BILAN DE L’ANNEE
2015
PAR MICHEL
SOUKAR
Le bilan de l’année 2015 coïncide avec
la fin du mandat du Président Michel Martelly au pouvoir depuis le 14 mai 2011.
C’est l’année de l’organisation d’élections générales pour renouveler le
personnel dirigeant les institutions étatiques. Cette année coïncide également
avec celle de la commémoration du centenaire de l’occupation américaine du pays
(1915-2015).
I. SUR LE PLAN
POLITIQUE
Durant ses quatre (4) années et demie au
pouvoir, le Président Michel Martelly, garant de la stabilité et du bon
fonctionnement des institutions, n’a organisé aucune élection en vue du
renouvellement des collectivités territoriales, du tiers (1/3) du Sénat et de
la Chambre des députés. Au contraire, son administration a remplacé tous les
cartels de maires élus dans les 140 communes de la République par des agents
intérimaires. Timidement, la communauté internationale et la société civile ont
attiré son attention sur cette violation flagrante de la Constitution de 1987.
Il est vrai que l’organisation
d’élections à un rythme accéléré est une entreprise onéreuse pour la communauté
internationale qui supporte la charge du financement des élections en Haïti
depuis 1987 à plus de 60%. La Mission de l’Organisation des Nations-unies pour
la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) ne se préoccupe que de la stabilité de la
Présidence. Comme si la stabilité des autres institutions républicaines n’est
pas une priorité. Aussi, depuis 2006 le pouvoir présidentiel se transmet-il,
tant soit peu, d’un Président élu à un autre, en dépit des élections boiteuses
concourant à ce transfert plus ou moins régulier et ordonné du pouvoir.
A. UN TEMPS POLITIQUE
MAUSSADE
Plus d’un prédisaient un tsunami
politique au début de l’année 2015, tant la situation politique se détériorait.
Le 12 janvier 2015, le mandat du deuxième tiers du Sénat arrivait à expiration
ainsi que celui de la Chambre des députés. Le Président Martelly allait-il
constater la caducité du Parlement comme ce fut le cas le 11 janvier 1999, sous
la Présidence de René Préval?
Six (6) Sénateurs de la République:
Jean-Baptiste Bien-aimé (Nord-est), Pierre Francky Exius (Sud), William Jeanty
(Nippes), John Joël Joseph (Ouest), Jean-Charles Moïse (Nord), Wesner Polycarpe
(Nord), secondés, entre autres, par les manifestations de rues du Mouvement des
Organisations de l’Opposition Démocratique (MOPOD) portaient le Président
Martelly à cesser les tergiversations et à négocier un accord avec les partis
d’opposition, en vue d’une sortie de crise. Leurs revendications portaient sur
la formation d’un Conseil Electoral Provisoire (CEP), selon l’esprit de
l’article 289 de la Constitution de 1987, la formation d’un gouvernement de
consensus et le remplacement du Président de la Cour de Cassation, également
Président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ).
Coincé aux entournures, le Président
Martelly constituait une Commission Consultative de neuf (9) membres, présidée
par l’homme d’affaires, le Dr Réginald Boulos, en vue d’effectuer la synthèse
des rencontres, discussions et consultations antérieures avec les représentants
de différents secteurs de la société haïtienne et pour lui faire des
recommandations appropriées. Un délai de huit (8) jours était accordé à la
commission pour effectuer ce travail.
Dans le délai imparti, la commission
consultative remit son rapport au Président Martelly, au cours d’une cérémonie
organisée au Palais National, en présence du Premier Ministre Laurent Lamothe,
accompagné de certains membres de son gouvernement. Sans surprise, les principales
recommandations furent: la formation d’un gouvernement de consensus, dirigé par
un Premier Ministre choisi en concertation avec les partis politiques; la
formation d’un Conseil Électoral Provisoire (CEP), selon l’esprit de l’article
289 de la Constitution de 1987 et la démission du Président de la Cour de
Cassation, également Président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire.
En réalité, ces recommandations
correspondaient aux revendications exprimées depuis plus de six (6) mois par
les six (6) Sénateurs frondeurs et relayés par les manifestants du MOPOD qui
réclamaient également l’organisation d’élections ou la démission du Président
Martelly. Sans surprise, le Président Martelly saisit la bouée de sauvetage et
déclara accepter toutes ces recommandations. Il n’adressa pas des questions
préjudicielles relatives à la décharge à accorder à ses anciens Ministres,
voire la double nationalité. Le dindon de la farce fut le Premier Ministre
Lamothe qui menait visiblement campagne, à travers ses tournées dans les
provinces, sous le couvert du programme “Gouvenmam Lakay ou”.
B. IRONIE OU
PRAGMATISME
Le 29 décembre 2014, le Président
Martelly, le Président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), Me
Anel Alexis Joseph dont on réclamait la démission, le Président du Sénat :
Simon Dieuseul Desras et le Président de la Chambre des députés, Stevenson
Jacques Timoléon, signaient un accord tripartite garantissant, entre autres,
l’existence du Parlement après le 12 janvier 2015. Cette clause devait être
introduite dans la loi électorale à voter avant le 12 janvier. Le mandat des
députés serait prolongé jusqu’au 24 avril 2015 et celui des sénateurs jusqu’au
9 septembre 2015, ou à l’entrée en fonction des nouveaux élus, si les élections
se tenaient avant ces dates. La balle était dans le camp du parlement.
Le Premier Ministre Lamothe démissionna.
L’intérim fut assuré par le Ministre de la Santé Publique et de la Population,
le Dr Florence Duperval Guillaume.
Parallèlement, le Président Martelly
désigna Monsieur Evans Paul comme Premier Ministre, en dehors de toute éthique
et sans consultation véritable avec les Présidents des deux (2) branches du
Parlement. Monsieur Paul faisait partie de la Commission Consultative qui avait
produit les recommandations de sortie de crise. Le 1er janvier 2015, le Président de la République,
flanqué de la Première Dame, des Présidents du Sénat et du CSPJ, du Premier
Ministre par intérim et du Premier Ministre désigné, participa aux cérémonies
commémoratives du 211emeanniversaire de l’indépendance
aux Gonaïves.
La convocation du Parlement en Assemblée
Nationale pour voter, entre autres, la loi électorale et ratifier le choix du
Premier Ministre, n’a pas eu lieu. La séance fut boudée par le groupe des six
(6) Sénateurs qui écrivirent au Président du Sénat pour justifier leur position
sur le menu de la convocation, jugé copieux, indigeste et rébarbatif.
Paradoxalement, la plupart des partis
politiques qui critiquaient le pouvoir du Président Martelly : la Fusion
des Sociaux Démocrates, le Parti Inité, le Parti Aysyen Pou Ayiti, Kontra Pepla
se bousculaient à l’Hôtel Kinam I pour parapher un accord politique avec le
Président de la République le 11 janvier 2015.
