Branlebas de combat
pour la biodiversité (2)
Bernard Etheart
La semaine
dernière, j’ai entamé une série autour d’un certain nombre de rencontres en
prévision de la COP 15 de la Convention Internationale sur le Diversité
Biologique qui se tiendra fin 2020 en Chine. Ce premier papier traitait de La semaine de l'IPBES, qui s’est tenue
du lundi 29 avril au lundi 6 mai, et au cours de laquelle les scientifiques de 132 Etats membres de l'IPBES (Plate-forme intergouvernementale
scientifique et politique sur la biodiversité et les services éco-systémiques) devaient se
mettre d'accord sur un rapport regroupant l'ensemble des connaissances
scientifiques sur la question de la biodiversité et surtout son état de
dégradation à l'échelle mondiale (voir Branlebas de combat pour la biodiversité,
HEM Vol. 33 # 18 du 15-21/05/2019).
2. Le G7
environnement
Aujourd’hui nous
allons parler de la seconde rencontre, qui a fait immédiatement suite à la
première, le G7 environnement, qui s’est tenu dans la ville de Metz (Moselle) les 5 et 6
mai.
Mais on peut se poser la question : que
diable est-ce que ce G7
environnement ? Eh bien c’est tout simplement une rencontre des
ministres en charge de l'environnement et de l'énergie des pays membres du G7,
autrement dit le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la
France, l'Italie et le Japon. Cette réunion des ministres de l'Environnement
vise à préparer le G7 "général" des chefs d'Etat, prévu à Biarritz
fin août prochain. Les décideurs politiques sont invités à répondre au message alarmiste des scientifiques internationaux de l'IPBES,
réunis jusqu'au 6 mai à Paris, sur l'érosion croissante de la
biodiversité.
Les
représentants d'une dizaine d'autres pays ont été invités par la France à
assister à la réunion : le Mexique, le Chili, l'Egypte, le Niger,
directement concerné par la désertification, le Gabon, l'Inde, l'Indonésie,
directement concernée par la déforestation et les îles Fidji, directement
concernées par la montée des eaux due au changement climatique. La Pologne, qui
a accueilli la conférence internationale (COP 24) sur le climat
en 2018 ainsi que la Norvège ont aussi été conviées. L'Union européenne et l'Organisation
de Coopération et de Développement économiques
(OCDE) sont également associées aux travaux du G7.
Quatre priorités sont fixées lors de ce G7 de
l'Environnement :
-
lutter contre les
inégalités par la transition écologique et solidaire,
-
soutenir les
alertes scientifiques et la mobilisation internationale sur la biodiversité et
le climat,
-
promouvoir des solutions
"concrètes" pour le climat et la biodiversité,
-
financer la
préservation de la biodiversité.
En fait, il semblerait
que, pour la plupart des participants au sommet de Metz, il faut élever la
question de la perte de biodiversité au même rang d’urgence que l’est celle du
réchauffement climatique depuis la COP 21, tenue à Paris en décembre 2015. Cependant
la question du climat reste le principal point de désaccord entre les
Etats-Unis et les six autres pays du groupe.
Les pays du
G7 et la plupart de ceux qui étaient présents ont adopté une charte sur la
biodiversité, dite « Charte de Metz ». il s’agit d’un texte non
contraignant et dépourvu d’objectif chiffré, mais qui indique la nécessité d’« accélérer
et intensifier nos efforts pour mettre fin à la perte de biodiversité »,
« encourager
l’engagement d’autres acteurs », notamment le secteur privé,
et « soutenir
l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre mondial de la biodiversité pour
l’après-2020 ».
Il est probable que les mandats des personnes présentes
à Metz ne leur donnaient pas le pouvoir de faire plus que proposer cette
charte. Le moment des décisions sera la réunion du G 7 (« général »),
à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques),
dans trois mois. « Il n’est que
d’attendre ».
Semaine de
l'IPBES au palais de l'Unesco à
Paris, G7 de l’environnement à Metz, G7 général à Biarritz, sans parler du Congrès
mondial de la nature de l'UICN en juin 2020 à Marseille, on a l’impression que
la France veut jouer un rôle spécial dans ce combat pour sauver la
biodiversité. Parions que Macron a envie d’avoir son « heure de
gloire », comme Hollande avec la COP 21.
Bernard Ethéart
Dimanche 19 mai 2019