LA REUNION DU G7
BERNARD ETHEART
1er SEPTEMBRE 2019
On
n’attendait pas grand’chose de cette rencontre des chefs d’État ou de
gouvernements du Canada, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et du Japon,
plusieurs des participants arrivant en position de faiblesse :
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Justin Trudeau a une échéance électorale qui s’annonce compliquée et est
en délicatesse avec la justice ;
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comme d’habitude, Donald Trump fait le fanfaron mais est engagé dans
plusieurs dossiers délicats ;
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Boris Johnson est empêtré dans son affaire de Brexit ;
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Angela Merkel est affaiblie politiquement et fait face à des problèmes de
santé ;
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le premier ministre Italien est à la tête d’un gouvernement
démissionnaire ;
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finalement seul le japonais Shinzo Abe semble n’avoir aucun souci
particulier.
Au milieu de tout ce beau monde,
l’hôte de la conférence, Emmanuel Macron, se souvenant sans doute que le G7 avait
été lancé, en 1975, par le président français Valéry Giscard d’Estaing pour
faire face au premier choc pétrolier et à la crise du dollar, affirmait : « Il faut retrouver la sève des G7,
celle des échanges et du dialogue ».
Ce qui
m’amène à parler de l’analyse d’un invité (dont je n’ai pas retenu le nom) de Stephan Lambrecht au cours de l’émission « 64 minutes » de TV5 du lundi 25 août. Pour lui, il y a 2 G7 : celui de Macron
et celui de Trump. Et il développe : Macron est un multilatéraliste ; la priorité pour lui, c’est donc le G7
lui-même, et il ne veut surtout pas que la conférence qu’il préside finisse
comme celle de l’année dernière, quand Trump avait refusé de signer la
déclaration finale. En face de lui il y a Trump, un bilatéraliste, pour qui le G7 est surtout une opportunité de rencontrer,
un à un, ceux avec lesquels il veut établir un dialogue.
Pourtant, quelque
soient les problèmes des participants ou leurs divergences d’opinion, la
conférence a à traiter d’un certain nombre de dossiers de la plus haute
importance. On peut citer le climat, l’Iran, les relations commerciales entre
les « grandes puissances » etc.
Quelques jours avant
le début de la conférence, Emmanuel Macron, Président de la République
Française, qui préside cette année le G7, avait mis en avant la lutte
contre les inégalités comme priorité du sommet de Biarritz. Mais
attention, selon la présidence française, « La réduction des inégalités environnementales passera par les financements en faveur du climat et une
transition écologique juste centrée sur la préservation de la biodiversité et
des océans. »
« Le G7 doit
être l'occasion pour ses pays membres, y compris la France, de s'accorder sur
le renforcement des objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre
d'ici à 2030, d'adopter un objectif de neutralité carbone avant 2050 et de
doubler les promesses financières au Fonds Vert pour le climat. »
Ceci est bel et beau, mais les différentes
COP nous ont appris comment il est difficile d’obtenir des résultats concrets
sur ces différents points. Aujourd’hui, comme l’écrit Laurent Radisson (Action climatique : le G7 est mal parti, 22 août 2019), « Le
G7 est un terrain miné pour aborder la question climatique : la présence des
Etats-Unis rend le consensus impossible depuis 2016 et l'annonce de Donald
Trump du retrait de l'Accord de Paris ».
Et puis voilà que, de
manière inattendue, jeudi 22 août au soir, donc à la veille de l’ouverture de
la conférence, le président français, dans un « twittt » à la mode de
Donald Trump, met l'Amazonie à l'ordre du jour du G7, avec des accents
rappelant une célèbre phrase de Jacques Chirac : « Notre maison
brûle. Littéralement. L'Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20 %
de notre oxygène, est en feu. C'est une crise internationale. Membres du G7,
rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence » (voir Les incendies en
Amazonie HEM Vol. 33 # 33 du 28/08-03/09/2019).
Cela lui a valu une réaction cinglante de Jair Bolsonaro, qu’il avait
traité de menteur à propos de ses déclarations lors de la rencontre du G20 à
Osaka (voir Réunion du G20 à Osaka (1, 2 ,3) HEM Vol.33 # 25, 26, 27). Résultat, dans un premier temps, le Brésil refuse
un soutien financier de 20 millions de dollars aux pays amazoniens qui le
demandent – annonce faite par Emmanuel Macron avec le président chilien, hôte
de la prochaine COP climat en décembre – puis revient sur sa position, mais
pose comme condition qu’Emmanuel Macron lui présente des excuses.
Nous aurons à revenir
sur ce sujet, car le problème des incendies en Amazonie ne concerne pas
seulement le Brésil et doit être traité dans un cadre plus large,
sud-américain, voire mondial. En attendant, si on veut faire un « rapide
bilan environnement » du G7, on peut retenir quelques points.
Tous les pays présents au sommet, c'est-à-dire les membres du G7 (Canada,
États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Japon), mais aussi les
Etats invités comme le Chili, l'Afrique du Sud, l'Inde et l'Australie, ont
signé la charte pour la biodiversité. Cette charte avait été
finalisée lors du sommet des ministres chargés de l'environnement en mai
dernier à Metz au moment même de la publication du dernier rapport de l'IPBES (voir
Branlebas de combat pour la biodiversité (1
et 2) HEM Vol. 33 # 18 du 15-21/05/2019 et #
19 du 22-28/05/2019). Cette charte est certes non contraignante,
comme le signale Laurent Radisson (voir plus haut) mais, pour Emmanuel
Macron, il s'agit de « lancer une dynamique comparable à celle sur le
réchauffement climatique ». Il a donné rendez-vous au congrès de
l'UICN à Marseille et à la prochaine COP biodiversité qui se tiendra en Chine
l'année prochaine.
Emmanuel Macron a également
annoncé des engagements des Etats en faveur du Fonds vert pour le climat, dont la reconstitution des ressources
figure au menu du sommet du secrétaire général des Nations unies qui doit se
tenir le 23 septembre prochain. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a
annoncé le doublement de la contribution du Royaume-Uni, soit 1,44 Md£. La
France s'est engagée dans le même sens. Ces initiatives font suite à celles de
l'Allemagne et de la Norvège.
L'engagement des pays du G7
permet de dégager près de 5 Md$ supplémentaires a assuré le président français.
Les ONG environnementales saluent l'annonce par la
France, le Royaume-Uni et l'Allemagne du doublement de leur contribution au
Fonds vert. "La seule annonce concrète sur le climat", selon
Greenpeace France.
Bernard Ethéart
Dimanche 1er
septembre 2019