Tous les regards étaient rivés sur le
Parlement à l’approche de la date fatidique du 12 janvier 2015. Les
jusqu’au-boutistes préférèrent jouer le tout pour le tout. Et le délai accordé
aux parlementaires expira. L’Assemblée Nationale mettait fin à la 49emelégislature. Le Vice-président de cette Assemblée,
le député Stevenson Jacques Timoléon, proche du Pouvoir, prononça un discours
dans lequel il suggéra la modification de la carte géographique et politique du
pays, à travers la création de nouveaux départements géographiques et de
nouvelles communes. Le député Timoléon voulait-il préparer les esprits à une
telle éventualité?
C. FORMATION DU
GOUVERNEMENT
Avec le départ de la Chambre basse et
l’absence des deux (2) tiers du Sénat, le Parlement est dysfonctionnel. Les dix
(10) Sénateurs restants sont: Steven Iverson Benoit (Ouest), Wesner Polycarpe
(Nord), Jean-Baptiste Bien-Aimé (Nord-Est), Lucas Saint- Vil (Nord-Ouest),
Annick Francois Joseph (Artibonite), Jocelerme Privert (Nippes), Carlos Lebon
(Sud), Edwin Zenny (Sud-Est), Francisco De la Cruz (Centre) et Andris Riché (Grande-Anse).
Ce dernier fut élu Président des restes du Sénat avec Cinq (5) voix sur sept
(7).
La voie était ouverte pour la formation
et l’installation d’un gouvernement de fait. Nommés à la onzième heure, le
Premier Ministre forma, de concert avec Le Président de la République, un
Gouvernement de consensus de Vingt (20) Ministres et Dix-sept (17) Secrétaires
d’Etat, sans l’onction du Parlement sur son énoncé de politique générale, comme
le veut la Constitution de 1987. Le cabinet ministériel comptait huit (8)
Ministres issus du Gouvernement Lamothe et douze (12) nouveaux Ministres, issus
pour la plupart des Partis Politiques Fusion, Inité. Le Président Martelly
cohabita avec ses adversaires d’hier.
Parmi les anciens Ministres du
gouvernement Lamothe, quatre (4) ont battu le record de longévité :
l’Ingénieur Jacques Rousseau (MTPTC), Stéphanie Balmir Villedrouin (Tourisme),
Florence Duperval Guillaume (MSPP) et Wilson Laleau, tantôt aux Finances,
tantôt au Commerce. Par contre, un Ministre et trois (3) Secrétaires d’Etat
n’ont pas pu être installés. Il s’agit du Ministre de l’Agriculture, des
Ressources Naturelles et du Développement, le vétérinaire Jean-François Thomas,
des Secrétaires d’État Fednel Monchéry à la Reforme Agraire, Pierre André
Gédéon à la Relance Agricole et Carel Alexandre à la Sécurité Publique. Les
trois (3) premiers furent contestés par les étudiants de la Faculté d’Agronomie
et de Médecine Vétérinaire (FAMV) et le dernier par le Réseau National de
Défense des Droits Humains (RNDDH). Le Gouvernement a dû nommer l’Agronome
Fresner Dorcin à la tête du MARNDR, suite à la démission de Jean-François
Thomas.
Après la formation et l’installation du
Gouvernement, contesté par le Sénateur Steven Benoit et l’opposition radicale,
le cap était mis sur la formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP), en vue
du lancement du processus électoral.
D. LANCEMENT DU
PROCESSUS ÉLECTORAL
Le lancement du processus électoral
passait par la formation du Conseil Électoral Provisoire (CEP), selon l’esprit
de l’article 289 de la Constitution de 1987, l’élaboration et la publication du
Décret électoral et du calendrier électoral.
1.
Formation du Conseil Électoral Provisoire
Durant quatre (4) ans et demi,
l’obstination du Président Martelly à former le Conseil Électoral permanent
s’est heurtée à l’opposition d’une bonne partie de la classe politique
haïtienne. Les quatre (4) premières tentatives du Président Martelly de former
un CEP, présidé soit par Emmanuel Ménard, soit par Josué Pierre-Louis, soit par
Frizto Canton ou par Max Mathurin se sont heurtées à la résistance des forces
d’inertie du milieu politique haïtien. Cette fois, les institutions prévues
dans l’article 289 de la Constitution de 1987 ou celles qui leur tiennent lieu
de substitut ont toutes désigné leurs représentants au Conseil Électoral
Provisoire, en dépit de certaines protestations au sein de quelques-unes
d’entre elles. Voici la liste des représentants désignés par secteur:
·
Pierre Manigat Jr, Presse
·
Lucie Marie Carmelle Paul Austin, Université
·
Pierre Louis Opont, Patronat
·
Lourdes Edith Joseph, Syndicat
·
Yolette Mengual, Femme
·
Néhémy Joseph, Paysan/Vodou
·
Ricardo Augustin, Conférence Episcopale
·
Vijonet Déméro, Cultes Reformés
·
Jaccéus joseph, Droits Humains
Les neuf (9) membres du Conseil Électoral Provisoire (CEP) prêtaient le
serment d’usage à la Cour de Cassation, présidée par Me. Jules Cantave
succédant à Me Anel Alexis Joseph, démissionnaire. Le parti Fanmi Lavalas et le
Mouvement des Organisations Populaires Démocratiques (MOPOD) prenaient acte de
la formation du Conseil.
Le CEP se mit immédiatement au travail
en vue de l’élaboration du projet de Décret électoral à soumettre à l’Exécutif
aux fins de publication dans le Journal officiel “Le Moniteur”. Le CEP élabora
le calendrier électoral et le budget en vue de l’organisation des élections
présidentielles, législatives, communales et locales avant la fin de l’année
2015.
2. Publication du décret électoral
Un décret électoral de 244 articles fut
publié dans un numéro spécial du Journal officiel “Le Moniteur” le 2 mars 2015.
Le Premier Ministre Evans Paul remit symboliquement un exemplaire dudit Décret
au Conseil Électoral Provisoire (CEP). Puis, le CEP publia le calendrier
électoral et invita le Président de la République à publier l’Arrêté convoquant
le peuple en ses comices, pour les 9 août, 25 octobre et 27 décembre 2015, en
vue d’élire:
·
1 Président de la République;
·
20 Sénateurs;
·
119 députés;
·
142 cartels de Magistrats communaux;
·
575 cartels de Conseil d’Administration des Sections Communales (CASEC);
·
et des délégués de ville.
D’après le calendrier électoral, le
premier tour des élections législatives fut fixé au 9 août. Le 1er tour des élections présidentielles, le 2ème tour des législatives et les élections
communales au 25 octobre. Le 2eme tour des
présidentielles et les élections des membres des collectivités territoriales
(CASEC, ASEC, Délégué de Ville) au 27 décembre 2015.
Si tout se passait comme prévu, le
Parlement rentrerait en fonction le deuxième lundi de janvier 2016 et le
Président de la République serait installé le 7 février 2016.
3. Inscription des partis politiques
Le CEP invita les Partis politiques
reconnus à s’inscrire. 192 Partis, organisations et entités politiques se
présentèrent, y compris le MOPOD, Fanmi Lavalas et Pitit Desalin. 166 Partis,
organisations et entités politiques, reconnues par le Ministère de la Justice,
furent agréées par le CEP. Deux (2) raisons fondamentales expliquent la
multiplicité des partis Politiques. Premièrement, la loi régissant la formation
et le fonctionnement des partis politiques est trop laxiste dans ses critères.
