouvelle Afrique du sud dans le
continent américain ou un Israël de la Caraibes, avec la mise en place
d’une nouvelle bande de GAZA en
territoire dominicain où des sujets
dominicains de couleur noire seraient
parqués comme des bêtes de somme et où ils seraient forcés de mener une vie de paria á cause de la décision stupide d’un groupe de politiciens dominicains fascistes de constituer sur leur territoire
une enclave dominicaine victime d’une
situation d’apartheid. Les nouveaux palestiniens de la république
dominicaine y seraient cloitrés pour de
bon .Ils y mèneraient une vie de dominicains
persécutés où pour survivre, ils
commenceraient á conduire un ensemble
d’actions terroristes qui auraient pour effet de déstabiliser la vie politique
dominicaine , de détourner le flux touristique vers la République dominicaine
et de troubler la paix publique dans ce
pays.
Barrer la route à un autre Pena Gomez
Le sort de ces
citoyens dominicains interpelle au premier chef l’état dominicain qui joue avec le feu et la presse internationale qui devra mobiliser
l’opinion internationale sur le
fait que ces dominicains ont simplement
commis le tort d’avoir une souche
noire dans leur lignée. Rappelons á cet effet que les présidents dominicains Leonidas Trujillio et Ulysse Hérault qui
eurent á diriger la république voisine
dans le temps étaient d’origine haïtienne. Il faudrait aussi noter que le
très brillant intellectuel et homme politique, président du parti
révolutionnaire dominicain, maire de Santo Domingo, et candidat présidentiel
aux élections dominicaines, Franscisco
Pena Gomez , était aussi un citoyen dominicain
d’origine haïtienne. Il allait gagner les élections présidentielles
dominicaines n’eut été une magouille
du président Balaguer avec un
autre parti politique dominicain pour lui barrer la route.
Dans le cas
d’espèces que constitue la décision souveraine de la république
voisine de retirer la nationalité aux
citoyens dominicains d’origine étrangère , il s’agit de la volonté manifeste
d’un groupe de réactionnaires dominicains
de bloquer l’exercice des droits civils et politiques á une
frange noire de la population de la
république dominicaine .
Une déclaration de
guerre
Cette mesure
d’apparence légale pour le judiciaire dominicain ne saurait avoir d’effet rétroactif condamné par la justice internationale. Cette
décision rappelle au monde entier la décision d’Hitler d’enlever aux juifs
allemands la nationalité allemande et le génocide de cette race dans les camps
de concentration juive en Sibérie. Cette décision est une déclaration de guerre
de l’état dominicain contre une partie de ses concitoyens. Elle constitue un
crime contre l’humanité et, á ce titre,
les responsables dominicains doivent être traduits par devant
le tribunal pénal international
pour répondre de leur forfaiture. Par cette mesure, la cour constitutionnelle
dominicaine vient de porter un coup déshonorant á la diaspora mondiale et á la communauté noire
du monde.
Une insulte aux USA
C’est une insulte
á la république étoilée présidée aujourd’hui par un afro
américain Barack Obama et par une première dame noire , Michele
Obama , qui peuvent voir d’un autre œil
la diplomatie dominicaine..C’est un mépris total pour les noirs du continent
africain dont les gouvernements doivent rappeler leurs ambassadeurs en
république dominicaine pour explication et convoquer les ambassadeurs
dominicains accrédités dans les pays africains pour fournir des explications sur la déraison criante du judiciaire dominicain. Cette décision de
la cour constitutionnelle dominicaine peut être un coup fatal porté á l’industrie
touristique dominicaine qui lui
fournit 25% de son PIB.
Quoiqu’il en soit ,
la solution du problème créé par cette mesure se trouve d’abord entre les
mains des deux cents á deux cent vingt trois mille dominicains immédiatement
concernés qui doivent déclencher la
mobilisation générale en république dominicaine
pour porter le pouvoir dominicain á
respecter leurs droits de
citoyens dominicains. Ils doivent livrer un combat sans merci pour gagner
á leur cause la solidarité agissante du reste de la population dominicaine toute
entière et celle de la communauté internationale qui devront forcer le pouvoir dominicain á revenir sur
une mesure raciste, xénophobe, scélérate, infâme, discriminatoire .
