La Communauté Internationale
S’il y a un
concept qui revient régulièrement dans la presse, c’est bien celui de « Communauté Internationale ». Mais
de quoi s’agit-il ? Je ne crois pas qu’il y ait quelque part un texte qui
le définisse ; tout se passe comme si il était évident pour tout le monde.
Pourtant je pense que nous devrions essayer de voir d’y voir un peu plus clair,
surtout nous Haïtiens, compte tenu du rôle que joue cette « chose » chez nous particulièrement
depuis le départ de Jean Claude Duvalier.
On
pourrait, naïvement, penser qu’il existe une institution qui représente la
communauté internationale. Il s’agit de cette organisation créée par les pays
de l’alliance qui a combattu et vaincu les « puissances de l’Axe »
(Allemagne, Italie, Japon), autrement l’Organisation des Nations Unies (dont
Haïti est membre fondateur). D’autant plus que, avec les années, cette ONU
s’est élargie, comptant avec ses 197 membres, presque tous les pays de la
planète.
Mais cette
organisation souffre de deux problèmes. Pour commencer elle a, dès le départ,
créé une discrimination entre les membres ordinaires et les membres du Conseil
de Sécurité, au nombre de 5 : États-Unis, Union Soviétique (aujourd’hui
Russie), Chine, Grande Bretagne, France. Le deuxième problème fut la
compétition (idéologique) entre les deux grandes puissances qu’étaient les
Etats Unis et l’Union Soviétique, que l’on a appelée la « guerre froide ».
En
principe, depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et le démantèlement de
l’Union Soviétique, il n’y a plus de guerre froide, mais on voit encore
s’affronter les « deux grands »,
les États-Unis et la Russie, et le jeu devient encore plus compliqué avec la
montée en puissance d’un troisième « grand »,
la Chine, qui n’a pas renoncé à son étiquette de « communiste ». On peut donc difficilement voir dans l’ONU une
instance représentative de la « communauté
internationale ».
En dépit de tout l'ONU s'efforce, suivant l'article
1 de sa Charte, d'être un
lieu où se construit un avenir meilleur pour tous les êtres humains,
et ce à travers quatre objectifs :
1. Maintenir
la paix et
la sécurité dans le monde ;
2. Développer
les relations amicales entre les nations ;
3. Réaliser
la coopération internationale sur
tous les sujets où elle peut être utile et en encourageant le respect des droits de l'homme ;
4. Être
un centre où s'harmonisent les efforts des nations dans des objectifs communs.
En ce qui nous concerne ici, c’est la poursuite du premier objectif, le maintien de la paix et la sécurité dans le monde, qui nous intéresse. En
effet, ONU peut, avec le Conseil de sécurité, prendre des décisions
concrètes qui peuvent déboucher, par exemple, sur l'autorisation d'employer une
force armée – les « Casques bleus » – pour maintenir
ou rétablir la paix.
C’est en
vertu de ce pouvoir que, en Haïti nous avons connu, de 1993 à 1996, la MINUHA (Mission des Nations Unies en Haïti), une force de maintien de la paix : de 2004 à 2017,
la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour
la Stabilisation en Haïti), une autre mission de maintien de la paix, remplacée
immédiatement par la Minujusth
(Mission des Nations Unies pour l'appui à
la justice en Haïti) ; et que nous avons actuellement le BINUH (Bureau intégré des Nations Unies en Haïti).
Personnellement,
quand je vois dans quelle situation les Haïtiens sont obligés de vivre, j’ai
envie de dire que ces missions n’ont pas été très efficaces dans
l’accomplissement de leurs tâches ; mais, n’étant pas dans le secret des
dieux, je n’ai aucune idée des difficultés qu’elles ont rencontrées, et
surtout, n’étant pas devin, je suis totalement incapable de dire quelle serait
la situation aujourd’hui, si elles n’avaient été présentes.
Il existe
cependant des personnes qui semblent avoir une meilleure compréhension de cette
problématique et formulent des analyses très critiques de l’action de l’ONU et
c’est ce que je me propose de présenter à la prochaine occasion.
Bernard Ethéart
Samedi 5 septembre 2020
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