dimanche 22 janvier 2012

INSTALLATION D'UNE USINE DE L'HUILE DE SOJA AUX GONAIVES, APPUI DE LA COOPERATION BRESILIENNE?


DANIEL ALTINE

Le 1er fevrier 2012, la presidente de la Republique Federative du Bresil, pays assumant le leadership de la Minustah, 6eme economie de la planete avec un systeme de formation professionnelle tres performant, effectuera une visite officielle en Haiti.
 
Ce sera l'occasion pour le Gouvernement Haitien de definir ou de revoir l'accord cadre de cooperation en vue de renforcer la cooperation avec ce grand pays frere, aux niveaux culturel, politique, economique, etc., en fonction des 4 ou 5 E definis par le President de la Republique d'Haiti, dont l'education et l'emploi. Ce sera egalement l'occasion de tester la diplomatie d'affaires, nouveau modele promu par le Chancelier haitien. Car, il faudra depasser la cooperation technique traditionnelle pour deboucher sur des cooperations d'affaires susceptibles de renforcer la creation de valeur ajoutee et de richesses nationales. Pour cela, il faut innover.
 
Dans le cadre du projet qui fait l'objet de ce texte, a l'occasion du voyage du President du Bresil, il est propose un nouveau modele axe sur la cooperation et l'investissement, en mobilisant les secteurs publics et prives du Bresil et d'Haiti (partenariat public-prive). La fiche de projet proposee est a l'etat d'ebauche, donc evolutive. J'espere que le debat  qui suivra permettra de l'enrichir.
 
 
Projet :

Installation d’une usine d’huile de soja aux Gonaïves, moyennant la coopération brésilienne et des investissements mixtes haïtiano-brésiliens

 

Justification et objectifs


L’économie de la République d’Haïti est devenue, au fil des dernières décennies, une économie d’importations. Ces dernières se sont chiffrées à 2 milliards 032 millions USD et 2 milliards 810 millions USD respectivement pour 2009 et 2010, alors que les exportations se sont établies à 501 et 560 millions pour les mêmes années, pour un déficit moyen de l’ordre de 1.5 milliard USD. Les produits alimentaires, avec l’effondrement de la production nationale, en général, de la production agricole en particulier, en comptant pour 23.8% et 20.64% des importations, respectivement en 2009 et 2010, ont contribué substantiellement à la détérioration de la position commerciale d’Haïti. Parmi les produits alimentaires importés, les huiles comestibles ont constitué un poste important de fuite de plusieurs dizaines de millions de devises vers l’étranger.

De telles données démontrent clairement l’ampleur de l’écart à combler et les efforts à consentir par Haïti pour remonter la pente de la relance de la production nationale.  Dans ce contexte, les transferts de la diaspora haïtienne, de l’ordre de 1.8 milliard USD annuellement, se retrouvent ainsi à financer essentiellement l’effort d’importation, alors qu’ils devraient être mobilisés plutôt pour l’effort national de production.

L’investissement proposé de l’installation d’une usine d’huile de soja aux Gonaïves s’inscrirait dans la perspective de relance de la production nationale et de l’activation des divers territoires du pays dans le cadre d’une véritable décentralisation économique. Il permettrait de mobiliser les ressources matérielles, économiques et financières, et techniques du Brésil, sixième économie mondiale et grande puissance sud-américaine, selon un modèle mixte de coopération et d’investissement.

A côté des investissements massifs prévus dans le parc industriel de Caracol, zone Nord du pays, ce projet constituerait une autre initiative majeure, dans le sens de la mise en œuvre d’une politique active de promotion de création de richesses et d’emplois productifs au profit des jeunes haïtiens et haïtiennes dans des zones économiques fortement et moyennement intégrés du territoire national.

L’installation de cette usine viserait essentiellement à favoriser, en mettant à profit la coopération brésilienne ainsi que des investissements brésiliens et haïtiens, la création de valeur ajoutée et de milliers d’emplois dans une ville à genoux, qui se relève péniblement des catastrophes naturelles qui l’ont frappée en 2004 et 2008, et dans un pays où sévissent le chômage et le sous-emploi à l’état endémique. Ce projet permettrait également d’améliorer la balance des paiements d’Haïti en permettant, par l’approvisionnement du marché national en huile végétale, l’économie annuelle de plusieurs dizaines de millions de dollars d’importation d’huile.

