Identification et Systématisation des Produits Locaux
Bernard ETHEART
30 DEC. 2012
En février 2010, soit environ trois
semaines après le tremblement de terre, la Fondation
Haïtienne pour le Développement Intégral Latino-Américain et Caraïbéen
(FONHDILAC) sortait un PLAIDOYER POUR
LA REFONDATION DE L’ETAT D’HAITI SELON
UNE VISION HAITIENNE. Une des idées-forces de ce Plaidoyer était la nécessité
d’une vraie décentralisation avec pour objectif la réduction de l’exode vers Port-au-Prince,
voire un renversement de la tendance.
Partant
de l’idée que les deux principaux facteurs à l’origine de l’exode vers
Port-au-Prince étaient (i) l’absence d’infrastructures de base et de services
et (ii) le manque d’opportunités d’emploi (chômage), nous avons proposé la
création de pôles de développement, éventuellement au niveau des chefs-lieux
d’arrondissement, qui seraient dotés d’équipements dans les domaines (i) de
l’éducation : écoles, lycées voire universités ; (ii) de la santé :
centres de soins d’urgence, dispensaires, hôpitaux ;(iii) de l’approvisionnement
en commodités de base : eau, énergie, communication ; sans parler (iv)
de complexes administratifs dignes de ce nom, de manière à ce qu’on ne soit pas
obligé de se rendre à Port-au-Prince pour la moindre démarche.
Sur
le plan économique, nous avons pensé au développement, au niveau de chacun de
ces pôles, de filières agricoles en partant des produits les plus
« porteurs » dans la zone concernée. Une telle proposition peut
rester au stade de vœu pieux tant qu’on n’aura pas entrepris d’identifier ces
produits qui pourraient permettre le développement d’une filière et à la fonhdilac nous n’avions pas les moyens
d’entreprendre un tel travail.
Et voilà que le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) a défini une stratégie de création d’emplois dans une perspective de croissance
inclusive à partir des produits locaux. Cette stratégie est partie du fait
que les
expériences réalisées dans les pays en voie de développement ont démontré que « le
développement et le renforcement des MPME (Micro,
Petites et Moyennes Entreprises) spécialisées
dans la production locale facilite une meilleure valorisation des matières
premières locales, l’augmentation de la valeur ajoutée de la production locale,
la création d’emplois productifs, la fixation de la population dans leurs
communautés respectives et la réduction de la pauvreté des catégories sociales
vulnérables, sans oublier que cela conduit à la valorisation des personnes
elles-mêmes ».
Dans la concrétisation de cette stratégie, le
PNUD a entrepris d’organiser, avec le Ministère
du Commerce et de
l’Industrie (MCI), une série d’ateliers (un dans chaque département,
sauf l’Ouest qui en a eu deux) pour l’identification et la systématisation des
produits locaux dans une perspective d’amélioration de la qualité et de la
commercialisation de ceux-ci. Une telle démarche ne pouvait
pas laisser la FONHDILAC indifférente ; nous y avons donc participé en assurant
la logistique, soit en tant que FONHDILAC, pour l’atelier du Nord-Est, à Fort
Liberté, soit à travers une institution membre de la FONHDILAC : Hydrotech pour l’atelier du Centre, à
Hinche, CEHPAPE et FONDTAH pour les ateliers de l’Ouest, à Petit Goâve et à
Port-au-Prince.
En ce qui concerne la participation, on a tenté
d’avoir un éventail aussi large que
possible en invitant
-
des représentants des Directions Départementales de Ministères (Agriculture, Tourisme, Commerce et Industrie, Affaires Sociales et Travail, Condition Féminine et Droit de la Femme) ;
-
des Représentations des Associations de la Société Civile (Chambre de Commerce et
d’Industrie, ONG locales, associations touristiques, associations de producteurs, coopératives de
production, OCB dans les secteurs de
production ;
-
des représentants des Autorités Locales (Association des Maires ou Mairie de la
Ville ou l’atelier est organisé) ;
-
au moins 1 Représentant des Associations Politiques ;
-
au moins 5 entrepreneurs locaux / promoteurs de produits locaux dans des
secteurs représentatifs ;
-
quelques vendeurs de produits locaux ;
-
les médias (Radio et Télé).
D’une manière
générale les ateliers se déroulent suivant le même programme. Après les propos
de bienvenue et la mise en contexte par le consultant Karl Maxime Alliance
responsable de la mise en œuvre du programme, les participants sont répartis en
groupes de travail avec pour tâche d’identifier les produits représentatifs du
département, classés en trois catégories :
1. Patrimoine naturel/culturel
2. Agriculture
3. Artisanat/petite industrie
Les participants sont ensuite réunis en plénière
pour la mise en commun des résultats. A partir de cette liste unique, les
groupes de travail ont à retenir 10 produits, en tenant compte des critères
suivants :
-
Capacité d’augmenter la production
-
Existence d’un savoir faire local
-
Potentiel de création d’emplois
-
Potentiel de la chaine de valeur
(augmentation de valeur ajoutée)
-
Existence de marché
-
Potentiel de diversification de
produits dérivés
-
Impact environnemental
(biodiversité, fragilité, produit en voie de disparition)
A partir de cette nouvelle liste
restreinte les groupes de travail auront à identifier cinq produits qui seront
retenus et pour lesquels on dressera une fiche technique comprenant :
·
Définition du produit et des
produits dérivés,
·
Définition des acteurs,
·
Définition du circuit,
·
Relation entre les acteurs,
·
Valeur ajoutée,
·
Contraintes,
·
Recommandations.
On a envie de dire, comme l’ont
souvent fait les participants, « tout cela c’est bien joli, et
après ? » Le consultant a tenté de les rassurer en disant que le PNUD
va faire un effort pour la mise en œuvre des recommandations sorties de ces
ateliers ; le PNUD aurait même déjà des fonds disponibles pour réaliser
des expériences pilotes dans deux départements. Mais, même en dehors de cela,
cet exercice a le mérite de fournir des indications pour la mise en application
des propositions de la FONHDILAC.
Bernard Ethéart
HEM Vol. 26 # 50 du
02-08/01/2013
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