Par exemple, vingt (20) membres suffisent pour former un parti politique.
Deuxièmement, le Gouvernement prévoit une enveloppe de 500 millions de gourdes
dans le budget rectificatif 2014-2015 pour le financement des partis
politiques. Une manne dans un pays à fort taux de chômage.
Parmi ces Partis, on distinguait ceux
issus de la mouvance lavalas, ceux proches du pouvoir et ceux constitués à
l’occasion des élections. Des démarches furent entreprises par le CEP et le
Gouvernement en vue de porter ces partis, organisations et entités politiques à
se regrouper en plateforme politique, afin d’en réduire le nombre. En
définitive, le nombre de partis, regroupements et plateformes politiques,
auxquels le CEP attribua, par tirage au sort, des numéros d’identification
était de 126. D’autres tentatives effectuées soit par le secteur protestant
soit par des candidats eux-mêmes pour réduire le nombre de candidats à la
Présidence se révélèrent infructueuses.
4. Inscription des candidats
Le CEP lança le processus d’inscription
des candidats dans l’ordre suivant: parlementaires, présidentielles, communales
et locales. Les candidats furent invités à s’inscrire en ligne d’abord avant de
se présenter dans les Bureaux Électoraux Départementaux (BED) et Communaux
(BEC). Entre temps, des Ministres et des Agents intérimaires démissionnaient en
vue de se porter candidat.
La question de la décharge était
primordiale. La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif
(CSCA) publia une note de presse, dans laquelle elle informa que les rapports
relatifs aux projets de lois de règlement pour les quatre derniers exercices
fiscaux (2011-2014) ont été transmis au Ministère de l’Economie et des Finances
(MEF). En conséquence, la Cour ne délivrera pas de certificat de décharge
provisoire aux gestionnaires de deniers publics.
L’inscription des candidats à toutes les fonctions électives se réalisa dans une ambiance de carnaval : candidats accompagnés d’un défilé de motocyclistes, de bandes à pieds et d’une caravane de véhicules. Souvent, les mêmes motocyclistes, les mêmes bandes à pieds changeaient d’accoutrements, de pancartes à l’effigie du candidat et de fanions. Une activité lucrative se créa à l’occasion des opérations d’inscription.
L’inscription des candidats à toutes les fonctions électives se réalisa dans une ambiance de carnaval : candidats accompagnés d’un défilé de motocyclistes, de bandes à pieds et d’une caravane de véhicules. Souvent, les mêmes motocyclistes, les mêmes bandes à pieds changeaient d’accoutrements, de pancartes à l’effigie du candidat et de fanions. Une activité lucrative se créa à l’occasion des opérations d’inscription.
Ainsi, 70 candidats briguèrent la
Présidence, 2039 le Parlement (Sénateurs et Députés), 2346 les Mairies, 3929
les Casecs et 1210 délégués de villes.
5. Contestations de candidatures
Après l’inscription des candidats, une
période de contestation est prévue dans le Décret électoral. Les instances
contentieuses prévues à cet effet sont: le Bureau du Contentieux Électoral
Communal (BCEC), le Bureau du Contentieux Électoral Départemental (BCED) et le
Bureau du Contentieux Électoral National. Tout électeur peut, moyennant preuve,
contester une déclaration de candidature à une fonction élective.
Nombreux furent les anciens
gestionnaires de deniers publics qui ne purent s’inscrire pour cause d’absence
de décharge. Ils n’ont pu bénéficier du principe des formalités impossibles, en
évoquant l’absence de Parlement. C’est le cas, par exemple, des anciens
Ministres du Gouvernement Martelly. Parmi les cas de rejet de candidature qui
ont défrayé la chronique, citons ceux de la Première Dame de la République, Mme
Sophia Saint Rémy Martelly, du candidat à la Présidence de la Plateforme
Vérité, M. Jacky Lumarque et de l’ex-Premier Ministre Lamothe.
D’autres candidats à la Présidence
furent écartés pour cause de double nationalité et pour cause de trafic de
stupéfiants. Finalement, 54 candidats figurèrent sur la liste des candidats à
la présidence. 1855 candidats agréés pour les élections parlementaires. Au
total, 41.000 candidats se préparaient à mener campagne pour les postes
électifs.
6. La campagne électorale et les élections
La campagne électorale fut terne. Les
candidats au Parlement ont organisé très peu de meetings populaires. La plupart
des candidats parcoururent les communes de leur circonscription sur des
véhicules montés d’équipements sonores, inondant les rues de vacarme.
La campagne présidentielle ne fut pas
différente. Tous les candidats proposaient à peu près le même
programme. Moins d’une douzaine d’entre eux parcourut les 11 départements
géographiques du pays. La grande majorité se cantonna à des entrevues
radiophoniques. Les mêmes participaient aux débats radio télédiffusés.
Quatre (4) sondages du Bureau de
Recherche en Informatique et en Développement Social (BRIDES) fournissaient les
tendances de votes.
Les élections du 9 août 2015 se
déroulèrent dans une ambiance de désordre et de violences. Fraudes et
irrégularités furent dénoncées aussi bien par des candidats, des partis et
regroupements de partis politiques que par des organisations de la société
civile impliquées dans l’observation électorale. RNDDH, CNO et CONHANE
pointèrent du droit le Parti PHTK, proche du pouvoir, dans les violences, les
fraudes et irrégularités. Le RNDDH pensa que ces élections étaient un accroc
aux normes démocratiques. RNDDH, CNO, CONHANE exigeaient une évaluation honnête
et sincère du scrutin.
Certains partis politiques, comme la
Fusion des Sociaux démocrates, Fanmi Lavalas, ALAH, CANAAN et Renmen Ayiti
proposèrent une évaluation des élections législatives. D’autres réclamèrent
l’annulation des élections législatives. Ils dénoncèrent de faux observateurs,
membres de partis politiques proches du pouvoir comme les instigateurs des
fraudes et violences ayant émaillé la journée électorale. Le front des
candidats pour la lutte démocratique réclama l’annulation des élections, le
renvoi des 9 membres du CEP et le départ du Président Martelly.
Ces revendications furent relayées par
des Partis et regroupements politiques comme la Fusion, Ayisyen pou Ayiti,
REPARENN, Fanmi Lavalas, Platfom jistis, UPAN et PKN. Ils réclamèrent la tête
de Pierre-Louis Opont, des corrections ou un gouvernement de transition. Le CEP
publia les résultats définitifs des élections législatives.
Le Conseil Électoral Provisoire (CEP)
rejeta la notion d’annulation des élections. Selon le conseiller Néhémy Joseph,
le CEP est déterminé à conduire la procédure électorale jusqu’au bout. Le CEP
décida de reprendre les élections, le 25 octobre 2015, là où il y a eu
violences, fraudes et irrégularités. Ainsi, 15 candidats à la députation et 1
candidat au Sénat ont été écartés pour leur implication présumée dans des cas
de fraudes et de violences.