La déstabilisation d’Haïti
Cette décision raciste et fasciste de la cour
constitutionnelle dominicaine vise
aussi á
créer en Haïti un climat politique déstabilisateur en menaçant
de refouler vers la république d’Haïti deux cent trente mille
sujets dominicains d’origine
haïtienne qui se retrouvent en
territoire étranger sans aucun lien avec Haïti .
Cette ruée de
citoyens dominicains en Haïti viendra
augmenter les conditions déjà presque réunies pour un éclatement social en
Haïti. C’est pourquoi même si le
gouvernement haïtien n’est pas lié directement par cette décision, il ne peut pas non
plus en vertu de la solidarité internationale rester
indifférent au sort des ces dominicains devenus sans patrie. Le gouvernement
haïtien devra prendre dans l’immédiat un ensemble de mesures pendant que
parallèlement il recourt aux bons offices des organismes politiques régionaux
et internationaux pour débattre de la question.
Que faire ?
Quelles pourraient
être la réaction du gouvernement haïtien et des haïtiens en général partout où
ils se trouvent dans le monde ? Précisons que cette lignée de couleur noire
héritée depuis la colonie a été
alimentée par les industriels dominicains á la recherche de la main d’œuvre pour développer leurs industries
naissantes. Un besoin d’exploitation de la main d’œuvre á bon marché des haïtiens au détriment des
conditions légales de l’immigration est á l’origine du renforcement de la
frange noire de la population dominicaine, comme il en est de la diaspora de
plusieurs pays sous développés vers les pays
développés.
S’il est vrai
que la
constitution de 1987 amendée
reconnaît en son article 11 la double nationalité, il faut néanmoins que cette
frange de la population noire dominicaine en fasse la demande, qu’elle réside
dans le pays cinq ans avant de produire la
demande et que cette demande soit étudiée selon un calendrier migratoire qui ne porte
pas atteinte á la stabilité
politique et économique du pays. Aussi les étapes suivantes sont suggérées pour gérer en Haïti la nouvelle situation
politique créée par la mesure infâme de la justice dominicaine en attendant de
trouver une solution diplomatique gagnante.
Le gouvernement
haïtien devra prendre de son coté
une nouvelle mesure concernant l’immigration pour réitérer sa volonté de ne laisser entrer
sur son territoire que des sujets
étrangers ou haïtiens dument munis de
leurs documents délivrés par les autorités des services haïtiens
d’immigration á l’étranger. Une deuxième mesure consistera pour le gouvernement haïtien de commencer
á renforcer militairement sa frontière pour interdire l’invasion
d’Haïti par des sujets étrangers. Nous attendons du gouvernement haïtien qu’il
sorte deux communiqués , l’un renforçant
l’ interdiction de l’accès au pays de tout citoyen haïtien et étranger non muni de leurs document valides de voyage,
un autre communiqué portant á 5000
militaires , la force armée devant surveiller la frontière haïtiano-dominicaine. Et á partir de ces deux premières actions la question de la mesure prise par la cour
constitutionnelle dominicaine est close
pour les haïtiens. Le gouvernement haïtien aura mis une nouvelle fois a nu un bluff dominicain.
Cette première
réaction légale envisagée, on procèdera
á une nouvelle étape. Cette deuxième étape consistera á sensibiliser les intellectuels haïtiens , les hommes politiques haïtiens, les groupes
syndicaux établis des deux cotés de la
frontière , les groupes des
hommes d’affaires qui font des échanges commerciales avec leurs homologues
dominicains á initier un ensemble d’actions politiques qui
mettent la république dominicaine devant le fait accompli en le forçant á revenir sur sa décision.