Stratégie de montage et de financement : Partenariat Public Privé (PPP)


L’usine serait financée, à la faveur d’une coopération avec la République Fédérative du Brésil, pays qui est avec l’Argentine l’un des premiers producteurs mondiaux de soja, dans le cadre du montage et d’un « joint venture », comme ci-après :

1.      Don de soja du Brésil (volet cooperation secteur public brésilien) à travers le Bureau de Monétisation (secteur public haïtien) ; le soja reçu en don servirait à approvisionner l’usine comme matière première, pour être transformé en huile de soja. Par le passé, Haïti a reçu le blé en don des Etats-Unis d’Amérique, dans le cadre du Programme PL480 Titre III, matière première transformée en farine à la Minoterie d’Haïti, devenue depuis Les Moulins d’Haïti, dans le cadre de la Loi sur la Modernisation des Entreprises Publiques ;
2.      investissements de l’État haïtien (secteur public haïtien), à concurrence de 20% des actions, maximum fixé selon la Loi sur la Modernisation des Entreprises Publiques ;
3.      Investisseurs privés brésiliens : 40% des actions (secteur privé brésilien) ;
4.      Investisseurs nationaux (haïtiens de l’intérieur et de la diaspora) : 40% (secteur privé haitien), dont 20% des actions réservées à de petits porteurs, en vue d’éviter la concentration du capital et de favoriser une certaine diffusion de l’actionnariat.

Modalité de construction et de gestion de l’usine d’huile de soja

Pour des raisons de capacité, l’usine serait  réalisée « produits en main »  par les brésiliens. Selon cette modalité, les partenaires brésiliens, non seulement construiraient et équiperaient l’usine, mais aussi la feraient fonctionner et gèreraient la production pour l’obtention de l’huile de soja. Potentiel de formation des cadres haïtiens en perspective dans la gestion des opérations de systèmes de production complexes.

Produit et sous-produit

·         Produit : Huile de soja
·         Sous-produit : Tourteau de soja, pouvant servir pour l’alimentation du bétail. Gonaïves pourrait devenir un important centre d’alimentation pour bétail, puisque la ville est à proximité de la Vallée de l’Artibonite, zone de forte production du son de riz.

Commercialisation

Marché intérieur.

Emplois et effets

Une telle usine constituerait un bon débouché pour nos ingénieurs industriels et nos gestionnaires. Plusieurs centaines d’emplois seraient créés au moment de la construction de l’usine. Les emplois directs se chiffreraient par centaines, non seulement dans l’usine, mais également dans les nombreuses petites entreprises qui seraient créées à la faveur de cet investissement. Les effets directs et indirects se feraient sentir sur la jeunesse, tant à Gonaïves que dans le Département de l’Artibonite, ainsi que dans le pays tout entier, par l’impact sur les importations, et donc sur la balance des paiements.

Atouts des Gonaïves

·         Carrefour géographique stratégique majeur, donnant accès à plusieurs départements ;
·         2 ports en eau profonde, dont le Warf Sedren qui a servi autrefois pour l’exportation de minerais de cuivre de la mine Mémé;
·         Importante réserve foncière à proximité du Warf Sedren, pouvant être mobilisée pour la construction de l’usine d’huile de soja ;
·         Disponibilité de l’électricité 24h/24h.

En outre, une usine d’huile de soja, localisée aux Gonaïves ne pourrait pas être boycottée comme jadis le fut ENAROL, car la population gonaïvienne serait en mesure de la défendre.

Résultats attendus

·         Des milliers d’emplois créés aux Gonaïves ;
·         Activation du territoire gonaïvien comme bassin d’emplois et ressources territoriales mises en valeur ;
·         Gonaïves confirmée dans son rôle de carrefour stratégique, géographiquement, administrativement, politiquement, socialement et économiquement ;
·         Création de valeur ajoutée et augmentation de la production et de la richesse nationales ;
·         Réduction des importations et amélioration de la balance des paiements ;
·         Décentralisation économique promue et établie comme modèle de développement.

Daniel Altiné
Consultant
M.Sc. Gestion, Economie Appliquée
M.B.A., Finance et Economie de Gestion
Coordonnateur Général du Programme de Formation Professionnelle
Accord de Financement Non Remboursable 2385/GR-HA et Co-financement Union Européenne ATN/CF-10059-HA
509-3446-1402 / 509-3720-0085 / 509-3449-6445 / 509-2813-0836

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