Le CEP publia les résultats définitifs
des élections législatives. 10 candidats, 2 sénateurs et 8 députés furent élus
dès le premier tour. La contestation se radicalisa. Le CEP proposa de corriger
les erreurs et de faire mieux à l’occasion des présidentielles, prévues pour le
25 octobre 2015.
Le conseiller Néhémy Joseph,
représentant des secteurs Vodou et paysan au sein du CEP, démissionna après
avoir cautionné les décisions antérieures du CEP. Le Conseiller Ricardo
Augustin, représentant de la Conférence Épiscopale déclara que le CEP allait
avancer sans Néhémy Joseph. Il avait raison. Puisque la Mambo Carline
Viergelin, désignée à l’insu des Pontes du vodou et du Secteur paysan, succéda
à Me Néhémy Joseph.
Le CEP mit le cap sur l’organisation des
présidentielles du 25 octobre 2015. Son Président, Pierre-Louis Opont, exigea
la présence d’une force lourdement armée pour sécuriser ces élections.
Certaines corrections et améliorations ont été effectuées. Par exemple, les
mandats et les cartes d’accréditation des observateurs furent disponibles plus
tôt, 13725 bureaux de vote installés dans les dix départements géographiques.
La MINUSTAH disposa de 2061 policiers et de 2370 militaires onusiens.
Désistement, endossement et appel au boycott caractérisèrent ces
présidentielles. A deux jours du scrutin, le CEP se dit prêt à 97%.
Le 25 octobre 2015, les élections
présidentielles, législatives et communales se déroulèrent dans le calme. On
félicita le peuple, la police et le CEP. Le taux de participation oscilla entre
25 et 30 %, selon des observateurs de l’UE et de l’OEA. Plus tard dans la
journée, des dénonciations de fraudes massives et d’irrégularités graves
fusaient. Quatre (4) organisations de la société civile: RNDDH, SOFA, CONHANE
et CNO, engagées dans l’observation électorale dénoncèrent des fraudes
massives.
Le CEP aurait distribué 13725 mandats à
chacun des partis et regroupements politiques engagés dans la course électorale
ainsi que des cartes d’accréditation à des organisations d’observation bidon.
Il se serait développé un trafic de mandats et ces mandataires auraient voté
plusieurs fois. Rappelons qu’un mandataire et un observateur peuvent voter dans
le bureau de vote où ils/elles sont affecté(e)s sans avoir leur nom sur la
liste électorale du bureau ou du centre de vote en question. Dans ce cas, le
président du bureau de vote et le superviseur rédigent un procès verbal
attestant leur vote.
Des candidats appelèrent au respect du
vote populaire. Le RNDDH exigea la vérification des informations relatives à la
fois aux votes effectués en dehors de la liste d’émargement par les mandataires
et observateurs, au mode de recrutement des avocats vérificateurs au Centre de
Tabulation des Votes (CTV) ainsi que la clarification du nombre de mandats et
de cartes d’accréditation délivrés aux organisations impliquées dans
l’observation électorale. Le Président du CEP, Pierre-Louis Opont, promit de
prendre en considération toutes les dénonciations de fraudes. L’internationale
exigea la transparence au Centre de Tabulation des Votes (CTV), dirigé par
Widmack Matador.
Le CEP forma une commission interne pour
évaluer et corriger les fraudes et irrégularités. Le RNDDH contesta la
formation de cette commission y voyant une manœuvre du CEP qu’il qualifia de
juge et partie. La proclamation des résultats préliminaires, fixée au 3
novembre 2015, fut décalée de deux jours, soit le 5 novembre.
Comme prévu, le CEP publia les résultats
préliminaires des élections présidentielles du 25 octobre 2015 donnant Jovenel
Moïse de PHTK premier avec 32.81% des votes, Jude Célestin avec 25.27%,
Jean-Charles Moïse 14.27%, Maryse Narcisse 7.05%. A part Jovenel Moise, les
autres candidats rejetaient ces résultats appelant au respect du vote
populaire. Fanmi Lavalas contesta régulièrement les résultats au BCED et au
BCEN et soutint les revendications des partis LAPEH et Pitit Desalin dans les
manifestations de rues lancées par ces derniers. Ces manifestations donnèrent
souvent lieu à des violences de part et d’autre.
Cependant, bien avant la publication des
résultats, huit (8) candidats à la Présidence: Sauveur Pierre Etienne,
Jean-Charles Moïse, Jude Célestin, Jean-Henry Céant, Steven Benoit, Charles
Henry Baker, Eric Jean-Baptiste et Samuel Madistin, formaient un front commun
réclamant la formation d’une commission indépendante pour “épurer le processus
de vote, en vue de détecter les cas de fraude; identifier et recommander
l’exclusion du processus aussi bien des fraudeurs que des bénéficiaires des cas
de fraudes; recommander toutes mesures utiles pour rétablir la confiance; et
garantir la transparence nécessaire en vue de la poursuite du processus
électoral.”
Le CEP invita les représentants du
groupe des 8 à le rencontrer. Par contre, au cours de la nuit suivant cette
rencontre, le CEP publia un communiqué dans lequel il déclara que le Décret
électoral ne contient pas les provisions pour constituer la commission proposée
par le groupe des 8. Alors, LAPEH, Pitit Desalin et Fanmi Lavalas maintinrent
la pression par des manifestations de rues.
En réponse à la contestation de Fanmi
Lavalas, le BCEN rendit un jugement autorisant les avocats de Fanmi Lavalas à
vérifier des procès-verbaux au centre de tabulation des votes. Apparemment, les
78 procès-verbaux contrôlés au CTV étaient entachés de fraudes. Le CEP, dans le
communiqué # 92, rectifia le nombre de procès-verbaux écartés pour fraudes. Au
lieu de 296 procès-verbaux, le CEP écarte 490 pour fraudes et irrégularités
diverses constatées par le CEP lui-même. Cet aveu était susceptible de
confirmer les allégations de fraudes et d’irrégularités dénoncées par les
partis politiques contestataires.
Dans l’après-midi du mercredi 24
novembre, le CEP publia les résultats définitifs des élections présidentielles
du 25 octobre 2015, sans grand changement dans le classement des candidats par
rapport aux résultats préliminaires. Jovenel Moïse et Jude Célestin devraient
s’affronter au second tour prévu le 27 décembre 2015. Le groupe des 8 maintint
sa revendication. Le candidat à la Présidence Jude Célestin déclina des
invitations de la Présidence et du CEP. Le Gouvernement forma une commission,
en vue d’adresser la crise de confiance qui affectait le processus électoral
Jude Célestin refusa de rencontrer ladite commission. Cependant, de nombreuses
organisations de la société civile, comme la Conférence Episcopale et
l’Initiative de la Société civile, adhérèrent à l’idée de la formation d’une
commission indépendante de vérification du scrutin présidentiel du 25 octobre
2015.