Une troisième étape
viserait á financer sur le
territoire dominicain même des mouvements de solidarité avec la classe
des dominicano-haitienne victime du raciste dominicain.
Comme la décision
anti haïtienne des dominicains peut desservir la cause de la branche aveugle de
l’opposition politique á Martelly, en
créant des troubles politiques et économiques dans le pays, l’état haïtien ne peut pas non
plus se permettre d’ignorer la portée de la
dite décision. Une quatrième étape consistera á mobiliser
l’opinion publique internationale en général et les organismes
politiques régionaux en particulier sur le cas d’espèces pour démontrer la menace á la sécurité intérieure et extérieure de la république d’Haïti et par voie de
conséquence á la région caribéenne que constitue la mesure prise par la cour constitutionnelle dominicaine.
Le gouvernement de
Martelly Lamothe devra coute que coute trouver les moyens de financer
indirectement des manifestations anti
Danielo en république dominicaine même pour affaiblir le PLD et créer des
préoccupations politiques au président Danielo.
Le peuple haïtien en solidarité avec le peuple
dominicain devra exiger de l’état
haïtien qu’il dénonce une fois de plus
la résurgence de la situation
d’apartheid inscrite dans le génome
dominicain, en faisant un travail de mémoire pour rappeler au monde
entier que les dominicains ne sont pas
á leur premier coup d’essai/ Il y avait
le massacre des 30.000 haïtiens sur la frontière en 1937, Il y
avait la situation des coupeurs de canne
dans les bateys dominicains qui ont facilité l’apparition du livre titré le
« Le sucre amer de …….Il y avait les rapts et les déportations
traditionnelles en masse des haïtiens de temps en temps le long de frontière haïtiano-dominicaine.
La république dominicaine est á
l’origine de l’extermination de nos cochons créoles avec la
contamination par le virus de la peste porcine africaine en provenance
de son territoire. Elle est aussi
responsable de la contamination du nouveau cheptel porcin haïtien par la peste porcine classique après la
découverte du virus de la PPC dans une
porcherie dominicaine qui avait reçu des
porcs gascon chinois introduits en Haïti
par la coopération française. Ceci a aussi été le cas pour l’Influenza aviaire. Le cas de la fourmi folle n’est pas encore assez documenté pour le mettre á l’actif de l’obsession dominicaine á vassaliser la république d’Haïti en faisant
subir á notre pays les conséquences
d’une ouverture agressive de son pays au commerce mondial.
Nous avions
également souligné dans un de nos articles antérieurs la propension de
l’état dominicain á considérer la république d’Haïti comme une province de son pays et á ce titre elle se permet de violer toutes les conventions internationales
régissant le commerce international
et les lois de l’immigration. Elle se
contente d’exploiter la main d’œuvre á
bon marché des haïtiens á travers
des contrat léonins d’embauchage de travailleurs ou d’importation clandestine
des ouvriers haïtiens á travers des
passeurs dominicains payés par les hommes d’affaire dominicains inféodes au
pouvoir dominicain.
Aussi quand on parle de dessous abyssaux d’un projet
politique, la perception naïve et simpliste tend á
orienter l’opinion publique vers
les enjeux exclusivement politiques de ce projet. Cette mesure anti démocratique
est aussi une déclaration de guerre de l’état dominicain á l’état haïtien, en guise de représailles aux
réactions légales des autorités
politiques haïtiennes qui fatigués des bluffs techniques et des violations des
conventions de l’organisation mondiale du commerce par les politiciens
dominicains, se décident de recourir aux bons offices de l’Organisation mondiale du Commerce pour défendre ses intérêts économiques immédiats.