E. LA COMMUNAUTÉ
INTERNATIONALE
La communauté internationale joue un
rôle de premier plan dans la politique haïtienne, en général, et dans
l’organisation des élections, en particulier. Elle contribue au financement de
ces élections à hauteur de plus de 60%. Les principaux contributeurs sont les
États-Unis d’Amérique du Nord, l’Union Européenne, le Canada, le Japon et le
Brésil. Cette année, le Club de Madrid a effectué 6 missions en Haïti en vue
d’appuyer et de suivre l’évolution du processus électoral. Le Secrétaire d’État
Américain, John Kerry, est venu en Haïti rappeler que les élections de 2015
doivent se dérouler sans intimidation et sans violence.
En outre, Kenneth Merten : le
Coordonnateur du dossier d’Haïti au Département d’État, les ambassadeurs du
Canada, des États-Unis, de France et de l’Union Européenne défilèrent au Bureau
du Premier Ministre Evans Paul pour renouveler leur appui à la tenue des
élections en Haïti à la fin de l’année 2015. Par ailleurs, le Core Group,
composé de la Représentante du Secrétaire Général des Nations-Unies, des
Ambassadeurs des pays “Amis “d’Haïti : le Canada, les États-Unis, la
France, le Brésil, l’Espagne et du Représentant de l’OEA en Haïti, plaide pour
la poursuite du processus électoral après la tenue des élections du 9 août
2015, voire du 25 octobre 2015. Le Représentant de l’Union Européenne va
jusqu’à minimiser les allégations de fraudes et d’irrégularités soulevées par
les partis de l’opposition.
Or, depuis quelques temps, cette
communauté internationale ne parle pas uniquement d’élections libres, honnêtes
et démocratiques. Elle y ajoute crédibles et inclusives. Les élections du 9
août et du 25 octobre 2015 sont-elles jugées crédibles par la communauté
internationale, suivant les normes et standards internationaux en usage?
Le journal Miami Herald, du jeudi 3
décembre 2015, annonça la visite de l’Ambassadeur Kenneth H. Merten. Sa
mission, présuma-t-on, était de persuader le CEP de reporter la tenue du 2ème tour des élections prévues le 27 décembre
2015 à une date ultérieure et les dirigeants haïtiens de former une commission
indépendante en vue de s’assurer de l’intégrité des élections du 25 octobre
2015, comme le recommandaient la Conférence Episcopale, des leaders
protestants, l’ISC et quatre organisations locales de droits humains.
Entre temps, le mandat du Président
Michel Joseph Martelly, au pouvoir depuis 4 ans et demi, tire à sa fin.
F. BILAN DU MANDAT DU
PRÉSIDENT MARTELLY AU POUVOIR
En accédant au pouvoir le 14 mai 2011,
le Président Michel Joseph Martelly avait axé son programme sur cinq (5) “E”:
Education, Emploi, Energie, Environnement et Etat de droit. Certains
observateurs croient que le Président Martelly a mangé ses “E”. D’autres
pensent que ces “E” sont muets ou minuscules.
Education: le Ministère de l’Education
Nationale et de la Formation Professionnelle lança le Programme de
Scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire (PSUGO). La propagande
gouvernementale fait état de chiffres, souvent contradictoires, du nombre
d’élèves fréquentant l’école dans le cadre de ce programme. Une évaluation du
PSUGO par le Ministère révèle de nombreux cas de fraudes et de malversations.
85 écoles sont exclues du programme. Le Ministère saisit l’Unité de Lutte
contre la Corruption (ULCC). Le nouveau Ministre Nesmy Manigat travaille à
l’amélioration de la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles
haïtiennes, contrôlées à 85% par le secteur privé.
Emploi: où sont
les 400 mille emplois que l’Administration Martelly claironne avoir créé ?
Même le Ministre de l’Economie et des Finances, Wilson Laleau, n’est pas en
mesure d’établir avec exactitude le nombre d’emplois créés sous la Présidence
de Michel Martelly. Toujours est-il que 60% de la population active du pays vit
toujours dans le chômage.
Energie: l’Administration Martelly a
toujours promis de rétablir la fourniture du courant électrique 24 heures sur
24.Cependant, les fournisseurs d’électricité à l’Ed’H se trouvent souvent dans
la situation d’arrêter les moteurs, quand l’Ed’H n’honore pas ses obligations
contractuelles. Les moteurs de la Centrale Hydro Electrique de Péligre sont en
réparation. Cette année, la Banque Mondiale présente un rapport accablant sur
la gestion de l’Electricité d’Haïti (Ed’H) qui bénéficie d’une subvention de
200 millions de dollars américains l’an. Alors que l’Ed’H accuse 60% de perte
sur le réseau et n’est pas en mesure de facturer les clients. La Banque
Mondiale recommande la baisse du prix de l’énergie, la révision des contrats
conclus avec les fournisseurs d’électricité à l’Ed’H ainsi que l’amélioration
de la gouvernance de la compagnie d’éclairage électrique. Le Gouvernement forme
une Commission, chargée de mettre en œuvre les recommandations de la Banque
Mondiale.
Environnement: un rapport publié
récemment à la Conférence de Paris sur le climat classe Haïti parmi les trois
(3) pays de la Planète, avec le Honduras et la Birmanie comme les plus affectés
en 20 ans par des événements météorologiques. La couverture forestière est
réduite à une peau de chagrin. Il suffit de quatre (4) heures d’averses pour
enregistrer des cas d’inondation et des pertes en vies humaines. Des algues
brunes envahissent Haïti, tuent des poissons et affectent la faune marine. Des
tas d’immondices jonchent les rues de la capitale et des principales villes. Le
personnel du Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides (SMCRS) est
en grève pour réclamer le paiement de plusieurs mois d’arriérés de salaires. Il
en est de même des employés de la voirie dans de nombreuses villes de
provinces.
Etat de Droit: un seul cas suffit pour
évaluer la vitalité de l’Etat de droit dans le pays. Le juge d’instruction, Me
Sonel Jean-François rend une ordonnance de renvoi au criminel contre les membres
du gang galil, dirigé par Woodly Ethéart, alias Sonson Lafamilia et Renel
Nelfort, alias Renel le récif. Des membres du gang interjettent appel de ladite
ordonnance. Curieusement, le Doyen du Tribunal de Première Instance de
Port-au-Prince, Me Raymond Jean-Michel, en dépit de l’appel exercé contre
l’ordonnance de renvoi, extrait les dossiers de Woodly Ethéart et de Renel
Nelfort et les renvoie en jugement devant le tribunal criminel, présidé par le
Juge Lamarre Bélizaire.
Woodly Ethéart, dit Sonson La familia et
Renel Nelfort sont libérés par le Juge Lamarre Bélizaire qui leur conseille de
ne plus recommencer. Pour maquiller l’affaire, le gouvernement exerce un
pourvoi en Cassation contre le jugement du tribunal criminel sans assistance de
jury, et met le Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première
Instance, Me Kherson Darius Charles, en disponibilité.
Le Conseil Supérieur du pouvoir
Judiciaire inflige la même sanction au Doyen Raymond Jean-Michel qui est
remplacé par le Juge Bernard Saint-Vil.
L’Expert indépendant des Nations-Unies
pour les Droits de l’Homme en Haïti a effectué quatre (4) visites pour
constater la prévalence de la détention préventive prolongée, l’impunité, la
situation des réfugiés et des déplacés depuis le séisme du 12 janvier 2010.