La question frontalière
A la suite de la
mesure infâme prise par la justice dominicaine contre les haïtiano -dominicains,
l’état haïtien devrait en profiter pour résoudre une fois pour toute la
situation des haïtiens et des dominicains qui vivent tantôt en république dominicaine
tantôt en république d’Haïti avec les modifications survenues au cours de
différents tracés frontaliers. En 1697 avec
la signature du Traité de Ryswick,
l’Espagne concéda à la France le tiers occidental de l’île de Saint-Domingue ou
Hispaniola. Ce traité définissait la
ligne de tracée entre les deux pays
laquelle fut consolidée avec
l’indépendance d’Haïti 1804. Cette tracée a connu plusieurs modifications de
1697 á 1937, á la suite des guerres entre la France et l’Espagne sous le
commandement de Toussaint Louverture. Les
populations des zones frontalières passèrent d’une nationalité á une autre sans formalité officielle quand Boyer à l’invitation des Dominicains
eux-mêmes dirigeait l’île entière. A ce moment tous les dominicains étaient des
haïtiens, jusqu'à l’expulsion des armées haïtiennes sous le gouvernement de
Faustin Soulouque. Dominicains et
haïtiens de la frontière ignoraient tous ces changements et restaient
sur leurs parcelles de terre
haïtienne ou dominicaine comme si rien de politique n’était advenu.
Sous le
gouvernement du président américain Calvin Coolidge á la suite de la double occupation des deux
pays par les américains, les deux pays revinrent au tracé du traité de Ryswick « avec la différence que Haïti devait
céder une bande de terre au nord et la republique dominicaine une bande au sud pour
la construction d’une autoroute frontalière. Ainsi des centaines de familles haïtiennes
se trouvaient tout d’un coup sur territoire dominicain, sans qu’aucun
dédommagement ne leur fut versé et apparemment sans qu’aucun émissaire du
gouvernement se soit soucié de les informer de leur nouvelle
Nationalité »
La Constitution de 1805 fit d’Haïti la première nation noire libre du
monde et en vertu de cette loi mère offrait la nationalité haïtienne à tout
individu d’origine africaine. Les Dominicains ont toujours ignoré la
contribution africaine de leur descendance. « Le dictateur Trujillo
lui-même partiellement d’origine haïtienne de par sa grand-mère honnissait le
simple fait d’y penser. Il gardait soigneusement parmi ses articles de
toilettes un coffret de maquillage qui lui permettait de faire pâlir son teint.
Durant les préambules de la Deuxième guerre mondiale, il s’empressa d’inviter
les juifs persécutés en Europe à trouver asile chez lui, avec l’idée que cet
apport de sang caucasien pourrait aider à blanchir davantage la population
dominicaine ».
Le complot ne passera pas
Le complot de
Vintio Castillo, directeur des services de l’immigration dominicaine avec la
cour constitutionnelle dominicaine, ne passera pas. Il sera combattu par toutes
les diasporas du monde, par toute la communauté noire internationale, par la
population haïtienne et surtout par la
partie saine de la population dominicaine non atteinte de schizophrénie. Il est
malsain de constater que parmi les membres de la dite cour constitutionnelle
dominicaine qui a pris la mesure xénophobe figuraient des noirs d’origine
haïtienne qui ne se considèrent pas eux-mêmes comme des noirs frappés aussi par
la mesure. Avec cette mesure anti démocratique et fasciste, plusieurs questions
sont dorénavant restées suspendues aux
lèvres des élites intellectuelles dominicaines. Qu’est il advenu de la plus
haute instance judiciaire dominicaine ? Aurait-elle été
dopée par un produit hallucinogène quelconque qui les aurait privés de la sagesse des seigneurs
de la loi en délibération? Où est le pouvoir pour arrêter le pouvoir en
république dominicaine lorsqu’un pouvoir
dérive ? La classe politique dominicaine est elle á la hauteur de sa mission ? Les politiciens
dominicains sont ils devenus fous ?
Port-au-Prince 9 octobre 2013
Références
« 70 ans
après les vêpres dominicaines « de Louis J auguste MD
Interview de
Sauveur Pierre Etienne au micro de Signal FM
Déclaration de
maitre OSNER Fevry
Déclaration du
Senateur Melius Hyppolite
Déclaration du
Ministre Edwin Paraison au micro de Télé Plurielle
File Michel William