2. Instabilité Institutionnelle
On ne compte plus le nombre de
Commissaires du Gouvernement qui se sont succédé à la tête du Parquet de
Port-au-Prince. De plus, l’Administration Générale des Douanes (AGD), la
Direction Générale des Impôts (DGI), l’Unité de Lutte Contre la Corruption
(ULCC), l’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) et la
Radiotélévision Nationale d’Haïti (RTNH) n’ont jamais connu autant de
changement de Directeurs Généraux. A ceux-là s’ajoute le nombre de Ministres
qui ont défilé aux Ministères de l’Intérieur, du Plan, des Affaires Sociales,
de la Communication, etc. Il importe de rappeler, toutefois, que quatre (4)
Ministres ont battu le record de longévité dans le gouvernement. Il s’agit des
Ministres Stéphanie Balmir Villedrouin (Tourisme), Jacques Rousseau (MTPTC),
Florence Duperval Guillaume (MSPP) et Wilson Laleau (navette MEF/MCI).
3. Voyages, Accueil et Autres
Le Président Michel Martelly est parmi
les Présidents d’Haïti, celui qui a effectué le plus grand nombre de voyages à
l’étranger et qui a reçu également le plus grand nombre de dignitaires
étrangers au cours de son mandat. Il a rencontré deux (2) Papes à Rome. Cette
année, il a reçu la visite des Présidents de la République Française et de la
République de Chine (Taiwan). Le premier est venu rappeler la dette “morale” de
la France envers Haïti, sans promettre ni restitution ni réparation. Le second
est venu inaugurer le nouvel immeuble, logeant la Cour de Cassation de la
République, offert par son pays. La Drug Enforcement Agency (DEA) des
Ëtats-Unis a procédé à l’arrestation du fils de l’ex-Président de l’Honduras
Porfirio Lobo et de deux proches du Président Vénézuélien Nicolas Maduro.
Quelques temps auparavant, deux (2)
citoyens vénézuéliens ont été appréhendés à Tabarre, en possession de cinq cent
mille dollars américains cash à bord de leur véhicule, par des Agents de la
Brigade de Lutte contre le trafic des stupéfiants (BLTS). Un trafiquant de
drogue jamaïcain est tué par balles à Baie Dumesle, Saint-Louis du Sud, suite à
des échanges de tirs avec la police. De même, des ressortissants haïtiens
arrêtés pour trafic de drogue et extradés aux Etats-Unis sont retournés au
pays, après avoir purgé leurs peines dans les prisons fédérales américaines. C’est
le cas, par exemple, d’Oriel Jean et de Jacques Kétant. Ce dernier a bénéficié
d’une réduction de peine et de la clémence de la justice américaine.
4. Violence et Insécurité
La violence et l’insécurité ont fait de
nombreuses victimes cette année. De nombreux agents de la Police Nationale
d’Haïti (PNH) sont tombés sous les balles de bandits circulant à motos dans la
zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans de nombreuses villes de
provinces. Selon le Directeur Général de la PNH, Monsieur Godson Orélus,
250.000 armes illégales seraient en circulation dans le pays. Les religieux et
religieuses furent les nouvelles cibles des bandits. On a enregistré 29
attaques contre des communautés religieuses. Des milliers de fidèles
catholiques ont marché dans les rues de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien pour
réclamer justice pour les religieux et religieuses.
La Commission Nationale Justice et Paix
de l’Eglise Catholique (JILAP) a dénombré plus de 500 cas de morts par balles
au cours du premier semestre de l’année 2015.
Parmi les cas les plus retentissants,
citons: l’assassinat chez elle, à Vivy Mitchell de l’ex-Directrice Générale de
la PNH sous la Présidence de Jean-Bertrand Aristide, Madame Jocelyne Pierre;
l’assassinat de Oriel Jean, ancien chef de la sécurité du Palais national, sous
la présidence de Jean-Bertrand Aristide; l’attentat sur la personne de Jean
Nesly Lucien, ancien Directeur Général de la PNH sous Jean-Bertrand Aristide,
atteint de deux projectiles, tirés par des individus circulant à moto à Tabarre
36;l’assassinat par des individus armés de l’agronome Jean-Yves Barnatte aux
Cayes, de Jean Gesner Henry Jr (dit coupé cloué jr) à Delmas 33, de Claude
Delatour à Pétion-Ville, de Wickenson Bazile, employé technique du CEP et
cousin du Conseiller au CEP Jaccéus joseph (Droits Humains) à Delmas 32. En
outre, des individus armés criblent de balles la résidence du Conseiller au CEP
Vijonet Déméro (Cultes Réformés).
A ceux-là s’ajoutent, les nombreux cas
de violences enregistrés à Fort-Liberté, à Ouanaminthe, à Petit-Goâve, à
Miragôane et à l’Arcahaie. A Ouanaminthe, par exemple, un casque bleu chilien
de la MINUSTAH a été tué. Aussi, des pays comme le Canada, les États-Unis et la
France recommandent à leurs concitoyens d’éviter autant que possible de voyager
en Haïti même quand un cadre supérieur de l’UNPOL déclare que la situation
sécuritaire au pays n’est pas si mauvaise.
II. SUR LE PLAN
ECONOMIQUE
Un pays que l’on disait ouvert aux
affaires (open for business) trébuche à cause de l’insécurité, de la violence,
de l’instabilité politique et de la mauvaise gouvernance. En début d’année
fiscale 2014-2015, les prévisions économiques tablaient sur un taux de
croissance du PIB de 3.5%, un taux d’inflation de 6 à 8% en rythme annuel et un
taux de change oscillant entre 48 et 50 gourdes pour un dollar américain. Sans
doute, ces prévisions n’avaient pas tenu compte de facteurs internes comme la
sécheresse, les manifestations politiques, les grèves et de facteurs externes
comme la baisse du prix du baril de pétrole sur le marché international et la
raréfaction de l’aide externe à Haïti.
Le brut vénézuélien, principal
fournisseur de pétrole à Haïti dans le cadre de l’Accord Pétro Caribe, a perdu
61% de sa valeur en 2015. Cette baisse du prix du pétrole sur le marché international
entraine une baisse des revenus octroyés à Haïti dans le cadre de l’Accord
Pétro Caribe, signé avec le Venezuela. De plus, les grèves lancées par les
syndicats du secteur transport, réclamant la baisse du prix du carburant à la
pompe, entraînent une réduction des recettes fiscales. Le Budget de l’exercice
fiscal 2014-2015 est revu à la baisse, de 122.6 milliards à 109.5 milliards de
gourdes.
La Commission Économique pour l’Amérique
Latine et la Caraïbe (CEPAL) a revu à la baisse le taux de croissance
économique du PIB pour Haïti à 2.5%. C’est peut être ce qui a porté le Ministre
de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau, à déclarer l’état d’urgence
économique. D’après lui, le pays vit au-dessus de ses moyens. Ce qui pourrait
laisser croire que l’État allait pratiquer une politique d’austérité, en
réduisant son train de vie et en éliminant les dépenses somptuaires.
Le Forum Économique Mondial, dans son
rapport 2015, classe Haïti 133e sur 141 pays en matière de tourisme, devant
Myanmar, Burkina Faso, Mauritanie, Yémen, Mauritanie, Angola, Guinée et Tchad.
Depuis quelques temps, le pays importe presque tout ce qu’il consomme et
exporte très peu de biens à l’étranger. Pour la première fois dans son
histoire, le pays importe du café. Moins d’un million de touristes, y compris
les haïtiens vivant à l’étranger, visitent Haïti chaque année.
Les principales sources de devises
étrangères demeurent jusqu’à présent les transferts en provenance de la
diaspora et l’aide internationale au développement. Les transferts en
provenance de la diaspora totalisent 2 milliards de dollars américains. Avec
830 dollars américains de revenu annuel par tête d’habitants, Haïti stagne dans
la classification par revenu de la Banque Mondiale. Haïti exporte pour à peine
un milliard de dollars américains de biens et importe pour plus de quatre
milliards de dollars américains. Le déficit de la balance commerciale se creuse
davantage avec la République Dominicaine.
L’Association des Industries d’Haïti
(ADIH) s’inquiète de la recrudescence de la contrebande à la frontière
haïtiano-dominicaine. La Cimenterie Nationale (CINA) appelle l’Etat haïtien à
lutter contre la contrebande de ciment en provenance de la République
Dominicaine. Le gouvernement estime le manque à gagner pour le fisc à
près de 500 millions de dollars américains l’an. Récemment, le Directeur de la
Douane de Malpasse se plaignait de la recrudescence de la contrebande qui se
développe sur le lac Azuei.
Le rapport du Forum Economique Mondial
sur la compétitivité classe Haïti 134ème sur 140
économies analysées en 2015-2016. Entre temps, la Banque Mondiale révise les
prévisions de croissance du PIB en Haïti à la baisse, soit 1.7%. Le Congrès
Américain renouvelle la Loi HOPE/HELP favorisant l’exportation de produits textiles,
sans droits de douane, aux Etats-Unis jusqu’en 2025.
Le salaire minimum dans le secteur
textile en Haïti passe à 240 gourdes par jour. Parallèlement, la gourde se
déprécie fortement par rapport au dollar américain. Le taux de change de la
gourde par rapport au dollar américain passe de 40 gourdes en 2011 à 52 gourdes
pour un dollar américain en avril 2015. En moins de 30 jours, le taux de change
passe en mai 2015 de 46 à 56 gourdes pour un dollar américain.
Le Gouverneur de la Banque de la
République d’Haïti (BRH) tente de rassurer et de calmer les esprits des agents
économiques. La BRH intervient sur le marché pour garantir la stabilité des
prix dans l’économie haïtienne. Alors, la BRH augmente les coefficients de
réserve obligatoire, les taux d’intérêt sur les Bons BRH et injecte des dollars
américains sur le marché.
Pour les uns, la Banque Centrale réduit
ainsi la capacité des banques commerciales à octroyer du crédit au secteur
privé (effet d’éviction), en asséchant les liquidités disponibles dans le
système bancaire. Pour d’autres, ces mesures entraînent aussi l’augmentation
des taux d’intérêt sur les prêts accordés aux clients. Les coefficients de
réserve obligatoire affectent même les comptes des organismes publics
domiciliés dans les banques commerciales opérant en Haïti. Mais la question
vitale, celle de la relance de la production nationale, seule capable de
revitaliser la gourde, ne peut être adressée par la BRH uniquement mais par une
nouvelle politique d’Etat et par un nouveau choix de société. De plus, comment
ne pas provoquer inflation et chute de la gourde quand le Ministère des
Finances a fait imprimer 14 milliards de gourdes en deux ans ?
C’est dans ce contexte économique morose
que le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) prit un communiqué
interdisant l’importation par voie terrestre de 23 produits en provenance de la
République Dominicaine. Le Forum Economique du Secteur Privé jubilait.
Cependant, cette décision s’apparente à une mesure protectionniste non
tarifaire, susceptible d’être attaquée devant l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC).Les observateurs se demandent pourquoi une mesure si importante
n’a pas fait l’objet d’un Arrêté pris en Conseil des Ministres mais d’un simple
communiqué du Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)?
De toute façon, les réactions ne se sont
pas fait attendre. Le syndicat des transporteurs de la République Dominicaine
protestaient et bloquaient la frontière à Jimani. Ce qui a eu pour effet de
pénaliser les usines textiles opérant en Haïti, dont l’approvisionnement en
matières premières s’effectue par la frontière haïtiano-dominicaine. Le
Président Martelly a dû se rendre à Baharona en République Dominicaine pour
rencontrer son homologue Danilo Médina en vue de discuter de questions d’intérêt
commun aux deux pays. Les deux Présidents signèrent un accord en six points.
Les échanges commerciaux et la migration sont au cœur de cette entente.
Le rapport « Doing Business
2016 » classe Haïti 182ème sur 189
nations répertoriées. La Coordination Nationale sur la Sécurité alimentaire
constata une augmentation des prix des produits alimentaires. La dépréciation
de la gourde par rapport au dollar américain se poursuit. Le coût de la vie
augmente. Le taux d’inflation est passé maintenant à 11%. En cette fin d’année
2015, le taux de change de la gourde par rapport au dollar américain avoisine
60 gourdes pour un dollar américain. La Banque Centrale (BRH) annonce la vente
de 50 millions de dollars sur le marché des changes.
Le 1er octobre
2015, le Gouvernement publia par Décret le Budget de 120.6 milliards de gourdes
pour l’année fiscale 2015-2016. Les prévisions de dépenses dans ce Budget sont
supportées par des prévisions de recettes basées sur une augmentation de
certains droits et taxes, comme le matricule fiscal, le timbre de passeport, le
permis de conduire et la patente. Parallèlement, le Gouvernement adopta un
décret accordant des privilèges exorbitants aux anciens Ministres et
Secrétaires d’Etat. Ces décisions soulevèrent la colère des syndicats de
transport et des étudiants de certaines Facultés de l’Université d’Etat
d’Haïti. A celles-là s’ajouta la décision de créer cinq (5) nouvelles communes
dont celle dite des Arcadins. Après maintes protestations, violences et émeutes
à l’Arcahaie, le Gouvernement rétracta ces mesures.
III. SUR LE PLAN
SOCIAL
Le processus de paupérisation de la
population se poursuit. Sur une population totale de 10.6 millions d’habitants,
la population économiquement active est estimée à 4.7 millions d’habitants. 60%
de cette population est en chômage. De plus, 3.7 millions d’haïtiens sont
menacés par l’insécurité alimentaire. Plus de deux millions d’haïtiens vivent
au-dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 2 dollars américains par jour.
Les haïtiens continuent de prendre le chemin de la mer, en dépit des
rapatriements des Etats-Unis et des Bahamas. Un voilier fit naufrage au large
de Borgne, faisant 21 morts et occasionnant autant de disparus. Plus de 70.000
immigrants haïtiens sont confrontés à d’énormes difficultés au Brésil qui
accorde la résidence permanente à 43.781 d’entre eux.
Le Gouvernement a procédé à la capitale
à la démolition des maisons dans les quartiers compris entre la rue de la
Réunion, la rue du Champ de Mars et la rue Saint-honoré, après un processus de
dédommagement laborieux, laissant de nombreuses familles sans toit. De plus,
les chantiers publics, exécutés pour la plupart par la firme du Sénateur
dominicain Félix Bautista, sont fermés. En outre, les programmes sociaux: Edé
Pèp, Ti Manman Chéri, Koré Etudiant, koré paysan, Restaurants Communautaires,
mis en place sous le gouvernement Lamothe, sont arrêtés, faute de financement.
Pour les relancer, le Gouvernement du Premier Ministre Evans Paul nomma un
nouveau Ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Programmes
Sociaux, Projets et Chantiers du gouvernement.
Le Président Martelly a procédé à la
distribution de 72 autobus à 72 jeunes garçons des rues, dans le cadre du
programme changer la vie, changer de métier. Il a aussi procédé à l’inauguration
des places publiques du Canapé Vert et de la Place Sainte- Anne, du Ciné
Triomphe, du Kiosque Occide Jeanty, du viaduc de Delmas, des locaux du Lycée
Alexandre Pétion et du Lycée Toussaint Louverture.
La décision du Tribunal Constitutionnel Dominicain
TC 168-13, remettant en question la nationalité des descendants d’haïtiens,
vivant en République Dominicaine depuis 1929, les menaçant de déportation, créa
un malaise, une friction dans les relations diplomatiques entre les deux pays
partageant l’ile d’Haïti. Normalement, la République d’Haïti devait porter
l’affaire devant la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme de l’OEA qui a
juridiction pour résoudre pareil différend. Suivant les conseils du Président
du Venezuela, Haïti abandonna la voie multilatérale pour engager des
négociations bilatérales avec la République Dominicaine. Entre temps, la
République Dominicaine adopta une loi de régularisation de la situation des
immigrants illégaux et mit en place un programme national de régularisation des
étrangers (PNRE). La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH)
appella la République Dominicaine à garantir le droit à la nationalité des
dominicains.
Pris au piège de la République
Dominicaine, Haïti lança un programme d’identification et de documentation des
immigrants haïtiens (PIDIH) vivant en République voisine. Le CARICOM se dit
préoccupé par l’expiration des délais prévus dans le cadre du programme
national de régularisation des étrangers (PNRE). Des milliers d’haïtiens,
vivant illégalement en République Dominicaine, sont menacés de déportation.
98.000 haïtiens inscrits au PNRE retiraient leur carte de régularisation,
leur accordant le statut de migrants légaux en République Dominicaine. Par
contre, 78.000 étrangers furent exclus du PNRE, en majorité des haïtiens.
A l’appel du Collectif du 4 décembre et
d’autres organisations de la société civile, une manifestation est organisée à
Port-au-Prince contre la République Dominicaine. Des individus non identifiés,
descendirent le drapeau dominicain sur le toit du Consulat dominicain à
Pétion-Ville. En représailles, la République Dominicaine rappela son
Ambassadeur accrédité en Haïti, ferma les portes de ses Consulats, réclama des
excuses pour la profanation de son drapeau.
L’Ambassadeur d’Haïti en République
Dominicaine : Daniel Supplice, critiqua le programme de documentation et
d’identification des immigrants haïtiens (PIDIH), initié par le Gouvernement
haïtien en République Dominicaine. Il le qualifia d’échec cuisant et de fiasco
total. “Nous ne sommes pas en mesure d’identifier nos citoyens chez nous”,
déclara-t-il. Haïti appela la République Dominicaine à la raison à la tribune
de l’OEA qui prôna le dialogue entre les deux pays. Parallèlement, le Groupe
d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR) dénonça le rapatriement de force, à
Anse à Pitres, de 299 ressortissant(e)s haïtiens. L’Ambassadeur Daniel Supplice
est rappelé par le pouvoir et remplacé par Madame Magalie Jeanty Magloire.
Le Carnaval national qui s’est déroulé
cette année à Port-au-Prince, fut amputé d’un jour. Le deuxième jour s’était
brusquement arrêté, à cause de l’accident survenu au Champ de Mars, à l’angle
de la Rue Capois, qui a failli couter la vie au chanteur vedette du groupe
musical Baricad Crew : Fantom. Cet accident a quand même causé la mort de
17 participants au carnaval. Le mardi gras était consacré à une cérémonie
d’hommage, en silence, à la mémoire des disparus. En outre, le Festival des
Arts de la Caraïbe, dénommée CARIFESTA, organisée en Haïti cette année, a connu
un grand succès, tant du point de vue de la qualité des spectacles que du
niveau de participation aussi bien des délégations en provenance des pays de la
caraïbe que du public haïtien.
Cette année, sont morts l’économiste
Henri Bazin, un homme honnête et modeste, le chanteur vedette du groupe musical
King Posse : Alex Pierre alias Black Alex, l’Ati national : Max
Beauvoir, Monseigneur Pierre Saint-Hilien, évêque du Diocèse de Hinche, le chef
militaire de la MINUSTAH : le Lieutenant-Général brésilien José Luiz
Jarobnady Jr, l’Agronome Pierre Gary Mathieu.
L’année 2015 marquait également le
centenaire de la première occupation du pays par les Marines américains. 100
ans après, Haïti est occupée par une force multinationale (MINUSTAH), sous
contrôle des Nations-Unies, au titre du Chapitre VII de la Charte de l’ONU. Le
mandat de la MINUSTAH est renouvelé pour une année, expirant le 15 octobre
2016. Coïncidence historique, un émissaire américain : Kenneth Merten,
vient dicter la suite à donner au processus électoral.
En cette fin 2015, Haïti se trouve à une
croisée de chemins. Les élections prévues le 27 décembre sont renvoyées.
Pourtant, le Gouvernement adopte en Conseil des Ministres un Décret,
réorganisant le Ministère de la Défense et remobilisant les forces armées
d’Haïti. Une Commission est unilatéralement formée par la Présidence pour
évaluer le processus électoral bancal dont on verra peut-être l’aboutissement
en 2016. Des analystes politiques prévoient la fin du mandat de cinq ans du
Président Martelly, le 14 mai 2016, un élu devant remplacer un élu.
De quoi l’Année 2016 sera-t-elle
faite ? Elle débutera comme des précédentes, en pleine tourmente
politique, économique et sociale. Quand une administration a dépensé 2
milliards 450 millions de dollars us en 5 ans en pratiquant surtout une
politique de poudre aux yeux, qu’ elle a émis en 2 ans 14 milliards de gourdes
pour financer d’abord le gaspillage, comment s’étonner de l’envol de
l’inflation et de la chute de la gourde ? Comment ne pas se demander que
pourra et que devra faire un nouveau gouvernement ? Martelly, se
contentant d’un présent en chrysocale a raté l’occasion d’entrer dans
l’Histoire.
2016 sera ce que le peuple haïtien
voudra en faire : une année d’éveil ou d’un pas de plus vers l’abîme.
Michel Soukar
Historien
Historien